Accepter la pluie pour avoir un arc-en-ciel + Fleurwell

Maxwell et Fleur reflétaient l'image d'un couple amoureux et heureux. Une semaine plus tôt, lors d'un mariage, Fleur présentait Maxwell à toute sa famille. Tout le monde l'avait trouvé charmant, et confirmait qu'elle avait trouvé la perle rare. Il est vrai qu'il se comportait de façon adorable. Fatiguée, Fleur avait de moins en moins envie de sortir. Maxwell fut pourtant très compréhensif, et acceptait qu'ils se voient le plus souvent chez elle.

Sur le canapé, ils étaient entrelacés. Le générique de fin du film James Bond défilait sur le téléviseur. Fleur s'était presque endormie. Non pas parce qu'elle n'avait pas aimé le film, au contraire, elle l'avait adoré. Mais elle se sentait affaiblie. Son cancer la rappelait à l'ordre à chaque fois qu'elle faisait le moindre effort et parfois sans prévenir comme à ce moment. Elle ne sait pas bien pourquoi, mais c'est ce moment qu'elle choisit pour lancer sa bombe.

- Je suis malade.

Fleur avait dit cela dans un murmure, presque inaudible. Pour l'instant elle n'osait pas le regarder dans les yeux. Elle envisageait déjà sa réaction, il va sûrement penser à un vilain rhume. Alors c'est plus fort qu'elle, car les larmes commençaient à monter. La culpabilité montait d'un cran. Cela faisait déjà une semaine qu'elle était partie à l'hôpital avec  Eleanor. Une semaine où elle refusait encore de prendre toute décision aussi bien pour une intervention chirurgicale que pour une chimiothérapie. Car elle avait besoin de la chose la plus importante au monde à ses yeux. Le soutien de son âme-soeur, Maxwell.

Il y a une semaine de ça tu t'étais plongé dans l'univers des Delacroix. Tu avais rencontré les deux papas de Fleur et tu avais été un peu surpris lorsqu'elle te l'avait annoncé. Tu n'avais jamais connu ça et pourtant, tu trouvais ça incroyable. Ta sœur aurait émis des réticences, même si tu avais un peu de mal à l'admettre elle pouvait parfois être homophobe. Mais ce n'était juste pas vos mœurs, pour encore beaucoup aujourd'hui c'est vu comme une malédiction ou un pêché. Alors que toi, tu t'en moquais, chacun était libre d'aimer qui il voulait sans être jugé. Et les deux papas de Fleur étaient adorables. Toute sa famille en général, un grand moment pour toi. Tu étais ravi que ce soit si bien passé et maintenant tu avais peur de la présenter à Aino parce qu'elle serait peut-être plus réticente que la famille de Fleur sur votre relation. Et par la suite, tu l'emmènerais à Perth pour qu'elle rencontre tes parents. Et pour Mickey, on verra quand il reviendra. « Alors ? » demandais-tu avec un grand sourire alors que le générique défilait, marquant la fin d'un grand film pour toi. Mais en la regardant, elle avait l'air ailleurs, comme perdue, comme malade. Elle venait même de le murmurer et tu fronçais légèrement les sourcils. « Tu as mal quelque part ? Tu veux que je fasse quelque chose ? » Loin d'imaginer la révélation qu'elle allait te faire. Tu pensais à un rhume, peut-être une indigestion et pourtant vous n'aviez rien mangé qui sortait de l'ordinaire. Tu n'étais pas un grand cuisinier mais tu savais te débrouillais et Fleur t'avais donné un coup de main. Vous veniez de passer une soirée romantique par excellence meme si James Bond n'est pas le meilleur choix de films pour ce genre de soiree. Le fait qu'elle te le propose c'était juste extra. Et maintenant, tu commençais à t'inquiéter de ce qu'elle pourrait te dire. Comme dans Nos étoiles contraires

Ainsi que Fleur l’avait prédit, Maxwell croyait qu’elle ne se sentait pas bien là, maintenant. Elle lui avait dit qu’elle était malade. Il s’imaginait peut-être à des maux de tête, ou un mal de dos. Égal à lui-même, à sa bonté commune, il lui proposa de faire quelque chose. Il n’avait pas encore connaissance de la gravité de sa maladie. Elle le regarda, droit dans les yeux. Puis elle prit une profonde respiration. En l’espace de deux secondes, qui paraissaient si longues, elle avoua le mot effrayant. Le mot qui rimait avec la mort.

