Forget it (Niels)

Elle avait le don de lui faire perdre totalement la raison à chaque fois qu'il s'approchait un peu trop d'elle, oubliant tout le mal qu'ils risquaient de se faire. C'était stupide, irresponsable mais il ne pouvait pas s'en empêcher. C'était quelque chose qu'il ne pouvait pas expliquer par des mots. Et l'envie de la retrouver pour de bon ne faisait qu'accroître ces derniers temps, comme si le manque commençait à avoir raison de lui. Elle lui manquait. Constamment. Et ces derniers jours, il avait tenté du mieux qu'il le pouvait de réprimer tout ça, pour ne plus penser à elle, pour continuer de se convaincre que c'était ce qu'il y avait de mieux pour eux. Pour lui. Mais il n'avait suffi que d'une seule seconde, un seul regard pour qu'il ne retombe dans ses travers. Et il y avait plongé la tête la première, sans réfléchir au fait qu'il venait de détruire en un claquement de doigt tous les efforts qu'il avait fait jusqu'ici. Tant pis. Il voulait se sentir vivant, et dans les yeux d'Aelya, c'était exactement ce qu'il ressentait. « Ça, je doute que ça puisse changer. » Il répondit, avec ce sourire espiègle. Parce-que c'était vrai. Comme si le destin voulait absolument que ces deux-là ne restent jamais bien longtemps éloignés l'un de l'autre. Niels avait l'impression que quoiqu'il ferait, où qu'il irait, il finirait toujours par retrouver Aelya. Que son âme chercherait toujours à se mêler à la sienne. C'était comme ça, ils étaient faits pour se rejoindre à un moment ou à un autre. Un peu comme son corps qui n'avait de cesse d'appeler le sien, même s'il savait qu'il était blessé. Sous les lèvres d'Aelya, il sentait son corps frémir, et il luttait intérieurement pour ne pas lui sauter dessus. Niels savait très bien ce à quoi elle jouait, qu'elle le torturait pour que son désir atteigne son apogée. Il sourit à sa remarque lorsqu'elle s'approcha de son oreille, tandis qu'il tentait de reprendre ses esprits. « T'as toujours su trouver les bons mots avec moi. » Il plaisanta, lui volant un rapide baiser avant qu'elle ne sorte de la douche. Il en profita pour faire couler de l'eau froide sur lui, rapidement, parce-qu'il en avait besoin. Vraiment besoin. Surtout que la soirée était loin d'être terminée. Il sortit à son tour de la douche, nouant une serviette autour de sa taille avant de se diriger vers la chambre, là où l'attendait Aelya, complètement nue et allongée dans son lit. Il se pinça la lèvre, penchant légèrement la tête sur le côté tout en admirant la scène. « On peut difficilement faire mieux. » Il aurait même pu avouer qu'il n'y avait tout simplement pas mieux. Aelya était la seule qu'il désirait de cette manière, ça n'avait jamais changé. Il lui adressa un léger sourire avant de venir la rejoindre à son tour, se frayant un chemin entre ses jambes pour avoir un meilleur accès à son abdomen. Il laissa ses yeux traîner une nouvelle fois sur son corps marqué, ressentant une légère angoisse à l'idée de lui faire du mal, encore une fois. Peut-être qu'il avait besoin qu'elle le rassure, qu'elle lui fasse comprendre que ses mains ne pouvaient que panser ses blessures.

