house-warming party (andreas & les copains)

Andreas avait officiellement les clés du condo de Lennox, ses boîtes avaient commencé à s’entasser dans le hall et jusqu’au salon depuis la semaine dernière. Aujourd’hui, les deux amoureux s’étaient affairés à tout sortir, ranger, et enfin mettre ces cartons dans les bacs de recyclage dehors. Leur nouvelle vie pouvait enfin commencer, et même s’ils seraient encore pour un moment dans cette zone de transition entre leurs deux vies, le condo n’avait plus l’air du champ de bataille toujours prêt à leur rappeler qu’ils venaient tout juste de se lancer dans cette aventure. Si la semaine s’était déroulée à la perfection sans que Lennox ne panique vis-à-vis du pas de géant qu’ils venaient de faire, ce soir, il avait légèrement le vertige. Ils avaient invité leurs amis à se joindre à eux pour leur pendaison de crémaillère. Certes, Lennox vivait ici depuis bien des années maintenant, mais rares étaient les personnes à l’avoir visité. La plupart de ses relations n’étaient pas amicales au point d’inviter les gens chez lui. Ou alors c’était Lennox qui avait trop de mal avec la sociabilité acceptable. Ce soir toutefois, Lennox et Andreas avaient décidé de profiter de l’occasion pour se présenter, l’un et l’autre, à leurs amis respectifs. Après tout, s’ils vivaient maintenant ensemble, ils ne pourraient plus rester longtemps dans leur tanière en jouant les fantômes. Les cercles d’amis respectifs des deux hommes posaient énormément de questions, voulaient rencontrer cette personne qui rendait l’autre si heureux. Lennox avait donc envoyé des invitations au peu de gens qui constituaient son entourage. Daemon, Léo, Siam, Aisling, Andeana, Effy. Il avait d’ailleurs longuement hésité à l’inviter, Effy, parce qu’elle réveillait en lui un état qu’il voulait taire maintenant. Elle réveillait ses démons, ses peurs, sa noirceur. Elle le faisait glisser avec elle, lentement, mais sûrement. Lennox ne voulait pas qu’Andreas sache que cette relation poison était précieusement conservée dans sa vie, dans un profond silence que seuls Effy et lui comprenaient. Puis il s’était dit qu’elle avait une place importante dans sa vie, et il voulait lui montrer qu’il en avait fait, du chemin, depuis leur toute première rencontre. Il ne savait pas si l’un d’eux viendrait. Peut-être qu’aucun n’aurait le temps ou l’envie. Lennox ne leur en tiendrait pas rigueur. Il comprendrait. Ils n’étaient pas les meilleurs amis du monde. Ils avaient leurs relations particulières, parce que rien n’était jamais normal avec Lennox. À quelques minutes maintenant de l’heure convenue avec les gens, Lennox se tourna vers Andreas une fois que la table fut mise, avec toutes les boissons et les amuse-gueules pour une armée. « J’suis persuadé que personne ne viendra, à part Daemon, d’mon côté, et je suis désolé, c’est pas contre toi, tu le sais hein ? J’ai pas vraiment d’amis, amis. J’aurais aimé que tu les rencontres, quand même, mais … on verra. » Il sourit, nerveusement. « J’espère que je ferai bonne impression auprès des tiens. » Il s’était d’abord habillé beaucoup trop chic, et Andreas avait choisi pour lui quelque chose de plus décontracté. Ils étaient dans leur salon, après tout. En remontant une énième fois ses manches, Lennox inspira, et expira.

