crazy love -r.

Tu n'avais qu'un seul mot en tête : Fleur. Divine déesse qui avait su te charmer, qui avait su gagner la porte de ton cœur. Depuis le gala, tu n'avais qu'elle en pensée. Au point que tu ne faisais plus attention au monde qui t'entoure, tu venais de verser trop de café dans ta tasse et ça dégoulinait partout. Le contact avec ta peau exécutais un retour à la réalité. Et tu voyais Aino passer le pas de la porte. Elle tombait à pic. « Aino. » Tu te dirigeais vers ta sœur avec un grand sourire aux lèvres. Rien à faire aujourd'hui de ses remarques et de sa dictature, tu t'approchais pour lui faire un câlin. Pour la serrer dans tes bras l'espace de quelques secondes parce qu'elle te repoussait sans plus attendre. Mais tu étais heureux de l'avoir fait. Tu avais l'impression d'exploser d'amour tellement tu étais heureux. « Je l'ai rencontrée ! » t'exclamais-tu sans plus attendre. Tu étais même assez flou et elle n'allait peut-être pas comprendre ce à quoi tu pouvais faire allusion. Même s'il n'y avait qu'une seule quête dans la vie qu'il valait le coup d'être réalisée : la quête du grand amour. Tu étais toujours comme ça quand une relation naissait. « J'ai trouvé la femme de ma vie. » C'était peut-être un peu trop théâtrale comme annonce mais qui pouvais-tu ? Tu ne contrôlais pas tes sautes d'humeur et encore moins la joie quand elle t'envahissait. Tu avais envie de sauter partout, de chanter des chansons dignes d'une comédie musicale, de venir en aide à tout le monde et peut-être essayer de faire tomber des gens amoureux.

Je tournais les clés de ma voiture qui grondait, ça faisait déjà bien longtemps que je devais la faire réparer, ça ce n'était que la théorie, en pratique, il me manquait une tonne d'argent. Et je ne savais même pas si au final, ça me reviendrait moins cher de me payer un vélo pour faire mes tours en ville. Ça avait tout de suite moins de style, mais c'était un moyen de faire des économies. Au pire, si je me mettais sous une large capuche bien trop grande, personne ne me reconnaîtrait, mais je serais vite jugée comme la fille la plus étrange de Bowen si ce n'est pas déjà le cas. Je retirais la clé du contact, sortait de ma voiture en n'oubliant pas de claquer la porte. Si ma journée n'avait pas été affreuse, ça ne changeait rien de mes habitudes, je traînais la patte jusqu'à la porte d'entrée. Puis j'écrasais ma clope avant de la jeter dans les fleurs, je ne fumais dans chez-moi, dans cette maison du moins. J'avais bien trop de respect pour ma grand-mère, bien que je pourrissais ses fleurs avec des mégots ; que je prenais bien soin d'enlever un jour, bien entendu. Histoire ne de pas faire de mon jardin un déchet. Puis ce n'était pas comme si j'aspirais la toxine des clopes à chaque jour. Non, en vrai, je ne fumais maintenant que quand j'arrivais à en voler aux collègues de boulot. Parce que je ne voulais pas dépenser mon argent dedans. Le pas de la porte passée, je levais les yeux vers Maxwell qui s'empressait de me prendre dans ses bras. « Arrrg, Maaaaaax. » À quoi il jouait lui ? Je grognais intérieurement, lui jetant un petit regard en fronçant mes sourcils bien qu'il ne pouvait pas le voir directement. « Qui ça ? » Je commençais à m'inquiéter, imaginer toutes les personnes de mon entourage