(CJou) Don't be shy, take control of me

Elle disait qu'il t'aimait bien et tu ne savais pas si c'était vrai ou non, mais tu aimais beaucoup cette idée. Si ça continuait comme ça, tu serais bien capable de devenir le tonton cool de ce petit garçon, de lui apprendre la magie, peut-être même le piano. Mais il ne fallait pas non plus que tu t'emballes trop parce que justement, ce n'était pas ton enfant et une fois au monde, rien ne te disait qu'elle ne s'éloignerait pas de toi pour être avec le père de l'enfant. Ce qui serait tout à fait légitime. Alors tu gardais tes remarques pour toi, préférant voir comment ça se passerait d'ici quelques mois parce que tu ne voulais pas avoir de grands espoirs réduits en cendres. « Je suis costaud et t’es pas hyper lourde pour une femme enceinte de 5 mois. » Ce n'était pas méchant, d'ailleurs pour une femme enceinte c'était plutôt un compliment puisqu'en temps normal, elles avaient plus tendance à être lourde et à prendre du poids que l'inverse. Ce qui aurait dû être un signal d'alarme dans ta tête, ce qui aurait dû te faire dire que quelque chose n'allait pas mais tu n'y pensais pas de suite. Pour le moment, ta seule préoccupation était de l'asseoir sur une banquette, qu'elle boive un grand verre d'eau puisque tu suspectais une déshydratation avec la chaleur dehors. Cependant, une fois assis, c'était une autre histoire, tu avais commandé deux milkshakes parce que c'était ce qu'elle t'avait promis et elle te faisais une confession sur elle-même, sur son état de santé qui était bien plus important que ce que tu suspectais. « Lou-Belle, je comprends bien que tu ais peur que ton passé te rattrape mais tu as un petit être qui grandi à l’intérieur de ton ventre et il a besoin d’avoir de l’énergie pour être en bonne santé et le seule moyen pour qu’il puisse en avoir c’est que tu manges, toi. » Tu insistais bien sur les derniers mots que tu venais de dire, comme si tu voulais qu'il résonne dans son crâne et qu'elle comprenne bien toute la gravité de la situation. Ce n'était pas vraiment anodin et maintenant que tu le savais, tu allais sûrement te faire encore plus de soucis pour elle et pour son bébé. « Et je serais ravi de goûter à tes pâtisseries, je suis plutôt salé moi quand je cuisine. » ajoutais-tu doucement pour détendre l'atmosphère. Tu ne voulais pas lui donner l'impression que tu lui faisais la morale même si c'était un peu ce que tu faisais malgré tout, tu n'allais pas faire semblant de ne pas t'inquiéter juste pour lui faire plaisir. Tu n'étais pas capable de lui mentir de toute façon.

Alors que je me serrai doucement contre CJ, sa main sur mon ventre, je ne pouvais m’empêcher d’être désolée pour lui. Il avait vécu tellement lors de mon absence que je culpabilisai d’être partie. Il était avec Ciàran l’un de mes meilleurs amis et je me sentais aussi proche de lui que je l’avais été de Jim à la Nouvelle-Orléans. Je souriais de contentement car ça ne serait mentir que de dire que je n’aimais pas qu’on s’occupe de moi. Je n’étais pas le genre de femme à réclamer les caresses ou les câlins. Bien au contraire mais avec ma grossesse, mon corps changeait et ma personnalité aussi. Même si je restais plus ou moins la même. Aussi tarée qu’avant. « Waouh, t’es mon supermâle à moi, dis-je sur le ton de la plaisanterie. » J’éclatai de rire en le regardant avec mes grands yeux d’enfant éveillé. Il me posa délicatement sur la banquette et je vis mon reflet dans la vitre. J’avais une mine affreuse. Etant déjà pâle de nature, je devais faire encore plus peur à mon ami. Il prit place en face de moi et je lui confessai alors que je souffrais d’anorexie. Sa tirade ne changeait pas grand-chose au fond de moi. Si ce n’est que je me pinçai les lèvres en plus. « C’est une maladie, tu sais. Je suis malade. Les médecins essaient de me soigner mais lorsque j’ai la nourriture sous le nez, ça me… je sais pas, je n’ai jamais faim en fait. » Je passerai sous silence le petit séjour à l’hopital fait juste après l’annonce de ma grossesse. Au souvenir de Woody, mon visage se rembrunit. Quel énorme connard ! alors pour dévier la conversation, je me mets à parler gâteau. C’était quelque chose de naturel chez moi. « J’ai grandi avec quatre frères et il fallait les nourrir. Mais je sais faire le salé aussi. Notamment le gombo ! » Il faut dire que c’était une spécialité de la Nouvelle-Orléans et étant la seule fille de la fratrie, je me collais à la cuisine avec ma mère. « Sinon, t’accepterais d’être le parrain de Flocon ? Tu fais parti de la famille et comme t’es pas le père, j’veux qu’il t’ait pour modèle quand même. » Et comme je ne pourrais jamais rentrer chez moi, je comptais rester avec lui le plus longtemps possible. C’est bien connu, je suis comme la peste et le choléra. Mortelle.

