La bataille semble perdu - Olivia

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Cela fait maintenant plus de 4 mois que je vis à l’hôpital, que je vis avec cette armature autour de ma jambe, que je dois avoir des soins quasiment quotidiens autour de celle-ci. Cela fait autant de temps aussi que je dois me faire au handicap aussi, ma vision quasiment inexistante à gauche et mon ouïs elle réellement absente… Je crois que je m’y fais plus ou moins bien certes, mais l’audition c’est perturbant au début, et toujours perturbant quand je sors de mon petit train-train quotidien certes, mais je m’y fais, je crois. Mon œil c’est moins facile, car je ne vois pas correctement, je vois des taches de couleur, mais hormis cela c’est tout et c’est très gênant en fait, c’est moins gênant quand je le couvre.

Mais cela fait a présent plus d’une semaine que mon état général c’est assez dégradé. Ma jambe me fait terriblement souffrir, rien ne me soulage malheureusement… Je ne parviens pas trop à bouger réellement, mes petites sorties à l’extérieur ne se font plus trop depuis quelque jours, en plus de la douleur, les soins sont beaucoup plus nombreux, car j’ai des abcès au niveau des plaies et de la ferraille qui dépasse, ça pu, dans tous les sens du terme… Après quelques analyses, les médecins m’ont alors annoncé une plutôt mauvaise nouvelle, ils vont tenter de sauver ma jambe, ça ce n’est pas une nouveauté, la nouveauté c’est qu’en plus de ça ma jambe se bat contre une infection… Ça craint.

Plus d’une semaine sous antibio et rien ne change, ils veulent m’opérer, mais cette fois ils ont peu d’espoir, c’est l’amputation… J’ai passé une nuit terrible, j’ai peur, oh oui j’ai peur… Que vais-je devenir sans ma jambe, même si j’avais peut d’espoir de remarquer normalement, là y a même plu espoir de marche sur mes deux jambes ! C’est la fin d’après-midi, je sais que je vais devoir subir encore un changement de pansement, je suis seul dans ma chambre au fond de mon lit pensif quand on toc.

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♛ la bataille semble perdue

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Olivia rit toujours un peu jaune en début d'année, quand elle est postée de force aux urgences par manque de personnel. Entre les fêtes de fin d'année qui se finissent doucement et la St-Valentin qui approche, il y a toujours des vagues massives de gens qui tentent de mettre fin à leurs jours. S'ils se retrouvent ici, c'est que leur tentative a échoué, pour la plupart. Ils sont donc dirigés vers un psychiatre dès que leur corps le leur permet, mais avant, c'est de soins médicaux dont ils ont le plus besoin... Même pour ceux qui voulaient juste attirer l'attention de la personne qu'ils aiment. En tout cas, avec la St-Valentin qui n'est plus qu'à une dizaine de jours, c'est un vrai festival de personnes dans le cas-là. Olivia passe toutes ses journées aux urgences à aider à remettre des fractures, à donner des médicaments ou à panser des plaies superficielles à côté des plus grosses. Rien de bien intéressant, somme toute. Sauf si elle veut en apprendre plus côté psychiatrique !

A la fin de son service, cet après-midi, Olivia repense à Tom, l'ancien soldat dont elle a pu s'occuper quelques fois au cours de ces derniers mois. Elle se rappelle encore du numéro de sa chambre ainsi que du service dans lequel il se trouvait, mais elle ne sait pas s'il y est encore ou s'il a pu sortir de l'hôpital car cela fait plusieurs semaines qu'elle n'est pas passée le voir, par manque de temps. Curieuse, et tout à fait dans son droit de visiter un ancien patient, Olivia décide de passer à la chambre qu'elle savait être la sienne avant de rentrer chez elle. De toute façon, pour retrouver son appartement vide, autant glaner un peu de compagnie avant... Elle frappe, et attend qu'on lui permette d'entrer. La voix semble être celle d'un homme... Olivia sourit en découvrant que Tom est toujours là.

