i wanna be yours (rulfie)

2022. Déjà cinq ans qu'il lui a dit être amoureux d'elle. Cinq années de joies et de malheurs, de je t'aime et de je ne veux plus te voir. Alfie a cette étrange impression que le temps a filé sans qu'il ne s'en rende compte mais qu'en même temps, tout aujourd'hui est différent d'il y a cinq ans. Ils ne sont plus les mêmes, ni lui ni elle. Elle l'aura rendu plus mature, plus sérieux face à ses responsabilités, loin de l'insouciant et éternel adolescent qu'il était avant de la rencontrer. Et même si il est encore aujourd'hui le gérant du Hendrix qui marche d'ailleurs mieux que jamais, il a à présent bien des rêves et des projets qu'il aimerait pouvoir réaliser. Certains personnels, d'autres avec Ruby. Et d'ailleurs, en ce dix-huit janvier 2022, Alfie a décidé de mettre l'un d'eux à exécution. Durant la journée, il lui a envoyé un message lui demandant de préparer des affaires pour une semaine. Il a pris soin de contacter August et Willow afin qu'ils puissent garder le petit le temps qu'il emmène Ruby loin, à une destination qu'il a préféré garder secrète. Et à la fin de son service, vers dix-sept heures, il s'en empressé de rentrer chez lui pour ensuite sortir de sa voiture afin d'aller la chercher elle et leur fils sans même couper son moteur. En ouvrant la porte de la maison familiale, Alfie est immédiatement accueilli par les aboiements de son chien. Il prend deux minutes pour ébouriffer ses poils, lui parlant comme on parle à un môme, puis se redresse avec toujours sa veste sur le dos. « Come on guys, il est temps d'y aller ! » s'exclame-t-il. Ruby ne tarde pas avant d'apparaître dans le salon, si belle, si rayonnante. Alfie trottine jusqu'à elle et l'embrasse rapidement avant de planter son regard dans le sien. « Dis-moi que vous êtes prêts tous les deux, je te rappelle qu'on a un avion à prendre. » Il est plus excité que nerveux, impatient d'enfin pouvoir mettre son plan à exécution. Un nouveau sourire vient éliminer son visage pendant que, dans sa poitrine, son coeur tambourine à force de courir partout. Son sac à lui traîne déjà dans l'entrée depuis ce matin, prêt à être embarqué dans sa voiture.

2022. le temps est passé si vite. Après avoir eu le bébé, j’avais abandonné ma carrière d’actrice. Je ne voulais pas exposer mon fils à ce milieu de paillettes. Pendant un temps, j’ai songé au théâtre. J’ai toujours aimé jouer. Mais je ne voulais pas laisser Alfie et Zuzu tous seuls. Avec Alfie nous avons eu nos hauts, nos bas comme tous les couples mais nous en étions ressortis plus forts que jamais. That’s love bitch. Alors que je passais donc mes journées à dessiner, le petit sur les genoux, Alfie est venu me trouver. Nous partions en voyage. Je n’étais pas trop pour laisser Zuzu tout seul. Je ne l’avais pas quitté depuis quatre ans et demi. Il ressemblait à son père de plus en plus au fil des jours. Alors qu’il était allongé à terre à côté de Zéro, je les dessinai lorsqu’Alfie entra comme une tornade. Je bondis de mon siège pour attraper le bébé et marcher vers l’espagnol. « Calme-toi mi amor, tu vas nous faire une crise cardiaque. » Je lui souris avant de lever les yeux au ciel. « Oui, nous sommes prêts. Je te jure que s’il arrive à un truc à mon petit, je te ferai regretter d’être né… » Je prononce son nom au complet, ce qui n’augure rien de bon. J’avais mis du temps à l’avoir celui-là. son prénom au complet tout comme le reste. Je lui tends Zuzu pour lui décrocher mon sourire le plus lumineux. « Je suppose que tu vas me bander les yeux pour que je ne vois pas où nous allons ? ça changera de la chambre. » je lui adresse un clin d’œil avant de passer à ses côtés. Orson viendrait nourrir la famille animalière en notre absence. J’avais voulu lui confier Zuzu mais il pouvait bien passer du temps avec son parrain après tout.

