(alfek) drink up, and get courage

Depuis son retour de Madrid, c'est la deuxième fois qu'Alfie remet les pieds au Hendrix. La première fois, l'endroit n'était plus son bar. Une équipe de tournage avait foutu le bordel dans cet endroit qu'il aimait tant et qu'il avait lui-même mis sur pied, y ajoutant des décors, retirant des tables. Heureusement d'ailleurs que Ruby avait su se montrer convaincante pour l'empêcher de dégager ces inconnus en les traînant un à un par le col de leurs chemises à la con. Pris de nostalgie, il y est retourné après qu'elle ne lui ait annoncé qu'ils avaient tout remballé, que le Hendrix n'était plus à eux et qu'Alfie pouvait le récupérer. Arrivé à destination, il pousse la porte en bois et immédiatement, une vague de bonne humeur s'empare de lui lorsque la musique de son jukebox lui arrive jusqu'aux oreilles. Il regarde les clients, ses clients, arrive même à déceler quelques visages de quelques habitués. En regardant en direction du bar, il est heureux de voir qu'Alek est toujours là. Après être resté planté comme un crétin au milieu de la pièce sans ne rien faire d'autre qu'admirer son endroit préféré de Bowen, il franchit la distance qui le sépare du bar et prend pour la première fois la place d'un client au lieu de celle du barman. « Je pense qu'à force, tu connais mes goûts non ? » demande-t-il pour répondre à la question d'Alek. Il s'accoude au bar et guette sa réaction, curieux, impatient, espérant qu'elle sera positive.

Même si il a été son patron, Alfie et Alek ont malgré tout réussi à tisser un lien à travers ces nombreuses soirées où ils travaillaient tous les deux, côte à côte, goûtant leurs propres alcools jusqu'à finir plus imbibés que leurs clients. Pour cette raison, il n'a pas envie de se contenter d'une habituelle poignée de main. À la place, il se redresse sur son siège et se penche par-dessus le bar afin de pouvoir offrir une accolade amicale à son meilleur co-barman, accompagné d'une tape dans le dos. Il se laisse ensuite tomber à nouveau sur le tabouret qui soutient son poids. « Et je suis content de voir que cet endroit n'a pas changé, j'avais peur de le voir transformé en une sorte de boîte de nuit avec de la musique commerciale en fond. » À cette pensée, il frémit de dégoût. Il attrape le verre que Alek lui sert et esquisse un sourire amusé lorsqu'il l'annonce comme étant la tournée du patron. « Il est si cool que ça ce patron ? » demande-t-il, peut-être un peu curieux. « Parce que ouais, je vais être sincère, j'ai clairement envie de reprendre les reines de ce bar. Après tout, c'est comme si je l'avais construit donc j'en ai les droits, enfin je suppose. Mais si tu me dis que ton nouveau boss est plus calé.. » Il ne termine pas sa phrase et hausse un sourcil, voulant plaisanter même si cette phrase cache en réalité un grand fond de vérité.

Même si tout avait changé et que son bar n'était plus son bar, Alfie aurait voulu se battre. Il aurait donné des coudes pour récupérer ce qu'il avait avant, pour retrouver sa place derrière le comptoir aux cotés de ses employés qui ont fini par devenir une sorte de deuxième famille à ses yeux. Heureusement qu'Alek était resté pour honorer sa mémoire, quoi qu'il n'était pas non plus mort et avait promis que, un jour ou l'autre, il reviendrait. « Je savais que je pouvais compter sur toi, » répond-t-il avec un sourire fier. Et lorsqu'Alek commence à lui parler du patron, Alfie pose son verre et l'écoute en fronçant légèrement les sourcils. Il n'a aucune idée de qui il est, ne l'a même jamais vu. Mais si il était là, quelque part, il ne lui suffirait que d'une gorgée en plus pour le dégager de cet endroit qui lui appartenait. Qui leur appartenait à tous les deux, même. Sans Alek, le premier qu'il a engagé pour servir à ses cotés, Alfie est certain que le Hendrix n'aurait pas connu le même succès. Cette dernière phrase qu'il prononce lui tire un sourire mi-amusé, mi-touché. « Alors c'est décidé, je reviens pour de bon, » délare-t-il avant de finir son verre d'une traite. « Je suis bien conscient que je vais sûrement devoir un peu me battre face au type mais bon, ça en vaut la peine. Je suis pas revenu à Bowen pour redevenir serveur dans un café, » ajoute l'espagnol d'un air exaspéré. « Mais toi, dis ? Comment tu vas ? Je suppose qu'en quatre mois, t'as fait autre chose que servir des verres et les essuyer. »

