it's all about work, andeana.

La dernière fois que tu l'avais vu, tu lui avais proposé de faire une collection avec toi, voulant avoir son avis d'experte pour faire une collection plus travaillée. Tu étais arrivé de bonne heure à la boutique pour y faire un peu de rangement. Ce n'était pas la même chose d'avoir quelqu'un à ses côtés que d'être seul. Tu avais tendance à t'éparpiller et à t'étaler autant que l'espace te le permettait. Tu cherchais activement ton paquet de mouchoirs, tu avais des glaires en ce moment, quelque chose de très peu glamour dans ta vie. Mais ce n'était pas la seule, tu avais aussi un traitement à base d'huile de morue. Un remède miracle d'après Martha, et tu avais assez confiance en elle pour tenter le coup. Pour le moment, tu pouvais dire que ça ne ressentait pas vraiment le moindre effet. La cloche d'entrée du magasin retentit et tu levais immédiatement la tête. « Andeana, je t'en prie, entre ! » Tu affichais un grand sourire en posant ton carnet pour t'approcher d'elle et l'accueillir comme il se doit. Tu en profitais pour fermer la porte et retourner la pancarte. Tu fermais souvent quelques heures par semaine pour prendre le temps de travailler sur les pièces que les clients te font. « Prête à travailler avec moi ? » demandais-tu avec un mince sourire. Si tu étais tout à fait honnête, toi tu l'étais un peu. Elle n'était pas n'importe qui. Et vu comment tu t'étais comporté avec elle pour le divorce, tu te disais que ce serait l'occasion pour toi de te racheter. Tu voulais vraiment que ça puisse fonctionner entre vous deux. « Pour la première pièce j'avais eu l'idée d'une jupe avec une inspiration des tenues des gladiateurs, qu'est-ce que tu en penses ? » Tu avais attrapé ton carnet de dessin pour lui montrer ce que tu avais réalisé. Tu avais un peu abusé de 300 ces derniers jours mais tu ne te lassais pas de le voir. Ainsi que tous les autres films dans le même genre. Tu aimais beaucoup le look qu'avaient les romains à l'époque. 

Depuis quelques jours, la blonde se sentait au point mort, comme si tout l'empêchait d'avancer ou qu'elle n'avait plus envie de faire de l'effort que ça fonctionne pour elle. C'était toujours le même effet après une rupture, elle se sentait comme une moins que rien, la tristesse l'envahissait et si elle montrait toujours une façade souriante et joyeuse aux yeux des autres, elle n'en restait pas moins submergée par le chagrin. Peut-être que c'était sur un moment d'oubli qu'elle avait acceptée de voir Xavier aujourd'hui pour le projet dont ils avaient parlé quelques mois auparavant, aujourd'hui elle y allait à reculons parce qu'elle avait honte de ne pas avoir le coeur à se mettre au boulot et de ne rien lui avoir dit. Trois mois qu'elle était en arrêt total de ses boulots, qu'elle ne se déplaçait plus pour poser en lingerie pour des photographes, que son père lui avait trouvée une remplaçante le temps qu'elle se remette sur pied. Elle restait chez-elle, gribouiller quelques croquis sur du papier, mais ce n'était jamais rien de très élaboré. Ça n'avait rien à voir avec sa rupture, celle-ci c'était passée deux semaines plus tôt, c'était simplement sa maladie qui même si elle s'arrangeait, laissait des marques sur son corps qui n'étaient pas très agréables visuellement. « Salut Xavier. » Un large sourire venait couvrir son visage. Ça lui faisait toujours bizarre de le revoir, même si elle avait eu le temps de se préparer à ces retrouvailles-là, elle ne s'y faisait toujours pas. Surtout en ce moment, alors qu'elle se reprochait d'être un déchet sentimental, qu'elle ne savait retenir personne, ça lui faisait du mal de voir son ex-mari. « Toujours prête ! Et toi, prêt à me supporter ? » Disait-elle en lâchant un léger rire. Il ne mettait pas longtemps à venir vers elle avec un carnet dans les mains, lui montrant exactement ce qu’il lui avait décrit. Elle essayait de se plonger dedans, de regarder ça avec les yeux d’une designer et pas ses yeux qui s’extasiaient devant tout. « Inspiration gladiateurs … c’est sympa, puis la jupe ça change des sandales. » Puisqu’elle voyait tout le monde se balader avec ce genre de style avec le soleil. « Puis ça rend bien sur le croquis donc ça va être parfait en forme, je pense ! » Elle ne s’exprimait pas plus, c’était sûrement pas pour ça qu’il l’avait invité à passer, parce que ça semblait un peu simple, mais elle ne se sentait pas dans sa peau, ça devait se ressentir dans sa voix.

