| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| (Lorenzo) tears to shed | |
| | Auteur | Message |
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Invité | Sujet: (Lorenzo) tears to shed Mer 30 Aoû 2017 - 2:09 | |
| Apprendre à jouer de la guitare pour les besoins de ce maudit épisode. Comme je passais la plupart de mes soirées seule, j’avais le temps de m’exercer. Et il faut dire que la musique adoucit un peu les peines. Souvent, je restai debout toute la nuit à juste jouer les mélodies qui me venaient dans la tête. Il faut dire qu’elles sont toutes un peu morbides. Comme disait Louis au début d’Entretien avec un vampire, j’aspirai ardemment à la mort. Ma vie perdait tout son sens. Y-a-t-il un manuel pour se remettre de la perte de son jumeau ? De la seule personne avec qui j’ai tout partagé. Depuis mon premier cri. Comment il a fait George sans Fred dans Harry Potter ? J’aimerai bien le savoir. On pense que ça n’arrive qu’aux autres. Tandis que Sally arpentait les bars, faisaient de nombreuses conquêtes, j’étais celle qui errait dans la ville comme une âme en peine. Si je n’avais pas été rousse, on aurait pu me comparer à Wynona Ryder dans Beetlejuice. Nos parents se sont trompés de prénoms. Elle était le joyau le plus brillant, le plus intense tandis que je restai terne. Je n’aimais pas en parler. Pourquoi faire ? A quoi bon appeler Alfie, Freja ou encore mes autres amis à Bowen ? M’apitoyer sur mon sens. Who cares ? Personne. J’ai perdu ma famille car je fus sans doute une mauvaise personne dans une vie antérieure. J’aurai cent fois préféré être assassinée comme Emily. Perdre tous mes repères, être condamnée à vivre sans, c’est tellement plus douloureux que de mourir. La mort est une solution de facilité. J’ai reçu le Boward de la personne la plus bizarre en compagnie d’une blondinette au franc parler et de Lorenzo. Il était temps que j’assume pleinement cette image de fille macabre. Celle qui se baladait avec les ombrelles et des robes en velours alors qu’il fait cent degrés en Australie. Ce soir ne ferait pas exception. Je me munie de ma guitare, vêtue d’une robe blanche, je me fichai éperdument de si j’allais rencontrer quelqu’un. Ou finir en millions de papillons comme Emily. Ça serait une belle mort non ? Une larme solitaire coule sur ma joue. La lune est déjà bien haute dans le ciel lorsque je me rends sur la plage. J’ôte mes chaussures que je glisse dans mon sac avant de me poser dans le sable. J’en sors ma guitare pour commencer à l’accorder. J’arrive à réfléchir dehors. J’arrive à penser un peu. Après avoir réfléchi à une musique, j’en trouve une. Je commence à jouer une musique un peu joyeuse pour une fois. Ce qui contrasterait avec ma personne. « Je t’aime un peu trop pour vivre sans que tu m’aimes aussi, commençai-je à chanter. » The Book of Life. Avec La mécanique du cœur, il s’agit sans doute de l’un des plus beaux dessins-animés jamais vus. « Je vis pour ta peau, je rêve de tes charmes nuit après nuit. » Je dodeline doucement de la tête tandis que mes doigts essaient de ne pas faire de fausses notes. « Le ciel est témoin que j’ai prié pour que tu sois enfin près de moi car sans toi plus rien ne veut compter. » Ma voix se meurt tandis que je me décide à laisser place à la musique. Ignorant que quelqu’un peut être présent sur cette plage. « C’est le plus beau des sentiments qui m’enchainent, c’est le plus beau des tourments si tu m’aimais vraiment. » |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Jeu 31 Aoû 2017 - 23:28 | |
| Ta vie commençait à prendre un autre tournant, réalisant que tu devais arrêter de vivre dans le mensonge, que tu devais accepter pleinement qui tu étais et profiter de la vie telle qu'elle venait. De ce fait, tu ne râlais plus autant quand ta petite routine se trouvait bousculé, tu pouvais te laisser à draguer un homme lorsque tu sortais avec Perry, même si c'était souvent avec Perry que tu voulais finir la soirée. Tu en profitais aussi pour draguer une femme et ne pas te sentir coupable. Tu aimais les deux, le plus important était de l'accepter. Et justement, ce soir, tu sortais de l'appartement de Perry, tu avais passé une soirée cool à manger de la pizza, essentiellement. Pour rentrer chez toi, tu décidais de faire un crochet par la plage, ce n'était pas un détour. La nuit était avancée, mais tu avais envie de voir le reflet de la lune sur la mer, voir les vagues onduler à leurs rythmes, mais une fois en haut du ponton, c'est une jeune femme qui attirait ton regard. Sa morphologie ne t'était pas inconnue, bien au contraire. Tu avais le coeur qui se serrait et tu prenais la décision de la rejoindre. A mesure que tu t'avançais, tu entendais des notes de guitare, suivi de quelques paroles chantées. Une musique que tu ne connaissais pas mais à la mélodie, tu aurais sûrement dit une chanson triste ou une chanson d'amour. Les paroles t'aiguillant aussi. « Je n’avais jamais réalisé avant aujourd’hui à quel point j’aime ta voix.. » déclarais-tu dans un moment de silence, entre deux de ses paroles. Elle allait sûrement avoir peur, tu t'étais approché d'elle comme un ninja, dans le silence le plus complet. « Ruby » Tu laissais un léger sourire venir s'étirer sur le bord de tes lèvres. Tu ne l'avais pas revu depuis des mois. Depuis que ça s'était fini entre vous. Tu t'étais mal comporté avec elle. Tu avais traversé ce moment de remise en question sur toi-même, incapable de vraiment te laisser aller avec elle. Tu n'avais jamais pu le lui dire, lui dire que tu l'avais aimé, sincèrement mais qu'elle était arrivé à ce moment de ta vie où tu vivais une véritable crise existentielle. Peut-être que si tu lui avais parlé, elle aurait pu t'aider, peut-être qu'elle t'aurait fui à toute vitesse mais tu n'avais rien dit, instaurant une sorte de distance, l'obligeant à mettre fin à votre relation. « Comment tu vas ? » demandais-tu, un peu timidement. Pour une fois que les rôles étaient inversés. |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Jeu 31 Aoû 2017 - 23:50 | |