- Cancer.

Elle prit la main de Maxwell et la posa contre sa poitrine. Sans le lâcher du regard, elle rajouta :

- Des poumons.

Silence. Affronter son regard devenait douloureux. L’émotion l’emportait, Fleur avait les yeux brillants mais elle s’efforça de ne pas pleurer. Même si à l’intérieur elle était une petite fille apeurée, elle refusait de baisser les bras. Il s’agissait de son combat. Elle n’était pas prête à laisser ses proches s’apitoyer sur son sort.

- Surtout ne t’inquiètes pas, je vais me soigner. Tout se passera bien.

Ce ne fut pas facile, mais elle sourit.

Le regard de Fleur changeait, tu avais une boule au ventre. Ce n'était pas un rhume, pas une indigestion. Mais tu ne la quittais pas des yeux, tu avais envie de savoir ce qui se passe et elle ne tarde pas à le dire. Le mot tombe, la sentence tombe. C'est un mot qui te fait peur mais tu ne veux pas avoir peur, tu veux être fort pour elle, fort pour vous. Votre histoire est peut-être toute récente mais pourtant tu n'as pas envie qu'elle se finisse, tu n'as pas envie de perdre Fleur. Et encore moins envie que la maladie m'emporte loin de toi. « Un cancer ? » Tu avais répété les mots avec douceur, dans un murmure presque inaudible. Elle attrape ta main qu'elle pose sur le haut de sa poitrine. Un cancer des poumons, et pourtant tu n'avais pas vu Fleur fumer beaucoup depuis le début de votre relation. Comme quoi c'était un préjugés de penser que fumer rien qu'une cigarette par jour ne donnait pas le cancer et qu'il fallait avoir une consommation excessive pour en souffrir. Foutu cancer. « Oh Fleur.. » Elle à les teux brillants mais elle semble luttter, toi tu ne luttes pas. Une larme coule le long de ta joue, venant s'écraser sur tes jambes. « Tu le sais depuis longtemps ? » Ta voix est tremblotante, tu peine à articuler tes mots. Alors elle te dit de ne pas t'inquiéter et tu vois son sourire mais tu as envie de l'effacer. Tu secoues la tête très rapidement. «  Non Fleur ! Bien sur que je m'inquiète ! Je veux être présent et je veux pouvoir t'aider à traverser tout ça, d'accord ? » Tu n'imaginais vraiment pas l'idée de la laisser seule dans tout ça, c'était peut-être son combat mais rien ne disait qu'elle devait l'affronter seule.

La cause principale du cancer des poumons est le tabagisme. Une absurdité car Fleur ne fumait quasi pas. Dans un élan de contrariété, il est possible qu’elle se soit aventurée à prendre une ou deux cigarettes. Mais les médecins supposent que son cancer est dû à l’exposition de la fumée, ou dit plus couramment par un tabagisme passif. Quoiqu’il en soit, la nouvelle est difficile à avaler pour Maxwell. Fleur redoutait ce regard qui en disait long. Une larme avait coulé sur sa joue et même si elle ne parvint pas à la rattraper, elle l’essuya sur sa joue. Elle se détestait pour être la cause de cette larme.

Maxwell lui demanda depuis combien de temps elle le savait, et Fleur se sentit terriblement coupable.

- Lundi.

Elle baissa son regard, honteuse. Ils se sont vus presque tous les jours de la semaine et elle n’avait pas eu une seule fois le courage de le lui annoncer.  Alors Fleur essayait tant bien que mal de le rassurer en lui disant qu’elle se soignera, que tout ira bien. Elle s’efforça à y croire, à oublier que ce cancer est plus particulièrement menaçant car il peut plus facilement se propager dans le reste du corps.

