Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Halloween, une très bonne raison pour se déguiser et faire n'importe quoi. Aisling n'était pas vraiment la fille qui sortait le plus, enfin, avec le temps elle sortait de moins en moins en fait. Si au début de son emménagement à Bowen elle fréquentait beaucoup les bars et les boîtes, depuis un peu plus d'une année maintenant elle préférait rester en boule dans son lit que d'aller enchaîner les shots de vodka au bar. Elle se demandait parfois si cette facette là d'elle ressortirait un jour ou si la flemme, et à terme les responsabilités, prendraient le dessus. Mais quand il s'agissait de sortir avec Isaiah, la flemme l'emportait rarement. Et puis, la ville avait fait un village hanté spécial, autant le visiter. Surtout que faire peur aux gens était quelque chose de particulièrement jouissif pour la blonde. Enfin ça, quiconque la connaissait s'en doutait. Elle avait dont dit à Isaiah de se déguiser en zombi et de la retrouver à l'entrée du village. Elle avait trouvé des vêtements qu'elle ne mettait plus et les avait déchirés et salis pour en faire des guenilles. Elle se serait bien maquillée, mais elle était en manque d'inspiration et puis, elle n'avait pas vraiment le maquillage adéquat non plus, alors elle décida qu'elle demanderait aux maquilleurs sur place, il lui semblait qu'il y en avait.
Arrivé à l'entrée, Isaiah ne tarda pas. Elle le regarda, heureuse comme une gamine avant de lui sauter dessus.
-On peut aller décorer des citrouilles ! Je suis curieuse de voir tes talents artistiques sur autre chose que sur bois.
Oui, Aisling semblait avoir décidé du déroulement de la soirée, mais elle savait que si Isaiah décidait de ne pas faire quelque chose, il n'hésiterait pas à lui dire. Pendant un instant, son regard bleu se perdit dans celui de son meilleur ami, un léger sourire sur le bord des lèvres. En ce moment, elle se rendait de plus en plus compte de la chance qu'elle avait de l'avoir. Il n'y avait que lui, dans ce bas monde, pour l'aider à remonter toutes les pentes en bas desquelles elle avait pu se jeter.
Si dans son enfance, Isaiah avait adoré passer Halloween pour ramasser des bonbons de ces généreuses familles qui ouvraient leurs portes pour tous ces petits monstres déguisés, sa vision de cette fête avait complètement basculée avec les années. Probablement parce que ce n’était plus aussi innocent que lorsqu’il était haut comme trois pommes, maintenant qu’il prenait conscience de certains déguisements qu’osaient arborer certaines personnes. Des costumes offensants, de l’appropriation culturelle, name it, Isaiah était parfois outré des accoutrements de certaines personnes de son âge qui auraient dû avoir un peu plus de conscience que ça. Voilà pourquoi il avait toujours été un peu réticent à l’idée de se rendre à des fêtes d’Halloween, parce qu’il savait qu’il serait confronté à ces images, mais quand Aisling l’avait invitée à l’événement en retrait de Bowen, cette sorte de village hanté, il n’avait pourtant pas refusé. Premièrement parce qu’il savait que la ville avait mis énormément d’efforts dans la conception de ce village. Deuxièmement, parce que c’était avec Aisling qu’il le découvrirait. Il s’était donc confectionné un costume de zombie fait maison, comme le lui avait demandé sa meilleure amie. Il prit même le temps de se faire un maquillage à base de produits naturels et il s’enduisit le visage avec du faux-sang, et d’autres taches noires et grisâtres pour lui donner une vraie allure de mort. Arrivant à l’entrée du village après avoir marché sur une longue distance – les autobus de la ville ne se rendait même pas jusqu’ici, misère ! -, Isaiah ne tarda pas à repérer la blonde aux vêtements déchirés. Un long sourire fendit ses lèvres alors qu’il s’approchait d’elle en imitant une démarche zombiesque. Tout de suite, elle proposa d’aller décorer des citrouilles, curieuse de voir ses talents sur autre chose que du bois. « Je vais tailler ton visage dans ma citrouille, et après tu pourras la mettre sur ta tête et … ce sera … Une Aisling-ception ! » Il n’avait peut-être pas une énorme connaissance des grands classiques du cinéma, Isaiah, mais il avait quand même quelques références parce qu’il regardait de temps en temps certains films, dont Inception. Mais, quand même, la vision d’une Aisling avec une citrouille à son effigie sur sa tête avait quelque chose d’effrayant. C’était Halloween, après tout, non ?