Elle était entré avec un faible sourire. La dernière fois que tu l'avais vu elle semblait si heureuse, si pétillante. Sur le point de se marier si ta mémoire ne te faisait pas défaut. C'était la dernière chose qui t'avait vraiment marqué avec son voyage dans sa famille. Tu ne savais pas si elle avait réussi à trouver le cadeau qu'elle désirait. Tu ne le saurais probablement jamais, tu ne te voyais pas aborder les choses de sa vie privée aujourd'hui, voulant essayer d'être professionnel. « On a du pain sur la planche comme dirait les français ! » Tu rigolais à cette expression, que tu trouvais parfois ridicule. Tu t'étais un jour intéressé à l'origine de cette expression, tu aimais bien les comprendre, mais celle-là ne t'avait pas tant marqué parce que tu ne te souvenais pas dans quel cadre elle avait pu voir le jour. Tu l'écoutais te dire que c'était sympa, que ça changeait. Mais tu ne semblais pas convaincu par ses paroles. « Oh, c'est bon, y'a pas de quoi vermifuger un abribus ! » Tu secouais la tête de façon négative avant de récupérer les croquis pour les jeter à la poubelle. Tu avais l'impression de revivre ton tout premier contrat. A la fois nerveux et excité mais sans savoir comment arriver à équilibrer les deux pour ne pas paraître comme un détraqué. « C'est pas si terrible en fait. » Tu n'aimais pas trop ce que tu avais fait ces derniers jours. La tête un peu ailleurs, comme à chaque fois qu'il y avait une femme dans ta vie. Tu voyais ton bonheur se frayait un chemin mais il y avait toujours une part d'ombre qui pouvait à tout moment crée une embûche. Cette part grandissait à mesure que tu traînais à la dévoiler. Tu posais ton regard sur ton ex-femme, réalisant enfin qu'elle n'était pas comme d'habitude. Elle semblait plus éteinte, triste. « Et puis je sais que je suis assez nul pour voir les émotions chez les autres mais ça n'a vraiment pas l'air d'aller toi ! » Tu marquais un léger silence, tu ne savais pas vraiment quoi lui dire. Tu avais envie de lui demander ce qui n'allait pas, mais tu sentais que tu n'étais pas vraiment légitime pour le faire. « Si tu préfères remettre à une autre fois, on peut aisément le faire tu sais ? Je n'ai pas de deadline, on a le temps de s'y mettre. » Sauf si c'était votre collaboration qu'elle souhaitait revoir. Après tout, ce n'était pas évident pour quelqu'un de travailler avec son ex quand on l'avait aimé si fort et que la rupture avait été si violente. Tu serais le premier à accepter d'entendre raison et à revenir dessus si c'était ce qu'elle voulait.