Il lui suffit de s'arrêter un moment, de mettre cette image de sa famille sur pause, pour réaliser à quel point il est heureux. Il ne s'est jamais senti aussi bien d'ailleurs, lui qui s'imaginait avoir une vie remplie de dettes et de conflits familiaux. Il a longtemps cru qu'il finirait par mourir avant d'avoir eu trente ans et pourtant le voilà aujourd'hui, en couple avec celle qu'il considérera à jamais comme étant la plus belle femme du monde. Et surtout, père d'un adorable garçon. Un brunet à la peau claire recouverte de grains de beauté, semblable à sa mère. Ruby ne cesse de dire qu'elle voit Alfie dans les traits du petit alors que lui, il ne peut que s'attarder sur ses ressemblances avec sa mère. « Évidemment qu'il ne lui arrivera rien, tu connais August et Willow ! Et puis, tu sais très bien que je ne le laisserai jamais aller quelque part sans que je sois certain de sa sécurité. » Alfie soulève le petit et l'envoie dans les airs, un sourire fier accroché aux lèvres. Il embrasse ensuite sa joue avant de le reposer par terre. « En voiture bonhomme, » lui dit-il en lui ébouriffant les cheveux avant que le petit ne se mette à courir en direction du hall. La réflexion de Ruby le fait rire et il reporte une nouvelle fois son attention sur elle. « Ça m'étonnerait que tu puisses voir grand chose quand on sera à des kilomètres au-dessus de la terre ferme. » Il s'empare de sa main et entre-mêle ses doigts aux siens pour la guider elle aussi en direction du hall. Là, il attrape son sac et retourne en direction de sa voiture afin de charger toutes leurs affaires à l'intérieur. Il prend ensuite soin d'installer leur garçon à l'arrière, dans son siège auto. « Tu vas passer la semaine chez tonton August, d'accord ? Tu vas voir, ça va être super amusant, il a pleins de jeux trop bien que même moi j'aimerais avoir. » Il sourit à son garçon avant d'aller se placer derrière le volant, Ruby à présent elle aussi installée. « C'est parti, » s'exclame-t-il, plus enthousiaste que d'habitude. Il roule jusque chez son meilleur ami, là où ils s'attardent quelques minutes le temps de discuter de tout ce qu'il faut savoir sur les besoins de son sweet boy. Alfie prend ensuite la route menant à l'aéroport et allume la radio sur le chemin. « T'as une idée de où je pourrais t'emmener ? » demande-t-il à Ruby, curieux même si il espère qu'elle ne lui donnera pas la bonne réponse.

Avec la naissance de Zuzu, tout avait changé dans nos vies. Entre les nuits blanches, les inquiétudes quand il toussait et le caractère surprotecteur de mon hispanique envers notre progéniture et moi, nous n’avons pas touché terre pendant cinq ans. Notre couple était un curieux mélange. Une écossaise au sang froid avec un espagnol au sang chaud. Quelques mois avant la naissance de notre enfant, je lui avais fait visiter une partie de l’Ecosse. J’avais été fière de mes racines à ce moment-là mais je n’y étais plus retournée depuis. Ma vie était à Bowen. Mon meilleur ami, ma meilleure amie, mon âme sœur : Alfie. Il était mon évidence. Et il ne se passait pas un jour sans que je ne caresse la moindre parcelle de peau en me disant que j’ai de la chance. « C’est vrai mais tu me connais. Je suis une vraie mère poule. » Je serre mon tout petit contre moi qui murmure un maman en écossais. Notre enfant parlait déjà quasiment trois langues avant même d’avoir cinq ans. Puis, je le donne à Alfie qui l’envoie dans les airs. Notre bébé rit aux éclats, sans doute content de partir en vacances chez son oncle. « je verrai ton visage, ça sera déjà pas mal. » Je lui caresse la cuisse avec un sourire tendre. Ça, ça n’avait pas changé entre nous. Il avait eu sa part d’ombre, j’avais eu la mienne mais nous nous étions reconstruits tous les deux. J’avais failli le quitter une seule fois et j’avais cru qu’on m’arrachait le cœur. Plus jamais. Nevermore. Alfie était mon oxygène. Comme Zuzu. Je confie le petit à Willow à contrecœur, les larmes aux yeux d’une mère qui couve trop son enfant. « Hm. Au Mexique ? On va voir les lamas comme dans Kuzco ? Ou alors tu m’emmènes en Afrique sur la terre des lions ? A vrai dire, je n’en ai aucune idée et je ne veux pas savoir. Garde-moi la surprise. » J’en avais une aussi pour lui. et une de taille que je lui dirai sans doute une fois là-bas.

