bouge de là + fleur

Fleur connaissait à peine Callie mais elle éprouvait d’ors et déjà beaucoup de sympathie pour elle. Si l’occasion se présentait, elle serait ravie de pouvoir partager des moments avec elle à Paris. Encore fallait-il qu’elles apprennent un peu plus à se connaitre. S'entrainer ensemble à la salle de sport ou même en dehors, était déjà un pas en avant. Mais il est vrai que Fleur doit bien avouer être étrangement fatiguée ces derniers temps. Elle se sentait de plus en plus essoufflée, jusqu'à parfois avoir des douleurs thoraciques. La bienveillance de Callie toucha Fleur.

- Je pense que je dois faire une petite carence en fer, ou une petite baisse de tension. Un truc dans le genre. Mais oui, je devrais consulter, c’est vrai…

Elle l’avouait avec amertume. Bien souvent elle évitait les visites chez le médecin. Elle ne sait pas bien pourquoi, mais elle appréhendait toujours ces moments. Peut-être était-ce son côté prude qui la rendait si réticente aux examens médicaux.

- T’as raison, plus on veut faire un programme, moins on le tient !

C’est comme un régime. Plus on se prive d’un aliment, plus on y pense et on le désire. Ne dit-on pas « Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis » ?

Callie savait à quel point aller chez le médecin pouvait faire peur. La peur qu'on nous dise que quelque chose va mal alors qu'on se sent très bien, ou du moins qu'on croit l'être. Malheureusement toutes les maladies ne sont pas douloureuses et ne peuvent être détectées si on reste la tête dans le guidon à nier l'évidence. Les quelques années où elle avait exercé en tant qu'infirmière, elle avait vu bien trop de gens arriver à l'hopital plus tard que préconisé voire même parfois trop tard. Et c'était difficile à accepter. Alors oui, même si Callie ne connaissait pas vraiment Fleur, elle ne pouvait réprimer ses conseils et la pousser. Au pire, quel est le risque ? Savoir qu'on va bien, ou trouver le moyen de lutter pour aller mieux ? Mais Fleur n'en était pas du tout là pour le moment. « Ca ira vite et je suis sûre que tu ne repartiras qu'avec quelques vitamines ! Mais au moins tu seras rassurée ! » C'était un conseil que Callie devrait d'ailleurs s'appliquer à elle aussi. Depuis qu'elle avait démissionné, elle n'avait pas osé remettre les pieds à l'hopital. Il serait peut être temps de le faire... « C'est ça ! J'avais jamais vraiment réussi à m'y tenir quand je me forcais. Il a juste suffit que j'y trouve mon compte et que j'y aille plus par plaisir que par obligations ! Et surtout y aller pour moi. Pas pour les autres. » Et c'était quelque chose que beaucoup de gens oubliaient. Y aller pour soi par pour son image et faire "bien"
aux yeux de la société.

Fleur acquiesça à sa remarque. Plus vite ce sera fait, mieux sera. Le médecin lui prescrira une boite de vitamines ou des ampoules à diluer dans du jus d’orange, et elle sera requinquée. Sa petite fatigue ne sera qu’un vilain souvenir.

- T’as raison, admit Fleur. Je vais prendre rendez-vous prochainement.

Et elle tint sa parole, c’est ce qu’elle fit plus tard. Sans savoir que cette fatigue et son manque de souffle cachaient quelque chose de bien plus grave.

Callie lui parla de son programme sportif. Elle faisait quelques petites séances de body combat. Elle ne se prenait pas la tête disait-elle. Fleur approuvait entièrement. Selon elle, plus on tenait à suivre un programme, moins on était assidu.

- Oui bien sûr. Le plus important c’est que tu te sentes bien dans ton corps. Le regard des autres, on s’en fiche ! s’exclama t-elle en haussant les épaules.

S’aimer soi-même c’est le début du bonheur, parait-il.

- Mais… tu suis un régime, un truc comme ça ? Parce que… Excuse-moi du terme, mais t’es vachement bien foutue !

Elle éclata de rire, par son audace. Mais c’était vrai. Callie avait un corps superbe. Les filles font souvent ça. Elles se comparent l’une à l’autre.

Callie hocha la tête espérant bien que Fleur tienne parole. On ne plaisante pas avec la santé. Et elle n'aurait clairement pas pu imaginer la suite non... Elles passèrent rapidement à autre chose, un peu moins morose. « Exactement ! Même si c'est bien plus facile à dire qu'à faire. En fait, c'est un truc que j'ai du mal à m'appliquer à moi même. » C'était aussi pour ça qu'elle était si à l'aise sur son blog. Elle pouvait parler des sujets qui lui faisaient plaisir, publier des extraits du roman qu'elle écrivait et se montrer elle même sans avoir craindre du jugement des autres. La barrière de l'écran, pour ça, c'était parfait. Au compliment de Fleur, elle ne pu se retenir de rire. C'était hyper gentil et en même temps tellement innatendu. « Merci c'est gentil ! Mais non rien du tout ! Juste beaucoup de vélo comme j'utilise pas la voiture. Mais régime impossible, mon copain est patissier ! » ajoute-t-elle amusée. Et même si elle le voulait, elle était loin d'avoir le mental nécessaire pour se tenir à des aliments précis et des grammages pour tout ce qui devait entrer dans sa bouche. Plus de plaisir en mangeant, c'était inconcevable pour la grande gourmande qu'est Callie.

Fleur était étonnée d’apprendre que Callie ne suit ni un programme sportif ni un régime. Elle avait un corps magnifique et très bien entretenu. Si comme elle le disait elle n’utilisait pas la voiture mais le vélo, cela devait beaucoup y jouer. Lorsque les efforts sont quotidiens, c’est plus facile de tenir la ligne.