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
En voyant approcher Isaiah, Aisling ne put s'empêcher de rire. Il imitait plutôt bien la démarche des zombis de film.
-Tu es effrayant !
Un compliment en cette journée d'Halloween. Il était merveilleusement bien déguisé. Et même maquillé ! Aisling se demanda où est-ce qu'il avait trouvé tout ça. Il était sans doute capable de se fabriquer son maquillage seul, avec des graines.
La blonde commença à arquer un sourcil à son explication avant d'éclater de rire. Aisling-ception, vraiment ?
-N'importe quoi !
Elle calma son fou rire, relevant son regard bleu vers Isaiah, un sourire follement heureux sur le bord des lèvres. Il y en avait-il deux comme lui dans ce bas monde ? La néo-zélandaise aimait à croire que non. -Tu as déjà vu ce film au moins ?
Elle imaginait Isaiah ne regarder que des films d'auteurs, ou bien les documentaires qui passaient sur la chaîne culturelle. Si tenté qu'il ait la télé, ce dont elle doutait pas mal. La blonde attrapa sa main pour l'emmener jusqu'au stand de citrouilles, elle avait hâte de voir sa tête sur l'une d'elle, ou quoique ce soit d'autre d'ailleurs.
-J'aurais beaucoup moins de talent que toi, mais interdiction de se moquer !
Elle eut un léger sourire, elle savait que c'était loin d'être son genre. Alors qu'elle attrapait un couteau pour commencer à entailler sa citrouille, elle osa entrer dans un sujet qu'elle savait momentanément sensible.
« N’importe quoi, peut-être, mais … ça te tente ! » La graine était plantée dans son cerveau, maintenant, ne restait plus qu’à laisser l’idée germer. Bientôt, Aisling le supplierait de tailler son portrait dans une citrouille, pour en faire son principal accessoire de fashion. Ils révolutionneraient le monde de la mode – ce monde qui était tellement étranger à Isaiah. La preuve, il achetait la plupart de son linge dans des friperies et devait bien ressembler à un mec sortit tout droit des années 1980. En même temps, paraîtrait-il que ça revenait à la mode, ce style-là. Ça allait et ça venait, par cycles. Peut-être qu’il était bien plus in que ce qu’il le croyait. « Bien sûr que je l’ai vu ! Comme tous les films de Di Caprio. Même Catch Me If You Can ! » Lança-t-il, comme tout fier de lui. En même temps, Isaiah aimait l’art, le cinéma était un art, et s’il n’aimait pas les films vides de sens pour rapporter des millions au box-office, il aimait les grands films et les classiques. Leonardo Dicaprio faisait relativement de bons longs-métrages, même s’ils rentraient la plupart du temps aussi dans les films à gros revenus. Aisling attrapa finalement sa main pour l’entraîner avec elle vers le stand de décorations de citrouilles. « Donne le meilleur de toi-même, et ça ne pourra qu’être magnifique. » Il sourit, avant d’attraper un couteau pour entamer son travail. Il ne blaguait pas quand il disait qu’il découperait les traits d’Aisling dans la cucurbitacée, d’ailleurs, il la détailla rapidement du regard pour trouver le bon angle. C’est alors qu’elle lui posa la question qui tue. Il baissa tout de suite les yeux sur la citrouille, qu’il commença à découper. Ce n’était pas un ça va habituel de courtoisie, non, elle le demandait parce qu’un mois plus tôt, Ezekielle avait signé la fin de leur relation idyllique. Isaiah s’était retrouvé du jour au lendemain à déménager, à affronter une vie dans laquelle il savait qu’elle ne reviendrait sans doute jamais, ou de façon éphémère, comme ça avait été le cas auparavant. Chose certaine, ils ne retrouveraient plus ce qu’ils avaient eu le temps de deux belles années. « Si tu fais référence à mon léger breakdown sur la plage et le fait que ce que je redoutais se soit concrétisé … ça va. J’avais eu le temps de m’y préparer, au moins. » Il esquissa un léger sourire, plutôt une grimace, sans lâcher sa citrouille du regard.
