blindfolded minds collide and we fall (aelya) -hot-

Il n'avait pas envie qu'elle le traite comme un de ses clients, un de ces hommes à qui elle offrait une vue sur son corps félin. Quelque part, il avait ce besoin de ressentir qu'il était encore unique à ses yeux, qu'elle lui prouve de quelque manière que ce soit que ce qu'ils étaient en train de partager n'était pas si anodin que ça. Ça n'avait aucun sens lorsqu'on pensait au fait que leur histoire était terminée et pourtant, c'était important pour Niels. Il ne pouvait pas l'expliquer, c'était viscéral. Il posait ses yeux sur elle, la désirant comme si c'était la première fois qu'elle s'offrait à lui de cette manière. Dieu savait pourtant qu'ils en avaient partagé des nuits ensemble, des moments volés sous les draps, à consumer ce désir ineffable et beaucoup trop bon pour être ignoré. C'est en repensant à tout ça qu'il céda en premier, ressentant le besoin de goûter une nouvelle fois à ses lèvres et à la douceur de sa peau. C'était sans doute la seule preuve qu'il avait encore que leur relation allait au-delà de celles qu'elle partageait avec ses clients. Parce-que lui, il la touchait, il réclamait son contact et elle lui donnait. Chose qu'elle n'autoriserait certainement pas dans le cadre de son métier. Son jean le quitta rapidement sous les mains d'Aelya, tandis qu'il peinait à contrôler les battements incessants de son cœur. Ses lèvres s'attardèrent sur sa poitrine dénudée, avant de continuer leur chemin bien plus bas, suivant une ligne imaginaire le long de son corps. Il se pinça la lèvre, fit glisser le dernier vêtement qu'elle portait le long de ses fines jambes avant de venir déposer quelques baisers au niveau de son bas ventre. Elle était maintenant nue, et il prenait un sacré plaisir à la contempler. Le souffle chaud, il continua sur sa lancée de vouloir lui faire du bien avec sa bouche. Bouche qui finit par atteindre la partie la plus sensible de son corps, dont il prit le temps de s'occuper, frémissant en sentant son corps se crisper. Il remonta finalement vers elle, la respiration heurtée, ses lèvres retrouvant instantanément les siennes tandis qu'il fit disparaître toute trace de tissu encore présente entre leurs deux corps.  

C'était intense, comme à chaque fois qu'ils avaient décidé de prendre cette direction. Il pouvait percevoir son pouls s'emballer encore un peu plus à chaque fois que sa peau entrait en contact avec la sienne, craignant même qu'elle ne puisse elle aussi le ressentir. Il voulait qu'Aelya puisse se souvenir de chaque baiser, chaque souffle, chaque caresse, du moindre regard qu'il lui avait accordé si jamais ce moment venait à être le dernier. Et peut-être bien que tout ça serait oublié dés l'aube, c'était même le scénario le plus probable, mais il ne voulait pas y penser. Pas tout de suite. Ce qui l'importait, là maintenant, c'était la manière avec laquelle il voulait qu'elle s'abandonne à lui. Quelques souffles un peu moins discrets s'échappèrent de ses lèvres lorsqu'Aelya décida de prendre le contrôle, ressentant le plaisir de plein fouet. Et lorsqu'elle revint à lui, il emprisonna ses lèvres, s'empressant de tendre la main pour venir chercher un préservatif dans la poche de son jean étendu au sol. Le désir, il ne voulait plus le combattre, il voulait y plonger, la tête la première s'il le fallait. S'y perdre, continuellement, jusqu'à ce qu'il le ressente s'écouler dans chaque cellule de son corps. Et dans le même temps, leurs corps finirent par ne faire plus qu'un, leurs courbes s'épousant à la perfection. Il sentit ses muscles se tendre au rythme de ses mouvements de bassin qu'il intensifiait à chaque fois un peu plus, ne retenant plus le plaisir qui semblait vouloir s'échapper à tout prix de ses lèvres. Son souffle s'écrasa sur la peau d'Aelya et ses lèvres vinrent presser les siennes, comme par automatisme, comme si c'était une évidence. 