Son coeur était ailleurs, loin du travail, son cerveau ne se connectait pas à la mode, elle était déconcentrée avant même de pousser la porte. La honte l'habitait, comment avait-elle pu faire croire à son ex-mari qu'elle pouvait travailler alors qu'elle en était incapable. C'était impossible de lui mentir, lui faire croire un empêchement qui n'avait pas lieux. La seule chose qu'elle faisait ces derniers-temps étaient d'essayer de récupérer les morceaux de son coeur qui avait explosé lorsqu'elle avait appris la trahison. Elle n'arrivait pas à s'en remettre, elle n'arrivait pas à se dire que ce n'était pas un cauchemar, que la personne qu'elle pensait être la bonne n'avait été qu'une illusion, qu'un pauvre type qui avait fait ça pour une raison qu'elle n'avait même pas voulue entendre. Il n'y avait pas d'assez bonne raison pour lui mentir sur sa vie, sur l'entièreté de celle-ci. Elle se sentait comme une marionnette trop utilisée dont les fils avaient tous lâché et elle se retrouvait au sol, trop maladroite pour se relever et le vouloir. Il y avait toujours quelque chose qui tournait dans le mauvais sens lorsqu'elle commençait à se sentir trop bien. Les médicaments pour sa maladie l'assommait, mais il n'y avait aucun remède pour ce qui lui faisait le plus mal. L'amour la détruisait, mais elle restait courir après. Voir son ex-mari était la pire idée qu'elle avait eut. Se retrouver face à une personne qu'elle aimait toujours d'une certaine manière, qui avait un chapitre entier dans l'histoire de sa vie. « T'as raison, mettons-nous y vite. » Essayait-elle de répliquer dans la langue visée, son accent devait être terrible, ça faisait longtemps qu'elle avait quitté la capitale de la mode et même si elle y avait habitée en temps, elle n'avait jamais réellement appris la langue. Lorsqu'il montrait son premier croquis, elle complimentait sans argumenter de trop. « ... Quoi ? » Elle fronçait les sourcils, ne sachant pas réellement ce qu'elle devait comprendre, puis elle l'observait mettre ses croquis à la poubelle. « Hé ! J'ai dit quelque chose de mal ? » Soufflait-elle, un peu paniquée, elle avait l'impression de tout faire maladroitement ces derniers jours et son geste n'aidait pas. « Qu'est-ce que tu racontes, c'était très bien ... récupère tes croquis. » Un air coupable, son coeur battant la chamade à cause du stress. Sans qu'elle s'en rende compte, son air se dégradait encore, laissant une expression triste gagner son visage. Il finissait par le lui faire remarquer, elle n'arrivait pas à jouer la comédie sur ses sentiments envers les personnes qui la connaissaient de trop. La blonde baissait son regard, soufflant. « C'est juste ... stupide. Ça devrait pas entacher sur le travail, désolée. » Elle ne pouvait pas lui balancer ça, elle n'arrivait pas à avoir une conversation ouverte avec lui sur ses relations, comme si elle ne se donnait pas le droit de lui dire qu'elle avait eut quelqu'un. Même s'il la savait 'fiancée'. « Je me sens mal de t'arrêter, je n'ai juste pas la tête à travailler, mais je peux me forcer. » Elle voulait lui faire plaisir à lui avant de penser à elle. Même si elle n'approfondissait pas ses réponses, tout ce qu'elle disait était sincère.

Elle ne semblait pas s'attendre à ton soudain changement d'avis sur ce que tu venais de lui présenter. Elle te demandait même de récupérer ce que tu avais jeté à la poubelle. Tu secouais la tête à l'horizontal, au final tu n'étais pas si convaincu que ça, tu ne manquais d'ailleurs pas de lui partager ton avis. « Non ce n'est pas toi, plus je regarde ces croquis et plus je me dit que j'ai un peu trop regardé Spartacus. Je me dis que c'est une fausse bonne idée en fin de compte !  » Tu hochais simplement les épaules. Sans vraiment savoir quoi dire de plus. De toute façon tu avais bien remarque qu'elle n'était pas dans son état de d'habitude. Tu ne saurais pas trop dire ce qu'elle pouvait ressentir mais tu la savais distraite. Tu lui avais fait remarqué, ce à quoi elle s'empressait de répondre que c'était une chose stupide. Stupide ou non, tu voyais bien que ce n'était pas ainsi que vous alliez réussir à travailler. D'autant plus qu'elle voulait se forcer. Tu la reconnaissais bien là, toujours faire passer les besoins des autres avant les siens. Mais tu n'étais pas du genre à en profiter aveuglément, ça non. « Hé Andeana, je ne veux pas que tu te forces, je veux que ça se fasse dans une bonne ambiance et si aujourd'hui ça ne va, on peut reporter à une autre fois. » Tu insistais bien sur la fin de tes mots, tu voulais qu'elle sache vraiment à quel point elle était libre de partir, à quel point ça n'avait pas d'importance si vous n'arriviez pas à grand chose aujourd'hui. Après tout c'était un galon d'essai. « Et si tu veux en parler, je suis là, je ne suis pas toujours de bon conseil mais je suis une bonne écoute. » Tu savais pertinemment que tu n'étais pas la personne la mieux placée, la personne avec qui elle pourrait avoir envie de parler de sa vie, surtout si ça concernait les histoires de coeur. Tu avais bien vu ce que ça avait donné pendant votre repas la dernière fois. Mais si jamais elle se décidait à le faire, tu lui prouverais que tu étais capable d'écouter.

