a woman's heart is a deep ocean of secrets (fieldstone)

Cette première phrase qu'elle prononce n'est clairement pas pour le rassurer. Curieux et inquiet en même temps, Oscar ne détâche pas son regard de Candy jusqu'à ce qu'il comprenne où elle veut en venir. Elle a l'air mal, et il se sent coupable rien qu'à l'idée qu'il puisse être responsable de son état. Il essaie de se raisonner, de se dire que ce n'est pas sa faute et que pleins de choses peuvent expliquer pourquoi son sourire s'est soudainement évanoui. Mais non, c'est bien lui la cause. Elle commence à énoncer des qualités qu'il ne savait pas qu'il avait et lui, il se contente de hocher la tête et fronçant légèrement les sourcils. Elle souligne ensuite qu'il a payé son billet, un geste impulsif et généreux qu'il n'aurait peut-être pas dû avoir étant donné les circonstances. Cela pourrait être vu comme du favoritisme, même si Candy n'a jamais été son élève. Mais elle semblait si emballée à l'idée de cette croisière à laquelle elle ne pouvait pas participer, et lui était si impatient de pouvoir passer un peu de temps avec elle en dehors du contexte des cours. Encore une fois, peut-être qu'il n'aurait pas dû. Peut-être même que tout aurait été différent si elle n'était pas étudiante à l'université où il travaille. Et surtout, si il n'était pas en couple. Oscar l'écoute sans l'interrompre pendant que son coeur se serre. À mesure qu'elle parle, ses yeux s'humidifient de plus en plus jusqu'à ce que des larmes commencent à couler le long de ses joues. Oscar aimerait la prendre dans ses bras, la rassurer et l'aider à se calmer. Pourtant, il reste planté là, assis à coté d'elle sur le pont d'un bateau. Quand elle vient à supposer qu'il ne voudra peut-être plus jamais lui parler, il se tourne vers elle dans un mouvement si brusque qu'il n'était même pas calculé, comme un réflexe qu'on a après s'être brûlé. « Jamais je ne voudrai plus te parler, Candy. » Il prend une grande inspiration et plante son regard dans le sien. Elle est mignonne, sur ça il ne peut pas mentir. Elle a beaucoup d'humour, elle arrive souvent à le faire rire et même à l'impressionner de temps en temps. Sauf qu'il ne peut pas. Il y a environ dix milles raisons qui font qu'elle et lui, ce ne sera jamais plus qu'un fantasme. « Écoute je... Je suis désolé. Je sais que je n'aurais pas dû être comme ça avec toi, agir comme un ami parce que c'est pas de cette manière qu'un prof est censé se comporter avec une élève. Mais l'image que j'ai de toi, c'est pas juste celle d'une étudiante parmi tant d'autres. T'es une fille géniale tu sais, et j'apprécie beaucoup de passer du temps avec toi. Mais... c'est trop dangereux. Pour toi, pour moi. » Il approche sa main de son visage et efface une de ses larmes du bout de son pouce. « Je comprendrais que toi, tu n'aies plus envie de me parler, » souffle-t-il avant de faire retomber son bras le long de son corps. Il ne mentionne même pas Percy, ne voyant pas l'utilité de blesser encore plus Candy qu'elle ne l'est déjà.