| Je fuyais la compagnie des miens. Je sais que je l’avais promis à Freja. Depuis que j’avais fait mon saut de l’ange raté. Aurai-je dû y préférer l’acier d’un poignard comme Juliette ? Le poison comme Roméo. Je pensais que rejoindre Sally par la voie des eaux était logique. Morte par le feu, mon exact opposé pourtant si identique physiquement, nous devions mourir par-delà les contraires. J’avais promis à ma meilleure amie et à Eden que je vivrais. Que j’essaierai de revivre du moins. Comme fait-on pour réapprendre à vivre ? Comment fait-on pour respirer de nouveau ? Je pense à ça tandis que je me tourne de nouveau devant une étendue d’eau. Elle m’attire, me subjugue. Je fouille dans ma poche pour en sortir un médicament. Il est normal de se sentir déphasée après avoir perdue autant. J’ai perdu l’amour de ma vie, mon âme sœur, comment fait-on pour s’en remettre ? Je ne parlais pas de l’amour que je pouvais éprouver pour un être différent. Sally était l’amour de ma vie. Les autres me semblaient soudainement devenus secondaires. Mes larmes lorsqu’il était parti, mes larmes lorsque j’ai réalisé que j’avais encore tout fait de travers. Que ça soit avec elle ou avec eux. Mes parents, Larà, Sally, Freja et même Lorenzo. Je commence à jouer une chanson un peu plus joyeuse que celle que je jouais habituellement. Une brise légère fit voleter mes cheveux tandis que les paroles tournaient dans ma tête. Ma tête. Ma tête qui portait encore les stigmates de « l’accident ». Cet immonde pansement qu’on ne me retirera que dans deux jours. Juste avant que je ne reprenne les cheveux du plateau. Lorsque la mélodie se tut, une voix s’éléva derrière moi. J’en sursautai, le cœur battant à tout rompre. Je reconnus la voix et je me pétrifiai sur place. Combien de fantômes allais-je devoir affronter encore ? Une larme solitaire roula sur ma joue et je la chassais d’un geste rageur. Je n’osai regarder Lorenzo. Sans doute parce que comparée à la dernière fois où nous nous étions vus, je devais belle et bien ressembler à la mariée cadavérique. Traits tirés, une bonne dizaine de kilos en moins. Je réapprenais juste à manger, à essayer de sortir la tête de l’eau. « Lo… » Je déglutis. Stupide bégaiement réapparu dès la disparition de mon ancre. « Lo… Lorenzo. » Je lui jetai un coup d’œil paniqué. Je pourrais être l’une de ses femmes pleine de ressentiments, de colère envers lui mais il ne la méritait pas. Je ne comprenais toujours pas pourquoi il était parti mais on ne reviendra pas sur le passé. Car sinon j’irai la sauver. Sa question me prit au dépourvu. Exprimez-vous en chansons me disait mon thérapeute. « If I touch a burning candle I can feel no pain. In the ice or in the sun it's all the same. Yet I feel my heart is aching. Though it doesn't beat it's breaking. And the pain here that I feel. Try and tell me it's not real. I know that I am dead. Yet it seems that I still have some tears to shed. » Ainsi citai-je la fin de la chanson mélancolique d’Emily dans Corpse Bride. J’osai enfin me tourner pleinement vers lui. L’éclat de la nuit reflétait magnifiquement notre personnalité à tous les deux. Lui sans doute trop lumineux pour moi comme toutes les personnes de ma vie. Au bout d’un instant, je finis par détourner le regard. Ce dernier étant éteint. « Et… et… t… » Je baissais la tête, ayant encore plus de difficultés à énoncer mes paroles. « Toi ? » Je soufflai ce mot comme un soulagement avant de tendre la main vers lui, découvrant mon tatouage, ayant besoin d’un contact humain histoire de m’assurer qu’il n’était pas encore une de mes visions. Un de ses cauchemars qui venait me hanter. Me rappelant à la dure réalité qu’était ma vie. |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Sam 2 Sep 2017 - 0:34 | |
| Lorsqu'elle avait tourné la tête vers toi, tu n'avais pas vu. Peut-être n'avais-tu pas assez regardé parce que tu ne pouvais pas vraiment passer à côté. Pourtant, tu ne l'avais pas vu tout de suite, c'est en la regardant une nouvelle fois avant qu'elle ne te réponde que tu avais vu. Vraiment vu, une trace sur son visage, un pansement qui était présent. Tu fronçais les sourcils te demandant comment elle avait pu se faire ça. Sa réponse quant à elle, n'était pas plus joyeuse. Sur un ton léger, sur la mélodie des paroles qu'elle chantait quelques secondes avant, elle reprenait plus lentement pour toi cette fois. Tu ne savais pas si cela venait de quelque chose d'existant mais l'entendre prononcer ces mots te donnait la chair de poule. Que se passait-il dans sa vie pour qu'elle ait les idées aussi noir, pour qu'elle ait le coeur aussi triste ? « Ruby, que se passe-t-il ? » demandais-tu doucement, en te mettant à genoux pour être à sa hauteur. Tu plantais ton regard dans le sien, essayant de comprendre. Tu ne pourrais peut-être pas l'aider, peut-être même qu'elle ne voulait pas de ton aide, après tout si elle était arrivée à un mauvais moment dans ta vie, tu l'avais laissé à un mauvais moment dans la sienne. Tu n'étais peut-être pas responsable de tous ses malheurs mais tu avais une part de responsabilité dans tout ça. Tu ne pouvais pas le nier. A nouveau, son bégaiement refaisait surface. « Disons que ça va. » Tu n'étais pas le plus à plaindre, tu essayais de reprendre le contrôle de ta vie, de te laisser aller dans tes choix de romance sans pour aller te flageller derrière. Tu essayais d'accepter la réalité des choses sans la transformer en quelque chose qu'elle n'était pas. « Je suis content de te croiser ce soir, je tenais vraiment à m'excuser auprès de toi. » Tu marquais un léger temps de pause, ce n'était pas une bonne façon de dire les choses, pas comme ça, pas ce soir mais tu les avais sur le coeur depuis tellement longtemps et tu n'avais jamais eu le cran de l'appeler pour les lui dire. Maintenant qu'elle était face à toi, c'était le moment ou jamais. Tu pouvais encore te défiler. |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Sam 2 Sep 2017 - 0:56 | |