- Hey... t'aimes tant que ça la bouffe d'ici pour rester aussi longtemps ? plaisante-t-elle en s'avançant vers le lit de Tom pour venir l'étreindre légèrement.

A force de s'occuper de lui et de pouvoir lui faire la conversation, Olivia a fini par nouer un lien avec lui. Tom n'était pas confiant du tout au début, mais à force il a fini par s'ouvrir à la blondinette.

- Excuse-moi d'être restée aussi longtemps sans passer te voir, je faisais des horaires vraiment nuls depuis deux semaines,
fait Olivia en se relevant.

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La vie ne me sourit plus réellement… J’ai 27 ans et j’avoue que jusqu’à présent je n’avais vraiment pas à me plaindre de ma vie. J’ai pu faire le métier dont j’ai toujours rêvé, j’ai ma famille qui m’a toujours soutenu, malgré les risques de mon métier, risque maintenant plus qu’avérer… Je dirais que seule ma vie amoureuse a été un échec jusqu’à présent, même si je dirais que c’est plutôt mon choix. Car je ne voulais vraiment pas imposer cette vie d’attente à ma compagne, cette vie de couple, mais bien plus seule cas deux… Alors non ce n’est pas échec pour moi, juste un choix.

Malheureusement depuis l’accident, je me dis que ma vie un prit un tournant un peu dramatique… Je me serais surement bien adapté à mes handicaps, d’ailleurs le fait de ne plus entendre de l’oreille gauche, me perturbe plus trop, enfin dans l’hôpital, a l’extérieur on m’a prévenu que cela serait plus compliquer, car je devrais m’adapter au bruit ambiant, ma vision me gêne malgré tout un peu plus, moi qui aime beaucoup lire c’est assez embêtant pour être honnête et aussi les écrans, car cela fatigue plus vite mon œil valide… Et puis cette jambe, cette jambe qu’on avait espoir de sauvé et finalement ce n’est pas possible. Non c’est les derniers jours que je vis avec cette jambe entourer de son attirail dans quelques jours se saura le vide… Je suis dans mes pensées quand j’entends toquer, alors j’autorise la personne à rentrer, n’attendant personne. C’est alors que je vois et lâche un petit sourire à ta phrase.

« Bah écoute après tout ce temps on s’y fait j’ai envie de dire. »

Je passe mes bras autour de toi pour répondre à ton étreinte.

« Ah mais je t’en veux terriblement, je t’ai remplacé par tout un tas d’autres infirmières. »

Souris-je amuser, me cachant derrière l’humour comme souvent.

« Tant ne fait pas pour ça voyons, le boulot avant tout. »

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Olivia se doute bien que si Tom reste aussi longtemps à l'hôpital ce n'est pas pour la nourriture qui y est servie, mais elle préfère s'armer de son humour léger pour faire son entrée. D'autant plus que ce n'est pas de trop, si Tom est encore ici c'est qu'il doit avoir pas mal de soucis. Olivia n'est pas allée voir dans son dossier ce qui se passait, elle ne se permet pas cela tant qu'elle n'est pas postée dans le service dans lequel il se trouve encore. Elle a quand même une once de déontologie, la blondinette ! Et elle se dit qu'elle en apprendrait plus sur son état de sa propre bouche, si Tom veut bien lui en parler. Et s'il ne le fait pas, Olivia n'aura d'autre choix que de respecter son silence et sa discrétion.

Elle rit légèrement quand Tom répond qu'il s'y est fait, à la bouffe, et se relève en s'excusant de n'être pas venue pendant longtemps, faute à ses horaires pourris ces dernières semaines. Tom lui rétorque qu'il lui en veut terriblement et que du coup, il l'a remplacée par tout un tas d'infirmières. Olivia ne peut s'empêcher de rire franchement, tout en allant s'asseoir sur le fauteuil voisin au lit, juste à côté de ce dernier.