Il y aurait d’autres occasions, oui, mais seraient-elles davantage saisies ? Pour Lennox, ce soir aurait été le moment idéal pour que tout le monde se rencontre. C’était moins anxiogène de savoir qu’il y aurait un tas de gens à qui parler, pas seulement une personne avec qui le silence pourrait trop facilement s’installer. Et puis, au milieu d’une foule, c’était plus facile pour le notaire de s’éclipser le temps de reprendre un peu le contrôle sur lui-même, le temps de se calmer et de rationnaliser. Lennox hocha tout de même la tête, et sourit quand Andreas lui assura que tout se passerait bien. Rester lui-même. Il n’était pas certain que ce soit une bonne idée. Il allait créer des froids et des malaises à la pelletée. « Oui, j’veux bien. » Dit-il concernant le topo. Il écouta donc son petit ami lui parler de chacun de ses invités, lui donnant quelques indices et idées concernant les bons sujets de conversation à aborder. Si ça devait avoir pour effet de le détendre, ce fut tout le contraire. Il s’imaginait avoir à discuter avec tous ces nouveaux visages, avoir à se rappeler de quels sujets parler, et son cœur battait encore plus vite. « Oh, dommage, j’aurais bien voulu rencontrer ta sœur. Bon, une autre fois … ! » La sœur d’Andreas était bien celle pour qui il était prêt à se forcer, à lancer et relancer les discussions, tout simplement parce qu’elle était de la famille d’Andreas et que c’était important, plus que tout. Lennox savait que les amis d’Andy étaient également importants, toutefois. Alors oui, ce soir, il ferait un effort qui pour lui était surhumain. On sonna à la porte. Lennox sursauta presque, son regard se dirigeant directement vers la grande porte blanche fermée depuis le début de la journée. Elle ne tarderait pas à s’ouvrir constamment sur de nouvelles personnes. C’était parti ! Andreas alla ouvrir et un jeune homme blond l’étreignit sans plus tarder, ses bières entourant l’ambulancier le temps de l’accolade. Les deux amoureux n’avaient pas prévu d’alcool et avaient bien mentionné que chacun pouvait apporter son propre alcool si désiré. Après tout, Lennox était un ancien alcoolique, et certains de ses amis invités l’étaient également, alors c’aurait été bien mauvais que de prévoir des bouteilles pour tout un régiment. La tentation était toujours là, peu importe son état. Le jeune homme nouvellement débarqué se dirigea finalement vers Lennox et, contre toute attente, l’enlaça à son tour. Le trentenaire se détacha après un moment, tout naturellement, et sourit. « Tu es Aiden ? Ou Felix ? » Demanda-t-il. Il savait que ce n’était pas Collin, il l’aurait reconnu. Il ne restait donc que les deux anciens colocataires d’Andreas.

Cet emménagement avait été une réelle surprise à tes yeux mais une surprise plutôt agréable. A partir du moment où ton meilleur ami, Andreas, est heureux, cela te convient. Certes, les choses vont assez vite entre Lennox et lui mais n'étant pas habituée aux longues relations, tu ne sais pas si c'est inhabituel dans un couple. Et puis après tout, tu n'es personne pour juger la façon de fonctionner de leur couple. Bien sûr, pour le mariage tu as quand même émis une réserve mais si Andreas te demandait de l'aide, tu le ferais quand même les yeux fermés. Comme toujours depuis que vous vous connaissez. Une fois arrivée à l'appartement, tu ne peux t'empêcher de trouver cet endroit très bien aménagé et assez grand pour deux personnes. Tu ne sais même pas si votre appartement (à quatre) est aussi grand. Peu importe, tant qu'Andreas se sent chez lui ici c'est le principal. Très vite, tu repères ton meilleur ami et tu ne peux t'empêcher de lui sauter dessus comme à ton habitude. Tu le serres dans tes bras et lui adresses ton plus beau sourire. « Ton cadeau de crémaillère est arrivé ! » Dis-tu, un sourire amusé, sûre de toi.

La pendaison crémaillère de son patron, pourquoi pas ? Aisling avait prit la décision de s'amuser au moins jusqu'à la rentrée. Alors il était bien temps de s'y mettre. Aisling appréciait plus Lennox qu'elle le montrait. Au fond, elle était assez heureuse de le voir... heureux. Ca prouvait au moins que ça arrivait à certains, le bonheur.

Elle ne savait pas trop si elle devait amener un cadeau mais elle opta pour un paquet de chocolats. Ca ne pouvait que faire plaisir. Elle se retrouva devant la porte avec une autre fille qu'elle ne connaissait pas vraiment (Effy).

-Je propose d'entrer.

Elle poussa alors la porte sans attendre qu'on leur ouvre et il y avait déjà pas mal de monde. Ce qui ne la gêna pas vraiment. Elle avança et vola une des bières qui se trouvaient là, apporté par on ne sait qui, avant de tendre à Lennox le chocolat.

-Tous mes vœux de bonheur, Boss.

Elle tourna ensuite le regard vers Andreas.

-Et je suppose que c'est l'heureux élu qui essaye de manger au frais de la société, le fourbe.

