Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle
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Sujet: Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle Dim 26 Aoû 2018 - 13:15
Bienvenue à Bowen quand même, Petit frère.
Une semaine avant.
« - C’est pourquoi, j’ai pris la décision et ton père est d’accord avec moi, Kyle va venir vivre avec toi, à Bowen. Et ce n’est pas négociable. »
Long silence. Ma mère était-elle devenue folle ? J’avais passé trois mois à Chicago et j’étais revenu à Bowen depuis seulement deux jours. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ma relation avec mon jeune frère était loin d’être fraternelle. En trois mois, les rares paroles qu’il m’avait dîtes étaient loin d’être courtoises. J’avais tenté quelques approches, mais j’avais fini par abandonner mes tentatives en voyant qu’il me repoussait sans cesse. Je n’ai pas compris pourquoi ce rejet. J’étais revenu à la demande de ma mère, ce n’était pas par gaieté de cœur. Sans doute aurait-il mieux valu pour Kyle, que je refuse ? Dans tout les cas, c’était fait maintenant. Je ne regrettais pas pour autant mon séjour là-bas, j’avais pu passer un peu de temps avec mes parents, et même si ma relation avec mon père se compose plus souvent de silences gênants, j’ai répondu présent pour lui ce qui a suffit à apaisé les tensions entre nous deux.
Enfin, voilà que Kyle va débarqué à Bowen et nous allons être obligés de cohabiter ensemble, ça promet d’être compliqués.
« Est-ce que je dois aller le chercher à l’aéroport de Brisbane ? »
Ma voix se veut calme et posée, alors qu’intérieurement, je suis à deux doigts de l’implosion. Si j’dois aller le chercher à Brisbane, ça nous fera passer de longues heures en voiture ensemble. Je crains le pire.
« - Non, il prendra un avion de Brisbane à Bowen, ce sera plus simple. Tu iras le chercher à l’aérodrome, il arrivera mercredi prochain. »
Je ne réponds rien. De toute façon, je n’ai pas mon mot à dire. Je finis par raccrocher, et je me retiens de me cogner la tête contre le mur le plus proche. Pourquoi ?!
Mercredi suivant.
Heureusement, le travail m’a permis de ne pas penser à l’arrivée de Kyle. Le peu de temps libre que j’ai eu m’a servi à préparer sa venue. La maison de nos défunts grands-parents et grande. Il a quatre chambre à l’étage et deux salles de bains. Tandis que le rez-de-chaussée, se compose d’un grand salon, d’une salle à manger, une grande cuisine et un bureau. Depuis mon arrivée, j’ai retapé le rez- de-chaussé et ma chambre. J’ai beau être là depuis un an et demi, je n’ai pas eu le temps de tout retaper. Du coup, j’ai du refaire une des chambres à l’étage pour qu’il soit dans un lieu plus… Enfin disons moins « ancien ». Je peux me tromper, mais les vieilles tapisseries avec des fleurs, je doute que ce soit son style de déco.
Je sais qu’il ne m’apprécie pas, mais nous allons devoir vivre ensemble, sous le même toit. Je veux faire au mieux pour qu’il se sente bien et faire en sorte que notre cohabitation, aussi forcée soit-elle, ce passe pour le mieux.
Je suis nerveux. Je l’attends sur le tarmac de l’aérodrome et je me surprends à penser que j’aimerai qu’il ait loupé son avion. Je redoute son comportement, ses paroles, et les miennes aussi. J’ai le sentiment qu’à Chicago, il se retenait avec moi parce que mes parents n’étaient jamais loin. Là, nous allons être tous les deux, sans personne pour temporiser.
Le petit avion en provenance de Brisbane atterrit enfin. C’est un petit coco qui ne peut pas transporter plus d’une quinzaine de passagers. Largement suffisant pour Bowen. Je reste sur le parking appuyé contre mon pick-up les bras croisés, observant au loin les passagers descendre. Je crois apercevoir Kyle. Je prends une longue inspiration, implorant le ciel pour que tout ce passe bien. Il se dirige vers moi avec ses affaires, pour autant, je reste ou je suis. Je ne sais vraiment pas comment me comporter avec lui, si seulement il me disait ce qu’il me reproche.
« Salut » l’accueillis-je avec un sourire gêné lorsqu'il arriva devant moi. « Tu as fait bon voyage ? » m’encquis-je auprès de lui, soucieux de tenter une nouvelle approche pour apaiser d’éventuelles tensions dès le départ. Je ne sais pas pourquoi, je sens qu’il va me rabrouer. Surtout, ne pas s’énerver. Surtout rester maître de moi-même. « Allons-y. » dis-je en lui désignant le pick-up.
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Sujet: Re: Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle Mer 29 Aoû 2018 - 3:10
FT. WYATT
Une semaine plus tôt.
Un soir, alors que je rentre d’une journée à la plage avec quelques amis, mes parents m’attendent dans le salon.
“Nous devons te parler.” Lâche mon père, le visage fermé.
Comme toujours, je tourne machinalement la tête vers ma mère. Elle arbore elle aussi un air grave. Un frisson me parcourt le dos, comme pour m’annoncer que je ne vais pas aimer ce qui va suivre.
“Avec ta mère, nous avons trouvé ton attitude à l’égard de ton frère inadmissible.”
Où veut-il en venir ? Pourquoi me tomber dessus maintenant alors qu’il est reparti depuis un petit moment. Mon regard se tourne à nouveau vers celle qui a toujours été là pour moi.
“Tu vas aller vivre à Bowen avec Wyatt, chéri. Il nous apparaît évident que vous devez apprendre à vous connaître et vous apprécier.”
J’ai l’impression que mes yeux vont sortir de leurs orbites et mon coeur va s’arrêter. J’ai forcément mal entendu. Ou alors ils sont devenus complètement fous.
“Et si je refuse… ?”
La réponse fuse.
“Ce n’est pas négociable, c’est un ordre.” La voix paternelle est dure et froide, il ne plaisante pas.
Je sais d’avance qu’il ne sert à rien de supplier mon père, quand il donne un ordre, c’est fini. Mes yeux roulent vers mon dernier espoir, ma mère. L’idée vient d’elle, mais elle a toujours était plus compatissante que mon père.
“Maman”. Mon air se fait presque suppliant. “S’il te plait, ne me fait pas ça. Ne m’oblige pas à quitter tout ce que je connais. Je ferai des efforts la prochaine fois qu’il viendra.”
Elle s’approche de moi, son regard semble à la fois triste et déterminé. Doucement, elle me caresse la joue, comme lorsque j’étais petit et qu’elle voulait me conseiller.
“Je suis vraiment désolée mon chéri, tout est déjà bouclé, nous avons prévenu ton frère, il t’attend la semaine prochaine à l'aérodrome de Bowen.”
Une boule se forme dans ma gorge, je me mord l’intérieur de la joue pour me forcer à garder une contenance. Mais dans ma tête, tout s'effondre. Je déteste Wyatt. Je n’ai pas mis les pieds à Bowen depuis plus de dix ans. Tous mes amis sont ici. Je ne veux pas partir.
“Et mes études ? C’est important ! Je reprends les cours dans moins d’un mois et…” Je m’accroche à ça comme une moule s’accroche à son rocher. Clairement, cette fois c’est ma dernière chance.
“Nous avons fait transférer ton dossier à l’université de Bowen, ne t’inquiète pas pour ça”
Mercredi suivant.
C’est la pire journée de ma vie, littéralement. Réveil militaire à cinq heures du matin. Vérification avec le paternel que je n’ai oublié aucune affaire. Petit déjeuner dans un silence de mort en compagnie de ma mère. Elle a les yeux rouge et bouffie, comme si elle avait pleuré. Est-ce que c’est à cause de son départ ? Je n’ose pas poser la question. Puis vient l’heure du départ. Maman me prend dans ses bras, elle verse quelques larme et je ne peux m’empêcher de la consoler. Ca a toujours été plus fort que moi, comme si j’étais né pour ça. Je lui dis que je l’aime, lui promets que ça va aller. Je n’en suis pas vraiment sûr moi-même, mais dans l'immédiat, la priorité, c’est elle.
“Ne vous entretuez pas. Si tu ne peux pas l’apprécier tout de suite, s’il te plaît, essaye au moins d’apprendre à le connaître.” chuchote-t-elle à mon oreille.
Son regard inquiet me transperce et j’ai l’impression d’avoir tout le poid du monde sur les épaules.
“J’essaierai, promis.”
Elle esquisse un sourire et je pars enfin. Vingt minutes plus tard, mon père me dépose à l’aéroport. Il me tend mon passeport, m’aide à porter mes bagages et reste avec moi jusqu’à ce que je monte dans l’avion. Comme s’il avait peur que je tente de m’enfuir. La première escale, de dix heures, à lieu à Vancouver. Dans l’un de mes sac, j’ai pris quelques livres, ainsi qu’une nintendo DS, histoire de ne pas m’ennuyer. Mais ça, c’était sans compter sur ce cher papa. En arrivant à Vancouver, j’ai la mauvaise surprise de rencontrer l’un de ses amis qui passe toute l’escale à mes côtés. Dix heures à entendre un vieux marine me vanter les mérites de l’armée et me dire à quel point j’ai tort de ne pas m’engager. Si je devenais militaire, je pourrais devenir un héros, comme ce cher Wyatt. Et à la fin de l’escale, alors que je suis au bord du suicide, il m’annonce qu’en plus, il m’accompagne jusqu’à ma seconde escale, ou il me tiendra également compagnie… Car c’est sur son chemin, évidemment.
Comme quoi, je ne leur ai jamais donné de raison de douter de moi, mais la confiance règne entre mes parents et moi.
A la fin de ma seconde escale, j’ai tellement de mal à rester courtois que l’arrivée de mon dernier avion est un soulagement. Je n’ai pas envie de monter dedans, mais j’ai encore moins envie de rester avec ce Marine.
Durant ce dernier vol, j’essaye de lire un peu, mais j’abandonne vite l’idée. Je suis trop nerveux pour parvenir à me concentrer. Cette fois ça y est, je vais rencontrer Wyatt, pour de vrai. Pas de parent m’obligeant à rester courtois. Pas de prétexte pour repartir. Juste lui et moi. Et c’est à la fois extrêmement énervant, effrayant et aussi un peu grisant.