Lui aussi a souvent pu se montrer très protecteur. Ils n'avaient plus mis les pieds hors de Bowen depuis la naissance de Zuzu, comme Ruby se plait à l'appeler depuis qu'elle l'a vu ouvrir les yeux pour la première fois quatre ans plus tôt. Il a cru durant les premiers mois qu'il n'y arriverait pas, qu'il serait incapable d'être père alors que lui-même était encore un enfant. Et puis, c'est venu tout seul, naturellement. Il est rapidement devenu l'être le plus cher à ses yeux aux cotés de Ruby, celui qu'il protégera envers et contre tout. « Je sais, et c'est pour ça que t'as besoin de souffler un peu. » Elle le mérite après tout. Elle a tellement travaillé pour sa bande dessinée après avoir quitté sa carrière en tant qu'actrice. Dire au revoir à leur enfant est difficile, mais Alfie sait que le voyage en vaudra la peine. Les propositions de Ruby arrivent à le faire rire tant elle est loin de la réalité. « Ça aurait été bien, mais ce n'est pas ça. Et je ne te donnerai pas d'indice vu que tu préfères garder la surprise. »  Il sourit toujours sans la regarder, les yeux rivés sur la route. Le voyage sera long, c'est pour ça qu'il a décidé de partir en soirée. Au moins, Ruby pourra dormir dans l'avion avant de découvrir le soleil se lever sur ce pays encore mystère. Après avoir garé sa voiture à l'aéroport, il se charge d'aller déposer leurs bagages et marche en direction des portes d’embarcation. L'avion décolle à l'heure, vole sur toute la nuit pendant que, à intervalles réguliers, des hôtesses de l'air viennent leur proposer à manger ou à boire. Mais lorsque l'avion atterri et laisse la possibilité aux voyageurs de voir à travers le hublot, Alfie se tourne rapidement vers Ruby. « Par contre maintenant, je vais vraiment te bander les yeux sinon tu devineras tout de suite. » Il entoure sa tête d'un bandeau et la guide en tenant sa main jusqu'à une voiture qu'il a louée pour l'occasion. Là, il la fait s'asseoir coté passager et roule sur une courte distance, environ dix minutes à peine de l'aéroport. Quand il voit leur destination arriver, Alfie commence à ralentir. « Ça fait quatre ans qu'on est parents maintenant, tu imagines. Quatre ans déjà. Je sais que tu es heureuse, je le vois, mais je sais aussi qu'il restait un vide que tu ne pouvais pas combler. Parce que ça te manquait trop. » Il coupe le moteur, descend de la voiture, et fait le tour afin d'aller chercher Ruby. « Tu peux enlever le bandeau, » lui dit-il avant d'ajouter « Bon retour chez toi, mon coeur. » Ils sont en hauteur, face à un immense lac avec, à l'horizon, un chateau fait de pierres. Un endroit où lui n'est personnellement jamais allé mais que Ruby connaît peut-être puisque ce n'est pas loin de là où elle a grandi. En Ecosse.

A peine sommes-nous dans l’avion que je me blottis contre lui. ma précédente carrière nous avait apportée une certaine stabilité financière. Il avait pu développer son commerce, nous nous étions trouvés une petite maison. Mais du coup, j’avais une véritable arche de Noé à la maison. A chaque fois que je trouvais un animal errant je le ramenai. Je me souvenais juste de la plus grosse peur de ma vie lorsque j’avais débarqué dans la douche avec le bébé et qu’il y avait un serpent. Nous étions restés prostrés pendant de longues minutes avant qu’Alfie ne vienne comme un superhéros nous en débarrasser. Je serre doucement sa main dans la mienne avant de m’endormir. Il était l’homme de ma vie. J’en étais certaine. A trente-deux ans, j’en étais sure. Je me rappelais de l’année de nos trente ans où nous avions confié à Zuzu à des amis pour sortir jusqu’au bout de la nuit. Nous avions fini saouls sur la plage à faire un remake de Grease. Et j’étais tombée à l’eau. « Oh j’adore quand tu me fais des trucs cochons, dis-je lorsqu’il me bande les yeux. » je reste stoique dans la voiture pour voir que je n’étais pas du bon côté. « Non. Mais non, murmurai-je. » Puis après un moment et un sommeil plus tard, on descend de voiture et il m’ôte le bandeau. J’ai l’impression que ma mâchoire va se décrocher. J’étais en Ecosse. Il m’avait emmené en Ecosse. Là où j’ai grandi. Je me tourne vers lui, les yeux embués de larmes avant de me jeter dans ses bras. « Je t’aime, murmurai-je la tête enfouie dans son cou, je t’aime plus que ma propre vie, plus que les macaronis, les McFlurry, plus que mes voitures, plus que nos animaux, moins que notre fils mais t’es la perfection incarnée. » je prends une profonde inspiration avant de m’écarter de lui pour voir le château en ruines. Je fais l’aller-retour entre le château et lui. Alors, j’inspire à nouveau pour attraper la main d’Alfie. « Zuzu est la plus belle chose qui me soit arrivé dans ma vie. Après toi. Je sais qu’on a eu du mal au début mais regarde notre bébé comme il est beau… » je dansais d’un pied à l’autre avant de déglutir. « tu en pensais quoi s’il avait un petit frère ou une petite sœur ? »

