another one of my problems (naïa-isis)

À l'instant où le soleil s'était mis à taper sur les parties de son corps qui s'étaient enfuis de la couette pendant la nuit, la blonde s'était mise en tête de faire une balade à côté de la mer. Parce qu'avec cette saison, normalement, dans certains endroits du pays, les gens préféraient rester bien au chaud, l'hiver australien, c'était autre-chose. Une chose qu'Andeana appréciait purement parce qu'elle préférait passer son temps dehors plutôt qu'enfermer, ça l'étouffait, ça la rendait malade. Après tout, rien ne l'empêchait de sortir non plus à Andeana, parce que certains de ses voisins s'étaient mis à penser qu'elle était détraquée quand elle sortait pour se poser sous la pluie. C'est vrai, il y avait quelque chose de dérangeant chez-elle, ça ne fonctionnait pas pareil. Les minutes défilaient, la blonde faisait ses affaires chez-elle, s'occupait de ses plantes comme si elles étaient ses enfants, elle embêtait sa colocataire avec ses chansons à deux sous, puis enfin, elle se décidait de partir pour la plage. Elle finissait par s'installer pas loin d'une autre personne, puis sans gêne, répondait à son téléphone qui ne faisait que retentir depuis qu'elle avait pris son vélo. Son frère apparaissait sur l'écran, elle avait tellement de choses à lui dire sur l'instant, même si elle savait que lui n'aurait pas beaucoup de temps. « Ah mais attends, raccroche pas ! Je t'ai pas dit le plus important ! William m'a demandé en mariage ! » La réponse, son frère s'en doutait. Les yeux de la blonde se tournaient sur sa bague de fiançailles, la troisième bague qu'elle abordait fièrement sur ses mains. L'accomplissement d'un beau couple à son sens, même si tous ses mariages tournaient au divorce, même si après l'euphorie de ses jours où elle pouvait estimer avoir un mari finissait toujours par virer aux larmes. Mais Andeana ne pleurait jamais longtemps sur son sort, elle trouvait toujours quelqu'un, il lui restait tant d'amour différent à distribuer. Cette fois, elle ne comptait pas mettre fin à une histoire, elle estimait que c'était l'homme de sa vie, celui avec qui elle voulait finir ses jours. Bien que son cœur en mousse tournait rapidement quand elle voyait ses ex en ville, quand les souvenirs engloutissaient sa conscience. « Mais si je suis sûre que tu le connais. » Elle finissait rapidement la conversation avec son frère, le libérant enfin de ses histoires qu'elle mettait toujours cent ans à raconter parce qu'elle y mettait trop du sien.

Andeana s'imaginait déjà dans sa robe blanche, pour la troisième et dernière fois, à être celle qui serait la plus belle aux yeux de son compagnon ce jour-là. Elle détaillait bien à son frère qui n'en avait que faire des paroles de sa sœur sur ce sujet, parce qu'elle racontait la même chose tous les trois ans. Parce que son cœur débordait trop, qu'elle faisait tout trop vite. Cette fois-ci elle avait trouvé l'excuse qu'elle était en couple depuis bien plus d'un an, ça voulait tout dire, elle connaissait bien son copain et malgré les absences qui la détruisaient en silence, elle s'estimait être la femme la plus heureuse du monde. D'avoir touchée du bout des doigts le bonheur éternel. Comme à chaque fois. Alors qu'elle racontait son histoire, elle sentait qu'on s'agitait à côté d'elle, peut-être qu'elle ennuyait les autres, elle n'avait pas pensée au respect des autres parce qu'elle avait envie de le crier sur tous les toits ; elle était fiancée. Puis ça la rendait comme une gamine qui ouvrait son premier cadeau et en même temps ça l'angoissait comme une ado qui allait à son premier rendez-vous. Elle relevait les yeux vers une femme qui se tendait devant elle et alors qu'elle disait au revoir à son frère, elle se mettait à dire qu'elle devrait avoir honte. Elle fronçait les sourcils deux secondes avant de sourire, en raccrochant. Elle ne se moquait pas d'elle, non, dans la tête d'Andeana c'était encore la question de respect qui revenait sur le plateau, mais elle avait assez de cœur pour s'excuser de sa maladresse, si celle-ci avait réellement dérangée. « Pardonne... » Pas le temps de finir, ses mots filaient dans les airs, elle restait interdite devant ce que la blonde affirmait. D'un coup, elle se mise à penser à Neal et Allen, puis son cœur pinçait. Il est vrai qu'elle les avait embrassés, mais ça n'était jamais allé plus loin. Et ils n'étaient pas en couple. C'est ce qu'ils avaient dit. « Mais … mais non ! Ça n'va pas !? » Andeana finissait par la regarder dans les yeux, puis alors elle s'interrogeait vraiment sur le sujet. « Je ne peux pas être la cause de tout le malheur du monde, je n’ai rien détruit du tout ! Tu te trompes de cible ! » Si elle se sentait toujours concernée par tout, cette fois, elle refusait d'avoir quelque chose à voir, elle refusait de se dire qu'elle avait sans doute tout gâché pour quelqu'un.

