a woman's heart is a deep ocean of secrets (fieldstone)

Depuis qu’elle est arrivée sur la croisière, Candy vit un réel petit rêve. Jamais elle ne pourra assez remercier CJ et Oscar de lui avoir payé ce voyage. Lorsque chacun de leur côté ils lui ont annoncé vouloir payer une partie du voyage, elle n’y croyait pas. Cette croisière la faisait tellement rêver mais elle avait mis cette idée dans un coin pour ne plus y penser. Jamais elle n’aurait eu les moyens de se la payer, même dans la chambre au prix le plus bas. Elle arrive à peine à payer son loyer alors ce n’est pas pour s’offrir un extra aussi cher. Deux semaines ! Et en plus elle va voir CJ danser à Sidney, elle ne pourrait pas rêver mieux.
La nuit est tombée, même s’ils restent quelques personnes dehors, beaucoup sont rentrées à l’intérieur pour faire la fête ou dormir. Candy reste là à l’avant du bateau à regarder la mer noire sans le ciel bleu au dessus d’elle et les quelques étoiles qu’elle peut apercevoir malgré les quelques lumières encore allumées. Ce calme lui donne soudain une idée. Elle sort son téléphone de sa poche et envoie un message à Oscar, qui est aussi sur le bateau : ça te dit on refait Titanic ? On ne peut pas dire que ce soit leur truc mais lorsqu’ils se sont rencontrés, le jeune homme a fait une référence au film et ils s’étaient bien amusées à rejouer une des scènes. Et vu qu’à présent ils se retrouvent sur un bateau qui doit être aussi gros et même plus gros que le titanic, il ne faudrait pas manquer l’occasion de rejouer quelques scènes.

Depuis le début de la croisière, Oscar n'a pas vraiment eu le temps de s'ennuyer. Entre la soirée passée aux coté de Perry, Concho et Mathilda, les journées passées à la piscine et les dizaines d'activités proposées par le personnel, il est presque aussi crevé que si il n'était pas en vacances. Ce soir pourtant, il a décidé de la jouer calme et est allé se poser dans sa cabine avec un début de pièce qu'il a emmenée avec lui. Si il n'avait rien pris, il se serait senti trop coupable que pour pouvoir dormir tranquille. Il n'a relu que deux pages lorsque son portable vibre et que l'écran s'allume pour laisser apparaître le nom de Candy. Curieux, Oscar ouvre immédiatement son message et esquisse un sourire amusé en lisant la proposition qu'elle lui fait. Sans prendre la peine de ranger, il abandonne ses feuilles et son stylo sur ses couvertures et quitte la cabine afin de se diriger vers l'avant du bateau, là où se trouve Candy. Enfin, c'est ce qu'il en déduit grâce à ses souvenirs du film. Les mains plongées dans les poches arrière de son bermuda, il s'avance vers une silhouette aux cheveux blonds qui ne peut qu'être elle. Oscar se souvient encore parfaitement de leur première rencontre, d'elle avec un cahier et de lui qui pose sur un siège du théâtre en lui sortant une des répliques les plus connues du film Titanic. Visiblement, elle aussi s'en est rappelée. « C'est encore plus beau en vrai, » lâche-t-il en espérant ne pas lui faire peur, en débarquant comme ça dans son dos sans faire de bruit. Oscar vient se placer aux cotés de Candy et lève les yeux vers le ciel étoilé, un éternel sourire accroché aux lèvres.