Puis Callie lui expliqua qu’elle ne faisait pas de régime car son copain était pâtissier. Ce à quoi, Fleur exprima un râlement mêlé à la surprise et à la jalousie.

- Oh dieu ! C’est vrai ? La chance ! s’exclama un peu trop fort Fleur. J’adooooore les pâtisseries ! rajouta t-elle d’une voix un peu plus basse.

Tout ce qui touchait la gastronomie frôlait une grande passion pour Fleur. Bien que les pâtisseries françaises lui manquaient terriblement, elle essayait parfois de s’y appliqué dans ses propres fourneaux. Le résultat n’était jamais aussi bon que dans les boulangeries. Concernant les pâtisseries australiennes, elle affectionnait particulièrement le lamington pour l’association du chocolat et de la noix de coco.

- Je comprends mieux pour le régime. C’est clair que c’est impossible ! Tu dois en avoir des choses à goûter le soir en rentrant à la maison, plaisanta t-elle.

En voyant l'enthousiasme de fleur concernant le métier de Jake, Callie ne su retenir un rire. Un brin de jalousie dans sa voix, mais tellement amusant. On aurait dit une petite enfant comme ça. « Effectivement t'as l'air d'adorer ça ! » Callie avait souvent entendu parler de cet amour pour les pâtisseries en France. C'était quelque chose de très peu répandu en Angleterre mais qui se démocratisait un peu plus ici en Australie apparemment. Elle ne savait pas si cela valit ce qu'on pouvait trouver en France, mais en tout cas celles de Jake lui plaisaient déjà bien assez. Et Fleur n'avait pas tord, Jake ramenait souvent des prototypes de dessert à la maison et c'était Callie qui lui servait de cobaye. Ce qui ne la dérangeait pas le moins du monde, au contraire.« Effectivement je suis devenue testeuse de patisserie professionnelle. Si tu veux on pourrait se revoir un jour dans sa boutique ? C'est Imogen tu dois sans doute connaitre ?  » Ca leur donnerait l'occasion de se revoir en dehors du sport et d'apprendre à se connaître un peu différemment. Parce que Callie sentait que le feeling passait bien entre elles deux. « D'ailleurs c'est grâce à ça qu'on s'est rencontrés avec Jake, les patisseries. Alors pour rien au monde j'arrêterais d'en manger tu vois. » ajouta Callie un sourire un peu béa sur ses lèvres.

Les pâtisseries étaient plus qu’un péché mignon pour Fleur. D’ailleurs elle envie Callie, qui a le privilège de gouter à tous les gâteaux faits par les soins de son petit ami, lui-même pâtissier. Il travaillait chez Imogen, et bien sûr, Fleur avait entendu parler de cette fameuse boutique qui faisait fureur à Bowen. A moins de vivre dans un terrier, qui ne connaissait pas Imogen ?

- Oh mais oui ! C’est génial ! Il travaille à Imogen alors ! Bien ! s’exclama-t-elle une fois de plus, joyeusement.

C’était comme si sa timidité s’envolait. Quand on parlait d’une de ses passions, Fleur était littéralement métamorphosée. Parfois la France lui manquait énormément rien que pour la finesse de macarons et des éclairs au chocolat. Heureusement, Imogen la consolait patissieusement bien.

- Tu as réussi à réunir amour et gourmandise, petite veinarde ! taquina t-elle en la gratifiant d’un clin d’œil.

L’amour réserve souvent de belles surprises. Callie avait donc rencontré son petit ami Jake grâce aux pâtisseries. Ce qui lui fit penser qu'elle avait rencontré Maxwell grâce à la littérature. Le hasard fait bien les choses.

Il était vrai que rares étaient les gens qui n'avaient jamais entendu parler de cette patisserie. Avant même de connaitre Jake elle était souvent passée devant le magasin et des boites provenant de la boutique laissées par des collègues trainaient souvent à l'hopital. Et encore plus depuis la reprise par Jake de la boutique avec les affiches lancées en grande pompe et la soirée de lancement organisée le jour de son anniversaire. Une soirée qui restera dans tous les cas mémorable. Tant au niveau de la gourmandise que de l'amour comme disait Fleur. « J'avoue que c'était pas du tout calculé, mais pas du tout pour me déplaire ! » Elle aurait voulu faire exprès qu'elle n'aurait sans doute pas réussi. « Enfin on peut quand même dire que notre histoire  commencé grace à des éclairs au chocolat... » Parce que Jake passait souvent à l'hopital ramener ses invendus aux enfants malade. Et de fils en aiguille, il a rencontré Callie, qui lui a avoué son péché mignon pour les éclairs, et puis une soirée tout a basculé. Vers ce joli conte de fée. « Et toi, tu as quelqu'un ? Pas un patissier si j'ai bien compris !»

Alors qu'elle en savait un peu plus sur Callie, Fleur s'imagina une quelconque rencontre avec son amoureux. Callie, testeuse en pâtisserie aurait succombé à son pâtissier. Quelle belle histoire romantique! Fleur était une mordue de l'amour et Cupidon semblait enfin avoir choisi la bonne personne pour elle.

- Non, mon copain est enseignant. Mais on doit notre rencontre à notre passion commune pour la littérature.

Et voyant qu'elle n'était pas assez précise, Fleur rajouta :

- On s'est rencontré où je travaille... à la bibliothèque.

Parait-il que, en général, les couples se forment sur leur lieu de travail. Encore mieux, c'est la meilleure façon de trouver l'amour. Et apparament Fleur et Callie en étaient la preuve vivante. Si Callie était une passionnée de pâtisserie, Fleur elle, adorait lire les romans d'amour. Maxwell lui avait demandé conseil et elle lui avait prêté son livre personnel le puits de l'amour.