qu'il aurait pu rencontrer, mais je pense qu'aucune personne n'aurait pu avoir cet effet sur mon frère. Mes yeux se posèrent sur le sourire qu'il arborait, il était heureux mon frère, bien plus que moi. Mais simplement le savoir content m'enlevait toutes les mauvaises pensées que je pouvais avoir, bien que je ne voulais rien lui montrer, montrer que je pouvais avoir un petit cœur coulant était pas une belle image, il pourrait s'en resservir contre-moi dans une prochaine guerre fraternel. C'n'était pas bon. Mais très vite, je reprenais un air blasé devant ses paroles. « Wow. Incroyable. » Je soufflais avant de lâcher un léger rire. « Mais dis-moi … les ex que tu as eu … Elles n'étaient pas toutes les femmes de ta vie ? » Je ne connaissais pas toutes ses ex, mais je savais que la définition de l'amour qu'on avait entre mon frère et moi n'était clairement pas le même, puisque moi je pensais que ça ne pouvait pas exister. Du moins, pas pour moi. « Tu l'as rencontrée où celle-là ? »

Elle était rentrée et la première chose que tu entendais c'était un râlement à ton encontre parce que tu l'agressais. Elle n'aimait pas les câlins, elle ne les avait jamais aimé mais tu ne pouvais pas t'empêcher d'en faire parce que c'était une marque d'affection pour toi. Et tu affectionnais ta sœur. « Elle s'appelle Fleur. » t'empressais-tu d'ajouter avant d'entendre sa question. Elle t'avait cloué le bec, tu ne savais pas si tu devais y répondre ou juste l'ignorer et le mettre de côté. Mais non, ça te titillait et tu devais dire quelque chose. « Oui mais non.. » Techniquement, elle avait raison mais aucune de ces femmes ne partageait ta vie avec toi à ce jour. Tu avais fais la connaissance d'une autre femme, d'une femme qui pensait comme toi, qui savait t'apprécier à ta juste valeur. Et votre couple était solide puisque vous étiez capable de surmonter une grande épreuve. Votre amour était tenace, ça tu pouvais le dire. Mais c'était peut-être un sujet que tu allais éviter ce soir, tu allais déjà lui en dire pas mal. « Elle travaille à la bibliothèque, j'y aillais souvent pour l'espionner. Oui je sais, dit comme ça, ça fait pervers mais ce n'est pas le cas, tu me connais. » Tu voulais observer son visage, entendre le son de sa voix et te sentir paralysé à chaque fois qu'elle posait le regard sur toi. A chaque fois tu te sentais défaillir, à l'idée que tu étais grillé, mais aussi à l'idée qu'elle puisse t'avoir remarqué. Et comme souvent, elle venait vers toi, tu te sentais pousser des ailes, comme si tu étais privilégié. Un homme parmi la foule. « Pendant des semaines j'ai hésité à l'invité et je me suis lancé. Mais j'ai vite pris la fuite, trop de pression de l'avoir en face de moi. » Ce n'était pas vraiment ton fort les rendez-vous galant. Autant parfois tu pouvais les gérer, autant d'autre fois tu étais incapable. Là c'était une de ses fois où ton cœur s'emballait tellement, tu préférais t'éloigner en te disant que tu n'avais aucune chance et que ton cœur s'en sortirait un peu mieux que si tu te jetais à l'eau. « Bref, il faut que je te la présente ! » Tu l'entendais déjà râlé, elle aimait bien se tenir aussi loin que possible de ta vie privée, tant que ta copine n'essayait pas de faire ami-ami avec elle puisqu'Aino n'était pas ainsi.

