sombre dans les ténèbres -r.

Avec un peu de chance, le conseil de discipline serait clément à son égard. Elle pourrait n’écoper que d’une radiation temporaire, de quelques mois. August ignorait quelles étaient les sanctions minimales dans son domaine, mais il ne pouvait s’imaginer que pour un tel écart, Sunny pouvait risquer la révocation de permis, qui mettrait carrément la hache à sa carrière. Certains professionnels devaient rassembler des facteurs bien plus aggravants pour une seule cause. « Tu crois qu’ils ne te permettront plus de pratiquer ? » Demanda-t-il avec surprise, mais surtout tristesse, quand Sunny parlait du fait qu’elle avait déjà commencé à refaire son curriculum vitae, dans l’optique d’avoir à l’envoyer à quelques endroits très prochainement. Des endroits qui n’auraient sans doute aucun lien avec le métier pour lequel elle avait si durement étudié, travaillé. « Je peux pas croire qu’une telle erreur te coûterait ta carrière … J’crois qu’il ne faut pas que tu baisses les bras … même si, c’est vrai, ça ne te fera pas de mal d’être préparée à toute éventualité … » Au moins, si elle était prête pour le pire, elle pourrait se revirer de côté et se remettre sur pieds un peu plus rapidement. Ça ne serait pas nécessairement plus facile sur le moral mais, au moins, elle aurait déjà évalué toutes les autres options. Elle saurait s’enligner vers autre chose. Pour le moment, ils s’enlignaient tous les deux davantage vers le repas. August reçut la mission d’aller chercher Iris pour se mettre à table mais, avant, il s’intéressa justement à son cas d’apprenti-cuisinière. « Une future médecin, alors ! La pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre. » Sunny n’était peut-être pas médecin, mais elle était dans le domaine de la santé, elle avait toujours aimé aider les autres à se rétablir. Iris suivait déjà ses traces, en quelque sorte, même s’il ne s’agissait pour le moment que de jeux. Bref, August alla chercher sa filleule avant de revenir s’attabler à ses côtés, Sunny ne tardant pas à les rejoindre avec les assiettes. « Merci de me recevoir, et bon appétit ! » Ils mangèrent en discutant, la conversation tournant surtout autour d’Iris puisqu’il était peu convenable d’aborder les sujets d’adulte et, de toute façon, ils avaient à peu près fait le tour de leurs scandales respectifs. Les histoires d’école d’Iris étaient tellement plus légères, réconfortantes. Un souffle d’espoir dans leurs vies chaotiques.  

August ne semblait pas croire que la punition pour ton écart puisse être aussi directe. Tu aurais aimé penser comme lui, mais tu savais déjà ce qui allait se passer. Comment pourraient-ils passer au dessus ? Coucher avec ton secrétaire à la limite pourquoi pas, mais avec ton patient, qui plus est dans la salle d’auscultation lors d'une séance. Ça, ce n'était pas possible. Et la réputation de l'établissement après si ça venait à éclater dans la presse à scandale ? Pauvre monde. « J'en suis même certaine. » affirmais-tu, la voix teintée de tristesse. Ce n'était pas le moment de te laisser abattre. Iris allait bientôt pointer sa tête pour venir manger et tu ne voulais pas qu'elle puisse voir à quel point sa maman était triste. Pour elle, tu devais être forte et surmonter tout ça sans qu'elle puisse le sentir. Tu ne voulais pas qu'elle soit affectée par tes erreurs et leurs conséquences. « Je n'aurais plus le droit de travailler et d'avoir une clientèle à m'occuper sans qu'on me surveille pour être sûr que je ne recommencerais pas. » Tu avais l'impression de décrire un monde un peu à la Georges Orwell - merci à Emrys pour cette lecture - mais c'est ce que tu ressentais. Ce n'était pas le genre de chose qui allait apparaître dans ton dossier, surtout quand tu postuleras dans un bar pour être serveuse et qu'on verra que t'es diplômée de médecine en kinésithérapie. « Malheureusement la réalité de ce monde est dure et je n'imagine pas qu'il puisse exister une autre possibilité. » Tu chassais vite ses idées noires en parlant d'Iris. Ton seul rayon de soleil en ce moment. La seule qui te permettait de souffler un coup, d'être soulagée et de ne penser à rien d'autres qu'à son bonheur. Son rire était salvateur. August était alors parti la chercher, installés à table, vous passiez à des sujets plus abordables comme l'école, les poules, le coin du potager, les batailles de guilis avant de l'endormir. Les vieilles histoires d'aventures avec son parrain adoré.Le reste de la soirée se déroulait dans les éclats de rires et la légèreté de ce moment entre vous trois.