I fall so hard, and I call it magic (zelda)

L’avant-veille, il y avait eu la première soirée sur le bateau de croisière, et Oscar, Perry et moi n’y étions pas allés de main morte ! Ça avait rapidement dérapé, avec des gens nouvellement rencontrés, et ça s’était terminé en bain de minuit plutôt intense et alcoolisé. Heureusement, il n’y avait pas eu de blessés, ce qui aurait bien pu arriver vue notre immaturité et toutes les bêtises que nous avions faites. Le lendemain matin avait été un peu plus difficile à vivre, par contre, et cela avait expliqué notre journée bien tranquille au bord de la piscine, à boire de l’eau et à se faire bronzer sur les transats. Puis, le soir venu, nous avions déjà prévu une soirée au casino tous les trois ensembles, ce qui ne m’avait pas permis d’aller retrouver Zelda encore une fois. Après tout, cette escapade en plein océan, je l’avais prévue avec mes deux meilleurs amis, et je ne comptais pas les laisser de côté parce que ma petite amie avait fait une inscription-surprise et dernière minute à la croisière. Certes, ça me réjouissait, plus que n’importe quoi, mais je ne devais pas oublier l’horaire franchement génial qui m’attendait avec mes amis. Le troisième soir par contre, nous n’avions pas prévu quoi que ce soit de particulier, alors je m’étais éclipsé de la chambre en le notifiant évidemment à mes amis. D’ailleurs, Oscar et Perry pourraient en profiter pour se faire une sorte de pyjama party, ou un truc dans le genre ! J’les savais bien assez tarés pour s’inventer un tas de trucs à faire pendant la nuit, une fois toutes les autres activités fermées. J’arrivai à la suite de Zelda, au pont supérieur, vers vingt heures. Je n’avais pas mangé, alors j’espérais qu’elle n’avait pas pris le temps non plus de le faire. J’avais toutefois songé à passer au bar pour prendre une bouteille de vin et l’amener avec moi. Je toquai à sa porte, même si j’aurais préféré m’y glisser par moi-même pour lui faire la surprise. Malheureusement – mais aussi heureusement -, toutes les portes étaient verrouillées, comme un véritable hôtel sur mer. J’attendis, impatient de passer une soirée haute en couleurs avec elle. À nos conneries, on pouvait maintenant ajouter l’amour, et ça, ça n’avait pas de prix.

Ses petits yeux fatigués s’agrandirent bien vite à ma vue, ce qui suffisait évidemment à me réjouir. Au moins, je ne la dérangeais pas. Ça avait toujours été dans nos habitudes de débarquer chez l’un et l’autre à l’improviste, mais depuis que nous étions ensembles, nous avions toujours convenu des prochains rendez-vous. Mais puisque cette croisière en était une de surprises, aussi bien y aller jusqu’au bout. « J’aime bien comment t’es habillée, moi, t’en fais pas. » Dis-je avec un sourire en coin, et un regard qui la dévorait, dans sa petite nuisette en satin. Je posai d’ailleurs ma main sur sa hanche pour approcher son corps du mien et pouvoir déposer un baiser sur ses lèvres. Plus les semaines passaient, moins je ressentais de gêne face à ces tout nouveaux rapprochements que nous vivions tous les deux. Zelda rougissait encore, visiblement, puisque c’était encore le cas présentement. Certes, il y avait encore cette petite timidité face au changement de notre relation, mais elle se dissipait peu à peu. Alors qu’elle aussi me détaillait du regard, elle remarqua bien vite la bouteille de vin que je tenais dans ma main droite, le long de mon corps. « Pourquoi changer les bonnes vieilles habitudes ? » Il y avait toujours de la bière ou du vin, ou n’importe quel alcool en fait, durant nos soirées. C’était dans ces moments-là que nous étions les plus cons, mais aussi les plus heureux. Pas que nous avions besoin de nous brouiller les esprits pour nous amuser, non, Zelda et moi étions déjà assez fous même dans nos états normaux. Mais il fallait avouer que ça donnait une petite touche de folie de plus. « Tu semblais bien installée pour une soirée de paresse, ouais ! » Qui sait, ça finirait peut-être comme ça aussi, plus tard, mais à deux. Collés dans le lit à regarder tout ce qui passait. Zelda se changea, malgré mes essais de l’en dissuader, et elle revint avec une jolie robe bustier. « Avec une aussi belle robe ça mériterait de te sortir, mais … j’avoue que c’était pas dans mes plans. » Répondis-je à sa question quant au déroulement de cette soirée que je semblais avoir concoctée. Je n’avais pas vraiment de plan de match, en fait. Tout ce que je voulais, c’était être avec elle. « J’pensais qu’on pourrait plutôt rester enfermés ici, ensemble, et s’faire commander un repas, puis beaucoup de dessert aussi … » Proposais-je avec un sourire qui en disait long, et des fraises au chocolat et de la crème chantilly dans les yeux.

