it makes you so mad that you're not the only one (siam)

L'avoir dans l'appartement qui frôlait le sien ne le déplaisait qu'à moitié. S'il oubliait les femmes, il pourrait la voir presque chaque jour, voir son sourire chaque matin lorsqu'il sortirait. Même si ce n'était qu'une pensée, le matin, il ne sortait que pour courir et pour emmener les enfants chez son père. « Le destin ne fait des choses pas déplaisantes parfois. » Poursuivait-il avec un large sourire au visage. Il n'était pas réellement calculateur, le destin avait guidé sa vie à vrai dire, il l'avait mis sur le chemin de sa femme, il avait fait en sorte qu'elle le trompe pour qu'ils puissent se quitter et qu'il rentre à Bowen pour trouver une autre blonde, Siam. Et s'il ne savait pas réellement ce qu'elle représentait pour lui, elle n'en restait pas moins importante, elle était comme une accroche à Bowen dont il ne voulait pas se défaire, dont son absence n'était qu'une douleur de plus. Pendant quelques secondes le bruit de la ville couvrait les deux jeunes personnes qui restaient muettes. Il n'osait pas même la regarder pour ne pas être tenté de faire une connerie, de faire quelque chose qu'elle prendrait mal. Comment est-ce qu'il pouvait revenir dans sa vie et faire des gestes déplacés ? Jaeden ne voulait pas être pris pour un profiteur, loin de là. Il voulait en prendre soin, il ne voulait pas la jeter et lui faire du mal. Et peut-être que la meilleure manière de ne pas faire de mal à une femme, c'était de ne rien faire, ne rien espérer et ne pas donner de faux espoirs. Même s'il était toujours aussi mauvais à ça et que son envie pouvait crever les yeux. « Ça marche. » Il acquiesçait d'un mouvement de tête. « Cinq minutes ... » Il ne lui restait que cinq minutes en sa compagnie, après ça elle disparaîtrait derrière une porte et lui resterait comme un con à rentrer chez-lui pour retrouver le silence. « Ça va mieux, en fait ? » Sujet de conversation bateau pour combler le blanc qui s’était bien trop installé. Peut-être qu’elle se sentait mal à l’aise à ses côtés, d’où le fait qu’elle ne parlait pas. Rien que cette pensée lui donnait une sueur froide. Son regard ne se posait toujours pas sur la blonde, il la fuyait du regard.

S'il avait réussi à la rendre un peu mieux, alors il s'en satisfaisait. Jaeden ne demandait que ça, qu'elle se sente bien, qu'elle ne soit pas en colère pour quelque chose, encore moins contre lui. Il savait qu'il avait fait une erreur en la laissant, l'abandonnant alors qu'ils commençaient presque à voir quelque chose. Et en même temps, il avait presque fuit cette situation, parce qu'il était complètement paumé, qu'il sentait qu'il trahissait sa femme s'il commençait à ressentir quelque chose pour quelqu'un. Il ne pouvait pas voir une histoire, parce que la sienne ne s'était pas terminé. Que quelque part, il espérait trouver la force pour pardonner à sa femme et d'une autre part, il voudrait tourner la page. Il n'était pas capable de faire un choix. Comme à l'instant, où le silence s'était installé, qu'il y avait plusieurs possibilités qui s'offraient à lui. L'ancien agent préférait détourner les yeux, penser à autre chose pour ne pas être tenté de tout foutre en l'air. Un mouvement de recul lorsqu'elle agrippait son bras et son regard se tournait vers elle instantanément. « Peur ? Je n'ai pas peur. » Lançait-il avec un léger rire. Il se sentait trahi par lui-même parce qu'elle avait réussi à déceler ce qui n'allait pas avec lui, un blocage. « Tu dis ça parce que j'ai arrêté de parler ? C'est rien, tu sais. » Il pouvait l'apprécier dans le silence. Enfin tout ça n'était que des réflexions stupides, il basculait sa tête en soufflant avant de reprendre son regard. Puis il redevenait sérieux, pour ne pas jouer avec elle ou qu'elle ressente l'impression. Il fallait qu'il soit honnête, ce qui le rendait nerveux. « Siam, j'ai peur de te briser une nouvelle fois, parce que c'est toujours ce que je finis par faire, tu le sais très bien. » Il enfouissait ses mains un peu plus loin dans ses poches. « Je suis la plus mauvaise personne que tu peux avoir à tes côtés, je suis perdu dans tout. » Il ne voulait pas l’éloigner de lui, mais il ne voulait pas lui donner des faux espoirs inutiles.