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
Aisling continua de regarder Isaiah, l'air perplexe. Heureusement qu'elle savait que c'était une blague. Elle voulait bien laisser trôner une citrouille à son effigie quelque part dans la maison, mais sûrement pas l'emmener avec elle. -Si ça te fait plaisir elle décorera euh... sur la table de chevet de Siobhan, avec une petite lumière.
Ça ferait une très jolie veilleuse, non ? Aisling, en meilleure des mamans, avait ce genre d'idée géniale. Que tout le monde trouverait affreuse. Mais ils n'avaient pas goût, c'est tout. La blonde le regarda, surprise, quand il lui dit qu'il avait vu tous les films avec DiCaprio, ça l'étonnait un peu, elle ne pensait pas que c'était son genre de film. Enfin, elle ne s'était jamais spécialement posé la question non plus il faut dire. -Tu me surprendras toujours. Et Titanic ?
Aisling leva les yeux au ciel avec cependant un léger sourire. Ça lui ressemblait bien de dire ça. Mais il n'avait aucune idée de ses talents artistiques. La blonde s'installa devant une citrouille, comme le faisait Isaiah. Elle regarda un moment le légume, réfléchissant à ce qu'elle pouvait dessiner dedans, mais elle n'avait pas trop d'idées. Elle décida alors de faire des yeux, un nez, une bouche, quelque chose de classique en somme.
Elle releva la tête vers lui, lui posant une question. Elle se mordit l'intérieur de la joue, certes, il avait eu le temps de se préparer. Ça n'avait pas été le cas pour elle et Perry, elle ne l'avait pas vu venir, cette claque dans la figure. Mais ce n'était pas la question. Pour une fois, ce n'était pas à elle se pleurnicher.
-Ce n'est pas parce que tu as eu le temps de t'y préparer que tu ne peux pas être... malheureux.
Elle continua de tailler le visage de sa citrouille, réfléchissant à ce qu'elle pouvait faire pour lui remonter le moral. -Je te proposerai bien d'aller draguer en boîte, mais je suis à peu prés sûre que ce n'est pas ton genre.
Il sourit à l’image que venait de mettre Aisling dans son esprit. « Ça fait pas du tout creepy, ça. Avoir la tête de ta mère découpée dans une citrouille qui veille sur toi la nuit. » Il rigola tout légèrement. « Je rigole. Tant qu’il n’y a pas de risque d’incendie … » Ça, ce serait beaucoup moins drôle. Certes, elle ne proposait pas d’y mettre une bougie, mais même avec les petites lumières on ne savait jamais trop à quoi s’en tenir. Et puis, de toute façon, elle resterait jolie pendant trois jours, cette citrouille, avant de s’affaisser. Ils changèrent donc de sujet aussi rapidement que la durée de vie de la citrouille, et parlèrent des films de Leonardo. Évidemment, le Titanic ne pouvait pas être laissé de côté. Il regarda Aisling avec un regard sensuel, et d’une voix mielleuse, il dit doucement : « Draw me like one of your french girls … » Il haussa rapidement les sourcils. « Ah non, c’est vrai, c’est moi qui dois le faire avec toi, là. » Ce n’était effectivement pas Aisling qui faisait son portrait, mais bien Isaiah qui faisait celui de la blonde … dans une citrouille. Ils allaient peut-être rester à cet atelier un peu plus longtemps que prévu. Alors qu’il s’attelait à cette minutieuse tâche, Aisling lui parla de façon indirecte de sa rupture, sans doute pas plus à l’aise que lui d’en discuter. Si Isaiah était toujours prêt à montrer son bonheur et à le rendre contagieux, il était moins habile quand venait le temps d’être près de ses émotions un peu plus négatives. Pourtant, il n’en avait pas honte, il ne savait juste pas comment les exprimer. « Je suis pas malheureux, la vie ne fait jamais rien pour rien, mais c’est certain que c’est plus difficile de dire au revoir à une relation de deux années qu’à des relations qui vont et viennent comme celles que j’avais toujours connues … » Il ne s’était pas attaché de la même manière et, surtout, il avait construit quelque chose de plus grand avec Ezekielle, parce qu’ils en avaient eu le temps. Quand Aisling parla de le sortir en boîte, Isaiah rigola. « Pour y draguer, no thanks, j’vais pas aller embêter des gens qui veulent juste s’amuser. Par contre on peut toujours y aller pour s’amuser, nous aussi. J’te montrerai mes moves like Jagger et toi les tiens. » Les deux passaient davantage du temps rien qu’eux deux, il était plutôt rare qu’ils sortent dans les bars ou les clubs. Ce pourrait être le moment de commencer.