- J'espère qu'elles sont aussi jolies que moi voire plus, sinon franchement ça ne vaut pas le coup !

Olivia sourit une nouvelle fois. Elle se débarrasse de son foulard qu'elle laisse choir sur ses genoux croisés, et se tourne vers Tom, lui demandant :

- Alors, quelles sont les nouvelles de ton côté ?

Autant demander tout de suite, ainsi elle sera fixée quant à la situation actuelle de Tom, qui aurait normalement dû être dehors si tout allait mieux. Ce qui n'est apparemment pas du tout le cas...

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Cela fait maintenant plusieurs mois que je suis enfermé ici, alors on apprend à faire avec, même si parfois j’en ai vraiment marre et je crois que tout le monde le comprend. J’aurais tant aimé pouvoir rentrer chez moi comme à chaque fin de mission avec juste quelque visite chez le psy… Mais non je suis enfermé ici, peut-être que j’aurais envisagé de rentrer malgré les soins, mais ce n’est vraiment pas adapter et je ne voulais vraiment pas devenir un poids à la maison, alors je préfère attendre, et cela même si cela en coute à mon moral.

Alors quand tu me parles de bouffe, je sais que tu plaisantes, mais en même il y a une par de vérité malgré tout, enfin je peux vous assurer que je ne peux pas me plaindre de la bouffe à l’hôpital, car sur le terrain la bouffe c’est pas du grand luxe non plus hein ! Parfois quand on part pour quelques jours loin de la basse, nos boites protéine là, c’est pas dès plus ragoutant ! La conversation ne s’attarde pas sur ce sujet et je souris quand tu me parles de la beauté des infirmières.

« Oh bah elles sont pas toutes belles quand même, et certaines sont un peu trop vieille pour moi. »

Je souris un peu malgré ta question…

« Tu n’as pas eu vent des nouvelles ? Y a des complications, ils veulent couper… »

Je ne sais toujours pas comment réagir, je suis réellement partagé, car finalement les m’ont expliqué que je pourrais sans doute remarcher plus rapidement malgré l’amputation… Alors je suis partagé entre le fait qu’on m’enlève une partie de moi et en même temps, je me dis que je vais pouvoir retrouver un semblant de vie normal plus rapidement…

« J’avoue que je suis partagé dans mon ressenti… Enfin j’n’ai pas le choix de toute façon non plus… »

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Olivia est plutôt contente de voir que Tom semble garder un semblant de moral, puisqu'il plaisante avec elle. Si les deux places étaient inversées et qu'Olivia était forcée de rester à l'hôpital pour un quelconque problème de santé, elle ne serait pas d'aussi bonne humeur, surtout après autant de temps. Elle n'a malheureusement pas une aussi grande force de caractère. Son courage, elle le met dans son métier, dans sa vie personnelle c'est tout autre chose... Comme en témoigne l'arrêt de travail qu'elle a dû prendre pendant quasiment un an, pour suivre sa thérapie correctement et ne pas s'infliger encore plus de souffrances en devant se rendre quasi-quotidiennement à l'hôpital.

- C'est toi qui es trop jeune pour elles surtout ! plaisante à nouveau Olivia.

Elle perd bien vite son sourire quand Tom lui annonce qu'il y a eu des complications au niveau de sa jambe, et qu'ils veulent la lui couper. La blondinette se sent désolée pour l'ancien soldat. Pendant qu'il lui dit qu'il est partagé dans son ressenti, Olivia se débrouille pour tirer avec elle le fauteuil jusqu'à pouvoir attraper la main de Tom.

- Oh, je vois... Je suis désolée. Ils te l'ont annoncé quand ? Ils t'ont parlé un peu des possibilités que tu aurais pour remarcher ?

