(casgust) votre meilleur rhum garçon!

Les fêtes approchaient et je devais quitter la vie pour aller chez mon frère et sa femme. Comme d'habitude, mon célibat pourrait amener ma famille à me prendre en pitié. Il s'agissait du second noël que je passerai sans Jonas. Il ne se passait pas un jour sans qu'il ne me manque. Je m'étais rendue un peu plus tôt sur sa tombe pour y déposer une amaryllis avant de me souvenir qu'il fallait que je vois August et Jaeden avant de partir. Ils avaient été tous les deux d'un soutien sans faille à sa disparition. En sortant de mon bureau, je décidai d'aller voir August. Je pouvais encore le surprendre à son travail, n'étant clairement pas à l'aise d'aller chez lui. Sa copine était gentille mais les effusions d'amour me mettent encore mal à l'aise. J'avais pourtant trouvé Elias mais nous y allions à notre rythme et ça me convenait comme ça. Encore vêtue comme une motarde, j'entrai dans la distillerie pour chercher mon ami du regard. Je vins me poster près de lui avant de lui sourire. « C'est sympa comme endroit. J'y connais rien en rhum, c'est lequel ton moins fort ? » J'esquissai un sourire heureux avant de me tourner vers lui. « Salut Gusgus ! »

Cette année, pour les fêtes, rien de prévu à l’horizon. Il était prévu que Willow et August se rendent en Autriche pour passer Noël chez les Wojnarowski mais oh surprise, un procès était tombé sur la tête du professeur d’histoire et il lui était donc bien entendu interdit de quitter le pays. Il avait déjà eu une audience au tribunal, mais le processus judiciaire était long, surtout en matière d’abus sexuel, alors il pouvait déjà tirer un trait sur 2018. Ce serait une année aussi triste, stressante et horrible que les deux derniers mois de l’année actuelle. Ses parents avaient évidemment proposé de venir à Bowen, autant pour les fêtes que pour voir leur fils qui n’avait clairement pas le cœur à sourire et à rire ces derniers temps. August avait catégoriquement refusé, ordonnant même à Willow de ne pas manigancer dans son dos pour qu’ils arrivent par surprise. Il n’avait envie de voir personne pendant les vacances festives … parce que c’était loin d’être festif pour lui. Il était accusé d’un crime qu’il n’avait pas commis, on fouillait dans son passé, on remettait en question le moindre de ses gestes et de ses paroles, et cette pression de fou allait finir par avoir raison de lui. Ne supportant pas de gâcher à ce point l’ambiance à la maison, August passait pas mal de temps à la rhumerie, on lui avait finalement permis de continuer ce travail malgré que l’alcool soit en abondance. Comme ça n’était pas relié à son infraction, ça ne faisait plus partie de ses restrictions. Il était donc au comptoir pour le dixième soir en ligne au moins, quand la voix de Cassiopéa se fit entendre. Il releva le regard vers elle et si, depuis quelques semaines, il avait gagné cette réputation du propriétaire de bar le plus grognon du centre-ville, il esquissa un semblant de sourire en la voyant. « Hé, Cass ! C’est une belle surprise ! » Elle ne passait jamais au Wojna’s, en fait, ils ne se voyaient plus très souvent depuis le décès de son mari et ami d’August. « Mon moins fort ? Mon moins fort c’est aussi un de mes moins bons, t’es certaine de ton choix ? » Évidemment, en grand fan de rhum, il aurait préféré lui faire découvrir les meilleures saveurs, et ses réalisations les plus réussies.

