Accrochage {Trevor}

Je n’ai pas envie de rester à l’appartement d’Eibell. J’ai l’impression de devenir dingue. Troquer le chalet de montagne dans lequel j’ai grandi pour un petit appartement, c’est violent, autant pour moi que pour Lokhen.  Lokhen est un chien des pyrénées qui a besoin de  se dépenser et certainement pas de vivre dans un appartement. Je sors donc en short et en T-Shirt pour me faire un petit jogging accompagné de Lokhen.

Je longe la rue en prenant soin de faire attention à ce que Lokhen n’aille pas sur la route. Je ne l’attache jamais alors je reste prudent. J’ignore si c’est légal en Australie, mais pour être honnête, je m’en fou.  Lokhen reste sur mes talons. Alors que je vais emprunter un passage piéton et que j’ai la priorité une voiture manque de peu de nous percuter. L’abruti ! Je m’énerve alors qu’il a failli renverser Lokhen «  Connard ! Apprends le code de la route ! » Lui balançais-je en français par réflexe, en frappant d’un coup de poing violent sur le capot de la voiture.

J’en ai rien à faire de me prendre la tête avec quelqu’un. Je n’en ai rien à faire d’être violent, même avec quelqu’un de plus âgé que moi. J’en ai plus rien à faire de grand-chose en fait, sauf de mon chien. Et c’’est d’ailleurs pour ça que je m’énerve là. «  Viens Lokhen » lui fis-je en lui attrapant son collier pour qu’il me suive...

Putain, je lui aurai bien casser son pare-brise à l’autre chauffard. Sérieusement, je hais la ville, je hais Bowen et je hais l’Australie. Il ne manquerait plus qu’on m’enlève Lokhen qui est la dernière chose à laquelle je suis encore attaché. Heureusement, j’ai rien et surtout, Lokhen n’a rien. Je vais pour reprendre la route lorsqu’un gars sortie de nulle part vient et m’adresse la parole à toute vitesse. Je peine à tout comprendre tellement il parle vite. J’ai beau être bilingue, entre le flot de parole et l’accent australien, j’avoue que j’ai du mal à tout piger. Je le regarde en écarquillant les yeux pas sur d’avoir tout compris.

« -Euh, m’sieur. J’ai pas tout compris ce que vous avez dit là » lui fis-je remarqué avec mon accent de français du sud.

Je capte la suite de sa phrase et j’acquiesce d’un signe de tête. Il semble inquiet pour moi, mais la voiture ne m’a pas toucher, ni mon chien. Et puis faut reconnaître qu’en France, les chauffard dans les petites villes se comptent par dizaines. C’est le premier que je vois en une semaine, c’est franchement peu comparer à chez moi.

« - Bah ouais, je vis quelques part, pourquoi ? J’ai l’air d’être un clodo ? » Lui demandais-je avec un peu de cynisme, presque vexé.

Lokhen vient devant mes jambes et se poste entre l’homme et moi alors que j’en profite pour lui caresser le flan. C’est un chien doux et protecteur, du moins avec moi et… mes parents… Je le rassure par mes caresses.

Je m’apprête à reprendre ma route, mais l’homme m’interpelle en sortant une photo de son portefeuille. Je la regarde dubitatif alors qu’il m’explique rapidement qui sont ces personnes. C’est triste pour lui, mais je ne vois pas tellement en quoi je peux l’aider. J’ai déjà suffisamment d’emmerdes pour m’occuper de celles des autres. L’homme me dit qu’il a l’impression de me connaître, mais je vois pas du tout comment. J’ai été adopté juste après ma naissance et j’ai grandi en France alors bon.

« -Désolé, je ne vous ai jamais vu. » lui dis-je après avoir jeter un nouveau coup d’œil à la photo. « Et désolé pour votre frère, votre histoire est touchante, mais je ne peux pas vous aider. J’espère que vous le retrouverez. » dis-je en tenant toujours Lokhen par son collier.

Je regarde autour de nous, et j’attends que le feu piéton passe au vert pour pouvoir traverser, en espérant que cette fois-ci, les conducteurs ne tentent pas un fast and furious dans l’artère principale.