(Jaxmélia) If I jump...

Je m'étais encore coupée du monde. Complètement. Je n'avais pas répondu aux sms de Concho, ni à ceux de Lily. Je ne voulais plus voir personne. depuis que Lilas avait fait irruption dans ma vie le soir de noël, je n'étais plus qu'une épave. J'essayai de la chasser mais je sentais qu'elle avait envie de reprendre le contrôle définitif. Par deux fois, je m'étais laissée glisser et ça prouvait bien que ni l'Australie, ni Jeremy n'était bon pour moi. Mais à presque six mois de grossesse, je ne pouvais plus prendre l'avion comme je ne pouvais plus cacher mon état. Je fixai donc un point fixe. Ce soir était le soir des amoureux. La soirée par excellence où les amoureux se donnaient rendez-vous pour se rouler des pelles et concevoir beaucoup d'enfants. Du moins, je crois car je n'étais plus certaine de rien.  Pathétique. La ferme, Lilas. J'aurai pu rester chez moi à me morfondre mais mes bras étaient remplis de mon mal être. De mes scarifications. Ses bras étaient le signe que Lilas avait repris le contrôle et elles étaient plus nombreuses que je ne l'aurai voulu. Vêtue d'un ample chandail gris, je m'étais dirigée vers le lieu des étoiles filantes pour me tenir en retrait. Les falaises m'appelaient. L'eau m'appelait. " Si je sautais ça règlerait tous nos problèmes, dis-je en jetant un coup d'œil au noir intersidéral du vide. " J'inspirai un bon coup. Alors saute, tu seras aussi monstrueuse que moi, me chuchota la voix de mon double. Je fermai les yeux, serrai les dents pour me laisser tomber à genoux. Pathétique. Lilas avait raison, j'étais devenue un être pathétique. Et comme je sentais qu'elle allait de nouveau gagner ce soir, je sortis une lame de rasoir pour commencer à tracer une ligne bien distincte sur mon bras gauche. Je commençai à faire couler mon sang. Notre sang.

La pluie d'étoiles filantes, toute cette histoire, soirée romantique, à ne pas rater, etc... Jackson n'en avait rien à faire, qu'il disait. Pourtant il était venu sur cette fichue falaise, parce qu'il était curieux, parce qu'il voulait voir de ses propres yeux ce ciel s'animer par toutes ces lumières, il voulait se dire qu'il aurait vu ça au moins une fois dans sa vie. Il s'était d'abord approché de la foule, avait cotoyé des inconnus parce que lui était venu seul, il n'avait personne à emmener, il n'avait pas osé le proposer à Tamsin, leurs retrouvailles étaient encore trop fraîches pour se montrer au monde, il était adepte du proverbe "pour vivre heureux vivons cachés". Donc il les avait vu, les fameuses étoiles et il devait admettre que le spectacle était surprenant, à couper le souffle, peut-être même qu'il l'avait inspiré pour un futur projet, un travail différent des autres. Mais finalement il s'était vite lassé de la vue et des badauds. Alors, éloigné de tous, il avait trouvé un petit coin au calme, près du précipice auquel s'offrait la falaise, un coin où il pouvait se fumer un joint tranquillement sans être ennuyé. Ce n'est qu'au bout d'un moment qu'il compris qu'il n'était pas seul, lorsqu'il entendit une voix féminine briser son silence. Il se retourna et remarqua une fille, seule, au bord du gouffre, au propre comme au figuré à priori. Jax observa son spectacle un instant, restant dans l'ombre, un peu dans le vague à cause de l'herbe qui lui montait doucement à la tête, il se dit qu'elle devait être comme tous les autres, comme lui, qui un jour s'étaient posé la question de mettre fin à leurs jours mais qui n'osaient jamais le faire. Puis elle tomba à genoux, surprenant notre homme, peut-être bien qu'elle allait sauter finalement... Jax s'approcha doucement, sans bruit, sans trop savoir quoi faire, il ne voulait pas l'effrayer au risque d’aggraver la situation, il ne voulait pas non plus se foutre dans les emmerdes, pas vraiment d'humeur à jouer le chevalier blanc. En avançant il remarqua la lame qui brilla sous la lune et puis le geste de l'inconnue, bordel elle se taillait les veines ! Jax était en panique, il ne savait pas quoi faire, mais il devait agir, il ne pouvait décemment pas la laisser se vider de son sang sans rien faire. Hum... C'est le moment où j'appelle les pompiers parce que ça commence à devenir gênant... Il arriva à sa hauteur, son joint à la main. J'sais pas si ça réglera tes problèmes mais au pire t'aurais pu faire ça chez toi sans déranger personne. Non, il n'avait aucun tact. Sauf si tu voulais que quelqu'un te trouve pour t'empêcher de commettre le pire. Il avisa rapidement la blessure, lui-même s'était scarifié à une époque, lorsqu'il était un jeune adolescent stupide, visiblement ça n'était pas irréversible, il semblait être arrivé à temps.