Niels savait qu'il ne pouvait pas lui promettre que tout irait bien. Et Aelya non plus ne pouvait pas le faire. Parce-qu'ils n'en savaient foutrement rien. Il pouvait essayer, y croire du plus profond de son cœur, certes, mais certainement pas lui faire la promesse que les choses se dérouleraient à merveille. S'il y avait bien quelque chose que Niels ne supportait pas, c'était de rompre ses engagements. Il était capable de la faire souffrir, comme elle était capable de le briser aussi, et c'était pour cette raison qu'ils ressentaient cette méfiance l'un vis-à-vis de l'autre. Pourtant, il continuait de penser qu'elle était la seule dont il avait réellement besoin, quitte à ce qu'elle l'empoisonne, c'était toujours mieux que de s'imaginer qu'elle puisse lui filer entre les mains. Bizarrement, il le ressentait comme une évidence. Dans tous les cas, il ignorait où est-ce que tout ça allait bien pouvoir les mener, ne sachant même pas s'il y avait la possibilité qu'ils puissent s'en sortir à deux. En vérité, il ne voulait pas savoir. Ce qui importait là tout de suite, c'était que ce moment-ci devienne inoubliable, qu'Aelya puisse se rappeler de cette soirée comme s'il s'agissait de la dernière, comme il l'avait toujours souhaité. Si demain les choses venaient à s'effondrer, il y aurait au moins ça, les souvenirs de leur ultime étreinte, de leurs derniers mots échangés avant qu'ils ne se quittent. Ça resterait en eux, jusqu'à la fin des temps. Son inquiétude fut vite relevée par Aelya, qui jugea bon de lui rappeler que s'il pouvait lui faire du mal, il était également capable de lui faire du bien. Il esquissa un faible sourire, ses yeux accrochant maintenant ceux de la jeune femme. « Sauf que d'habitude t'es pas recouverte d'hématomes. » Il rebaissa les yeux sur son corps le temps de quelques secondes, se demandant comment il ne pouvait pas ne pas lui faire mal avec l'étendue de ses blessures. Honnêtement, ça lui paraissait presque impossible. Il releva le regard vers elle lorsqu'elle reprit la parole, hochant la tête en fronçant légèrement les sourcils. « Ça ne fait rien. Le plus important, c'est que tu te sentes mieux, le reste on s'en tape. » Il lui adressa un léger sourire, comme pour lui montrer que son inquiétude s'était un peu dissipée. « Je vais essayer de faire attention, ok ? » Il approcha doucement son visage de son abdomen, y déposant quelques baisers se voulant aussi tendres que réparateurs, faisant simplement glisser ses lèvres sans exercer de pression. Il se redressa ensuite, attrapant la crème pour l'étaler avec délicatesse sur sa peau marquée. Et tandis qu'il s'appliqua à cette tâche, il croisa les yeux de sa partenaire, lui donnant l'envie de retrouver ses lèvres. Sa main toujours à l'action, il se pencha vers Aelya, son autre bras lui servant d'appui pour se glisser au-dessus d'elle sans lui soumettre son poids. Il vint l'embrasser, avec envie, ses lèvres dérapant jusqu'au creux de son cou.

Peut-être que sans s'en rendre forcément compte, il commençait à prendre conscience de certaines choses. Aelya avait beau lui faire comprendre qu'il n'y était pour rien dans sa chute et ses conséquences, il continuait pourtant de penser que ça aurait pu être évité et que sa responsabilité y était quand même engagée. Il voyait ce qu'il était capable de lui infliger, même à distance. Sans trop savoir pourquoi, il se mettait soudainement à culpabiliser, lui qui habituellement, se foutait de tout, encore moins des dégâts qu'il pouvait laisser sur son passage. Mais là, il s'agissait d'Aelya. Il ne voulait pas qu'elle souffre, pas physiquement en tout cas, ni même  mentalement ceci dit, même si pour ce dernier point, il savait qu'il en était capable. Il avait son corps devant les yeux, ne pouvant s'empêcher d'observer l'ampleur des lésions qui ornaient sa peau, s'imaginant la douleur qui en découlait. Il releva les yeux lorsqu'elle ré-ouvrit la bouche, souriant à la façon dont elle tentait de le rassurer. Ses parents, eux ils ne se seraient certainement pas gênés pour lui cracher à la figure qu'il était encore une fois fautif. Mais il n'était pas question d'eux, Niels ne perdrait pas son temps à leur accorder une pensée de plus. « T'as peut-être raison, ils ont jamais été malins mes vieux de toute façon. » Il dit, rentrant dans son jeu sans pour autant penser ce qu'il disait. Elle lui avait fait clairement comprendre ce qu'elle voulait, et Niels ne lui refuserait pas de lui donner. Son corps n'en pouvait plus d'attendre, et même s'il pouvait montrer quelques réticences quant à la douleur d'Aelya, il avait toujours autant envie d'elle. Et si ça impliquait qu'il devait lui faire l'amour le plus tendrement possible, alors c'est ce qu'il ferait. Avec douceur et