Après quelques journées passées presque en totalité en compagnie d'Oscar et de Perry, bien évidemment qu'une soirée en compagnie de ma petite amie me semblait alléchante, et me donnait aussi quelques idées. J'avais beau affectionner énormément mes deux meilleurs amis, leur présence ne m'apportait pas les mêmes sentiments qu'avec Zelda, et je vous laisse imaginer pourquoi ! Ma proximité avec la jeune femme ne tarda donc pas à se faire sentir alors que je recherchais ce contact avec elle. Je l'attirai contre moi et l'embrassai avec empressement, après avoir attendu tout ce temps pour la retrouver. Et comme nos retrouvailles surprises sur le bord de la piscine s'étaient déroulées devant tous mes amis, nous nous étions gardé une petite gêne, quand même. J'en profiterais donc ce soir, qu'on sorte de la chambre ou non. « C'est dans ces moments-là que t'es la plus adorable. » Lui dis-je avec un sourire tout en l'embrassant à nouveau. C'est Zelda qui décida de rompre le baiser, avant de se rendre jusqu'à sa penderie temporaire pour y chercher une robe pour la soirée. À la voir aussi belle, je pensais à revisiter mes plans pour la soirée, et peut-être pourrions-nous sortir sur le pont au moins le temps d'une promenade. « Ça ne changerait pas trop de nos habitudes ! » Relevais-je en riant, en imaginant la scène : nous deux sur un lit, à chanter à tue-tête les chansons les plus nulles et vieilles du monde, comme si nous n'étions que les seuls voyageurs de la croisière. La scène était drôle, mais pas pour autant étrangère à ce que nous avions déjà pu faire ensemble. Avant l'amour, nous avions d'abord une amitié en or. « J'savais déjà tout ça de toute façon, fallait déjà que tu jongles entre ton emploi du temps chargé et nos sorties avant qu'on soit ensemble. T'en fais pas pour ça. » Je lui souris. Certes, j'étais quelqu'un d'affectueux et qui appréciais les soirées romantiques à deux. Du temps où j'étais avec Ally, nous passions tellement de temps ensemble. Ça me changeait de ce genre de relation, c'est vrai, mais je n'étais pas à plaindre, parce que le temps passé avec Zelda en était de qualité. Nous parlâmes finalement de ces fameux plans que j'avais en tête, et qui n'incluaient pas forcément une aussi belle robe. « Disons que je pensais qu'on pourrait se la couler douce, se faire servir ... » Et je lui parlai donc de mon idée de se faire venir le repas directement à la chambre, de boire du vin, bref de profiter du fait que n'avions aucune responsabilité ici-même. Quand elle me parla de son envie d'un tout petit riquiqui minuscule petit encas et qu'elle me força à m'asseoir sur le lit, je fronçai les sourcils. « J'espère que tu parles pas affectueusement de mon pénis, là, parce que je risque de mal le prendre. » Relevais-je en riant, avant de me laisser aller à ses baisers et ses caresses. Puis, elle se tassa pour aller prendre le téléphone et nous commander un repas pour deux. Elle revint bien vite vers moi, sur moi, et me proposa de regarder la télé ou d'écouter de la musique. « Va pour le film, on aura qu'à manger devant et puis, quand on en sera au dessert, on mettra sur pause ... » Je l'embrassai. Après le film, nous pourrions aller prendre l'air, aussi, et découvrir les endroits nocturnes les plus romantiques du bateau.

