sous l'océan, tout l'monde est heureux sous l'océan (TC des raisins)

La ville de Bowen avait organisé des festivités pour la fête de la Mangue. Et comme chaque année, le Maire voyait tout en grand et mettait en compétition les habitants de la ville qui étaient répartis en équipe. Tu n'avais jamais pris le temps d'y participer pleinement alors cette année c'était l'occasion. Et puis ça te permettrait de faire de nouvelles rencontres. Toi qui trouvait que ta vie était ennuyeuse, c'était l'occasion de prendre le taureau par les cornes. Aujourd'hui, un bateau avait été loué pour ton équipe et vous alliez pouvoir profiter de la mer pour faire de la plongée ou nager loin des côtes. Arrivé sur le bateau, tu te posais à l'écart des autres, pour jeter un coup d'oeil à ton téléphone, tu n'attendais pas de messages, ni d'appels mais tu avais du mal à te lancer dans une conversation. Au moment de sortir ton téléphone, ton trousseau de clé s'accrocha à ton doigt et tu vis les clés de ta voiture tomber au ralenti vers la mer. Plouf. Tu continuais de fixer l'océan, avec le mouvement du bateau il y avait peu de chance que tu puisses les récupérer et plus tu attendais pour sauter à l'eau, plus elles s'enfonçaient  dans les abîmes. « Oh non.. » C'était bien à toi que ça devait arriver. Tes étourderies t'avait causé bien du soucis ces derniers temps et là tu venais de perdre les clés de ta voiture. Ce n'était pas simple de devoir faire face à ton passé, mais tu devais aussi faire face au futur et devoir payer pour un nouveau jeu de clé. Il serait peut-être temps de te ressaisir Maxwell. Si tu avais été parlé à quelqu'un au lieu de te pencher au bord de l'eau, peut-être que tout ça ne serait pas arrivé mais c'était trop tard maintenant.

Tu étais née à Bowen, forcément, la fête de la Mangue, tu l’avais connue pratiquement tous les ans. Sauf les trois éditions où tu n’étais pas là… Retourner dans ce petit bout de pays te faisait le plus grand bien et spécialement pour une occasion comme celle-ci! La fête de la Mangue était ta festivité préférée, sans doute plus que Noël! Et ça, ce n’était pas peu dire! Comme convenu avec les Raisins, tu t’étais rendue sur le bateau et plutôt que de bronzer comme bien d’autres demoiselles, toi, tu retirais ta robe et tu t’apprêtais à faire un plongeon. Tu t’élances dans l’eau et quelques secondes plus tard, tu sens quelque chose tirer sur les ficelles de ton bikini… Tu remontes à la surface et tu touches les cordes de ton maillot où tu choppes des clés, tu fronces les sourcils. Tu prends les clés que tu montres dans les airs. « Quelqu’un a perdu ses clés? » que tu cries à l’attention du bateau en réalisant que ton bas de maillot a suivi les clés… Misère de misère. Tu rougis et rebaisses ta main en tentant de remettre ton maillot tant bien que mal. T’es embarrassée, c’est évident. Tu te rapproches du bateau et remonte à bord avec les clés dans ta main et tu tiens ton nœud de l’autre.

Tu commençais lentement à faire ton deuil, pensant qu'une fois que tu poserais les pieds à terre, tu devrais appeler le concessionnaire afin de commander un nouveau jeu de clé. Au moins, ça restait encore tranquille, tu aurais pu faire tomber tes clés de logement ou ton téléphone. Et encore, le logement ça aurait été moins pire puisque Aisling et Isaiah avaient un jeu chacun donc tu  aurais pu les emprunter pour faire un double. Pour le téléphone, ça aurait été vraiment chiant. Et pour la voiture, bah tu prendrais un vélo le temps que ça arrive. Enfin, peut-être pas parce qu'une voix te tirait de tes pensées. « Mes clés ! » criais-tu en direction de la voix, que tu n'avais pas encore reconnue. Ton visage se posait ensuite sur la jeune femme qui semblait se débattre dans l'eau et ta surprise fut si grande qu'elle n'était pas cachée. « Maggie ? T'es rentrée quand ? » Les questions se bousculaient dans ta tête parce que tu ne t'attendais pas à la revoir ici, enfin si, à Bowen, mais pas maintenant, pas là dans l'eau, pour la fête de la Mangue. Tu avançais sur le pont du bateau pour t'approcher un peu plus de ton amie, qui avait l'air d'être en forme. La dernière fois que tu lui avais pris des nouvelles, tu étais en France et son combat contre sa maladie continuait. En tout cas, la voir là, sous tes yeux, te fit un grand bien, un sourire se dessinait sur ton visage, allant jusqu'à tes oreilles.