L’avion atterrit et je vais directement chercher ma valise avant de me diriger vers la sortie. Je ne mets pas très longtemps à repérer Wyatt. Il est appuyé contre un pick-up, les bras croisés. Il me laisse venir à lui sans bouger, comme s’il jaugeait de loin mon attitude. Et quand j’arrive à sa hauteur, c’est avec le sourire, mais avec un malaise assez palpable qu’il me salue et me demande si j’ai fait bon voyage. Ma première réaction est de me braquer, il n’a rien fait et je suis déjà énervé. Mais j’ai fait une promesse à ma mère, autant essayer de la tenir.
“Salut. En fait non, c’était sûrement le pire voyage de ma vie. Déjà que je suis envoyé ici de force, papa a trouvé judicieux de me coller une babysitter pendant quasiment seize heures. Il avait probablement peur que je tente de louper l’un de mes avions. Et tu sais quoi ? Les militaires sont de très mauvaise babysitter.”
Mon ton n’est pas vraiment cordial, j’ai probablement l’air aussi accueillant qu’une porte de prison, mais c’est la phrase la plus longue que j’ai formulé à son égard jusque là. Et c’est un effort considérable, peu importe que le ton soit jovial ou non. Surtout quand on sait qu’une voix dans ma tête hurlait de plutôt l’envoyer se faire voir.
“Allons-y” fait-il, en désignant le pick-up.
Sans demander mon reste, je mets ma valise à l’arrière et monte côté passager. Lorsqu’il monte de son côté, je serre les poings. Trop de proximité d’un coup. Je n’ai pas envie d’être là et je crois que ça se voit. Toute la rancoeur remonte à la surface...
“Sinon…”
Mes yeux tombent sur mes chaussures. J’ai parlé avant de réfléchir à ce que j’allais dire. Tellement de questions. Tellement de reproches. Est-ce que je suis vraiment si insignifiant pour toi ? Pourquoi tu n’as jamais essayé de me connaître avant la cancer de notre père ? Est-ce que tu sais au moins à quel point tu m’as gâché la vie ? ça se voit que j’ai déjà envie de te frapper ? Faire un effort. Pour maman. Ne soit pas un enfoiré Kyle.
Je soupire.
“La fac est loin de la maison ? Parce que ma voiture est restée à Chicago... Avec le reste de ce qui constituait ma vie d’ailleurs, mais bon… Apparemment ça n’a aucune importance par rapport à toi, n’est ce pas ?”
Bon, ce n’est pas aussi agressif que ce que j’allais dire à la base, mais pour la convivialité on repassera.
“Laisse tomber, je suis fatigué. C’est pas ce que je voulais dire…” Ce que je voulais dire était bien pire. “Alors, elle est loin, cette fac ?”
"Les hommes sont tous frères, et les frères se battent." ; Georges Brassens
(c) ANAPHORE
Je me suis de nouveau emportée x) toutes mes réponses ne seront pas aussi longue, là c'est parce que j'ai voulu écrire l'avant départ aussi.
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Sujet: Re: Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle Mer 29 Aoû 2018 - 18:14
Une part de moi espère vraiment que tout va bien se passer, que nous allons pouvoir rattraper le temps perdus et que tout ira mieux entre nous, mais je ne me leurre pas. Je sais parfaitement que l’arrivée de Kyle ne se passera pas bien. J’ai l’impression que Kyle va bouleverser mon quotidien, avec autant de violence qu’un tsunami, et mon appréhension est totale. Il traverse le tarmac de l’aérodrome pour finir par me rejoindre. J’essaie de l’accueillir convenablement, même si je ne sais pas sur quel pied danser avec lui. Lorsque je lui demande s’il a fait bon voyage, je regrette presque aussitôt de le lui avoir demandé. Je l’entends qu’il s’énerve, qu’il peste sur le voyage dans son intégralité, de son baby-sitter improvisé, et sur les militaires. Peut-être s’attends-t-il à ce que je me sente visé ? Pourtant, je ne reste calme, lui adressant même un sourire compatissant. Il semble oublier quelque chose le petit frère et je vais le lui rappeler. « De quoi tu te plains ? Ton baby-sitter n’est resté que quinze petites heures avec toi… Imagine si ça avait été deux ans ? » lui dis-je avec un calme olympien et un petit sourire en coin. C’est bien la première fois qu’il prononce autant de mot en ma présence, et surtout, pour autre chose que de me rabaisser. Enfin, je soupçonne toujours qu’il a tenté une petite pique discrètement, mais je ne m’en formalise pas. C’est déjà mieux que ce à quoi je m’attendais. Par contre, il va falloir que je pense à remercier le paternel pour me l’avoir envoyé avec un de ses amis qui l’a mis d’humeur exécrable, comme si j’avais besoin de ça pour qu’il soit de mauvaise humeur, vraiment.
Pour essayer de faire retomber la tension, surtout du côté de Kyle, je l’invite à monter dans le pick-up. Pas que je m’ennuis, mais je préfère faire la papote chez moi – ou plutôt chez nous maintenant - plutôt que sur un parking. Par chance, Kyle a décidé d’obtempérer sans discuter. Alléluia ! Il rentre dans la voiture du côté passager et moi, je prends une nouvelle grande inspiration pour rassembler tout mon courage et garder mon calme, avant de rentrer aussi dans l’habitacle. Je jettes un coup d’œil dans sa direction et je vois bien à quel point ça lui en coûte d’être là. Je soupire et je tourne la clé dans le contact pour démarrer le véhicule. Et dire qu’il est là pour au moins un an… ça va être long. Très long. J’enclenche la marche arrière et je manœuvre pour sortir du parking, quelques secondes après, il m’interpelle mais un gros blanc se passe avant qu’il ne me pose une question toute… simple. J’ai comme l’impression qu’il voulait dire autre chose, mais je ne préfère pas tenter le diable et le forcer à parler. Je suis quasiment sur que ça le braquerait plus qu’autre chose. Il me parle de la fac, mais le reste de sa phrase me laisse pantois.
« Apparemment ça n’a aucune importance par rapport à toi, n’est ce pas ? » me réplique-t-il acerbe
Pour le coup, j’arrête le véhicule sur le bas-côté alors qu’on vient juste de quitter le parking. Si on doit avoir une confrontation et s’il veut me dire ce qu’il a sur le cœur, il ne vaut mieux pas que je conduise, on ne sait jamais. « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » lui demandais-je alors en fronçant les sourcils, sans comprendre. Enfin, j’avais bien une petite idée, mais s’il me reprochait la décision des parents de l’envoyer ici, il allait être servi.
“Laisse tomber, je suis fatigué. C’est pas ce que je voulais dire…” dit-il finalement, comme résigné. “Alors, elle est loin, cette fac ?”
Je ne redémarre pas pour autant le véhicule. Je garde mon regard dardé sur lui, attendant une explication de sa part. « Oublies la fac deux minutes » dis-je entre mes dents, « Ou tu veux en venir Kyle ? » lui demandais-je détermination. Jusqu’à maintenant, il m’avait vu comme quelqu’un d’effacé, voir de résigné. Si j’avais accepté ce comportement venant de lui à Chicago, c’était bien parce que je savais que c’était provisoire, que j’allais repartir pour Bowen. Sauf que la donne avait changé, et si nous devions vivre ensemble à présent, mieux valait crever l’abcès, et le plus tôt était le mieux. « Je n’ai pas demandé à ce que les parents t’envoies ici » lui dis-je alors, me défendant à l’aveugle. « Et si tu ne voulais pas venir, tu aurais pu le leur dire non ? » lui répliquais-je ave fermeté. Je soupire un instant avant de détourner la tête de lui, regardant la route un instant. « C’est à ça que tu veux que ressemble notre relation ? » lui demandais-je après un moment de silence. « Tu es conscient qu’on va devoir vivre sous le même toit durant au minimum un an ? » lui rappelais-je. « On en a pour cinq minutes de voiture Kyle, quand on arrive, on va avoir une bonne discussion, mais juste… laisse-moi aller jusqu’à la maison. » lui dis-je en soupirant. J’avais le sentiment que la discussion pouvait vite dégénérée et je préférais limiter les risques d’accidents, surtout avec ce foutu gamin dans la voiture. Je me voyais mal appelé mes parents pour leur dire que leur fiston chéri était à l’hôpital à peine arrivé en ville.
Quelques minutes plus tard, je garais la voiture devant le garage, dans l’allée et je descendis du véhicule. « Je t’aide ? » lui proposais-je en désignant un sac, faisant en même temps, un geste vers lui.
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Sujet: Re: Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle Ven 31 Aoû 2018 - 0:24
FT. WYATT
« De quoi tu te plains ? Ton baby-sitter n’est resté que quinze petites heures avec toi… Imagine si ça avait été deux ans ? » Répond-t-il alors que je viens de lui expliquer à quel point mon voyage s’est mal passé. Il a un petit sourire en coin auquel je ne répond pas. Au contraire, je soupire et lève les yeux au ciel. La bonne blague, s’il ne voulait pas être élevé par un militaire, il ne fallait pas être d’accord pour y aller à la base… Et puis, si ça avait été si terrible, il ne se serait pas engagé à ses dix-huit ans, non ? A moins qu’il soit masochiste, mais ça, c’est son problème. Personnellement, mon père aurait bien pu m’envoyer de force à l’école militaire, jamais de la vie je ne me serais engagé par la suite.
La voiture démarre et s’en suit ma remarque sur la fac. Remarque qui ne semble pas plaire à Wyatt car il arrête le véhicule sur le bas côté. Surpris, je tourne la tête vers lui et hausse un sourcil. Est-ce qu’il va me laisser au bord de la route au bout de cinq minutes ensemble ? Ou bien est-ce qu’il n’a pas apprécié ma réplique et comme tout bon militaire débile, il veut régler ça avec ses poings ? Lorsqu’il me demande ce que je veux dire par là, je lui dis de laisser tomber. J’ai fait une promesse et j’essaye toujours de tenir parole, je ne veux pas me battre avec lui. Le véhicule ne redémarre pas pour autant. Je ne le regarde plus, mais je sens que ses yeux me transpercent.