Je me souvenais du trio infernal. August, Jonas & Jaeden. Toujours fourrés à la maison, souvent pas très frais. J’appréciai énormément les garçons. Ils étaient adorables. J’ai toujours été un peu plus proche d’August car nous nous comprenions à notre manière. Cependant, lorsque j’ai perdu l’amour de ma vie, j’ai ressenti le besoin de m’éloigner de tout le monde, de prendre l’air. Je suis partie quelques temps chez mon frère, chez ma sœur pour revenir et me plonger dans le travail. J’ai donc délaissé tous mes amis. Puis Elias est arrivé et j’ai eu l’impression que mon cœur s’était remis à battre. J’ai peur cependant que mes amis le prennent mal. Je ne parlais pas de refaire complètement ma vie mais sans doute, d’essayer d’aller un peu mieux. Cependant, je mets mes idées de côté en voyant August. Il n’a pas l’air bien. Mais alors pas du tout. Pâle, les traits tirés. Je fronce alors les sourcils avant de m’approcher de lui. « Oui, un miracle de noël, dis-je en riant. » Je ne le prends pas dans mes bras car nous ne sommes pas trop tactiles entre nous. Alors, je me penche légèrement pour déposer un baiser sur sa joue barbue. « C’est nouveau le look bûcheron ! c’est pour Willow ? » J’éclate de rire avant de grimacer. « Bon, c’est bien parce que c’est toi. Surprends-moi ! » Je m’accoude au comptoir avant de le regarder. « Alors, quoi de neuf depuis tout ce temps ? Et ne me mens pas, tu me connais, hein ?! »

Au départ, l’éloignement de Cassiopea avait été le bienvenu, en quelque sorte. Bien qu’il adorât la femme qu’elle était, qu’elle était même devenue une amie avec le temps, à force d’être toujours fourré chez Jonas avec Jaeden, elle était aussi devenue, après le décès de Jonas, un constant rappel de ce dernier. De cette amitié perdue. De ce vide qu’il avait laissé dans tellement de vies. Puis, le temps avait passé, et le retour de Cassie dans les parages avait finalement été accueillit à bras ouvert par August qui au final, ne voulait pas tourner la page sur ces années-là de sa vie. Si Jonas n’était plus de ce monde, ils pouvaient au moins lui faire honneur en demeurant soudés pour lui. Jaeden, August, mais aussi Cassiopea. Quand il la vit donc enfin franchir le pas de la porte du Wojna’s, il sentit une petite étincelle de positif le traverser. Qui se métamorphosa en une esquisse de sourire, faiblard, mais bien là. « Un miracle de Noël ? Alors ils existent, ceux-là … ! » Lança-t-il avec une légère pointe de sarcasme dans la voix, parce qu’August en aurait bien besoin d’un autre, un miracle de Noël. Pas que l’arrivée de la jeune femme n’était pas attendue, mais elle ne résoudrait pas ses problèmes. Personne ne le pouvait, au fond, à part peut-être Frederique et ceux qui rendraient le jugement. Elle se pencha vers August pour déposer un baiser sur sa joue ensevelie sous sa barbe fortement négligée. « Elle m’en voudrait si je disais que c’était pour elle … Je crois qu’elle préférerait que je la taille un peu mieux. » Et lui aussi, au fond. Il n’en avait juste plus vraiment la force ou l’envie. À quoi bon essayer d’améliorer son image, si les autres ne se fiaient qu’au mensonge ? Cassiopea accepta finalement de laisser August lui servir de ses meilleurs rhums, ce qu’il fit en ne manquant pas de se servir un verre à lui aussi. L’avantage d’être le patron. « Tu lis pas les journaux, toi, hein ? » Demanda-t-il avec étonnement quand elle lui demanda ce qu’il y avait de nouveau dans sa vie.

Je m’étais tout de suite entendue avec les amis de Jonas. Pas le genre de petite-amie jalouse qui voulait son copain exclusivement pour elle. je les laissais souvent entre hommes pour étudier, ayant confiance en lui et en eux. Le perdre fut sans doute la chose la plus difficile pour moi. l’enterrer sans réellement le faire car son corps n’était jamais revenu m’avait tué. J’avais la sensation de revenir un peu à la vie grâce à Elias. Il était tellement drôle, plein de vie, il me faisait sourire tout simplement. Et me donnait envie de revoir mes amis. Alors, j’étais allée vers August tout naturellement. Sa distillerie était géniale. Et il avait ça tout seul. J’étais très fière de lui alors je m’approche pour le saluer. « Sans doute ! ou alors ne serait-ce que des choses inventées pour les enfants. » Il a toujours été le plus sceptique et sarcastique des trois. Jonas étant le plus mièvre et Jaeden le plus bordélique. « Alors écoute ta femme et taille cette barbe. Ou alors tu seras bon pour déménager dans une forêt et tailler du bois pour l’hiver. » j’ai un sourire avant d’accepter de prendre de l’alcool un peu fort. Je buvais rarement et l’histoire de mon ami me fait froncer les sourcils. « non, je n’ai pas le temps. » Inquiète, je me penche un peu plus. « Qu’est-ce qui se passe August ? »