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Je ne sais pas trop comment prendre la nouvelle pour cette amputation, mais vu comment les médecins m’ont présenté la chose, quelque chose me dit que finalement ce n’est peut-être pas la pire solution, et je me dis que ça, ça se trouve il aurait même dû y pensée plus tout… Mais c’est des médecins et pour eux le plus important c’est de sauvée des vis, ou des membres quoi… Mais pour ma part tenter de sauver ma jambe c’était une question de long mois et même des années avant de pouvoir envisager de remarcher ! Alors que la les médecins m’ont bien dit qu’une fois la cicatrisation bien faite je pourrais rapidement envisager l’appareillage et donc remarcher bien plus rapidement ! Et ça, je crois que c’est la meilleure chose qui puisse m’arriver ! Car cela veut dire pouvoir reprendre un vie normal plus rapidement, enfin aussi normale que cela puisse être de marcher avec une prothèse quoi ! Alors oui je garde le moral malgré tout.

« Bah voyons je suis pas non plus un bébé ! »

Je souris, malgré l’annonce que je fais qui à l’aire de te miner le moral par contre. Je souris quand tu t’installes et me prends la main.

« Hier… Oui ils m’ont un peu parlé et c’est pour ça que je suis un peu partagé… Car c’est cool, je pourrais envisager de remarcher plus rapidement que si je dois attendre la guérison de ma jambe… Mais en même temps on va… me couper une partie de moi, je vais devenir officiellement une personne handicapée… »

Je n’ai rien contre le handicap, j’ai le cœur sur la main, je suis le premier à aider quelqu’un pour traverser la rue par exemple… Mais cela va signifier que c’est moi qu’on va vouloir aider à présent…

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- Oh, c'est tout récent... souffle Olivia en écoutant la suite du récit de Tom.

Elle serre un peu plus la main de l'ancien soldat. Olivia ne peut que compatir, elle aimerait faire plus, mais elle n'a rien de plus à offrir que son soutien, malheureusement. Cela dit, c'est déjà pas mal, parce que même s'il s'agit d'une situation toute autre que celle qu'elle a vécue de son côté, Olivia sait qu'avoir du soutien est quelque chose d'essentiel dans une épreuve de la vie. Elle n'a pas eu la chance d'être soutenue aussi bien qu'elle l'aurait souhaité, quand elle a fait sa dépression toute l'année passée, et la moitié de celle d'avant... Ses amis ont eu tendance à lui tourner le dos parce qu'elle ne voulait plus les voir. Non pas parce qu'elle n'avait pas "envie" de les voir, mais parce qu'elle ne "pouvait" plus, tout simplement. Elle ne parvenait pas à sortir de chez elle ou à entretenir sa maison ou son image, et cela a été très difficile de sortir de là. Heureusement qu'Olivia s'est relevée. Sa thérapie l'a beaucoup aidée, malgré le nombre de séances ratées, faute de pouvoir se glisser hors de son lit ou de son canapé... Aujourd'hui, elle n'a pas arrêté la thérapie, et elle sait que pour Tom, ça va être le même combat. D'abord le deuil de sa jambe, peut-être pas mal de colère, même si Tom a l'air positif. Puis il y aura la reconstruction, à faire entièrement, à l'aide de la rééducation...

- Ne te fixe pas sur cette appellation, c'est inutile, assure Olivia. "Une fois que tu auras une prothèse et que tu pourras remarcher normalement, ça ne sera qu'un détail de ta vie, tu verras," confie-t-elle ensuite. "Un gros détail, mais y penseras de moins en moins. Jusqu'à ce que cette épreuve ne soit plus qu'un souvenir."

Olivia se veut rassurante, parce qu'elle sait que le travail va être long. Elle admet que ce n'est jamais facile de perdre quelque chose, encore plus s'il s'agit d'un membre du corps.

- Tu vas retourner chez tes parents, quand tu pourras sortir de l'hôpital ? demande Olivia, toujours en tenant la main de Tom.

