Guess who is here ? [PV : Judikael L. Baker]

Une tasse de café à portée de la main, c'est le minimum syndical lorsqu'on me fait bosser sur de la paperasse de bon matin. Bon sang que je déteste remplir les rapports, en vérifier d'autres et signer toute cette merde. Pffff en plus je n'ai pas de co-équipier sur lequel décharger tout ceci, le chef ne m'en a pas encore trouvé un et je dois bien dire qu'en dehors de ces moments papiers je m'en passe parfaitement bien. Si c'est pour avoir un gamin à peine sorti de l'école dans les pattes, un bien pensant qui veut m'empêcher de mener mes investigations à ma manière, merci mais non merci, je passe mon tour.

Deux heures plus tard ce n'est plus une tasse de café que j'ai vidé mais une bonne dizaine et mon agacement monte à mesure que les dossiers défilent devant mes yeux. Bon peut-être que si je ne reportais pas tout le temps à plus tard et que je le faisais en temps et en heure ça serait plus supportable. Je pose mon stylo et me fout au fond de mon siège avant de soupirer et de passer une main sur mon visage. Pour finir par m'étirer comme un chat pourrait le faire. Au moins dans mon malheur personne ne vient me déranger...Je crois que j'ai parlé trop vite alors qu'un air agaçant au possible parvient à mes oreilles.

Le pire c'est que ça fait bien longtemps que je n'ai plus entendu ces paroles et qu'il n'y a qu'une personne à ma connaissance capable de chanter ce truc. En moins d'une seconde je suis sur mes pieds, si vite que mon fauteuil se retrouve couché sur le sol. En moins de trente secondes me voilà dans le hall du commissariat juste à temps pour voir le bleu à l'accueil se diriger vers celui qui chante. Je le rattrape et lui pose une main sur l'épaule.

- Je m'en occupe ! C'est plus aboyé que demandé mais bon.
- Monsieur...

Mon regard le cloue sur place et il n'ose plus rien dire avant de retourner derrière son accueil. Sans doute est-il persuadé que le chanteur va passer un sale quart d'heure, ce qui en temps normal serait vrai sans doute. Sauf que je me tourne vers lui avec un grand sourire.

- Thy' mais qu'est-ce que tu fais ici ? Cela fait longtemps que tu es arrivé ?

Mon cher cousin et ce n'est pas ironique, la seule personne venant de ma famille que j'aime et que j'ai envie de voir, le seul qui me connaît bien. Bien sûr je me rapproche de lui et bien que n'étant pas un grand sentimental, je le prend dans mes bras. Ce qui a de quoi laisser tous mes collègues qui regarderaient la scène les yeux écarquillés de surprise.

Cela fait un sacré moment que je n'avais pas revu Thybalt pratiquement depuis que j'ai posé les pieds en Australie il y a deux ans. Bah oui je ne suis pas venu à Bowen directement, j'ai d'abord traîné du côté de Sydney avant de m'installer ici. Bref cela me fait plus que plaisir de le revoir même si je dois supporter son énervante manie de chanter heu ce truc. Sa première réaction me fait lever les yeux au ciel, un soupir amusé passant mes lèvres, il ne change pas, un éternel grand enfant. En même temps vu le métier qu'il a choisit cela n'a rien d'étonnant. Amusé mais ce qui ne m'empêche pas de le prendre dans mes bras pour une brève étreinte avant qu'il ne m'explique ce qu'il fait là.

- Toi tu n'as pas besoin de rendez-vous mais tu es comme le premier qui me rend visite sans que ça soit lié à une affaire. Oui je ne change pas là dessus, mon entourage se limitant au strict minimum, bien sûr que personne ne vient au commissariat juste par envie de me voir. Même mes quelques ponctuelles conquêtes ne le font pas, merci bien même si j'assume totalement, je n'ai pas besoin que mes collègues sachent que je suis bisexuel. "Ma préférée ? Mais oui bien sûr le jour où tes alouettes seront roses et auront des poils peut-être mais pas avant."

Mais bon mon cousin le sait très bien que je ne l'aime pas et il fait exprès de la chanter et moi bien sûr je marche, comme à chaque fois quoi. Et oh mes collègues viennent de découvrir que je ne suis pas le seul à être un peu trop direct et franc, un truc de famille ça, enfin un truc entre nous deux parce que les autres...La remarque de Thy' me fait rire en tout cas, contrairement aux autres qui détournent le regard gêné de s'est fait chopper ainsi.

- Si si j'ai un bureau, on pourra y comploter tranquillement.

Forcément aussitôt dit, aussitôt fait, j'indique à Thy la bonne direction en passant devant lui. Mon bureau rejoint, je dois d'abord remettre mon fauteuil sur ses pieds avant de pouvoir m'asseoir dessus, non sans avoir ramené un siège plus confortable qu'une simple chaise à mon cousin.

- Du coup tu penses rester combien de temps ? Tu veux venir à la maison ou tu préfères rester à l’hôtel ?

Moi adorable ? Je ne suis pas sûr que mes collègues et compagnie soient vraiment d'accord avec ceci. Mais après tout il n'y a que mon entourage proche, très proche, c'est à dire mon cousin et mes rares amis qui peuvent voir ce côté là de ma personnalité. Et un petit peu mes conquêtes, parce que oui si je ne savais pas être charmeur et gentil et tout ce que vous voulez, ça ne fonctionnerait pas. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir un léger mouvement de recul quand il vient me pincer la joue, non mais vraiment il change pas. Un grand enfant !

- Oh mais j'ai pas besoin de forcer pour les tenir à distance.

C'est vrai, il suffit que je leur fasse un seul regard et ça recule comme si j'allais leur sauter à la gorge pour les bouffer sur place. Ce qui m'arrange quand même pas mal dans mon métier. Quant au reste de ses propos, à quoi bon réagir ? Cela serait sans fin alors je me contente de lever les yeux au ciel une nouvelle fois. L'emmenant ensuite dans mon bureau, on prend place tous les deux avant que je lui demande combien de temps il pense rester et où surtout.

- Alors là je n'en sais rien ! Bien sûr je le taquine, Thybalt sait bien qu'il est le seul que j'arrive à supporter longtemps. "Va pour la maison, j'ai une chambre de libre. Par contre tu vas devoir co-habiter également avec mon caractériel de chat." Et c'est peu de le dire, à côté de lui je suis un vrai ange mais tout le monde sait que les chats sont des animaux diabolique. Je l'observe trifouiller ce qui se trouve sur mon bureau, je l'observe tout court, je rêve où il semble un poil nerveux ?

- Boarf pas grand chose, la routine au boulot des affaires par ci, par là. Quelques coups d'un soir. Oui depuis mon divorce, je ne fais qu'enchaîner les histoires sans lendemain. "Et niveau de mon frère toujours rien..." Je secoue la tête parce que même sans abandonner des fois c'est difficile. "Et pour toi alors ? Tu as quand même des engagements en vue ou pas du tout ?"

Difficile là aussi avec son métier de bosser en permanence, Thy' n'a pas la sécurité de l'emploi comme je peux l'avoir.