Après avoir envoyé son message, Candy se dit qu’elle aurait peut-être dû être un peu plus précise. Là ça ressemble plus à une énigme qu’elle lui fait qu’à une invitation. Si ça se trouve il va se retrouver à l’autre bout du bateau ou alors il fait autre chose de plus intéressant que de rejouer Titanic avec elle. Tandis que ses mille questions passent dans sa tête, elle observe le ciel et profite du calme ambiant. Finalement Oscar ne met pas longtemps à arriver, il a dû comprendre qu’elle parlait de la scène, sans doute la plus connue du film, où Jack et Kate sont à l’avant du bateau. Elle entend une voix derrière elle, pas très loin de son oreille ce qui la fait sursauter et lâcher un petit cri. Il a le don pour la surprendre, comme au théâtre où elle ne l’avait pas entendu arriver. La blonde lâche un petit rire étouffée en se rendant compte que c’est lui et qu’elle a une fois de plus été surprise. « Oui t’as vu, c’est magnifique. » dit-elle en regardant le ciel. Candy se retourne ensuite vers lui et pause ses mains sur les épaules du jeune homme. « Dis-moi, c’est quoi ton secret ? Tu as des semelles spéciales pour pas faire de bruit ? » Elle semblait très sérieuse mais disait plus cela pour rire qu’autre chose. « Je crois que toi et moi on est lié à Titanic, c’est le destin ! » ajouta-t-elle pensive avant de se placer à côté de lui pour contempler l’océan.

Il a beau avoir utilisé sa voix la plus calme, Oscar réussit tout de même à faire sursauter Candy. Rapidement, il joint son rire au sien avant de lui offrir le regard d'un innocent. Il ne le fait pas exprès, mais il semblerait que le destin se plaît à offrir une mini crise cardiaque à la jeune fille à chaque fois qu'ils se croisent. Peut-être qu'il devrait arriver près d'elle en criant trois mètres derrière afin d'annoncer son arrivée, ou bien avec une sorte de clochette comme les chats. Non, ça il s'en passera. Alors que ses mains entourent la rambarde qui les empêche de tomber par-dessus bord, la question de Candy lui fait tourner la tête dans sa direction. Il fronce d'abord les sourcils en l'entendant mentionner un secret, puis éclate de rire quand il comprend de quoi elle parle. « En fait, c'est une marque spéciale agent secret. Plutôt pratique quand on veut fuir une cocktail party trop barbante. » Il esquisse un sourire amusé avant de secouer négativement la tête, reprenant petit à petit son sérieux. « Désolé de t'avoir fait peur, encore une fois. » Il reporte à nouveau son attention sur l'océan et ses vagues qui ondulent à plusieurs mètres sous eux. Oscar esquisse un nouveau sourire. « J'espère qu'on ne va pas finir comme Jack et Rose. Enfin, surtout moi vu que ça voudrait dire qu'il n'y a que toi qui survivra à la fin. » Il lève les yeux vers le visage de Candy pour croiser son regard, un air faussement inquiet sur ses traits. Oscar est plutôt confiant, il sait qu'il a plus de chance de mourir dans un accident de voiture que sur une croisière. Ou est-ce dans un vol d'avion ? Il s'empresse de ne plus penser à ça, n'ayant pas vraiment envie de commencer à s'encrer des pensées parano dans la tête.

Oscar lui répondit qu’il s’agit d’une marque très spéciale de chaussures pour agent secret et que c’est très pratique pour s’enfuir d’un événement barbant. Si seulement Candy en avaient eu lorsqu’elle vivait chez ses parents, elle aurait eu moins peur de se faire prendre lorsqu’elle sortait par la fenêtre pour passer la nuit dehors à faire la fête ou juste à dormir dans un endroit autre que la maison de ses parents. Comme le théâtre de l’université, avec ses sièges confortables, là où elle a rencontré Oscar pour la première fois. Le jeune homme s’excusa ensuite de lui avoir fait peur. « C’est rien James Bond, tu es un bon agent secret c’est tout. » répondit-elle pour le taquiner. Ça serait tellement classe s’il était un agent sois couverture et elle la demoiselle en détresse à sauver. Par contre elle ne serait pas une demoiselle en détresse pleurnicheuse qui sait pas se défendre, elle changerait sûrement de personnalité sous la pression et taperait tout ce qui bouge. Ils regardent tous les deux en bas et Oscar lui dit alors qu’il n’a pas envie de finir comme Jack dans Titanic. C’est vrai que sa fin n’est pas très joyeuse (attention spoiler!) puisqu’il meurt de la manière la plus débile possible. « Hey j’ai pas non plus envie de finir comme Rose. J’aurais ta mort sur la conscience toute ma vie, ça serait horrible ! » dit-elle en pensant à la fin du film. Surtout qu’ils n’auraient même pas eu le temps de vivre une belle histoire d’amour. Donc non, Oscar ne doit pas mourir. « Personne va mourir, à mon avis les icebergs en Australie y’en a pas beaucoup. » En effet les chances sont plutôt minces. Elle s’avança ensuite encore plus vers l’avant et passa la barrière en se retenant pour pas tomber et mourir de manière débile. Elle sait que c’est dangereux mais des fois il faut bien ressentir ce petit frisson d’excitation.