C'était égoïste de sa part, il le savait mais il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir graver son existence dans la peau d'Aelya. Qu'elle ne puisse s'en défaire, quand bien même le voudrait-elle, quitte à ce qu'elle en souffre. Parce-que lui aussi l'avait dans la peau, depuis bien trop longtemps maintenant et il ne pouvait se résoudre à être le seul qui puisse ressentir les effets destructeurs de leur relation. Alors il se donnait à elle, s'abandonnant à la passion de leurs ébats, s'ouvrant à elle corps et âme l'espace d'un instant tout en sachant qu'il finirait par s'éclipser au lever du jour, comme à son habitude. Il ne fallait pas que ça devienne plus que ça, qu'ils risquent une nouvelle fois de s'offrir la possibilité de se détruire mutuellement. Sans le savoir, il était déjà peut-être trop tard pour ça. Pourtant à cet instant, alors que leurs corps venaient de céder l'un à l'autre, il lui était impossible de penser au mal qu'il pouvait lui faire. Il n'y avait plus qu'eux. Le reste n'avait aucune importance. Il accentua ses coups de rein, laissant le bassin de sa partenaire venir accompagner ses mouvements, ses lèvres glissant dans le creux de son cou pour venir y étouffer quelques gémissements. C'était là qu'il était le plus vulnérable, au contact de son corps, au cœur de cet échange intime et passionné. Quelque part, c'était exaltant de se savoir si fragile, désarmé face au danger. Un danger tellement attirant qu'il avait sans cesse besoin de suivre. Et c'est en repensant au bien qui lui brûlait la peau qu'il finit par atteindre à son tour le point culminant du plaisir, le sentant se diffuser en lui comme une substance qu'on venait de lui injecter. La respiration coupée, il resta néanmoins collé à elle, le temps d'un baiser plus patient, ses lèvres se mouvant lentement contre celles d'Aelya. Il profita encore des derniers instants de leur proximité, rompant leur échange pour capturer son regard, les prémices d'un sourire naissant sur ses lèvres. Il lui vola finalement un dernier baiser, rapide et furtif, avant de se laisser tomber à ses côtés, les yeux rivés sur le plafond, peinant à retrouver son souffle. « Tout compte fait, c'est une bonne chose que tu sois venue faire foirer mes plans. » il finit par dire, prenant cet air amusé. Puis il tourna la tête vers elle, essayant de capter son regard dans la pénombre de la chambre, laissant planer quelques secondes de silence avant de reprendre : « Quand est-ce qu'on arrêtera d'être cons ? » C'était plus une question rhétorique qu'autre chose en l'occurrence, parce-qu'ils savaient bien tous les deux qu'ils étaient incapables de faire autrement, même s'ils essayaient de toutes leurs forces.

