(Jaelou) et paf la chienne!

Lui aussi l'était, effrayé. Parce qu'il n'en connaissait pas la suite de cette histoire, qu'il avait peur d'en ressentir des répercutions, bien qu'il accepterait presque volontiers qu'on vienne le remettre à sa place pour l'erreur qu'il avait commise. Il voudrait se rattraper, mais il n'en était pas capable, il était incapable de lui rendre la vue en un claquement de doigt. Il esquissait un sourire désolé, bien que rien ne le pardonnerait, même pas elle. Si ses paroles semblaient vouloir passer à autre chose, il n'était pas certain qu'elle le pense réellement, qui n'en voudrait pas à une personne qui lui gâchait la vie ? Même avec le caractère le plus beau de l'univers, il devait y avoir de la rancœur cachée dans son âme, elle devrait le détester Jaeden, pourquoi ce n'était pas le cas ? Il se posait des questions, mais tout s'embrouillait, il avait l'impression que toute sa concentration s'était enfuit dès lors que la tête de la femme avait touché le sol, il avait la tête vide, attendant son jugement, attendant les résultats et maintenant qu'il savait un minimum, il ne pouvait que s'en vouloir. Il baissait la tête, ne comprenant pas une nouvelle fois son histoire de croquemitaine, pourtant il voulait la comprendre, cette histoire, cette femme. Il voulait la connaître pour pouvoir l'aider. Sur l'instant, Jaeden voulait lui dire qu'il ne pouvait pas comprendre s'il n'avait que des petits indices, qu'il ne pouvait pas créer une histoire à partir de ça. Alors, il espérait pouvoir régler sa peur du noir, que cette histoire puisse s'évanouir dans un souvenir, que la peur du noir ne soit plus. Impossible aux paroles de la jeune femme. Mais il était bien stupide pour comprendre, ça il ne pouvait pas le voir, ses petits gestes qui voulaient tout dire et bien qu'indiscrète, il posait sa question qui lui restait sur le bout des lèvres depuis qu'elle lui en avait parlé. De quoi elle voulait parler, quelle était cette histoire, où voulait-elle en venir ? Finalement, elle prenait la parole, disant qu'elle allait lui narrer un récit, son histoire. Il l'écoutait, sans l'interrompre une seconde, aussi surpris qu'elle puisse s'exprimer ainsi après s'être réveillée d'un accident, morphine dans l'organisme. Elle était bien forte, cette Lou-Belle. Il regardait ses doigts s'agripper aux draps lorsqu'elle parlait enfin de Gavi, son oncle. Il fronçait les sourcils, restant silencieux, bien que dérangé, horrifié par ce qu'elle racontait. Il comprenait cette peur du noir, il ne pouvait la ressentir parce qu'il ne l'avait pas vécu, qu'il n'avait rien vu de similaire. Il baissait les yeux, serrant le poing. « Je suis tellement désolé. » Désolé que ce genre de personne existe, qu'elle en ait été victime, qu'elle ait dû affronter le regard de sa famille qui défendait un porc plutôt qu'une innocente qui s'en était rendue malade. Il ne voulait pas la faire souffrir de nouveau à en parler, bien qu'il se demandait qu'est-ce qu'il était advenu de cet homme, s'il se baladait toujours dans les rues, bras ballants, regard posé sur les enfants, les membres de sa famille peut-être, qui sait. Il la vengerait bien, pour que ses nuits soient de nouveau paisibles, que ses craintes ne se reproduisent plus jamais, mais il ne pouvait rien faire. « J'y trouverais toujours quelque chose de triste, c'est bizarre. » Il riait doucement, c'était réellement un instrument qui pouvait le faire craquer, il n'avait pas d'explication à ça. Il ne demandait qu'à voir, écouter pour voir si les larmes venaient embrumer sa vision. « Ne dis pas ça, je suis certain que toutes les couleurs de cheveux te vont. » La main proche de son cœur, il tentait de comprendre ce qu'elle disait, ressentir, mais rien n'y faisait. Il était tellement dans l’incompréhension de son geste qu’il se perdait, il ne pouvait qu’apprécier le fait que son cœur batte, qu’elle était bien là et qu’il n’était pas dans un rêve. Dès qu’il le pouvait, il retirait ses doigts, rabattant sa main vers lui-même, soufflant discrètement avant de la voir se rapprocher de lui. Avant qu’il puisse réagir, ses lèvres se déposaient sur celle du jeune homme, perdu, totalement déboussolé.  Et il ne saurait dire ce qu’il ressentait, il se sentait vide, surpris. Ses grands yeux restaient braqués sur la blonde, alors qu’il s’haïssait lui-même de ce geste, pas qu’il détestait pas, il n’en comprenait simplement pas le sens. Jaeden se relevait dans le silence, avant de reprendre la parole, lui dire qu’il allait chercher une infirmière, autre moyen de dire qu’il comptait s’en aller, que ce n’était pas plus mal pour eux. Il devait prendre l’air, se remettre l’esprit en place. Pendant quelques secondes, il ne parlait pas, quand elle posait la question sur l’électricité, sur une certaine alchimie entre les deux. Il avait appris, à ne pas s’attacher aux gens trop vite, il avait appris à écouter, garder les informations. Il l’avait écouté, il l’avait raccompagné, d’une certaine manière, ils étaient liés par le malheur de cette femme. « Non. Je ne te déteste pas, Lou-Belle, je ne pourrais pas te détester. » Volontairement, il sautait la première question, il ne pouvait rien y répondre. Il avait principalement ressenti du vide, le mal d’avoir l’impression de trahir sa femme, comme à son habitude. Bien qu’il se perdait dans des bras, que des lèvres avaient déjà rencontrés des siennes depuis sa séparation. Peut-être qu’il refusait d’admettre que cette fois, c’était différent. Qu’elle n’était pas une de ces femmes qu’il ne reverrait pas après une nuit d’amour. « Je viendrai prendre de tes nouvelles. » Il ne perdait pas une seconde pour prendre la porte, alerter une infirmière avant de se laisser glisser contre un mur, clope aux lèvres à l’extérieur.