(Valentine reunion) il aimerait tellement aimer mais il a le coeur déchiré.

Fraichement débarquée à Bowen, j’avais fait comme à mon habitude, je m’adaptais. Mon cursus en zoologie n’avait pas encore débuté mais ça ne m’empêchait pas d’avoir trouvé des animaux de compagnie. Faute de prendre des chiens, des chats, des canaris, j’avais adopté des Osteolaemus tetraspis à savoir des crocodiles nains. Je doute que mes colocataires apprécient la venue des deux pièces rapportées mais déjà au Canada j’étais un peu hors du temps. Mes cheveux argentés, mes cache-oreilles et cet air blasé ou énigmatique sur le visage. Il valait s’accrocher pour m’apprécier et il était rare les personnes que je laissais rentrer dans ma vie de manière définitive. Comme CJ par exemple. Mon cousin plus âgé qui nous avait fui pour retourner en Australie. J’étais déjà venue le voir lorsqu’il était avec cette jeune femme fort charmante, Nevaeh et j’avais appris avec nonchalance qu’il l’avait trompé. C’est bien connu, l’être humain est incapable d’être monogame. N’étions-nous pas des animaux dans le fond ? Munis de nos instincts les plus primaux. Je ne lui avais pas encore envoyé de messages pour lui dire que j’étais en ville mais je ne doutais que Père ou Pouffiasse-de-Père l’ait appelé pour prendre soin de sa précieuse progéniture. Qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir me couver ? Je suis apathique, pas débile. Habillée d’une manière assez sobre contrairement à mes soirées au cabaret, je flânai dans le musée lorsque je sentis une vibration dans mon sac. Mon père : « CJ arrive. » Et moi qui voulais lui faire la surprise en débarquant avec Brutus et Neron, c’était râpé. Dans le cadre de mes études, je devais venir observer les animaux. Aujourd’hui, j’allais voir les Koalas. Petites peluches lymphatiques et bouffeurs d’eucalyptus. J’avais rassemblé mon flot capillaire argenté en queue de cheval pour entrer dans l’enclos avec le soigneur pour attraper une branche et lui tendre. Ce dernier sans doute paresseux ne daigne même pas s’approcher de moi. Mais le soigneur en décide autrement et me colle sa petite boule de poils affectueuse dans les bras. Il s’agira sans doute de mon premier véritable sourire depuis des mois. Je n’étais pas connue pour être chaleureuse mais je savais écouter et mon apathie faisait que je ne jugerai personne. Et certainement pas mon cousin.

Tu avais reçu un appel. Un appel d’outre-terre si tu pouvais le dire ainsi. Tu n'avais pas eu de nouvelles de ton oncle depuis que tu avais quitté le continent, après la mort de ta famille. Même pas pour te souhaiter ses condoléances. Tu ne pouvais pas vraiment dire que tu étais proche avec ce côté de famille sauf peut-être de ta cousine. C'était la seule avec qui tu parlais. Pas très souvent mais de temps en temps et tu l'aimais bien. Elle n'était pas prise de tête et elle devait bien être une des seuls à ne pas t'avoir enfoncé après ce que tu avais fait. Sa fille était là, en ville. Tu n'avais pas eu le moindre mot de sa part pourtant. Elle voulait sûrement te faire la surprise. Autant dire que c'était assez raté maintenant. Il voulait que tu gardes un oeil sur elle, comme si t'avais que ça à faire, de jouer les babysitters. Tu avais déjà d'autres problèmes à régler avant de pouvoir te soucier de qui que ce soit. Tu ne mangeais pas grand chose depuis des semaines, tu avais perdu au moins trois bons kilos et ça n'allait sûrement pas s'arrêter là si tu continuais à vivre comme ça. Il te donnait quelques pistes sur les endroits où elle pourrait se trouver et tu n'en écoutais aucune. Tu avais déjà ta petite idée là-dessus. C'était un des premiers endroits qu'elle voulait visiter quand elle venait. Elle travaillait en zoologie, pas la première personne dans ce cas que tu connaissais. Alors forcément, elle était amoureuse des animaux. Peut-être le seul endroit où elle devait se sentir bien. Arrivé sur place, tu faisais le tour espérant tomber rapidement sur elle. Tu n'avais pas commencé au bon endroit et tu mis au moins vingt bonnes minutes avant de la voir dans un enclos. « C'est donc là que tu te caches ! » Tu affichais un léger sourire en l'apercevant avec la petite boule de poil dans les bras. Elle arborait un beau sourire et tu ne te rappelais pas la dernière fois que tu l'avais vu sourire de cette façon.

