(kalou) beyond the veil

Je ne suis pas du genre paranoïaque. Je ne sais pas si on me suit, si ma famille me recherche mais je me cache. Pourtant, j’ai un nom qui est facilement tractable. Lou comme le jazzman et Belle comme la princesse. Samson n’est que le nom d’un des premiers colons aux Etats-Unis qui a posé son pied à la Nouvelle-Orléans. Des origines françaises, écossaises et américaines. Ce soir, je n’avais pas envie de sortir mais on me promettait une grosse somme pour un concert. J’étais tiraillée entre mon envie de me faire de l’argent et de ce besoin de célébrité que nous cherchons tous ou rester bosser ma partition de Ludwig. Foutue opéra 61. Je me décide cependant à sortir de ma tanière. Je mets ma plus belle perruque. Après tout, je dois entretenir le personnage de licorne. J’attrape la grise car je ne voulais pas en faire trop non plus. Puis, je mets mes patins à roulettes aux pieds. Je joue tout le temps pieds-nus. Tout le temps. Un concert sur la plage, connerie. Mais je ne me posais pas de questions. J’arrive donc en avance pour sortir le violon de son étui. La nuit n’est pas encore tombée et pourtant le soleil commence doucement à se coucher. Je visse mon chapeau sur la tête avant de déplier mon archet d’un coup de poignet. J’ai trouvé ce geste tellement classe dans Star Wars VII (parce Rogue One est une aberration) que je me suis évertuée à le reproduire comme il le fallait. Lorsque le stormtrooper fait de même avec son putain de bâton électrique. Sur scène, ça fait toujours son petit effet. Puis, je me pose sur le rebord de la scène avant d’accorder mon violon. Une violoniste d’un mètre cinquante qui joue avec un DJ ou avec un groupe de métal. Ce n’est pas commun. Une fois l’instrument bien accordé, je constate qu’un des musiciens a laissé son étui à guitare sur la scène tandis qu’ils boivent tous au bar. Je l’ouvre pour trouver une superbe guitare mais ce n’est pas ça qui attire mon regard. Un médiator qui brille. Je sors l’objet pour le fixer un moment, un sourire de petite fille avant de faire aller sur mes doigts. Encore un geste vu dans un film puisque Jack Sparrow a le même. Je le glisse dans la poche de mon short avant d’attraper l’instrument normalement dédié à de la musique classique pour commencer à jouer une de mes propres compositions au violon sans me soucier un moment du monde extérieur. Ni du fait qu’on m’espionnait. Il n’y avait que pour ces quelques minutes de répit : que ma musique et moi.

Made by Neon Demon

Spoiler:

Karel aurait aimé se dire qu'il s'agissait juste d'un contrat comme un autre mais il n'en était pas si sûr. Contrairement à l'image qu'on pouvait avoir des tueurs à gage en général, Karel avait une conscience et d'ordinaire les seuls personnes qu'on lui demandait de tuer étaient des mafieux pourris jusqu'à la moelle qui avaient commis assez de crimes pour qu'il ne se demande même pas si ce qu'il était entrain de faire était bien ou mal. Il savait bien que pour le commun des mortels, tuer c'est mal, qui que ce soit, qu'il n'avait pas le droit, qu'il n'était pas Dieu, et toutes ces conneries. Mais il s'en foutait bien, il n'était pas croyant. Et il ne croyait pas tellement en l'humanité non plus. Il voyait mal comment on pouvait lui en vouloir d'éliminer quelques raclures de cette terre. Il ne disait pas non plus qu'il œuvrait pour le bien de l'humanité et pour, à terme, éliminer toute organisation mafieuse ou du même genre, parce que plus il en tuaient plus il en arrivait d'autres. Comme le monstre de la mythologie dont la tête repoussait quand il la coupait.

Mais aujourd'hui c'était différent. Il savait qu'il n'aurait pas dans son viseur une mafieuse, mais juste une voleuse et il voulait cerner le personnage avant de passer à l'acte. S'il savait appuyer sur la détente, il savait aussi mener des enquêtes, à sa façon. Il avait su qu'elle était conviée à un concert sur la plage. Pour la discrétion, on repassera. Karel avait choisi de simplement ramener ses fesses à ce concert et il la repéra assez vite, la violoniste. Il s'arrêta quelques secondes à quelques mètres d'elle, ses yeux rivés sur l'instrument et, exceptionnellement, il écoutait plus qu'il n'observait. Il y avait peu de choses auxquelles il était sensible mais la musique classique en était une. Elle jouait bien. Peut-être trop bien pour que son doigt presse la gâchette dans les prochains jours. Son poing se serra légèrement avant qu'ils ne fassent quelques pas de plus.