À ce surnom, il ne peut s'empêcher de sourire parce que c'est la première fois qu'on l'appelle "James Bond". Lui, Oscar, le type le plus maladroit de la Terre, serait certainement le pire agent secret qui puisse exister. Il ferait certainement tomber tout sur son passage et arriverait même à entrer en collision avec le type qu'il est censé voler. Ou kidnapper, il n'a aucune idée de ce que font réellement les agents secrets. « Merci pour le compliment, » répond-il simplement, préférant ne pas dire tout ce qui arriverait vraiment si on lui confiait un titre aussi important. Et quitte à revivre une deuxième scène emblématique de ce film qu'il a secrètement vraiment apprécié, il en vient en parler du destin tragique de ce pauvre Jack en espérant ne pas spoiler un passager qui passerait à ce moment-là derrière eux. Sauf qu'il n'y a personne, juste Candy et lui, ainsi que des milliers d'étoiles. « Promis, je ne viendrai pas te hanter après ma mort. » Si il était un fantôme, Oscar s'amuserait à traverser les murs pour voir si ce qu'ils font dans les films est réellement possible. Enfin, ce n'est qu'hypothétique. Il n'a jamais vraiment cru aux fantômes, ou plutôt il a arrêté après avoir passé la barre des sept ans. « T'as raison, ils ont sûrement déjà tous fondus. » Et alors que son regard se perd dans l'horizon, occupé à chercher une terre en vue, Candy semble soudainement prise d'un élan de folie et traverse la rambarde. Instinctivement, Oscar attrape son poignet au cas où elle glisserait. « Wow, je pensais pas vraiment à cette scène là quand tu parlais de refaire le Titanic, » lâche-t-il dans un premier temps, un peu beaucoup stressé. « Là c'est moi risque d'avoir ta mort sur ta conscience alors si tu pouvais revenir, ça m'empêcherait de faire une crise de panique. » Il ne lâche pas son poignet, trop effrayé à l'idée de la voir s'écraser contre le plat de l'eau. À cette hauteur, il ne sait pas si l'impacte serait fatale mais de toute façon, il préfère pour le moment rester dans le flou.

James Bond est quand même un homme hyper classe et Candy trouve qu’Oscar aussi même s’il n’a pas vraiment le caractère pour être James Bond. En quelques mois elle a appris à la connaître et elle l’imagine mal coucher avec toutes les filles qui passent sur son chemin, passer sa vie à faire du sport et être un gros macho de base. Peut-être qu’elle l’idéalise un peu mais elle le voit plus comme un personnage de film romantique qu’un agent secret de film d’action.
La blonde lui dit ensuite qu’elle n’aimerait pas avoir sa mort sur la conscience et il lui promit que si jamais il mourait, il ne viendrait pas la hanter. « Moi qui voulait faire des expériences avec un fantôme c’est raté. » Bien sûr elle dit ça sans aucun sous-entendu pervers. Elle parle plutôt de tester s’ils peuvent passer à travers des objets, parler ou encore empêcher le regard du basilique de tuer (Harry Potter quand tu nous tiens).
Pas de risque de rentrer dans un iceberg mais tout de même des chances de mourir vu que, Candy prise d’un élan de courage ou d’inconscience) passe par dessus la barrière. Des fois elle peut avoir peur d’une minuscule araignée et parfois prendre des risques totalement inconsidérés, comme là. Oscar lui attrape le poignet et commence à paniquer, ce qui fait rire la blonde même si elle aussi est un peu nerveuse. « Oh mais t’es pas drôle. » dit-elle avant de revenir derrière la barrière, un peu plus en sécurité. Elle se tourna vers lui et lui demanda interloquée « Tu pensais à quelle scène de Titanic ? » parce que sinon à part celle-là, il y en a beaucoup où Jack et Rose font essentiellement des choses comme s’embrasser, danser ou cracher.