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Aisling lui tira la langue à sa remarque. -Mais non, ça veut juste dire que je veille toujours sur elle !
Bah oui, voyons. Pauvre Siobhan, elle n'était vraiment pas tombée dans la bonne famille. Quand il parla des risques d'incendie, elle hocha doucement la tête, c'est vrai qu'il valait mieux y penser. Comme quoi, elle pouvait vraiment être irresponsable. Quand ils parlèrent des film de DiCaprio et qu'il lui sortit la réplique de Titanic, Aisling ne put retenir un fou rire. Isaiah était tellement peu crédible en drague que ça la faisait bien plus rire que ça ne l'excitait. Puis bon, ce n'était peut être pas les mots qui l'excitaient le plus non plus. -Si je te dessine, on va perdre tout le glamour de la scène !
Parce que, clairement, ça ne ressemblerait en rien au magnifique dessin du film. Et si c'était l'inverse... Aisling trouva l'idée étrange une seconde, sentant le rouge lui monter aux joues, elle secoua vivement la tête. Ils parlèrent de sa récente rupture et la blonde arqua un sourcil alors qu'il disait que la vie ne faisait jamais rien pour rien. Il croyait à la fatalité, lui ? Ou au destin, enfin, ce genre de trucs. -Oui, j'ai constaté ça aussi, même si je n'ai jamais eu de relation comme la tienne, j'ai eu un aperçu.
Aisling eut un léger sourire mais ne dit rien quand il parla de ne pas embêter ceux qui étaient là seulement pour s'amuser. Contrairement à ce qu'il semblait croire, certaines personnes étaient bel et bien là pour draguer. Il suffisait de les repérer. -Je serais bien surprise de les voir tiens !
Cela sonnait donc comme une promesse de le faire un jour. Aisling n'avait aucune idée de ce à quoi ressemblait "sortir" avec Isaiah, mais elle était convaincue que ça ne pouvait être que drôle. Et puis, elle ne pourrait pas avoir honte de lui de toute façon. Finissant de tailler sa citrouille, elle la dirigea vers Isaiah, un fier sourire sur le visage.
-Tadaaaaam !
Les yeux n'étaient pas très droits, la nez décalé et la bouche un tant soit peu tordu, mais elle était terminée. Et vu le manque de talent d'Aisling, c'était déjà pas si mal.
Pour le moment, constamment veiller sa fille était un concept attendrissant, oui. Mais dans quelques années … « Tant que dans dix ans, quand elle découvrira son corps et sa sexualité, tu ne refasses pas le coup de la citrouille … » Rien que de s’imaginer, lui à cet âge, avec le visage de sa mère taillé dans un légume sur sa table de chevet c’était, comme dire … fucking weird. De quoi traumatiser un adolescent à vie et créer certaines dysfonctions. Mais à l’âge actuel de Siobhan, c’était mignon et il aurait pu s’en tenir à ça, mais les commentaires d’Isaiah devaient toujours dépasser un peu trop les limites. Suite à sa réplique tirée du Titanic, qu’il aurait très bien pu connaître sans pour autant avoir vu le film d’ailleurs, Aisling lui dit que si c’était elle qui le dessinait, ce serait bien moins glamour comme scène. Il arqua un sourcil. « Quoi tu trouves que mon pénis n’est pas aussi chic que le corps de Kate Winslet ? » C’était un fait, certes, mais elle aurait pu se retenir de le lui mentionner – ou pas. Isaiah n’avait pas compris qu’elle faisait référence à ses talents de dessinatrice et non pas au corps du mannequin qu’il deviendrait alors. Les deux amis parlèrent finalement de la rupture d’Isaiah et de son état sentimental actuel. Il aurait largement préféré ne pas s’être autant attaché