stop pretending -r.

Il y avait eu le mariage de Lily et Nelligan. Un très beau mariage, pour toi qui était croyant, un mariage dans les règles de l'art et lors du réveillon de Noël, autant dire que c'était une belle date, significative de beaucoup de choses et tu pensais surtout au bonheur. Le bonheur, tu ne le connaissais pas tellement en ce moment. Tu avais failli démonter la tête d'un mec l'autre soir et il y a quelques jours à peine, tu avais recroisé la route de Ruby. Elle avait le don pour te faire perdre la tête. Tu lui avais à moitié dis la vérité sur ta relation avec Charley, en lui faisant une promesse, celle de mettre un terme à toute cette mascarade. Tu étais un homme de parole, tu allais donc la tenir. C'est pour ça que tu te trouvais devant la porte de la jeune blonde, prêt à sonner. Tu poussais une longue inspiration avant de le faire. Tu n'avais rien à craindre puisque tout ceci n'était qu'un arrangement entre vous et puis tu avais envie de l'aider elle aussi à aller vers celui qu'elle aimait. Tout le monde avait bien vu ta cavalière s'enfuir vers le père de son enfant. Certes, parce que Sacha avait couru vers lui, mais ça restait quelque chose de signifiant pour toi. « Bonjour Charley. » Ton visage se détendait à la vision de ton amie dans l'encadrement de la porte. Tu ne souriais pas mais on pouvait bien voir que tu te sentais à l'aise. Charley était une personne de confiance, la première à qui tu avais déballé toute ton histoire et tu lui étais reconnaissant du soutien qu'elle t'apportait dans ta vie. « Est-ce que tu aurais cinq minutes à m'accorder ? Sauf si je te dérange, je pourrais repasser. » Tu ne voulais pas t'imposer, mais tu tenais à faire ça en personne, lui envoyer un message ou l'appeler, serait totalement impoli et tu ne voulais pas lui manquer de respect en agissant de la sorte. Alors si tu devais repasser demain ou dans la semaine, tu le ferais.

Pour une fois, Sasha était particulièrement tranquille. Des feuilles éparpillées autour de lui, il était barbouillée de peinture à l'eau de la tête aux pieds. Sur la petite terrasse du petit appartement qu'il occupait avec sa mère, il parlait joyeusement avec elle, lui expliquant qu'ici, c'était un soleil, là une grande maison près de la plage et là, oh regarde maman, des vagues, pleins de vagues ! Le gamin adorait la mer et Charley ne pouvait que déplorer de n'avoir à lui offrir qu'un appartement au troisième sans ascenseur. Pour autant, loin de lui en faire le reproche, il paraissait heureux, content d'avoir déjà des rêves d'enfant. Les deux riaient et souriaient, tâchant les dalles de multiples couleurs. La blonde n'avait pas été épargnée par leur activité, si bien que lorsque l'on frappa à la porte, elle se dit que l'importun risquait d'être surpris par sa présentation. Qu'importe, demandant à Sasha d'éviter, pour une fois, de se risquer à l'escalade du balcon, elle s'empressa d'aller ouvrir.

" Lorenzo ! " Un grand sourire creusa ses joues maculées. Elle se retint juste à temps de lui ouvrir grand les bras. L'italien était, comme toujours, tiré à quatre épingles et tout à fait élégant. Le pauvre ne méritait pas d'être sali par un câlin coloré, aussi franc et tendre fut-il. " Bien sûr, entre ! " Elle s'écarta afin de le laisser passer. " Tu ne déranges pas du tout. Sasha et moi étions en pleine oeuvre d'art ! " Refermant derrière lui, elle l'observa une petite seconde. Il semblait ... Préoccupé. " Tout va bien ? Qu'est-ce qui t'amène ? " S'ils se voyaient régulièrement, le jeune homme n'était pas du genre à débarquer à l'improviste. Et le pli soucieux qu'elle décelait aux coins de ses lèvres l'inquiétait quelque peu.

Lorsqu'elle t'ouvrit la porte, tu pouvais admirer une Charley un peu plus différente de d'habitude. Tu ne dirais pas souillon parce que ce n'était pas le mot exact, mais barbouillée de peinture. A croire que tous les pots lui avait giclé dessus. Et tu essayais d'imaginer l'état dans lequel se trouvait le petit Sacha. Cela devait être amusant à voir. Elle te tendait les bras et sans hésiter, tu t'approchais d'elle pour une étreinte bien méritée. Au diable ton costume, au diable la peinture. C'était Charley tout de même. Après quoi, elle te laissait le chemin libre pour que tu puisses rentrer dans l'appartement, ce que tu t'empressais de faire. Elle s'exprimait sur le pourquoi du comment et tu esquissais un faible sourire. « Ravissante ! Vous expérimentez les œuvres vivantes ? » demandais-tu amusé par la situation. C'était une façon d'expérimenter la peinture, d'avoir une vision de l'art et de pouvoir aussi avoir une très grande liberté. Pour un enfant ça pouvait être important de ne pas être bridé par tout un tas de règles. Surtout que ça n'en retenait pas beaucoup. « Tout vas bien, merci. » Tu devais avoir un regard inquiétant et comme tu débarquais un peu à l'improviste, elle devait penser que quelque chose clochait mais ce n'était pas le cas. Tu étais même porteur de ce que tu considérais comme une bonne nouvelle, une très bonne nouvelle même. « Je venais juste te parler de notre petit arrangement, j'ai rencontré quelqu'un et c'est important pour moi d'être transparent. » Autant pour Ruby, que pour Charley. De manière générale, aux yeux de tous elle est ta copine et tu ne voudrais pas voir naître des rumeurs infâmes sur l'une des deux femmes à cause de ton comportement. « Je tiens à te remercier de ce que tu as fait pour moi, tu sais comme c'est important mais je crois que ça n'a pas vraiment eu l'effet escompté sur mon paternel. » Tu haussais doucement les épaules. Tu ne comprenais toujours pas pourquoi tu t'en faisais toujours autant, pourquoi ça te tracassait et pourquoi tu voulais à tout prix lui jeter de la poudre aux yeux. Le seul moyen d'y parvenir serait d'épouser une femme et de lui amener des petits enfants mais pour ça, tu allais y aller étape par étape avec Ruby.