Siam le connaissait que trop bien, lorsqu'il mentait, elle pouvait le sentir. Ça se voyait dans son regard, dans sa voix. Et s'il pouvait la taquiner sur ce sujet pour changer de conversation, faire semblant que tout allait réellement bien, la ramener chez-elle et s'en aller au pas de course pour cacher son mensonge. Il lui annonçait des mots qu'elle prenait mal et il comprenait sa réaction même si ça lui brisait son cœur en la voyant s'éloigner. Pas un mot de plus, Jaeden restait regarder la belle blonde se décomposer, voir le triste spectacle qu'il venait de créer sans réellement le vouloir. Il regrettait, il aurait préféré continuer d'entendre son rire qui transperçait son cœur d'une bonne manière que d'entendre ses phrases qui pinçaient son âme. « Siam ... » Disait-il simplement lorsqu'elle prétendait aller bien avec lui. « J'aimerais continuer de te faire te sentir bien, sauf que la dernière fois que j'ai essayé … je t'ai laissé pendant plusieurs mois. Même quand je veux faire bien, je fais de la merde. » Il revenait tout juste dans sa vie qu'il ne pouvait pas s'empêcher de foutre le bordel et la faire souffrir de nouveau. Le brun basculait sa tête en arrière, soufflant longuement en voyant les larmes de Siam. « Pleure pas, je ne voulais pas te faire pleurer. Excuse-moi. » Il recentrait sa tête, esquissant un sourire qui se voulait transmetteur tout en regardant la belle femme qui se tenait face à lui, même s'il savait que ça serait vain, il passait une main dans ses cheveux, nerveux. Et ne sachant quoi répondre à sa dernière phrase, il se lançait. « Je peux pas prétendre rester à tes côtés, t'écouter, te voir et me dire qu'on est des simples amis, sauf que j'suis pas capable de te donner plus. Et que tu en as certainement pas envie. » Avouait-il. Siam, sa relation était bien plus forte qu’avec une simple amie, elle était une tentation à laquelle il ne devait pas céder parce qu’il la ferait du mal. « Je ne veux pas partir, mais ... » Il ne savait même pas quoi rajouter à cette phrase, il se balançait sur lui même, détournant le regard quelques secondes. « Oublie cette conversation, tu veux ? Continuons notre chemin. » Un rire s’accompagnait, nerveux d’avoir encore tout gâché.

Elle pouvait espérer que ça se passe bien, mais Jaeden n'en était pas certain. Il savait qu'il ferait tout foiré, parce qu'il ne prendrait pas assez soin d'elle, qu'il aurait la tête ailleurs. Quand elle découvrirait ce qu'il était devenu à se balader dans les bars à n'importe quel jour de la semaine, elle serait vite déçue. Il préférait régler ses problèmes avant, ne plus être un lâche. Se retrouver et avoir assez de place dans sa tête et dans son cœur pour l'accueillir dans celui-ci. Son sourire triste comme seule réponse, il lui suppliait par la suite de ne pas pleurer. Qu'est-ce qu'elle ressentait exactement au juste ? Qu'est-ce que lui ressentait face à ça ? Il ne pouvait pas répondre certainement aux deux questions alors il baissait les yeux. Responsable de ce qu'il se passait alors qu'il aurait pu l'éviter, il ne voulait plus lui faire de la peine et pourtant c'était ce qu'il faisait, salement. Jaeden avait l'impression de jouer avec ses airs, faire qu'elle lui pardonne pour lui donner un coup de couteau dans le dos. Sauf qu'il était lâche, pas capable de se décider d'oublier sa femme pour le moment, il n'arrivait pas à faire le deuil de cette rupture et elle ne l'aidait pas réellement, parce qu'en refusant de signer, en l'envoyant ses excuses, il ne savait plus quoi penser. Et si la quitter avait été une erreur ? Siam pouvait trouver une meilleure personne que lui, il n'en doutait pas. Il s'en mordrait les doigts, probablement. C'était l'inconvénient de se faire trahir, de s'amuser avec d'autres femmes pour oublier sa peine, il avait fini par s'attacher à une. « J'ai toujours trouvé difficile de poser un mot sur l'inconnu. » Finissait-il par dire avant de souffler, espérant qu'elle ne prenne pas cette phrase n'importe comment. Il aimerait que ce soit aussi facile, qu'il n'ait plus qu'à se dire qu'elle était la bonne, qu'il pouvait tout envoyer en l'air. Mais il avait ses limites imposées par ses craintes. Il n'allait pas partir, pas cette fois. Sauf qu'il savait que pour mieux réfléchir, il fallait qu'il se tienne loin des deux femmes qui étaient capables de tenir son cœur. « Ok. » Une réponse simple avec un ton déçu, la balade se terminait déjà. Elle allait disparaître jusqu'à ce que le destin frappe à sa porte, qu'il l'aperçoive encore dans la nuit. « Y'a aucune chance qu'on soit voisin finalement. » Il tentait de se remonter le moral, se faire sourire plus franchement. Même s'il était quand même déçu. « Merci à toi de me laisser une nouvelle chance. » Même s'il était rempli de doute, il ne comptait jamais plus la laisser, il ne comptait plus jamais la blesser, du moins, il essayerait de tout faire pour. Il finissait bras ballant, la regardant avec un sourire. « Bonne nuit, Siam. » Rien de plus, parce qu'il n'avait rien fait tout à l'heure. Il manquait chaque occasion comme un imbécile alors que plusieurs hommes auraient déjà saisit leur chance.