Il rit quand elle mentionne les choses cochonnes qu'il aurait pu lui faire avec ce bandeau, reconnaissant bien là les paroles parfois crues de celle qu'il aime. « On va garder ça pour ce soir si tu veux bien, » lui répond-il sans détacher son regard de la route, n'étant pas habitué à ces chemins sinueux qu'il n'a jamais empruntés. Après qu'ils soient descendus, Alfie attend qu'elle ait retiré son bandeau et guette avec impatience sa réaction. Celle-ci ne se fait pas attendre, il savait que la surprise ne pourrait que lui faire plaisir. « Je t'aime aussi, » lui souffle-t-il en entourant son corps de ses bras, caressant son dos avec douceur. Toutes ses comparaisons le font sourire jusqu'à ce qu'il en ait mal aux joues mais, lorsqu'elle le qualifie de perfection, il hausse tout de même les épaules dans un élan de modestie. « Tu mérites au moins ça. » Il la regarde s'éloigner avant de s'attarder sur le paysage, admiratif face à tant de verdure. Il comprend maintenant pourquoi l'Ecosse lui manquait tant, et surtout pourquoi elle est tellement attachée à ce pays. Il est magnifique, chaque décor est semblable à une carte postale. Lorsqu'elle revient vers lui et lui parle du petit, il fronce les sourcils dans un premier temps. « Où est-ce que tu veux en venir ? » Il n'a pas à attendre longtemps avant qu'elle ne soit plus explicite. Ayant du mal à croire ce qu'elle vient de lui dire, Alfie entre-ouvre les lèvres sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche. « T'es... t'es enceinte ? » Un sourire immense, bien différent de ses habituels rictus rieurs, vient illuminer les traits de son visage. « C'est... Ruby, c'est merveilleux ! Zuzu sera tellement content, puis on va être bien plus doués que la première fois. Ce sera... c'est... Wow. C'est extraordinaire. » Il entoure son visage de ses mains et l'embrasse avec amour, son coeur prêt à imploser dans sa poitrine.

J’éclate de rire en mentionnant les choses un peu osées. Nous avions une vie sexuelle des plus débridée. Même avec le bébé, nous trouvions toujours le moyen. Et puis, il faut dire qu’il avait réveillé mes sens lorsque j’avais mis les pieds dans son bar il y a cinq ans, quasiment jour pour jour. Mon dieu. Cinq ans. Ça passe tellement vite. Lorsque je descends et que j’ôte le bandeau, je reste estomaquée. Mon dieu, il m’avait ramené chez moi. « T’es qu’un sale petit cachottier. T’as préparé ça pour nos cinq ans. » Je le fixe en fronçant le nez avant de me jeter dans ses bras. J’ai l’habitude de lui faire des déclarations. Lui était plus pudique. J’ai attendu un moment pour qu’il me dise qu’il m’aimait sans être sous alcool. Mais ça valait la peine. Je plaque mes lèvres sur les siennes. Je déglutis avant de devoir lui annoncer la nouvelle. Je hoche la tête lorsqu’il comprend finalement. alors, je fouille dans mon sac pour en sortir le résultat de la première échographie. J’ai eu bien des frayeurs en cinq ans et je voulais que ça soit sûr. Je me mets à ses côtés pour lui montrer la photographie où l’on distinguait deux petits points. « Tu te souviens de ton anniversaire ? Où l’on a fait ça à même le sol de la cuisine ? Bah voilà. Là, on voit l’une des jambes, ici l’un des bras. Et là, les deux… je voulais être sûre tu comprends et j’attendais le bon moment pour te le dire. » Notre famille allait s’agrandir d’un coup. « tu ferais mieux de t’asseoir. » je le force à se mettre contre le capot de la voiture avant de soulever mon tee-shirt où l’on discernait le début d’un ventre de femme enceinte. « va juste falloir qu’on achète tout… » je déglutis. Je prends ses mains car je ne voulais pas qu’il flippe. « tout en double. »