-Quelque chose me dit que ce ne sont pas tes vrais cheveux.

De sa tête, ses yeux passèrent à son instrument.

-Tu joues pas mal.

Karel haussa un sourcil quand elle lui dit être née licorne. Une licorne ? Des cheveux gris, pour une licorne, ça le décevait un peu. Il espérait plutôt quelque chose d’arc-en-ciel. C’était tout de même plus féérique. Elle retira alors sa perruque et il eut un sourire en voyant le roux de ses cheveux.

-Je trouve ça beaucoup plus licorne que la perruque grise.

La plus belle couleur de cheveux, ça restait encore à voir. Il n’avait pas réellement de préférences à vrai dire, brunes, blondes ou rousses… Une fois dans un lit ce n’était pas ça qui comptait. Pas qu’il était du genre à collectionner les femmes mais il préférait que ça n’aille pas plus loin. Il ne voulait pas s’attacher. C’était mieux pour lui, et pour elles.
Il eut un sourire quand elle lui tendit son violent en s’offusquant du seul « pas mal » dont il l’avait qualifié.

-Non merci, je suis doué pour écouter, pas pour jouer.

Il la regarda avec un sourire narquois, pas réellement gêné qu’elle se soit peut-être vexée.

-Un nom de licorne pour une licorne. Karel.

Il passa son regard du violon à ses yeux.

-Tu joues autre chose ?

Je finis par ôter ma perruque bien que je l’affectionnai particulièrement. J’aime bien avoir les cheveux gris ou même roses. Sa remarque me laisse échapper un sourire et je la pose à côté de moi. « J’aime bien porter des perruques. J’ai l’impression d’être quelqu’un d’autre, dis-je avec mon air mutin. » Echapper à la réalité, à mes démons, à ces cheveux roux maudits que je portais depuis ma naissance. Les enfants sont méchants entre eux, surtout avec ce qui est différent. Je lève alors yeux au ciel en secouant la tête. « Alors, on ne critique pas si on n’est pas capables de faire la même chose. » Je secoue la tête avant de jouer distraitement avec les cordes de mon instrument chéri. « C’est sympa aussi, Karel. Ça fait homme des cavernes. » Je pose doucement ma petite main sur ma poitrine. « Moi, Lou-Belle, toi Karel. » Puis, à sa demande, j’attrape mon violon avant de hocher la tête. Puis, je commence doucement à jouer River flows in you, sans la harpe. Mais après tout, ça restait une reprise d’un célèbre air de piano que j’avais adapté à ma sauce. Je fermai donc doucement les yeux me laissant porter la musique avant d’arrêter à la fin de la chanson pour poser mon archet pour poser mon regard sur Karel. « T’en veux encore une ou on va boire un verre en attendant le concert ? Je t’invite ! »  

Made by Neon Demon

Spoiler:

D'être quelqu'un d'autre ? Karel fronça les sourcils un instant. Pourquoi aurait-elle besoin d'être quelqu'un d'autre ?  Cette problématique n'avait jamais beaucoup tourmenter le tueur à gages, et pourtant, ça aurait pu. Mais il avait choisi cette voie en son âme et conscience, et si un jour il le regrettait, il n'aurait qu'à tenter de raccrocher. Même si cela signerait peut être son arrêt de mort, à voir.

-Pourquoi vouloir être quelqu'un d'autre ?

Peut-être qu'il aurait une réponse, mais il y croyait assez peu. Karel arqua un sourcil à ses mots, esquissant un léger sourire, archétype même de la susceptible.

-Il ne faut pas jouer en public quand on est incapable d'accepter les critiques.

Surtout que, il n'avait en rien critiqué, elle s'offusquait d'un simple "pas mal". Elle semblait être typiquement le genre d'artiste à avoir un cruel besoin de reconnaissance. Enfin, cela ne justifiait en rien le fait qu'il existe un contrat sur sa tête. Il se mit à rire alors qu'elle lui disait que son nom faisait homme des cavernes. Sans doute. Ayant vécu aux Pays Bas, c'était un nom plutôt courant alors on ne lui avait jamais fait la réflexion, mais c'est vrai qu'ici la consonance néerlandaise devait sonner rustique aux oreilles des Australiens.