et habitué à la présence d’Ezekielle, c’était certain, mais en même temps il pouvait se réjouir de maintenant avoir en tête de beaux souvenirs avec elle. Ce serait encore mieux lorsque se les remémorer ne serait plus aussi douloureux. Elle lui manquait, évidemment. Incapable de rester plus longtemps dans le sérieux de cette conversation, même s’il savait que c’était important d’en parler, Isaiah s’accrocha bien vite au sujet de la boîte de nuit pour y mettre un peu d’humour. « Oh crois-moi, ouais, tu serais surprise ! » Il éclata de rire, ne laissant pas trop si ce serait une belle ou une mauvaise surprise. Quelques dizaines de minutes plus tard, Aisling tourna sa citrouille vers lui, fière du résultat. Isaiah la regarda avec un grand sourire. « Bah tu vois ! Tu te sous-estimais mais tu t’es bien débrouillée. Comme quoi peut-être bien qu’il faudrait que tu fasses mon portrait un jour … » Il regarda la sienne, il n’avait pas du tout terminé puisqu’il ne pouvait pas couper de grandes parties de la citrouille, il devait la tailler en faisant de fines incisions pour détailler les traits du visage d’Aisling. Il n’avait que la forme du visage, les cheveux et les yeux de faits. Il la tourna quand même vers elle pour la lui montrer. « Laisse-moi une chance, y’a quand même une différence entre du bois et une citrouille … »
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Aisling rit de nouveau aux bêtises d'Isaiah. Effectivement, ça pourrait être quelque peu flippant, et la blonde même si elle n'était sûrement pas la meilleure des mères, ne ferait jamais ça à sa fille. Même si d'un coup, imaginer Siobhan à la puberté lui mettait un méga coup de flippe. Est-ce qu'elle serait capable de l'élever jusque là ? Elle avait l'impression que tout ça ne tenait qu'à un fil.
-Non je n'ai pas l'intention de la traumatiser... Et puis, je me verrais mal être le genre de mère poule là-dessus, tant qu'elle se protège...
Parce que ça la ferait chier que sa fille attrape une quelconque maladie... Ou, comme elle, tombe enceinte au mauvais moment. A sa remarque, Aisling resta silencieuse quelques secondes, le fixant seulement. Elle ne savait pas s'il disait ça pour la taquiner ou s'il le pensait vraiment ? Dans tous les cas, il avait gagné il venait de faire en sorte qu'elle l'imagine à poils. Elle secoua la tête, assez mitigée face à cette image avant d'éviter soigneusement son regard.
-Sérieux Isaiah... Tu sais très bien que c'est pas ce que je voulais dire !
Elle fit la moue avant de soupirer. -Cela dit, je ne suis pas sûre qu'il y ait grand chose qui arrive à la hauteur du corps de Kate Winslet.
Là c'était plutôt de la taquinerie. Ils partirent sur le sujet léger qu'était la boîte de nuit. Aisling esquissa un léger sourire quand il lui assura qu'elle serait surprise, étant donné qu'elle ne l'imaginait même pas danser, ouais, elle n'en doutait pas. La blonde fit légèrement la moue quand il lui dit que ce n'était pas si mal. Elle ne trouvait tout de même pas ça terrible, mais bon, elle pouvait toujours se consoler en se disant que Siobhan aurait fait moins bien, voilà.
-Je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée, tu serais complètement défiguré !
Aisling se pencha vers sa création à lui et ça semblait beaucoup plus détaillé que ce qu'elle était entrain de faire. Elle eut un irrépressible sourire, presque niais, avant de lever son regard vers le sien. -Moi je trouve ça magnifique pour l'instant.