Immédiatement, ses lèvres s'étirent en un nouveau sourire lorsqu'Alek lui assure qu'il sera à ses cotés. C'est ça qui lui plaît à Alfie dans son rôle de patron, ça aussi qui l'a aidé à rentrer à Bowen sans se tourner une dernière fois vers Madrid. Le Hendrix n'était pas qu'un bar composé de barmans, de serveurs, de personnes qui ne font que bosser ensemble sans s'adresser un mot en dehors des services. Alek, il a fini par devenir un véritable ami pour l'espagnol. En réalité, il lui arrive même de le considérer comme un petit frère, notamment lorsque celui-ci lui annonce qu'il a rencontré une fille. « Heyyy, je me doutais bien que t'allais pas rester seul bien longtemps ! » s'exclame-t-il avec un sourire fier, à deux doigts d’ébouriffer les cheveux d'Alek. Il se retient heureusement et se contente de lui offrir un hochement de tête approbateur. « Je peux savoir son nom ? Promis, j'irai pas la stalker. » C'est juste par curiosité, histoire de voir si, par hasard, il ne la connaîtrait pas. Après tout, Bowen est une petite ville où pratiquement tout le monde a déjà croisé tout le monde. C'est à son tour de répondre aux questions d'Alek. « À la base, je suis revenu à cause d'une très bonne amie à moi qui n'avait vraiment pas le moral. Peut-être que tu la connais, Nevaeh. Y en a pas 50 en ville, » ajoute-t-il avec un sourire amusé. « Puis tu sais, ça faisait un petit moment que j'avais plus décollé de Bowen. En trois ans, tu finis par t'attacher à certaines personnes, et à certains endroits. Puis y a plus rien pour moi à Madrid, ça appartient juste à mon passé. » Il pousse un léger soupir avant de porter son verre jusqu'à ses lèvres. « Mais on est pas là pour parler des sujets déprimants alors, au retour du bon vieux Hendrix ! » lâche-t-il avant de boire son verre d'une traite.

Revoir ton copain Alfie te rendait heureux. C'était ton ancien patron, certes, mais il avait réussit à s'occuper de toi comme un frère. Vous vous étiez bien trouvé tous les deux, c'est le cas de le dire. Vous aimiez votre métier et vous aimiez la vie. Lorsque tu lui dis que tu avais trouvé une fille pour combler ta vie, le jeune homme te faisait une sorte d'interrogatoire. Tu ris lorsqu'il te dit qu'il n'allait pas la stalker mais qu'il voulait savoir son petit nom. « Peut-être que tu la connais, elle vient souvent aussi. Elle s'appelle Lou-Belle » répondis-tu timidement. C'était nouveau pour toi d'avoir une copine. Même si tu étais fou amoureux d'elle, tu n'avais pas l'habitude. « Et toi, tu n'aurais pas une demoiselle dans ta vie ? » demandas-tu au jeune espagnol un peu curieux. Après, Alfie t'expliqua pourquoi il était revenu sur Bowen. Comme quoi Madrid appartenait maintenant à son passé, un peu comme toi pour Londres. « Je comprends, je sais pas si je pourrais revivre à Londres » dis-tu un peu mélancolique de ta vie londonienne. Tu avais retrouvé des gens ici qui habitait là bas comme Callie ou Effy. Alors à quoi bon retourner la bas, si ce n'est pour voir ton vieux père alcoolique, enfin s'il n'est pas mort. « Tu as raison, mon pote, au bon vieux Hendrix » finis-tu en levant un verre que tu venais juste de te servir pour accompagner l'espagnol.