-C'est beau, ça rime.

Il lui demanda une autre musique et elle s'exécuta. Il esquissa un sourire en reconnaissant l'air. Ca avait le mérite d'être une belle adaptation. Elle lui proposa d'aller boire un verre, il haussa doucement les épaules. Pourquoi pas ?

-Tsais, j'peux me payer mes verres tout seul, même si j'ai l'air d'un homme des cavernes.

Après, si ça lui faisait plaisir à elle...

Je dodeline de la tête comme sous les airs d’une musique imaginaire aux côtés de l’inconnu. Sa question m’intrigue. Pourquoi être quelqu’un d’autre ? Je baisse un instant les yeux, jouant avec les cordes de mon violon. « Parce que des fois, la vie est tellement dure à supporter qu’on voudrait s’en échapper, dis-je avec philosophie. » J’avais une vie de merde, j’en avais conscience. Violée par un oncle qui était supposé m’aimer d’une autre façon ; stigmatisée à cause de mes cheveux roux et de mes anciennes formes. Tout ce qui a contribué à me faire tomber dans la spirale infernale de l’anorexie. Le fil rouge qui ornait mon poignet était la seule preuve qui pouvait prouver que je ne me nourrissais pas. Tout comme le médiator doré au fond de ma poche attestait que j’avais un souci avec les affaires d’autrui. « ça va, c’était une boutade. Qu’est-ce que t’es sérieux comme garçon. » Je souffle bruyamment. Lorsqu’il me fait constater que nos prénoms riment, j’éclate de rire. « Si j’étais niaise, je dirai que c’est un signe du destin. Mais je ne le suis pas et je ne crois pas au destin. » Je jouais rarement des musiques calmes. Mes chansons sont toutes un peu dubstep et qui bougent beaucoup trop. Mais là, j’avais décidé de faire un morceau calme. Avant de me donner à fond pour ce concert. Je jette un regard entendu à Karel avec un sourcil haussé lorsqu’il reprend mon expression. « Ton prénom a des connotations caverniques Tarzan mais t’as pas l’air d’un homme des cavernes. T’as plutôt l’air d’un Thor comme mec. » Je palpe ses avant-bras. « En un peu moins musclé. » Je fouille dans ma housse de violon pour sortir le pass des musiciens que je passe autour de mon cou. « Puis, dis-je en jouant avec mes cheveux de manière théâtrales, je paye pas les verres. C’était une façon de parler donc profite tant que je te fais bénéficier généreusement de mes avantages. » J’attrape sa main pour l’emmener à ma suite, sans me soucier de qui il était et de pourquoi il était là.

Karel resta silencieux quelques minutes à sa remarque. Elle avait sans aucun doute raison. La vie frappait durement certaines personnes. Mais, à son sens, ce n’était pas en se faisant passer pour quelqu’un d’autre qu’on arrivait à y échapper. Enfin, il n’était sûrement pas la personne la mieux placé pour ce genre de réflexion. Il passait son temps à n’être personne. Sinon le destin qui frappait dans le monde obscur dans lequel il évoluait.

-Parfois, lutter est une meilleure solution que s’échapper. Parce que nos problèmes finiront toujours par nous rattraper.

Karel arqua un sourcil alors qu’elle lui avoua que ce n’était qu’une blague. Oui, sérieux, on lui avait souvent fait remarquer, même quand il était enfant. Il faut croire que c’était quelque chose dont il n’arrivait pas à se débarrasser, ou bien, dont il ne voulait pas se débarrasser.

-Je me demande bien quel genre de signe ça aurait été, si ça avait été le cas.

Le signe qu’ils étaient faits pour devenir les meilleurs amis du monde ? Il trouvait cela assez peu probable. Ou alors qu’ils venaient de trouver l’un comme l’autre, le grand amour. Si elle lui avait dit quelque chose du genre, la situation n’aurait pu être plus cocasse.
Alors que Lou-Belle avait tendu sa main pour lui palper les avant-bras, Karel eut un mouvement de recul. Il n’était pas du genre contact. Encore moins avec quelqu’un qu’il ne connaissait pas. Tout cela venait sans doute de la méfiance exacerbée qu’il avait développée pour autrui à cause de son milieu.

-Euh, ouais, j’dois faire moins de gonflette que les dieux nordiques.