« Oublies la fac deux minutes »Le ton a changé, il n’est pas vraiment froid, mais il n’a plus cette fausse chaleur dont il essayait de faire preuve depuis mon arrivée. « Ou tu veux en venir Kyle ? » La détermination se lit dans sa voix. Pour toute réponse, je plante mon regard dans le sien, comme pour le défier. S’il a décidé d’arrêter de cacher son jeu et d’être enfin lui même, il ne va pas être déçu en découvrant ma personnalité. Sans que nos parents soient là pour me harceler et me menacer de me couper les vivres au moindre mouvement de travers, il va découvrir que moi aussi j’ai un certain caractère. Qu’il soit un ancien combattant, un rescapé ou quoique ce soit d’autre, personnellement je m’en moque. Pour moi, c’est toujours le trou-du-cul qui m’a gâché la vie autant avec ses conneries que ses bonnes actions.
« Je n’ai pas demandé à ce que les parents t’envoies ici »
Sans blague. S’il avait voulu, ne serait-ce qu’un instant, me connaître, ça se serait su.
« Et si tu ne voulais pas venir, tu aurais pu le leur dire non ? »
A-t-il réellement eu les mêmes parents que moi ? Vient-il au moins de la même planète ? Parce que dans ma famille à moi, on a jamais réellement le choix lorsque les parents ont pris une décision. Il soupire et détourne enfin les yeux pour regarder la route. je m’apprête à faire de même alors que sa voix s’élève de nouveau.
« C’est à ça que tu veux que ressemble notre relation ? Tu es conscient qu’on va devoir vivre sous le même toit durant au minimum un an ? » Cette fois, mon sang ne fait qu’un tour. Je serre mon poing si fort que je sens mes ongles entrer dans ma peau. Mais je n’ai pas le temps de répliquer, sa phrase suivante arrive trop vite. « On en a pour cinq minutes de voiture Kyle, quand on arrive, on va avoir une bonne discussion, mais juste… laisse-moi aller jusqu’à la maison. »
Pour toute réponse, je m’enfonce un peu plus dans mon siège en grommelant un “très bien” à peine audible. Je tourne ensuite la tête vers ma vitre, attendant d’arriver dans cette foutue maison. Il ne nous faut pas longtemps avant d’arriver devant le garage de la vieille maison. Pratiquement dix ans que je n’ai pas vu cette maison. Un frisson me parcourt le dos alors que je descends de la voiture, observant toujours la grande bâtisse.
« Je t’aide ? » la voix de Wyatt me fait sursauter. Perdu dans mes souvenirs, je l’avais presque oublié.
“J’ai vécu quasiment toute ma vie sans toi, je devrais pouvoir m’en sortir tout seul.” Sans un mot de plus, je passe devant lui et attrape ma valise. J’attends en silence qu’il ouvre la porte et le suis à l’intérieur de la maison de nos grand-parents. Le rez de chaussée semble avoir bien changé depuis la dernière fois que je suis venu. Je me sens un peu mal à l’aise ici, clairement, je n’ai pas l’impression d’être chez moi. Pour autant, j’essaye de ne pas montrer mon malaise. Et puis, je n’ai pas vraiment le temps de m’y attarder… Je suis toujours énervé et on a des choses à régler, paraît-il.
“Voilà, on est à la maison, on peut avoir toutes les discussions que tu veux.” Je tente de garder une voix calme et de ne pas m’énerver. Mais en réalité, depuis qu’il m’a fait son sermon dans la voiture, je suis au bord de l’explosion. Je préfère donc le mettre en garde. “Mais si tu ne veux pas que ça parte en vrille dès le début, évite de prendre ton air moralisateur en me demandant si c’est vraiment à ça que je veux que notre relation ressemble. Parce que tu sais quoi ? Si TOI, monsieur parfait, tu voulais absolument avoir une relation correcte avec moi, il y avait plusieurs solutions !”
Et là, d’un coup, j’ai l’impression de n’avoir plus aucun contrôle de moi même. Les mots s’enchaînent, je m’entends les prononcer, mais je n’ai aucun contrôle, impossible de m’arrêter de parler.
“De une, je ne vis pas au moyen âge, ça fait un petit moment que j’ai un téléphone.” Comme pour illustrer mes propos, je sors mon portable que je balance d’un geste sur la table. “De deux, bien que moi je n’ai jamais su comment te contacter parce que nos parents m’ont toujours dit que “tu n’avais pas le temps pour des broutilles”, je te signale que personnellement, je n’ai jamais changé d’adresse. Franchement, une lettre ça t’aurait tué ? Il te coupe une main à l’armée si tu oses essayer d’écrire à ta famille ? Même si tu étais en conflit avec nos parents ou je ne sais quoi, pourquoi il aurait fallu que moi je perde mon frère aussi ? J’avais rien fait et rien demandé moi. Pourquoi dans cette famille, à chaque fois que tu fais un truc, c’est sur moi que ça retombe ?”
Je m’arrête une seconde, uniquement pour reprendre ma respiration. Puis je reprends, en plantant mon regard dans le sien.
“Et enfin, même si tu avais eu des excuses pour les deux premières options, ce que j’étais encore à la limite capable de comprendre… Quand tu as été mieux il y a quelques temps, au lieu de venir te terrer ici comme un rat, tu aurais pu, je ne sais pas moi, passer à la maison. Ne serait-ce que pour vérifier que j’étais toujours vivant. Mais bon, je ne suis que ton frère. Déjà dans les brides de souvenirs que j’ai de mon enfance, t’en avais clairement rien à foutre de moi, alors pourquoi changer quelque chose hein ?”
Je serre à nouveau les poings jusqu’à sentir mes ongles dans ma peau. Calme toi Kyle, il n’en vaut pas la peine. Il n’est rien pour toi, rien de plus qu’un étranger. Il ne mérite pas que tu te mettes dans tous tes états. Il ne mérite pas que tu t’énerves. Il ne mérite pas que tu rompes ta parole. Alors pourquoi est-ce que je suis tellement en colère ? Pourquoi j'ai l'impression que cette conversation a une importance primordiale dans ma vie ?
“Et bien sûr, pour les parents, tout est de ma faute, comme d’habitude. Saint Wyatt ne peut pas être le fautif, c’est mon attitude quand tu es revenu qui est en cause. Du coup, comme si j’avais encore cinq ans, je suis obligé de venir ici. Et tu crois qu’ils m’ont demandé mon avis ? Tu crois sérieusement que j’ai eu, ne serait-ce qu’une seconde le choix ? ”
Une boule se reforme dans ma gorge en repensant à tous mes amis, toutes mes habitudes, toute ma vie que j’ai dû abandonner pour venir ici. Mais ça ne dure qu’une seconde. La colère balayant tout le reste.
“Si c’est le cas, tu les connais vraiment mal. Le paternel m’a donné un ordre, maman a tout réglé avec toi, les deux ont transféré mon dossier universitaire dans mon dos et il m’ont prévenu la semaine dernière… Comme ça j’avais deux options : soit j’arrêtais mes études à un an de l'obtention de mon master et ils me coupaient les vivres, soit je venais vivre avec toi. C’est pas comme si j’avais réellement eu le choix de refuser.”
Je me force à respirer lentement pour me calmer. Mais à l’intérieur, je suis comme une cocotte minute prête à exploser. Quelque part, ne pas avoir connu mon frère est un regret immense. Une douleur dont je n’ai jamais pu parler à personne. Petit, je voyais les autres partager des moments magiques avec leurs frères et sœurs et moi, je savais que j’avais un frère quelque part et la seule certitude que j’avais sur lui, c’est qu’il se fichait de savoir que j’existais. Clairement, il s’agit là de la chose qui m’a fait le plus de mal à propos de Wyatt. Moi je rêvais qu’il me fasse un signe et il n’est jamais arrivé. En réalité, rien n'est pire que la sensation d'être ignoré, voir inexistant. Alors qu’on puisse maintenant me reprocher le fait que notre relation soit chaotique, c’est juste inacceptable.
“Bref, tout ça pour dire que, quoi que toi et nos chers parents en pensiez, je ne suis certainement pas l’unique fautif dans l’histoire. Et si tu voulais réellement apprendre à me connaître, il fallait s’y prendre avant d’y être obligé.”
Et puis, au fil des années, cette douleur cachée au fond de moi s’est peu à peu transformée en colère, puis en haine.
“Clairement, pour moi, tu pourrais être un étranger que ça serait exactement la même chose. D’ailleurs, ne nous voilons pas la face. Tu ES un étranger, on a rien partagé, on a aucun bon souvenir en commun et personnellement, ma vie aurait été tellement, mais TELLEMENT mieux, si tu n’avais pas été mon frère, tu n’as même pas idée !”
Je finis cette phrase en criant presque tant j’ai haussé le ton sans m’en rendre compte tout au long de mon discours. J’ai l’impression d’être vidé. J’ai répété ça des dizaines de fois devant mon miroir en étant plus jeune… C’est tellement étrange d’avoir enfin l’occasion de lui dire en personne.
“Voilà, tu voulais savoir ce que je pense ? Maintenant tu le sais ! En ce qui me concerne, je n’ai aucun problème avec l’idée de t’ignorer pendant un an, même si on vit sous le même toit.”
Alors que je sens les gouttes de mon propre sang couler le long de ma main droite tant j’ai serré le poing, je me rends compte de tout ce que je viens de dire. Je détends mes mains, pose le regard sur celle que j’ai éraflée que je serre contre mon t-shirt. Puis, machinalement, je recule d’un pas. Je n’ai pas peur, mais je l’ai dit, je ne le connais pas… J’ai promis à maman de ne pas me battre avec lui. Et il est toujours hors de question de la décevoir.
"Les hommes sont tous frères, et les frères se battent." ; Georges Brassens
(c) ANAPHORE
Invité
Sujet: Re: Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle Ven 31 Aoû 2018 - 19:03
“très bien”
Je le regarde, loin d’être soulagé par sa résignation. Je sens que la suite va être pénible. Je soupire avant de redémarrer le pick-up. Je redoute cette confrontation si bien que je trouve que le trajet est passé en un éclair lorsque je me gare devant le garage. Le pire, ce n’est pas l’attente. Le pire c’est de ne pas savoir à quoi s’attendre. Rien qui me prépare à ce que je vais entendre, je suis dans le flou, et je n’aime pas ça du tout. Je sens le stress monter d’un cran lorsque je lui propose mon aide et qu’il me rembarre sans ménagement. « Okay » soufflais-je pour moi-même alors que Kyle était déjà entrain de gravir les petites marches donnant sur le perron. « Surtout, je garde mon calme. » marmonnais-je avant de le rejoindre devant la porte d’entrée. Je glisse la clé dans la serrure et je pousse la poignée, m’effaçant pour le laisser entrer. Je rentre à mon tour dans l’entrée qui distribue les pièces. D’un côté, il y a le living-room, spacieux est aux couleurs clairs, quoique neutres. Dans le renfoncement, la cuisine américaine et la salle à manger, autrefois deux pièces distinctes, j’avais ouvert le tout à grand coup de massue. De l’autre côté, l’ancien bureau de grand-père. Si j’ai commencé à faire du tri, j’ai beaucoup de mal à rester dans cette pièce tant elle me rappelle l’homme avec qui j’ai passé les meilleurs moments de ma vie. Le rez de chaussée se termine alors par deux autres pièces, une salle d’eau et une buanderie, côte à côte, cernés par la salle à manger. L’escalier donnant à l’étage était à deux pas de la porte d’entrée, l’étage desservait quatre chambres et deux salles de bains.