Nous aurions encore de nombreuses soirées sur cette croisière pour accomplir toutes les folies du monde, que ce soit dans le secret de notre chambre ou face au grand public de voyageurs. Peu importe la situation, Zelda et moi allions nous amuser, nous foutant royalement du regard des autres. Karaokés, courses de chaises roulantes sur les ponts du bateau, jeux d’alcool avec des inconnus, j’imaginais déjà une multitude d’activités à faire avec elle ! C’était ça, le bonus associé au fait que ma copine soit également ma meilleure amie. Sky’s the limit, nous n’avions peur de rien. « Alors on le fera ! » Lançais-je joyeusement. Il restait encore une dizaine de jours à ce voyage, quelques escales sur le chemin pour nous faire découvrir les grandes villes côtières d’Australie, et bien des surprises à vivre ensemble. Et puis, comme le disait Zelda, cela nous ferait du bien de nous retrouver après tous ses moments d’absence. Je ne lui en voulais pas d’être autant occupée, je savais que sa carrière était ultra importante pour elle et que c’était aussi sa passion, alors je l’encourageais du mieux que je le pouvais. Évidemment que j’avais cette crainte qu’elle n’ait plus de temps, ou qu’elle soit amenée à partir ailleurs, mais je me disais qu’on finirait toujours par se retrouver. Comme si mon cœur n’avait pas encore appris de ses erreurs, je ne voyais que les issues positives. M’imaginer une séparation d’avec Zelda, qu’elle soit amoureuse ou amicale – parce que sans doute que ce serait les deux en même temps, s’il fallait en arriver là -, ça me faisait mal, alors aussi bien faire comme si ça ne pourrait jamais arriver. Je la rassurai donc encore une fois, avant de passer au lit pour qu’on pense à commander notre nourriture et qu’on se cajole un peu en attendant. « Je te prendrais surtout toute nue … » Spécifiais-je avec un sourire taquin. Elle me força alors à m’asseoir sur le lit pour elle-même s’asseoir sur moi, ses jambes autour de mon corps. « Tu lui donnerais quoi comme nom alors ? » Demandais-je avec curiosité mais surtout amusement. Je trouvais ridicule les gens qui donnaient réellement des surnoms à leurs parties mais là, pour rire, j’avais bien hâte de voir ce que Zelda allait sortir. Une fois la blague passée, on s’embrassa avec passion et ardeur, jusqu’à ce que la rouquine cesse ce contact enivrant pour enfin passer l’appel à la réception, pour notre repas. « La mienne aussi … Enfin, faut dire, j’improvise rarement niveau romantisme, je suis du genre à tout prévoir trois mois d’avance pour que tout soit parfait … Mais ce laisser-aller, là, ça me fait du bien. Tout se fait naturellement. » Comme tout, entre elle et moi. C’était la force de notre couple, sans aucun doute. Je recommençai à l’embrasser, à faire monter la température entre nous, laissant mes mains caresser son corps et le faire frémir, jusqu’à ce qu’on soit interrompu, j’ignore combien de temps plus tard, par le service aux chambres. « Mhehhh … » Grommelais-je, déjà bien excité par notre moment intime. « Tu voudrais aller répondre ? Disons que … je suis pas … très présentable. » Avouais-je avec un sourire en baissant les yeux vers mon entre-jambes.  