L'avantage de vivre avec une seconde personnalité, c'est qu'elle peut nous prévenir lorsque quelqu'un approche. Une voix d'homme s'élève et nous relevons la tête. Je ne sais plus trop qui a le contrôle de mon corps à l'heure actuelle. S'il s'agit de Lilas ou de moi. Je tente donc de lever le bras, ça fonctionne. Donc c'est moi. je pousse un soupir de soulagement avant de me tourner vers l'homme, rabattant les pans de mon chandail sur mon ventre de femme enceinte. Je ne comprends pas trop ses paroles et je constate le sang sur mon bras. " Merde. " oui, il n'y a pas d'autres choses à dire. A part un juron. Je passe une main sur mon front avant de soupirer. " Je… " Attends, t'as pas entendu le ton sur lequel il nous a parlé ce connard ? La ferme, Lilas. Je relève donc les pans de mon chandail sur mes bras pour lui montrer des cicatrices et d'autres marques plus fraiches. " Trop aimable. " Puis, je range le rasoir à l'intérieur de mon bracelet pour hausser les épaules. " Je ne me suis pas tranchée les veines, dis-je d'une voix atone, et je n'ai pas l'intention de le faire. " Après tout, nous sommes au bord d'une falaise, il nous suffirait de sauter. LA. FERME. Je serre les dents avant d'inspirer. " Donc pas la peine d'appeler les urgences. Bonne soirée. " Puis, je m'assois de nouveau sur la pelouse pour arracher l'herbe avec nonchalance. Il partira pas. Bien sûr que si, nous sommes une femme enceinte, tarée. Personne ne voudrait rester en notre compagnie. personne.

Merde. Bah ouais, merde, elle venait d'être découverte, l'idiote, en même temps faire ça dans un lieu public, potentiellement à la vue de tous ça n'était pas bien malin, c'est comme si lui avait emmené tout son matériel pour se piquer en pleine rue. Elle le regardait après avoir fermé son gilet le plus rapidement possible. Jax porta son joint à sa bouche et tira dessus nonchalamment, l'observant relever ses manches et lui montrer ses stigmates, ce n'était visiblement pas une petite joueuse. Tu veux faire un concours d'entailles ? Révélant en passant que lui aussi en avait quelques unes. Il était soulagé de l'entendre dire qu'elle comptait pas se tailler les veines, au moins il ne la verrait pas baigner dans une marre de sang, l'idée ne le mettait pas trop à l'aise à vrai dire. Mais par contre sauter de la falaise, pourquoi pas... Il l'interrogea du regard. Ouais t'as raison ça n'me regarde pas, il laissa tomber sa cendre et puis se retourna, salut. Il allait partir, il s'en foutait de cette fille. Il s'était déjà retrouvé dans cette situation, au fond du trou, avec quelqu'un qui venait l'aider alors qu'il  n'en avait pas envie, c'était pénible, comme si on n'avait pas le droit d'être dépressif, déprimé ou autre... Et pourtant il s'en était plus ou moins sorti, peut-être à cause de tous ces autres qu'il ne supportait soit disant pas... Fait chier... Il se retourna à nouveau. Tu crois que j'ai pas vu, si c'était un ventre à bière tu ne le cacherais sûrement pas. C'est quoi ton problème, le père du gamin vient de te lâcher ? Il était définitivement mauvais pour aider les autres mais notez au moins qu'il faisait l'effort d'essayer, même de la pire des façons.