Le Néerlandais n’était pas vexé de la réflexion. Après tout, il n’avait pas pour but de ressembler à Chris Hemsworth. Ses muscles lui suffisaient à soulever ses armes les plus lourdes, et de mettre de sacrées droites le moment venu, que demander de plus ?
Alors qu’elle saisissait sa main pour l’emmener vers le bar, auquel elle pouvait accéder grâce à son pass magique, Karel retira sa main, se contentant de rester derrière elle. Il préférait garder ses deux mains de libres.

-Va falloir que tu restes au jus d’orange, sinon tu vas nous faire mal aux oreilles.

Il posa sur elle un léger sourire taquin, se doutant déjà que sa réponse ne serait pas seulement un haussement d’épaules.

C’est quoi cette discussion philosophique sur le sens de la vie avec un parfait inconnu ? je le regarde un instant avant de passer une main dans mes cheveux pour réfléchir un instant. De la tristesse passe dans mon regard car il avait raison d’un sens. J’avais toujours peur du noir à cause de Gavi, à cause de ce qu’il m’avait fait et pendant un bref instant, chaque soir, j’ai peur de l’obscurité et de la solitude. Je choisis donc de ne pas répondre et de rebondir. « Le fait que nos prénoms finissent pareil ou encore que tu aimes ma musique, la musique classique. » Je dodeline de la tête un instant pensant à une solution romantique. « J’aurai ri de manière gauche en battant exagérément des cils pour t’attirer et tadam. Mais ça n’arrivera jamais car l’amour n’existe pas. » Je lui sers mon plus beau sourire avant de toucher ses bras. Car je suis trop tactile. Je le sais. Pourtant ce qui s’est passé avec Gavi aurait pu m’empêcher tout contact avec les hommes mais c’était l’inverse. Un bisounours ambulant. Je le regarde se dérober à mon contact avant de lever les yeux au ciel. « Ne critique pas Thor, il est cool avec son marteau et est le fantasme de bien des femmes. Perso j’ai un faible pour les méchants comme Loki mais voilà. » Je me redresse alors pour tourner un moment sur moi-même. Je l’attrape donc par la main avant de me diriger vers le bar. Lorsqu’il se dérobe à nouveau, je me tourne vers lui. « Un problème avec le contact humain Karel, murmurai-je d’une voix un peu plus séductrice, ou alors est-ce que tu fuis la gente féminine ? » Je lui adresse un petit clin d’œil avant de grimper sur le comptoir et m’assoir en croisant les jambes. Je montre fièrement mon bracelet au barman avant de soupirer. J’éclate alors de rire à sa remarque pour me mettre à battre des cils. « je ne bois jamais quand je travaille. Donc ça sera un coca sans sucre pour moi et pour mon compagnon… » Je pose de nouveau mon regard sur le blond qui me tient compagnie. « Scotch, Whisky ou Vodka ? » j’attends sa réponse en battant des jambes, évitant de le toucher, on ne sait jamais des fois qu’il s’offusque complètement.

Karel arqua un sourcil à son affirmation. Elle était ce genre de fille alors ? Celle qui ne croyait pas en l'amour ? Il n'avait pas vraiment l'intention de s'étendre sur le sujet. Il n'avait pas d'avis sur la question. Enfin si, mais il ne trouvait pas vraiment ça important, il ne se sentait pas concerné.

-Cela dit, tu pourrais battre exagérément des cils sans pour autant être amoureuse.

Il leva son regard vers elle, esquissant un léger sourire amusé.

-L'attirance physique, ça existe.

Ou peut-être qu'elle allait nier ça aussi.
Il haussa les épaules alors qu'elle lui disait de ne pas critiquer Thor. De ce qu'il se souvenait du film, il s'agissait juste d'un amas de muscles qui passait son temps à foncer dans le tas.

-J'espère que ce n'est pas son QI qui les attire alors.

Parce qu'il avait une bien plus haute opinion des femmes que ça.
Karel planta son regard dans celui de Lou alors qu'elle se retournait vers lui. Il ne fuyait pas particulièrement la gente féminine. Les femmes ne lui avaient rien fait, et il ne les voyait pas comme des démones tentatrices.

-Je fuis les êtres humains en général.

Il esquissa un léger sourire, même s'il ne plaisantait pas. Il pouvait toujours lui dire ça, sans lui donner la raison.
Il la regarda s'asseoir sur le comptoir sans rien dire, venant seulement s'y accouder.

-Whisky.