Tout le monde était courant que retomber dans les bras de son ex n'avait jamais été une bonne idée. C'était en réalité tout ce qu'il ne fallait pas faire, essayer de vouloir replonger dans le passé tout en sachant que les erreurs avaient déjà été commises. Et Dieu sait que Niels en avait fait des erreurs, lui, l'abonné aux décisions pas malignes. A croire que c'était plus fort que lui. Tout comme ce manque auquel il avait succombé ce soir, en s'offrant à Aelya comme il l'avait toujours fait lorsqu'il était avec elle. Peut-être qu'inconsciemment, c'était sa façon à lui de lui faire comprendre qu'il ne parviendrait jamais à être un autre lorsqu'elle se trouvait dans les parages, que s'ils devaient continuer à se perdre sur ce terrain-là, alors il continuerait également à lui faire l'amour de manière toujours aussi intense et passionnée, comme depuis la première qu'il l'avait touché. Son regard chercha le sien, un sourire en coin lorsqu'elle finit par lui répondre. Ça lui plaisait plutôt bien l'idée qu'il puisse lui être irrésistible. Peut-être aurait-elle sans doute du garder cet aveu pour elle, sait-on jamais qu'il n'ait envie de s'amuser avec ça. Après tout, Niels était capable de tout. « N'y compte même pas » il souffla, d'un ton joueur, ses lèvres frôlant d'avantage les siennes avant qu'elle ne se rallonge à ses côtés. Il voulait profiter de cet instant, tant qu'il était encore temps, tant qu'il savait qu'elle le désirait encore. Il ne pouvait pas prédire ce qu'il se passerait demain, et peut-être que ça l'importait peu finalement. « C’est ta faute. » Il ne put empêcher un nouveau sourire d'étirer ses lèvres, amusé par sa manière de se déresponsabiliser de ce qu'il s'était passé entre eux. « J'crois bien qu'on est deux sur ce coup-là » il ajoute, prenant cet air détaché qu'il aimait tant. Puis sans prévenir, il bascula sur le côté afin de lui faire face, cédant à l'irrémédiable envie de l'attirer contre lui. « Peut-être que ça devrait cesser » il dit, comme une pensée qu'il déclara à voix haute. « Mais pas ce soir, laisse-moi encore cette nuit » il finit par conclure, d'une voix plus faible, sentant la fatigue l'envahir après cette soirée riche en émotions.

Bien sûr qu'ils devaient s'en tenir à cette dernière nuit, il était au moins d'accord sur ça avec elle. C'était d'ailleurs ce que n'importe quelle personne, d'un point de vue extérieur, leur aurait crié de faire. Sans doute que de partager les draps pour cette nuit était même de trop et qu'il aurait mieux fait de prendre ses affaires pour se barrer rapidement, avant de risquer de s'habituer de nouveau à la présence d'Aelya et à la chaleur que dégageait son corps. A travers ces quelques paroles, c'était comme si ils se faisaient la promesse de ne plus recommencer. Parce-qu'ils savaient l'un et l'autre que ça restait la meilleure chose à faire. C'était également une manière pour Niels de lui montrer qu'il tenait à elle, sans l'avouer explicitement. Comme s'il s'agissait de l'éloigner de lui pour son bien, pour qu'elle ne lui laisse plus la possibilité de lui faire du mal. « Bon... OK, tu peux rester, mais c'est bien parce que t'as vraiment bien travaillé. » Il esquissa un sourire amusé et satisfait, ravi qu'elle choisisse de ne pas le renvoyer chez lui. Fallait dire que ça l'arrangeait pas mal Niels, avec l'alcool qu'il avait dans le sang, il n'était pas sûr qu'il serait encore capable de se rappeler où est-ce qu'il habitait. « Je te revaudrai ça. » Ou pas. Oublie pas que vous êtes pas censés vous revoir ducon. Il grimaça légèrement, se rendant compte qu'il avait parlé un peu trop vite. « Bonne nuit. » Il se replaça à son tour, ne luttant pas face à la lourdeur de ses paupières, sombrant rapidement dans un sommeil profond. Le réveil fut toutefois assez brutal, un mal de tête assez violent au rendez-vous qu'il allait devoir se trimballer pour le reste de la journée. Il était tôt, à en juger par les quelques rayons de soleil faiblards qui éclairaient la pièce. Avec la discrétion qu'on lui connaissait, le jeune homme s'écarta des draps, en prenant soin de ne pas réveiller Aelya qui était encore endormie. Toujours dans le silence, il ramassa ses affaires au sol, se rhabillant rapidement pour se diriger de l'autre côté du lit, celui où Aelya était étendue. Il ajusta le drap sur elle avant de profiter qu'elle ait les yeux fermés pour lui adresser un dernier regard, aussi tendre que nostalgique. Ce côté-là, elle ne le verrait sûrement jamais. Parce-qu'il n'était pas en mesure de lui montrer. Puis il s'éclipsa, fermant la porte derrière lui, comme conclu. Comme ils se l'étaient promis.