Je hausse un sourcil avant de regarder ses entailles. Beurk. Je pousse un profond soupir avant de passer la main sur mon visage, préférant ne rien répondre. Je savais que mon alter-ego avait la langue bien pendue mais pour ma part, je suis plus renfermée. Je mets donc les mains dans mon chandail pour regarder le sol. " La chute ne tuera personne de cette hauteur, lançai-je d'une toute petite voix, au pire on se cassera les deux jambes. " Je me mordillai la lèvre inférieure en pensant à l'emploi du " on " mais ça pourrait être un pronom général. Les gens l'utilisaient beaucoup. Je lui fais un petit signe lorsqu'il s'en va avant de m'asseoir dans l'herbe pour commencer à l'arracher et en faire des petits tas. Mais le brun ténébreux revient sur ses pas. Johnny Depp de pacotille. Chut. Je relève le regard pour croiser le sien. " Non c'est moi qui l'ai plaquée, répondis-je dans un haussement d'épaules, je pense pas que vous puissiez comprendre. C'est un peu compliqué. " je lui adresse une moue désolée. " ou alors faut être câlé en psychologie, ce qui je doute sois votre cas. "

Elle ne devait pas avoir la même appréciaction de la hauteur que le reste du monde, la rousse, parce que même sous l'influence de l'herbe, Jackson voyait bien que la falaise était haute et à pique, elle en se tuerait peut-être pas, mais elle ne s'en sortirait pas si bien que ça, il en était convaincu. Ouais, au pire tu finiras en légume dans un fauteuil, ça te fera une belle jambe. Il roula des yeux, agacé. Il n'avait pas noté le "on", il s'en foutait pas mal de sa façon de parler. Il s'en foutait d'elle aussi, de toute façon elle venait de lui faire comprendre qu'elle ne comptait pas se suicider ce soir alors il n'avait plus rien à faire là, elle n'était qu'une gamine dépressive de plus, alors il tourna les talons, prêt à quitter les lieux. Et puis se ravisa, pour une raison obscure, sûrement parce que sous ses airs de je-m'en-foutiste, il n'en avait pas vraiment rien à foutre des autres, qu'au delà de sa grande gueule qui manquait de tact, il était un vrai gentil quine voulait pas s'avouer cette faiblesse de caractère. Elle le vouvoyait, c'était gênant, lui ne s’embarrassait pas de cette fausse politesse. J'suis pas si mauvais en psycho, malgré mes apparences. Surtout dans l'état dans lequel je suis. Répondit-il en lui montrant le joint qu'il avait entre les doigts. Je t'en aurais bien proposé un peu mais dans ton état je crois qu'il en vaut pas... une fois j'ai proposé un verre à une femme enceinte, ça n'a pas été bien interprété. En même temps il ne savait même pas qu'elle était enceinte techniquement ! Non, il ne se remettait toujours pas de l'accouchement surréaliste d'Aisling. Pour une fois qu'on pouvait lui reprocher de parler trop, comme si la drogue lui déliait la langue et le sortait de sa réserve naturelle. Enfin tu t'en fous j'imagine. Et moi j'm'en fous de tes histoires d'amour, alors la psycho on verra ça une autre fois.