Son sourire, aussi triste que soit-il, ne s’effaçait pas de son visage. Maxwell assurait avec force qu’il allait l’aider à traverser cette épreuve. Touchée & émue, elle mua les mots « merci ». Aucun son ne sortit de sa bouche. Jusqu’à présent, Fleur n’avait pas pleuré. Mais là, elle enfouit son visage entre les mains, secoua nerveusement la tête, puis s’effondra sous un sanglot de douleur.

- Je dois me faire opérer… et suivre… une chimiothérapie... Je risque de perdre mes cheveux…

Elle pleurait, désespérée. Depuis son rendez-vous avec le médecin, elle n’avait pris aucune décision. Elle s’était demandée qu’allait devenir leur relation. Allait-il toujours l’aimer, le teint pâle, sans cheveux, et qui sait aux portes de la mort ?  

Elle avait baissé le regard et tu avais attrapé sa main, effectuant une légère pression. Tu n'étais pas fâché, ni déçu. Elle avait du avoir peur, elle ne s'attendait sûrement pas à un tel diagnostic et meme si elle avait mis le temps pour t'en parler, le plus important c'est qu'elle le faisait là et que tu devais te montrer présent pour elle. « Tu sais que je serais venu avec toi si tu m'avais demandé ? » D'un coup, elle s'effondrait, se mettent à pleurer dans ses mains. Avec douceur tu l'attirais à toi pour l'enlacer, lui montrer que tu tenais parole, tu étais là. Aujourd'hui, demain et tous les autres jours à venir tant qu'elle voudrait de toi dans vie. « Ce sont tes seules options ? » demandais-tu doucement. Tu n'étais pas médecin, tu n'y connaissais rien en cancer et le peu que tu savais venait des séries à caractères médicales mais au fond ce n'était pas tant ça qui était exploité mais plus les relations entre tout le monde. Et pourtant il y avait autre chose qui t'avais marque dans son discours. « Je ne voudrais pas te spoiler la vie Fleur, mais les cheveux ça repousse ! Et parfois, ça n'arrive pas. » Peut-être qu'en temps normal ça aurait pu être drôle et détendre l'atmosphère mais maintenant que tu l'avais dit, tu avais un doute sur la façon dont elle allait pouvoir le prendre. Sûrement pas mal Parce que ce n'était pas méchant mais elle pourrait croire que tu la trouves bête et ce n'était pas le cas. C'était une peur comme une autre, peut-être la peur de ne plus être assez jolie et de ne plus te plaire. Mais si elle s'arrêtait à ça, alors tu pourrais dire que c'est le cas parce que tu aimais Fleur pour beaucoup plus que son physique. « Mais risquer de mourir même pour d'aussi beau cheveux que les tiens, je ne suis pas sûr que ça en vaille la peine. » Tu caressais son dos, essayant de la réconforter du mieux que tu pouvais. « Je ne suis pas à ta place et je ne peux pas prendre une décision pour toi, mais je serais là, toujours. Et je te soutiendrais, peu importe ton choix. Et si tu as besoin que je m'occupe de toi alors j'établirais un campement chez toi pour me rendre disponible et t'épauler du mieux que je le pourrais. » C'était maintenant un combat contre le temps, un combat contre le destin. Et tu ne savais pas si tu serais toujours te montrer fort mais tu étais prêt à tenter le coup, prêt à tout pour ta jolie Fleur.

Sa voiture étant en panne, Fleur avait demandé à son amie Eleanor de l'accompagner à l'hôpital. Elle n'avait pas sollicité Maxwell car elle ne s'y voyait pas séjourner en amoureux entre un IRM et une prise de sang. Et surtout, elle ne s'imaginait pas une seule seconde qu'un tel diagnostic allait lui tomber sur la tête. Cancer des poumons.

- Je ne savais pas. Ces derniers temps je me fatigue vite, trop vite. Je devais juste faire un check-up, je m'attendais à ça. Je ne savais pas, répéta t-elle, les lèvres pincées.