Je souris à mon tour, la serrant contre moi. « Et toi mon héroïne. » Pas besoin d’être dans un jeu vidéo pour avoir droit à tout ça, parce que même dans notre belle réalité, Zelda et moi arrivions à nous sauver jour après jour. Elle m’avait sauvé d’un état léthargique, d’une peine d’amour qui rendait mes idées tellement confuses et aléatoires que je foutais toute ma vie en l’air. Elle m’avait permis de remonter à la surface, et d’enfin voir que la vie avait encore mieux à m’offrir. Une vie avec elle, une vie des plus simples, des plus drôles, des plus douces. Même si nous n’avions pas énormément de temps ensemble, puisqu’elle avait un emploi du temps des plus chargés, nous trouvions toujours le moyen de faire de nos rencontres les plus belles qui soient. Et puis, comme le disait la rouquine, elle pourrait très bientôt réaménager son emploi du temps. Peut-être que j’aurais droit à une petite plage horaire de plus ! « Ah oui ? Lesquels ? » Demandais-je, curieux, quand Zelda m’avoua son désir que je l’accompagne à deux événements de l’e-sport qui lui tenaient énormément à cœur. Je ne connaissais pas énormément ce monde-là, je n’étais pas aussi fan que Zelda ou Nelligan, mais à force de les entendre m’en parler j’arrivais de plus en plus à savoir de quoi il s’agissait. Bref, assez parlé de boulot et de projets futurs, ce soir, on se concentrait sur le moment présent, et pas n’importe quel moment. Zelda était à califourchon sur moi, et déjà nous repartions dans nos délires, comme le nom qu’elle pourrait donner à mon sexe. « Ma queue est une femme-soldat ? » Je ris. « Mais j’avoue que la connaissant aussi sous le surnom de Mother of Special Forces, j’avoue que c’est vrai que le truc des forces spéciales, ça lui colle plutôt bien … » Je continuai à rire, amusé par ma propre blague – comme toujours. L’ambiance devint tout d’un coup un peu plus chaude, sensuelle, alors que nous commencions à réellement profiter du corps de l’autre … jusqu’à ce que le repas arrive. Moi qui avais si faim dix minutes plus tôt, j’aurais maintenant apprécié qu’ils retardent un peu la commande. Après tout, j’étais plutôt en état de faire l’amour à Zelda que de manger, et ça se sentait même physiquement. Je l’indiquai d’ailleurs à Zelda, pour justifier le fait que je lui demande d’aller ouvrir la porte. « Bien sûr, on ira ! Dans deux heures, après l’film, il n’y aura plus beaucoup de gens sur les ponts, j’crois bien. On pourra profiter de la tranquillité de la nuit, de bruit de l’eau, … » Renchéris-je en me levant du lit pour aller la rejoindre, l’embrassant furtivement avant d’aller ouvrir les couverts pour découvrir toute la nourriture. « C’est vrai que ça a l’air bon ! Allez, on r’tourne se coller ! » Je retournai dans le lit en tirant le chariot de nourriture juste à côté, pour qu’on puisse se servir. « Qu’est-ce que t’as envie de regarder ? » Demandais-je en ouvrant la télévision ainsi que le menu de films.  