Ce n'était pas un secret pour les gens que je ne montrais aucune émotion. J'avais eu des difficultés à me faire accepter par le passé et puis me faire accepter pour quoi faire ? je n'aime pas particulièrement le genre humain, le trouvant inintéressant. Il n'y avait réellement qu'une personne pour qui je pouvais m'inquiéter. CJ. Il m'avait toujours plus ou moins comprise et j'avais été " offusqué " de savoir que mon père ne lui avait pas présenté ses condoléances. Mais bon, mon paternel était un con autoritaire remarié à une connasse de bas étage qui n'en voulait qu'à sa fortune. Et alors ? il faisait ce qu'il voulait de sa queue et de son fric, je n'en avais que foutre. Le koala dans les bras, je caressai la peluche qui essayait de manger mon tee-shirt. Fais toi plaisir, il en a vu d'autres. Je n'ai même pas eu le temps de faire disparaitre la grimace de mon visage qu'une voix bien connue se fait entendre. Si j'avais été du genre enthousiaste et à montrer mon affection, je lui aurai sans doute sauter dans les bras. Mais à la place, je me contente de le regarder en clignant des yeux. après avoir reposée le koala sur sa branche, je m'approche de mon cousin pour le prendre furtivement dans mes bras comme un robot. Plus de chaleur, tu meurs ! " ouais, tu me connais dès que je vois des animaux, je ne peux pas résister. " J'esquisse une grimace qui se veut être un sourire avant de le jauger du regard. " Tu fais peine à voir. T'as cessé de te nourrir ou alors c'est le soleil australien qui t'a fait fondre ? " Pourquoi prendre de gants ? je n'étais pas venue ici pour m'amuser à lui passer de la pommade, j'étais venue ici pour lui foutre un coup de pied au cul.

Tu savais où la chercher, et tu l'avais trouvé. En un rien de temps. Ce n'était pas non plus très compliqué, il suffisait de la connaître un minimum pour savoir où se rendre et où la trouver. Tu la voyais sourire, un petit être dans les bras. Tu lui fis alors remarquer et elle ne tardait pas à te répondre. Elle était d'ailleurs très directe. Tu avais eu plusieurs remarques sur l'état dans lequel tu te trouvais. Des plus ou moins subtiles. Pour Svet, ce n'était pas le cas. Tu avais l'habitude et tu savais aussi comment elle fonctionnait. Elle disait très souvent ce qu'elle avait en tête et ne cherchait pas forcément de jolies façons de te le dire. Tu haussais doucement les épaules, tu étais une vraie épave, ça il n'y avait pas de doute. « Je crois que je me laisse dépérir mais c'est long comme mort. » ajoutais-tu pour plaisanter un peu même si ce n'était vraiment pas drôle. Tu ne pouvais pas rire avec la mort. C'était plutôt flippant d'ailleurs. Mais elle n'avait pas tort. Tu ne mangeais plus, tu dormais beaucoup et tu buvais pas mal aussi. Même si pour l'alcool, tu avais mis un hola parce que ça allait trop loin. Tu ne pouvais pas continuer ainsi sans risquer de mettre ta santé en jeu. Malgré tout ce que tu pouvais dire, tu ne voulais pas mourir. Tu voulais juste être heureux. Et c'est là où ça devenait compliqué. En tout cas, pour le moment. « Pourquoi es-tu venue à Bowen ? » Tu n'allais pas tourner autour du pot pendant longtemps. Ton oncle t'avait prévenu, si elle était là, c'était pour toi. Tu savais que tu n'allais pas particulièrement bien mais tout de même, de là à faire venir ta cousine, tu te disais que tu devais aller vraiment mal aux yeux de tous