Sa réponse le fait rire et il commence à s'imaginer, lui fantôme et elle avec sa table de ouija pour essayer de le faire parler. Oscar est certain que, même comme ça, il arriverait encore à être trop peu doué que pour réussir à faire bouger un objet. À la place, il perdrait son temps à fouiller la ville à la recherche d'autres gens comme lui, puis il tenterait de posséder quelqu'un et de le mettre dans une situation ridicule. L'idée le fait sourire parce qu'il réalise à quel point elle est absurde. « Désolé de te décevoir. » En compensation, il lui offre un sourire un peu maladroit, mais pas peu sincère. Quand il vient à lui dire à quel point la vue est plus belle que dans le Titanic, Candy semble soudainement se prendre pour Rose et passe de l'autre coté de la barrière pendant que, dans son torse, le coeur d'Oscar se serre dans un élan de panique. Il ne la lâche pas jusqu'à ce qu'elle soit passée de l'autre coté et, quand elle lui dit qu'il n'est pas drôle, il plisse légèrement les paupières. « Ouais bah je préfère passer pour un vieux grincheux que de te voir tomber dans la flotte. » À sa question, il perd ses traits sérieux et commence à se repasser les scènes du film dans sa tête. Du moins, celles dont il se souvient. Ça fait si longtemps qu'il ne l'a plus vu. « On aurait pu refaire celle où ils se retrouvent en plein milieu d'une fête, et où tout le monde est trop loin pour le remarquer. Tu vois, cette scène un peu étrange où on a droit à des gros plans de leurs visages. » Il reporte son attention sur Candy, curieux de savoir si elle se remémore cette scène qui n'est pourtant pas une des plus emblématiques. Cependant, Oscar n'est pas réellement certain qu'il y ait ce genre de fête ici, sur ce bateau. Si c'était le cas, ils entendraient certainement du bruit de là où ils sont. Mais rien, juste le bruit des vagues.

Il s’excusa de la décevoir. Comme ci Candy allait lui en vouloir d’être un mauvais fantôme. En plus d’être complètement absurde comme situation, il en faut un peu plus à la blonde pour être déçue. A part en amour, là elle peut très vite devenir triste et finir avec son pot de glace mais ça c’est parce qu’elle tombe plus souvent amoureuse des gens que les gens tombent amoureux d’elle donc forcément au bon d’un moment, ça coince. En tout cas elle trouva son sourire très mignon et lui offrit un très niais en retour. Si globalement elle arrive à vivre avec le fait qu’elle aimerait l’embrasser et passer une main dans ses cheveux, il y a ses petits moments où elle ressent une pointe de tristesse, de savoir qu’elle ne pourra jamais être avec la personne pour qui elle craque.
Après avoir mis sa vie en danger pour le plaisir et avoir dit à Oscar qu’il n’est pas très drôle de paniquer juste parce qu’elle est au bord d’un bateau en mouvement en plein milieu de l’océan et qu’elle pourrait mourir à chaque instant, celui-ci lui répond qu’il préfère passer pour un vieux rabat-joie plutôt qu’elle tombe à l’eau. Candy ne put s’empêcher de rire. Elle trouvait ça tellement adorable qu’il se soucie d’elle. Enfin il l’aurait sûrement fait pour n’importe qui mais tout de même. « T’es quand même un vieux grincheux cool donc ça va. » répondit-elle toute souriante. Et puis honnêtement, elle a vu bien pire niveau vieux grincheux. Déjà ses profs, qui sont pas vraiment du style d’Oscar ou encore ses parents. Eux niveau rabat-joie, ils sont à un niveau professionnel digne des jeux olympiques des gens rabat-joie.
Candy a bien vu qu’Oscar n’était pas très chaud pour risquer sa vie comme dans Titanic (de toute façon ils meurent à la fin, tout le monde fini par mourir un jour ou l’autre, c’est le destin), du coup elle lui demande quelle scène il pensait reconstituer. Du coup il lui décrivit une scène de manière assez approximative, heureusement qu’elle connaît assez bien le film pour voir de quoi il parle. La scène de danse, quand Jack et Rose vont dans la troisième classe. La demoiselle retira ses chaussures et commença à faire des claquettes sur le sol, sauf que un il n’y a pas de musique et de deux elle a l’air encore plus ridicule que Rose. Parce que oui des claquettes en chaussettes c’est pas très efficace. En se disant qu’elle doit avoir l’air totalement ridicule en faisant cette danse approximative, Candy se met à exploser de rire avant de dire à Oscar « C’est toi qu’a choisi cette scène là ! »