| Revoir Lorenzo rouvre d’anciennes blessures. Pas des plaies béantes comme j’avais à l’heure actuelle mais des blessures. J’étais encore blessée qu’il soit parti, mettant ça sur le compte que finalement, je ne l’attirai pas plus que ça. Et que nos vies ne coïncidaient pas. Et elles ne coïncideront jamais. Nous n’étions pas faits l’un pour l’autre. Et je ne suis faite pour personne. Je baisse les yeux, honteuse, grattant des notes sur ma guitare tandis que Lorenzo se baisse pour me regarder. Je ne croise pas son regard. Je n’en ai pas envie. Il était le premier homme de qui j’étais tombée amoureuse et le second à m’avoir brisé le cœur. Mais ce n’est pas dans ma nature d’être rancunière. Qu’est-ce qui se passe ? Mes parents sont morts, mes sœurs sont mortes, mes souvenirs de famille sont partis en fumée. J’ose enfin lever les yeux vers lui, embués de larmes. Je n’aime pas mentir mais je n’aime pas m’étendre non plus. « Sally… » Je prends une poignée de sable pour d’un mouvement fluide tourner la tête vers la mer et souffler dessus. Je fouille dans mon sac pour en sortir une cigarette. Et dire qu’il y a encore quelques mois, je luttais contre. « Elle… elle a fi… fini comme cette cigarette. » J’ose de nouveau tourner la tête vers lui. « En cendres. Comme le restant du clan McPhelps. » Dernière survivante d’un clan renommé en Ecosse. De ceux qui faisaient un très bon scotch. « Si tu me présentes tes condoléances ou que… que tu me dis que t’es désolée, je me jetterai du haut d’un pont. » Encore. Je ne parlerai pas de ma tentative de suicide. Puis, je tire sur ma cigarette pour me déplacer et ne pas cracher la fumée dans son visage. Ce visage que j’ai tant admiré. Lorsqu’il s’excuse, je hausse les épaules. « Je ne t’en veux pas. Il y a des personnes qui ne sont pas faits pour être ensembles et c’était notre cas. Je ne suis pas ta Victoria, je ne suis qu’une Emily. » Je me lève alors, dévoilant ma silhouette spectrale dans cette robe blanche, les bras nus. Je m’avance vers l’eau pour y tremper mes pieds. « Tu peux me dire les raisons si tu veux mais sache que toute justification serait vaine à mes yeux. Mais je t’écouterai. » Je n’ai toujours su faire ça, écouter. Sauf qu’à force de trop en entendre, j’ai sauté. Et dans les deux sens du terme. |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Sam 2 Sep 2017 - 1:13 | |
| La voir dans cet état ne te plaisait pas du tout. Tu ignorais tout ce qui avait bien pu se passer, elle avait attrapé une cigarette, mentionnant Sally. Elle t'en avait longuement parlé lorsque vous étiez ensemble, le personne d'un animé qu'elle avait adoré, tu l'avais bien vu au moins deux fois avec elle, et pourtant tu n'avais pas été capable de te souvenir que ses paroles étaient issus d'une des chansons du film. Elle allumait sa clope, te disant que toute sa famille avait disparu. Tu savais pour Lara, tu avais été avec elle, mais visiblement, il y avait eu autre chose. « Ruby.. » Tu te mordais la lèvre pour ne pas lui présenter tes condoléances, elle ne voulait pas les entendre et lorsqu'elle avait parlé de se jeter du haut d'un pont, tu avais à nouveau regardé son visage. Est-ce comme ça qu'elle s'était blessée ? Était-elle triste au point d'imaginer que la mort était son unique chance ? Cette pensée te serrait le cœur. « Tu te trompes. Je t'ai aimé, bien plus que je ne voudrais l'admettre parce que c'est toujours difficile. Je ne m'excuses pas pour me sentir mieux, je m'excuses parce que c'est sincère, parce que je regrette. » Tu avais mis un peu de temps à le réaliser, un peu de temps à l'accepter et tu avais toujours joué le froussard. Elle rirait sûrement si elle le savait, toi le bel italien qui l'avait dragué de prime abord dans un bar, ne doutant de rien, n'ayant peur de rien. Tu avais eu peur de la revoir, peur de devoir lui expliquer pourquoi tu avais pris la fuite. Ça en devenait presque ridicule. « Je suis bisexuel. J'ai longtemps repoussé ce côté de moi, celui qui m'empêchait d'être heureux avoir toi parce que je n'étais pas complet. » Tu baissais doucement les yeux, marquant un léger temps de pause avant de la regarder une nouvelle fois. Ce n'était pas tout. « Tu m'as apporté beaucoup de douceur et de lumière dans mes ténèbres, alors que moi j'ai attisé les tiens. » soufflais-tu faiblement. « Je regrette sincèrement ne pas avoir eu le courage de t'en parler. » Peut-être qu'aujourd'hui les choses seraient différentes. Tu ne pourrais jamais le dire avec exactitude, tu serais toujours dans le flou mais tu avais un assez bon espoir. Tu voulais croire que si ça n'avait pas marché c'était uniquement pour cette raison. Au fond, peut-être que c'est elle qui avait raison, peut-être que vous étiez destiné à ça. |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Sam 2 Sep 2017 - 2:51 | |
| Je me rendis compte que jamais je n’avais parlé de ma sœur jumelle à Lorenzo. Sans doute parce que je voulais la garder rien que pour moi. Que je voulais aussi qu’il pense que j’étais unique et non la copie de la perfection. Je baissais la tête, tripotant ma guitare sans trop savoir quoi dire. Je sens à son intonation qu’il est désolé. Qu’il a sans doute de la peine. Toutes mes cicatrices physiques étaient refermées. Sauf celle du front qui avait nécessité des points de suture mais pour le reste. Quand j’y pense, la peine que j’avais éprouvée lors de la mort de Larà était minime lorsque je pensais à celle que j’éprouvais maintenant. Il s’agissait d’un feu ardent qui brûlait en moi et qui me consumait. Ce qui est plutôt paradoxal quand on y pense puisque ma sœur est morte dans les flammes. Ainsi que nos parents. J’ai grandi dans une famille heureuse et aimante avec une cadette handicapée et une ainée qui me soutenait et m’aidait. Et maintenant, je n’avais plus personne. Je me redresse