Sceptique et sarcastique, August ne l’avait pas toujours été. Même, ce n’était pas un côté de lui-même qui ressortait si souvent que ça. Mais quand le monde autour de soi s’écroule alors qu’on ne juge pas mériter tel réprimande, à quoi s’accrocher si ce n’est qu’à l’incrédulité ? August avait toujours été un homme bon, un homme droit, il se réalisait à travers le partage et l’entraide, et pourtant ses bonnes actions semblaient lui revenir en plein visage. Un sourire de trop, un ton un peu plus bienveillant que les autres, une attention particulière et voilà que ses propos étaient déformés, critiqués, que ses agissements étaient condamnés alors que dans la balance du bien et du mal, c’aurait dû pencher vers un côté et un seul : le bien. Oui, donc. August remettait tout ce monde en question. « Au moins eux ont encore l’innocence d’y croire. » Lui, l’innocence, dans tous les sens du terme, il était en train de la perdre. Coupable, c’était le mot qui faisait valser ses cauchemars, comme un chef d’orchestre avec sa baguette maléfique. Pourtant, il lui arrivait encore, par moment, d’arriver à arborer un masque un peu plus léger, par exemple pour parler de sa barbe mal taillée qui pourtant n’était que symbole de sa déchéance. « J’crois que j’y serais bien mieux, là-bas. » Au fond d’un bois, hiberner jusqu’à ce que les procédures soient terminées, et espérer qu’au printemps le soleil sache percer à travers la noirceur. À voix un peu plus basse, penché sur son comptoir afin d’être plus près de Cassiopea, August répondit : « Je suis le nouvel abuseur d’enfants de Bowen. Celui devant qui les mères cachent leurs enfants, celui pour qui traverser Bowen est devenu un vrai casse-tête puisque je ne peux plus me trouver près des écoles et des garderies. » Il eut un rictus comme si, encore aujourd’hui, le dire à voix haute ne faisait que souligner tout le non-sens de la situation. « Une de mes étudiantes a porté plainte contre moi, pour des raisons que je ne m’explique pas encore, et l’ampleur que ça a pris … c’est … dégueulasse. » Pour lui. Parce que sa vie était ruinée. Pour des gestes qu’il n’avait pas posés, pas du tout, jamais.

« Souvent, ils font semblant pour avoir des cadeaux. Comme à noël. » J’éclatai de rire. J’allais bientôt partir fêter la fin de l’année en compagnie de ma famille. August et Jaeden les avaient tous rencontrés plus d’une fois. A mon mariage pour commencer et puis dans diverses représentations puisqu’ils étaient comme des frères pour Jonas qui était enfant unique. Etre auprès de l’un de ses meilleurs amis, l’un de ses frères comme il disait ne me faisait plus aussi mal qu’avant. Alors, je regarde mon ami avec la même bienveillance qu’auparavant. « Oh arrête chaton, t’as une femme qui t’aime et une amie d’enfance qui ferait tout pour toi. Donc cesse de jouer les bougons. » Je me penche un peu pour prendre une gorgée de rhum. C’est vrai qu’il est bon. Et contre toute attente, August se confie. « QUOI ? » j’en fais tomber mon verre qui se renverse. Je le ramasse avant de m’excuser. « MAIS QUOI ?» j’avais parlé trop fort alors, je me rapproche un peu plus de lui. Je réfléchis un instant, fronçant les sourcils. « Et cette fille, elle t’a déjà fait des avances ? Peut-être n’a-t-elle pas supporté de… enfin que tu la rejettes. » Puis, je me remets à ma place. « Elle a eu son examen chez le gynéco ? Je veux dire, un viol ça laisse ses traces. Donc la médecine le verra de suite si cette femme a été abusée. Et puis, elle va avoir besoin d’une expertise psychiatrique. » Je me baisse alors pour sourire de toutes mes dents. « et il y a une excellente psychiatre en ville. » J’allais retrouver cette demoiselle. Et j’allais tellement la détruire qu’elle serait forcée de quitter la ville. Non, le pays. Car après tout, on ne touche pas à ma famille.