Il sourit fièrement en entendant qu'il est un vieux grincheux cool, même si Oscar n'est pas vraiment certain que ce soit un compliment. Il doit bien avouer qu'il a développé un coté un peu hyper protecteur depuis qu'il est devenu père de Luce et, à cause de ça, il lui est impossible de ne pas réagir lorsque quelqu'un est en danger. Ou pas, il lui arrive également souvent de se faire des idées et de proposer son aide à quelqu'un qui n'en a absolument pas besoin. « Merci beaucoup, ça me va droit au coeur. » C'est déjà la deuxième fois qu'il la remercie, la deuxième fois également qu'elle lui fait un pseudo compliment à sa façon, de manière drôle et un peu différente de ceux habituels. Après lui avoir décrit cette scène dont il s'est approximativement souvenu -car Candy a sûrement vu Titanic plus de fois que lui-, il ouvre de grands yeux en la voyant retirer ses chaussures mais ne peut s'empêcher bien longtemps de sourire lorsqu'elle commence à faire un semblant de claquettes. Sans les chaussures qui vont avec, et donc en silence. Oscar se met à rire. « Mais quel talent, waw ! J'admire vraiment, » ajoute-t-il en relevant les yeux vers elle. Pour faire comme dans le film, il se met à frapper dans ses mains et lorsqu'elle s'arrête, il tente lui aussi une pseudo danse ridicule absolument pas comparable à celle de Jack. Il n'a pas de belles chaussures brillantes, pas non plus de magnifiques cheveux qui retombent devant ses yeux pour lui donner un air sexy, mais Oscar n'en a clairement rien à faire. Sans prévenir, il attrape le bras de Candy sous le sien et commence à tourner avec elle dans une danse sans musique. « Imagine qu'il y a des joueurs irlandais sur le bateau, ça nous fera moins passer pour des fous. » Et il rit de plus belle, ayant l'impression qu'il vient de perdre vingt ans.

Oscar se moque gentiment de ses talents de danse. CJ a encore du boulot avant que Candy sache danser convenablement. Il faut dire qu’elle essaie de faire des claquettes en chaussettes, n’importe qui aurait l’air totalement ridicule, encore plus sans musique. Mais ce n’est pas sa faute si dans le film Rose retire ses chaussures pour en faire, ça n’a aucun sens ! Il n’empêche que le jeune homme se joint à elle en tapant des mains, ce qui la fait rire sachant qu’il n’y aucun bruit autour. Ils sont en train de s’amuser comme des gamins, tout seul, comme ci le reste du bateau n’existait pas. Finalement il attrape son bras et ils se mettent à tourner en ayant l’air encore plus ridicule. La blonde espère que personne ne les voit. Enfin ça ne la dérangerait pas d’avoir l’air ridicule mais il n’y tient pas non plus particulièrement. Oscar lui dit d’imaginer des musiciens irlandais en train de jouer pour avoir l’air un peu moins fous. Elle n’est pas sûre que ça arrange leur cas mais au moins ça la fait rire. « On va finir enfermés si ça continue ! » dit-elle sur le ton de l’humour. Même si elle arrive à en rire, finir en hôpital psychiatrique est l’une des choses dont à le plus peur Candy mais elle ne peut pas le dire à Oscar, et encore moins dans une situation pareille. La blonde continue à tourner jusqu’à ce qu’elle ait la tête qui tourne trop pour continuer. Elle retire son bras de celui du jeune homme et s’assoit par terre pour reprendre ses esprits, tout en continuant à rire. « On aurait été de très mauvais acteurs, on aurait rit tout le temps ! » dit-elle même si Oscar arriverait sans doute à être plus sérieux qu’elle sur un tournage, dû à son métier.