Tu entends quelqu’un crier que ça lui appartient. Tu échappes donc un sourire en te disant que tu devais avoir sauvé la mise de quelqu’un aujourd’hui. Tu sors doucement de l’eau et on te demande t’es rentrée quand. Tu lui souris « Hey Max! » que tu lui dis avec un grand sourire. « Ça va très bien merci et toi? » Que tu lui réponds avec un fin sourire en levant les yeux au ciel. Tu lui lançais ses clés. « Tu tiens ça deux minutes, tu veux bien? » que tu lui demandes en rattachant ton maillot de bain plus facilement cette fois-ci, ne répondant toujours pas à sa question. Tu te lèves et te rapproches de lui pour l’étreindre même si t’étais trempée. « Je suis contente de te voir et pour répondre à ta question, j’suis rentrée y’a environ une semaine. » Que tu lui dis avec un sourire. « Ça fait du bien de rentrer, j’te mentirai pas. Y’a mes sœurs qui ne me lâchent pas d’une semelle, ma mère qui s’impose dans mes cartons, mais mon chat et moi on survit… » Que tu lui dis avec un petit sourire. « Toi, la vie ça va comment? T’étais en France, non? » Que tu lui demandes. Quelle pipelette tu pouvais être par moment.

Maggie ne tardait pas à remonter sur le bateau, les mains tenant son maillot de bain qui semblait vouloir prendre le large. C'était le thème de la journée, mais tu comprenais qu'elle ait peu envie que ça arrive. C'était rarement une bonne idée de finir à poil devant un groupe d'inconnus. « Très surpris, mais tout va mieux ! » Elle te donnait tes clés et un nouveau sourire se dessinait sur ton visage. « J'vais même les garder bien en sécurité maintenant, j'te dois une fière chandelle pour ça ! » Sans plus attendre, tu les glissais dans ta poche et tu allais sûrement vérifier toutes les cinq minutes qu'elles étaient toujours bien là. T'aurais l'air d'un toqué mais valait mieux ça que de devoir faire un nouveau jeu de clé et perdre de l'argent inutilement. Tu l'écoutais te raconter les petites nouvelles de sa vie, sans en perdre une miette. « Elles sont contentes de te retrouver, de voir que ça va mieux pour toi, mais si jamais t'as besoin d'une chambre au calme, pour souffler de temps en temps, j'en ai toujours une de libre chez moi ! » La chambre d'Aino était disponible, tu ne voulais pas la louer à qui que ce soit, ne sait-on jamais, après tout elle pourrait revenir à Bowen un jour. Par contre, pour venir en aide à une amie, tu voulais bien la libérer quelques temps. « Bon par contre, y a un couple avec deux enfants, mais ils sont vraiment calmes et adorables. » Fallait quand même la prévenir, la maison de tes grands-parents abritaient la vie maintenant. Ta grand-mère serait sûrement ravie de cette nouvelle, elle avait toujours voulu que vous veniez pendant les vacances pour rendre la maison plus vivante. « J'ai fini par visiter quelques pays d'Europe avant de rentrer, mais j'ai passé pas loin d'une année en France oui. Et puis la vie, ça va, ça vient.. » finissais-tu par lui dire en haussant doucement les épaules. De toute façon elle te connaissait bien, elle le saurait bien vite si tu osais lui mentir droit dans les yeux.

Il était très surpris mais il était heureux. Tu esquisses un sourire malgré toi et tu l’entends te dire qu’il va les garder en sécurité et qu’il te devait une fière chandelle. « Mais non, t’en fais pas. » Puis, tu lui racontes un peu ce qu’il y a de nouveau. « C’est gentil d’offrir, mais je crois que je vais me prendre mon propre appart ou rester un peu dans la maison familiale. J’crois qu’on a tous besoin un peu de ça… » Que tu lui confies avec un petit sourire. Toi, avec ta rémission et eux parce que clairement, la peur de la perte les avait confrontés à une toute nouvelle réalité. Tu sais qu’il s’agit de la chambre d’Aino, puis tu l’écoutes parler du couple avec deux enfants et tu ris doucement. « Ça doit mettre de la vie. » Que tu lui dis ouvertement, mais t’es pas trop certaine que vivre avec une petite famille unie te ferait du bien, ça te ferait un peu peur de la réalité que tu vis. Il te racontait ce qu’il avait fait… Ça va, ça vient. « Et t’as rencontré personne… d’intéressant? » que tu lui demandes avec un sourire en coin. Parce que toi, t’as qu’un nom dans ta tête et t’as bien hâte de le retrouver. « T’as des nouvelles de Jules, d’ailleurs? » Que tu demandes aussi subtilement qu’un éléphant dans un musée de porcelaine.