[Libre] Une arrivée par la petite porte - Dan

Il était très tôt lorsque je me réveillai, ce matin. Le soleil était à peine levé, et pourtant je compris directement que je n'arriverais pas à me rendormir. Je m'étais couché trop tôt le soir précédent, tant je me faisais chier en l'absence de mon colocataire. J'avais l'impression d'avoir épuisé tout le stock de séries sur Netflix, en plus de ça. Je décidai de rentabiliser ma matinée, puisqu'elle serait longue, et enfilai un short et un tee-shirt pour me rendre au Centre Nautique. Une fois sur place, j'enfilai une combinaison et attrapai une planche de paddle – un sport que je pratiquais régulièrement et dont j'étais particulièrement fan, dans la mesure où il me permettait de me balader sur l'eau tout en renforçant mes muscles. Ces planches étaient beaucoup plus larges que de bêtes planches de surf, histoire de pouvoir tenir en équilibre dessus. Je pris aussi une rame, et entrepris de rejoindre la mer. Comme il était très tôt, je décidai de passer par le port pour voir les bateaux et discuter avec Gunter, le mec qui tenait le kiosque à journaux. En arrivant, j'entendis les aboiements joyeux d'un chien, qui ne tarda pas à apparaître dans mon champs de vision. Il s'agissait d'un superbe berger allemand. J'aimais beaucoup les animaux, bien que n'en possédant pas moi-même. Je saluai l'homme du kiosque, qui n'était pas mon camarade habituel aujourd'hui et repérai un mec assis un peu plus loin, sur un banc. Je passai à côté de lui en le saluant d'un signe de tête, puis posai ma planche à la mer et grimpai dessus en quelques mouvements précis. Je me levai en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, prêt à commencer à pagayer vers le large. J'aimais la tranquillité de la mer, particulièrement à cette heure. La balade s'annonçait belle... mais c'était sans compter sur le berger allemand qui, probablement intrigué par ma planche, se mit à courir dans ma direction et sauta dans l'eau pour me rejoindre. Le remous me fit vaciller, je ne m'y attendais pas et vu l'absence de stabilité de ces planches, je me retrouvai dans l'eau en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je n'avais pas encore réellement avancé, m'asseoir suffit à me voir émerger vu la profondeur de l'endroit où je me trouvais. « Bah bravo mon vieux ! » lançai-je au chien en riant, comme s'il me comprenait, « aucune femme ne m'a jamais fait tomber à la renverse aussi bien que toi, tu devrais donner des cours ». Je me relevai et repérai du mouvement du côté du banc. Je me tournai vers l'homme que j'avais salué brièvement un peu plus tôt et criai à son intention : « c'est votre chien ? Comment il s'appelle ? » Il était déjà sorti de l'eau et courrait vers son maître en s'ébrouant.  

Le type m'avoua être un écumeur des mers, j'en conclus donc qu'il avait un bateau – ce que je trouvais beaucoup trop cool. J'aurais aimé en avoir un, moi aussi. Malheureusement, je n'avais pas les économies suffisantes – bon okay, pas d'économies du tout – pour me permettre cette petite folie, et je ne savais de toute façon pas naviguer. Ça ne m'empêchait pas d'en rêver, et de m'imaginer sur le pont de mon bolide, à quai, en train de boire une bière comme un vieux loup de mer. « Domino, hein ? Ça lui va particulièrement bien, j'suis sûr que si on avait été plusieurs, on serait tombés de concert » lâchai-je en souriant, tout en observant le clébard qui recevait avec joie les caresses de son maître. J'acceptai avec plaisir l'aide qu'il m'offrait, et me redressai. « Merci, et ne vous inquiétez pas, y a pas de mal. J'adore les animaux, si je pouvais j'en aurais moi aussi ». L'homme déclara s'appeler Dan, et me demanda si j'étais du coin. « On peut dire ça oui, j'ai vécu ici toute ma vie. Bienvenue à Bowen, Dan. Je m'appelle Liam ». Nous échangeâmes une poignée de main, scellant cette nouvelle rencontre comme il se doit. « Qu'est-ce qui vous amène par ici ? » lui demandai-je, vil curieux que j'étais. J'attrapai ma planche et m'avançai vers la plage, pour l'y poser. « Je crois qu'il est trop tôt pour le paddle, je vais plutôt prendre un truc à boire – si ça ne vous dérange pas que je squatte votre banc ». J'ouvris ma combinaison, histoire de pouvoir respirer un peu, et me dirigeai avec le marin vers le fameux kiosque, où ils vendaient effectivement quelques boissons et des trucs à grignoter. Je remettrais le paddle à plus tard, de toute façon la matinée serait longue alors autant en profiter pour faire connaissance avec Dan. Il avait probablement plein d'histoires à raconter, naviguer devait être vraiment sympa.