Ses yeux dirigés vers le papier qu'il venait de jeter, elle se sentait coupable de son humeur. Coupable d'être triste. Ça ne lui arrivait que très peu et lorsqu'elle passait par des phases de tristesse, souvent à cause de ses souvenirs, elle réussissait à le cacher, à positiver rapidement. Ça faisait maintenant quelques jours elle n'arrivait pas à sortir sa tête de l'eau et son esprit était tellement embrouillé qu'elle se disait simplement qu'elle n'avait pas envie de s'en libérer. C'était peut-être ce qui fonctionnerait le mieux avec elle, qu'elle se laisse engloutir par la tristesse pour en ressortir plus forte. 'Ça va passer, puis tu l'as déjà vécue pleins de fois.' C'est ce que ses proches disaient pour la consoler, mais ça ne faisait que l'enfoncer encore plus, parce qu'elle n'arrivait pas à garder quelqu'un, à se lier à une bonne personne. « Dit pas ça, tes idées sont toujours bonnes. » Et elle le pensait vraiment, elle avait toujours trouvé ses créations sublimes et il n'avait même pas besoin de l'appeler pour qu'elle puisse donner son avis et l'aider au cas où parce qu'il faisait très bien, seul. Andeana ne voulait pas qu'il s'inquiète de son moral, il en avait déjà assez fait pour elle, lorsqu'ils étaient toujours ensemble et la jeune femme ne voulait pas qu'il puisse se dire que sa vie amoureuse était catastrophique. La dernière fois elle lui annonçait avec un beau sourire qu'elle s'était fiancée et maintenant ses rêves s'étaient détruits, ne laissant place qu'au vide. « Désolée ... » La mannequin se sentait minable de le faire attendre encore plus. Au moment où ils allaient devoir s'y mettre, ils allaient se presser pour rien. Mais il avait raison, il fallait que ce soit quelque chose fait avec une humeur solide, positive. Andeana n'avait pas l'habitude de parler de ses problèmes, elle préférait les cacher jusqu'à ce que ça passe. « C'est juste une peine de coeur. Je crois que j'en ai assez vécu pour ne pas avoir besoin de conseil si ça peut te rassurer. » Ça sonnait presque comme un reproche parce qu'il l'avait quitté quelques années plus tôt. Mais elle ne voulait pas ressasser ce passé-là, il avait une nouvelle personne dans sa vie et il avait l'air comblé. Elle n'était personne pour remettre leur histoire sur le tapis. « Ça passera, comme toujours, mais merci. »

Elle t'assurait que tes croquis n'étaient pas aussi mauvais que tu pouvais le penser. Pourtant, en y jetant un nouveau coup d’œil, tu ne pouvais pas te faire à l'idée que ce n'était pas si mal. Plus tu le regardais et moins tu l'appréciais. Tu ne pouvais pas te lancer dans une telle collection, en tout cas, pas aujourd'hui. Peut-être que dans quelques semaines tu reviendrais là-dessus mais pour le moment tu étais assez sûr de toi. « Il y en a des meilleures que d'autres, je crois que je n'étais simplement pas aussi convaincu que ce que je le pensais. » Tu haussais les épaules, sans savoir lui dire quoique ce soit de plus pour justifier ton ressenti. Tu ne voulais pas que votre travail commence du mauvais pied, ce serait bien dommage. Surtout que tu voulais vraiment lui offrir une ambiance détendu et convivial. « Tu sais, il faut que tu arrêtes de t'excuser, tu ne fais rien de mal. » C'était bien Andeana que tu voyais là, toujours à s'excuser auprès des autres quand ça ne va pas dans sa vie, toujours à s'effacer et à se faire le plus petite possible. Tu l'avais épousé, tu savais comment elle pouvait réagir par moment. Et tu ne pouvais pas lui en vouloir, c'était sa nature, elle ne le contrôlait pas. Une chose était certaine, tu ne lui en voulais pas d'aller mal. Tout le monde avait ses hauts et ses bas. « Une peine de cœur ce n'est jamais facile à vivre, même si tu en as déjà vécu plusieurs ! » Tu ne savais pas ce qu'on avait pu lui dire, sûrement tout un tas d'âneries sur le fait que ça allait passer, que bientôt elle se sentirait mieux, que ce n'était pas la première fois. Mais ce n'était pas parce qu'on avait déjà vécu des séparations douloureuses qu'on savait les gérer. Tu supposais alors que ses fiançailles étaient tombés à l'eau. Tu n'ajoutais rien, tu ne te sentais pas le mieux placé pour la consoler. « On peut aller manger une glace si l'envie te dit, ou tu peux partir et faire ce que tu veux, je te promet de ne pas t'en tenir rigueur ! » Tu voulais vraiment qu'elle soit heureuse, aussi heureuse que toi tu pouvais l'être en ce moment dans ta vie. Tu ne pouvais pas dire si ton histoire allait durer longtemps mais tu en profiterais autant que tu le pourrais.