Il pensait lui faire une surprise et pourtant, c'est lui qui fini par être en état de choc. Elle lui montre les échographies et lui, il ne fait que regarder une photo en noir et blanc de quelques petits points gris. Son sourire persiste, incessant, naïf. Si il y a cinq ans on lui avait dit qu'il serait père pour la deuxième fois, jamais il n'y aurait cru. « Je m'assieds au sol ? » lui demande-t-il pour plaisanter avant qu'elle ne lui annonce la grande nouvelle. Des jumeaux. Il pourrait être soudainement nerveux face à une telle annonce mais, après quatre ans à éduquer un enfant, Alfie ne se sent plus effrayé par ce genre de défi. « Et bien on achètera tout en double, » lui dit-il en plantant son regard dans celui de Ruby, un regard voulu rassurant pour lui faire comprendre que oui, tout se passera bien. Merveilleusement bien même. « Par contre, si je t'ai amenée ici, c'est pour une raison bien particulière. » Il s'approche d'elle et prend sa main aux doigts si fins dans la sa sienne, géante en comparaison. Après avoir pris une grande inspiration, Alfie se lance. « Tu sais, t'es la première fille pour qui je suis sincèrement tombé amoureux. J'aime me réveiller chaque jour à tes cotés, j'aime t'écouter chanter le matin, j'aime ces petites moues que tu as quand tu es contrariée. Et surtout, j'aime notre fils plus que tout. Il y a cependant une chose que j'aimerais te demander. » Il fouille dans sa poche à la recherche de ce boitier qu'il transporte avec lui depuis qu'il s'est habillé. Il ne voulait pas le perdre, et il ne voulait pas non plus que Ruby finisse par tomber dessus. En tenant toujours sa main, Alfie met un genoux à terre et ouvre le boîtier qui contient une bague argentée sertie de minuscules diamants. Trois mois de salaires se trouvent dans cette bague, mais sa beauté en vaut largement la peine. « Épouse-moi Ruby, » lui dit-il sans tourner ça en question, comme l'aurait fait n'importe quel homme censé. Parce qu'il le veut sincèrement, lui qui a toujours été contre le principe du mariage. Il veut la savoir sienne pour le meilleur et pour le pire, au-delà de la mort.

C’est dingue comme nous avions grandi tous les deux. Il y a cinq ans, j’enchainai les emmerdes. Enfin plutôt les malheurs. Et puis grâce à lui, grâce à Freja, je me suis relevée. J’ai eu le bébé et nous avons essayé de construire notre vie ensemble. Alors que nous sommes dans mon pays où la température est différente, je respire à nouveau. Il y a même de la neige sur le sol. Mon cœur bat plus vite et je regarde les horizons. Je demande à Alfie de s’asseoir car je sais que la nouvelle pourrait lui faire un choc. Comme il a cinq ans. Mais finalement, il le prend mieux que je ne le pensais. J’ai confiance en notre avenir. Nous en avions surmonté des épreuves tous les deux. On surmonterait tout. Je le regarde en fronçant les sourcils lorsqu’il commence à me parler. A se déclarer. Je pense que la dernière fois qu’il m’a dit une chose pareille c’était lors de la naissance de Zuzu. Puis, je le regarde fouiller dans sa poche et en sortir une boite. « oh mon dieu, soufflai-je en mettant une main sur mon cœur. » Immobile, je le fixe se mettre à genoux. Dans la neige. Je contemple un moment les horizons avant de reporter mon attention sur lui. Puis, je me baisse à mon tour. « Tu sais, t’as eu plein de filles avant moi. j’ai eu peur au début. J’ai eu peur car je ne pensais pas que je serai à la hauteur. Que je n’étais passez sexy, assez sulfureuse, assez effrontée. Et puis, nous avons eu le bébé et tu es resté. Il ne se passe pas un jour sans que je sois heureuse que tu sois à mes côtés. Tu m’as donné la plus belle… les plus belles choses qu’une femme puisse désirer. » Je prends son visage à deux mains avant de l’embrasser. « Sì. Bien sûr que je veux être ta femme. » Je me redresse. « t’es vraiment le plus gros cachottier de la terre entière, Alfred Bartholomew. »