« Oh. » Dit d’abord tout simplement Isaiah en entendant la réflexion d’Aisling. Il releva un regard malicieux vers elle, un sourire en coin. « J’pensais juste à ses premières expériences de masturbation, moi, mais si tu veux déjà l’imaginer perdre sa virginité, vas-y. » Il rigola. Il se doutait bien que la blonde n’était pas en train d’imaginer sa fille à proprement parler, hein, tout comme lui ne le faisait pas non plus d’ailleurs. Mais quand même, ils parlaient d’une Siobhan âgée de onze ou douze ans avec un partenaire sexuel. Sans doute que pas mal de gens auraient trouvé cette conversation bien déplacée, mais eux n’en faisaient jamais qu’à leur tête. Ce qui était bien, c’était que ni l’un ni l’autre ne se jugeait pour ce genre de pensée ou d’idée. Tout comme elle ne le jugeait sans doute pas – ou pas énooormément – d’avoir déjà vu le Titanic. De toute façon, là n’était déjà plus le sujet principal puisqu’ils parlaient plutôt d’une scène parallèle à la très célèbre scène du portrait de Rose. Une scène parallèle dans laquelle ils étaient les deux protagonistes. « Ah, bah, va juste falloir que je te prouve le contraire alors. » Isaiah arqua légèrement un sourcil, se donnant un faux-air sensuel alors qu’il venait carrément d’insinuer que son corps en valait davantage la peine que celui de Kate Winslet et qu’il fallait juste qu’elle le voit pour y croire. C’était plus plaisant d’aborder des sujets humoristiques du genre que de parler de sa rupture qu’il avait encore sur le cœur, alors ils dévièrent à nouveau bien vite sur les boîtes de nuit puis leurs citrouilles bien entamées. « Ça va, je suis prêt à prendre le risque ! » Dit-il en parlant du fait qu’il risquait d’être défiguré si elle tentait de faire son portrait. De toute façon, ils n’auraient sans doute pas le temps pour ce soir … qui sait, peut-être se garderaient-ils l’expérience pour un réel remake du Titanic. Ce fut donc au tour d’Isaiah de montrer là où il en était rendu avec sa citrouille. Il n’était pas fier comme il l’était habituellement de ses créations, mais on voyait quand même son côté artistique bien présent. « Bien sûr que ça l’est, c’est toi.. » Lâcha-t-il tout bonnement, tout doucement, avec un sourire aux lèvres en la regardant. « Alors, sur une échelle de 0 à 10, à quel point je suis bon dragueur ? » Demanda-t-il en riant puis en se remettant à l’œuvre.
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Ses premières expériences de masturbation ? Aisling haussa simplement les épaules. Elle ne savait pas à quel âge ça arrivait ces choses là. Ce qui était sûr, c'est que ça arrivait plus tôt pour les garçons que pour les filles, enfin, pour la majorité.
-J'lui prêterais mes jouets.
Bon c'était peut être un peu... glauque ? Mais Aisling ne trouvait pas cela particulièrement gênant. A partir du moment où c'était nettoyé... Elle ne pensait pas être le genre de parent qui aurait un problème avec la sexualité de sa fille, pas comme son père l'avait été avec elle. Quand ils parlèrent de lui, la blonde eut un très léger sourire amusé alors qu'il s'engageait à lui prouver le contraire. Elle ne savait pas trop ce qu'il comptait faire pour ça, se mettre à la musculation ? Connaissant Isaiah, elle doutait fortement. -Va falloir te donner du mal, pas juste te dessiner des abdos au feutre.
Et oui, pas de triche ! Aisling passa une main dans ses cheveux avant de lever légèrement les yeux au ciel. Si elle le dessinait, il ne ressemblerait vraiment à rien. Elle finit par admirer son début de portrait dans la citrouille. A la réponse d'Isaiah alors qu'elle le complimentait, elle le regarda, surprise. Elle ne savait pas pourquoi ça l'étonnait, après tout c'était Isaiah... Et elle connaissait assez son meilleur ami pour savoir qu'il pouvait balancer ce genre de phrases sans aucune raison, ni sans arrière pensée. Mais à sa question, elle fronça les sourcils, lui lançant un regard noir. -T'es con.
Puis elle se redressa, observant ce qu'il se passait autour d'eux. Pour l'instant elle ne connaissait personne, et ce n'était pas plus mal.