Puis l'émotion reprit le dessus. Elle s'était effondrée, pour ne laisser entendre que des sanglots de douleur. Maxwell l'attira dans ses bras, lui demanda si ces solutions étaient sa seule option. Toujours en pleurs, elle acquieça d'un signe de la tête, sans rien rajouter de plus. L'option ou plutôt la solution proposée par le médecin, était de se faire opérer. Puis dans un deuxième temps, elle envisageait de pratiquer une chimiothérapie pour cibler et vaincre les cellules cancéreuses. Les effets indésirables de la chimiothérapie l'effrayait. Nausées, vomissements, fatigue, perte de cheveux. Fleur en avait une peur monstre. Ses cheveux, c'était selon elle, la seule et belle chose qu'elle avait. Si elle les perdrait, elle perdrait une partie d'elle, une partie de sa féminité.

- Tu m'aimeras toujours? riposta Fleur, peinée.

Oui les cheveux ça repousse. En revanche elle n'est pas sûre que Maxwell sera toujours physiquement attirée par elle. Elle qui a toujours porté les cheveux longs, il est certain que ce changement risquait d'être radical, voir choquant. En général pour préconiser un tel changement, le médecin suggère de couper les cheveux au préalable. En cas de perte de cheveux, le choc sera moins violent.

Elle avait tant de démarches à effectuer, de décisions a prendre. Personne de sa hiérarchie n'était au courant de sa maladie. Sa famille non plus, n'avait aucune nouvelle. Quant à son médecin, elle ne s'était pas donné la peine de la rappeler.  Fleur était dépassée des événements.

Tandis que Maxwell montrait tout son soutien, Fleur ressentit davantage d'amour pour lui. Il irait jusqu'à camper chez elle pour s'occuper d'elle. Tant bien que mal, elle essuyait ses larmes, qui coulaient encore. Elle l'aimait tellement son Maxwell, il n'avait aucune idée à quel point. Ils n'étaient ensemble que depuis peu, mais ils agissaient comme de parfaits âme-soeurs.

-  Je dois bien admettre que j'ai besoin d'aide, je ne vais pas te mentir. Je n'arrive plus à faire mes courses sans être à bout de souffle. T'as bien vu, le frigo est presque vide.

Et comme elle s'entêtait à réquisitionner l'aide de personne, elle laissait la situation se dégrader.

Elle avouait ne pas être allée sur place pour ça à la base, ce qui expliquait plus facilement pourquoi elle ne te l'avait pas demandé. Elle semblait meme se justifier, comme si elle avait peur que tu la grondes. Tu esquissais un léger sourire, ce n'était pas le cas. « Ce n'est rien tu sais, c'est juste que recevoir ce genre d'informations ne doit pas être évident à entendre, à accepter et encore moins à vivre. » Evidemment tu avais peur en pensant à l'idée qu'elle puisse avoir été seule parce que tu ignorais qu'une de ses amies l'avait accompagné. Mais tout ça, ce n'était que du détail, tout ça n'avait pas la moindre importance. Elle avait peur, elle avait un doute et tu voulais juste le dissiper aussi vite qu'il était venu. « Fleur, je ne t'aime pas pour ton physique, ou alors je serais un piètre amoureux. » Tu riais doucement, même si la situation n'était pas vraiment propice au rire, même si tu avais peur, tu voulais qu'elle puisse avoir confiance en toi. Tu voulais qu'elle puisse te croire et se sentir suffisamment en sécurité. « Je t'aime parce que tu es douce, parce que tu es patiente et intelligente. Je t'aime, tout simplement, et rien ne pourra me faire partir. » Tu avais glisse ton regard vers le sien, tu voulais lui transmettre par le regard. Voir que tu ne lui mentais pas. Ni aujourd'hui, ni jamais. « Toi et moi, c'est comme une évidence, comme un conte de fée. Crois-moi, le prince charmant ne partirait pas si Blanche-Neige perdait ses cheveux et qu'elle devait se battre pour un cancer ! » Ou alors Walt Disney briserait la vie de millions d'enfants. Il ne fallait pas non plus véhiculer l'idée que la vie était belle, rose et que tout allait bien s'arranger mais après tout ils s'étaient dis : à la vie, a la mort, dans la santé comme dans la maladie. Et meme si tu n'étais pas marié à Fleur, tu comptais bien appliquer ce principe. « Je t'aiderais alors ! » Tu pourrais commencer par les courses à la première heure demain matin parce qu'il était trop tard maintenant.