A peine eu-je le temps de fermer la porte que déjà, Kyle est aux aboies et bien décidé à mettre les choses au clair. Le stress remonte d’un cran lorsqu’il prend la parole. Nous sommes tous les deux plantés dans l’entrée que déjà, sa rancœur explose, et je suis loin de m’attendre à tant de repproche.
“Mais si tu ne veux pas que ça parte en vrille dès le début, évite de prendre ton air moralisateur en me demandant si c’est vraiment à ça que je veux que notre relation ressemble. Parce que tu sais quoi ? Si TOI, monsieur parfait, tu voulais absolument avoir une relation correcte avec moi, il y avait plusieurs solutions !”
Je reste pantois devant ses premiers mots. Je le regarde sans broncher, accueillant ses paroles de mon mieux. Moralisateur ? Je n’avais pas pensé une seule seconde qu’il aurait pu prendre cette remarque comme de la morale. J’étais loin d’être la personne idéale pour ça. Je note cette façon dont il a de m’appeler. ‘Monsieur parfait’, l’ironie lui va pas au teint, mais je constate que c’est la deuxième fois qu’il me fait une remarque de ce genre, la première ayant été dites sur le tarmac. Je fronce les sourcils sans comprendre ou il veut en venir. « Kyle… » commençais-je espérant avoir une explication, ne comprenant pas pourquoi il me voyant ainsi. En l’entendant, j’avais l’impression d’avoir été une priorité aux yeux de tous, ce qui était risible puisque j’avais été envoyé à l’école militaire pour justement, me tenir loin de la famille, de mes amis et de tout ce qui pouvait m’influencer à l’époque. Pour autant, je n’eus pas le loisir d’ajouter un autre mot que les reproches pleuvaient à présent à foison. Je m’avançais dans le salon, debout face à Kyle.
“De une, je ne vis pas au moyen âge, ça fait un petit moment que j’ai un téléphone.” Me fait-il remarquer en jetant son téléphone sur la table basse sous mes yeux. “De deux, bien que moi je n’ai jamais su comment te contacter parce que nos parents m’ont toujours dit que “tu n’avais pas le temps pour des broutilles”, je te signale que personnellement, je n’ai jamais changé d’adresse. Franchement, une lettre ça t’aurait tué ? Il te coupe une main à l’armée si tu oses essayer d’écrire à ta famille ? Même si tu étais en conflit avec nos parents ou je ne sais quoi, pourquoi il aurait fallu que moi je perde mon frère aussi ? J’avais rien fait et rien demandé moi. Pourquoi dans cette famille, à chaque fois que tu fais un truc, c’est sur moi que ça retombe ?”
Les bras baillant, j’entrouvre la bouche, complètement dépassé par ses propos. Je ne m’attendais certainement pas à ça. Ses mots me font mal, pas parce qu’il me blesse, mais parce que je sens que sous cette rage, il y a énormément de souffrance. Pourtant, une infime part de moi et heureuse. Parce que même si j’ai complètement merdé avec lui, de A à Z, je me dis qu’il a durant un moment dans sa vie, tenu à moi. Si ce n’était pas le cas, il me reprocherait pas de l’avoir privé de ma présence, n’est-ce pas ? Je sais que c’est égoïste de penser comme ça, et je m’en veux, mais je me console en me disant que peut-être, il y a encore de l’espoir pour nous deux.
“Et enfin, même si tu avais eu des excuses pour les deux premières options, ce que j’étais encore à la limite capable de comprendre… Quand tu as été mieux il y a quelques temps, au lieu de venir te terrer ici comme un rat, tu aurais pu, je ne sais pas moi, passer à la maison. Ne serait-ce que pour vérifier que j’étais toujours vivant. Mais bon, je ne suis que ton frère. Déjà dans les brides de souvenirs que j’ai de mon enfance, t’en avais clairement rien à foutre de moi, alors pourquoi changer quelque chose hein ?”
Je me contente de le dévisager en silence, ne sachant pas quoi dire pour répondre à sa colère. Je sens qu’il est à bout, sa voix et ses gestes le trahissent. Je m’en veux. Je ne me pardonnerais pas de l’avoir laissé toute ma vie, de côté. Aujourd’hui, je récolte ce que j’ai semé durant toutes ses années, et bordel, que c’est douloureux. Bien plus que les coups, bien plus que les tortures subies là-bas, au front. Ces paroles sont tranchantes, elle me renvoie à celui que je suis vraiment, même si j’ai mes raisons. Je ne sais pas si j’arriverais à me justifier et même si c’est le cas, ça ne changera rien à comment il a vécu toutes ses années à cause de mes choix. Il les a subi.
“Et bien sûr, pour les parents, tout est de ma faute, comme d’habitude. Saint Wyatt ne peut pas être le fautif, c’est mon attitude quand tu es revenu qui est en cause. Du coup, comme si j’avais encore cinq ans, je suis obligé de venir ici. Et tu crois qu’ils m’ont demandé mon avis ? Tu crois sérieusement que j’ai eu, ne serait-ce qu’une seconde le choix ? ”
Saint Wyatt ? Mais bordel ou il va cherchait ça ? Qu’est-ce qu’on lui a mis dans le crâne au juste ? Comme si c’était par conviction que je me suis retrouvé à l’école militaire. Et les parents ? Pourquoi il dit que tout est de sa faute à leurs yeux ? Adolescent, j’ai longtemps pensé que Kyle était l’enfant parfait à leurs yeux. Qu’ils s’étaient débarrassés de moi, le gamin incontrôlable pour pouvoir s’occuper le plus convenablement possible de l’enfant désiré, celui qui ne leur est pas tombé sur les bras par accident, bien trop tôt. Au fil du temps, j’ai compris que c’était moi le problème et que Kyle n’avait rien à voir la dedans. Je sais parfaitement qu’il est lui aussi, victime de l’autoritarisme parental. Nos parents ont toujours aimés tout contrôler. Même maintenant, j’ai beau avoir trente et un an et vivre à des milliers de kilomètres d’eux, ils ont obtenus ce qu’il voulait sans même le savoir, un contrôle sur ma vie, comme ils l’ont aussi sur celle de mon petit frère de ce que je constate. Je suis navré pour lui, même si pour le coup, il l’a joué discret à Chicago. Il était tellement cinglant avec moi que les parents ne pouvaient pas, ne pas voir. Oh, bien sur, ni lui, ni moi n’avions pu imaginer un seul instant que les parents en viendrait à nous forcer à vivre ensemble, je dois dire que j’étais à mille lieux d’imaginer ce retournement de situation. Alors même si je suis peiné pour lui, je me dis que c’est le karma. Sauf que son karma à lui, j’ai un peu l’impression de me le prendre aussi dans la gueule.
“Si c’est le cas, tu les connais vraiment mal. Le paternel m’a donné un ordre, maman a tout réglé avec toi, les deux ont transféré mon dossier universitaire dans mon dos et il m’ont prévenu la semaine dernière… Comme ça j’avais deux options : soit j’arrêtais mes études à un an de l'obtention de mon master et ils me coupaient les vivres, soit je venais vivre avec toi. C’est pas comme si j’avais réellement eu le choix de refuser.”
Ah quand même ! Ils n’y sont pas allés de mains mortes avec lui. J’ignorais qu’il avait été victime d’un chantage, mais il avait eu le choix entre deux options, c’était déjà pas mal. Je note un certain laxisme de mon père vis-à-vis de Kyle finalement. Non, je plaisante ! Je me garde bien de lui faire la remarque, vue comment il est à la limite de l’infarctus, on va éviter de lui donner une occasion supplémentaire de trépasser. Par moment, j’ai l’impression que sa voix monte dans les aigus tant il débite avec rage et véhémence. « Kyle, calme-toi s’il te plait. » marmonnais-je inquiet, ne voulant pas qu’il me claque entre les doigts à peine arrivé.
“Bref, tout ça pour dire que, quoi que toi et nos chers parents en pensiez, je ne suis certainement pas l’unique fautif dans l’histoire. Et si tu voulais réellement apprendre à me connaître, il fallait s’y prendre avant d’y être obligé.”
Je ne comprends pas comment mes parents n’ont rien pu voir. Sont-ils devenus aveugle ? La souffrance de Kyle ne date pas d’aujourd’hui c’est certain, et je dois dire que je ne sais vraiment pas comment composer avec lui. J’entends encore chacun de ses mots, de ses reproches qui se répète dans ma tête, et je ne trouve rien à dire. Je reste planté là devant lui, la bouche à présent fermée le dévisageant en silence et accusant tout ce qu’il me dit sans broncher. Je vais pour enfin prendre la parole, pensant que son monologue est terminé, mais il ne m’en laisse pas le temps.
"Clairement, pour moi, tu pourrais être un étranger que ça serait exactement la même chose. D’ailleurs, ne nous voilons pas la face. Tu ES un étranger, on a rien partagé, on a aucun bon souvenir en commun et personnellement, ma vie aurait été tellement, mais TELLEMENT mieux, si tu n’avais pas été mon frère, tu n’as même pas idée !”
Ces derniers mots sont tellement violents à mes oreilles. S’il voulait me blesser, il a réussi. C’est aussi douloureux que les lanières des fouets claquant sur ma peau meurtrie. C’est comme un coup de poignard dans le cœur, un coup qui ne tue pas, mais qui blesse de la plus cruelle des façons. Si j’ai tendance à ne pas m’exprimer clairement, trouvant parfois les mots difficiles ou pas adéquat, Kyle lui sait les manier, c’est indéniable. Il n’a pas besoin de force physique pour faire mal, ces paroles sont des armes tout aussi redoutable et je viens d’en faire les frais.