« Fleur hun. » Fleur. Son prénom agresse un peu les oreilles, ça ne devait pas être le genre de prénom qu'on pouvait sortir dans une phrase romantique, enfin pas plus qu'Aino. « Elle est Allemande ? Russe ? » Il n'y avait aucun rapport si l'on était pas dans ma tête, mais c'était les deux langues où la sonorité semblait horrible dans mon esprit. « Ou alors mon accent est aussi horrible que ça, puis ça déforme totalement son prénom. » Parce que j'avais la malchance d'avoir un accent dégueulasse à côté de ma famille, si j'essayais d'avoir un faux-accent australien, ça sonnait mal aussi. Sans doute que dans quelques années, j'arriverais à prendre un accent potable qui me faisait pas passer pour la réfugiée du coin. Si j'écoutais un peu plus les autres que moi-même, l'idée semblait bonne, pourtant j'n'avais pas encore envie de faire des efforts sur ça. J'finissais toujours par être déçue. J'écoutais ensuite le récit de mon frère, qui me disait qu'il l'avait rencontré à la bibliothèque, un endroit que je ne connaissais pas dans Bowen, parce que même si je lisais un peu, je n'y faisais pas de ça ma passion premier. Je tiquais quand il me disait qu'il était parti l'espionner. Mon cerveau jonglait entre le malaise et le vide qu'émettait mes pensées avant d'éclater de rire en l'imaginant. « Oh, bordel. Attends, j'te connais peut-être, mais pas comme ça ! » Et j'n'arrivais pas à m'arrêter, ça faisait tellement scène de film d'amour nul. Ou peut-être qu'il était coincé dans l'adolescence, quand personne n'arrivait à faire le premier pas. « Ce n'est plus pervers, c'est psychopathe à ce stade-là. » Puis ça me faisait penser à un film qui allait bientôt sortir, j'm'étais pas trop attardé dessus, mais la bande annonce était drôle. Drôle dans le sens où je verrais bien Maxwell faire la même chose, enfermer la personne qu'il pense aimer dans une cage pour qu'elle ne soit qu'à lui. « Pourtant, tu dois t'y connaître en rendez-vous non ? Plus que moi en tout cas ... » Puis cette fille ne devait pas être un monstre pour qu'il s'y intéresse, enfin j'espère qu'elle n'était pas comme moi, parce qu'on allait jamais finir par s'arranger. Même si je sais pas si j'arriverais un jour à m'arranger avec une fille que mon frère aime plus que moi. « J'veux pas la rencontrer moi. » Je m'arrêtais un peu, c'était un peu trop direct dis comme ça. « Enfin … T'es avec elle ? Depuis quand … ? Puis … j'veux pas avoir rapport avec tes histoires d'amour qui vont durer que quelques mois. » Si je devais rencontrer chaque copine qu'il allait avoir, j'avais pas finie de devoir me présenter à toutes ces dames. Même si celle-là semblait être la bonne, j'la rencontrerais à son mariage et c'est tout.

Tu l'écoutais prononcer son prénom, essayant de deviner l'origine de ton amoureuse. Un sourire venait se dessiner sur ton visage. « Française ! » Elle était française ta petite Fleur. Avec une maman et deux papas. Un cousin dont elle ne parlait pas trop puisqu'elle n'était pas en très bons termes avec lui. Elle allait souvent à Paris, enfin, elle y allait. Depuis l'apparition de son cancer, elle ne pouvait pas quitter le pays, elle allait devoir attendre quelques semaines mais c'était une chose que tu étais prêt à mettre en place avec sa famille pour la rendre heureuse. Une petite surprise pour la féliciter de sa lutte contre le cancer. Elle en aurait vraiment besoin. « C'est vrai que ton accent.. » Tu laissais ta phrase en suspens, rigolant de ta bêtise. Il est vrai que depuis votre arrivée dans ce nouveau pays, Aino était celle qui gardait le plus longtemps son accent suédois, ce qui la rendait unique en son genre. « Non, le psychopathe il prend des photos et se renseigne sur tout, la seule chose que je savais d'elle, c'était son prénom. » Tu savais bien quelle avait dit ça pour te taquiner, pour t'embêter et que ce n'était pas méchant. Mais elle avait peut-être raison, tu avais peut-être agit comme un fou en voulant inviter Fleur à draguer. Heureusement qu'elle n'avait jamais été très craintive et qu'elle avait le cœur qui s'emballait presque autant que le tien. C'était sûrement ce qui avait sauvé ton image d'admirateur secret à la place de psychopathe. « C'est pas parce que je suis plus ouvert à l'amour que toi que ça fait de moi un expert. Je crois que tu n'aimerais pas avoir rendez-vous avec quelqu'un comme moi ! » Tu étais un peu trop mou pour elle, tu le savais, elle n'était pas très patiente la petite Eklund. Mais c'était comme ça. Il lui fallait quelqu'un avec un grand caractère et qui ne fasse pas d'effusions d'amour, tu ne la vois pas se marier, peut-être avoir un enfant mais tu n'en étais pas sûr. Tu l'écoutais ensuite refuser ta demande. Elle ne voulait rien avoir à faire avec tes histoires de coeur, tu étais assez d'accord avec elle, en général, mais pas cette fois. Cette fois, tu refusais son refus. « Je crois que j'ai assez vite compris et que je ne t'ai pas fait rencontrer les dernières mais ce n'est pas pareil là Aino. Celle-là je vais l'épouser. » Tu étais déterminé. Rien ne te ferait flancher. Tu l'aimais, ça tu n'en doutais pas et tu ne doutais pas non plus de son amour à elle. Il n'y avait rien de plus sincère, une belle relation qui durerait sur le long terme.

