(Lobelle) sugar plum fairy dance.

Loan & Lou-Belle

Sugar plum fairy dance

Le déni. C’est pas mal aussi pour passer les fêtes de noël. Loin de ma famille, enceinte jusqu’au cou, évitant tous mes amis (qui sont pour la plupart des hommes). Oui ça me semble bien. Surtout qu’au conservatoire, les profs se sont mis en tête de nous faire jouer Casse-noisettes. Le 22 décembre. Je serai bien entendu enceinte jusqu’au cou même si ma condition de jeune anorexique me permettait de cacher mes rondeurs. Enfin cacher, tout le monde est au courant maintenant mais disons qu’entre le savoir et l’assumer, il n’y a qu’un pas. De géant. Ou de grosse. Violon en main, perruque argentée sur la tête, j’incarnai parfaitement la Sugar plum fairy. Je n’avais pas eu trop le temps de me changer pour aller au cours de préparation à l’accouchement. Depuis que j’avais de la compagnie pour m’aider, j’essayai d’être à l’heure. Ce qui est bien entendu raté pour aujourd’hui. Si jamais Loan apprenait que je n’avais pas dormi depuis 24 heures et que j’avais oublié de manger, il allait encore me souffler dans les bronches. Sauf qu’étant aveugle, je ne pouvais pas me maquiller pour cacher mon teint de porcelaine. J’avais donc demandé aux filles qui m’avaient maquillé comme la fée dragée. Génial. Enfin ça ne me dérange pas trop d’étinceler de partout. Au moins, les gens s’écarteraient sur mon passage. J’arrivai donc devant la bâtiment (merci les GPS dans les téléphones) et m’arrêtai comme convenue pour retirer les espèces de chaussures qui étaient en train de me tuer les pieds. « Espèce d’assassins pédestres. » Je les fourrai dans les sacs pour lisser la robe qu’on m’avait décrite de rose bonbon et avec un peu trop de jupons. Heureusement pour lui comme pour moi, j’avais ôté les ailes. Et j’avais laissé Strad mon fidèle violon avec les copains. J’en avais pour une heure à tout casser, je pourrais retourner bosser après. Si Loan n’avait pas oublié notre rendez-vous. Oh pitié faites que le mémo vocal ait fonctionné sur son téléphone, j’étais trop épuisée pour courir jusque chez lui.

Lou-Belle & Loan

Sugar plum fairy dance

La fin d'année, elle arrivait à grand pas. Encore une année de terminer, une année qu'on allait boucler, en permettant des choses ou même en les souhaitant, et qui n'arriveront jamais. C'est pour ça, autant ne rien dire, et se laisser porter par la vie. C'est partiellement ce que je faisais, excluant ce qui ne dépendait pas de ma volonté. Qui dit fin d'année, dit cadeau, et comme à son habitude, j'allais m'y prendre au dernier moment. Je n'avais plus l'excuse du j'arrive en ville, comme il y a deux ans, je n'ai pas eu le temps. Le temps qui s'éffiloche doucement. Je n'étais plus seul, c'est le but en arrivant ici, à Bowen. La famille Océan, ne passait pas inaperçu avec sa grande famille. Mais elle était importante, et chacun trouvait sa place dans cette famille nombreuse. Les pensées en appelant une autre, mon regard surplombait un tas de feuilles noircit par l'écriture. Les mouvements de main remplissant les blancs, d'un dossier, qui allait connaître les joies de la maternité. C'était mon quotidien, voir ces femmes donnaient naissance, éblouie par la joie. Aux traits marqués, mais heureuse pour la plupart. Une sonnerie m'éloignant de ma concentration, m'informant avec subtilité, de l'oubli que j'allais commettre. Face à une mémoire de plus en plus pleines de trous. Un trou noir qui prenait de plus en plus d'importance au fils de ma vie. Et qui pourtant ne m'empêchait pas d'agir comme n'importante. Et ça je ne le devais à certaines personnes qui m'entouraient, comme Lou-Belle, et son mémo vocal, qui me rappelait de notre rendez-vous. Sinon le temps aurait sans doute défilait, lent dans l'attente, mais transparent sous mes yeux. Mes affaires en main, les dernières instructions à la relève. Des pas souples et pressés. Je ne voulais pas briller sous mon absence, ni même la faire attendre. Slalomant entre les gens, un sourire charmeur pour faire passer les bousculades involontaires ou les clins d'œil. « excusez moi... Charmant votre... Écharpe » Je supposais que cela en était une. Je continuais mon chemin jusqu'à sa silhouette familière. Arrivant par-derrière doucement, j'entendais son commentaire que me faisait légèrement sourire. « Tu as raison, tu devais te venger en arrivant chez toi ! Deux semaines dans le placard, ça serait une bonne punition, je pense... ou les brûler... » J'étais en retard, un peu et j'espérais me faire pardonner. « Salut... » Mon regard s'attardant un instant sur son visage. «  Tu veux ressembler une boule à facette ou tu essaies de cacher quelque chose ? » Je m'attendais à tous, à un manque de nourriture, que son corps criait désespérément, comme elle avait si souvent l'habitude.