délicatesse. Comme lorsque sa main rejoignit enfin son abdomen sur lequel il appliqua la crème, comme lorsque ses lèvres vinrent glisser dans son cou pour y déposer une multitude de baisers. Il se sentit frissonner en sentant sa main dans son dos, encore plus en entendant ses paroles, se sentant un peu plus confiant dans ce qu'il faisait. « C'est parce-qu'il s'agit de toi. » Il lui répondit, concernant le fait qu'il était doué dans ses gestes. Et ce n'était pas faux. Niels ne se serait jamais pris la tête de cette façon, ni même exprimé de l'inquiétude si le corps qu'il avait en face de lui n'était pas celui d'Aelya. Il aurait certainement remballé ses affaires sans chercher à aller plus loin avec un corps meurtri. Son cœur s'emballa à la suite de tout ça, ses paroles raisonnant dans sa tête comme une bombe à retardement. Il s'arrêta alors, relevant la tête vers elle pour accrocher son regard. « J'ai pas envie que tu m'oublies. J'préfère crever plutôt que de te laisser partir encore une fois. » Il était sincère lui aussi, s'ouvrant comme rarement il le faisait. Il fallait qu'elle sache ce qu'il avait sur le cœur, que ses mois sans elle lui avaient paru être une éternité. Le visage suspendu au dessus du sien, ses lèvres vinrent frôler les siennes pour finalement s'y écraser, laissant Niels s'abandonner complètement dans ce baiser. Il prit appui sur son autre bras qui s'occupait jusque-là de son abdomen, laissant sa main libre parcourir sa peau dénudée, caressant toutes les zones que ses doigts atteignaient jusqu'à les laisser déraper vers son intimité avec envie. Son souffle s'accéléra en sentant le corps d'Aelya se tortiller sous l'effet de ses gestes, sentant le sien bouillonner de désir.

Il n'avait pas besoin de s'ouvrir à elle pour qu'elle sache ce qu'elle pouvait provoquer en lui, qu'elle sache qu'elle était celle qui lui faisait tourner la tête en une fraction de seconde. La façon dont il posait ses yeux sur elle, dont il l'embrassait ou même la touchait, tout ça était suffisamment flagrant. Ce visage-là, il ne le montrait qu'à elle, et encore, ça le terrifiait qu'elle puisse le voir ainsi. Le découvrir vulnérable et accessible. Peut-être que ce soir, c'était l'occasion de lui prouver ce qu'il désirait au fond de lui, ce que son cœur lui dictait de faire quand sa raison l'en empêchait catégoriquement. Il devait se rendre à l'évidence maintenant, arrêter de jouer les gros durs deux secondes et c'était beaucoup plus difficile qu'il ne l'aurait pensé. Parce-qu'il s'était bâti une carapace en métal, inatteignable, imperturbable qu'il arborait depuis un bon moment maintenant. Et pour Aelya, il acceptait de s'en défaire, le temps de quelques heures, pour qu'elle sache qu'il n'était pas juste resté ce sale con qu'elle avait côtoyé pendant deux mois. Certes, le changement n'était pas son truc, le faisant plus flipper qu'autre chose, mais ça n'empêchait pas le fait qu'il se sente prêt à l'affronter. Aelya en valait le coup. Ça, c'était une certitude. « Et moi je crèverais aussi si tu meurs. » Alors, il ne devait plus la laisser s'échapper. Il n'en aurait plus la force. Ses lèvres se pressèrent contre les siennes, les guidant dans un baiser chaud et enivré, comme les sensations qu'il ressentait à l'intérieur. Il voulait aller plus loin, sentant cette boule de chaleur dans son ventre prête à imploser sous le désir qui se débattait dans chaque cellule de son corps. Il retint son souffle lorsque les mains d'Aelya finirent par s'occuper de son bas ventre, étouffant un murmure de plaisir contre ses lèvres. « Je veux qu'on continue » lui dit-elle, tandis qu'il ré-ouvrit doucement les yeux pour y trouver la confirmation de ses paroles. Niels n'aurait probablement pas cherché à aller plus loin de lui-même, encore trop incertain de ce que pourrait lui infliger son corps. Mais là, elle lui donnait l'autorisation de continuer, et le double-sens de sa phrase ne fit qu'augmenter son rythme cardiaque. C'était tout ce qu'il voulait, lui aussi. Continuer. « Laisse-moi faire... » il souffla, comme pour lui faire comprendre qu'il ne voulait pas qu'elle force, qu'il avait le contrôle de la situation et qu'il avait bien l'intention de lui faire oublier la douleur. Finalement, son corps se colla rapidement au sien, s'introduisant en elle en laissant échapper quelques souffles de plaisir au passage. Il prit soin de retenir son poids en plaçant ses mains de part et d'autre du corps d'Aelya, son bassin venant se mouvoir contre le sien délicatement. Il aimait la sentir contre lui, se perdre dans leur étreinte comme ils en avaient toujours eu l'habitude. Il avait l'impression de la retrouver, réellement, et il voulait lui montrer qu'il était prêt à lui appartenir, encore une fois. Comme avant.