donc pour me balancer légèrement au gré du vent. « Tu as été mon premier amour, Lorenzo. Mon premier petit-ami mais la peine que j’éprouve maintenant n’a rien à voir avec notre histoire. » Ma personnalité n’a pas changé. Je restai la même dans le fond mais j’étais tellement abimée que je n’arrivai pas à voir le bout du tunnel. Je me tourne vers lui avant de hausser un sourcil. Puis, je secoue la tête, dépitée. Je pense que c’était la première fois depuis longtemps qu’une telle émotion passait sur mon visage. « On n’aime pas un sexe, on aime une personne. Je pense qu’au fond de nous, nous sommes tous un peu bisexuel. » Je fronce légèrement les sourcils avant de déglutir. « Et t’as eu peur qu’en me le disant, je… » Je mime les pas avec mes deux doigts pour signifier la fuite. Avait-il donc une si mauvaise opinion de moi ? « Je pense que nous avions chacun nos secrets et que c’est ce qui nous a conduit à rompre. » J’étais assez délicate pour ne pas dire que c’était lui qui avait rompu. Joie et lumière. Je serre mes bras frêles autour de moi. Puis, me mâchouillant la lèvre, je passe une mèche de cheveux derrière mon oreille avant de fouiller dans mon sac. J’en sors mon portefeuille avant de lui montrer le dépliant. Photo de famille de nous cinq avec deux petites filles rousses identiques au premier rang et la photo du bas lors de nos dix-sept ans et de notre bal de promo. « Sally était ma sœur jumelle. » J’en avais parlé à Alfie et en refaire mention aujourd’hui me brise à nouveau le cœur. Le craquelle un peu. « Il y a eu un incendie au manoir. J’ai été retardé à cause de la croisière. » Je prends une nouvelle poignée de sable que je jette au loin comme pour continuer ma métaphore. « Tu ne m’as pas poussé du haut de ce pont, Lorenzo. » Je continue de fixer l’horizon, tirant sur ma cigarette. « J’ai sauté toute seule. » Et il était la quatrième personne après Eden, Freja et Noam à l’entendre de ma bouche. Le premier m’ayant sauvé et les autres étant mes meilleurs amis. « On a foiré Lorenzo. Y’a rien à regretter. Maintenant t’es vivant. » Je me tourne vers lui, essuyant rageusement mes yeux. « Et moi, je suis morte. Et on sait que les morts et les vivants ne font pas bon ménage. » |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Jeu 7 Sep 2017 - 19:58 | |
| La réponse de Ruby était peut-être vraie mais tu étais assez peu d'accord avec elle. Ta soeur et toi n'étiez pas des modèle lorsqu'il s'agissait d'aimer qu'un seul sexe mais nombreux de tes amis étaient "normaux". Ruby l'était par exemple ou alors elle enfouissait cet aspect d'elle encore plus profondément que toi, ce qui ne te semblait pas vrai. « Je ne suis pas d’accord, beaucoup de personnes n’aiment qu’un seul sexe. Pas une personne. » Avant de pouvoir aimer une personne, il faut être certain d'aimer le sexe de cette personne et c'était là où le problème se posait pour toi. Tu ne pouvais pas te contenter d'aimer que les femmes puisque tu aimais les deux, mais pour être toi-même, il fallait que tu puisse l'accepter et c'était là qu'il y avait un couac. Mais ce n'était pas le seul, à vrai dire c'était plus une accumulation de petites choses. « Je pense que tu ne serais pas partie mais j’en avais quand même peur. Si je suis ton premier petit ami, tu as été la mienne après une longue période à vide. » Cela faisait cinq années que tu vivais en Australie, pendant ce laps de temps, tu n’avais jamais été en couple avec une autre femme, si ce n’est Charley mais ça ne pouvait pas vraiment compter parce que tu lui avais avoué toute la vérité. Alors peut-être que tu avais manqué de confiance, peut-être que tu avais peur de la décevoir en n'étant pas à la hauteur de ce qu'elle pouvait attendre. La preuve étant qu'à part vous embrasser, tu n'avais pas été capable d'aller au-delà. Pouvoir lui en parler semblait être libérateur pour toi. Elle attrapait son portefeuille pour en sortir une photo. Une photo de famille, de sa famille, où ils étaient cinq. Ruby, Sally, Lara et leurs parents. Tu savais pour Lara, mais pas pour Sally. « Je suis vraiment désolé pour toi Ruby, personne ne devrait à vivre ça. » Parfois tu te disais que ta vie serait sûrement plus simple si ton père était mort, tu n'aurais pas à traîner une culpabilité derrière toi comme un boulet. Et juste après, cette pensée t'effrayait parce que tu ne devais pas vouloir souhauter sa mort, c'était affreux. Ce qui rajoutait du poids à ta culpabilité. « Tu as tort. » Tu secouais une nouvelle fois la tête, peut-être que tu n'avais rien à voir avec tout ça mais tu avais tout de même une certaine hésitation et tu n'arrivais pas à la chasser. « J'étais mort, je ne vivais pas, je ne faisais que passer mes journées et attendre la délivrance finale. Mais aujourd'hui, je suis vivant et c'est en partie grâce à toi ! » Sans elle, tu n'aurais sûrement pas été te soûler dans un bar après l'avoir laissé filer, tu n'aurais sûrement pas rencontré Devan qui t'avait pas mal aidé à prendre en compte ta situation, à accepter que Dieu n'avait pas le contrôle de ta vie et que tu ne finirais sûrement pas en enfer pour avoir aimé un homme. « La seule question qui se pose Ruby, c'est : est-ce que tu as envie de rejoindre le monde des vivants ? As-tu envie de vivre ou veux-tu mourir ? » La mort n'était pas une solution et ce n'était pas une fin admirable, surtout à vingt ans, quand on a le choix de passer à travers tout ça mais tu pouvais la comprendre puisque c'était une idée qui t'avait longtemps tourmenté. |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Dim 10 Sep 2017 - 21:05 | |