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« Oui… Mais on a plus le choix, la garder est trop risqué, cela pourrait me tuer… »

Alors je préfère accepter la réalité et ne pas risquer ma vie… Même si vivre avec qu’une seule jambe me semble compliquer, être loin du terrain, ne plus pouvoir retourné dans l’armée, mais faut-il mieux essayer de continuer à vivre malgré des rêves briser ou bien aller jusqu’à la mort ? Non, je ne crois pas, c’est un gros choc, mais je ne suis pas le seul à qui cela arrive et des gens s’en sortent très bien. J’ai toujours été un battant, et l’armée m’a aidé à cultiver encore plus ce très de caractère. Mais malgré tout c’est devenir officiellement une personne handicapée… En réalité je l’étais déjà, avec une oreille qui ne fonctionne plus du tout et un œil qui voit plus grand-chose, je suis déjà considéré comme handicapé, mais cela ne ce voyait pas jusqu’à présent, là une jambe en moins cela se voit.

« Ce ne sera jamais un détail… Car ce détail fait que je ne pourrais jamais retourner à l’armée. »

Bon y a pas que ça, mais voilà… De toute façon j’ai plus le choix, je sais que ma vie va changer, qu’elle sera plus jamais comme avant. Je sais pas ce que je vais en faire de cette vie, mais je trouverais bien. Quand tu me parles alors de retourner vivre chez mes parents, j’acquiesce.

« Oui j’n’ai pas le choix de toute façon, j’n’ai jamais pris d’appartement, ce sera une chose en plus à gérer, car je vais devoir tourner un appartement et m’habituer à vivre dans mon propre chez-moi. Je ne compte pas rester chez mes parents ! Ils vont tous vouloir me couver comme un œuf. Je ne sais pas ce que je vais pouvoir trouver, car du coup j’ai plus de boulot, et je sais qu’il faut du temps pour déclencher les aides, et puis vivre avec des aides cela m’intéresse pas, faudra que je trouve un nouveau métier. »

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La blondinette se sent un peu coupable quand Tom la corrige en lui rappelant qu'une jambe manquante ne sera jamais qu'un détail pour lui, puisque ce détail en question va l'empêcher de retourner à l'armée. Olivia pince les lèvres, gênée. "Oui, c'est vrai, tu as raison... Excuse-moi," glisse-t-elle d'une voix douce, en tentant de ne pas laisser apparaître la gêne sur son visage.

Heureusement, Tom rebondit bien vite sur sa question suivante, en lui déclarant qu'il va devoir effectivement retourner chez ses parents avant de trouver son propre chez lui et d'obtenir les aides financières et médicales auxquelles il a le droit. Olivia ne sait que le minimum à propos de ce genre de démarches, elle conseille généralement les patients à leur sortie de l'hôpital, mais sans s'assurer qu'ils font effectivement ce qu'elle peut leur communiquer. Elle ne fait pas de suivi, c'est aux médecins de s'en occuper.

- Tu as déjà réfléchi aux possibilités de métiers qui s'offrent à toi ? demande Olivia.

Elle se doute que l'armée va manquer au jeune homme, mais s'il ne peut pas y retourner, autant ne pas remuer le couteau dans la plaie et avancer. Il n'y a que de cette façon qu'il retrouvera un semblant de bonheur.

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Je ne suis pas d’un naturel brusque, je suis plutôt quelqu’un de calme, de poser et réellement doux avec les personnes qui m’entoure. J’essaie d’être toujours bienveillant et être sur les nerfs ce n’est réellement pas moi, mais après tout on va me couper une jambe je crois que j’ai le droit de ne pas être réellement moi-même… Même si je sais que je n’ai plus le choix et que si cela se trouve cela va même m’arranger la vie et me permettre de remarche plus vite. Mais cela tout de même assez difficile à avaler, je tente juste de me rassurer comme je peux.   