Est-ce que Xavier pensait réellement ce qu'il disait sur ces croquis, ses ébauches sur lesquelles il avait sûrement donné beaucoup trop de son temps pour qu'elles finissent dans une vulgaire poubelle ? Elle n'en savait rien, elle ne pouvait pas, non plus, le forcer à se lancer dans des projets qui n'emportaient pas son coeur. Ça arrivait à tous les créateurs, retranscrire ses pensées sur le papier et finalement ne pas être convaincu. Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était coupable de son soudain changement d'avis, qu'il aurait sûrement continué d'avancer dans ses pièces s'il n'avait pas vu le visage défait de la blonde. « La prochaine sera la meilleure de toute. » Son rire était forcé de sortir, c'était une certitude ce qu'elle avançait, le travail de son ex-mari était déjà incroyable et il n'était pas loin de faire des choses majestueuses. Sûrement que c'était l'attachement qu'elle avait pour lui, ce lien particulier qu'ils avaient eu qui faussait un peu ses affirmations, mais il ne devait pas y être loin. « J'ai acceptée de venir aujourd'hui alors que je savais très bien que ça allait être difficile. Je pensais qu'un masque serait plus facile à mettre, mais je me suis trompée, comme je me trompe toujours. » Ce n'était pas qu'une question d'émotions, lorsque la tristesse venait habiter son âme, elle avait tendance à tout voir dans le négatif, rabaisser sa vie qu'elle voulait si parfaite, mais qui sombrait doucement vers le contraire absolu. La blonde ne savait même pas si c'était son coeur qui était malade ou simplement si elle était dégoûtée d'avoir donner sa confiance à cette personne. « Je n'étais même plus sûre de l'aimer aussi fort qu'au début. Je ne devrais même pas me sentir comme ça. » Pourquoi elle venait à se confier alors que quelques secondes avant elle affirmait ne pas vouloir l’embêter avec ses soucis ? Sûrement parce qu’elle était Andeana. Une personne qui voulait garder son mal pour soi, mais qui n’y arrivait qu’à moitié lorsqu’elle était avec une personne qu’elle appréciait. « Il m’a menti sur toute sa vie, même sur son prénom … Qui peut mentir à une personne qu’il aime ? » Ses yeux se dirigeaient doucement vers le ciel alors qu’elle prenait une légère inspiration. « Il ne devait même pas m’aimer d’ailleurs. » Elle trouvait ça dommage que sa plus longue relation ait été un échec, parce qu’elle y avait donné son âme et tout son cœur pour que ça fonctionne. Elle était persuadée que son amour pour lui allait revivre, mais il n’avait fait que s’effacer. Du moins, il allait disparaître jusqu’à ce que sa rancœur s’en aille. Après son amour pour lui resterait vivre d’une certaine manière, comme pour chaque personne qui avait pu partager sa vie. « Je ne sais même pas pourquoi je t’en parle. » Elle souriait légèrement à sa proposition. « On peut aller manger une glace, oui. » La mannequin ne voulait pas le déranger, mais elle ne se sentait pas de rester seule non plus. « Tu vas bien, toi ? » Il était sûrement heureux, son visage avait l’air radieux. Et ça l'aiderait peut-être d'entendre du positif.