C’était ce qu’il aimait d’Aisling (entre bien d’autres choses): elle n’était pas comme ces autres parents pour qui la sexualité de leurs enfants était l’équivalent de l’arrivée du démon en personne. Ces parents qui préféraient bannir l’éducation à la sexualité dans les écoles, de peur que cela enclenche de manière précoce l’activité sexuelle des jeunes. Isaiah trouvait cela complètement stupide, parce que ça arriverait d’une manière ou d’une autre, alors aussi bien les préparer correctement à leurs premières expériences en leur enseignant les notions de consentement, de respect de l’autre, de protection, de plaisir, tout ça. Mais non, on préférait nier l’agentivité sexuelle des jeunes, c’était plus facile de se voiler la face. Comme dans bien d’autres domaines d’ailleurs. Mais à la réplique d’Aisling, Isaiah devina facilement qu’elle ne serait pas aussi réticente dans le cas de Siobhan. « Ah, le partage mère-fille, y’a rien de plus beau ! » Lâcha-t-il avec un grand sourire, même s’il y avait évidemment une pointe d’humour. Quoiqu’au fond, si c’était fait correctement, en nettoyant avant et après chaque usage, pourquoi pas … Ça coûtait tellement une fortune ces trucs-là. Ils passèrent bien vite au sujet des portraits dignes du Titanic, et quand Isaiah parla de lui prouver qu’il pouvait égaler le corps de Kate Winslet, la réponse de sa meilleure amie le déconcerta. « J’parlais de simplement me mettre nu dans ma condition actuelle, mais, ok, je vois le genre de corps que tu préfères. » Répondit-il en feignant l’indifférence, tentant de teinter ses propos d’humour, mais il ponctua ses paroles d’une simple esquisse de sourire en détournant le regard. Isaiah il était loin d’être monsieur muscles, d’ailleurs ça ne l’intéressait pas de se lancer dans l’entraînement au point de souffrir de bigorexie juste pour correspondre à l’idéal masculin. Ils continuèrent leurs œuvres pendant quelques minutes avant que la blonde ne lui montre le résultat final, qu’il complimenta avant de montrer le sien à son retour. Et de faire une blague en guise de clin d’œil à leur conversation sur Isaiah et la drague dans les clubs. Aisling, visiblement vexée, le fusilla du regard avant de le traiter de con et d’observer autour d’eux, tout sauf lui. « Je le pensais vraiment quand même, tu sais. Ce serait difficile de faire moche quand t’es le modèle. » Mais il pensait qu’elle le savait déjà, ça. Qu’il la trouvait magnifique, à couper le souffle.
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Aisling lui tira la langue quand il lui dit que le partage mère-fille était quelque chose de beau. Elle savait bien qu'il la taquinait un peu, même s'il ne s'offusquait pas de ce qu'elle racontait. Mais elle avait apprit qu'Isaiah s'offusquait de bien peu de choses. -Je sais, je sais, je suis une mère exemplaire.
Bon, c'était entièrement faux, mais il fallait bien qu'elle se jette des fleurs de temps en temps. Depuis le temps qu'elle connaissait son meilleur ami, elle arrivait à discerner quand il était contrarié, et là elle était à peu prés sûre que c'était le cas. Doucement, elle vint glisser ses bras autour de lui, posant son menton sur son épaule. -Si je préférais les mecs musclés, j'aurais dû drastiquement réduire mes conquêtes amoureuses t'sais.
Elle n'avait pas voulu le vexer d'ailleurs, et, subitement, ça lui paraissait étrange qu'il puisse même juste un peu prendre la mouche pour une remarque physique, lui qui, d'habitude, y accordait bien peu d'importance. Un peu vexée de n'avoir été qu'un essai de drague, et en plus de ça d'être tombée dans le panneau, la blonde n'avait pas pu faire autrement que de faire sentir son mécontentement à Isaiah. Elle n'était jamais vraiment délicate. -Je vais devoir te mettre une note là aussi ?
Elle était un peu ronchon mais il savait bien qu'elle n'était pas capable de lui en vouloir bien longtemps.