| La dernière fois que je m’étais trouvée sur une plage en compagnie de Lorenzo, les circonstances étaient différentes. J’étais alors éprise de lui, éméchée et j’avais largué ma co-star pour être près de lui. Est-ce que je le regrettais ? Non car on apprend de nos erreurs. J’ai appris des miennes la fatalité de ma vie. De mon destin à venir. « Les points de vue divergent, les écrits aussi. Les gens sont tellement ancrés sur cette notion de sexe que ça les en rend malheureux. » Je pose mon regard sans émotion sur lui. Bisexuel, homosexuel, hétérosexuel ne sont que des mots. Des mots que l’on propose souvent sans réellement les comprendre. « L’orientation sexuelle n’est qu’une étiquette futile qui résume l’attirance d’une personne pour une autre. N’es-tu pas attiré par une personne pour sa personnalité ? Après tout, vous, les bisexuels vous voyez le monde avec les yeux de l’amour sans aucune limite. » Le sable s’écoule lentement de mes doigts comme un sablier. Sans doute ne serait-il pas d’accord ? Cet aspect de sa personnalité m’a toujours dérangée et je sais maintenant que ses doutes, sa pudeur et sa froideur ne vont pas de concert avec moi. J’ai besoin de sentir de la chaleur humaine sous mes doigts. Je suis déjà morte et deux personnes comme nous entourée par la mort ne sont pas faites pour être cote à cote. Je hausse les épaules à ses excuses déguisées. Je m’en fous. A vrai dire, je me fous de tout. De ma vie, de celle des autres, de leurs pensées. Je ne suis plus qu’une enveloppe vide dans le corps d’une jeune femme qu’on disait belle. Les gens ont trop vu Burton pour être attiré par moi. Je ne suis ni belle, ni sexy, je suis vide. Une sorte de coquille qui avance dans la vie sans trop savoir où elle va. Se cognant dans les murs, ne cessant de répéter que la vie est injuste, une vaste blague et qu’elle ne vaut pas la peine d’être vécue si on est seuls. Et je suis seule depuis bien trop longtemps. Même lorsque Larà et Sally étaient là, je me suis volontairement isolée. Dans ma timidité, dans mon bégaiement. « Et pourtant des gens le vivent, dis-je d’une voix blanche en regardant la mer qui s’agite. » Je voudrais pouvoir me laisser couler dans ses eaux noires. Laisser les poissons grignoter mon corps, disparaitre. J’étais déjà invisible pour la plupart des gens ici. Je le fus même pour Lorenzo. Un être fantomatique dans qui on ne peut pas placer sa confiance pour se confier. Je vais devoir vivre avec ce demi-aspect d’être qui respire. Juste mécanique. Je l’ai senti. J’ai senti lors de cette chute mon cœur se couvrir définitivement de glace. Je me souviens du bruit de mon corps de pantin entrant en contact à vive allure avec l’eau, du choc à la tête. De cette douleur insuffisante à mon cerveau. Elle n’égalait en rien celle que je ressentais à l’intérieur de mon corps. J’avais l’impression que quelqu’un s’amusait à me planter un millier d’aiguilles dans mon corps. De part en part j’étais transpercée comme une poupée qu’on épinglait au mur comme un spécimen. Un être dénué d’émotions, se sentant plus en phase avec l’eau qu’avec ses pairs. Une sirène. Lorenzo n’a-t-il pas dit que j’avais une jolie voix ? « Ravie d’avoir été utile à quelqu’un au moins. » Ma voix toujours si monotone. Mon corps de pantin désarticulé, je suis morte comme Jack. Comme Sally. Comme Emily. Comme ses personnes auxquels je m’identifiai avant. « C’est une question pertinente. » Hypnotisée par l’abysse, j’entre dans l’eau sans en sentir le froid. Sans me soucier que c’est l’hiver à Bowen. Ma main caresse doucement l’eau que je ne peux saisir. « Dis-moi, Lorenzo est-ce que tu voudrais toujours vivre si tu perdais ton frère et Bessie ? » Je n’ose poser le regard sur lui. Je sais que ce dernier est désormais voilé. Mes pensées me reviennent. Je devrais lutter contre mais je n’en ai pas envie. « L’être humain est habité par bien des démons. La cupidité, la luxure, la gourmandise mais dans le fond, il veut toujours le partager avec quelqu’un. Car lorsque Noé a construit son arche, les animaux n’étaient-ils pas par deux pour reconstituer des familles ? » Je tournoie doucement dans l’eau, à moitié détruite. Laissant la robe voler tel un vêtement me rattachant à cette terre. « Les amis vont et viennent. C’est éphémère. Les amants aussi. Et encore dans ma vie, ils n’osent y entrer. C’est vrai… » J’ai un geste rageur, jetant de l’eau au loin. « Ruby, elle est gentille, mignonne mais personne ne peut la désirer. Elle est trop bien, trop fragile. Le sexe, tout se résume au sexe. » Je pose alors sur lui pour la première fois depuis que je le connaissais un regard empli d’une colère qui m’animait depuis maintenant des mois. « Même toi, tu m’as quittée pour une question aussi futile que le sexe. Seulement… » Je lève le doigt, mettant en place mes idées. Je ne sais que dire. « L’acte sexuel est éphémère. Notre réussite, nos enfants, même le jour du mariage, on le partage avec notre famille. » Je sors de l’eau, trempée, sans doute frigorifiée mais je m’en fous. Je mime le geste de la balance. « Alors d’un côté, j’ai le choix entre vivre ma vie seule, sans les êtres que j’aime, avec mon cœur glacé ou partir seulement comme le suicide est puni, je ne reverrai jamais les miens. » Une larme coule sur ma joue, suivie par bien d’autres. « Quel choix, tu ferais ? Si tu perdais Bessie, ton frère, ta mère, tout le clan des Baratti, vivrais-tu ta petite vie prospère ou choisirais-tu la mort ? » Je me plante alors devant lui sans quitter son regard, le visage sans doute aussi trempée que mon vêtement. « Je choisis la mort. J’ai fait cette promesse de vivre ma vie mais dès que les gens auront le dos tourné, je plongerai dans cette mer et je deviendrai ce que j’ai toujours été : une sirène. Une immonde créature à qui on a arraché sa vie et qui est tellement repoussante qu’elle ne peut toujours le cœur d’un homme. Ou d’une femme. » Comme réponse, mes jambes se déroulent sous moi, j’incline la tête, mes cheveux sur mon visage, incapable de contrôler mes sanglots. Incapable de dire quoique ce soit d’autre. Si ce n’est que j’étais désormais folle à lier, un être abject, repoussant, le cœur plein de ténèbres et désormais de glace. |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Jeu 21 Sep 2017 - 13:41 | |