« Sans doute oui ! » ajoutais-tu avec un grand sourire. En tout cas tu l'espérais parce que sinon tu ne savais pas ce que vaudrait cette collection. C'était un gros contrat pour toi, l'occasion de créer une collection avec des pièces uniques et qui sera distribuée à grande échelle. Depuis que tu avais quitté Paris, tu avais gardé quelques contacts mais tu étais presque reparti de zéro. « Ce n'est jamais facile de porter un masque tu sais. » Tu le savais par expérience, bien souvent tu cachais tes émotions, ne laissant apparaître qu'un visage simple, qui ne disait pas si tu étais content, triste, peureux, anxieux. Un masque que tu n'avais pas vraiment voulu mais que tu supportais chaque jour de ta vie. « Parfois ce ne sont pas les sentiments qui rendent triste, mais la nostalgie de ce qu'on vient de perdre. » Tu savais de quoi tu parlais, à chaque fois que tu divorçais, tu n'étais jamais heureux. Certes, tu avais choisi le divorce bien souvent parce que tu t'étais lassé de la relation, que l'amour ne te semblait pas aussi fort qu'avant mais en partant, tu perdais la vie de couple, tu te retrouvais à nouveau seul et tu avais des regrets. Puis ça te passait, ça lui passerait à elle aussi. Il fallait juste attendre un peu. « Je crois que parfois on se dit qu'un mensonge vaut mieux que la vérité puis on s'embourbe et avouer toute la vérité doit devenir impossible sans faire fuir l'autre. » Ou sans le blesser. Tu te sentais un peu pris au piège dans ta situation. Tu n'avais pas menti mais tu avais omis la vérité, ce n'était pas exactement la même chose mais tu avais peur de la vérité et de ce qu'elle pourrait te coûter. Tu ne savais pas vraiment ce qui avait pu se passer entre eux mais tu n'ajoutais rien sur les sentiments de l'homme en question, tu ne l'avais jamais rencontré, tu ne pouvais pas te permettre de faire la moindre hypothèse. « Tu m'en parles parce que tu dois avoir besoin de le laisser sortir ! » Tu te doutais bien que tu devais être le dernier choix de la jeune femme quand il s'agissait de se confier sur sa vie. Peut-être parce que tu étais son ex-mari et que tu n'avais pas su être très loquace pendant votre relation, rien ne disait que tu pouvais l'être aujourd'hui. Même si tu avais beaucoup changé. Tu attrapais les clés du magasin pour le fermer puisque vous partiez manger une glace. « Disons que ça va, j'ai pas mal de projets en ce moment donc le boulot ne me fait pas peur. » Tu étais même content d'avoir presque la tête sous l'eau, au moins ça te donnait quelque chose à faire de tes journées et tu étais certain de ne pas faire une rechute. Puis ça te gardait la tête loin de ta relation avec Annushka, tout se passait parfaitement bien mais il y avait toujours cette part d'ombre que tu ne cessais de repousser.

Ce n'était pas dans sa nature de porter des masques, de camoufler ses réelles émotions, mais il était plus facile de dire que tout allait bien quand son Monde s'écroulait. Depuis que les personnes jouaient avec son cœur, Andeana essayait de s'adapter, apprenant à cacher ses émotions du mieux qu'elle pouvait. Elle retenait ses larmes lorsqu'elles commençaient à brouiller sa vision, une esquisse d'un sourire reposait constamment sur son visage pour égayer son visage. À l'intérieur son âme n'était que meurtri de ses aventures, elle était blessée par les espoirs qu'elle posait dans ces relations mais qui ne révélaient n'être que des illusions, ces fois où on l'avait laissée, trahie. À chaque fin d'une histoire, elle avait peur que son être si joyeux n'arrive pas à se relever, qu'il reste emprisonné dans sa vague de tristesse. Alors elle ne pouvait qu'acquiescer les dires de son ex-mari, ce n'était pas facile de se créer un masque. Peut-être que Xavier avait raison, peut-être que son ex-fiancé n'avait jamais osé lui dire la vérité parce qu'il avait peur qu'elle parte. « J'aurais préféré découvrir qu'un seul mensonge ... La blonde baissant les yeux. Est-ce que j'ai vraiment l'air d'une personne qui pourrait s'enfuir ? Puis à la