En réalité, il ne passait pas son temps à boire des alcools forts mais si ça faisait plaisir à la violoniste... Et de toute façon, il lui faudrait bien plus qu'un verre pour le saouler.

-C'est potable, les coca sans sucre ?

Karel était toujours assez perplexe sur le goût des sodas light et compagnie.

C’est vrai que je joue des musiques qui parlent d’amour, qui sont très romantiques et que je performe même aux mariages mais je n’ai jamais cru en l’amour. Pour cause qu’après ce que m’a fait subir Gavi et le rejet de mes parents, j’avais eu le sentiment d’être brisée en mille morceaux. Et si on ne pouvait pas aimer dans sa propre famille, pourquoi l’amour existait-il ? « Amoureuse ? » Je prends une mine dégoutée en répétant ce mot. « Je n’ai pas pour habitude de battre des cils en regardant le mec et en disant « je t’aimerai toujours. » » Je lève à nouveau les yeux au ciel avant de me tourner vers lui avec un rictus carnassier sur le visage. « T’as de l’attirance physique pour moi, Karel ? » Bien que j’en doute. Ce mec il est plus branché blonde (ou brune) aux longues jambes et bien pulpeuses qu’un minipouss comme moi. Je pense que si j’avais auditionné pour les minimoys, j’aurai été prise sans hésiter. « Nan les femmes sont faibles devant les muscles. Nous ne sommes toutes que des gourdes superficielles. » Je remarque qu’il fuit mon contact alors je virevolte à nouveau vers lui pour le regarder droit dans les yeux. Sans bouger un cil pendant un instant. « Je comprends mais sache que je suis aussi tenace que la peste et le choléra réunis. Dommage pour toi ! » Je lui sers mon plus beau sourire ainsi qu’un petit clin d’œil aguicheur. Wink wink comme on disait. Puis, je prends place sur le comptoir. Et sa remarque sur ma boisson me laisse perplexe. « Ça va, j’ai bu pire. » Toutes les solutions pour maigrir. Je me glisse un peu plus vers lui, posant mes pieds nus entre ses cuisses, sans le toucher. « Dis-moi Tarzan, tu vas me fuir toute la soirée ou t’accepterais que j’te fasse des avances sans faire ta tête de cochon ? » Je me penche en avant pour le regarder dans les yeux, attendant sa réponse sans bouger. Comme une statue.

Elle n'avait pas besoin d'insister, sa première phrase avait suffit. Elle ne croyait pas en l'amour et Karel n'allait pas essayer de la faire changer d'avis, c'était tout sauf ses oignons. Elle devait avoir ses raisons, et, il faut l'avouer, je m'en fichais pas mal.

-Visiblement.

A sa question, Karel se contenta d'un haussement d'épaules un peu gêné. Il ne s'était pas posé la question. Il n'était pas venu ici pour draguer. Il draguait assez rarement, cela dit. Mais elle avait son charme. Il n'était pas un homme qui avait un genre de femmes. Il était loin d'être un homme à femmes d'ailleurs.

-Qui sait.

Karel leva les yeux au ciel à sa réflexion. Ce n'était pas ce qu'il avait voulu dire, et ce n'était même pas ce qu'il pensait d'ailleurs. Mais il préféra ne rien rétorquer.
Cette fois, il arqua un sourcil. Est-ce que c'était une espèce de menace ? Parce qu'il n'allait pas se laisser marcher sur les pieds par la violoniste.

-Je ne sais pas pour lequel de nous deux c'est le plus dommage.

Parce qu'il avait quand même un contrat au-dessus de sa tête. Qu'il avait décidé de ne pas accepter tout de suite, et qu'il n'accepterait sans doute jamais vu qu'elle avait l'air de faire parti de tout sauf de son monde à lui. Mais ce n'était pas pour ça qu'une autre personne ne l'accepterait pas, ce contrat. Et vu comment elle était naïve, il avait toutes les chances de réussir son coup.

Il esquissa un léger sourire alors qu'elle répondit qu'elle avait bu pire. Il allait tout de même rester sur son whisky.
Rapidement, le regard de Karel se perdit dans le sien à sa question. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle savait le mettre mal à l'aise. Il n'avait pas réellement d'être dragué, et encore moins dans ce genre de ce situation.

-Je crois que la tête de cochon il va falloir que tu t'y habitues. Je n'ai pas pour habitude de la poser dans un coin.

Cette fois il esquissa un léger sourire.

