It's been a long time + Sassenach

Au beau milieu de la journée il n'y avait rien de mieux que de se rendre chez Imogen lorsqu'on avait une petite faim. Léo aimait beaucoup cet endroit intimiste et qui sentait bon les viennoiseries. Aujourd'hui il avait de la chance, il n'y avait pas beaucoup de monde, il avait donc pu choisir sa table, un peu au fond de la salle, à a fenêtre, une place discrète et tranquille mais de laquelle il pouvait observer l'extérieur. Son café crème et son cookie devant lui, il n'était pas à plaindre, bien que son Mac prenne toute la place sur sa table. Cet après midi il était venu ici pour travailler, il pouvait très bien le faire de chez lui mais à force de passer ses journées en solitaire il finissait par avoir le cafard. Il existait bien des espaces de co-working à Bowen mais il n'avait pas forcément envie d'être ennuyé par des regards curieux, ici il était plus tranquille et en plus il pouvait manger en paix. Son logiciel Photoshop s’ouvrait, il avait toute une série de clichés à retravailler pour une commande. En attendant il porta sa tasse à ses lèvres. C'est en goutant son café qu'il se rendit compte que celui-ci n'était pas sucré, il ne le faisait pas systématiquement, c'était plus par gourmandise, donc il n'avait pas demandé de sucre. Il se dirigea alors vers le comptoir pour en réclamer. C'est arrivé à la hauteur d'une jeune femme blonde qu'il leva les yeux vers elle, toujours cette même attirance pour les chevelure dorées. Surpris, il se rendit compte qu'il connaissait le visage qui lui faisait face et c'est alors qu'un sourire étira ses lèvres. Sass, quelle surprise ! Tu vis toujours à Bowen ? Ils avaient grandit ensemble, leurs pères étant amis ils avaient passé leur enfance à jouer tous les deux et bien qu'ils se soient perdu de vue avec les années, Léo était toujours content de la revoir. Aujourd'hui d'autant plus qu'il ne s'attendait pas à la trouver ici.

C'est fou comme les souvenirs d'enfance pouvaient se rappeler à vous comme ça, sans que vous vous y attendiez, alors que vous pensiez les avoir oublier. Des sensations, des odeurs, des images qui revenaient par flash, par vagues douces et chaleureuses. Léo avait été un gamin heureux, entouré et choyé. Il avait eu cette chance de grandir dans un environnement loin des drames et à l'abris du besoin. Il avait cru, au moins dans ses années d’innocence, que ses parents ne voulaient que le meilleur pour lui, qu'ils seraient toujours là, à l'encourager et le soutenir. Et même s'il avait depuis essuyé beaucoup de désillusions, il leur restait reconnaissant de l'avoir épargné, au moins le temps de sa tendre enfance. Dans ces souvenirs heureux il y avait Sassenach avec ses taches de rousseur et son sourire espiègle. Leurs parties de ballons sur la plage et les châteaux de sable qu'ils montaient pour mieux les détruire dans un éclat de rire. Il y avait les vagues qui venaient leur manger les pieds et les verres de limonade qui piquaient le nez. Il se souvenait surtout de cette période là, parce qu'à l'adolescence ils s'étaient un peu perdu de vue, mais il gardait beaucoup de tendresse envers cette fille avec laquelle il avait passé des heures sans jamais voir le temps filer durant cette époque magique où peu importait qu'il soit un garçon et elle une fille, ils étaient deux enfants qui jouaient ensemble. Son café et son sachet de sucre dans la main, Léo souriait à la jolie blonde qu'elle était devenu, elle avait perdu ses taches de rousseur qui rendaient son visage doux, ses cheveux étaient bien plus clairs qu'avant et lui avait beaucoup de barbe. Ils avaient changé, elle était devenue une vraie adulte, une femme qu'il ne connaissait pas vraiment en vérité. J'allais travailler un peu, je suis installé à la table au fond, là-bas. Il désigna sa table bien encombrée par son ordinateur et son goûter de la main. Léo se souvenait d'une fille souriante et avenante mais il lui semblait qu'elle avait perdu un peu de cette flamme, il n'aurait su dire pourquoi, peut-être qu'il se trompait d'ailleurs, elle avait peut-être simplement eu une journée difficile, de mémoire elle avait un métier stressant. Il sourit doucement. Toujours là oui, fidèle au poste. Difficile de quitter Bowen. Il partait souvent, pour divers voyages, parfois il en avait marre et rêvait de tout plaquer pour partir à l'autre bout du monde et ne jamais revenir. Mais tout le ramenait ici à la fin, sa famille, ses amis, ses souvenirs et aujourd'hui, plus que tout autre chose, il y avait son fils qu'il ne pouvait laisser de côté. Tu as un moment ? Pour partager un café et discuter avec un vieil ami ?

