(Conchomélia) princess' birthday

C’était normal qu’elle ne se souvienne de rien, voilà ce que je tentais de lui dire. Parce que certes, tout le reste ne l’était pas. Cette vie qu’on lui avait arrachée, cette vie dans laquelle elle n’avait été qu’une impuissante spectatrice, ça n’était pas normale. Mais je n’aimais pas non plus penser qu’Amélia était anormale. Alors si son trouble faisait partie d’elle, alors ce qui lui arriverait était dorénavant normal. Ça n’était pas bien, ça n’était pas beau, mais c’était la réalité. Et j’apprendrais à vivre avec, tout comme elle allait devoir l’apprendre aussi, avec un peu d’aide. Il fallait juste qu’elle profite de cette liberté que Lilas venait de lui accorder, même si ça n’était qu’éphémère. Même si toute bonne chose avait forcément une fin. « J’t’aiderai à te tenir loin du danger. C’est elle qui te mettait dans de pareilles situations. Tu n’as plus à te sentir comme ça, maintenant. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, certaines personnes mènent une vie tranquille et sécuritaire, à Bowen. » J’esquissai un faible sourire, avant de l’aider à se relever. Elle me demanda alors si j’étais le parrain de Mélodie, mais sans me laisser le temps de répondre, elle me demanda si Alek serait en sécurité avec lui. Je fronçai les sourcils, la regardant avec confusion. « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » Demandais-je doucement. « J’ai beau ne pas apprécier Jeremy, il ne te fera pas de mal, ni à toi ni à Alek. Pas intentionnellement, du moins … » Mais indirectement, peut-être. Toutes ces choses louches auxquelles il était lié n’avaient rien de sécuritaires. Mais tant qu’Amélia serait là, Alek serait en sécurité. Tant qu’elle était là, oui.

Elle gagnait. Elle gagnait toujours. Et je mettrai encore plusieurs jours à m'en remettre. Je ne la sentais plus. pour le moment. Mais je savais qu'elle était encore là, tapie au fond de moi comme un venin. Un putain de serpent enroulé autour de tous mes organes qui ne voulaient pas lâcher. Qui ne voulait pas me laisser vivre en paix. J'aurai aimé mourir. J'aurai aimé que ma personnalité soit avalée complètement. Je redoutais la confrontation avec Jeremy car je savais qu'elle allait sortir. Elle ne pouvait s'en empêcher pour répandre son lent poison et ainsi pourrir toutes mes relations. Et me faire pourrir en même temps qu'elles. Je lève un regard vers lui avant de prendre une profonde inspiration. Non Concho, tu ne peux pas m'aider. Ce n'est pas ton rôle. Cependant, je ne pouvais pas lui dire de vive voix. Que le fait d'être revenue ici était en train de me tuer à petit feu. Qu'elle gagnait de plus en plus de terrain au fur et à mesure des journées. " Je veux bien te croire, dis-je avec un sourire doux. " Je m'approche doucement de lui pour caresser doucement sa joue. Je ne voulais pas avoir à lui dire au revoir. Je ne voulais pas les abandonner. Mais je me disais que revenir dans sa vie, dans celle de Lily était une mauvaise idée. J'aurai dû rester en France. " Rien. je voulais m'assurer que… que ça irait, mentis-je avec un doux sourire. Je te fais confiance. " Je te fais confiance pour veiller sur mes deux enfants. Alors, je me lève pour aller près de l'évier et poser mains sur le rebord. " ça vous dérangerait d'y aller sans moi ? Au truc de l'igloo ? Je suis un peu fatiguée et j'aimerai me reposer. Ça m'arrangerait si tu la prenais une heure ou deux. Que je fasse une sieste. Tout ceci m'a pas mal chamboulé. " Ce qui était la stricte vérité. Et je devais faire autre chose également. Une chose que je ne pouvais faire en sa présence car il ne comprendrait pas. personne ne comprenait. Personne ne nous comprenait de toute manière.

Elle caressait ma joue, comme dans un dernier élan d’espoir, de vie, comme si ce contact était le dernier d’une longue lignée. Pourtant, c’aurait dû être le tout premier, le tout premier entre Amélia et moi. Je la regardais, les yeux brillants, parce que cette journée qui avait été lancée sur une note plus que douce et légère semblait tout d’un coup s’assombrir. La simple venue de Lilas, aussi brève fut-elle, avait complètement renversée Amélia. Et ce ne serait que les secousses secondaires qui me renverseraient à mon tour. Les répercussions tragiques de la conclusion à laquelle en était arrivée ma meilleure amie. Si seulement j’avais pu ouvrir les yeux dès maintenant. Si seulement j’avais pu m’accrocher à cette soudaine inquiétude qui sommeillait en moi. Malheureusement, j’avais préféré me laisser convaincre par le faux sourire de la rouquine. Sans doute pour me convaincre moi aussi, que tout irait bien, qu’elle s’en sortirait. Qu’on s’en sortirait. La vérité était que Lilas, ou encore Amélia et moi, étions maudits depuis le début. « Et tu peux. Me faire confiance. » Je lui souris, alors qu’elle se redressait complètement et marcha d’elle-même jusqu’à l’évier. Je m’apprêtais à servir le gâteau quand la jeune femme se tourna vers moi pour me demander si je pourrais aller au festival de l’igloo avec Mélodie, juste tous les deux, pendant qu’elle se reposait ici. Je la regardai tristement, avant d’hocher la tête, résigné. « Bien sûr … Je comprends. Ça me fera plaisir d’emmener Mélodie avec moi. Et on aura qu’à y retourner, toi et moi, un peu plus tard cette semaine, pas vrai ? » Demandais-je avec un mince sourire. Puis, je pris Mélodie, lui proposant le nouveau plan pour la journée, plan qui sembla la réjouir même si cela signifiait de laisser sa maman derrière. Elle savait fort bien qu’elle rentrerait dans quelques heures pour la retrouver. Douce innocence de l’enfance. Douce innocence qui sembla m’habiter aussi, alors que je tournais le dos à une Amélia dans une détresse dont je n'imaginais pas une seule seconde l'ampleur.