“Voilà, tu voulais savoir ce que je pense ? Maintenant tu le sais ! En ce qui me concerne, je n’ai aucun problème avec l’idée de t’ignorer pendant un an, même si on vit sous le même toit.”
J’avale ma salive, la gorge nouée par une boule qui s’est formé. « Je suis désolé. » soufflais-je avec difficulté. J’avais du mal à digéré tout ce qu’il m’avait dit, je n’avais pas compris certain points, mais j’avais saisi l’essentiel. Si la relation que j’avais avec Kyle était inexistante et conflictuelle, j’en étais le fautif. Et même si je voulais améliorer les choses, j’étais bien incapable de savoir comment m’y prendre. « Je l’ignorais. Je n’ai jamais pensé que tu pouvais souffrir de mon absence. » lui dis-je doucement en plantant mon regard abattu dans le sien. Je sais bien que je ne pourrais pas changer le passer, mais j’ai besoin qu’il sache au moins pourquoi, même si ça ne changera rien maintenant. « Quand j’ai réalisé à quel point mon comportement avait été injuste envers maman, envers papa et… envers toi, ça faisait un moment que j’étais à l’école militaire. » lui dis-je en me replongeant dans mes souvenirs. « A cette époque, papa contrôlait chacun de mes contacts et je ne pouvais parler à personne à part à maman dans de rares occasions quand j’avais sa permission, au téléphone uniquement, et lui qui écoutait évidemment chaque mots que j’échangeais avec maman. » me rappelais-je alors avec douleur. « Je n’avais pas le droit d’avoir de contact avec toi à ce moment-là, pour ne pas risquer que tu suives mon mauvais exemple. » marmonnais-je en serrant à mon tour les poings. Kyle ressemblait beaucoup à papa pour ça. Il avait les mots qui faisaient mal, il savait les manier et il s’en servait. « J’ai fini par réalisé tout le mal que je vous avais fait et… J’avais honte.» lui dis-je en baissant les yeux. « Honte d’avoir blessé maman et… de t’avoir blessé en te rejetant dès ta naissance. » soufflais-je à mi-voix. « J’ai toujours pensé que tu m’en voulais, que tu m’avais jamais pardonné pour ne pas avoir su être un… un frère dès le début. Et que c’était pour ça que tu n'avais jamais essayé de me contacter de ton côté. » lui dis-je avec une lueur de douleur dans le regard.
Je passe une main dans mes cheveux courts, et je soupire. « Je réalise seulement maintenant que j’étais à côté de la plaque. Pour tout. » admis-je dans un soupir déçu. « Je suis sincèrement désolé Kyle, » lui dis-je en plantant à nouveau mon regard dans le sien. « Je suis conscient que d’avoir des regrets ne changera rien. Ce qui est fait et fait et qu’on ne pourra jamais rattraper toutes ses années. » lui dis-je d’une voix calme malgré la douleur qui la transperce. « Je me doute bien que tu ne pourras jamais me pardonner, que c’est trop tard, et je te comprends tu sais. » lui assurais-je. Même moi, après toutes ses années, je gardais encore le poids de la culpabilité qui venait de s’alourdir brusquement en quelques minutes par les simples paroles de mon frère. « J’aimerai vraiment qu’on puisse cohabiter ensemble, qu’on puisse apprendre à se connaître et à s’apprivoiser, tu sais. » lui dis-je avec un sourire triste. « Mais je comprends ta colère, elle est ce qu’il y a plus légitime. Alors si tu veux m’ignorer durant ton séjour ici, je comprendrais. On fera comme tu voudras. » me résignais-je, parce que je ne voyais pas comment les choses pouvaient être différentes. Je ne pouvais pas forcer Kyle à me parler et il avait déjà été forcé d’abandonner toute sa vie à Chicago. Lui aussi était un dommage collatéral de mon propre passé, un dommage collatéral que je n’avais jamais imaginé et je n'avais clairement pas le droit de lui imposer quoique ce soit.
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Sujet: Re: Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle Lun 3 Sep 2018 - 22:51
FT. WYATT
Durant mon monologue, il tente plusieurs fois de reprendre la parole, mais je ne lui en laisse pas le temps. Je suis tellement énervé qu’il m’est impossible de stopper mon flot de paroles et il abandonne finalement, me laissant déverser toute ma haine avant de réagir. Il semble même inquiet à certains moments, tentant de me calmer, d’apaiser la situation. Chose étonnante et à milles lieues des réactions auxquelles j’aurais pu m’attendre de sa part. Il faut dire que, ne le connaissant pas, je m’étais basé sur deux choses pour imaginer son caractère : notre père et son métier. Autant vous dire que dans mon imagination, il était plus proche de la bête féroce prête à attaquer au moindre mot de travers que du mec limite choqué, voir inquiet dont il à l’air au moment même.
Pendant les quelques secondes de silence qui succèdent à ma tirade, je prends conscience du surréalisme de la situation. Je suis là, dans la maison de mes grand-parents où je n’ai pas mis les pieds depuis une dizaine d’années. Papy et mamie ne sont malheureusement plus là, mais ils sont remplacés par Wyatt. Le grand Wyatt, celui qui m’a fait sentir minable durant tellement d’années alors qu’il n’était même pas là. Celui dont l’absence était encore plus écrasante que la présence. Celui à qui tout le monde voulait que je ressemble. On est là, à se regarder en chien de faillance, à la fois si proches et si éloignés l’un de l’autre. Si on m’avait dit qu’un jour je me retrouverait ici, à régler mes comptes avec mon frère, j’aurais vraiment eu du mal à y croire. A vrai dire, si on m’avait dit que je finirai par me retrouver n’importe où avec Wyatt, je n’y aurais pas cru : cela fait bien longtemps que j’ai abandonné l’idée d’avoir un lien avec mon frère.
« Je suis désolé. » annonce-t-il finalement, dans un souffle.
Il semble que chaque mot lui coûte, mais ils sont tout de même prononcés. Et quels mots ! Si ma mâchoire n’était pas si bien accrochée, elle en serait probablement tombée, tant je suis choqué. Les excuses ne changent pas grand chose et notre père me l’a assez répété : les mots ne sont que des mots, seules les actions comptes ! Mais tout de même, il l’a dit. Si seulement tout ça avait eu lieu lorsque j’étais plus jeune… J’aurais été tellement heureux, à une époque, de pouvoir avoir un frère. Maintenant, il est trop tard. Le train du pardon est passé et c’est bien connu, les trains ne font pas marche arrière pour reprendre un passager. Cela fait tellement de temps que je m'efforce de le détester que c’en est presque devenu une seconde nature. Et puis, lorsque l’on a été séparés durant tant de temps, est-ce qu’il est vraiment possible de rattraper le temps perdu ? J’en doute réellement.
« Je l’ignorais. Je n’ai jamais pensé que tu pouvais souffrir de mon absence. » Continue-t-il, doucement, en plantant son regard dans le mien.
Je décèle une sorte de tristesse dans son regard. Peut-être s’en veut-il réellement après tout. ça ne change pas grand-chose, mais ça fait du bien quelque part. Savoir que finalement, je ne suis pas le seul à pâtir de cette absence. Par contre, je n’aime pas vraiment cette attitude. J’ai l’impression qu’il me parle comme on parlerait à un animal blessé. Et je ne suis pas fragile. Certes, dans mon enfance j’ai souffert de son absence. Certes dans mon adolescence, j’ai souffert de la présence de son ombre. Mais j’ai réussi à surmonter tout ça, aujourd’hui, tout cela s’est transformé en rancoeur et en haine, je n’ai pas besoin de sa compassion.
« Quand j’ai réalisé à quel point mon comportement avait été injuste envers maman, envers papa et… envers toi, ça faisait un moment que j’étais à l’école militaire. A cette époque, papa contrôlait chacun de mes contacts et je ne pouvais parler à personne à part à maman dans de rares occasions quand j’avais sa permission, au téléphone uniquement, et lui qui écoutait évidemment chaque mots que j’échangeais avec maman. Je n’avais pas le droit d’avoir de contact avec toi à ce moment-là, pour ne pas risquer que tu suives mon mauvais exemple. »
Je fronce les sourcils. Mon poing se resserre immédiatement, mais la douleur me fait relâcher la pression de mes doigts sur ma peau.
“Pardon ?” Je m’étrangle presque.
Qu’est-ce qu’il vient de dire là ? J’ai forcément mal entendu. Ce n’est pas réellement la version que j’ai eu. Est-ce qu’il est en train de sous-entendre qu’il a été envoyé de force à l’école militaire ? Et est-ce qu’il vient de dire que, de son côté aussi, papa stoppé les contacts ? Une nouvelle bouffée de haine monte en moi. Mais cette fois, elle ne concerne plus Wyatt, elle est dirigée vers notre père. Je pense que la prochaine fois que je vais le voir, militaire ou pas malade ou pas, père ou pas, je vais lui tordre le cou. Il a osé passer la majeure partie de ma vie à insinuer que moi, contrairement à mon cher frère, je ne valais pas un clou parce que je n’avais pas choisi l’armée… Et voilà qu’aujourd’hui Wyatt semble dire qu’il a été envoyé là-bas de force, à la base. Et puis, il a bloqué tous les contacts entre nous au départ, il est donc simplement à la base de toute cette merde. C’est lui qu’on aurait dû obliger à venir vivre ici pour se repentir de ses erreurs.
« J’ai fini par réalisé tout le mal que je vous avais fait et… J’avais honte. Honte d’avoir blessé maman et… de t’avoir blessé en te rejetant dès ta naissance. J’ai toujours pensé que tu m’en voulais, que tu m’avais jamais pardonné pour ne pas avoir su être un… un frère dès le début. Et que c’était pour ça que tu n'avais jamais essayé de me contacter de ton côté. Je réalise seulement maintenant que j’étais à côté de la plaque. Pour tout. »
Il avait honte maintenant, décidément, je ne sais pas si je vais survivre à cette soirée, tant elle est riche en révélations et rebondissements. Wyatt avoir honte. D’après mes parents, il a toujours eu l’air tellement parfait que même en ayant été envoyé à l’école militaire, j’ai beaucoup de mal à imaginer ce qu’il a pu faire de si grave.