Maintenant qu’elle lui avait tout ce qu’elle pensait, Candy se sentait libérée, comme ci un poids venait de s’enlever. Cependant elle n’est pas totalement soulagée parce qu’elle sait que maintenant ça ne sera plus comme avant. Elle sait bien qu’ils ne seront plus aussi proche, qu’il ne la verra plus comme avant. La blonde ne pouvait pas continuer comme ça, elle se sentait coupable de rien lui dire. De toute façon elle n’attendait rien de lui, elle ne s’imaginait pas qu’il lui dise qu’il allait tout abandonner pour elle, que lui aussi ne pense qu’à elle et qu’ils veuillent vivre heureux à tout jamais. Même si elle vit parfois dans un autre monde elle sait bien que c’est impossible. Bien sûr elle aurait aimé vivre une belle histoire d’amour pour une fois, quelque chose de fort et qui dure, qui traverse toutes les épreuves, mais elle sait bien que ce n’est qu’un rêve et pas la réalité. Lorsqu’Oscar lui dit que jamais il ne voudra plus lui parler, la demoiselle ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire. Au moins il ne lui en veut pas. Elle avait peur qu’il coupe complètement les ponts, l’évite, qu’au final ces moments qu’ils ont partagé ne soient plus rien.
Elle savait bien que les mots qu’il lui disait étaient là pour la rassurer, mais elle sentait son cœur se serrer encore plus. Comme-ci, dans d’autres circonstances, il y aurait pu avoir quelque chose. Comme ci à deux trois choses près elle aurait pu l’avoir sa belle histoire d’amour. Mais elle ne voulait pas le blâmer pour essayer d’être gentil avec elle, Candy sait bien qu’il n’a pas l’intention de la faire souffrir, il aurait pu être bien plus méchant avec elle. Quelque part elle se demande si elle n’aurait pas préféré ça, qu’il soit méchant, qu’elle l’oublie plutôt qu’il continue à être gentil et elle qui soit complètement en train de fondre à la moindre de ses paroles. Quand il vint essuyer ses larmes avec son doigt elle sentit son cœur se serrer un peu plus. Pourquoi la vie est-elle si injuste ? Pourquoi faut-il qu’elle tombe toujours amoureuse des gens inaccessibles ? Ou au contraire de gros cons qui la feront souffrir ? Elle sait bien pourquoi, parce qu’il n’y a que les gros cons qui veulent bien d’elle avant de la jeter en voyant qu’elle est complètement folle et qu’elle ne compte pas coucher avec eux. « J’aimerais bien plus te parler, mais j’pourrais pas. Y’a que toi qu’arrive à me faire oublier le reste. » Elle oublie tous ces problèmes, c’est comme ci le temps s’arrête à chaque fois qu’il se voit. De toute façon elle sait que même si elle essayait, il y aurait toujours un moment où quelque chose la ferrait rire et qu’elle voudrait le partager avec lui.

Tout autour d'eux aurait pu laisser penser à une soirée romantique parfaite. Le ciel étoilé au-dessous, les vagues qui ondulent paisiblement en-dessous. Et entre les deux, deux imbéciles heureux qui dansent et rient comme si rien autour d'eux n'existait. Ça a été beau, un moment qu'il ne risque pas d'oublier et qui restera certainement gravé dans sa mémoire pour de longues semaines, mois, années. Un instant rempli d'insouciance, quelque chose qu'il n'a plus vécu depuis longtemps. Et pourtant, le rêve se dissipe rapidement et laisse place à une réalité à laquelle il aurait préféré ne pas se confronter avant au moins le retour à Bowen. Oscar ne lui en veut pas évidemment, comment le pourrait-il ? Elle n'a rien fait de mal, elle n'a fait que s'attacher à la mauvaise personne au mauvais moment. Cette phrase qu'elle prononce le rend triste et heureux en même temps, triste de savoir qu'elle aimerait pouvoir ne plus lui parler mais heureux d'apprendre qu'elle en est incapable. Sans trop savoir quoi faire, Oscar la regarde avant de rapidement dévier le regard. Il n'a pas envie de la voir souffrir. Il voudrait pouvoir continuer de la voir rire, sourire, l'entendre parler de toutes ces choses qui la passionnent et qui font d'elle la fille merveilleuse qu'elle est. « Je suis désolé, » soupire-t-il en fixant le sol. Il passe une main dans ses cheveux ondulés, pince ses lèvres, et tente de réfléchir à ce qu'il serait plus convenable de faire dans une telle situation. Le mieux serait certainement de s'éloigner, de ne pas laisser cette histoire prendre trop d'ampleur et de tout arrêter avant que quelque chose qu'ils pourraient regretter n'arrive. Et puis, même sur le plan émotionnel, il ferait mieux de s'éloigner avant qu'elle ne s'attache réellement à lui et ne finisse par souffrir. Même si son couple est très clairement en train de battre de l'aile, il ne peut pas se permettre de vivre une pseudo idylle avec une étudiante sur une croisière, à des kilomètres de sa copine.  « Est-ce que... tu veux que je te raccompagne jusqu'à ta cabine ? » lui demande-t-il en osant enfin relever les yeux vers elle. Peut-être a-t-elle besoin de temps, de repos, d'un peu de recul pour pouvoir mettre de coté ce qu'il vient de se passer et réussir à à nouveau repartir sur une bonne base. Sûrement même que rester ici, à être gênés tous les deux, ne ferait qu'empirer la situation. Oscar se lève et tend une main en direction de Candy. Même si elle ne veut pas partir tout de suite, ils pourraient au moins marcher afin de se changer les idées.