Sur le moment, il oublie absolument tout. Il oublie qu'ils sont sur un bateau, que des passagers pourraient débarquer à tout moment et les prendre pour deux fous. Il oublie aussi le monde réel qui l'attend à Bowen, les histoires compliquées avec son ex, celles avec Perséphone, son boulot de prof et même ses pièces de théâtre. Il a la tête vide, le coeur rempli de joie, et il rit d'eux jusqu'à en avoir mal aux joues. À ce que lui dit Candy, il se contente d'abord de hocher la tête vigoureusement avant de répondre. « C'est ça qui est drôle ! » dit-il en continuant de tournoyer. Cela fait longtemps qu'il ne s'est plus senti aussi vivant, qu'il n'a plus eu l'occasion de faire l'imbécile comme il en avait autrefois l'habitude. Oscar a l'impression qu'à chaque fois qu'il voit Candy, il retombe à cette douce période de sa vie où il n'avait que vingt ans. Il ne sait pas si c'est son âge à elle qui lui fait cet effet ou simplement sa personnalité, mais ça lui plaît d'être à nouveau un gamin. Lorsqu'elle retire son bras du sien et prend place sur le sol, Oscar l'imite et étale ses jambes devant lui. Il fait face à la mer et le vent soulève ses cheveux en venant caresser sa peau humidifiée au niveau du front à cause de l'effort physique. La conclusion qu'elle lâche le fait rire à nouveau, preuve que ce qu'elle dit est bel et bien réel. « C'est vrai, je pense qu'on pourrait seulement être engagés pour les bêtisiers. » Il tourne la tête vers elle et plante son regard dans le sien. « Mais c'est pas plus mal au final, ça prouve qu'on sait s'amuser. Nous au moins, on va pas mourir à la fin. » Et puis ça lui plaît, de rire tout le temps avec Candy. Ça leur change du contexte habituel dans lequel ils se rencontrent, et ça lui prouve un peu plus à quel point cette fille est épatante.

Peut-être qu’Oscar est amusé par le fait de peut-être finir dans un hôpital psychiatrique, mais pour Candy c’est une réalité. Cependant le ton de la conversation fait que cela amuse également la demoiselle. Ce soir, elle ne se prend pas la tête. De toute façon à chaque fois qu’ils partagent un moment tous les deux, elle est détendue et passe son temps à rire. Oscar a tout de suite réussi à la mettre à l’aise, à lui faire oublier la raison de sa venue ce soir-là dans le théâtre ou ses autres problèmes qui l’envahissent au quotidien. Il ne s’en rend pas compte parce qu’il n’est au courant que d’un dixième de ses problèmes mais ça lui fait un bien fou les moments qu’ils passent ensemble. En plus il lui a même payé une partie de son billet et rien que pour ça, elle lui sera éternellement reconnaissante.
Ils se retrouvèrent tous les deux par terre à rire, Oscar disant qu’ils ne pourraient être engagés que pour les bêtisiers des films. Des acteurs spéciaux pour les bêtisiers, ça pourrait être drôle. « En fait on serait des doublures pour bêtisier, un peu comme les cascadeurs. On va créer un nouveau métier ! » dit-elle toute enthousiaste. Il a raison, eux savent s’amuser et ils n’ont pas besoin de grand-chose puisque concrètement, ils sont sobres, en tout cas Candy sait qu’elle l’est mais le jeune homme n’a pas l’air d’avoir bu non plus. Le seul truc qui coûte cher c’est le bateau mais d’habitude ils arrivent à faire sans. Comme quoi il en faut peu pour être heureux ! « Heureusement qu’on va pas mourir à la fin, ça serait hyper triste. Enfin pas pour nous parce qu’on serait morts mais bon. » Et puis sans doute pas pour sa famille qui n’aura plus à supporter le boulet qu’elle est pour eux mais elle n’y pense pas pour le moment. La demoiselle s’allonge complètement par terre et pose ses mains derrière sa tête pour observer les quelques étoiles qu’elle peut apercevoir malgré la lumière du bateau, et sentir celui-ci qui bouge lentement sur les vagues. Son rire se calme petit à petit et laisse place à un léger silence. Elle pense à eux et à elle. A lui qui doit être heureux dans sa petite vie et elle qui aimerait bien en faire partie un peu plus que comme seulement la fille avec qui il rigole. Candy sait bien que c’est impossible qu’il y a tellement de choses qui font que c’est impossible. Mais si elle avait de la chance en amour ça se saurait, elle serait en couple depuis longtemps. Soudain, elle tourna sa tête vers lui et lui dit « Oscar, il faut que je te dise quelque chose... »