Il était vrai qu’August était plutôt bien entouré. Sans doute était-ce ce qui le sauvait dans cette difficile période, parce que même s’il se refermait, même s’il faisait effectivement son bougon – et avec raison sans doute -, les gens autour de lui demeuraient grands et forts à sa place. Enfin, pour ceux qui savaient ce qui se passait. Ce qui n’était pas encore le cas de Cassiopea, mais August ne tarda pas à lui larguer cette bombe qui ne laissait personne indifférent. Ça n’était pas le genre de nouvelle qu’on reçoit avec indifférence, généralement. C’était grave, c’était horrible, c’était dérangeant. Peu importe de quel côté on se trouvait. Et la réaction de son amie d’enfance le prouva. Son verre se renversa, le liquide ambré se propageant rapidement sur le comptoir, sans toutefois faire trop de dégât. Elle le remit en place tandis qu’August essuyait rapidement la flaque à l’aide du torchon qui se trouvait juste devant lui auparavant. Il le lança ensuite dans le sac de lingettes sales sous lui. « Chut, Cassie. J’ai déjà assez l’attention sur moi. » Dit-il d’un ton un peu plus sec, même si ça n’était pas méchant. Il regarda autour d’eux, les regards se redirigeaient peu à peu vers leurs propres tables, les gens reprenant leurs conversations. August soupira. Il avait perdu son boulot à l’école, inévitablement. S’il fallait que ses clients du Wojna’s cessent également de venir, alors il perdrait tout. Réalisant qu’elle avait parlé un peu trop fort, la psychiatre se pencha un peu plus vers August et reprit un ton normal. « Ça fait trop longtemps. Les événements qu’elle allègue se seraient supposément produits le trimestre dernier. » Il soupira, arquant un sourcil quand elle parla de l’excellente psychiatre en ville. Malgré tout, il esquissa un sourire. « Je pense qu’il y aurait un léger conflit d’intérêt ici … » Affirma-t-il. « Il y aura effectivement une expertise psychiatrique, d’un psychiatre neutre toutefois. Et un neurologue, aussi, mais ça … ce sera pour moi. » Il termina de remplir à nouveau le verre de Cassie, et le sien qu’il avait déjà déterminé. « Tu te doutes bien que mes troubles de mémoire ne jouent pas en ma faveur. »