La vénézuélienne ne comprenait pas ce qu'il pouvait se passer dans la tête de la blonde. Pourquoi est-ce qu'elle s'en prenait à la première venue, peut-être qu'elle en avait gros sur le cœur, que ça devait sortir. Et si c'était ça, heureusement qu'elle tombait sur Andeana parce que c'était une bonne oreille et que si besoin, elle l'écouterait jusqu'à ce qu'elle finisse de parler, que les mots ne lui viennent plus. On pourrait lui donner des coups, qu'elle resterait à comprendre pourquoi. Même sur l'instant, la surprise prenait le dessus sur ses paroles, elle ne disait pas d'insultes, fort heureusement, parce qu'elle n'aurait pas assumé derrière, elle ne sait pas s'y faire avec les bagarres, même si en tant qu'admiratrice de tous les films du monde, dont d'action, elle aimerait se battre comme tout le monde dans les films. Pourtant, avec elle, ça ne ressemblerait à rien de tout ça, parce qu'on ne peut pas s'entraîner avec des films et qu'elle n'a pas envie de s'entraîner à se battre. De toute manière, elle n'était pas le genre de personne à mettre de l'essence sur un petit feu. Elle préférait attendre qu'il s'éteigne de lui-même, alors cette femme se calmera bien un jour. « Je n'ai rien volé du tout. » Si une idée était venue la frapper au crâne sur le pourquoi elle s'énervait, elle doutait maintenant. William, il n'avait pas de copine quand ils ont commencé leurs relations. C'est ce qu'il disait et maintenant son cœur chavirait en l'imaginant avec deux femmes en même temps, deux vies dans la même ville, mais pourtant si lointaines. « Mais, vous parlez de qui ? » Elle essayait de se faire une image d'elle dans sa tête voir où est-ce qu'elle la connaissait. Mais elle avait croisé tant de gens avec ses voyages, tous les visages se mélangeaient et même si elle estimait avoir une bonne mémoire des visages, ce n'était jamais assez bon. « William ? » Andeana avait plutôt la côte chez les William, parce que si son copain s'appelait comme ça, il partageait son prénom avec un de ses exs dont elle n'avait aucune nouvelle, bien qu'elle essayait de garder contact avec ses exs, parce qu'ils étaient amis avant tout.