Lorsqu'Alek mentionne le nom de Lou-Belle, Alfie se redresse sur son siège et ne peut empêcher à un sourire de venir étirer ses lèvres. Oh, il la connait la demoiselle. Il se souvient de cette soirée qu'ils ont passée ensemble, une soirée des plus innocentes puisqu'ils ont troqué une partie de jambes en l'air contre un karaoké dans un bar. Au lieu d'entrer dans les détails, il se contente de hocher la tête sans perdre son sourire. « Oui, je vois qui c'est. » Alek ne tarde cependant pas à lui retourner la question et, n'étant pas habitué à parler de sa vie sentimentale, il baisse les yeux vers son verre avant de passer un main dans ses cheveux. « C'est un peu confus, mais c'est possible que je sois en train de m'adoucir pour une fille. Elle pourrait presque me rendre normal, » ajoute-t-il avec un sourire amusé, faisant référence à son handicap des sentiments qui le suit depuis son adolescence. Alek lui parle ensuite de Londres, du fait qu'il ne pourrait probablement pas retourner vivre là-bas, et Alfie ne peut qu'approuver puisque lui ressent exactement la même chose. Ils trinquent ensuite au Hendrix avant de boire à l'unisson. « Tu sais ce qu'on devrait faire ? Une soirée de ré-ouverture avec une ambiance de dingue. Je veux ramener son étincelle à ce bar et faire comprendre à ton patron du moment qui est le vrai boss ici. » Alfie plisse légèrement les paupières, espérant obtenir l’approbation d'Alek sur son idée.

Lorsque tu mentionnas ta chère et tendre, tu pu remarqué que l'espagnol la connaissait. C'est vrai, même avant de sortir avec, Lou venait souvent au Hendrix. C'était une personne splendide, même avec tous ces défauts, tu l'aimais beaucoup trop. Alors tu avais retourné la question à ton vieil ami, Alfie. A savoir si lui aussi avait trouvé quelqu'un pour tuer le temps. C'est donc là qu'il te dit qu'il était entrain de s'adoucir pour une fille. A vrai dire, tu ne l'avais jamais vraiment vu en couple, il était plutôt comme toi à faire n'importe quoi et à batifoler à droite et à gauche. « Toi et moi on se surprends à se caser » répondis-tu au jeune homme avant d'échapper un petit rire. Ce n'était pas dans vos habitudes. Tu étais content de revoir Alfie, tu ne pouvais t'empêcher d'avoir ce sourire constant aux lèvres que tu n'avais pas lorsque tu travaillais. L'espagnol te proposa de faire une soirée de ré-ouverture où vous pourriez montrer la véritable âme du Hendrix, ce qu'elle ressort du patron et de ses employés. Comme ça, cela permettrait à Alfie de retrouver sa place au sein de l'équipe et surtout au sein de la direction du bar. « Oh, mais grave, je peux lui parler de ça. D'organiser une soirée lambda et que t'y rajoutes ton petit grain de sel. De toutes façons, d'après ce que j'ai entendu, son départ ne tarderait pas » répondis-tu à ton ami plein d'entrain.

Si Alfie a si vite accroché avec Alek, c'est justement parce qu'il trouvait qu'ils se ressemblaient pas mal. Deux êtres libres, joueurs sans être de lourds dragueurs, prenant simplement plaisirs dans ce que leur offrait la vie. Suite à la remarque du jeune homme, un sourire vient étirer les lèvres d'Alfie qui hoche lentement la tête, le regard perdu au loin. « On se fait vieux, » dit-il alors que son sourire se fait de plus en plus grand avant qu'il n'ajoute « Enfin moi surtout. » Vingt-sept ans, plus que trois ans avant la trentaine. Après s'être momentanément perdu dans ses pensées existentielles, l'idée d'une soirée de ré-ouverture lui traverse l'esprit et il ne perd pas de temps avant de la partager avec Alek. Heureusement pour lui, ce dernier semble rejoindre son avis. « Ah ouais ? Bordel ce serait top. » Lui aussi devient enthousiaste, ils ressemblent à deux gamins sur le point de demander à leurs parents si ils peuvent organiser une pyjama party.

Spoiler:

Alors Alfie était de retour, pour de bon. Vous alliez faire de ce bar, quelque chose de grandiose, quelque chose de magnifique. Tu souris à Alfie lorsqu'il dit que vous vous faites vieux, c'est vrai. Enfin vous avez quand même une petite différence d'âge. Ce qu'il ne s'empressa pas d'ajouter. Cela ne pu te faire plus sourire. Vous alliez faire du Hendrix le bar de votre vie, Alfie comme patron, à l'ancienne quoi. Enthousiaste comme toi, il ne pouvait pas ne pas aimer l'idée. Alors vous trinquiez et vous finissiez de discuter de vos plans machiavéliques, tous les deux accoudés à ce bar et à vous retrouvez. Comme deux bons vieux amis qui ne se sont pas vu depuis des décennies.

FIN DU SUJET.