| Peut-être qu'elle avait raison, peut-être que le plus important dans le fond c'était d'aimer une personne sans regarder le sexe de la personne. Ne pas y prêter la moindre importance, mais tu savais que c'était bien plus compliqué que ça. Tu en avais longuement discuté avec Devan l'autre soir et ce n'avait pas toujours été facile pour toi de mettre des mots sur tous ça. « Le problème Ruby, c’est la religion. J’ai longtemps été rangé dans une case trop petite et étroite pour moi, que c’est difficile de s’en extirper. » Tu commençais à prendre conscience que tu devais vivre ta vie pour toi et uniquement pour toi mais c'était encore tout nouveau. Tu aurais juste aimé le savoir avant, tu aurais aimé partager une véritable relation avec Ruby. Elle avait beaucoup à t'offrir contrairement à toi. Tu étais présent mais sans jamais être là, c'était compliqué pour nouer une véritable relation, pour lui faire part de tes doutes, de tes peurs, de tes joies. Sa question venait se poser rapidement, quel choix ferais-tu toi, si tu étais à sa place ? Tu ne savais pas vraiment, tu ne pouvais pas savoir parce que tu ne vivais pas à sa place. Contrairement à elle, ta famille était encore bien trop présente. « J’ai déjà vécu sans ma famille. Ils n’étaient peut-être pas mort mais lorsque j’ai quitté l’Italie, j’ai coupé le contact. Il s’est renoué il n’y a pas si longtemps que ça. » Pendant quasiment 4 années, tu n'avais pas eu de nouvelles, ni de lui, ni d'elle et encore moins de tes parents. Ta mère faisait la morte, Bessie, elle essayait toujours de te contacter mais c'est toi qui faisait le mort. Puis ils étaient venus tous les deux s'installer à Bowen, prendre place près de toi. Tu avais été heureux de pouvoir renouer avec eux, même si les relations que tu entretenais avec eux n'étaient pas les mêmes. Bessie avait été longtemps éloignée de toi, de la vérité, tu la repoussais de peur qu'elle te rejette elle aussi. C'était là le problème, ton père t'avait rejeté, ta mère aussi, alors tu ne voulais pas que Bessie le fasse. Et ça avait été ton plus gros blocage pour Ruby, tu ne voulais pas qu'elle te repousse et pourtant, c'était exactement ce qu'il s'était produit. « Rien ne se résume au sexe. Tu es tombé sur des cons, mais regarde-moi, je t’ai désiré, je t’ai aimé. J’aurais aimé juste pouvoir t’offrir plus. Le problème ne venait pas de toi Ruby, cela n’a jamais été le cas pour nous. » A aucun moment tu n'avais pensé qu'elle avait été le problème, elle n'avait jamais rien fait qui pouvait te faire douter de vous. Au contraire, malgré sa timidité, malgré ses difficultés, c'était elle qui avait porté toute votre relation pour qu'elle puisse aboutir. Et c'est toi qui n'avait pas su faire tomber tes barrières. Laissant un mur bien trop grand pour elle. « Tu sais quand même que la mort ne te rapprochera pas d’eux ? Même si je crois en Dieu, je ne crois pas au Paradis, ni même à la vie après la mort. Quant on est mort, il n’y a plus rien derrière. Juste un écran noir. » Même pas de générique, c'était bien plus triste que la fin d'un film. Pour un film, on pouvait espérer avoir une suite, ou alors on avait l'imagination qui prenait le relais. Tu la regardais se lever pour aller se plonger dans l'eau. Impassible, tu ne bouges pas, tant qu'elle ne mettait pas la tête sous l'eau, tu la laissais faire. Mais tu t'inquiétais de son état, toutes ses idées noires étaient en train de la détruire. Elle qui avait été si vivante. Lorsqu'elle te regarde, pleine de colère, tu peux comprendre. Tu te lèves alors à ton tour, retirant ton pull pour lui mettre sur les épaules. « Je pense que je ne choisirais pas la mort. Au contraire, je crois que je voudrais vivre chaque jour de ma foutu vie pour les honorer, pour faire perdurer leur mémoire et qu’on se souvienne, le temps de mon existence, de la famille Baratti. » Tu plantais ton regard dans le sien avant qu'elle ne baisse doucement la tête. Les larmes roulaient le long de ses joues et tu en chassais quelques unes. « Mais si tu n’as plus envie de vivre Ruby, personne ne peut te forcer à lutter. Tu crois peut-être que tu es seule, mais tu te trompes. Tu ferais de la peine à des milliers de gens, tout ceux qui te connaissent en tant qu’actrice et qui t’adulent. A tes amis, à moi. » ajoutais-tu doucement, tu sentais ta voix se briser. Ton coeur, lui, manquait un battement. Tu n'imaginais pas la voir mourir, mais personne n'avait le droit d'être égoïste et de l'obliger à lutter pour quelque chose pour lequel elle n'avait aucun attrait. Pourtant, tu avais envie de lutter pour elle, pour faire revenir le sourire sur son visage qui l'illuminait, pour lui réchauffer le coeur et lui montrer qu'il y avait encore de l'espoir. S'il y en avait pour toi, il y en avait forcément pour elle. Il fallait juste continuer encore un peu. |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Lun 2 Oct 2017 - 21:50 | |
| J’étais devenue l’ombre de moi-même. J’en avais conscience. Il y avait Ruby avant l’accident, celle qui aurait sans doute mal réagi à l’annonce de la bisexualité de Lorenzo. Pas dans le sens où ça m’aurait gêné mais disons que j’aurai pu mal le prendre qu’il ne m’ait pas fait confiance. Et puis, il y a après. J’accueille cette nouvelle comme une fatalité. Il aimait aussi les hommes et alors ? Je ne suis même pas certaine de ma sexualité. Cette dernière ayant été mise entre parenthèses pendant longtemps. Même avec Lorenzo. « Dis-moi, es-tu vierge Lorenzo ? » Je penche la tête sur le côté. Je connaissais la réponse. Je savais qu’il ne l’était pas. Tout comme moi. « La religion dit bien qu’il ne faut pas coucher avant le mariage et pourtant tout le monde le fait. Tu es déjà voué aux Enfers alors fuck la religion. Et je te l’ai dit quand on s’est rencontrés, fuck tout le monde. Si t’es heureux avec un homme, une femme, un panda ou autres l’important c’est d’être heureux. » Ça m’allait bien de dire ça, sachant que la définition malheur s’accolait