“Tu n’étais pas réellement à côté de la plaque. Si à une époque j’aurais pu te pardonner, c’était il y a longtemps. Depuis, j’ai fouillé les affaires des parents et j’ai trouvé ton numéro, j’avais même ton adresse depuis que tu habites ici. C’est bien parce que je ne te supporte pas, que je ne t’ai pas contacté.”
Ma voix ne tremble plus de colère comme tout à l’heure, mais elle est extrêmement froide. S’il a fait des excuses, je ne compte pas pour autant l’accepter de si tôt dans ma vie. Comme je lui ai dit précédemment, si il voulait me connaître, il aurait dû au moins essayer avant. Là j’ai juste l’impression qu’il veut calmer le jeu parce qu’il n’a pas le choix et qu’il souhaite que la cohabitation se passe bien. Pour moi, rien a changé, même s’il est désolé, il m’a quand même abandonné et n’a jamais fait le moindre petit geste pour arranger ça. Et puis il y a toujours le poid de ses années d’absences durant lesquelles j’ai subit son ombre écrasante. Apprendre aujourd’hui qu’apparemment, il a fait quelque chose qui l’a amené à être forcé d’aller à l’école militaire ne fait qu’empirer la situation : tout ça est réellement de sa faute.
« Je suis sincèrement désolé Kyle, » Son regard se plante à nouveau dans le mien. « Je suis conscient que d’avoir des regrets ne changera rien. Ce qui est fait et fait et qu’on ne pourra jamais rattraper toutes ses années. Je me doute bien que tu ne pourras jamais me pardonner, que c’est trop tard, et je te comprends tu sais. J’aimerai vraiment qu’on puisse cohabiter ensemble, qu’on puisse apprendre à se connaître et à s’apprivoiser, tu sais. Mais je comprends ta colère, elle est ce qu’il y a plus légitime. Alors si tu veux m’ignorer durant ton séjour ici, je comprendrais. On fera comme tu voudras. »
Au cours de son discours, sa voix semble s’être brisée, son regard est triste. J’aimerais pouvoir dire que le voir comme ça m’attriste, que ça me donne de l’espoir pour notre relation. Mais ce n’est pas le cas, au contraire même, le voir mal me fait du bien. Comme si cela constituait une revanche sur mon enfance pourrie. Peut-être que notre relation se résume à ça finalement, il faut que l’un souffre pour que l’autre soit bien.
“Je suis content que tu sois désolé. ça ne change rien, nous sommes toujours des inconnus et je ne t’aime pas plus pour autant. Mais c’est déjà ça.”
Le calme que je laisse apparaître m’étonne moi-même, surtout quand on sait qu’en réalité, je suis encore énervé. Autant contre lui que contre notre père. D’ailleurs, il est temps d’éclairer ma lanterne, je commence à en avoir assez d’être la cinquième roue du carrosse dans cette famille. Je prends une grande inspiration.
“Et du coup, c’est quoi cette histoire d’école militaire ? Les parents m’ont toujours dit que tu y étais allé par pure vocation. Et on m’a toujours fait un éloge de ce choix prodigieux. Du genre :“oh, tu veux juste faire des études de droit longues et ennuyeuses, tu as conscience que Wyatt a choisi d’être un héro, lui ?”. Alors j’aimerais savoir où est l’arnaque. Qu’est-ce que tu as pu faire d’assez grave pour qu’ils t’envoient là-bas et qu’ils aient à ce point peur de m’en parler ?”
Pour une fois et contrairement à ce qu’il pourrait penser, aucun reproche dans mes questions. J’aimerais juste enfin comprendre cette partie de l’histoire que l’on m’a caché et qui est pourtant importante pour moi également. Après, est-ce que j’aurais la vérité par Wyatt, je n’en suis pas certain. Peut être qu’en découvrant que je ne suis au courant de rien, il va simplement se fermer comme une huître. Et quitte à être dans les révélations, j’en ai peut-être une pour lui aussi, du fait.
“Et surtout, je me demande, est-ce que tu sais que j’ai passé plus de la moitié de ma vie à essayer de réparer tes conneries ? J’ai dû empêcher nos parents de divorcer par ta faute au moins cent cinquante fois. Déjà que lorsque je pensais que c’était parce que papa était trop fier de ton choix et que maman ne le cautionnait pas, ça me gonflait. Imagine maintenant que je crois comprendre qu’en fait tout était lié à une connerie que tu as pu faire…”
En réalité, ça ne m’étonne pas plus que ça. J’ai passé ma vie entière à arranger les choses derrières Wyatt. Que ce soit quand il était à l’école militaire, quand il s’est engagé à l’armée ou quand il s’est fait enlever. La seule différence c’est qu’au lieu que tout soit parti d’un choix de sa part, tout est parti d’un truc qu’il a fait. Je ne sais pas vraiment si ça aggrave la situation, mais en tous les cas, ça me donne un peu plus envie de me venger de ce que j’ai pu subir à la maison du fait de son absence.
"Les hommes sont tous frères, et les frères se battent." ; Georges Brassens
(c) ANAPHORE
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Sujet: Re: Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle Mar 4 Sep 2018 - 9:40
Dans la famille Buchanan, tous savaient manier les mots d’habiles manières afin d’en faire des armes redoutables, comme si c’était une seconde nature de faire la guerre et d’avoir l’ascendant sur les autres. Tous, sauf moi. Jusqu’à l’adolescence, je savais faire. Mais la muselière qu’on m’avait mise à l’école militaire m’avait rendu tellement docile. Obéis et tais-toi. Voilà ce qu’il en était vraiment. Et malgré toutes ses années, malgré ma carrière et les grades que j’avais pris, je restais encore soumis d’une certaine façon, comme brisé par ce qui avait fait de moi, un homme.
Avec maladresse, je m’exprimais à mon tour. Je ne voulais plus blessé personne, je voulais juste vivre en paix, dans mon coin. Je prenais conscience seulement maintenant que j’avais tout foiré avec Kyle et qu’il serait difficile, si ce n’est impossible, d’arranger les choses. Je m’ouvris avec difficulté à lui, peu habitué à me confier sur mes états d’âmes. Je m’excusais platement de mes nombreuses erreurs qui lui avait coûté une enfance difficile. Le pauvre avait récupéré les pots cassés que j’avais laissés sur mon passage. Je ne rentrais pas forcément dans les détails, je supposais qu’il les connaissait déjà.
Kyle a écrit:
“Pardon ?”
Mon regard croise le sien, ne comprenant pas sa surprise. Je le regarde un peu perdu face à sa réaction. « Quoi ? » lui demandais-je le regard lourd d’incompréhension face à son étonnement.
Kyle a écrit:
“Tu n’étais pas réellement à côté de la plaque. Si à une époque j’aurais pu te pardonner, c’était il y a longtemps. Depuis, j’ai fouillé les affaires des parents et j’ai trouvé ton numéro, j’avais même ton adresse depuis que tu habites ici. C’est bien parce que je ne te supporte pas, que je ne t’ai pas contacté.”
J’ai bien compris qu’il m’en voulait, mais Kyle à cette manie de savoir retourner le couteau dans la plaie. Ces mots sont comme des poignards qui m’entaillent à chaque pique, toujours un peu plus. Pourtant, je reste stoïque, accueillant en silence, une fois de plus cette haine qu’il a envers moi. Je note que sa colère s’est un peu atténuée, mais qu’il n’en reste pas moins glacial et tranchant à mon égard. A mon sens, ce n’est pas près de changer. Et j’ai cette désagréable sensation qu’il se réjouis de ma culpabilité, prenant un malin plaisir à me tourmenté avec mes propres paroles.
Kyle a écrit:
“Et du coup, c’est quoi cette histoire d’école militaire ? Les parents m’ont toujours dit que tu y étais allé par pure vocation. Et on m’a toujours fait un éloge de ce choix prodigieux. Du genre :“oh, tu veux juste faire des études de droit longues et ennuyeuses, tu as conscience que Wyatt a choisi d’être un héro, lui ?”. Alors j’aimerais savoir où est l’arnaque. Qu’est-ce que tu as pu faire d’assez grave pour qu’ils t’envoient là-bas et qu’ils aient à ce point peur de m’en parler ?”
Pour le coup, je le dévisage complètement ahuri par ce qu’il m’apprend. Je songe d’abord à une piètre blague, mais jusqu’à maintenant, on ne peut pas dire que Kyle ait montré un fin sens de l’humour. Je sens petit à petit la colère que j’ai depuis des années enfouis au fond de moi, remonté à la surface. Il est sérieux ? Il l’est, ouais. Je serre soudain les poings, comme Kyle l’a fait durant sa tirade. J’ai l’impression d’être un volcan en phase de réveil.
« Pure vocation ? » marmonnais-je pour moi-même, la colère suintant de ma voix. « Pure vocation ? C’est ce qu’ils t’ont dit ?! » tonnais-je brusquement.
Je pivote sur moi-même, tournant le dos à Kyle. Je ferme les yeux pour tenter de rester maître de mes émotions, mais la jointure de mes mains deviennent blanches à forcer de les serrer. Bordel, comme si ce n’était pas déjà suffisamment difficile de savoir que je les avais déçus, il avait fallu qu’il s’invente un fils parfait aux yeux des autres, même aux yeux de mon frère. Pas étonnant qu’il me détestait autant. On m’avait mis sur un piédestal et Kyle y avait cru puisqu’il ne gardait aucun souvenir de comment j’étais avant. Comment avaient-ils pu faire ça ? Comment maman avait pu tolérer ses mensonges là ? Kyle avait vécu toute son enfance dans l’ombre d’un mensonge, d’une utopie créer par des parents désireux de contrôler tout autour d’eux.
Je prends une profonde inspiration, et je souffle bruyamment. Kyle a le droit à la vérité. Même si j’ai honte, il faut qu’il comprenne. Il n’a pas à subir mes erreurs. Je me retourne lentement vers lui et même si ma colère envers les parents peut facilement se lire sur mon visage, je fais de mon mieux pour lui répondre avec un calme olympien. « La goutte d’eau ? Ce qui m’a fait prendre un aller simple pour l’école militaire, c’était lorsque j’venais d’avoir seize ans. J’ai eu des ennuis avec la police. J’ai été arrêté pour possession de drogue et consommation d’alcool. » lui révélais-je en détournant le regard. « Et ce n’est que le haut de l’iceberg. » marmonnais-je en soupirant. « Tu es peut-être trop jeune pour t’en souvenir, mais à cette époque, je séchais les cours, je me battais. Avec papa c’était… tendu. Je lui parlais très mal, je l’insultais. Alors il a pris la décision de m’envoyer là-bas… à l’école militaire. » lui avouais-je avec honte.