-Pour ça faudrait me saoule un peu plus que ça.

Il avait tout du Tarzan, répondant par monosyllabe. Mais je dois admettre que ça avait un certain charme. Quand on les aimait du genre cro-magnon et un peu rustre. Personnellement, je considère que nous ne sommes pas attirés par un sexe mais par une personne. Et l’énigme qui entourait Karel m’attirait. A croire que l’attraction ne se jouait qu’avec des hommes mystérieux (ou des femmes d’ailleurs). Je me tourne alors vers lui, surprise par sa remarque avant d’éclater de rire. « t’as de l’humour, j’apprécie mais je doute que je sois ton genre de femme. » Certains me voyaient comme une enfant crédule alors que je sais ce que je veux dans le fond. Et ce que je vaux. « Pour toi, enfin ça dépend, si t’es branché subtilité ouais c’est dommage pour toi. Sinon on peut dire que t’as gagné au change. » Je pourrais accentuer mon effet en battant exagérément des cils mais je garderai ma tendance actrice dramaqueen pour plus tard. J’éclate de rire à sa remarque sur la tête de cochon, mon verre dans la main. « Je suis pas très branchée pour saouler un mec. Disons que j’aime bien qu’un homme avec lequel j’ai un flirt se souvienne de moi. » Pas tellement sur le plan sexuel car je ne suis pas très adepte de ce genre de discussion. Le sexe retire tout charme à un badinage. « Et sinon qu’est-ce que tu fabriques sur cette plage ? Tu ne sembles pas tellement dans ton élément… » Il avait plutôt l’air chic, à se rendre à des réceptions guindées plutôt qu’à des beachs party.

Karel arqua un sourcil à sa remarque. Il ne savait pas exactement comment le prendre.

-Alors d'après toi, c'est quoi mon genre de femme ?

Il était curieux de savoir comment elle le voyait. Pensait-elle qu'il collectionnait les femmes sexy ou ce genre de choses ? Il était curieux de connaître l'impression qu'il donnait aux gens.
A sa réflexion il eut un léger sourire. Ouais, peut-être bien que c'était dommage pour lui tout compte fait.

-J'ai remarqué que la subtilité n'était pas ton fort.

Il but une nouvelle gorgée de son verre avant de lever les yeux vers elle.

-Mais si toi t'es branchée discussion, c'est dommage pour toi aussi.

A sa réflexion, il hocha doucement la tête. Il comprenait bien. Quel intérêt d'avoir un flirt dont personne ne se souvienne le lendemain ? Déjà qu'il trouvait l'intérêt du flirt relativement limité, si en plus de cela il était carrément insignifiant...

-Toujours plus valorisant, c'est sûr.

A sa question, il haussa simplement les épaules. En plus de ne pas être subtile, elle était intrusive. Enfin, à quoi est-ce qu'il aurait dû s'attendre hein ?

-Faut croire que je voulais t'entendre jouer. Toi ou bien le reste. Ou juste être la plage.

Il esquissa un léger sourire.

-Et toi, pourquoi tu joues sur une plage, pied nue ?

Et surtout, pourquoi est-ce qu'il y a un contrat sur ta tête, Lou Belle ?

" Une femme sophistiquée et pas une nana comme moi qui te feras un rentre-dedans pas possible. " je n'étais pas le genre de femme très fine lorsqu'il s'agissait de la drague. Bien au contraire, je fonçai dans le tas lorsqu'un mec me plaisait. Du moins physiquement. " nope mais bon j'aime pas les palabres. Ça ne sert à rien pour moi. " les fanfreluches et les non-dits à se courir après pendant des mois. Non merci, mieux vaut valait tout de suite céder à l'alchimie et à la passion. " je suis branchée, sexe. La discussion est plus. " Je pose mes jambes sur ses genoux tout en sirotant mon coca sans sourciller. Je ne le quittais pas du regard. le pauvre, j'allais le mettre à mal à l'aise. " Tu m'étonnes. " j'éclate de rire lorsqu'il parlait de m'entendre jouer. " parce que t'as déjà entendu ma musique avant ? " Ce que j'en doutais. Je jouais certes dans la rue mais je n'avais jamais vu Karel parmi mes admirateurs. " je n'aime pas les chaussures. Je n'en porte jamais. Sur la plage, dans la rue. Pas de ma faute si je suis excentrique. " et pour l'être, je l'étais. " Anorexique et kleptomane. Ah je suis une femme formidable. "