(hot) don't give me those eyes (aedhan)

À la question d’Aedhan, Isaiah retira le sexe de son colocataire de sa bouche, continuant toutefois à le stimuler de sa main droite. Il releva le regard vers lui, un sourire au coin des lèvres. « Il fallait que tu m’fasses la blague un peu plus tôt ! » Lui montrer une ouverture, lui démontrer un intérêt. Isaiah avait beau avoir énormément de relations à son compteur, ça n’était jamais des relations forcées, à la limite du consentement. Il avait ce respect de l’autre que d’autres hommes ne semblaient pas comprendre. Il n’aimait pas faire du rentre-dedans quand quelqu’un l’intéressait, parce qu’il ne voulait pas importuner les autres, il ne voulait pas donner l’impression d’être un prédateur et eux les proies. Isaiah préférait apprendre à connaître tout en douceur ceux qui lui plaisaient, et voir comment la relation évoluerait. Parfois, le processus allait si vite qu’à l’intérieur d’une seule soirée il pouvait traverser toutes les étapes avec quelqu’un, et d’autres fois la relation se développait sur des mois avant que son corps s’unisse à l’autre. Avec Aedhan, il était question de semaines, durant lesquelles ils avaient appris à se connaître sous bon nombre de leurs facettes. Ils n’étaient plus du tout des étrangers l’un pour l’autre, raison pour laquelle le jeune homme avait pu sembler gêné au début, peut-être. Isaiah avait bien rapidement instauré un climat d’aise, parce qu’au fond ils ne faisaient qu’explorer une autre sphère de leur amitié. Il n’y avait pas de raison de se poser trop de questions. L’ébéniste reprit son action jusqu’à ce qu’Aedhan l’aide à se remettre debout, pour mieux s’abaisser à son tour. Isaiah ferma les yeux en le laissant faire, une main légèrement déposée sur la tête de son amant du matin. Des soupirs de plaisir s’échappaient d’entre ses lèvres. Puis, son colocataire revint à sa hauteur, et leurs lèvres se scellèrent à nouveau le temps d’un baiser, avant que le brun n’amène le sujet des positions. Isaiah esquissa un sourire. « Je prends le plaisir sous toutes ses formes. » Homme, femme, par-dessus, en-dessous, actif, passif, name it, Isaiah ne discriminait à aucun niveau de sa sexualité. « On fera ce que tu préfères, du coup. » Il passa délicatement sa main sur la joue de l’homme, le regardant avec des yeux bienveillants.

À présent que leurs lèvres découvraient le corps de l’autre, maintenant que le voile de la nudité était tombé et qu’ils s’exposaient à l’autre dans leur beauté la plus naturelle, les deux hommes semblaient trouver leur zone d’aise, de confort, l’un avec l’autre. Leurs regards n’étaient pas fuyants, leurs caresses ne se montraient pas timides, ils partageaient enfin ce moment comme il se devait de l’être : avec passion, avec harmonie. Leurs gestes s’enchaînaient dans une danse qu’on aurait pu croire chorégraphiée et répétée à plusieurs reprises et pourtant, Aedhan et lui se découvraient tout juste. Ils s’abandonnaient tout simplement l’un à l’autre, laissant leurs désirs les guider sur la voie rapide du plaisir. Malgré cela, Isaiah prenait tout de même son temps, profitant de chacun des baisers, s’attardant sur chaque parcelle du corps de son colocataire, avec une minutie qu’on ne s’imaginerait pas pour un acte du genre. Isaiah ne négligeait pas le plaisir de l’autre, et il enregistrait chaque zone de plaisir d’Aedhan pour y revenir un peu plus tard. Pour le moment toutefois, son colocataire chercha à en apprendre davantage sur ses préférences, question de s’enligner pour la suite des choses … Évidemment, Isaiah n’étant jamais particulièrement doué pour choisir alors qu’il prenait tout ce qu’on lui offrait, sa réponse n’aida guère Aedhan dans sa planification. D’autant plus que lui aussi aimait bien les deux rôles. « J’sais pas pour toi, mais cette douche chaude m’a totalement revigoré … » Lui qui avait l’air d’un cadavre dix minutes plus tôt, le voilà en train d’affirmer qu’il serait probablement très partant pour une deuxième ronde. Et il ne refusait d’ailleurs pas de remettre cela à une autre fois, également. Rien ne les en empêcherait, ou du moins c’était ce qu’il croyait pour le moment. « Aux rideaux ? Tu peux faire mieux que ça, paraîtrait qu’y’a au moins sept ciels à atteindre au-dessus de nous. Et pis, les rideaux sont pas très solides, ce serait chiant d’avoir à réparer ça cet après-midi. » Il esquissa un sourire, avant de s’emparer des lèvres d’Aedhan alors que ce dernier laissait ses doigts s’aventurer entre ses fesses. Ils jouèrent à ce jeu un court moment encore avant qu’Isaiah ne se tourne de dos à son colocataire, le torse collé contre le mur de la douche. Il allongea une main derrière lui, la posant sur la fesse d’Aedhan pour le tirer vers lui, contre lui. Tournant la tête par-dessus son épaule, il arracha encore un baiser à l’homme.  

C’aurait pu être l’un de ces moments où la gêne gagnait les deux êtres fatigués, c’aurait pu être ce genre de malaise qui envahit la pièce jusqu’à en empoisonner la relation, mais non. Rien de ça. Parce qu’il y avait davantage à la relation qu’Isaiah entretenait avec Aedhan, et vice-versa. Les deux hommes étaient avant tout amis, cette amitié qui avait rapidement évoluée à force d’être aussi souvent ensemble, de dormir sous le même toit jusqu’à ce que mêmes leurs rêves s’entremêlent. Cette rencontre charnelle sous la douche n’était qu’un heureux avantage à ce qu’ils partageaient, et même qu’une fois qu’Aedhan eut atteint l’orgasme, ils ne perdirent pas de temps pour échanger les rôles en passant à la chambre à coucher. Sans honte, sans hésitation, sans recul. Ils étaient bien, complètement sur la même longueur d’ondes dans leurs désirs et leurs plaisirs imminents. À bout de souffle, les deux hommes reposaient maintenant sur les draps du lit d’Isaiah, leurs corps bien trop chauds pour même seulement songer à les couvrir. Quand son colocataire prit finalement la parole, rompant ce silence de contentement, Isaiah tourna la tête vers lui avec un sourire lumineux au visage. Son torse allait de haut en bas au rythme de sa respiration encore un peu difficile à reprendre. Il rit, doucement. « Ce fut un honneur … et un plaisir. » Son sourire s’élargit, et ses doigts s’entremêlèrent dans ceux d’Aedhan, sans arrière-pensée, sans signification autre que le moment présent à y voir. Il était comme ça, Isaiah, tactile, impulsif, il vivait selon ses envies et ne pensait pas trop loin. Alors si Aedhan, lui, se posait mille et une questions, lui ne faisait que planer, flotter, dans un bonheur à la fois enveloppant et délivrant.  

TERMINÉ