(reden) up in the air.

J’explose comme une citerne trop remplie. Je sais que je ne devrais pas. Surtout en présence d’Eden que je ne connais pas mais j’ai un trop plein. Lorsque Freja arrive, maintenant que je suis en sécurité, je laisse toute ma peine sortir. Ce n’est pas au point de lorsque j’ai su que Sally était morte et que mon cousin me tenait. Au point des hurlements inhumains qui étaient sortis de ma gorge. Mais je me recroquevillai comme une huitre. Me refermant sur moi-même. Ma meilleure amie décide alors de venir avec moi dans le lit mais je ne l’entends pas. Je ne la sens pas. « J’ai si froid, chuchotai-je malgré moi. » Nous nous étions développés ensembles dans le même ventre, dans la même poche et j’étais maintenant seule. Alors, je m’accrochai à ma dernière parcelle de vie. A Freja. Je me foutais de ma douleur, je me foutais de ma blessure qui risquait de se rouvrir. Je m’accrochai à elle comme si ma vie en dépendait. Et elle en dépendait. Je ne voulais pas cependant l’empêcher de vivre et d’être heureuse. J’avais beau avoir l’esprit ailleurs, je voyais le regard. Je vis la main de Freja se tendre pour prendre celle d’Eden. Et merde. Je me redressai alors tandis que le médecin passait dans la chambre. IRM, etc. Pour voir si je n’avais pas une commotion. On voulait me faire une prise de sang car j’étais trop maigre. Fuck off. « Bon, allez parler à l’extérieur de la chambre régler votre souci. » Et c’est tout moi ça. Mettre ma déprime de côté pour laisser le temps à ma meilleure amie de s’expliquer avec… Putain mais c’est qui ce mec ? « Toi si tu lui fais du mal, t’as beau m’avoir sauvé la vie, je te broierai les couilles à mains nues. » Ma tête se mit à tourner et j’avais juste besoin de dormir. Je le savais. Les larmes coulaient toujours mais avec cette glace présente entre mon sauveur et ma meilleure amie, je n’y arriverai pas. « Allez ouste ! Je vais pas m’étrangler avec une perfusion en vous attendant. Et je veux voir du love. » A défaut de ce que je n’aurai jamais. Je pose ma tête sur le dossier du lit, ramenant mes jambes quand j’eus un violent haut de cœur. « Barrez-vous, je vais vomir. »

Lorsque Ruby se plaint d'avoir froid, tu t'approches d'elle, l'entourant davantage de tes bras et remontant la couverture sur elle. Tu veux faire tout ce qui est en ton pouvoir pour lui rendre la vie un peu plus facile et espérer qu'à présent, elle n'en viendra plus à de telles mesures. Tu ne supporterais pas de perdre ta meilleure amie parce que t'aurais l'impression qu'on t'enlève une partie de toi. Tu ne fais pas souvent confiance aux gens et ne te lies pas facilement d'amitié avec eux mais lorsque c'est le cas, c'est pour la vie. Lorsque le médecin arrive, tu es contrainte de descendre du lit pour qu'il puisse s'occuper de la jolie rousse. Néanmoins, tu restes à quelques centimètres de son lit, ne voulant pas la quitter. Malheureusement pour toi, Ruby en a décidé autrement. Elle a toujours eu un don pour voir ce que les autres ne voient pas et ton rapprochement avec Eden en fait partie. Tu secoues la tête alors que Ruby vous met à la porte. « Je refuse, je veux rester à tes côtés. Le reste ça peut attendre ! » Dis-tu de la manière la plus convaincante possible. Mais la jeune femme est coriace et quand elle veut quelque chose, c'est difficile d'aller à son encontre. Elle est un peu comme toi, au fond, Ruby. Du coup, tu te diriges vers la sortie, suivie d'Eden. Vous laissez la porte entre-ouverte afin d'avoir toujours une oreille dans la chambre au cas où. « Merci pour ce que tu as fait... Je ne sais pas ce que j'aurais fait si elle était... enfin tu vois. » Dis-tu en ne pouvant prononcer le mot "morte" à voix haute. Tu sens l'émotion te gagner à nouveau et ne sachant pas retenir tes larmes, tu fais un pas en avant pour venir te blottir contre Eden. C'est la première fois que tu es si vulnérable devant lui mais pour une fois tu t'en fiches. Pour une fois, tu as besoin de te laisser aller dans ses bras.