base il n'avait pas besoin de me mentir, je suis capable d'entendre toutes les vérités, je pense. » C'était une question pour elle-seule, même si au fond un mot de son ex-mari pouvait la rassurer. Même s'il pouvait mentir lui aussi pour la satisfaire. Maintenant elle ne savait plus réellement si elle devait faire confiance aux autres. « Tu mentirais à la personne que tu aimes, toi ? » La blonde continuait de balancer ses interrogations sur elle-même, les reproches qu’elle devrait faire à l’autre homme plutôt qu’à lui avant d’essayer de se reprendre, s’en voulant un peu pour déballer sa vie de cette manière. Pour quoi elle passait maintenant à ses yeux ? Une honte venait doucement se creuser une place dans son corps, rosant ses joues au passage. « Oui, mais je t’embête avec mes soucis alors que tu en as possiblement déjà. » Et il faut dire qu’elle ne se reconnaissait pas. Andeana passait normalement au-dessus de ses problèmes rapidement, parce qu’elle fermait les yeux dessus et ils finissaient par passer naturellement, à l’instant elle avait simplement l’impression de vouloir rester dedans, parce qu’une fois qu’elle passerait à autre-chose, elle pourrait finir par oublier son ancien amant et il était encore trop tôt pour le laisser partir. « Faut prendre du temps pour toi un peu, le boulot ça isole quand même les gens. » Disait-elle dans un léger rire avant de reprendre ses affaires pour aller à l’extérieur. Elle s’en voulait toujours de le laisser en plan de cette manière question travail, mais elle ne pouvait qu’en être reconnaissante de la manière dont il l’écoutait et essayait de lui faire changer ses idées.

Tu ne savais pas vraiment quoi répondre à la jeune femme. Elle n'était pas fragile non, mais tu n'étais pas à la place de son ex-fiancé. tu ne savais pas vraiment ce qu'il l'avait poussé à agir ainsi. Peut-être qu'il avait simplement prévu de lui mentir sur toute la ligne. Tu essayais de lui remonter le moral et aussi d'éviter de penser que quelqu'un d'aussi diabolique avait pu séduire ta douce Andeana. Tu voulais qu'elle trouve le bonheur avec quelqu'un de bien. Elle n'avait déjà pas eu de chance avec toi. « Je doute que toutes les vérités soient bonnes à entendre. » Et tu savais de quoi tu parlais. Tu avais fais fuir Adilyn en lui avouant une partie de la vérité. Tu avais fait beaucoup de tort à Abygaël en lui parlant à cœur ouvert. Ce n'était qu'une enfant, elle était perdue et voulait des réponses. Les tiennes avaient été maladroites par moment mais au moins elle savait que si tu n'avais pas voulu d'elle au début c'était une à cause de ta peur et qu'en apprenant à la connaître, tu avais radicalement changé d'avis sur le fait d'avoir des enfants. Sa question te fit douter. Serais-tu prêt à mentir à Annushka ? « Je.. C'est difficile à dire tu sais, ça dépend du contexte et du mensonge. » Il y avait deux sortes de mensonge, les petits et les gros. Les petits c'est ceux qu'on utilisait lorsque l'on voulait faire une surprise à quelqu'un, le genre de mensonge par dessus lequel on pouvait passer une fois qu'on savait ce que ça apportait. Et les gros mensonges qui font qu'une relation entière pourrait basculer au moment où la vérité éclaterait. Dans ton cas tu ne lui mentais pas vraiment, tu omettais la vérité, ce qui n'était pas mieux. « Tu ne m'embêtes pas Andeana. Et puis tout le monde a des soucis, mais bien souvent on n'arrive pas à tout gérer seul. » Les petits soucis de la vie quotidienne on pouvait les gérer. Mais quand ça avait un gros impact émotionnel, tu savais que toi, tu avais besoin d'en parler. Souvent c'était à Willow, elle était ta confidente depuis des années et elle savait vraiment tout de toi. Et puis c'était une femme, elle avait bien souvent un avis sur tout ce que tu lui racontais et des conseils pleins de sagesses que tu suivais. « C'est vrai que je me néglige souvent. » Sauf que maintenant il y avait Annushka dans ta vie et que l'avoir te permettait de prendre du temps pour toi. Surtout pour elle à vrai dire.