à mon prénom mais je m’en fichai. Il ne s’agissait pas de moi mais de lui. J’ai conscience que je suis horrible de lui demander à de se mettre à ma place. Mais je m’en fous. Sur le coup, j’ai envie d’être égoïste, de faire comprendre aux gens que je suis comme morte. Que je n’ai plus envie de revenir parmi les vivants. « J’espère que tu tireras une leçon de ce qui m’est arrivé. » J’avais les larmes faciles en ce moment. J’inspire profondément en levant les yeux au ciel. « Ne laisse plus jamais tes proches à l’écart. Même s’ils ne t’acceptent pas car… car… c… c… » Ma gorge se noue. Incapable de parler correctement. Incapable de formuler une phrase correctement. « Qu… qu… qu… quand on l… l… l… les p… p… p… perd… » ça fait trop mal. Dans l’eau, je voulais devenir poisson. Une sirène et évacuer ma peine. Je voulais quitter ce monde, ne plus y remettre les pieds et oublier qui j’étais. Tandis que je joue avec l’eau, je me tourne vers Lorenzo. « Le problème venait de nous ensembles, murmurai-je le regard perdu dans le vague. » Une sensation de froid m’envahit d’un coup, m’arrachant un frisson. Je sortis de l’eau, la robe trempée. J’ai le chic pour tomber sur les hommes qui n’en valaient pas la peine. Lachlan, Seamus, Alfie. Tous des menteurs, des tricheurs. Mon cerveau était rongé par le chagrin, par la peine, par le vide et tout était confus. Je me surprenais à penser du mal de mes amis. Je me surprenais à vouloir me faire du mal. Les ecchymoses sur mon corps en étaient la preuve. Ma maigreur, la pâleur de ma peau devenue translucide, j’étais en train d’essayer de disparaitre. Mais dépourvue de cape d’invisibilité. « Je vis déjà dans un monde noir, Lorenzo. La mort ne sera pour moi qu’une délivrance. » J’étais déjà morbide lorsque nous étions ensembles. J’aspirai déjà ardemment à la mort et Sally me maintenait en vie. Je fixe un instant le ciel, le visage en proie à une profonde mélancolie. A une douleur que personne ne pouvait apaiser. J’écoute Lorenzo me parler. Je l’écoute dire ses mots qui me transpercent le cœur de part en part. Inconsciente, je me suis approchée de lui avant de poser la tête sur son épaule. Pour moi. L’ultime coup de grâce. Je passe mes bras autour de son cou pour lâcher. Je lâche ma peine en évacuant la douleur. J’avais commencé auprès de Freja mais le faire avec elle était encore douloureux. Elle avait connu ma sœur. Lorenzo était complètement neutre. « Je… Je… je les hais. Ils m’ont abandonné. Ils sont partis et s’il n’y a rien derrière la mort, je ne les reverrai jamais. » Je voulais croire à quelque chose, je voulais croire que je les reverrai un jour. Ailleurs que dans mes cauchemars, que dans mes souvenirs. Autre part que sur les photos. |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Sam 14 Oct 2017 - 15:40 | |
| La question de Ruby était légitime, la religion, si on la suivait à la lettre, ferait du monde des personnes très pieuses, mais ce n'était pas le cas. La religion était là, mais le pêché lui, avait pris une part plus importante dans la vie. Il y avait de nombreuses choses qui étaient faites alors que c'était défendu, comme faire l'amour avant d'être marier. De ne pas être vierge le jour de sa noce, de tromper ceux à qui on a juré fidélité. Mais il y avait tout de même une grande différence dans tout ça. « Sauf que c'est un écart qu'on accepte. La société d'aujourd'hui ne renie plus ceux qui ont des rapports avant le mariage, les femmes ne sont plus autant dénigrées qu'avant pour avoir osé le faire. Mais les homosexuels, ceux qui aiment les personnes du même sexe et en général les hommes, sont toujours vus comme des créatures de Satan. Et tant que tu n'as pas vécu ce que je vécu, tant que tu n'as pas subi ma discrimination, tu ne peux pas savoir à quel point tout cela peut chambouler une personne. » soufflais-tu. Tu sentais la colère monter en toi, encore une fois, tu en voulais à ton père de te renier pour être bisexuel, tu lui en voulais de t'empêcher d'être heureux. Tu voulais avoir la liberté de vivre ta vie comme tu le voulais mais ce n'était pas encore possible. Tu continuais de travailler là-dessus. Tu écoutais alors Ruby essayer de parler mais les mots ne semblaient pas venir. Les larmes roulaient le long de ses joues et tu les regardais glisser doucement. Peut-être qu'elle avait raison, que le problème venait de vous deux ensemble mais elle avait vraiment essayé de te tirer vers le haut, tu n'avais pas du tout l'impression qu'elle puisse y être pour quelque chose.« La mort n'est rien de plus que la mort. Ce n'est ni une délivrance, ni une souffrance. La mort est juste la fin de quelque chose. » Tu haussais doucement les épaules, elle était venue s'asseoir à côté de toi, toute trempée par la mer, elle posait alors sa tête sur ton épaule. Ta main venait glisser dans son dos, pour lui montrer ta présence physique. « Tu es en colère parce que tu es seule, mais ils n'ont jamais voulu te laisser seule. La vie ne leur a pas laissé le choix, mais toi tu l'as. » C'était normal pour elle de penser cela, de croire qu'ils voulaient l'abandonner mais ce n'était pas le cas. Et même si elle se trouvait seule, il fallait qu'elle sache à quel point elle ne l'était pas. Tu n'avais peut-être pas été un bon amant, mais tu ferais de ton mieux pour être un bon ami si jamais elle voulait bien de toi dans sa vie. |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Dim 22 Oct 2017 - 17:10 | |