Peut-être qu'aux yeux d'Eden une réaction comme celle-là est normale mais pas pour toi. Tu es persuadée que certaines personnes auraient pu passer leur chemin, ne s'attardant pas pour une jeune fille suicidaire. Heureusement pour toi, Eden n'était pas comme ça et avait réellement sauvé ta meilleure amie. « Reste. » Dis-tu simplement lorsqu'il ajoute qu'il devrait aller se changer. Tu as besoin d'avoir sa présence à tes côtés, là, tout de suite. Tu as besoin de sentir son odeur et ses bras autour de toi. Tu ne l'expliques pas mais la présence d'Eden est rassurante et apaisante. « Tu crois qu'ils refuseront que je dorme ici ? » Demandes-tu légèrement inquiète. Tu n'as pas envie de laisser ta meilleure amie ce soir. Tu lui as promis qu'à présent, tu ne la laisserais plus jamais. D'ailleurs, tu lui as même proposé de venir vivre avec vous, au 17, pour un petit moment. Mais tu ne sais même pas si c'est possible et si Perry acceptera. Parce qu'après tout, c'est chez lui avant tout.

Je leur intimai de sortir. Je commençai à me sentir mal à cause de mon coup à la tête. Je sentis que Freja n’était pas trop pour mais je m’en fichai. Je voulais qu’ils s’accordent le temps qu’on me fasse mes examens. Le médecin et l’infirmière entrèrent lorsque mes amis sortirent. La femme me fit me redresser sur mon lit avant de me mettre une lumière dans les yeux, suivre le doigt tandis que le médecin regarda la plaie. Une vilaine blessure dit-il. Sans doute une commotion cérébrale. J’allais devoir voir un psychologue, un psychiatre. « Comptez-vous recommencer ? » Je n’en avais aucune idée. Mon esprit était confus, embrumé. J’eus un violent haut de cœur tandis que l’infirmière me tint le bassin. Le médecin répéta sa question et je lui lançai un regard noir. Jetant un coup d’œil à l’extérieur, je vis Freja et Eden dans les bras l’un de l’autre. J’aurai au moins fait quelque chose. Tandis que l’équipe médicale quitte la chambre, je pose mes deux pieds à terre. J’avais besoin d’une cigarette. Attrapant ma perfusion, je tente de me lever avec difficulté pour retomber au sol de l’autre côté du lit, à bout de souffle. Se louper était sans doute la pire chose au monde quand on a tenté de se suicider. J’allais devoir m’expliquer auprès des gens sur mon geste, instaurer de la pitié, avoir de la honte. Rageuse, je donnai un grand coup de poing dans le mur. Je sentis les os craquer sous l’impact avant de baisser la tête. Je voulais qu’on arrête d’être désolé. Qu’on arrête d’essayer de me comprendre.

Il ne sait pas et toi non plus. Mais au fond, tu t'en fiches pas mal que les médecins t'empêchent de dormir ici parce que tu le feras malgré tout. Tu as promis à Ruby de rester avec elle à présent et tu le feras. Même si tu dois te battre corps et âme pour ça. Tu as failli la perdre aujourd'hui et ça te bouleverse. Tu ne sais pas ce que tu aurais fait si elle avait réussi son coup. Tu soupires, restant blottie dans les bras d'Eden. Là, c'est un pilier pour toi et ça fait du bien. Cela te prouve qu'il est bien plus qu'un coureur de jupons. Que malgré ce qu'il essaie de faire croire, c'est un homme bien. Mais alors que vous discutez dans le couloir, tu entends du boucan de l'autre côté de la porte. Tu accoures, trouvant Ruby au sol. Très vite, tu aides ta meilleure amie à se relever, lui intimant de retourner au lit. « Je vais rester avec elle cette nuit. Je m'en fiche s'ils refusent. Merci pour tout Eden. » Dis-tu en souriant faiblement au jeune homme. Aujourd'hui, Eden t'a prouvé qu'il était important dans ta vie et ça, ce n'est pas rien. Mais à présent, Ruby doit se reposer et toi, tu te dois d'être là pour elle.