« Non c’est rien désolé… Je n’ai pas à te parler ainsi, tu y es pour rien… »

Un métier… Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire, je n’en ai strictement aucune idée… Surtout que j’ai bien du mal à faire le deuil de ne plus être militaire, parfois il m’arrive encore de l’espérer, le soir au fond de mon lit. Mais non cela n’arriverai plus jamais, en étant juste amputé j’aurais peut-être pu espéré devenir instructeur et encore amputé en gardant l’articulation du genou et ça c’est pas gagner, si j’ai bien compris. Mais là avec les handicaps accumulés, je n’y crois pas une seule seconde.

« Non je ne sais pas… J’ai bien du mal à m’imaginé faire autre chose, soldat c’est toute ma vie. Et puis cela va aussi dépendre de comment ma jambe guérira, si je pouvais être appareillé ou pas… Trop de facteurs différents pour que je puisse espérer me projeter tout de suite. »

Je sais qu’il me faudra quelque chose dynamique, je ne suis pas sur de pouvoir rester assis dans un bureau toute une journée… Et puis je crois que si je reste encore trop longtemps enfermé je vais finir par devenir claustro'.

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Il est vrai que s'il arrivait à Olivia un accident qui la forcerait à abandonner son métier, elle réagirait de la même façon que Tom. Peut-être même d'une pire manière... Quand on regarde déjà sa façon de gérer son divorce et le fait que son ex-mari l'ait trompée, ça donne une bonne idée de ses capacités de coping ! Elle en a, certes, mais elles mettent du temps à se réguler, et surtout à l'aider à se rétablir...

- Mais non, c'est moi qui essaie trop de te rassurer. Il faut du temps pour accepter, on ne fonctionne pas tous de la même façon... ajoute-t-elle. "Je pense que si j'étais dans cette situation, je n'essaierai même pas de me relever !" confie-t-elle d'une voix plus basse.

L'idée de changer de métier semble, pour Tom, être une réelle difficulté. L'armée, c'est un style de vie à part entière. Quitter l'armée, c'est changer toute sa vie. Dans la théorie, Olivia pourrait se passer de son métier, mais elle l'exerce aussi depuis tellement longtemps... Il régit sa vie. Elle peut se mettre à la place de Tom quant à ces difficultés.

- Tu n'es même pas obligé de retravailler tout de suite, tu peux te laisser du temps, rappelle-t-elle, en référence à toutes les aides financières dont peuvent bénéficier les anciens soldats. "Que dirais-tu d'aider les autres soldats ? De devenir comme un coach, une fois que tu te seras remis ? Tu sais, un peu comme un parrain... Le soutien est tellement important..." réfléchit ensuite Olivia, pour lui donner des pistes.

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Cela devient réellement difficile, les douleurs, un avenir incertain… Parfois j’ai l’impression que je ne serais pas le bout de tout cela… J’ai parfois du mal à me ravir d’être vivant, et en même temps j’ai mes proches qui sont là présents et qui font de leur mieux. Et en même temps e pense a mon frère d’armes qui est mort et qui lui avait commencer a construire sa vie de famille, un enfant que moi je n’ai pas… L’injustice, même si on est conscient de tout cela quand on s’engage, quand cela arrive ce sentiment prend le dessus.

« Ne te sous-estime pas… Tu sais parfois on se rend compte qu’on est capable de beaucoup quand on se retrouve dans une telle situation… Avant tout ça je pense que j’aurais surement dit la même chose. »

Les personnes qui m’entourent me disent souvent cela, que je ne suis pas obligé de reprendre le boulot tout de suite… Que j’ai le temps pour trouver quelque chose qui va me plaire. Mais en même temps ce n’est pas du tout dans ma nature de rester à rien faire… L’idée de rester enfermer à la maison à dépendre de nouveau de mes parents c’est vraiment pas quelque chose d’envisage pour moi.