Exemplaire, peut-être pas, et de toute façon la barre était toujours mise bien trop haute pour les mères qui ne pouvaient pourtant pas être parfaites. L’important était qu’Aisling s’en sortait, très bien même contrairement à ce qu’elle pouvait le penser. Elle avait eu ses peurs, ses appréhensions, elle se remettait en question mais pourtant, à la voir aller avec Siobhan, Isaiah ne voyait qu’un amour pur et inconditionnel, un désir de la protéger de tout, de la combler comme elle le pouvait. Et à l’entendre parler ainsi du moment où elle serait assez âgée pour avoir une certaine sexualité, Isaiah ne pouvait que sourire, parce que cela signifiait qu’elle percevait un peu mieux cet engagement qu’auparavant. Certes, avec le départ soudain de Perry, la laissant seule avec Siobhan, Aisling n’avait pas vraiment eu le choix – ou alors pas d’autre choix qui fasse réellement du sens. Mais c’aurait pu tourner tout autrement, alors il ne pouvait qu’être soulagé et heureux pour elle. Il la laissa donc se lancer des fleurs, avec un grand sourire qui signifiait qu’il l’encourageait dans cette séance d’auto-compliments. Son sourire s’effaça un peu quand Aisling parla de la manière avec laquelle il pourrait lui prouver qu’il avait lui aussi un corps digne de ce nom. Il ne savait trop, lui non plus, pourquoi il réagissait ainsi pour une question de physique. Ce n’était aucunement le fait qu’elle insinue qu’il n’était pas assez musclé qui le vexait, non il s’en foutait de son apparence. Ce qui le décevait plutôt, c’était qu’Aisling pense de cette façon-là. Comme si venant d’elle, ce genre de pensée le blessait plus que venant de quiconque. Sentant sans doute son trouble, Aisling s’approcha de lui et glissa ses bras autour de son corps, posant son menton sur son épaule. Isaiah la regarda avec un sourire quand elle commenta. « Alors ... si je me mets nu, sans m’dessiner de faux abdos, y’a espoir de te convaincre que je peux faire de l’ombre à Kate Winslet ? » Demanda Isaiah, retrouvant son vrai sourire, celui qui ne cachait rien d’autres. Il aurait pu parler du fait que Chase, Perry ou encore Ciàran étaient pourtant des modèles parfaits pour la contredire, mais il s’en voulait de penser comme ça et, surtout, il ne voulait pas les ramener dans la conversation. Il savait à quel point cela pourrait mettre des nuages au-dessus de leur soirée et il ne voulait pas attrister Aisling. Il balaya donc ces mauvaises pensées de sa tête et passa à autre chose. Et puis, c’était maintenant à son tour de vexer Aisling, avec son commentaire séducteur pour s’amuser. Pourtant, il n’en pensait pas moins. « Non, pas besoin de note quand je ne fais qu’énoncer l’évidence. » Il lui sourit. « Bon, tu me laisses le temps de terminer rapidement mon œuvre, ou tu veux qu’on passe à une autre activité ? »
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moi je traîne dans ma remorque, tous les excès d'mon époque. la surabondance surgelée, shootée, suremballée. pendant qu'les vœux pieux passent dans l'beurre, que notre insouciance est repue, c'est dans le fond des containers que pourront pourrir les surplus. la question qu'j'me pose tout l'temps : mais que feront nos enfants quand il ne restera rien, que des ruines et la faim ? by anaëlle.
Aisling eut un sourire mi-attendri, mi-amusé à la question d'Isaiah. Gardant ses bras autour de lui, elle leva les yeux vers lui. -Tu sais, pour moi, tu es forcément plus sexy de Kate Winslet.
Parce qu'elle n'était pas particulièrement attirée par les femmes. Mais après, les goûts et les couleurs hein... D'ailleurs, intrinsèquement au sexe, les goûts variaient beaucoup. En dehors de ceux qui préféraient les blondes, les brunes ou les rousses, certains avaient leur préférence sur la taille, la corpulent, enfin bref... Et Aisling était loin de correspondre au canon de beauté de la majorité des hommes, si on regardait son IMC et son bonnet. Mais elle s'en fichait, parce qu'elle se sentait bien comme elle l'était.
Isaiah savait toujours lui rendre le sourire, même quand c'était lui qui lui retirait. Elle fit alors légèrement la moue pour cacher un sourire mais ne su pas garder un ton ronchon.
-Si je ne te connaissais pas, je jurerais que t'essaye d'avoir mes faveurs.
Sexuelles, évidemment. -Bien sûr que je te laisse terminé, il faut qu'on la mette dans la chambre de Siobhan je te rappelle.