One day, at the wrong place

Eden disait se foutre de ce que Woody pensait de lui, ce qui tombait bien puisque Woody ne pensait rien du tout, et pourtant l’homme semblait tenté de se justifier malgré tout. Il lui affirma que Freja avait été la seule avec qui il avait eu une relation dans ce bureau. Était-ce pour le rendre jaloux ? Était-ce pour lui remettre en pleine face que le lien qui l’unissait avec la brunette était spécial et privilégié ? Non, sans doute était-ce l’alcool qui commençait à faire effet, qui lui brouillait les idées au point de lui faire voir de l’animosité, des mauvaises intentions, là où il n’y en avait pas. Malgré tout, quand Eden parla du fait qu’il n’avait rien à cacher à ses supérieurs, Woody esquissa un sourire. « Je ne pense pas que ce soit le nombre de femmes avec qui tu l’as fait qui compte vraiment, mais l’acte en lui-même. Une fois ou deux fois, ça n’importe pas. » Lâcha-t-il, sur un ton détaché même si c’aurait pu passer pour une menace. Ce n’était pas le cas. Sans doute que ses supérieurs ne lisaient pas les blogs à rumeurs de Bowen, sans doute avaient-ils mieux à faire, et Woody avait lui aussi mieux à faire que de rapporter les écarts de conduite d’un autre. Sa vision des choses allait peut-être changer, tout dépendant de l’évolution de la soirée. Après la réplique insultante d’Eden, Woody savait qu’ils jouaient sur un terrain dangereux, et qu’ils étaient à deux doigts de basculer d’un côté comme de l’autre. « Je ne sais pas d’où tu tires toutes ces conclusions. Tout ce que les Writers peuvent t’avoir fait savoir, c’est que Sara et moi, c’est terminé, qu’elle a bien fait de laisser tomber. » Et c’était la stricte vérité, au fond, mais la rumeur se limitait bel et bien à cela. Et ça faisait plus d’un an, tout ça. Certes, Sara l’avait changé, mais ça Woody n’était pas prêt à en parler, pas aussi ouvertement. Il était passé maître dans l’art de se faire passer pour quelqu’un qu’il n’était pas, Woody. Il était bien meilleur à porter un masque qu’à être transparent. Ce soir ne ferait pas exception. « Et c’est le cas. Elle a bien fait. Comme tu dis, on a en commun notre penchant pour les histoires qui ne durent pas. » C’est du moins ce qu’il avait compris de ses paroles, de ses allusions. Après tout, toutes les autres rumeurs sur Woody abordaient ses multiples conquêtes, ses coups d’un soir.