Les baguettes et la tour Eiffel, voilà ce que m’inspirait la nouvelle petite amie de mon frère. Je n’avais rien contre les nationalités des autres, moi-même en avait une double. D’ailleurs, je trouvais ça plutôt enrichissant pour mon frère d’avoir une copine d’une autre nationalité, si elle l’était réellement. Pour quelques mois, il aurait un apprentissage de la langue, jusqu’à ce qu’il tombe sous le charme d’une autre nationalité que j’aurais encore du mal à trouver. Pour l’instant, j’allais devoir m’habituer à entendre parler d’elle comme si le monde de mon frère tournait autour, comme si elle était plus grande que le soleil lui-même. « Eh, dommage, t’as une sœur avec un accent australien pourri. » J’écorchais un maigre sourire. J’apprendrais l’accent un jour, je passerais inaperçue quand je demanderais quelque chose à un passant, il ne me racontera pas l’histoire de la ville en croyant que je suis une simple touriste venu voir la grosse Mangue. Oui, un jour, j’aurais un accent australien digne de se nom. « Ça veut dire que tu n’as même pas de photo d’elle pour la présenter ? » Je faisais une moue triste, baissant les yeux au sol. C’est vrai, au fond, j’aurais bien aimé voir sa tête au lieu de me faire un cliché d’elle des plus horribles sur ce qu’on disait sur les françaises. « J’suis contente que tu sois juste un mec étrange, alors. » Je relevais mon regard, avançant un peu dans la maison pour ne pas rester à l’entrée. Je l’écoutais toujours, au fond, je ne parlais pas à grand-monde, quasiment qu’à lui. Et si nous vivions à deux dans cette maison, ce n’était pas pour qu’un fasse la gueule pour rien. « Un gars comme toi ? Peut-être oui, je n'en sais rien. De toute façon je n'ai pas eu de rendez-vous depuis des années, voir j'en ai jamais eu. » Pour dire à quel point l'amour était loin de moi, mais je ne courrais pas après non plus, je m'étais plutôt faire à l'idée qu'être seule était une bonne idée, surtout après ma rupture avec Blake. Vivre une humiliation de plus, donner mon amour à n'importe qui et s'attacher, c'était impensable. Je ne savais pas comment mon frère faisait pour se relever de ses ruptures, même si je ne savais pas combien de femmes il avait eu dans sa vie. « C'est vrai … je n'ai jamais rencontré tes copines ... » Ça me percutait, ce n'est pas comme si je lui avais présenté mes quelques copains, parce que j'étais plus jeune, mais aussi parce que j'trouvais ça gênant quelque part. « QUOI ? » Je fronçais les sourcils, me retournant vers lui. « Attends … tu rigoles là. Tu dis ça sur l'instant, j'le sais. » Maxwell voulait se marier à quelqu'un, j'étais persuadée que ça ne faisait même pas trois mois qu'il était en couple. « Tu sais comment termine les couples qui se marient trop tôt. » On aurait peut-être dit que j'voulais lui ruiner son moral, lui casser son délire, mais je voulais juste le protéger d'une peine de cœur.