Kyle a écrit:
“Et surtout, je me demande, est-ce que tu sais que j’ai passé plus de la moitié de ma vie à essayer de réparer tes conneries ? J’ai dû empêcher nos parents de divorcer par ta faute au moins cent cinquante fois. Déjà que lorsque je pensais que c’était parce que papa était trop fier de ton choix et que maman ne le cautionnait pas, ça me gonflait. Imagine maintenant que je crois comprendre qu’en fait tout était lié à une connerie que tu as pu faire…”
Une fois de plus, les propos de Kyle m’accablèrent un peu plus. Je savais que je leur avais fait du mal, mais j’ignorais à quel point, n’étant plus à la maison pour le voir. Je découvrais seulement maintenant le dégât que j’avais fait, et Kyle qui avait du rattraper mes erreurs. Je comprenais sa rancœur.
« Je suis désolé Kyle. Je… Je ne savais pas. » marmonnais-je la gorge noué de douleur d’apprendre ce qu’ils avaient traversés à cause de moi. Et dire que je leur en avais voulu à tous de me mettre côté la première année que j’avais passé à l’école militaire, je comprenais surtout qu’ils tentaient tous de garder la tête hors de l’eau, et que tout mes choix avaient bien failli brisé la famille. Ils avaient déjà bousillé la vie de Kyle et je me prenais cette réalité en face. « Ce n’était pas à toi de rattraper mes conneries, je m’en veux tu sais. » soufflais-je à mi-voix, complètement abattu. « Et ils n’avaient pas le droit de te mentir sur ça. Ils n’avaient pas le droit de te punir toi, pour ma rébellion. » dis-je avec rancœur vis-à-vis de notre père. Car je ne me faisais pas beaucoup d’illusion, c’était bien de notre père que cela devait venir.
Je soupirais, conscient qu’à présent, c’était bien trop tard, le mal était fait.
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Sujet: Re: Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle Jeu 6 Sep 2018 - 1:28
FT. WYATT
Plusieurs fois dans ma vie, j’ai rêvé d’avoir été adopté et de découvrir un jour que j’avais une autre famille qui avait été contrainte de m’abandonner et qui me cherchait depuis de longues années. Cela arrivait notamment lorsque j’étais enfant et que mes parents étaient proches du divorce, ou plus tard, lorsque l’on me répétait sans arrêt que mon frère était en héro en insistant bien sur la comparaison avec ma vie minable. Mais je crois que cette envie n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui.
Je vois le visage de Wyatt devenir blême. Clairement, on dirait qu’il va tomber, il me dévisage comme si j’étais un tueur en série. Peut-être que ce qu’il a vécu à la guerre lui a laissé des séquelles du genre schizophrène par intermittence ? J’espère que non, il ne manquerait plus que ça ! Et d’un coup, sans prévenir, il sert les poings avant de marmonner d’une voix empreinte de colère : « Pure vocation ? ». Quoi ? Est-ce qu’il est en colère parce que “vocation” est un mot trop compliqué pour lui ?
« Pure vocation ? C’est ce qu’ils t’ont dit ?! »
Je sursaute. Le changement de tempérament a été si brusque que je ne peux m’en empêcher.
“Euh… Oui.”
Je n’ose pas argumenter, il a l’air assez énervé comme ça. Ce n’est pas tellement que j’ai peur, c’est surtout que je pense toujours à ma promesse. Je ne suis pas censé me battre avec lui et j’ai comme l’impression qu’il ne suffirait pas de grand chose à ce moment-là. A moins que la colère ne soit orientée vers quelqu’un d’autre ? Mais qui dans ce cas ? Je suis dans le flou total. Il me tourne le dos à présent, je l’entends respirer bruyamment dans l’espoir de se calmer. Pour une fois, je le lui laisse le temps dont-il a besoin, loin de moi l’idée de le provoquer maintenant. Il ne tarde pas à se tourner vers moi à nouveau. Son visage trahit encore ses émotions, mais il semble un peu plus calme.
« La goutte d’eau ? Ce qui m’a fait prendre un aller simple pour l’école militaire, c’était lorsque j’venais d’avoir seize ans. J’ai eu des ennuis avec la police. J’ai été arrêté pour possession de drogue et consommation d’alcool. Et ce n’est que le haut de l’iceberg. Tu es peut-être trop jeune pour t’en souvenir, mais à cette époque, je séchais les cours, je me battais. Avec papa c’était… tendu. Je lui parlais très mal, je l’insultais. Alors il a pris la décision de m’envoyer là-bas… à l’école militaire.
Le choc. Clairement, s’en est un. Même si un peu plus tôt je m’étais imaginé qu’il avait peut-être été envoyé à l’école militaire, jamais je n’aurais pu penser ça. Maintenant qu’il me le dit, de minuscules brides de souvenirs semblent revenir. Je me rapelle de moi, enfant, recroquevillé dans ma chambre, effrayés par toutes les disputes de la maison.
« Je suis désolé Kyle. Je… Je ne savais pas. Ce n’était pas à toi de rattraper mes conneries, je m’en veux tu sais. Et ils n’avaient pas le droit de te mentir sur ça. Ils n’avaient pas le droit de te punir toi, pour ma rébellion. »
Ayant toujours un peu de mal à accepter et analyser tout ce que je viens d’apprendre, je hausse les épaules.
“Ils n’avaient pas le droit, mais on ne peut pas leur retirer un truc : ça a fonctionné. Je suis resté tellement bien ancré dans le rang que j’en suis devenu l’élément transparent de cette famille, exactement comme ils le voulaient.”
Je regarde ma main légèrement entaillée à présent, plus pour éviter le regard de mon frère que pour réellement l’inspecter. C’est une question légitime. Je suis devenu transparent à force de rester dans le rang, mais aurais-je été plus heureux en étant pas transparent ? N’aurais-je pas été moi aussi envoyé de force à l’école militaire ? Est-ce que finalement, même si ma vie n’a pas toujours été rose, je n’ai pas été le plus chanceux des deux ? Le plus ignoré, celui qu’on laisse de côté et à qui on ne dit rien… Mais au moins celui qui a pu choisir ce qu’il voulait faire de sa vie. Choix non négligeable tout de même.
“Mais ce n’est pas grave, maintenant que je connais la vérité, j’ai hâte d’être à ce moment où ils m'autoriseront à rentrer à la maison. Je crois que l’on va avoir une très longue discussion, eux et moi.”
Et ils en prendront pour leur grade. Je pense qu’ils vont sérieusement regretter de m’avoir envoyer ici. Clairement, la prochaine fois que je les verrai, le fils parfait qui ne dit jamais un mot plus haut que l’autre aura totalement disparu et tant pis s’ils ne sont pas content. A vingt deux ans, ils n’auront qu’à tenter de m’envoyer de force à l’école militaire, s’ils ne sont pas contents. Ils ne devraient pas être déçu du voyage. Mais pour l’heure, ils ne sont pas là, contrairement à mon frère. Je relève les yeux vers lui. L’espace d’un instant, j’ai presque envie de lui proposer d’essayer de se connaître. Mais d’une part ce serait une nouvelle victoire de nos parents. Hors de question donc. Et d’autre part, je suis bien trop rancunier, il m’est impossible de pardonner si vite.
“Quant à toi, ça ne sert à rien de délibérer plus longtemps, tout n’est pas de ta faute, j’ai entendu. Mais je ne pense pas être capable de pardonner et de faire comme si de rien été, j’ai malheureusement le caractère désagréable de notre cher père de ce côté là.” Je soupire avant de continuer en plantant mon regard dans le sien. “Et autant te prévenir tout de suite. Que ce soit consciemment ou pas, je t’en ferai sûrement baver… Pas parce que c’est toi en particulier, mais parce que je crois bien qu’après avoir passé ma vie entière à essayer de trouver ma place dans cette famille… Et bien, apprendre ce que je viens d’apprendre me fait juste prendre conscience une nouvelle fois que je n’en aurais jamais, de place. Je peux continuer à faire autant d’effort que je veux, je serais toujours la cinquième roue du carrosse. Celui à qui on ne dit rien, car on ne lui fait pas confiance par acquis de conscience. A force, je commence à vraiment détester cette famille et tous ces membres. Sérieusement, on a pas idée d’être aussi cons.”
Bien sûr, même si grâce à Wyatt, j’aurais pu apprendre la vérité plus tôt, il n’est pas responsable des mensonges de nos parents. Mais il est toujours responsable de tout ce que j’ai dû réparer derrière lui. Et il est également un membre de cette famille. A présent, ce sont deux raisons suffisantes pour être sur ma liste noire.
“Enfin bref, avant qu’on ne commence à s’ignorer ou à se tirer dans les pattes -ton choix sera le mien-, est-ce que tu veux bien me faire faire le tour de la maison ? Je ne suis pas venu ici depuis une éternité et en plus, on dirait bien que ça a un peu changé…”
Je lui dirais bien que les changement ne font pas de mal, que pour le peu que j’en vois, la maison est mieux comme ça. Mais je me retiens. Déjà, le moindre compliment pourrait être perçu comme une ouverture vers un lien fraternel et ce ne serait pas le cas. Et surtout, j’ai été élevé par notre père et pour lui, montrer le moindre signe de faiblesse, aussi minime soit-il, est toujours une bêtise pouvant mener à la mort. Du moins, c’est ce qu’il m’a rabâché durant des années, si bien que j’ai fini par prendre ça pour acquit. Sauf que, apparemment, il n’a eu aucun scrupule à me mentir alors peut-être que même ses conseils sont nuls. Et puis après tout, qu’est ce que je risque à dire la vérité que ce soit sur la maison ou sur ce que je pense ?
“Mais quand même Wyatt…” Je marque une pause. Je crois bien que c’est la première fois de ma vie que je dis son prénom pour attirer son attention et lui parler. C’est tellement étrange de l’utiliser pour lui parler en direct et non pas pour relater des paroles qu’on m’a dites ou pour parler de lui. “Même si j’ai l’air d’être un enfoiré de première avec tout ce que je te balance… Je te suis reconnaissant de m’avoir dit la vérité... Merci de ne pas être le connard de militaire que j’imaginais.”