Au son de sa bouche, cela paraissait idiot d’avoir imaginé une chose pareille. Fleur craignait que les choses soient différentes une fois qu’elle aura subi la chimiothérapie. Elle avait peur. Maxwell en prit conscience et fit en sorte de la rassurer. Il lui fait une déclaration, la plus belle qui soit. Et ça l’émeut. Ses joues prirent une couleur rose incarnadin, ce qui lui allait plutôt bien car elle avait le teint un peu trop pâle. Fleur se sentait importante à ses yeux, et rien d’autre au monde n’avait autant de valeur. Oui, eux deux, c’était une évidence. Il était son égal. Sa moitié. Un tel amour, ne s’offre qu’une fois dans la vie. Et il était, l’homme de sa vie. Même dans un moment dramatique il la faisait rire. Elle imaginait une Blanche-Neige chauve, tandis que son prince charmant l’embrassait.

- Je t’aime tellement !

Submergée par l’émotion elle souriait, et pleurait en même temps. Maxwell allait être son allié dans son combat contre le cancer. Il allait l’aider et elle lui en était infiniment reconnaissante. Toutefois il y avait certaines choses qu’elle avait sur le cœur, des choses qu’elle tenait à lui dire avant que les événements la dépassent. LES dépassent. Alors elle se redressa, déterminée.

- On est ensemble depuis pas très longtemps. Mais je sais que j’ai trouvé mon âme-sœur.

Elle prit une profonde respiration. C’était dur. Les mots étaient coincés au fond de sa gorge. De nouveau, les larmes coulaient.

- Je ne sais pas si je vais supporter le fait de t’infliger ça. Mais sache que, si je dois partir… Je partirais heureuse d’avoir eu, la chance IMMENSE de te rencontrer.

Son je t'aime martelait ton cœur, il était doux, réconfortant. Tu aimais l'entendre de ses lèvres, tu aimais lorsqu'elle les plaquait ensuite sur les tiennes. Tu aimais voir son sourire apparaître à mesure qu'elle le disait, parce qu'il venait du coeur, ce n'était pas un je t'aime lancé à la volée, c'était une parole profonde et sincère. Comme la suite de ses propos. « Je t'aime Fleur, aujourd'hui, bien moins que demain et pourtant plus qu'hier. » Tu l'avais déjà entendu quelque part et pourtant, même si c'était sûrement un très gros cliché, cette phrase te faisait rêver. Savoir que tu pouvais l'aimer plus chaque jour qui passait, c'était comme savoir que le monde ne tournerait plus jamais de la même façon sans elle à tes côtés. C'était fou, c'était dingue et pourtant, sans elle, tu serais vraiment une coquille vide. Tu perdrais sûrement ton attrait pour la vie, pour la joie et la folie. « C'est assez douloureux comme phrase, comme sentiment.. » Pourtant, c'était une possibilité à accepter. Fleur pourrait vaincre le cancer, elle pourrait s'en porter mieux. Mais elle pourrait aussi y laisser la vie et mourir. Tu sentais vraiment ton cœur se serrer à cette pensée, mais ce n'était pas l'heure de se laisser happer par la peur. « Mais jusqu'à ce que tu t'en ailles, je ferais en sorte de rendre ta vie plus belle, de l'illuminer comme tu illumines la mienne, de te faire rêver, de t'offrir le monde, la vie que tu mérites. » Tu posais ta main sur sa joue, la caressant doucement. Tu descendais ton pouce sur ses lèvres, les dessinant du bout des doigts avant de venir l'embrasser délicatement. « Et j'espère qu'ensemble, on sera capable de lutter contre ce foutu cancer ! » Tu avais envie d'y croire, tu avais envie d'espérer et d'oser penser que tu ne serais pas déçu à la fin. Qu'elle allait gagner le combat. Même si rien n'était joué d'avance.