Je cligne plusieurs fois des yeux avant de tapoter la place à mes côtés pour qu'il vienne s'asseoir. Je continuai de faire mes petits tas tandis que le monstre grondait toujours en moi. Je la sentais qui rampait et essayait de refaire surface pour lui foutre son venin dans la tronche. " Je peux pas, j'ai une petite fille en plus de celui que j'ai dans le ventre. Mais je suis venue ici pour regarder les étoiles… " Oui et me scarifier. Ta faute, Lilas. Pas de quoi. Grosse connasse. Je poursuis mon combat intérieur pour relever la tête vers lui et le regarder fixement. Il était sous emprise de la drogue. Ça ne m'étonnait guère. Je n'en ai jamais pris à vrai dire. Non, non, non, non. une fois ne tuera pas ce bébé mais peut être que ça la fera taire. J'ai dit non. J'attrape donc le joint avant de tirer dessus et tousser un peu. " J'ai jamais fumé. Mais bon vu mon état psychique, peut être que ça la fera taire. " Je grimace avant de prendre une nouvelle bouffée pour lui rendre son bien. " Merci* ". Je dodeline de la tête pour froncer les sourcils. " j'ai jamais dit que je m'en foutais. Bien au contraire, je suis très douée pour écouter les gens. " Je m'assois en taille pour rassembler mes petits tas en un seul. Je soupire à nouveau car il ne semblait pas décider à rester. A vrai dire, il oscillait entre je reste ou je pars. Décide-toi à la fin. " j'ai un dédoublement de la personnalité. En gros suite à un traumatisme, j'ai créé une autre personnalité qui a repris le contrôle de ma vie pendant neuf ans. Et je suis revenue il y a quelques mois pour me rendre compte que j'étais en couple avec un certain Jeremy Strauss et que j'étais enceinte de lui. " Je dévoile mes scarifications avant de serrer les dents lorsque mon regard se posa sur la plus récente. " Les marques, c'est elle qui me les fait subir. A chaque fois qu'elle prend le contrôle pour me dire qu'elle a pris contrôle de ma vie. " j'avais dit ceci avec un calme platonnien avant de regarder mon nouvel ami. Je lui tends alors la main. " je suis Amélia, ravie de vous rencontrer monsieur ténébreux à la langue aussi acérée qu'une lame de rasoir. "

Elle avait déjà une gosse, loin de lui l'envie de juger mais franchement il semblait à Jax que cette fille avait des soucis dans sa vie pour se retrouver seule sur une falaise à se scarifier ou penser en sauter alors qu'elle avait un polichinelle dans le tiroir et une autre mioche à la maison, de là à ce qu'elle lui dise que la petite était placée, il n'en serait pas étonné. Bon, lui n'était pas mieux avec ses soucis de drogue, chacun son domaine. C'est ta façon de regarder les étoiles... Avec son ton condescendant il n'aidait vraiment pas à ce qu'ils s'entendent bien, mais Jackson n'avait pas forcément envie de se faire une nouvelle amie ce soir. Bien plus vive que lui sur l'instant, la rousse attrapa le joint et le porta à ses lèvres sous la mine ébahie de l'artiste. Hééé mais ça va pas ! La pauvre délirait totalement, elle ne semblait pas avoir besoin de ça en plus. Elle lui sortit du français, il n'était pas bilingue mais il connaissait au moins les basiques. Ouais, de rien, rends-le moi. Tu sais que c'est de la merde pour le gamin ça ? J'veux pas être responsable d'une fausse couche moi, j'veux pas de problèmes. Puis tu crapotes. Il tira nerveusement dessus, en effet il hésitait encore entre rester ou partir, alors la fille se fit plus bavarde, comme si elle voulait le faire rester. C'était bien une gonzesse, elles se disent au fond du trou pour que quelqu'un les écoute. J'ai pas besoin de parler, c'est pour ça que j'me suis mis là, loin de tous, toi t'as gâché mon moment de paix, maintenant j'suis coincé avec toi. En vrai il n'était pas coincé du tout, elle ne l'obligeait pas à rester, mais c'était son côté râleur et puis il était curieux alors bon ou mal gré il l'écoutait lui parler de sa vie. Ce fut ce nom, Jeremy Strauss, qui le décida définitivement à rester. Pouffant de rire presque malgré lui, Jackson s'installa à côté de la gamine, passant sa main dans l'herbe, comme s'il était absorbé par cette sensation, il resta quelques secondes sans rien dire avant de relever la tête vers elle. Il lui serra la main. Jax. Tout simplement, il n'allait pas lui dire qu'il était ravi également, ce serait mentir. Cette merde que t'as fumé là, c'est drôle... elle me vient de ton mec.... enfin de celui de ton double, enfin tu vois quoi. C'est mon dealer. Petit sourire moqueur. C'est drôle la vie non ? Pas sûr qu'elle trouve l'anecdote si tordante la belle Amélia. Il n'avait pas compris grand chose à son histoire de dédoublement de personnalité, lui aurait tendance à appeler ça de la schizophrénie mais bon, il n'était pas psy, alors il préféra ne pas s'étendre sur le sujet. Il aurai pu me dire qu'il allait devenir papa, j'lui aurait fait un cadeau de naissance. Sarcasme, mon meilleur ami.