En fait, c’est probablement le plus dur à vivre. Le fait de savoir que si tout avait été différent, nous aurions peut être pu être proche. Mais c’est aussi rassurant quelque part, il y a peut-être une lueur d’espoir cachée sous toute cette haine. Qui sait, si je n’arrive pas à le tuer en manigançant derrière son dos, alors peut être qu’un jour, on pourra s’étendre un peu mieux.
"Les hommes sont tous frères, et les frères se battent." ; Georges Brassens
(c) ANAPHORE
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Sujet: Re: Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle Jeu 6 Sep 2018 - 21:21
J’avais passé quatorze ans de ma vie à obéir sans poser de questions. Quatorze ans a essayé de réparer mes conneries et à regagner l’estime de ma famille. Ce que j’apprends de la bouche de Kyle me laisse d’abord sans voix, mais pour la première fois depuis longtemps, ce n’est pas bon signe. La colère que j’avais pensé disparue à jamais refait brusquement surface alors que je songe à notre père. Lui ai-je donc fait tellement honte qu’il en vienne à s’inventer le fils parfait ? Celui qu’il aurait tant voulu avoir. Comment ma mère a-t-elle pu accepter cette mascarade durant tout ce temps ? Et Kyle dans tout ça ? A quoi ça rimait de lui mentir ? Venant de notre père, je songeais au fait qu’il avait utilisé cette image de fils parfait pour écraser Kyle et l’empêcher de vivre ses propres expériences, le mettant en une sorte de compétition avec un frère dont il n’avait aucun contact, aucun souvenir. Une compétition malsaine.
Si je vivais depuis toutes ses années avec le poids de la culpabilité, celle-ci venait enfin de s’alléger alors que la colère refaisait surface, dangereusement. Il était fini le temps de la soumission et je n’allais certainement pas laisser passer ça. J’avais bien la ferme intention de régler les comptes avec notre géniteur, plus tard. Kyle n’avait pas à subir une nouvelle fois ma rébellion.
Kyle a écrit:
“Ils n’avaient pas le droit, mais on ne peut pas leur retirer un truc : ça a fonctionné. Je suis resté tellement bien ancré dans le rang que j’en suis devenu l’élément transparent de cette famille, exactement comme ils le voulaient.”
Je le regardais avec peine, navré qu’il est du subir lui aussi l’autoritarisme de notre père. « Transparent ? » répétais-je sans comprendre, le regard chargé d’incompréhension. Je cherchais des réponses pour avoir toutes les cartes en mains avec Kyle. Je savais qu’il était en colère, j’avais compris que c’était à cause de mon absence, mais il y avait d’autres choses. Si je voulais espérer arranger les choses un jour, il fallait que je parte avec le maximum d’informations. « Tu n’es pas transparent Kyle. » lui dis-je, ayant mal pour lui de se sentir ainsi.
Kyle a écrit:
“Mais ce n’est pas grave, maintenant que je connais la vérité, j’ai hâte d’être à ce moment où ils m'autoriseront à rentrer à la maison. Je crois que l’on va avoir une très longue discussion, eux et moi.”
Je le dévisage un moment, dubitatif. Maintenant que j’ai découvert tout ça, j’ai du mal à voir Kyle tenir tête à notre père. Mais au-delà de ça, Kyle dépends encore des parents financièrement, je redoute qu’il se prenne le revers de sa rébellion d’une vicieuse façon. Mais, si j’aimerai régler moi-même le problème avec nos parents, je ne me vois pas lui dire de rester à l’écart et de me laisser gérer ça, il m’enverrait bouler pour sur avec une de ses répliques acerbes du style ‘je me suis débrouillé sans toi toute ma vie’ alors je me tâte. Mais quand même… Je tente donc de le raisonner. « Je ne suis pas sur que ce soit une bonne idée Kyle. » lui soufflais-je avec hésitation. Mais je préfère ne rien dire de plus, de toute façon je doute qu’il m’écoute ou qu’il est quelque chose à faire de ce que je pourrais bien lui dire.
Kyle a écrit:
‘’Quant à toi, ça ne sert à rien de délibérer plus longtemps, tout n’est pas de ta faute, j’ai entendu. Mais je ne pense pas être capable de pardonner et de faire comme si de rien été, j’ai malheureusement le caractère désagréable de notre cher père de ce côté là. Et autant te prévenir tout de suite. Que ce soit consciemment ou pas, je t’en ferai sûrement baver… Pas parce que c’est toi en particulier, mais parce que je crois bien qu’après avoir passé ma vie entière à essayer de trouver ma place dans cette famille… Et bien, apprendre ce que je viens d’apprendre me fait juste prendre conscience une nouvelle fois que je n’en aurais jamais, de place. Je peux continuer à faire autant d’effort que je veux, je serais toujours la cinquième roue du carrosse. Celui à qui on ne dit rien, car on ne lui fait pas confiance par acquis de conscience. A force, je commence à vraiment détester cette famille et tous ces membres. Sérieusement, on a pas idée d’être aussi cons.”
Je reste muet de stupeur par cette tirade. Je savais qu’il avait une dent contre moi, mais j’imaginais pas qu’il en voudrait aux parents aussi. Je baisse les yeux, fuyant son regard. Ce n’est pas par lâcheté, mais c’est plus de la résignation. Il a besoin de digérer toutes ses informations. Je sais qu’il va me faire payer son malheur, et je le comprends. Néanmoins, j’espère qu’il est conscient que ma patience à des limites. D’ailleurs, à la fin de sa tirade, je redresse la tête, lui lançant un regard noir. « Ne parle pas comme ça de maman. » lui dis-je un peu plus froidement que je n’l’aurais voulu. Il peut bien nous en vouloir, c’est son droit. Mais je n’accepterais pas qu’il manque de respect à notre mère. Malgré la colère que j’ai aussi contre elle, il m’est inconcevable de parler d’elle de la sorte. Peut-être qu’au fond, j’ose espérer qu’elle n’y est pour rien, qu’elle a juste pas su dire stop à notre père. Et dire qu'il a chercher à trouver une place dans la famille tout ce temps, mais le conflit entre notre père et moi à prit toute la place, détruisant tout sur le passage.
« C’est assez ironique quand même. Dès l’instant ou tu es né, j’ai ressenti la même chose que toi. De ne pas avoir ma place dans cette famille. L’enfant né trop tôt dans la vie d’un jeune couple ne pouvait pas faire le poids contre un enfant né parce qu’ils le voulaient vraiment. » soufflais-je avec douleur en me replongeant dans les souvenirs de mon enfance. Je soupire avant de plongé à nouveau mon regard dans le sien. « j’ai retapé le rez-de-chaussé, sauf le bureau de grand-père… j’ai pas… réussi. Comme tu l’as remarqué, le salon, est ouvert sur la salle à manger, qui est à présent ouverte sur la cuisine également. Allons à l’étage, tu pourras t’installer. » lui dis-je en tournant les talons tout en gardant une distance avec lui. Je veux surtout pouvoir m’éloigner de lui quelques instants, histoire de digérer tout ce qu’il m’a dit, parce que mine de rien, ça fait mal.
Kyle a écrit:
“Mais quand même Wyatt…”
Je soupire une nouvelle fois avant de pivoter pour lui faire face, m’attendant à faire face à une nouvelle vague de reproche. Contre toute attente, ce ne sont pas des remarques qu’il prononce, ce qui me laisse pantois.
Kyle a écrit:
“Même si j’ai l’air d’être un enfoiré de première avec tout ce que je te balance… Je te suis reconnaissant de m’avoir dit la vérité... Merci de ne pas être le connard de militaire que j’imaginais.”
Je mets un certain temps à réagir, trop stupéfait par ce qu’il me dit. Je prends le temps d’assimiler ces mots avant de prendre à mon tour la parole, calmement, lui adressant un sourire triste.
« Tu n’es pas un enfoiré à mes yeux. Je te l’ai dis, je pense que ta colère envers moi et légitime. » lui dis-je résigné. « Tu n’as pas à me remercier, je te devais la vérité, surtout que tu as fait les frais de mes conneries sans avoir rien demandé. » dis-je en tournant les talons pour monter les premières marches de l’escalier menant à l’étage.
En arrivant sur le palier qui dessert l’étage, je m’arrête. « Et les militaires sont pas tous des connards. » marmonnais-je avec une moue boudeuse. « Même si ceux que tu côtoies sont loin d’être des modèles d’exemplarité. » lui dis-je en me tournant vers lui. Evidemment, je faisais allusion à mon père et moi-même. « Ma chambre est la porte au fond du couloir, la porte à côté c'est celle de la salle de bain, j’ai retapé cette chambre en urgence quand maman m’a annoncé ta venue. Je ne sais pas si ça t’ira. » soufflais-je en ouvrant la porte. « Si tu préfères il reste l’ancienne chambre à maman ou la chambre des grands-parents, mais je ne les ai pas encore retapés, alors il faudra patienter un peu si tu veux l’une de ses chambres. » marmonnais-je en me passant une main dans les cheveux, gêné de lui imposer une chambre plutôt qu’une autre. Surtout que je réalisais qu’il s’agissait de la chambre la plus proche de la mienne, séparé seulement par l’une des deux salles de bain de l’étage.
La chambre de Kyle était simple et dans les tons assez neutre. Les murs étaient recouvert d’une peinture blanc cassée afin que Kyle puisse l’aménager plus facilement selon ses goûts, les meubles étaient assez anciens puisque je ne les avais pas changés, seulement poncés et retravailler un peu et le parquet était neuf. « Je ne connais pas tes goûts alors… si tu veux qu’on change les meubles, tu pourrais les choisir. » marmonnais-je même si je doutais qu’il le veuille. Après tout, il était tellement dans l’optique de partir qu’il allait probablement m’envoyer boulet pour ça aussi. « Je sais que tu n’es pas dans l’optique de rester, je l’ai bien compris. Mais, je te dis ça, histoire de te sentir chez toi le temps de ton séjour ici. » argumentais-je rapidement. « Je vais te laisser t’installer… » ajoutais-je en me dirigeant hors de la chambre. Mais sur le pas de la porte, je me ravise et me retourne vers lui. « Oh ! Et… Pour la fac, tu peux prendre le pick-up si tu veux. » ajoutais-je sur le pas de la porte, me rappelant la courte conversation dans la voiture.
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Sujet: Re: Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle
Bienvenue à Bowen quand même, p'tit frère. - Feat Kyle