Il commençait à saisir ce qu’il se tramait dans sa tête, dans son cœur et son âme. A vrai dire, il aurait aimé qu’il en soit autrement, pour continuer sa vie d’indépendant comme il le souhaitait. Mais Aelya chamboulait ses plans, comme elle l’avait en réalité toujours fait. Elle était là et il n’avait pas envie qu’elle s’éloigne encore une fois. Il la voulait, pour lui seul. Et il ignorait réellement comment ils en étaient arrivés là, à vouloir encore et encore goûter au risque alors qu’ils savaient qu’un chaos se dessinait devant eux, aussi noir que fascinant. Niels n’avait pas peur. Ou du moins, c’était moins effrayant que d’imaginer la jolie brune disparaître de sa vie. Il pourrait se battre jusqu’au sang pour éviter cela. Et il savait aussi qu’il n’y avait aucun retour en arrière possible. Dans un souffle, entre deux baisers, il lui avait comprendre qu’il ne voulait pas qu’elle l’oublie. Et dans son étreinte, il lui prouvait que lui non plus n’était pas prêt de l’oublier. Sûrement qu’ils se dirigeaient tout droit vers la plus flagrante des conneries, mais sur le moment, Niels n’avait pas envie de s’en rendre compte. Il voulait lui faire l’amour, sceller leur lien indéfectible au rythme de ses mouvements de bassin. C’était tout ce dont il aspirait là tout de suite. Ses lèvres cherchaient les siennes, dérapant de temps à autre pour mieux les retrouver ensuite. Cette étreinte était une nouvelle fois différente de toutes les autres qu’ils avaient partagées, celle-ci était plus pure, peut-être plus sincère. Parce-qu’ils avaient conscience dans quoi ils s’embarquaient. L’esprit de Niels n’était pas troublé par une  quelconque substance qu’il aurait pu prendre. Il savait très bien ce qu’il faisait, ressentant le moindre de ses gestes délicats, le moindre contact avec ce corps qu’il désirait tant. Il n’avait jamais été aussi tendre avec une femme auparavant, jugeant qu’Aelya était la seule qui puisse mériter cette attention. « Je veux pas que tu partes. » Il répéta, soufflant entre deux soupirs dissimulés, se laissant emporter par le plaisir que lui procuraient leurs ébats. Et dans un ultime effort, il s’envola avec elle vers ce moment de jouissance ultime, resserrant un peu plus son étreinte, enfouissant son visage dans le creux de son cou qu’il mordilla légèrement, remontant avec ses lèvres et ses dents jusqu’à son menton, avant d’attraper ses lèvres. Et tandis qu’il tentait de reprendre le contrôle sur sa respiration, sa main se glissa sur son visage en continuant de l’embrasser. Après quelques secondes, il rompit le baiser non sans difficulté, accrochant le regard de sa partenaire, un sourire en coin sur les lèvres. « Rien de cassé ? » Plaisanta-t-il, finissant leur étreinte sur une note de légèreté.