Pratiquement toute sa vie, Alfie a toujours été d'un naturel imprévisible. Il ne prévoyait jamais ses actions avant de les mettre en oeuvre, parlait sans filtre quitte à choquer les autres. Il n'a que très rarement eu des projets sur le long terme, en dehors de son bar. Et pourtant, cette demande, cela fait déjà un bon mois qu'il la prépare. Il s'est battu avec la compagnie aérienne afin de leur trouver une place parmi les vols complets, mais aussi avec le service de voitures de locations qui n'avaient rien à leur proposer à part des tas de ferrailles certainement porteurs du VIH. Des semaines à passer des coups de fil, tout de ça dans le dos de Ruby. Cinq ans plus tôt, Ruby a été capable de le rendre plus humain, faisant naître en lui de sentiments qu'il n'aurait jamais cru connaitre. Et maintenant, elle l'aura rendu plus adulte. Capable de responsabilités, capable d'être parent. Cinq ans qu'elle ne fait qu'apporter du positif dans sa vie, qu'elle amène la lumière à chaque recoin sombre de son existence. « Clairement, tu vaux bien plus que toutes ces filles réunies. C'est face à toi que je suis genou à terre là, maintenant. T'es plus qu'à la hauteur, t'es... my whole world. » Alfie se relève, sentant le froid de la neige transpercer son pantalon au niveau du genou. Il tient toujours la boîte dans sa main et, quand elle entoure son visage de siennes avant de l'embrasser, il se met à sourire. Elle a dit oui. Bien sûr même, sans hésitation. Après avoir poussé un soupir de soulagement, il place sa main libre sur sa joue refroidie par la température ambiante et allonge leur baiser, comblé de bonheur. « Ne me fais pas croire que ça ne te plaît pas, » souffle-t-il ensuite contre ses lèvres. Il finit par se décaler d'elle afin de pouvoir prendre sa main dans la sienne et, délicatement, glisse l'anneau à son doigt. Celui-ci semble avoir été fait pour elle tant il glisse avec facilité. « Un mariage, deux bébés, ça va en faire des choses à annoncer à ta famille. » Son oncle notamment, un homme qu'il a fini par apprécier malgré les peu de fois où ils se sont vus. Un nouveau sourire vient étirer ses lèvres avant qu'il ne reporte une dernière fois son regard sur l'horizon, le temps de voir le soleil s'élever dans le ciel avant de rentrer au chaud.

Je mentirai si je disais que je n'avais pas attendu ce moment. Après neuf mois à nous être tourné autour, un début désastreux à cause d'une grossesse imprévue, Alfie et moi avions réussi à danser sur la même longueur d'onde. Le soir dans son bar, la journée j'étais à la maison. Je le laissais dormir. Il n'était pas rare que je débarque le soir au bar avec Zuzu. J'avais même une très jolie photo prise entre deux clients de notre fils assis sur le bord entre deux bouteilles avec son père qui nettoyait des verres. Nous étions uniques. Un mélange inconnu. Il avait bien choisi son moment. Sous la neige, en Ecosse. Je regarde les flocons tomber avant d'éclater de rire. " My whole world, répétai-je. " J'ai un sourire grand jusqu'aux oreilles. Je dois paraitre encore plus niaise que je ne le suis déjà. Une partie de moi qui n'avait pas changé en cinq ans. " Au contraire, j'adore quand tu me surprends. " Je l'embrasse avec passion et tout l'amour que j'ai pour lui. puis, je regarde la bague avant de me sentir rougir. " ça a dû te couter une fortune, amore. " Je passe mes bras autour de son cou pour enfouir ma tête dans son cou avant de rire. " Ouais, il va faire un arrêt. " Je me tourne pour regarder le soleil se lever avec lui. alors, je décide de sortir mon téléphone. " Et si on commençait par tuer nos proches en Australie en prenant un selfie avec cette superbe bague ? " Histoire de mettre notre vraie famille au courant. A savoir Freja et August.