C’était une belle soirée, douce, amusante, romantique, bref un éventail de sentiments des plus agréables et c’était évidemment propice aux révélations. Je ne m’imaginais toutefois pas que ce serait le moment de s’échanger les je t’aime, même s’il ne fut pas formulé comme on le voit dans les films, même si nos cœurs ne se sont pas arrêtés de battre quand elle me le dit. Je souris. Zelda et moi avions beau nous être dit que nous nous aimions des centaines de fois, ce n’était jamais plus qu’avec de l’amitié en tête. Du moins, c’était ce que nous pensions. Ce soir, ces mots prenaient une tournure bien différente, et je me rendais compte que je n’étais peut-être pas forcément prêt à aller de l’avant aussi rapidement. La dernière fois que j’avais dit ces mots à une femme, cette dernière s’était cassée de ma vie sans rien dire. J’avais eu tellement mal du départ d’Ally, je m’en étais remis avec misère et faux pas, j’avais fait le con pendant des mois après qu’elle m’ait quitté. Mon cœur était encore blessé par cette rupture, je ne l’avais d’ailleurs jamais caché à Zelda. Alors même si elle le réparait peu à peu avec sa simple présence, Zelda n’avait pas encore réussi à chasser mes démons du passé. « Tu me rends heureux aussi. » Dis-je donc. Je pouvais au moins lui rendre ces mots-là, juste pas les autres. Pas encore. Elle ne sembla pas trop s’en inquiéter, ou alors elle était bonne actrice, parce que notre conversation ne fit que continuer sans interruption. J’en fus soulagé, retrouvant mon calme interne mêlé à cette douce folie que la rouquine créait en moi. Je ris quand elle me parla des plages horaires qu’elle me réservait alors que je m’intéressais plutôt aux événements en question auxquels elle voulait m’inviter. « J’me doute bien que tu ne te passerais jamais d’moi si tu le pouvais ! » Je rigolai. « Mais les deux événements qui te tiennent à cœur, auxquels tu veux que je vienne … Ils sont en Australie ? » Demandais-je, sachant fort bien qu’elle était souvent appelée à sortir du pays pour ces conventions. Si je devais moi aussi la suivre à l’autre bout du monde, il faudrait que j’aie quelques mois pour m’y préparer. Avec mon propre organisme à faire rouler, je ne pouvais pas plier bagages quand bon me semblait. On continua à s’embrasser, à s’aimer, jusqu’à ce que notre repas du soir arrive enfin à la chambre. C’est Zelda qui alla le récupérer, puisque j’étais légèrement indisposé, moi. Héhé. En revenant vers le lit, elle me demanda si nous pourrions aller à l’extérieur de la chambre, pour profiter d’une nuitée romantique sur le pont du bateau. Comme si j’allais refuser ! Mais avant … Elle revint s’asseoir à mes côtés et me donna quelques bouchées de différents plats, que je dégustai tout comme je profitais de ce précieux moment. On choisit finalement le film et, nous installant collés l’un à l’autre, nourriture juste à côté de nous, on regarda le film d’action rigolo, tel que demandé par ma princesse. Quand le générique de fin débuta, je me réveillai automatiquement – eh oui, je m’étais légèrement assoupi. J’espérais silencieusement que Zelda ne se soit rendue compte de rien … En même temps, c’était sa faute. C’était si confortable d’être blotti contre elle. « Oh, vraiment, je m’attendais pas duuu tout à la fin. Quelle plot twist ! » La subtilité.  