« C’est comme ça que je t’aime ! » Tu t'approchais d'elle pour lui déposer un baiser sur la joue, elle allait sûrement râler, mais ça t'était bien égal, toi tu aimais les marques d'amour, même avec ta fratrie. Elle frapperait toujours moins fort que Mickey, donc de ce côté là, tu n'avais pas de soucis à te faire. « Oh si, j’en ai plusieurs même. » Tu attrapais ton portefeuille pour sortir la jolie bande photo que vous aviez fait un jour dans un photomaton, faisant plusieurs grimaces tout en rigolant. Sûrement un des meilleurs rendez-vous que vous aviez eu après votre déclaration au Gala. C'était lors du mariage de sa cousine, le soir où tu avais fait la connaissance de sa famille. Alors qu'elle, n'avait toujours pas fait la connaissance de la tienne, mais ça ne saurait tarder. « Tu en as eu au moins un. » Un léger sourire venait se dessiner sur tes lèvres. Tu n'avais pas son prénom en tête, mais tu avais une vague idée de ce à quoi il ressemblait. Le seul petit ami que tu lui avais jamais connu, peut-être parce que cette relation avait été longue. Elle en avait peut-être eu d'autres entre temps mais tu n'étais pas au courant, elle était plus discrète que toi quand il s'agissait de sa vie privée. « Oh non Aino, je suis sérieux ! » Tu avais l'idée en tête depuis que vous étiez ensemble, mais tu ne voulais pas non plus précipiter les choses. Tu l'aimais, c'était réciproque, de ce côté là il n'y avait pas de doute, mais ce n'était pas une raison pour se jeter à l'eau dans les jours à venir. Tu voulais prendre le temps d'avoir une relation vraiment solide. La vôtre l'était, entre le baiser avec Noah et le cancer de Fleur, rien ne pouvait y venir à bout. Du moins, pour l'instant, mais Aino ne semblait pas le voir du même oeil que toi. « On ne finira pas en divorce, elle et moi. » Elle ne voulait pas être méchante, juste te mettre la réalité sous les yeux. Il est vrai qu’en général, maitenant un couple marié trop tôt, ne tient pas aussi bien le coup qu’un couple de l’âge de tes parents ou de tes grands-parents, mais ce n’était que des chiffres, et le résultat n’était pas de 100 %.

J'esquissais un maigre sourire, même si je détestais les compliments c'était toujours bien d'en recevoir de sa famille. Parce que c'était les seuls dont je faisais attention, les autres pouvaient dire ce qu'ils voulaient, je n'en prenais jamais compte. Même si avec eux, je ne changerais plus non plus, j'avais passé l'âge où l'éducation pouvait me faire quelque chose, où les réprimandes pouvaient me toucher. Bien sûr que ça pouvait me faire du mal, mais je n'allais pas devenir un ange. « Fait pas trop de compliment. » Il me disait qu'il n'était pas un psychopathe, que lui ne prenait pas des photos, qu'il observait juste en silence avant de se lancer. Il y avait quelque chose de mignon dedans, mais je n'arrivais pas assez à différencier ce sentiment et la gêne. Parce que je n'aimerais pas me faire suivre au boulot, j'aimerais pas qu'un client finisse par m'avouer ses sentiments, avec moi il se prendrait juste le comptoir dans le nez. « Tu lui as dit que tu l'observais en fait ? » Il sortait son porte-feuille de sa poche, sortant une photo et j'hésitais entre avoir peur et rire. Peut-être que c'était elle qui lui avait donné ça, que leur relation était bien avancer mais que je n'étais pas au courant. J'essayais de deviner laquelle la copine de mon frère était, juste par curiosité parce que je n'étais pas axé sur le physique. Puis il finissait par parler mariage, mon frère allait faire venir une autre Eklund dans la famille, après trop peu de mois de relation. « Réfléchis, c'est n'importe quoi. » Je me sentais bête à lui dire qu'il ne devait pas se marier, mais qui me disait que cette fille était saine ? Qui ne me disait pas qu'elle le manipulait ? J'pouvais pas laisser ça passer. « Je veux pas être méchante avec elle, j'la connais pas … mais tu ne fais pas ton choix en deux semaines, merde ! » Et j’essayais d’être calme, le rester le plus possible du moins. Je trouvais mon frère stupide sur le coup et ça m’effrayait de l’amour, l’amour que lui pouvait donner à une femme. C’était beaucoup trop grand. « Et qui te dit que ça va pas finir en divorce ? Uh ? T’es certain de la connaître ? » Je posais trop de questions parce que j’en avais des centaines dans la tête.