Des perles de larmes coulaient sur ses joues, prise par l’émotion. Le cancer était une chose si insignifiante comparé à l’amour qu’il lui portait. Maxwell savait utiliser les bons mots, les mots justes, pour la réconforter. Cela lui faisait un bien fou de se sentir aimée et d’aimer en retour. Dans l’éventualité où elle s’envolerait pour un monde meilleur, Fleur sait que Maxwell saura la rendre heureuse jusqu’à la fin. Au moins, elle partira la conscience sereine d’avoir connue l’amour de sa vie.

Il lui donna un baiser, qu’elle apprécia seconde après seconde. Comme à chaque fois qu'il l'embrassait, Fleur ressentait une sensation unique. Une sensation de sécurité, comme si elle était enfin une femme accomplie. Le plus merveilleux, c’est qu’il voyait sa maladie comme leur combat à tous les deux. On sera capable de lutter, avait-il dit. On. Elle le croyait avec grand espoir. Mais malgré tout le bonheur qui l'envahissait, Fleur avait mal. Sa respiration se haletait. Elle savait qu'elle gâchait un beau moment alors elle essaya de ne pas y prêter attention, pendant un court instant, mais elle n'y parvint pas.

- Emmène-moi… à l’hôpital… s’il-te-plaît…

Elle suffoquait, prise de douleurs thoraciques.  

- J'ai mal… lui dit-elle d'un ton suppliant, la main posée contre sa poitrine.

L'heure des grandes déclarations avait eu lieu, tu lui avais fait un beau discours sur la force de tes sentiments, sur ce que tu serais prêt à faire pour elle. Un moment significatif pour votre couple parce qu'il voyait grandir votre force. Un moment vraiment touchant, un moment de pur tendresse. Et pendant le baiser que tu lui offrais, tu sentais bien que quelque chose clochait. Tu étais incapable de dire ce qui n'allait pas, mais elle ne tardait pas à mettre des mots dessus. Elle avait mal, une douleur qui irradiait de sa poitrine, le souffle court. Tu t'affolais, mais sa demande était très clair. C'était le moment d'avoir la tête sur les épaules, le moment de retrouver tes esprits et de lui venir en aide comme tu le lui avais promis un peu plus tôt dans la soirée. « Oui, on y va ! » Sans plus tarder, tu te levais du canapé pour mettre tes chaussures et attraper ses clés de voiture. Tu filais vers elle pour l'aider à se relever. Tu avais hésité à la porter, mais tu ne voulais pas en faire trop et l'handicaper. Tu essayais malgré tout de garder le sourire, de ne pas céder à la panique et quand bien même tu aurais aimé lui dire que ça allait bien se passer, que ça allait aller, tu te le répétais dans un coin de ton esprit. Tu l'emmenais jusqu'à l'hôpital, la tenant fort contre toi en attendant qu'on la prenne en charge parce que tu n'étais pas prêt à la laisser partir, pas prêt à la voir s'éloigner. Et lorsque l'infirmière venait la chercher avec un fauteuil, tu la déposais dedans, la regardant disparaître dans un couloir. Tu t'asseyais ensuite sur un siège froid et dur dans la salle d'attente, attendant que quelqu'un vienne te donner de ses nouvelles.

C'était comme si l'atmosphère avait perdu toute particule d'oxygène. Comme un été de canicule, où l'air est bien trop pesant pour respirer. Fleur avait cette sensation  d'étouffement. Le peu des mots qu'elle avait prononcé, l'avait étourdi. Elle se noyait, mais s'accrochait à Maxwell telle une bouée en plein océan. Le chemin jusqu'aux urgences lui sembla long. Quand ils arrivèrent à l'hôpital et qu'elle fut prise en charge, Fleur semblait au bord de l'évanouissement. Les infirmiers lui demandèrent si la personne accompagnée était son mari et elle n'eut la force que d'hocher de la tête. Le médecin prit la responsabilité d'informer Maxwell qu'elle allait être opéré en urgence. Et puis, le trou noir.

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