Je me contente de hausser les épaules lorsqu'il commente ma façon de regarder les étoiles. A vrai dire, ce n'est pas moi qui suis venue ici mais Lilas. Je pense qu'elle avait l'intention d'aller voir Jeremy ou un truc du genre. J'attrape donc le joint des mains de Jax alors que ma voix intérieure me hurle de ne pas le faire. Je tousse la fumée avant de grimacer. " C'est dégueulasse, on dirait de la ratatouille*. " En tout cas, ça en avait l'odeur. Il m'arrache le truc des mains et je le fixe sans comprendre. " ça va, je me drogue pas, je bois pas, et je fume pas. enfin moi je fume pas mais l'autre si. " Je dois avoir l'air d'une gamine à ses yeux mais j'en suis une. Je hausse à nouveau les épaules lorsqu'il parle du fait que je lui ai gâché le moment. " Bah va-t-en alors. " Je le vois pouffer de rire et je fronce les sourcils. Je peux lui en coller une s'il te plait ? Non, on se calme, attendons de voir un peu. Je croise mes longues jambes avant de hocher la tête. " Enchantée. " Non pas du tout, tu mens Amy. Oui mais bon, il a l'air sympa. Je pourrais sentir le facepalm intérieur de mon autre personnalité. " Je sais qu'il deale de la drogue. Et aussi qu'il gère un club de strip-tease. C'est pour ça que j'ai rompu. " Je hausse à nouveau les épaules avant de caresser mon ventre, l'air distraite. Je ne relève pas sa blague mais je sens le sarcasme. Je me tourne vers lui en haussant un sourcil. J'ai bien envie de dire quelque chose mais je préfère me taire. A la place, je lève le nez pour regarder les étoiles et faire un vœu. Celui que tout s'arrange dans ma vie.

Elle parlait vraiment d'une façon étrange, c'était déroutant pour Jackson. De la ratatouille, il n'avait aucune idée de ce que ça pouvait être et ne chercha pas non plus à s'attarder sur la question. Mais clairement, c'était la première fois qu'elle tirait sur ce genre de cigarette. Lui ça ne lui faisait plus grand chose, on était loin de l'époque, des premiers joins fumés à l'adolescence qui le rendait léger et euphorique, qui ralentissaient ses idées et lui faisaient voir de drôles de choses, aujourd'hui ça ne faisait qu'apaiser le manque, c'était déjà ça me direz-vous. Disons que s'être piqué à la drogue dure durant des années c'était un autre niveau qu'un peu d'herbe alors, on ne pouvait pas tout avoir, au moins il n'avait plus de risque d'overdose aujourd'hui. L'explication de la rousse clarifia un peu la raison de son comportement étrange et même si Jax n'en avait pas compris grand chose, il imaginait bien les deux voix se faire la guerre dans sa tête, comme des petits trolls, chacun sur son épaule, peut-être que sur ce point c'était la drogue qui aidait à imaginer. Il hocha la tête, certainement qu'imaginer un gamin grandir au milieu de la drogue et du vice ça ne devait pas aider. C'est pas pour ça qu'il se drogue forcément ni qu'il couche avec ses danseuses... enfin j'en sais rien, j'le connais pas si bien que ça Strauss. Mais s'il a voulu d'un enfant c'est peut-être qu'il n'est pas si mauvais au fond. Jax qui donnait dans la douceur, c'était rare, étrange même. Lui n'aurait probablement jamais d'enfant, il n'aimait pas ça, il n'avait rien à offrir à un gosse à par la déception de voir son père être un minable raté. Tu vas faire quoi, de ce bébé, si t'en veux pas ?