Si en temps normal tu aurais rigolé à plein poumon à son jeu de mots, aujourd'hui tu esquissais qu'un léger sourire. Assis face à elle, tu avais l'impression de lui faire la morale, d'essayer de la culpabiliser pour qu'elle fasse ce qu'il fallait mais de toute évidence, ce n'était pas la première fois qu'elle entendait ce discours. Les médecins avaient déjà tous dû le lui dire, ce n'était pas quelque chose d'anodin, surtout dans son cas de figure à elle. Tu ne connaissais pas les risques, mais tu t'en faisais pour sa santé, pour celle de son bébé. « Je comprends, je me doute bien que ce n'est pas évident pour toi et tu n'as pas forcément envie de te forcer à manger même pour la santé de ton bébé. » déclarais-tu doucement en baissant le regard vers le verre d'eau que la serveuse t'avait aussi apporté le temps qu'elle prépare les milkshakes. Tu le prenais pour en boire une petite gorgée, réfléchissant rapidement à tout ça. « J'ai l'impression de me sentir impuissant, de ne pas être capable de te venir en aide. » Tu haussais doucement les épaules, en même temps elle ne t'avait rien demandé, c'est toi qui avait estimé qu'elle en avait besoin. Peut-être que tu te trompais. Elle partait sur un sujet plus joyeux, un souvenir de son enfance. « C'est une spécialité culinaire de chez toi ça non ? Je ne suis jamais allé en Nouvelle-Orléans lors de mes voyages mais je serais curieux de goûter à ça ! » Tu avais pas mal voyagé au cours de tes 8 ans de vadrouilles, tu avais découvert de nombreuses cultures, de nombreuses spécialités culinaires et tu étais sorti enrichi par chacune de tes étapes. Même si tu ne visitais pas la ville, tu serais heureux d'en découvrir les saveurs. « Je ne sais pas si je serais un bon modèle mais je serais ravi d'être le parrain oui, c'est un grand honneur que tu me fais là. » Un léger sourire venait se poser sur ton visage, elle venait de te faire cette demande mais tu gardais quand même en tête que le père aurait peut-être son mot à dire et que ça n'était peut-être pas définitif, ce que tu pouvais très bien comprendre.

Spoiler:

Ce n’était jamais évident de parler de mon anorexie à quelqu’un. De mon trouble. Les gens avaient souvent peur pour moi car on pouvait en mourir. Et j’avouerai que mon idée première était de disparaitre. Dans le fond, je fais la dingue. Je me teins les cheveux en rose, je porte des perruques mais je manque cruellement de confiance en moi. Gavi a bien fait son boulot. Il m’a bien détruite de A à Z. Je voyais toute la peine et toute l’inquiétude dans le regard de CJ. Je voyais bien que ça le troublait. Alors, je me penche en avant pour attraper sa main et nouer nos doigts. « Je vais bien, Cupidon. Tout le monde a ses petits travers, ses petits secrets et le mien est différent c’est tout. » Je lui fais mon sourire le plus doux que j’avais en magasin, essayant de faire passer la pilule. « C’est à moi de t’aider. Pas l’inverse. Je suis là pour toi et en échange continue à faire ton supermâle. » Distraitement, je caresse le dos de sa main d’un geste affectueux. J’ai toujours été un bisounours bien que je clâmai haut et fort que je ne croyais pas en l’amour. « Oh bah tu viendras avec moi quand j’irai voir mes frères après l’accouchement. Ça te plairait y’a de la musique partout et ouais c’est de chez moi. Promis la prochaine soirée qu’on fait, je viendrai avec le plat de résistance. » Mon pays me manquait. La musique, le jazz, l’ambiance, Daniel, Isaac, Leonard et James. La fratrie au complet. « parfait. Ciàran choisira la marraine. Tant que ce n’est pas une de ses poules. » J’ai une grimace avant de me lever pour aller m’asseoir à côté lui. Puis, je pose doucement ma tête sur son épaule en fermant doucement les yeux. J’ignorai si c’était dû à sa gentillesse, à sa taille ou à un tout mais… « Je me sens tellement en sécurité avec toi, murmurai-je avant d’attraper sa main et de la poser sur mon ventre. » Et pour une fois, j’en avais rien à foutre du regard des gens. Qu’ils pensent ce qu’ils veulent, je sais ce que CJ vaut : plus que tout l’or du monde.

rp terminé