| La justification de Lorenzo était légitime. J’étais hétérosexuelle et je n’avais pas vécu le rejet d’être bisexuelle ou homosexuelle. J’avais des amis dans le milieu du cinéma qui l’étaient et ils n’avaient pas été rejetés. Au contraire. Je fronce un peu les sourcils avant de croiser les bras sur ma poitrine. « Tu sais pourquoi t’es rejeté Lorenzo ? Parce que tu ne t’assumes pas ! C’est pour cette raison que ça n’a pas fonctionné entre nous. Est-ce que je serai partie si tu me l’avais dit ? Non ! Et je pense que ta famille aurait fini par l’accepter bon sang ! T’as pas que ton père, t’as ta mère, ton frère et ta sœur. Alors arrête de te cacher derrière la religion. La religion n’a rien à foutre là-dedans, il s’agit juste de toi qui n’accepte pas cette partie de toi. Et tant que tu ne le feras pas, tu seras incapable d’être heureux. » Je savais que j’avais raison. Le rejet, on rejette tous quelque chose. Mon corps aussi froid que la mort, aussi pâle que le clair de lune ainsi que mes cernes en étaient la preuve. Sauf que je savais qu’il était capable d’être heureux, d’aimer une autre femme ou même un homme. « Si ça peut te rassurer j’ai été discriminée aussi. Pas pour mes opinions sexuelles car je ne sais même pas si j’aime les hommes ou les femmes. Je n’ai couché qu’avec un seul homme et j’en ai aimé un autre mais c’est tout. Non on m’a discriminé parce que je bégayais et que je le fais toujours, que je suis timide et rousse. On se fait tous discriminer, rejeter pour quelque chose et si les personnes t’acceptent pas comme tu es, elles peuvent aller se faire foutre. » La vulgarité était comme la cigarette, quelque chose de nouveau chez moi. J’avais pleinement pris part à mes origines écossaises. Vouée aux enfers car je suis désormais une suicidée et je m’en foutais pas mal. Je voulais juste arrêter de respirer, ne plus sentir mon cœur battre. « T’es en contradiction avec tes idées religieuses. Tu me parles de l’enfer et de démons en ce qui concerne l’homosexualité mais tu ne me parles pas d’enfer et de paradis en ce qui concerne la mort. Preuve encore une fois que j’ai raison. T’as juste peur de qui tu es et tu te caches derrière des prétextes. » Je passe une main dans mes cheveux trempés, tentée de retourner dans l’eau, de devenir sirène et de laisser ma vie derrière moi. Comme Phoebe lorsqu’elle doit renoncer à Cole. Ce soir, je devais fermer le chapitre Lorenzo une bonne fois pour toutes, je devais me dire que tout était fini. Le laisser s’envoler comme Ted avec Robin à la fin d’How i met your mother. Sauf que c’est lui qui ne voulait pas me laisser m’envoler. Il voulait me maintenir enchainer au sol comme un oiseau pris en cage. « Sauf que je suis seule, Lorenzo. » je m’écarte, ne voulant pas qu’il se rende compte à quel point j’avais changé. A quel point, je devenais cette chose inanimée avide d’en finir. « Freja et Noam n’ont pas besoin de moi ; toi t’es parti. J’ai enduré cette année plus qu’aucun être humain ne pourra jamais supporter. J’ai perdu ma famille, le mec que j’aimais parce qu’il… bref et maintenant ouais, je vous en veux tous. Parce que tout le monde me dit de continuer à respirer alors que j’ai plus rien. » Je fouille dans mon sac pour en sortir une cigarette que je colle entre mes lèvres avant de l’allumer. « Je ne t’en veux pas d’être parti mais il est temps pour toi de faire ce que j’ai fait : laisse-moi m’en aller. » Il savait que je me considérai comme un chat noir, il savait que je n’avais pas confiance en moi et maintenant que je les avais perdu, il me restait plus rien. |
| | | Invité | Sujet: Re: (Lorenzo) tears to shed Mer 1 Nov 2017 - 12:58 | |
| Elle avait raison, elle touchait en plein dans le mille. Tu ne pouvais pas être heureux parce que tu ne t'acceptais pas et tu refusais de t'accepter en te cachant derrière les mots de ton père, sa réaction et la religion. Ton père était homophobe mais la religion ne l'était pas. Il y a des années en arrière c'était peut-être plus strict mais qu'en savais-tu ? Tu ne vivais pas à cette époque et tu n'y vivrais jamais. Tu étais coincé dans ton monde à toi, incapable de t'assumer. Elle avait vraiment mis le doigt là où ça faisait mal. Elle continuait de parler, te racontant qu'elle aussi avait été discriminé pour différentes raisons. Peut-être mais elle n'avait pas été rejetée par sa famille pour ces raisons là. Ses parents ne lui avaient jamais tourné le dos. Tu t'en foutais pas mal des autres mais l'avis de ton père, c'était celui qui semblait compter le plus à tes yeux. Comme si tu avais besoin d'avoir son approbation pour vivre pleinement ta vie. Mais il fallait te faire à l'idée que tu ne l'aurais jamais. « Tu dis ça comme si c'était facile. » Tu avais eu l'impression que c'était toujours plus facile à dire qu'à faire. Comme tout ce que tu avais pu lui dire ce soir. Tu ne savais pas ce qu'elle ferait par la suite mais tu avais bon espoir qu'elle ne fasse pas n'importe quoi. Tu aimerais te démener plus pour elle mais tu n'y arrivais pas, tu étais un peu à court d'idées et tu ne voulais pas lui forcer la main. « Ce n'est pas parce que les gens partent qu'ils ne peuvent pas revenir. » Tu haussais doucement les épaules. C'était un peu ça la vie, des rencontres, des départs, des retrouvailles, des départs et des rencontres. La vie était toujours surprenante. Tu comprenais bien que pendant une année elle avait vécu les pires choses qu'on puisse vivre et elle ne voulait pas relever la tête. Elle préférait se noyer et se laisser couler parce que c'était peut-être plus simple que de tout affronter. Tu ne pouvais pas la blâmer, tu avais eu la même idée mais tu avais fini par sortir la tête de l'eau. Pas assez courageux pour t'offrir la mort. « Je vais te laisser alors. » Elle s'était un peu reculé de toi, comme si elle voulait que tu comprennes que c'était à toi de partir. Après tout c'est toi qui était venu t'asseoir près d'elle parce qu'elle était triste et que tu voulais lui présenter tes excuses pour avoir été un minable avec elle. Tu te levais pour t'approcher doucement d'elle. « Au revoir Ruby. » Tu venais déposer un baiser sur sa joue pour la dernière fois. Tu la recroiserais peut-être ou peut-être pas. Si c'était le cas, tu n'aurais sûrement rien à lui dire, elle voulait que tu la laisses partir et c'est ce que tu allais faire. Tu aurais aimé que les choses soit vraiment différentes. |
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