Ce n'était même pas un compliment de lui dire que tu l'aimais comme ça, juste la simple vérité parce que ta sœur était ta sœur. Rien ne pourrait changer tout ça. Tu te contentais d'esquisser un léger sourire lorsqu'elle te demandait si elle savait. « Peut-être pas de façon aussi directe mais oui. » Tu ne te voyais pas lui dire que tu venais l'espionner comme ça au tout début de votre relation mais par la suite, tu étais venu à lui en parler parce que tu voulais être tout à fait honnête avec elle. Pourtant, la suite de votre conversation était moins amusante et moins plaisante sur tous les deux. Mais tu n'avais vraiment pas envie de te prendre la tête et de te fâcher sur ça. Tu ne savais pas ce que l'avenir te réservait mais tu te demandais parfois pourquoi elle était aussi négative sur la vie, pourquoi fallait-il qu'elle voit le mal partout ? D'autant plus qu'elle se trompait sur votre temps de relation, cela ne faisait pas que deux semaines. Et même si c'était le cas, il fallait pas que ça change quelque chose. « Je ne suis pas d’accord ! Je ne veux pas me disputer avec toi Aino, comme tu me le fais si souvent remarquer, c’est ma vie et je pense être assez mature pour savoir ce que je fais. » Tu tenais à mettre un terme à cette conversation avant qu'elle ne parte trop loin et que chacun ne dise des mots qui dépasseraient la pensée. « Bon, tu veux pas qu’on aille regarder un vieux films en noir et blanc comme quand on était enfants ? » proposais-tu avec un peu de légèreté pour essayer de détendre à nouveau l'atmosphère. Tu ne te disputais quasiment jamais avec Aino, évitant souvent les sujets qui fâchent parce que tu ne voulais pas être en froid avec elle. Tu n'étais pas doué pour faire la tête à ta famille et ça te déchirait le coeur quand ça arrivait.