Je n’en revenais pas de ce qu’il était en train de me dire. August était sans doute l’homme le plus intègre que je connaisse. Je le sais parce que je suis psychiatre bordel. Je reste un moment interdite à le regarder avant de me rendre compte que j’ai crié. « Oui pardon, excuse-moi. » Non mais quand même. C’était un peu fort. Je me doute bien que je ne serai d’aucune aide. Je l’écoute donc me parler de cette fille en hochant de temps en temps la tête pour serrer les dents. connasse. Salope. Petite garce. « Mais pourquoi maintenant dans ce cas ? tu te fais violer tu vas porter plainte le lendemain, chuchotai-je à mon ami » ça n’avait aucun sens surtout que ça pouvait foutre la vie de quelqu’un en l’air. Déjà je pense qu’il ne travaillait plus en temps que prof puisqu’il était ici. Ensuite, il aurait pu perdre Willow, il aurait pu y laisser sa vie. Des gens se suicident pour ce genre de choses. « Oui, oui je disais ça pour alléger l’atmosphère. » Je fronce les sourcils. Si Jonas était encore là, il serait rentré dans une rage noir pour aller tabasser cette petite conne. Mais je suis quelqu’un de plus mesuré. « Oui, ils vont te garder toute la nuit avec les éléctrodes pour vérifier ton activité neurologique. » Je secoue la tête à la négative. « Au contraire, tu peux plaider en cette cause. Tu peux dire que vu que tu as des soucis mémoriels, tu ne t’en souvenais pas et que tu n’étais pas toi-même. Mais dans tous les cas, même si son agression date du trimestre dernier… » je ne sais pas comment formuler ça sans être trop cru. « Son intimité en portera tout de même des séquelles. On peut voir sur des femmes de plus de trente ans qu’elles ont été violées durant leur enfance et qu’elles ont fait une sorte de déni. La peau interne se déchire et il y a des marques qui démontrent clairement l’agression. Sans compter qu’il faudra vérifier les faits, dates, heures. » Je croise les bras avant de me pincer les lèvres. « mais donc tu n’as répondu à ma question : est-ce que tu lui as causé du tort qui la pousserait à mener cette accusation ? Ou est-elle juste mentalement dérangé ? T’as fait des recherches dans son passé pour voir si elle avait déjà fait ce genre de choses ? le contexte familial, social… il doit bien y avoir une trace de ce qu’elle avance. »

Il haussa les sourcils en entendant les propos de Cassiopea. Avec tout ce qui se disait là-dessus, que ce soit dans les médias ou dans son entourage, pour tenter de plus en plus de contrer les stéréotypes véhiculés par la culture du viol, il était étonné qu’elle soit de cet avis. Mais il n’était pas expert en la matière, il savait juste les statistiques qu’on lui avait rapportées, et qu’il avait lues, essayant de se renseigner pour tenter de mettre en lumière ce qui s’était passé. Même si ça ne ferait jamais un quelconque sens à ses yeux. « Au contraire … de ce que j’ai pu voir, tout joue en sa faveur, niveau délai. Bien souvent, les victimes ne portent même pas plainte, en fait. Et si ça prend du temps, c’est à cause de la peur, du traumatisme, de la honte, de la culpabilité … » Dit August, relatant au fond ce qu’on lui avait expliqué lorsqu’il s’était lui-même posé la question. Il ne comprenait pas pourquoi tout cela lui explosait en plein visage maintenant, alors qu’on faisait mention de situations qui étaient supposément survenues il y avait des mois de cela. Et il s’en voudrait à mort si jamais il avait mis cette étudiante dans un quelconque état de souffrance. Mais il n’arrivait pas encore à la croire, il ne pouvait pas le croire. Et même s’il était un jour acquitté, il vivrait sans doute jusqu’à jamais avec ce doute dormant dans le plus profond de lui-même. Quand Cassie parla d’électrodes, de me garder toute la nuit, j’en eus des frissons dans le dos. « C’est vraiment comme ça qu’ils font ? » Demanda-t-il, la gorge sèche. Une gorgée de rhum de plus. Plus il parlait avec la psychiatre, plus les horreurs se matérialisaient dans sa tête, devenant même des images qu’il n’avait jamais osé jusqu’alors s’imaginer. Ses paroles rendaient le tout bien trop vrai, alors qu’il voulait tellement le croire faux. « Mais selon ses propos, sa plainte, il ne s’agit pas d’une agression violente … ça n’était pas … forcé. Pas forcément de lésions, donc. Mais ça a peu d’importance, pour eux, parce que c’est une agression sexuelle en situation d’autorité, alors forcé ou pas, je suis coupable. » De par mon simple statut de professeur, peu importe ce qui s’était passé, j’étais responsable. Le problème était qu’il ne s’était rien passé, et c’était là tout le difficile de ma preuve. Déconstruire tous les arguments de l’élève, prouver que les pistes étaient brouillées au point de ne même pas exister. Comment avait-elle pu déformer la réalité à ce point ? « J’ai pas fait de recherche, non … Je laisse tout ça à mon avocate. Tout ce à quoi je peux songer, c’est qu’elle a failli couler un cours, le trimestre dernier, et qu’elle m’a demandé d’augmenter sa note de quelques points pour lui faire passer un examen, et j’ai refusé. Mais … est-ce que ça fait vraiment en sorte que je mérite qu’on foute ma vie en l’air ? » Non, bien sûr que non. Mais elle était dérangée, comme le disait Cassie.