La blonde avait l’impression d’atteindre un stade avancé de la stupidité. Elle disait un prénom, celui de William. Et l’autre femme disait qu’elle parlait bien de lui. En temps voulu, elle aurait été choquée qu’une femme écoute ses conversations, bien qu’elle parlait fort, qu’elle n’avait pas énormément de secrets, mais cette fois, c’était plus le fait qu’elle parlait de son William qui la chamboulait. « Euh … oui, je vais l’épouser. » Ses absences seraient peut-être liés à cette femme ? Son regard se remplissait d’une mélancolie soudaine. Un long film se créait rapidement dans sa tête, elle dans les bras de William, elle se pavanant dans les rues à ses côtés, les mots doux qu’il disait à Andeana, il pourrait très bien les dire à cette femme avant elle. Tout ça ne le dégoûtait pas de lui, mais elle se brisait en un instant, perdant son regard vitreux dans le sable. Puis au nom de famille, ses yeux s’élargissaient. Baker. Cette dame, elle lui parlait de son ex, pas de son copain actuel. Un rire nerveux la prenait, elle soufflait. Quand elle commençait à ranger ses affaires, la vénézuélienne se levait. « Mais attends ! Baker, j’ai pas eu de nouvelles de lui depuis des années ! » Elle secouait la tête et les bras. « Je te jure ! » Puis ensuite, elle se rendait compte, c’était peut-être elle la femme qui était passée après elle. Maintenant, il semblait être parti ailleurs, mais ça ne lui ressemblait pas. Du moins, de ce qu’elle connaissait de lui, parce qu’Andeana se trompait souvent. « Il n’est plus là ? Il est parti depuis quand ? » C’était indiscret, cette femme allait sans doute la haïr pour ces mots parce qu’elle semblait déjà bouleversée, mais sa curiosité était presque qu’une maladie, surtout quand il s’agissait d’un des hommes qui avaient pu faire partie de sa vie.

Ce William dont cette femme parlait, elle n'en avait plus aucune nouvelle depuis des années, il ne répondait plus à ses messages alors elle avait fini par abandonner, se disant que s'il voulait ne plus avoir de contact, elle respecterait ce choix. Elle n'était pas du genre à forcer les autres. Même si ça lui faisait mal parce que chacun des amours qu'elle avait eut, elle y avait mis du sien, elle y avait cru. Parce qu'elle rêve toujours de trouver la bonne personne, celle avec qui elle allait finir sa vie dans une belle petite maison à être heureux et à se remémorer des beaux souvenirs. Cette personne pouvait se trouver dans chacun de ses exs, bien qu'aujourd'hui il n'y avait que son William à ses yeux, qu'elle était quasiment persuadée que c'était lui qui pouvait combler le manque dans sa vie. Et elle arborait fièrement sa bague de fiançailles. Mais son cœur se brisa pour autre chose, quand elle disait qu'il avait disparu depuis deux ans, qu'il n'y avait plus aucune nouvelle depuis ça, même pas pour celle qui était sa copine de l'époque. « Son corps … ? » Soufflait-elle entre ses lèvres, presque inaudible, comme si on lui coupait la parole. On ne parlait d'un corps que quand il y avait un mort. William Baker serait mort ? Elle inspirait doucement, levant les yeux en l'air pour ne pas voir les larmes couler. Si elle n'était plus avec lui depuis bien longtemps, ça en restait pas moins choquant, ça ne lui enlevait pas la douleur qu'elle pouvait ressentir. Comme si des petits mois de sa vie s'enlevaient doucement de son cœur. Ça se trouve, c'était faux, il s'en était juste allé parce que cette femme était une mauvaise compagne. C'était ce qu'elle préférait se dire, bien qu'elle en doutait fort, elle ne voulait pas juger les gens sur une première vue, sur des idées basées rien. « Oui, ça n’a pas duré longtemps, mais ... » Ça ne durait jamais bien longtemps avec elle, peut-être quelques petites années, d’ailleurs la relation qu’elle avait actuellement était presque sa plus longue. Comme si elle n’arrivait pas à se caser. « Ne t’excuse pas, j’aurais probablement fait la même chose. » La blonde essayait d’esquisser un sourire, il était maigre et déformé par la tristesse, mais il était présent. « Je … je suis désolée pour toi. » Parce qu’il était sans doute, s’il était vraiment mort, la dernière personne avec qui il avait été. « Je suis certaine qu’on le retrouvera un jour. » Il y avait toujours de l’espoir avec la vénézuélienne, elle ne voulait pas se dire que tout était fini. Cette femme retrouverait William, même s’il ne donnait pas de nouvelles et que les chances étaient vraiment maigres.