Étrange, à la place de la fille je ne saurais pas comment j’aurais réagi. Si une personne m’avouait qu’elle me regardait depuis longtemps. Je comprenais le sens que c’était un acte plaisait, qu’on puisse être intéressé à soi, moi ça ne m’arrivait pas, alors peut-être que je voyais les choses autrement. Toutes les personnes qui s’intéressaient à moi dans mon dos avaient un plan derrière, alors je faisais attention, je m’éloignais d’eux. Parfois c’était plus compliqué, parce qu’au boulot, je ne peux pas bouger, mais je n’allais pas changer de métier pour ceux qui s’asseyait chaque matin en restant me scruter. Pour rien d’ailleurs. Je passais à autre chose, je ne voulais pas m’éterniser sur le sujet que mon frère se révélait être l’espion des femmes. Maintenant ils étaient en couple, elle savait la vérité, elle avait tous les droits d’être avec lui. Je finissais par être sans doute un peu dur avec lui, parce que se marier sur un coup de tête ne menait jamais à rien, qu’il finirait par être déçu et que je ne voulais pas que mon frère finisse déprimer à cause d’une fille. Mais c’était peut-être un côté protecteur qui s’inquiétait bien trop. Si je laisserais les autres faire, je voyais trop mal mon frère le faire. Je savais qu’il pouvait être amoureux facilement, mais si cette femme cachait quelque chose, si elle finissait par le détruire, qu’est-ce qu’il deviendrait. Il avait beau être grand, je ne pouvais pas m’imaginer que ça se passe mal à cause d’un coup de foudre. « Faut croire que j’mens, alors. » Je basculais ma tête en arrière, regardant une fissure qui s’installait au plafond. « C’est … j’veux pas que tu sois blessé. » Il le savait que je tenais à lui et je savais que je ne devais pas m’interposer dans ses choix, comme je l’ai fait quand il avait décidé de quitter l’Australie, que même si je lui disais un truc, il finirait toujours par le faire. J’avais un blocage, ça me passerait sans doute. Pour changer de conversation, il demandait de regarder un film. Je soufflais pour moi-même parce que je me rendais compte qu’on ne voulait plus me parler de sujet sérieux parce que je m’emballais trop vite. Ça craint, comment j’suis idiote. « Oui … pourquoi pas, si c’est toi qui choisis le film. » Moi j’allais finir par choisir un truc qu’on allait regretter tout les deux d’avoir regardé. Je perdais mes yeux dans la maison de nouveau, avant de souffler entre le rire et la nervosité. « Tu sais plus te servir de café ou quoi ? » Je m'approchais de la cuisine pour nettoyer et prendre une boisson à mon tour. « T'as fait ton choix, on est bon ? »

Tu n'aimais pas voir ta soeur comme ça, avec son petit air renfrogné, tu ne voulais pas la vexer et encore moins la blesser mais c'était elle à la base qui ne voulait pas avoir à se mêler de ta vie privée parce que justement, c'était ta vie à toi alors c'était un peu troublant quand elle essayait de s’immiscer. Elle ne pensait pas à mal et tu ne te braquais pas pour ses paroles, peut-être qu'elle avait raison mais de toute façon, tu aimais trop Fleur pour te rendre à l'évidence. Tu étais aveuglé par l'amour et tu allais sûrement faire des choses idiotes mais ce n'était pas la première fois et il y avait eu pire comme relation dans ta vie. Tu avais eu des choix bien plus douteux et tu t'en étais toujours remis, pour ça aussi, ça irait. « Je sais Aino, mais du haut de mes 26 ans, je pense que je suis assez grand pour ça et je survivrais ! » Tu affichais un grand sourire en haussant doucement les épaules, ce n'était pas les peines de cœur qui allaient t'arrêter, bien au contraire. Tu faisais le deuil de ta relation, tu pleurais parfois si ça avait été intense et tu retombais amoureux quasiment le jour d'après. C'était une métaphore, mais tu avais tellement un cœur d'artichaut que tu ne pouvais pas vivre sans aimer. Et même si tu lui avais dit quasiment à chaque fois que tu avais trouvé la femme de ta vie, tu savais que cette fois là, avec Fleur, c'était bien différent. « Parfait ! » Tu partais rapidement dans le salon pour regarder parmi la pile de DVDs que vous aviez en votre possession, prenant une comédie parce que tu avais envie de quelque chose de léger, d'hilarant. Tu retournais alors dans la cuisine pour te servir un café, ou plutôt pour servir la table parce que tu en mettais partout à côté. « Trop de pression. » ajoutais-tu en rigolant, la fatigue ne t'aidait pas. Tu dormais très peu, tu mangeais très peu, toujours sur le qui vive pour venir en aide à Fleur. Ce petit affaiblissement te faisait trembler mais physiquement, tu n'avais pas trop l'air épuisé, c'était plus dans le mental. « Oui, on peut y aller. » Tu filais t'installer dans le salon pour te poser dans le canapé. Tu t'endormais sur le film, luttant pour garder les yeux ouverts le plus longtemps possible, mais ce n'était pas très concluant.