Il s’excusa mais ce n’était pas de sa faute. Il n’avait rien fait à part être lui, à part avoir rit avec elle. Candy n’avait absolument rien à lui reprocher, il ne lui avait fait aucune avance, aucun sous-entendu. Tout était de sa faute à elle. Elle qui ne peut pas vivre quelque chose de beau sans commencer à avoir des sentiments, elle qui a un cœur d’artichaut comme on en fait plus, elle qui rêve chaque jour de rencontrer le prince charmant. Peut-être que c’est lui le prince charmant mais il a choisi une autre princesse, c’est tout. « Tu n’as rien fait. » lui dit-elle avec un mince sourire pour le rassurer.  La demoiselle finit par se rasseoir et posa sa tête sur ses genoux en regardant l’horizon. C’est comme-ci la tempête était passé et que rien n’avait changé. Il ne lui en veut pas, elle non plus, ses sentiments n’ont pas bougé. La seule chose qui a changé au final c’est qu’il sait tout sur ce qu’elle ressent maintenant. Certes la situation est complexe mais il n’a pas l’air de s’en soucier plus que ça. Candy se demande si elle est vraiment la seule étudiante qui est tombée amoureuse de lui. Si ça se trouve, il vit ça tous les jours, des étudiantes qui lui envoient des lettres d’amour, c’est peut-être banal pour lui.
Oscar lui proposa de la raccompagner jusqu’à sa cabine. Elle hésita, est-ce que c’est une bonne idée ? Est-ce qu’elle a envie de rentrer seule ? En réalité, elle n’a pas vraiment envie de partir mais c’est sûrement la meilleure chose à faire, laisser passer la nuit ou quelques jours. De toute façon, elle n’est pas du genre à rembarrer les gens ou à être méchante, elle n’a aucune raison de refuser son offre. « Si tu veux. » dit-elle avant d’attraper sa main, un peu gênée. Elle espère seulement qu’il n’y aura pas ses blancs gênants qu’il peut y avoir dans ce genre de conversations. « Dis-moi honnêtement, est-ce que tu crois que ça restera comme avant ? » Elle a besoin de savoir, même s’il ne lui en veut pas ça ne veut pas dire que leur relation restera telle qu’elle est. La jeune femme commence à marcher en direction de sa cabine.

Étrangement, Oscar se sent soudainement vide. Il a l'impression que son ciel bleu vient d'être envahi par une centaine de nuages gris, que celle qui a partagé quelques uns de ses plus grands fous-rires ne voudra à présent plus de lui. Il la voit se reculer, autant physiquement que mentalement. Elle se recroqueville sur elle-même, signe qu'elle n'a pas envie de parler, et il comprend que le lien qui les unissait encore quelques minutes plus tôt va petit à petit se disloquer si ce n'est déjà fait. Rien ne sera plus jamais comment avant, peut-être même qu'il finirait par la perde. Cette idée l'effraie bien plus que ce qu'il aurait pu imaginer. Oscar ne pensait pas qu'il finirait par autant s'attacher à Candy, du moins pas au point de craindre de ne plus la voir le lendemain. Il voudrait lui faire promettre qu'elle ne s'en irait pas, qu'elle n'irait pas trouver ailleurs quelqu'un qui l'aimerait sans condition au prix de le laisser loin derrière elle. Il a peur de ne soudainement devenir rien d'autre qu'un souvenir, un point noir dans sa mémoire qu'elle aimerait effacer. Et même si elle stipule le contraire, il craint que plus jamais il ne puisse parler avec elle de Titanic, de Harry Potter, de pleins d'autres choses sans intérêt qu'eux seuls comprendraient. Elle finit par accepter qu'il la raccompagne et prend sa main pour qu'il puisse l'aider à se lever. Après avoir glissé ses mains dans les poches de son pantalon, Oscar se met en marche vers les cabines du pont inférieur. Elle le suit, marchant à ses cotés, semblant réfléchir à quelque chose. À sa question, il garde le regard baissé et hoche lentement la tête. « J'aimerais vraiment. Je n'ai pas envie de... enfin, qu'on finisse par se croiser en faisant semblant de ne pas se connaître. » De te perdre, a-t-il failli dire. Il continue de marcher, lâchant quelques fois un mot, laissant parfois planer un silence gênant. Et lorsque Candy s'arrête devant une porte, Oscar se place devant elle. « Passe une bonne nuit, » lui dit-il avec un sourire. Et sans réfléchir, sans savoir pourquoi il fait ça et sans se demander si ce geste n'est pas totalement déplacé, Oscar entoure Candy de ses bras. Il la serre contre lui, doucement, puis se recule un peu et garde sa joue près de la sienne. Ce soir sera peut-être le dernier où il pourra se permettre une telle proximité avec elle. Après une interminable seconde d'immobilité, il dépose un baiser sur sa joue puis se recule lentement sans réaliser tout de suite que sa main est toujours posée sur son bassin.