J'ai toujours été étrange comme femme. Déjà lorsque j'étais enfant. Une solitaire. Je préférai rester dans mon coin à jouer aux jeux de construction plutôt qu'à jouer aux poupées. Je suis tranquillement assise aux côtés d'un homme qui ne veut pas être avec moi. enfin avec. Auprès. Je soupire avant de plonger dans le bleu des yeux de cet homme. Il est mignon. Je ferme les yeux en entendant la voix de mon double, incapable de faire quoique ce soit pour la faire taire.  il n'est pas mauvais mais je le suis.  C'était vrai. je n'étais pas une fille bien. Oh ferme-la avec ta fausse modestie à la con. J'inspire profondément. Enfin, je vis avec deux personnalités. Celle que tu vois là et l'autre. D'ailleurs je te conseille pas de la rencontrer. Elle est encore plus méchante que toi. Je caresse doucement mon ventre avant de baisser les yeux vers ce dernier. La question de Jax était légitime. je vais confier mon fils et ma fille à Jeremy avant de disparaitre. C'est la meilleure solution.

Etre mauvais pour la personne que l'on aime, l'histoire de Jackson, il connaissait ce couplet parfait, c'était le sien depuis des années, depuis qu'il avait rencontré Tamsin et que, bien qu'il l'aime plus que tout, il sache qu'il n'était pas bon pour elle, qu'il ne saurait pas l'aimer correctement, comme il se devait, qu'elle ne serait pas heureuse à ses côtés. Il savait qu'il était toxique et pourtant il avait au fond de lui ce fol espoir que ça puisse marché malgré tout, un jour. Il haussa alors les épaules, qu'est ce qu'il pouvait bien répondre, il n'allait pas lui servir du "tu es meilleure que ce que tu crois", il ne la connaissait pas, il n'en savait rien, peut-être que c'était une garce, ou une vraie folle, peut-être qu'elle avait raison comme lui avait raison sur lui-même. Après tout elle se connaissait sûrement mieux que personne d'autre. Il sourit de toutes ses dents. Merci pour le compliment ! Qui dit que j'suis méchant ? J'suis honnête rien de plus. Elle ne me fait pas peur, l'autre, je saurais la remettre en place. Il ne la prenait qu'à moitié au sérieux, en vrai cette histoire de double ça le faisait presque flipper. La façon dont elle caressait son ventre, c'était touchant, enfin ça devait l'être, d'une certaine façon, Jax n'était pas vraiment du genre à s'émouvoir pour ça, mais il ne pouvait nier qu'on voyait l'affection qu'elle portait à ce petit alien, qu'elle le veuille ou non. C'est un garçon donc ! Un peu de fausse légèreté. Je ne sais pas si j'oserais confier un gamin à un type comme Strauss... enfin j'en sais rien, tu dois être plus au courant que moi. Mais ce sont tes enfants tout de même, que tu le veuilles ou non et que tu les ais désiré ou pas, qu'ils soient "d'elle" ou pas. Il réfléchit un instant, se perdant presque dans cette histoire tordue. Enfin elle fait parti de toi, j'imagine. J'suis mauvais psy, non ? Il grimaça incapable de rester sérieux ou de se départir de cette ironie qui le rendait presque suffisant. Puis il tira sur la fin de son joint avant de l'écraser.