Leur étreinte était son meilleur refuge, là où il pouvait se laisser aller, lâcher un peu prise sur ce contrôle qu'il gérait d'une main de fer. Ça lui faisait du bien et le terrifiait en même temps. Parce-qu'il savait où ça le menait habituellement lorsqu'il décidait d'afficher ce visage plus vulnérable. C'était prendre le risque qu'on le fasse couler, comme on avait réussi à le faire il y a des années. Et ça, c'était bien trop dangereux. Mais avec Aelya, c'était encore différent. Elle le connaissait, mieux que quiconque, et il n'avait pas besoin d'afficher ses faiblesses avec elle puisqu'elle les connaissait déjà. Elle les avait effleuré du bout des doigts à de nombreuses reprises, avait appuyé dessus lorsqu'elle avait voulu se protéger de lui. Et à raison. Replonger dans ses bras impliquait qu'il reprenait ce risque-là ; le risque qu'elle puisse de nouveau l'atteindre. Peu importait. Pour le moment, il se foutait bien de ce qu'elle pouvait lui faire. L'important était qu'elle sache qu'il avait vraiment envie de continuer lui aussi, parce-qu'elle lui manquait, et ce manque le prenait aux tripes même s'il ne le montrait pas. Il fallait qu'elle le sache, quitte à s'exposer au risque que ça se retourne contre lui. Il sourit à ses paroles, satisfait d'avoir été plus performant que n'importe quel autre antidouleur. « Faudrait qu'on te prescrive l'effet Niels plus souvent pendant ta convalescence dans ce cas » il ajouta, arquant un sourcil, prenant cet air malin. Être le médicament d'Aelya, c'était un rôle qui l'attirait beaucoup en vérité. S'il pouvait la guérir de cette manière-là, il se porterait volontaire le plus souvent possible. Il profita du baiser qu'elle lui accorda, avant de basculer sur le côté en faisant attention de ne pas atteindre son abdomen. « Ouais, on me le dit souvent ça » dit-il, l'air de rien avant de pouffer de rire en voyant le regard blasé de la jolie brune. « Je plaisante » il ajouta, toujours cet air moqueur sur le visage. « J'suis meilleur grâce à toi. » Il était prêt à tout et n'importe quoi pour lui faire du bien, pour qu'elle puisse sentir qu'il se surpassait pour elle. Il approcha son coussin du sien, y posant sa tête pour que leurs visages gardent une certaine proximité. Sa main vint chercher la sienne, nouant doucement ses doigts aux siens, image qui attira son attention. « Il va me falloir du temps, tu sais. Je sais ce que je veux mais j'ai toujours du mal avec ces choses-là. » Il avoua, en parlant de leur relation. Il voulait lui appartenir, et qu'elle lui appartienne en retour, mais il était loin d'être à l'aise avec les relations, surtout depuis le vide que leur rupture lui avait laissé.