Léo était réellement content de retrouver la blonde, son attitude enjouée et avenante contrastait avec cette mine sombre qu'il se traînait tous les jours depuis quelques temps déjà. Mais Sassenach était comme une bouffée d'oxygène pour celui qui avait l'impression de se noyer en ce moment, elle faisait resurgir de bons souvenirs d'enfance, elle lui rappelait que sa vie avait pu être douce pleine d'insouciance, qu'il s'était sentit léger avait que tout ne devienne trop sérieux, trop compliqué dans son quotidien. Alors le barbu souriait à son amie comme s'il était resté ce gamin qu'elle avait connu, parce qu'elle, au moins, ne connaissait pas le Léo d'aujourd'hui, au moins l'espace d'un instant, même court, il pouvait se faire croire qu'il était toujours ce gamin là et que rien n'avait changé. Je fais des photos, principalement. Je comptais faire un peu de retouches là, mais rien de très important. Il n'était pas vexé qu'elle ne se souvienne plus de sa profession, elle n'avait pas à s'en rappeler, après tout leur dernière rencontre se comptait en années. Il sourit doucement, impossible c'était peut-être le bon mot oui, lui aussi ne pouvait pas se voir vivre ailleurs, pas toute une vie, il finissait toujours par retrouver dans sa ville natale. Une fois qu'elle eut accepté de partager sa table ils s'y dirigèrent tous les deux, Léo rangea son ordinateur pour dégager de la place, il pourrait travailler plus tard, rien ne pressait et puis il avait cette fâcheuse tendance à toujours tout reporter en ce moment, alors un peu plus ou un peu mois ça ne faisait pas grande différence. Oh je n'ai pas tellement changé, tu sais, Bowen, le travail, la routine. Il n'avait pas forcément envie de s'étaler sur sa vie et même si une sorte de routine s'installait depuis quelques semaines dans sa vie, celle-ci était toute récente pour celui qui avait la bougeotte. J'ai un petit garçon, je ne sais pas si tu l'avais su. Jonah, il a deux ans et demi. Il sourit tendrement en pensant à son fils. Et toi, raconte-moi ! La dernière fois que je t'ai vu tu étais jeune mariée. Les pieds dans le plat directement, en même temps Léo ne savait pas à quoi s'attendre, la vie changeait tellement, il en savait quelque chose.

Il sourit doucement en la voyant se taper le front, pile à l'endroit où elle avait une petite blessure. Sassenach était-elle maladroite ? Il ne s'en souvenait pas, mais il trouvait ça mignon. Arrête tu n'avais pas à t'en rappeler. Ok, je t'avoue que moi-même j'ai oublié ce que tu fais dans la vie ! Comme ça on est quitte. Il sourit à nouveau, il avait une bonne mémoire pour ces choses là habituellement mais il fallait avouer que leur dernière rencontre remontait à des années alors le fait d'avoir oublié ce que chacun faisait dans la vie c'était assez normal finalement. Ils s'étaient installés à la table, Léo avait déposé son téléphone sur la table, à côté de son café qu'il remuait doucement pour diluer le sucre. Merci, répondit-il quand elle le félicita pour son fils, donc elle n'était pas au courant. Il alluma le téléphone et la première photo qu'il y avait, celle qui était son fond d'écran, c'était lui, Jonah, il n'était pas bien différent des autres parents, lui aussi était fou de son gamin. Alors il retourna le smartphone pour que la blonde puisse regarder la photo, un petite garçon à la tête bien blonde, aux yeux d'un bleu profond, comme son père et à la mine rieuse, comme sa mère, même si Sassenach ne la connaissait pas. Le petit respirait la joie de vivre et celle-ci était flagrante sur cette image. Il n'avait pas vraiment pris part au choix du prénom, pour être honnête, même s'il n'en disait rien, se contentant de sourire poliment. En vérité il n'avait pas participé à grand chose durant la grossesse de Billie, il l'avait laissé se débrouiller seule, refusant d'admettre, à ce moment là, qu'il allait devenir père, heureusement que tout avait changé par la suite. Il secoua la tête doucement. Non, tu ne la connais pas. Elle ne vit plus à Bowen d'ailleurs. Non pas qu'il cachait ou qu'il avait honte de cette histoire mais Léo n'était pas non plus fier d'avouer que son fils n'était pas désiré.
Le photographe se souvenait de Sassenach et Emerys à leur mariage, du couple charmant qu'ils formaient et de l'amour qu'on pouvait lire dans leurs yeux, s'il avait dû parier sur l'avenir d'un mariage s'aurait certainement été le leur, pourtant lorsqu'il vit la mine défaite de la blonde alors qu'il lui en parlait, il compris que quelque chose n'allait pas. Il ne pensait pas que ce serait à ce point là. Il eut le réflexe d'attraper la main de son amie d'enfance, il la serra doucement avec toute l'affection dont il était capable, ressentant toute la peine qu'elle avait. Il avait bien connu ce sentiment, celui de la perte, lui-même ayant vécu la mort de sa fiancée il y a quelques années de ça. Je suis désolé Sass, je ne pensais pas... je ne savais pas. Il soupira, gêné, même s'il n'avait pas vraiment à l'être, comment aurait-il pu savoir ? On n'est pas obligé d'en parler. Mais si j'avais su sache que je t'aurais soutenu quand c'est arrivé. Il n'avait même pas assisté aux funérailles, lui qui se disait son ami.