Someone in the crowd could be the one you need to know ➽ Judikael

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Someone in the crowd could be the one you need to know.
MALOU & JUDIKAEL

Rentrer à pied, la jolie rouquine avait l'habitude. En talons aiguilles et bas résilles, un peu moins. Et ce soir, il n'y avait ni Jade, ni Isaiah pour la raccompagner ou faire juste un bout de chemin avec elle. La poisse. Malou avait été envoyée au domicile d'un client, où ses services avaient été demandés pour une soirée privée. Il était près de trois heures du matin et la prostituée avait désormais terminé son service. Mais la maison dans laquelle on l'avait envoyée n'était pas franchement la porte à côté, et si pour l'aller, une voiture rutilante conduite par le chauffeur du client était venue la chercher au bar - démonstration superflue de richesse et d'un complexe d'infériorité par la même occasion -, pour le retour, elle pouvait bien se démerder toute seule. Ni le client, ni son patron n'en avaient quelque chose à foutre. Enfin bon, la routine quoi.

Ce qui faisait pester Malou, principalement contre elle-même, c'est qu'elle avait perdu ses affaires de rechange. Ou elle les avait oubliées, ou bien on les lui avait volées. La grande rousse préférait la théorie de l'oubli, car ce n'était pas comme si elle avait un budget vêtements extensible à souhait. Elle galérait déjà à payer le loyer et bouffer en même temps. S'acheter des nouveaux vêtements, c'était pas tous les jours que ça arrivait. Ruminant ses pensées, Malou marchait dans la rue, le son de ses talons hauts claquant dans les ruelles endormies. Elle n'avait qu'une longue veste sur elle, qui suffisait à dissimuler sa tenue légère, elle lui descendait jusqu'aux genoux. Mais pas plus. Et là, comme ça, la rouquine n'était pas très à l'aise, seule dans la rue. Elle avait rarement peur de ce qui pouvait lui tomber dessus, sachant très bien se défendre seule. Mais en petits talons et bas résilles, avec des vêtements de pute sous le manteau, fallait pas faire la maligne non plus. La jeune femme aux cheveux couleur flamme crut bien que le monde se foutait de sa gueule jusqu'au bout lorsqu'une voiture de police arriva à sa hauteur. Putain mais c'était le comble. C'était pas le moment de se retrouver au commissariat avec une amende ou peine de travail ou que sais-je pour racolage. Malou retint sa respiration, continuant à marcher en gardant le regard fixé devant elle.

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Ce soir je dois travailler tard, la journée a été longue mais productive. Bowen a beau être une ville calme, elle n'échappe pas aux petits délits comme aux grosses affaires. Et justement aujourd'hui cela a été le cas, une grosse affaire de bouclée sauf que je me suis retrouvé avec une tonne de paperasse à remplir. Sans oublier les coups de téléphone en tout genre. Commençant à fatiguer, je me lève pour aller remplir ma tasse d'un bon café noir avant de tilter qu'il n'y a pas grand monde dans le commissariat. C'est avec ma tasse à mi-chemin de mes lèvres que mon regard se pose sur l'horloge. Ah. Pratiquement trois heures du matin. Je n'ai pas vu le temps passer encore une fois, il faut dire que lorsque je me plonge dans mon travail, la terre pourrait s'arrêter de tourner que je ne le verrais pas. Mais au moins le plus gros et urgent est fait !

Moi qui pensait que je pourrais profiter d'un collègue pour rentrer, je suis mal barré là. Ce matin j'ai laissé ma voiture personnelle devant la maison ou plutôt devant l'appartement. C'est souvent que je fais le trajet entre chez moi et le commissariat à pieds pour ne pas dire en footing. Oui j'en profite cela me maintient en forme les jours où je ne peux pas faire de sport et oui en arrivant j'ai pris une douche dans les vestiaires. Bref étant donné l'heure qu'il peut être, je me vois mal rentrer à pieds. De là j'ai le choix, soit je somnole sur place dans mon bureau ce qui ne sera pas la première fois. Soit je choppe une des voitures banalisée du commissariat pour rentrer chez moi.

Finissant par chopper les clés d'une des voitures, je peste devant le fait que celle-ci n'a pas le gyrophare amovible. Tant pis. Je roule tranquillement quand j'aperçois une jeune femme sur le bord de la route. Mais surtout sa tenue qui ne cache pas grand chose et si une partie de moi tique devant celle-ci, la partie qui me dit que c'est une fille comme une autre prend le dessus. J'arrive à sa hauteur et la rouquine fait comme si elle ne m'avait pas vu. Parfait, il me manquait plus que ça alors qu'en même temps comment ne pas être sûr et certain de son métier. Si elle voulait prétendre rentrer d'une soirée normale, c'est loupé là. J'active un coup le gyrophare et j'arrête ma voiture quelques mètres devant elle. Normalement cette fois, elle ne devrait plus m'ignorer.