Ils auraient pu se simplifier la tâche, continuer à se voir de temps à autre pour des relations purement physiques. Fallait croire que ça ne lui suffisait jamais à Niels. Parce-qu'il ne convoitait pas seulement que le corps d'Aelya, il avait toujours voulu plus. Pouvoir accéder à son âme par un regard, à son cœur par un baiser, pour avoir l'impression qu'elle lui soit entièrement vouée. C'était de cette manière qu'il la voulait auprès de lui. Pas autrement. Avec n'importe quelle autre fille, Niels se serait largement contenté de parties de jambes en l'air, sans chercher à rendre les choses compliquées. C'était comme ça qu'il fonctionnait d'habitude. Sauf qu'il ne pouvait pas agir de la sorte avec Aelya, quand bien même l'aurait-il voulu. Sûrement qu'il la respectait trop pour qu'elle ne soit qu'un amusement comme un autre, et malgré tout, elle avait toujours eu plus d'importance que n'importe quelle autre fille. Il pencha un peu la tête sur le côté, souriant à sa remarque avant de se détacher d'elle. « Y'en a en stock, on est pas obligés de s'en priver. » Il rit à la suite de ses paroles, amusé de matérialiser l'effet qu'ils pouvaient avoir l'un sur l'autre. Il se laissa tomber à ses côtés, inspirant profondément pour tenter de retrouver un rythme cardiaque un peu plus stable. « C'est vite addictif ce truc. » Il ajouta, un sourire en coin, en parlant de "l'effet Aelya". Toujours à renvoyer la balle dans le camp adverse, c'était ce que Niels préférait faire. Il s'était vu attraper sa main d'un œil extérieur, lui confiant les craintes qu'il avait dans le ventre. « T'as raison, toi et moi on a besoin de plus de temps. » Ils n'avaient pas besoin de précipiter les choses, ça risquait de foirer à tous les coups. Déjà que c'était bancale comme idée, autant essayer de ne pas prendre des décisions stupides dés le début. « Ne me promets rien, j'en ferais autant. Tu sais comment ça se passe quand on essaye d'en faire. » Il dit, quittant des yeux leurs mains unies pour retrouver les siens, arborant un air rassurant. Puis il se redressa sur son coude, calant sa tête dans sa main libre pour pouvoir s'approcher un peu plus de son visage et accrocher son regard. « Prenons les choses comme elles viennent, ok ? C'est pas notre truc de faire des plans, j'les tiendrai pas. » Il voulait être honnête avec elle, qu'elle ne s'attende pas à ce qu'il soit devenu l'homme parfait parce-que ce n'était clairement pas le cas.

Il avait dû s'y faire, à la vie sans Aelya. Et Dieu savait à quel point ça avait été dur, bien qu'il n'avait rien daigné montrer. Rentrer tous les soirs en voyant l'appartement vide, son lit dénuée de chaleur humaine tandis que ses draps perdaient progressivement l'odeur de sa peau, il s'agissait de choses peut-être minuscules, mais ça l'avait marqué. Elle ne l'attendait plus et elle se complaisait probablement dans les bras d'un autre, c'était ce qui avait été le plus dur à accepter pour lui. Il ne l'avait d'ailleurs jamais fait. Il pensait sincèrement qu'elle méritait tout le bonheur du monde, mais l'idée qu'elle puisse trouver mieux que lui, quelqu'un qui serait en mesure de lui apporter que du bon, ça le rendait fou. Il savait qu'il aurait pu mieux faire. Mais avec Niels, la prise de conscience arrivait toujours trop tard, quand le mal était fait. Son sourire s'élargit lorsqu'elle reprit la parole, venant effleurer ses lèvres contre les siennes. « On n'aura pas besoin de plonger dans l'illégalité, crois-moi... » il souffla, d'une voix empreinte de désir. Jamais il ne se priverait de lui faire l'amour si elle en avait envie. Et puis, fallait dire que Niels profitait aussi de sa convalescence, la prenant comme excuse pour pouvoir soulager sa douleur. Il lui lança un regard de défi à sa remarque suivante, se demandant comment elle allait bien pouvoir faire pour le rendre encore plus accro qu'il ne l'était déjà. Avec Aelya, il s'attendait à tout, parce-qu'il savait qu'elle était capable de tout aussi. « J'attends de voir ça. » Il lui adressa un petit clin d’œil, faisant ressortir son côté espiègle et joueur. Après s'être redressé, il avait ressenti le besoin d'avoir une conversation un peu plus sérieuse sur là où ils en étaient tous les deux. Mettre des mots sur une relation comme la leur était difficile pour le commun des mortels, alors pour Niels, handicapé des sentiments, fallait imaginer la galère dans laquelle il pataugeait. Il fronça les sourcils à sa réponse, peut-être un peu surpris par son détachement. Il avait envie de lui dire qu'il voulait plus que ça, mais maintenant, il commençait à douter sur le fait qu'ils soient sur la même longueur d'onde. « C'est ce dont tu as envie ? » Lui demanda-t-il, continuant à ancrer ses yeux dans les siens, cherchant à connaître le fond de sa pensée. « Y'aura toujours quelque chose en plus, qu'on le veuille ou non. » Il avança, avec un peu d'hésitation, comme s'il ne voulait pas qu'elle réduise leur relation aux paroles qu'elle avait employées.