Ciàran & Topaz

Aujourd'hui, tu ne sais pas pourquoi mais tu ressens le besoin de marcher. Ta vie en ce moment est un grand n'importe quoi. D'un côté, tu as l'impression de perdre le contrôle avec Aisling, de l'autre, tu as cette sublime femme, Naïa, qui est bien trop présente dans tes pensées. Et tu sais ce que ça veut dire, Ciàran, mais tu refuses de l'admettre. Bref, pour essayer de faire le point, tu n'as jamais trouvé meilleur moyen que la marche. Tu passes d'un quartier à l'autre ne sachant pas réellement depuis combien de temps tu marches lorsque tu arrives à Wester District. Là-bas, un homme t'interpelle de l'autre côté du trottoir. Tu regardes d'abord autour de toi pour vérifier que c'est bien à toi qu'il s'adresse avant de marcher dans sa direction. « Je pense qu'ils sont en pause mais ils ne devraient plus tarder à rouvrir. » Réponds-tu en regardant ta montre. Et alors que tu t'apprêtes à partir, le type te demande si vous ne vous êtes pas déjà croisés. Tu fronces les sourcils, t'attardant davantage sur son visage. Et là, d'un coup, tu le reconnais. Cela remonte à quelques années déjà. Tu as couché un soir avec la femme de ce gars mais ce n'était rien de sérieux. Tu le reconnais simplement parce que tu as pu voir des photos de lui sur les réseaux sociaux de sa femme. Tu prends un air incertain, comme si tu ne voyais pas réellement où il voulait en venir. « Je n'en ai pas l'impression en tout cas... » Dans un premier temps, tu préfères mentir pour connaître les intentions du jeune homme. Tu ne voudrais pas t'embarquer dans une pseudo guerre sans fondements.

Je souris légèrement. C’est une bonne nouvelle que l’homme m’annonce là, bien qu’attendre n’a jamais été un de mes points forts. La patience est une vertu bien trop inconnue pour moi, qui aime que les choses soient faites rapidement et les initiatives prises dans les mêmes délais. Sauf que des fois, on n’a pas le choix.
Puis, je m’approche parce que vraiment, sa tête me dit quelque chose. J’ai une vision de lui dans une tenue assez précise, un tee shirt de couleur bleue, sans que je ne sache d’où ça vient. Le pire, c’est que ça reste assez flou. Et j’ai comme l’impression que je serais capable de lui dire son nom, ce qui est totalement absurde, il faut le dire. « Sevan ? Ryan ? Celian ? » Je tente de me remémorer mais le tout reste flou. « Un truc en –an ? » Comment est-ce que je peux savoir ? Mes remarques me semblent particulièrement déplacées et je me sens particulièrement con. « Excusez-moi… » Je finis alors par lâcher, conscient que l’homme risque de me prendre pour un fou. « Je dois passer pour un dingue. » Je relève la tête en souriant, un peu gêné. « J’suis Topaz. Je viens d’arriver en ville. » Pourquoi est-ce que je raconte tout ceci ? C’est encore une autre histoire et pour tout dire, je ne sais pas précisément pourquoi je me confesse ainsi. La peur du jugement peut-être ?