T'étais où ?! [Maxim]

Depuis quelques jours je squattais le vieux phare au dessus de la falaise qui surplombait la plage après ma fugue. Ce n’était pas le grand luxe, mais j’avais un abri au dessus de ma tête au moins. Je me débrouillais plutôt bien, notamment grâce au fond que mes défunts parents avaient laissé, mais compte tenu de mon jeune âge, je ne pouvais rien loué de peine de me retrouver avec les assistantes sociales aux fesses. Par contre, j’appréhendais l’hiver, ne connaissant pas les conditions climatiques de la région. Il commençait à se faire tard, et je m’apprêtais à retourner au phare ou Lokhen m’attendait. Alors que je marchais dans le pénombre, je ne faisais pas tellement attention à ce qui ce passait autour de moi. Si ça avait été le cas, j’aurai probablement vu la voiture s’arrêtait et le conducteur en descendre.  Au lieu de ça, j’avançais droit devant, jusqu’à ce que je sente une main qui m’agrippe pas le col, me faisant perdre l’équilibre et me tirant vers l’arrière.

« - Ohhh »  lâchais-je complètement surpris par cette agression, perdant un peu l’équilibre alors que je me faisais traîner sans ménagement.

Je ne comprenais pas ce qui ce passait, mais j’étais à la limite de la panique lorsque je me retrouvais plaquais, dos contre une voiture. Je pus enfin apercevoir mon agresseur, et je compris que j’étais mal barré. Le mec au phare cassé. Alors qu’il m’avait enfin lâché, j’en profitais pour reprendre contenance et me redresser, tirant sur mon sweat pour le remettre correctement en place. Mécontent du traitement dont j’avais eu le droit, je soufflais un bon coup avant de lui dire de mauvaise humeur.

« - ça va ! Pas la peine d’être agressif ! » lâchais-je de mauvaise foi sur un ton peu amène.

Je restais quelques secondes interdit alors qu’il me rappelait du deal qu’il y avait eu, plusieurs mois auparavant. J’avais eu bon espoir qu’il avait oublié, mais j’avais un peu trop rêvé. Il était maintenant là, face à moi, et je ne voyais pas comment j’allais faire pour m’échapper de ce guêpier. Je me rappelais alors des raisons pour lesquelles je n’y suis pas allé, notamment qu’il ignorait mon nom et moi le sien, et surtout, le fait qu’il y avait plusieurs garages en ville. Je me retins de sourire avant d’utiliser ce que je savais à mon avantage.

« - Je connaissais pas votre nom et y a plusieurs garages à Bowen. » lui fis-je remarqué sans me démonter, «  Puis ça remonte à loin, alors quelle importance maintenant ? » grognais-je, espérant passer entre les mailles du filet. Et puis, je n’avais fait aucune promesse d’après mes souvenirs et même si c’était le cas, quelle importance ?

Finalement, Natanaël n’était peut-être pas qu’un chieur comme il m’en a donné l’impression. Bon certes, il l’avait été avec son contrat et son insistance, néanmoins, il semblait motivé pour faire en sorte que je puisse être efficace quitte à m’avoir dans les pattes en plein travail. «  D’accord » répondis-je en masquant mon enthousiasme qui pointait. Je ne voulais pas paraître heureux devant lui, mais en un sens, je me sentais pour la première fois depuis longtemps, autrement que comme un poids. Et Natanael sans me connaître, semblait confiant vis-à-vis de moi. Ça faisait du bien.

Lorsqu’il me donne les horaires d’ouverture du garage, je réfléchis quelques secondes avant de dire. « Je finis les cours à quinze heures tout les jours, sauf le jeudi ou je finis à dix-sept heures.  Je pourrais venir juste après les cours et rester jusqu’à la fermeture. » lui proposais-je alors. J’admets que la liberté des horaires qu’il me donne me motive encore plus à me tenir à notre marché. J’ai pas l’impression d’être « prisonnier » d’un contrat.

Il me montre alors les locaux, m’expliquant rapidement l’utilité de chaque pièce. Je me rends comptes qu’il est vraiment bien organisé mine de rien J’observes bien l’atelier et j’écoutes ses explications.

A vrai dire, je me demandais surtout pourquoi Natanael se donnait autant de peine pour moi.  Je n’avais pas été cool avec lui, mais il persiste au lieu d’exiger un remboursement ou pire, de m’envoyer les flics pour la casse du phare. Alors c’est vrai que c’est intriguant. Etant de taille bien plus petite que lui – bonjour le complexe d’infériorité -, je lève la tête vers lui en fronçant les sourcils. «  Pourquoi vous faites ça ? » demandais-je finalement sans comprendre. « Vous aurez tout aussi bien pu m’amener chez les flics. » lui fis-je remarquer. «  M’enfin, non, j’ai pas de question concernant le garage, vous m’avez bien expliquer » dis-je, lui faisant comprendre que j’avais assimilé ses explications. Alors qu’il éteint les lumières des pièces, je le regarde faire les mains dans les poches. Puis nous sortons, lui fermant les portes derrières lui.

« Non ! » t’exclamais-je aussitôt rapidement, peut-être même trop rapidement pour paraître naturel

Inquiet à l’idée qu’il découvre ma situation actuelle, je prends un air détaché « Non merci, mais c’est bon je vais marcher » lui dis-je en sachant que le phare que je squattais n’étais pas à côté. Certes, il était tard et ça pouvait paraître bizarre que je traîne dehors à cette heure-ci, mais bon, ça faisait deux fois qu’il me croisait dehors tardivement, il allait peut-être pas poser des questions. Au pire, je devais passé pour un gamin qui faisait un peu trop souvent le mur?