« Non j’ai vraiment pas envie de rester à rien faire… J’aurais encore plus l’impression de devenir un simple handicapé qui attend que le temps passe. »

Je souris fac a l’effort que tu mets pour trouver des « solutions ».

« Non je crois que cela va me rendre bien plus mélancolique… Si je peux plus être à l’armée alors je crois que je veux juste complètement tournée la page, tu voix ? »

Oui bien sûr apporter de l’aide à des personnes ayant vécu cette douloureuse expérience peut certainement aider certaines personnes, mais je ne pense pas que cela soit possible pour moi.

« Je verrais comment tout ça se passe, mais peut-être un truc plus du style prof de sport, tu vois ? »

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- J'admire ta résilience... conclut Olivia dans un sourire léger.

La blonde ne peut pas s'en empêcher. Elle essaie d'aider Tom, parce qu'elle l'apprécie beaucoup, et qu'elle sent bien que cet événement est loin d'être anodin pour lui puisqu'il va le priver d'une chose qu'il adorait. L'infirmière écoute son acolyte parler, sans compter son temps comme elle le ferait en service. Après tout, elle a terminé pour aujourd'hui, et si elle a envie de passer un peu de son temps libre à rassurer Tom, elle le fera.

- Oui je vois... De toute façon, personne ne pourra choisir à ta place, lance Olivia, en se retenant de hausser les épaules.

Elle pense toujours à son savoir-être. Elle en a toujours eu un naturel, mais dans son métier elle a appris bien plus de ficelles au niveau du comportement à adopter face à des patients. Et cela lui sert même dans la vie de tous les jours.

- Ca peut être une bonne alternative... En tout cas, si tu as besoin d'une aide ou même d'une petite infirmière gratuite à domicile en attendant de retrouver une activité, tu sais à qui t'adresser ! propose Olivia dans un clin d'oeil. "Quelqu'un va passer te voir avant la fin des visites ? Je t'ennuie peut-être... Je ne vais pas tarder à y aller de toute façon, on va t'apporter le repas dans pas longtemps je crois," se rappelle Olivia en regardant sa montre.

A l'hôpital, tout est organisé minutieusement pour éviter au maximum les surprises, même les repas. Celui du soir est servi avant dix-neuf heures, et même si Olivia trouve que cela fait tôt, elle comprend que c'est pour le bien-être de ses collègues aide-soignants, ainsi que veilleurs de nuits qui prennent leur poste juste après.

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Je hausse les épaules, peut-être que mon métier à fait beaucoup, après tout j’ai vécu des années avec le stress, mais aussi des scènes parfois vraiment horrible. J’ai vu la misère dans le monde, des enfants d’une maigreur inimaginable, des adultes malades, blesser sans soins… Certes ma situation est terrible de mon point de vue, je me retrouve dans une situation de handicap très difficile. Mais j’ai la chance d’être dans un pays en paix, un pays avec des soins… Alors je pense avoir de la chance malgré tout. Il faut parfois juste relativiser, je ne dis pas que c’est facile tous les jours, mais c’est comme ça.

« Tu sais j’ai vu des choses horribles, je pense que cela aide un peu… »

Je souris, encore heureux qu’on ne choisisse pas pour moi, enfin quoi que mes handicaps vont tout de même me limiter je pense. M’enfin je ne rajoute rien, car j’y suis bien loin de tout ça finalement. Je t’écoute attentivement et acquiesce.

« Merci, on verra tout ça oui, chaque chose en son temps… »

Maddie est passé tout à l’heure avec ma mère donc je ne pense pas ravoir de la visite. En tout cas rien de prévu.

« Non, non tu ne m’ennuie pas ? Au dernier nouveau rien de prévu. Oui le repas ne va pas tarder, avec les bonbons colorés. »

Dis je avec une pointe d’humours malgré tout.

« Et toi tu devrais rentrer chez toi, tu ne vas pas coucher à l’hôpital. »

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