Jamais elle ne pourrait le croiser et tourner la tête pour faire comme ci elle ne l’avait pas vu, comme s’il n’était qu’un inconnu dans une foule. Elle ne pourrait pas s’empêcher de lui faire un sourire, un petit geste. Elle a un peu l’impression d’être son amie secrète, une amitié dont presque personne n’est au courant sinon ils seraient probablement tous les deux virés. Candy aurait pu se contenter de ça mais non elle a voulu être honnête, tout lui dire quitte à tout gâcher. Mais visiblement, il ne lui en tenait pas rigueur puisqu’il ne voulait pas que leur relation soit détruite. Si elle ne l’avait pas comme copain comme elle en rêvait, au moins elle l’a comme ami et rien que pour ça, elle est contente. Au final Candy arrive à voir le positif dans n’importe quelle situation, c’est grâce à ça qu’elle arrive à ne pas passer son temps à déprimer malgré toutes les choses qui ne vont pas dans sa vie. Elle arrive à se dire qu’Oscar est là, qu’il ne s’est pas enfuit. De toute façon, tout aurait pu être bien pire. « Je te ferais toujours un petit signe, ça changera pas. » Elle ne voulait pas qu’il s’inquiète. D’ailleurs elle ne pensait même pas, avant ce soir, qu’il puisse réellement s’en faire que leur amitié se termine. Bien sûr, elle ne pense pas qu’il soit un gros con qui en a rien à faire de ses amis, non pas du tout, au contraire. Candy pensait seulement qu’elle n’était qu’une amie parmi. Ce soir elle découvre qu’il tient réellement à elle et ça la touche énormément.
Ils continuent à marcher jusqu’à la chambre de la jeune femme, la blonde observant les vagues à travers les hublots du couloir. Elle s’arrête devant sa chambre avec un sourire gêné. Elle doit faire quoi ? Lui dire juste salut ? Rajouter autre chose ? Elle n’en sait rien. Heureusement il prend les devants et lui souhaite de passer une bonne nuit. « Toi aussi. » dit-elle avec un sourire. Elle ne va sûrement pas en passer une bonne, se remémorant tous les moments de cette soirée, toutes les choses qu’elle aurait pu faire différemment, les dix mille scénarios qui en auraient découlés. Elle ne dormira sûrement pas beaucoup. Alors que Candy pensait que c’était terminé, il la prit dans ses bras. Elle profita de ce câlin en rêvant qu’il dure pour l’éternité tellement il était doux et qu’il lui faisait tout oublier. Tout était envolé, elle est seulement sur un petit nuage. Elle pose sa tête contre son torse et ferme les yeux en écoutant seulement les battements de son cœur. Elle aimerait presque s’agripper à lui pour ne pas qu’il s’en aille et qu’il reste là des heures dans les bras l’un de l’autre. Elle sait bien que ce câlin ne représente pas la même chose pour elle et pour lui, mais elle s’en fiche. Elle sentit l’étreinte se desserrer et la joue du jeune homme contre la sienne avant d’y sentir un baiser. Elle ne bougea pas, les joues toutes rouges, la tête baissée, un timide sourire sur les lèvres. Elle ne voulait pas partir.

Ce qu'elle lui dit fait s'étirer ses lèvres en un sourire amusé. « J''espère bien, » répond-il simplement, ne voulant pas qu'elle commence à le nier dans la rue ou même à l'Université. Peut-être qu'ils n'ont pas le droit d'être intimes, mais rien ne les empêche de se connaître. Arrivés à sa cabine, il a ce geste envers Candy qu'il ne peut expliquer mais dont il avait vraiment, vraiment envie. Une simple étreinte, un câlin comme au revoir pour la rassurer et lui promettre qu'entre eux, rien n'est cassé. Oscar sent la tête de Candy se poser contre son torse et il profite de cet instant de proximité avant qu'il ne soit rompu. Il apprécie la douceur du moment, l'impression que ces quelques secondes pourraient soigner toutes les plaies. Et lorsqu'il s'éloigne un peu, elle se contente de lui répondre deux mots sur lesquels il se voit mal renchérir. Oscar ne se sent pas fatigué, il aimerait rester encore un moment avec elle quitte à ce qu'ils finissent par voir le jour se lever. À la place, il fait un pas en arrière et ne la quitte pas des yeux. Il ne sait pas si ils se recroiseront demain, mais il l'espère sincèrement. En attendant, autant elle que lui a besoin d'une nuit de sommeil pour réussir à remettre un peu d'ordre dans leurs idées. Oscar finit par faire un tour sur lui-même et il s'éloigne, traversant les couloirs jusqu'à sa cabine.