Elle l'aura rendu niais, un peu. Si différent, capable de tellement plus. Si Nevaeh le voyait là maintenant, il est fort probable qu'elle se mettrait à rire de lui. Il se remémore encore toutes ces rumeurs qui courraient à son sujet quand il n'avait encore que vingt-cinq ans, des mots prononcés par des commères qui avaient d'ailleurs suffi à la faire fuir, Ruby. Puis elle était revenue, elle finissait toujours par revenir. Ils avaient été deux aimants, deux éternels amants, inséparables à travers le temps. Elle avait suffi à compenser le manque des effets euphorisants des drogues qu'il prenait, remplaçait la coke, le cannabis, tout. Elle l'euphorisait à elle toute seule. Envahi par une sensation de bien être qui anime chaque cellule de son corps, Alfie répond à son baiser avec la même passion, les bouts froids de ses doigts entrant en contact avec la chaleur de ses joues rosies. Quand elle se recule pour admirer la bague, lui se contente dans un premier temps de hausser les épaules. « Disons juste que le Hendrix va attendre un petit peu avant de recevoir sa nouvelle tireuse à bière. » Mais il ne regrette pas cet achat, évidemment. Elle en vaut la peine cette bague, elle représente en un minuscule anneau toutes les promesses qu'il n'arrive pas à prononcer de vive voix. À la proposition de Ruby, il se met à sourire. « Fais rager tes copines en leur montrant que t'as le meilleur fiancé de l'univers, » chantonne-t-il en remuant ses épaules, tel l'éternel enfant qu'il a toujours été.

Cinq ans. J'ai dû attendre cinq ans avant d'avoir cette bague. Et trois enfants. Bon un pour le moment mais deux en préparation. On dirait que je parle de gâteau qu'on met dans le four. Alors que je me peletonne contre Alfie à cause du froid, je lui souris. Je suis heureuse à ses côtés. Certes, rien n'a été simple au début car nous nous sommes beaucoup cherchés mais il était mon évidence. Il était celui auprès de qui je voulais me réveiller tous les matins assaillie par les cris de Zuzu qui voulait qu'on joue avec lui et auprès de qui je voulais me coucher tous les soirs, parfois pas trop habillée. " Je te l'offrirai en cadeau de fiançailles, riai-je contre lui. " Puis, je l'embrasse avant de voir qu'il neigeait. Le cadre idylle. " T'as déjà été un super petit-ami pendant cinq ans pour être resté auprès de Zuzu et moi. " C'est vrai qu'il aurait pu s'en aller en apprenant que j'attendais un enfant de lui. mais Zuzu nous rendait heureux. Tous les deux. " mon dieu, mon fiancé. Oh mon fiancé. " Je crois que je m'y ferai jamais. Alors, je nous prends tous les deux en photos pour l'envoyer en pièces jointes à toutes mes amis avant de me tourner vers lui. " Alors quelle est la suite du programme, amore ? On va voir tonton ? "

Le paysage est idyllique, si loin de ce qu'il a toujours connu. Après avoir échangé un nouveau baiser avec Ruby, Alfie en profite un moment pour lever le nez en l'air. Il laisse les flocons venir se poser sur son visage et refroidir ses joues rougies par l'émotion. Il a déjà vu de la neige sur le sol, en petite quantité, mais c'est la première fois qu'il la voit tomber. Lorsque Ruby lui parle du fait qu'il a été là pour elle, pour Zuzu, il s'empresse de reporter son attention sur elle. « T'as vraiment cru que j'allais te laisser tomber ? Je t'aurais jamais fait ça tu sais, surtout pas pendant que tu portais mon fils. Notre fils. » Du début jusqu'à la fin, il a assumé cette responsabilité même si le début aura été plutôt chaotique. Une période d'incertitudes, de doutes, mais surtout de peurs. Elle lui demande ensuite ce qu'ils peuvent faire à présent et ça, Alfie n'y a pas encore vraiment pensé. Il a planifié le voyage, les transports, mais pas les activités une fois sur place. Il s'était dit qu'au pire, ils improviseraient. « On pourrait, » dit-il avant de plisser légèrement les paupières. « Et après ça, tu sais ce qui me tente vraiment ? Un bain, un bon bain bien chaud, » ajoute-t-il en regard Ruby avec un sourire de plus en plus grand. Il glisse sa main dans la sienne et marche en direction de la voiture de location.