Ils ne connaissent tous les deux pas vraiment la vie de l'autre, n'ont jamais réellement pris le temps de s'asseoir et de parler d'eux à part pour mentionner les grandes lignes. Oscar sait seulement ce qu'elle fait comme études, qu'elle a des soucis chez elle puisqu'elle découche souvent, mais jamais il n'a pris le temps de lui demander ce qu'elle aime par exemple. Ce qu'elle écoute comme musique, quel est son plat préféré, ou si elle met le lait avant ou après les céréales. Il aimerait bien pourtant. Pas pour les céréales, mais pour à peu près tout le reste. Il est curieux d'en apprendre plus sur elle, de découvrir qui elle est en dehors des cours et de Harry Potter. Cette croisière est un bon départ, même si elle lui fait peut-être un peu trop oublier leurs rôles dans le monde réel. Elle étudiante, lui professeur, ne sont-ils pas censés garder des rapports seulement professionnels ? Sur le moment, il s'en fiche un peu. Après tout, personne ne pourra les dénoncer sur ce bateau. Il se sent invincible ici, loin de Bowen, comme si rien ne pouvait lui arriver. L'idée de Candy lui fait ouvrir de grands yeux admiratifs. « Mais carrément ! Je suis certain qu'on serait super doués, » ajoute-t-il ensuite avant de tourner la tête dans sa direction, sourire aux lèvres. L'imagination de Candy l'épate de minute en minute. Elle arrive à le faire rire, mais aussi à créer une sorte de bulle imaginaire autour d'eux où Oscar se sent comme si il appartenait à un tout autre monde. « Si, ce serait carrément triste. Alors on va éviter. » Cette fois, au lieu de sourire, il hoche doucement la tête et regarde à nouveau le paysage devant lui. Il fait nuit, les étoiles brillent au-dessus de leurs têtes, et le vent est plus frais que sur la terre ferme. Cependant, Oscar n'a pas froid. Il se sent bien, il a l'impression que les quelques brises ont réussi à faire s'envoler le poids de ses épaules. Il pense à Luce pendant quelques secondes, la seule personne qui lui manque réellement et avec qui il aimerait être. Elle rencontrerait Candy, la trouverait certainement amusante elle aussi, puis Oscar pourrait la regarder s'assoupir au rythme des vagues qui bercent l'embarcation. La voix de l'étudiante le tire de ses pensées et, rapidement, il tourne la tête dans sa direction. Intrigué, il fronce légèrement les sourcils. « Qu'est-ce qu'il y a ? » lui demande-t-il directement, soudainement un peu nerveux de ce qu'elle pourrait lui annoncer.