Le jeune homme lui confirma qu’il était Felix, ce qui dissipa l’incertitude dans la tête de Lennox. Il allait devoir enregistrer ce premier prénom, associé à ce visage, et s’assurer de ne pas trop s’y perdre avec les autres invités qui ne tarderaient sans doute pas à se joindre à la fête. Du moins, Lennox l’espérait, parce que si l’idée que personne ne se pointe et qu’il puisse passer la soirée avec Andreas lui plaisait, l’idée de devoir converser avec un seul de ses amis sans que personne d’autre ne se joigne à eux, elle, l’angoissait. « Ça me rassure, j’avais peur que vous m’en vouliez de vous voler votre colocataire. » Lança Lennox, un sourire se dessinant timidement sur son visage. Il essayait de paraître le plus détendu possible mais, au fond, son corps tout entier était en état d’alerte. Pourtant, ce Felix avait l’air bien sympathique et sociable, aucune raison de stresser. Mais Lennox étant Lennox … ! Andreas demanda finalement aux deux hommes s’ils désiraient boire quelque chose. Ses yeux se posèrent sur la bière que le blond venait de s’ouvrir, et il releva les yeux vers son amoureux en secouant la tête. « Non merci, rien pour le moment. » À ce moment-là, Daemon et Devan entrèrent dans le logement, après qu’Andreas leur ait ouvert la porte pendant que Felix et lui discutaient. « Oui, oui, c’est bien ça. J’ai mon bureau en ville. Et toi, Andreas m’a dit que t’aimais bien la musique … t’es musicien ? » Tenta Lennox même si, en fait, il se rendait compte qu’il ignorait pas mal de trucs sur ceux avec qui Andreas avait habité. Comme quoi il avait vraiment été centré sur son propre couple, à en oublier le reste du monde. Sans plus tarder, Daemon et Devan s’avancèrent jusqu’à eux en compagnie d’Andreas qui regagna le cercle d’invités. « Content que tu sois venu aussi, Daemon. Vous êtes pas les derniers, t’en fais pas. » Il serra la main de Daemon, de façon amicale, et posa les yeux sur Devan pour le saluer mais ce dernier resta en retrait, n’échangeant même pas un regard avec lui. Gêné, il détourna le regard et se reconcentra sur les invités qui ne cessaient d’arriver. Une jeune femme, la première jusqu’à maintenant, venait justement de se ruer sur Andreas pour le serrer dans ses bras et s’offrir comme cadeau. Freja. Lennox la reconnaissait de photos qu’il avait vues. Il sourit en les regardant, mais les laissa se saluer avant de s’imposer, puisque de toute façon il repoussait le plus possible toutes ces premières rencontres. Mais elles arrivaient par dizaines ! Aiden se joint à tout ce beau monde, du moins Lennox imagina qu’il s’agissait bien de lui en se repassant la liste des invités en tête. « C’est bien moi ! Je suis ravi d’enfin te rencontrer aussi. Enfin, Felix et toi. Andreas m’a beaucoup parlé de vous deux aussi. » Ou plutôt, il les avait souvent mentionnés … Mais Lennox avait encore beaucoup à apprendre d’eux. Avec tous ces nouveaux visages tout d’un coup, Lennox fut plus que soulagé de voir Aisling rentrer. Il l’avait invitée sans trop d’attente, se disant qu’elle avait sans doute mieux à faire de sa soirée que de venir voir la demeure de son patron, mais elle avait fait l’effort. Peut-être s’était-elle sentie obligée. Il attrapa les chocolats qu’elle lui tendit avec un sourire gêné, mais touché du geste. « Merci, Aisling. C’était pas nécessaire, mais j’apprécie. Beaucoup. » Lui dit-il, sincère. Il appréciait de plus en plus son employée, et sa façon d’être. C’était ce dont il avait besoin. De la franchise mêlée à de l’ouverture d’esprit. La blonde se tourna vers Andreas et reparla de cette histoire de facture de restaurant. Lennox croisa le regard d’Andreas, gêné. « C’est une longue histoire. » Se contenta-t-il de dire en riant doucement. Derrière Aisling, Effy était également rentrée. Le trentenaire la regarda un moment, se plongeant encore et toujours dans son regard azur, et ses yeux fuirent rapidement, cherchant ceux d’Andreas comme pour s’assurer que ce dernier n’avait pas remarqué son trouble face à Effy. Lennox s’approcha d’elle. « Hey. Je savais pas si j’te verrais ici ce soir. » Et dans quel état, aussi.