Pourquoi je me fais suer à insister et sans employer les grands moyens ? Parce que prostituée ou non, elle reste une femme. Et que je suis bien placé pour savoir qu'il peut lui arriver quelque chose à marcher dans les rues de la ville à cette heure là.

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Et merde. Voilà qu'il balançait les gyrophares et tout, t'sais. Comme si c'était absolument nécessaire. Ben oui, allons-y, mettons le paquet. La vérité, c'était que Malou craignait de se retrouver dans une situation qui n'allait vraiment pas l'arranger, et dont elle aurait du mal à s'extirper. La rouquine ralentit en s'approchant de la voiture, qui s'était arrêtée sur le côté, histoire de bien signifier que c'était elle qui était attendue. La jeune femme tentait en vain de monter un plan dans sa tête, tout en s'avançant le plus lentement possible vers la vitre du conducteur qui s'abaissait. Mais quel plan pourrait-elle potentiellement échafauder ? Elle était grillée et elle n'avait aucune idée de ce qui pouvait se passer pour elle. Sa rage contre elle-même reprenait de plus belle, et comme toujours, la jeune femme aux cheveux de feu allait déverser cette rage contre le premier venu. Même s'il s'agissait d'un flic. Encore plus s'il s'agissait d'un flic, en fait. Elle était de toute façon dans la merde, alors un peu plus ou un peu moins...

« Oui ? »

Balança-t-elle une fois qu'elle fut face à la fenêtre de la place du conducteur. Son ton était insolent et agressif, tandis qu'elle posait un regard froid sur la personne dans l'habitacle. Il s'agissait d'un homme, sûrement plus âgé qu'elle, et elle n'avait aucune idée de ce qu'il allait bien pouvoir lui sortir. Techniquement, il n'avait aucune preuve qu'elle ait fait quelque chose d'illégal. Elle ne faisait pas le trottoir, elle rentrait simplement chez elle, et n'importe qui était libre de s'habiller comme il le voulait, même si cela impliquait talons de dix centimètres et bas résilles, à trois heures du matin. L'apparente confiance farouche qu'elle dégageait n'était en réalité qu'un masque, car actuellement, Malou sentait son cœur battre à trois mille à l'heure. Elle n'avait vraiment pas envie d'en arriver à être arrêtée par la police. Elle avait déjà assez de problèmes de frics et c'est pas comme si son job était un boulot de rêve. Alors si elle pouvait éviter le système judiciaire, ce serait vraiment pas mal.

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J'ai sérieusement le chic pour me mettre dans des situations pas possible mais que voulez-vous derrière mes airs de total salopard j'ai un trop bon fond. Et c'est ce qui se produit actuellement avec cette jeune femme même s'il est trois heures du matin, je ne peux juste pas la laisser rentrer chez elle à pieds. Sauf que manque de bol je n'ai pas ma propre voiture mais une voiture banalisée du commissariat, quoi que si elle est vraiment une travailleuse du sexe comme on dit, avec ma propre voiture elle aurait pu me prendre pour un mec cherchant une pute. Parce que oui j'ai beau chercher des appellations plus douces, il n'en reste pas moins que c'est cela. Enfin pour le moment, elle peut tout aussi bien être simplement une jeune femme rentrant chez elle après une fête. Même si là bordel ses potes de soirée ou ses amis auraient quand même pu la raccompagner....Une fois la vitre baissée et la miss arrivée à ma hauteur, c'est elle qui prend la parole.

- Bonsoir

Je ne peux qu'esquisser un sourire en coin devant son air de bravade et son ton insolent alors qu'au final elle n'a pas grand chose à craindre. Oui je suis flic et oui je viens de l'aborder mais au pire je peux juste lui demander ses papiers pour les vérifier. Toujours est-il que sa manière de me répondre me renseigne encore plus clairement que sa tenue sur son métier. Même si elle était une simple jeune femme rentrant d'une soirée et même si elle avait eu une mauvaise soirée, une fille normale n'agirait pas ainsi. Et puis on ne me l'a fait plus à moi, depuis le temps que je suis flic, j'ai largement eu le temps de reconnaître certains signes.

- Détendez-vous, je ne vais pas vous arrêter ou je ne sais quoi, votre tenue n'est pas une preuve de quoi que ce soit. Oui bon elle ne pourra pas voir que j'ignore ce qu'elle fait dans la vie, mon ton le laisse sous-entendre. Par contre ce n'est tout même pas prudent de rentrer seule. Surtout avec l'affaire que je viens de boucler...Tout comme pour le moment j'attends de voir comment elle va réagir maintenant.

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