Nous en aurions d’autres, des moments romantiques. Le moment où je serais justement prêt à lui rendre ces trois mots qu’on disait parfois trop souvent, mais que je désirais réellement peser pour une fois. Je voulais qu’ils signifient quelque chose de grand, quelque chose de beau, lorsque je les dirais à Zelda. Parce qu’elle représentait un souffle d’espoir pour moi, elle était une énorme partie de ma vie et ce depuis toujours, et le tournant que notre relation prenait ne laissait qu’entrevoir le futur extraordinaire qui nous attendait. Toutefois, il était encore tôt à mes yeux, et même si je recevais sa déclaration à bras ouvert, laissant ces mots emplir mon cœur et mon être, je n’avais pas envie de me sentir obligé à le répéter à mon tour. Fort heureusement, Zelda ne me fit ressentir aucune de cette pression-là. Elle m’enlaça et me grattouilla le dos, avec son joli minois et son rire contagieux. Je souris en fermant les yeux, ses ongles dans mon dos auraient presque pu me faire ronronner. « C’toi le chat, avec tes griffes ! » Mais je n’allais pas m’en plaindre, j’adorais lorsqu’elle caressait ma peau de bout de ses doigts, grattait mon dos ou jouait dans mes cheveux. Le temps s’arrêtait tout d’un coup, et je pouvais profiter de ces précieux moments qu’elle m’offrait. Évidemment, je prenais tout autant soin d’elle, sans jamais que ni l’un ni l’autre n’en demande. Nous étions portés l’un vers l’autre, tout simplement à l’écoute. « Jamais j’me passerais de toi. » Dis-je en lui embrassant le bout du nez. C’était peut-être mielleux, les gens vomiraient peut-être des arcs-en-ciel à nous regarder mais au fond, qu’est-ce qu’on s’en fout, pas vrai ? Zelda et moi étions aux anges, flottant sur notre petit nuage Philadelphia, et rien ni personne ne nous en ferait descendre. « En Californie ! J’rencontrerais peut-être des stars ! J’pourrais partir en cavale dans les rues, à la recherche de Sylvester Stallone ou de Harrison Ford ! » Ou tous mes héros de jeunesse. De Rocky à Han Solo, en passant par Marty McFly. « T’en fais pas, je saurai m’occuper. J’visiterai les villes, en attendant quand même impatiemment de te retrouver quand on te donnera un peu de temps libre. » En espérant qu’elle en ait, du temps libre. J’étais plutôt autonome, assez indépendant, mais surtout quand j’étais amoureux, j’aimais passer du temps avec la personne aimée. Je ne parlais peut-être pas encore de l’amour avec le grand A, mais j’étais très certainement en train de doucement glisser dans cette direction. Tout comme je glissais doucement vers le sommeil, une fois mon ventre rempli et mon cœur comblé. Je ne me réveillai que lorsque le générique se fit entendre, et je fis mine d’avoir tout vu du dénouement, alors que pas du tout. Zelda ne semblait pas en croire un seul mot, elle non plus. Elle ne m’en tint pas rigueur et vint s’asseoir sur moi, pour m’embrasser et me parler de la suite des choses. « Allons sur le pont maintenant, comme ça, après … on reste au chaud et on n’a plus besoin de sortir avant demain matin ! » Parce que je savais que si je restais là, maintenant, je ne voudrais sans doute plus sortir dehors après.  

Je me contentai d’abord de sourire en la regardant me dire qu’il y a quelques mois, elle aurait presque vomi devant de telles paroles, mais que dorénavant elle voulait les entendre et les réentendre. Sans doute que n’importe qui autour, dans notre entourage, serait incroyablement surpris de nous voir agir de la sorte. En même temps, dans ma petite bulle d’amour, quand j’étais amoureux, j’agissais souvent de la sorte, un peu niais et mielleux, mais je gardais cela pour l’intimité. En compagnie des autres, je ne commencerais pas à miauler avec Zelda en l’embrassant sur le bout du nez … enfin, j’pense pas. « Jamais j’me passerai de toi ! » Répétais-je avant de rire et de la chatouiller. Puis, on parla de la Californie, des conventions qu’elle aurait là-bas et donc de ces voyages durant lesquels je pourrais l’accompagner, quand mon propre boulot et mon emploi du temps me le permettraient. Ça n’arriverait sans doute pas fréquemment, mais aller une fois en Californie ne pouvait que me faire rêver. Je ferais donc tout mon possible pour que l’idée se concrétise. « Exactement. J’ferai le naked man en t’attendant. » The oldest trick in the book, selon Barney Stinson. J’étais prêt à parier que Zelda éclaterait plutôt de rire. Ce serait à voir. En attendant, c’était sur une autre belle aventure que nous nous trouvions, et nous décidâmes d’en profiter un peu plus en allant marcher sur les ponts, parfois silencieusement, parfois en parlant de tout et de rien, juste nos deux âmes légères et heureuses, avant de rentrer dormir pour la nuit. La croisière nous réservait encore de nombreuses belles journées à deux.

TERMINÉ