Loan & Lou-Belle

Sugar plum fairy dance

Je n’aimais plus trop les fêtes de fin d’année. Depuis que j’étais loin de mes frères, je me sentais plus seule que jamais. Vivant au conservatoire, je me faisais l’effet d’un fantôme de l’opéra mais version féminine. Rejetée de tous et laissée pour compte. Je ne parvenais pas à reprendre contact avec Ciàran ayant peur de sa réaction lorsqu’il verrait mes yeux et j’avais de nouveau pris mes distances avec CJ en apprenant le retour de Nevaeh. Son commentaire sous une publication The Writers m’ayant mis la puce à l’oreille. Et s’il y avait une chance qu’ils se remettent ensembles, je ne m’en mêlerai pas. Le bien-être de mes amis passaient avant le mien. Seulement avec un logement fantôme, des cauchemars de plus en plus récurrents et une grossesse qui arrivait à son terme dans peu de temps, je ne dormais plus du tout. Les deux seuls avec qui j’appréciai de passer du bon temps étaient Loan qui me faisait l’effet d’un meilleur ami gay un peu moralisateur et Adrian parce qu’il savait écouter et aussi sur le plan sexuel. Pour le reste, je me tenais dans mon coin en regardant les autres vivre la vie que je devrais avoir. Je devrais voir, je devrais être capable de me barrer de cette ville qui me retenait prisonnière pour rentrer chez moi. Mes pensées divergèrent vers Jaeden. Il était sans doute le seul qui ne me briserait pas le cœur de manière volontaire. Certes, il m’avait ôté la vue mais le destin était ainsi et on ne pouvait pas revenir dessus. Alors que je passais ma colère sur mes chaussures, je sentis un souffle dans ma nuque avant de sursauter. Avec un grand cri et les souliers dans les mains, je me tourne pour prendre mon ami dans mes bras. Loan était ma bouée de sauvetage. Le seul qui comptait réellement dans cet océan noir et imperceptible. « Chatoooooon ! » Je dépose mes lèvres sur sa joue, me contrefoutant de la trainée de paillettes que j’allais laisser. « Tu sais que je… » En fait, en y réfléchissant, il ignorait que j’étais SDF. J’ai l’art de balancer des bombes dès que je rencontrai quelqu’un. « J’habite au conservatoire donc pour ce qui est du placard. Je suis dans un espèce de placard à balai sur mon sac de couchage. » La remarque de Loan me fait grimacer. Il a toujours su voir clair en moi. Alors, j’attrape un chiffon que je passe sur mon visage ôtant le maquillage mais laissant sans doute les paillettes. On m’avait dit que mes cernes étaient trop visibles. Que je faisais peur. Pour une future maman, ce n’est pas joli-joli. J’allais finir par craquer à force de ne pas pouvoir me reposer. « Je ne dors plus. Mais alors plus du tout. Je tapote la place à mes côtés pour l’inviter à s’asseoir. « De toute, je ne peux pas dormir quand je suis seule. J’ignore pourquoi. » Je savais très bien pourquoi mais à chaque fois que je me confiai sur les sévices de mon oncle, les gens s’en allaient et je ne voulais pas perdre Loan. Après CJ et Jaeden, je sais que perdre quelqu’un d’autre à cause de mon passé me tuerait.