J'connais un jeu sympa, avec de la Tequila [ feat Wilmy ]

« Aidan, tu t'en vas déjà ? » Je finis mon verre avant de descendre de mon tabouret. Je répondis : « Oui, désolé mais j'ai des trucs à faire demain, je préfère aller dormir tôt. » Enfin... « tôt », il était déjà 1h du matin, comme quoi tout est relatif. Je fis le tour de la table pour dire au revoir à mes amis et leur souhaiter une bonne fin de soirée. L'un d'eux me retint par la manche : « Ça ira pour rentrer. » Je souris, lui tapotant l'épaule. « Je suis à pied, t'en fais pas ! » Et c'est vrai que j'avais quelques verres dans le nez. Néanmoins, j'étais encore capable de faire plus de cinq pas sans m'effondrer.

Je sortis du bar et l'air frais rendit mes idées plus claires. Ma vue était toujours un peu floue mais ça allait. La rue était si sombre que j'avais du mal à distinguer le visage des gens que je croisai. À vrai dire, cela m'importait peu. Quand on avait l'avantage d'être de sexe masculin, on se faisait rarement emmerdé à cette heure tardive. Je bifurquai dans une ruelle un peu mieux éclairée. Une jeune femme marchait devant moi. Je n'y prêtai pas plus attention que ça jusqu'à ce que j'entende un bruit sourd. Quelque chose venait de tomber sur le sol. Je m'approchai de la petite masse noire et la saisis. C'était un portefeuille. Je supposai qu'il était à l'inconnue, marchant à vive allure devant moi. Je trottinai pour la rattraper et lorsque je fus à moins de cinquante centimètre derrière elle, je lui saisis le bras. « Excus... » mais je n'eus pas le temps de terminer ma phrase...

Sans que je ne comprenne pourquoi ou comment, le pied de la jeune femme que j'avais interpellée atterrit avec violence sur ma hanche. Je me pliai en deux, la respiration coupée par la douleur lorsque l'inconnue vint écraser son poing sur ma joue droite. Je me laissai tomber à terre, complètement déboussolé. Je me redressai légèrement et, craignant qu'elle ne m'assène un nouveau coup, je me mis aussitôt à hurler: « Mais vous allez arrêter, oui ou merde ?! Je ne vous veux pas de mal ! » Un chien, sans doute réveillé par mes cris, se mit à aboyer, brisant le silence.

Vu que la jeune femme semblait bien vouloir me croire, je pris le temps de me redresser sans la quitter des yeux, au cas où elle se jetterait à nouveau sur moi. Je lui présentai mes mains, pour lui prouver que je n'étais pas armé puis, lui tendit le portefeuille que j'avais ramasser avant de finir au sol. « J'ai ramassé ça par terre et je pensais que c'était à vous, je voulais juste vous le rendre... » Je passai ma main sur ma mâchoire endolorie et laissai échapper un gémissement. « Bordel... Vous m'avez sacrément amoché... »

L'inconnue me tendit la main pour m'aider à me relever et, sincèrement, j'hésitai à la prendre. On ne sait jamais qu'un nouveau coup m'attende derrière ce geste. « Je suis vraiment désolé, vous m'avez fichu une sacré trouille. En même temps c'est de votre faute, vous auriez du m'interpeller au lieu de m'attraper le bras! » Je pris la main de la jeune femme, plein de rage, et me redressai d'un bond en secouant la tête. Elle avait du culot quand même, de dire que c'était de MA faute. « Comment ça MA faute ? Écoutez, peut être que si j'avais envisagé la possibilité de me faire tabasser, je vous aurais peut être interpellé mais je vous avoue que je m'attendais vraiment pas à ça ! Puis, c'était pas une raison pour vous acharner comme ça, non plus... » Là, elle m'avait touché en plein ego.

Je frottai mes vêtements légèrement salis lorsque la jeune femme reprit: « Encore désolé de vous avoir frappé si fort. Si je peux faire quoique ce soir pour m'excuser, dites le moi. Je voudrais pas que vous me détestiez même si vous en avez complètement de droit. » Je grognai vaguement avant de hausser les épaules : « C'est bon, je vais pas vous détester non plus... Bref. Si vous voulez vraiment vous faire pardonner, vous avez qu'à me payer un verre. L'alcool soulagera peut être un peu la douleur. » Franchement, c'était le seul truc qui me venait à l'esprit : boire un verre pour oublier un peu les coups. Je décidai quand même de ravaler ma fierté et soupirai : « Sinon, au point où on en est, j'crois qu'on peut se tutoyer. Et sinon, moi, c'est Aidan. Et toi ? » Je lui tendis la main pour faire connaissance dans les règles.