Je hoche la tête en entendant mon ami parler même si j'étais révoltée. Cette pouffe aurait pu lui faire perdre tellement plus que son boulot. Comme de faire en sorte que sa copine parte ou qu'il y laisse sa vie. " La culpabilité d'avoir menti. Petite pouffiasse. " je n'insultais jamais les gens car en général, j'étais quelqu'un de gentil. Toujours douce. C'était Jonas qui était le feu dans ma vie, pas moi. mais depuis que j'entretenais une relation avec Elias, c'était comme ça. j'avais comme un feu nouveau en moi. je redoutais la réaction de mon ami lorsque je lui apprendrai la nouvelle. " Yep mais c'est indolore ne t'inquiètes pas. et si tu veux que je sois là, je serai là. " j'attrape sa main que je serre dans la mienne. il était tout ce qu'il me restait de mon mari car avec Jaeden, nous ne nous parlions presque plus. " Je suis désolée, je n'ai jamais subi ce genre de choses. Je n'ai connu que deux mecs dans ma vie donc pour moi, une agression sexuelle c'est forcé. A moins d'être droguée bien entendu. " mais avait-elle émis cette hypothèse ? De drogue ? Sans doute car sinon sa plainte ne tiendrait pas debout. " Les femmes sont toutes un peu tarées… " je hausse les épaules. " Et si on changeait de sujet ? " Je descends mon verre cul sec. " Tu le prendrais comment si… enfin si je décidai de refaire ma vie ? " Comment tâter le terrain avec douceur, faites le à la mode Cassie.

Elle pouvait encore lui faire perdre plus que son boulot, à August, cette jeune étudiante. Elle pouvait lui faire perdre sa réputation, le Wojna’s, Willow, sa liberté. Certes, il avait perdu son job déjà, mais il avait encore tout à perdre et c’était bien ça qui était le plus effrayant. Certes, Willow promettait de rester à ses côtés quoi qu’il arrive, mais une fois en prison, il ne pourrait jamais lui en vouloir de désirer refaire sa vie. Elle aurait toutes les raisons du monde de le vouloir. Mais August préférait ne pas y songer, parce que même s’il se montrait distant avec Willow, elle était sa lumière au bout de ce long tunnel de l’enfer. « Tu resterais toute la nuit ? J’avoue que … que ta présence m’angoisserait peut-être un peu moins. » Parce qu’avec des électrodes sur la tête, enfermé dans une salle d’observation, August doutait fortement pouvoir trouver le sommeil qu’ils attendraient. Il était déjà insomniaque à la base, alors si en plus on le mettait dans des conditions anxiogènes … La présence de Cassiopéa l’aiderait sans doute, oui. Le rassurerait. Quand elle parla de ce qu’une agression sexuelle était à ses yeux, il fut un peu surpris étant donné qu’il aurait cru qu’en tant que psychiatre, elle aurait été confrontée à tous les scénarios possibles, mais il haussa les épaules. « Visiblement, c’est pas le cas aux yeux de la loi. » Et c’était bien, en fait. C’était même très bien, qu’une personne en situation d’autorité ou de confiance ne puisse pas abuser de sa position. Mais il fallait aussi que cette personne soit coupable de ce qu’on l’accusait, ce qui n’était pas son cas à lui. « Oui, changeons de sujet. » Ce serait certainement le bienvenu. Il descendit à son tour son verre, avant de les resservir. Il arqua un sourcil en relevant le regard vers Cassie, redéposant la bouteille à côté de lui. « Ça dépend … » Il s’accouda au comptoir. « Si tu la refais ici, ta vie, je ne peux qu’être content pour toi. » Il sourit. « Mais interdiction que tu foutes le camp. » Surtout pas en ce moment.