Ils vont devenir les meilleures doublures de bêtisiers, devenir célèbres, on créera même une catégorie spéciale pour eux aux Oscars, ils en gagneront un et seront à tout jamais le meilleur duo de doublures, tout le monde voudra les avoir comme amis. Enfin c’est ce qu’imagine Candy dans sa tête en dix secondes. Elle rigole même à l’idée de voir Oscar gagner un Oscar parce que c’est drôle vu qu’il s’appelle Oscar, oui il ne faut pas chercher bien loin pour trouver son humour un peu nul.
C’est dit, ils ne vont pas mourir parce que ça serait triste et que la tristesse ce n’est vraiment pas cool. Quand elle est avec lui, Candy a l’impression d’être une enfant de huit ans qui fait des blagues nulles et qui parle de sujets bateaux mais tout de même hyper intéressants. Au moins ils ne se prennent pas la tête à parler de la géopolitique mondiale ou de l’action des cucurbitacées sur le cour mondial du sucre cubain, un sujet sans doute très intéressant.
Seulement voilà, il a fallut qu’elle regarde le ciel et ses étoiles pendant deux minutes pour que la magie de cet instant s’évanouisse et qu’elle ressente en elle le besoin de se confier, de confier ce qu’elle ressent même si elle sait que ça aura des conséquences désastreuses. Il aurait été bien trop simple pour elle de juste garder tout pour elle à jamais, d’enfermer ses sentiments dans une boîte et de la jeter à l’eau. Elle vit quelque chose de trop heureux pour que ça continue, elle est obligée de gâcher cet instant. Candy sait qu’il ne faut pas, qu’elle ne doit rien dire mais c’est plus fort qu’elle. Ils sont deux étoiles de deux galaxies différentes pas si éloignées à l’échelle des galaxies mais à notre échelle, tellement lointaine. La galaxie d’Oscar, qu’elle imagine pleine de joie, de bonheur, sans aucune ombre au tableau. Et la sienne, prête à imploser à chaque instant, remplie de pièges, d’astéroïdes géants pouvant provoquer des cataclysmes à chaque instant et la petite étoile qu’elle est pouvant imploser à n’importe quel moment et sans prévenir tout détruire. Ce sont deux galaxies bien différentes. Candy aimerait qu’elle se rencontrent pour ne former plus qu’une seule mais elle sait bien que sa galaxie et celle d’Oscar vont rester dans leur coin pour l’éternité. Mais elle se lance, quitte à agrandir l’espace entre ces deux géants de l’univers. « Je sais que je devrais rien dire et que c’est une mauvaise idée. » dit-elle fixant le ciel sans oser le regarder. « Tu es quelqu’un de formidable, de gentil, d’attentionné, de généreux, de drôle. Je pourrais en dire des tas comme ça ! Tu m’as payé mon billet, c’est pas rien. » Oui elle s’égare un peu, tourne autour du pot et n’ose pas se jeter réellement à l’eau. « Le truc c’est que...ce soir-là quand t’es venu me voir au théâtre, j’ai sursauté mais quand je t’ai vu, je sais pas..j’ai senti comme un truc en moi. Et quand tu m’as dit que t’étais prof, j’ai su que c’était trop tard. » Elle se tordait les mains et ne pouvait s’empêcher de se les triturer tellement elle était stressée de devoir lui dire tout ça. « Et puis toi tu es heureux en couple et j’ai pas envie que tout ce que je te dise change quoi que ce soit à ta vie. C’est juste que j’ai pas envie de me mentir à moi-même en me disant que y’a rien, ni te mentir en te faisant croire que pour t’es juste un ami. T’es pas juste ça Oscar. » Elle sentait les larmes couler le long de ses joues. « Tu voudras peut-être plus me parler, je comprends mais je voulais te dire ça. Te dire que depuis qu’on a parlé cette nuit-là, j’arrive pas t’enlever de ma tête. » Candy ne voulait pas lui dire quelque comme je t’aime, j’ai des sentiments pour toi ou ce genre de choses, son courage n’était pas assez grand, elle espérait juste qu’il comprenne, tant pis si ça devait ruiner leur amitié.