La jeune femme ne put s'empêcher de se sentir rassurée lorsque Lorenzo lui assura que tout allait pour le mieux. S'ils n'étaient pas vraiment un couple - et n'en seraient d'ailleurs jamais un -, elle l'appréciait vraiment beaucoup. Ce garçon était un ange, d'une douceur et d'une gentillesse dont on avait toujours besoin dans sa vie. Néanmoins, elle le voyait mal débarquer simplement pour partager un pot de peinture avec elle. Ou avec Sasha. Même s'il semblait prêt à bien des choses pour eux, il ne fallait pas pousser.

Au début, sa réponse la surprit. Bras ballants et les yeux légèrement écarquillés, il lui fallut une petite seconde pour assimiler la nouvelle. A sa décharge, jusqu'à ce jour, il ne lui avait rien évoqué concernant une potentielle relation ! Pas même un flirtouillage, un échange de regard que savait-elle et qu'elle ignorait. Elle battit des paupières. Essaya de faire appel à sa mémoire. Non. Vraiment. Rien du tout. Bon. De fait, la meilleure réaction lui paraissait encore de se réjouir pour lui. Et comme Charley Hawkes ne faisait jamais les choses à moitié, elle se jeta à nouveau dans ses bras. « Mais c'est merveilleux ! Génial ! Je suis tellement contente pour toi ! » Et elle l'était, ainsi que le trahissait son immense sourire. Passé le léger choc de l'annonce, elle se sentait presque euphorique. Le tenant à bout de bras, elle l'observa avec cette petite lueur maternelle dans le regard. « Je suis ravie d'avoir pu te rendre service. Au diable de ton père ! Tout ce qui compte, c'est ton bonheur ! » Certes, le roux avait raison, leur petit stratagème n'avait pas exactement servi à grand-chose. Mais peu importait la finalité, dans la mesure où cela leur avait permis de se rapprocher l'un de l'autre, de devenir deux vrais complices.

« Attend, suis-moi ! Je veux que tu me racontes tout ! Absolument tout, tu m'entends ? » Lui faisant signe de la suivre jusqu'au balcon où elle avait lâchement abandonné sa progéniture, elle reprit dès que Sasha eut pu faire ses bisous mouillés à 'Tonton Zozo'. « Comment il s'appelle ? Où est-ce que tu l'as rencontré ? Ne m'épargne aucun détail ! » Oui il. Parce que c'était bien ce qui avait poussé le taxidermiste à lui demander de l'aide, non ?

Comme tu t'en était douté, elle se réjouissait de t'entendre dire ces mots là, un peu comme si tu avais enfin trouvé la bonne personne. Tu osais le croire même si c'était encore trop tôt pour le dire, il fallait laisser le temps agir. « Merci à toi Charley, pour avoir bien voulu jouer le jeu avec moi, je sais que publiquement, je ne suis pas le meilleur parti. » Tu n'avais pas un métier très rêveur, tu le savais assez bien, tu avais déjà eu plusieurs retours là-dessus mais tu t'en foutais tant que ça te plaisait. Tu passais aussi pour un vieux con bougon, mais ça aussi tu le savais, c'était une image qui te collait à la peau que tu assumais parfaitement. « Et toi, tu mérites de te lancer et d’être heureuse.. Avec Liam ! » Il serait peut-être enfin temps que ses deux là osent se lancer. Il y avait tout qui les trahissait, le regard de Charley, le sourire de Liam, leurs façons de se tenir l'un près de l'autre comme s'ils luttaient contre leurs corps pour ne pas se jeter l'un sur l'autre. Sûrement quelque chose que tu ne comprenais pas encore, il devait y avoir une raison mais tu ne la connaissais pas, tu lançais assez rarement le sujet sur sa vie sentimentale et ce qu'elle attendait pour se bouger les cocotiers. Tu la suivais jusqu'au balcon, te faisant assaillir rapidement de bisous par une petite tornade blonde. « Il ? » Tu marquais un léger temps, un peu confus dans un premier temps, réalisant que tu n'avais pas été très précis dans tes paroles précédentes et comme elle connaissait assez bien ta situation, elle n'avait fait qu'une simple suggestion. Ce qui partait d'un bon sentiment, mais elle se trompait. C'était sûrement là qu'elle serait surprise d'apprendre la vérité. « J’imagine que c’est légitime. Mais c’est elle. Elle s’appelle Ruby, une petite rousse irlandaise que j’ai rencontré dans un bar. Timide, maladroite, bavarde et amusante. Elle m’a tout de suite plu. » Tu laissais un sourire s'installer sur tes lèvres, tu le faisais très rarement, mais en parlant de Ruby, c'était différent même si c'était encore compliqué.