Félix&Maxym - voici mon cœur.

ça fait partie
de l'expérience humaine de ressentir de la
souffrance
n'aie pas peur
ouvre-toi à elle
-évoluer (@Felix Twist)

Il ne sait pas dire ce qu'il trouve le plus triste. Le fait qu'Isaak rentre plus tard que l'heure prévue ou celui de savoir que les choses se termineraient comme ça, de ne pas même plus en être surpris. Sur le balcon, installé sur une petite chaise, une tasse de tisane entre les doigts, ses mains tremblantes l'ont empêché de remuer son sucre, c'est pourquoi Chad l'a regardé fondre : deux morceaux qui se dissolvent dans la chaleur du liquide comme sa joie Asutralienne sous les absences répétées de son mari. Il a remarqué que ses retours étaient plus tardifs même s'il lui arrive encore de rentrer à l'heure. Si le blond n'en fait pas une maladie, c'est qu'une part de lui reste encore suffisamment rationnelle pour ne pas s'étendre dans les plaintes qu'il ne supporte plus. Il faut bien que l'un d'eux ramène de l'argent pour cette belle maison et la nourriture de Maurice. On ne peut pas toujours tout prévoir, encore moins dans ce monde là.
Ses poumons s'emplissent de l'air moite de la nuit tandis que le chat dort sur ses genoux en ronronnant. Une de ses mains passe dans sa fourrure rousse pour l'ébouriffer un peu et rendre l'animal encore plus heureux. Son compagnon d'infortune, sa plus tendre présence dans les moments de solitude. Le regard triste de Chad se pose finalement sur le paysage à présent sombré dans la nuit, une énorme tâche d'encre d'où seule la lune parvient à traverser le pétrole nocturne. Il bénit cet endroit d'exister, ce petit morceau de béton perché au dessus d'un paysage magnifique pour l'aider à calmer ce qui le perturbe sans pour autant suffire à l'endormir. En plus de ses inquiétudes, Parkinson l'empêche de passer de réelles nuits. Le stress accentue ses symptômes même s'il tente vainement de se raisonner.

Dans la cour, il entend finalement la voiture se garer, les phares éclairer les quelques plantes et les murs de la maison. Son coeur bat à vive allure malgré son envie de relâcher la pression. Sa gorge se noue tandis que la porte d'entée s'ouvre et se referme pour signifier la présence de sa moitié dans les parages. C'est bête mais Chad se surprend à préférer sa solitude. Il prend une longue inspiration tandis que le chat quitte sa place pour aller saluer son second maître. Il ne bouge pas de suite, pose la tasse sur la petite table à ses côtés et prend le temps de se relever. Max boîte un peu après être resté trop longtemps dans la même position. Il a toujours été dur au démarrage. La lumière tamisée du salon éclaire ses traits mais aussi ceux de Félix et d'ici, il peut déjà remarquer son état d'ébriété sans pour autant le lui faire remarquer. Ca aussi, tu vois, il le savait déjà. Si son homme dépasse une certaine heure, tu peux être certain qu'il a bu derrière. Un sixième sens qu'il ne s'explique pas, une connexion entre eux qu'il lui arrive de maudire dans ce genre de moments. Comment ne pas s'inquiéter alors que son mari prend le volant ivre, de nuit ? Il sort de sa poche son téléphone et remarque qu'aucun message ni appel n'a été envoyé. Il n'a pas eu besoin de lui, pas un seul instant durant cette soirée.

Tu as passé une bonne soirée ? Le plus déchirant dans cette question, c'est son manque d'amertume et de reproches, son déni de la réalité. Max s'interdit de faire la parallèle avec New York lorsque tous ces individus étaient encore contre eux, lorsqu'il était si malheureux que Netflix était devenu son unique bouée. L'Australie est trop belle pour se laisser ternir par un mari qui rentre trop tard. Et encore, ce n'est pas son manque de message, son retour à pas d'heure qui le perturbe mais son haleine chargée d'alcool lorsqu'il se penche pour lui offrir un baiser court et sincère. Qu'Isaak se démène est une chose, mais qu'il replonge dans ses addictions et se détruise en est une autre.
Chad n'est pas certain d'être capable de tenir le coup cette fois.
Peut-être s'est-il voilé la face ?
Ses larges épaules ne sont finalement pas si convaincantes.
Dans ses claquettes et ce même short qu'il portait dans la cabine, Maxym se retourne finalement pour aller récupérer sa tasse, boitiller jusqu'à la cuisine et la déposer dans l'évier. Il la lavera demain si Parkinson lui autorise quelques heures de liberté. En attendant, c'est son coeur qu'il doit passer au liquide vaisselle pour tenter d'effacer l'huile que ses inquiétudes ont laissé derrière elles.

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Lorsque tu regardes ta montre, il est déjà trop tard. Refusant l'énième coupe de champagne que ce gros client te propose en boucle depuis une heure, tu écourtes la fête en moins de quinze minutes et quittes le Casino pour sauter dans la bagnole. Au volant, tu te concentres sur la ligne blanche qui défile sous les roues. L'objectif est de rester du bon côté de la route. Putain de stratégie commerciale qui veut que les désirs des clients soient des ordres. Le pire dans, cette histoire, c'est que tu ne peux honnêtement pas contredire cet adage. Quand on se souvient des pratiques instaurées au Saphire39 pour le bon plaisir de tes hôtes ... Maugréant contre la lenteur du véhicule, tu pousses le moteur et fais monter l'aiguille du compteur de vitesse. Au train auquel vont les affaires, vous aurez les moyens de vous acheter cash une caisse digne de ce nom d'ici peu. C'est e seul avantage qui te vient à l'esprit lorsque tu penses à cette nuit qui s'annonce glaciale. Une Ferrari, peut-être ? Des milliers de dollars de chiffre d'affaire en un seul client que tu as poussé à faire la fête pour lui faire consommer sa victoire au bar V.I.P. Par principes, tu fais tout pour que l'argent perdu par la maison y revienne de manière insidieuse, immoral lorsqu'il s'agit du business mais surtout de ta vie privée. C'est elle qui motive les heures supplémentaires que tu cumules ces derniers jours. Il te faut honorer ta part du contrat vis à vis du directeur. Ajouter un zéro à ton salaire est l'assurance de ne manquer de rien, d'offrir à Max un confort bien mérité pour lutter contre Parkinson. La mer, le coucher de soleil, cette baraque de rêves : tu y tenais absolument car tu sais que le cadre influence sur l'humeur de ton homme. Le savoir à l'aise dans votre nid est ta priorité, même lorsque tu picoles un peu trop ; même si, cette nuit, tu sais qu'il ne l'est pas et que c'est de ta faute.

Comme à chaque fois que tu es saoul, la notion de temps t'échappe. C'est ainsi que les verres s'enchaînent sans que tu ne t'en rendes compte. Un véritable cercle vicieux qui te suis jusqu'à la porte d'entrée devant laquelle tu t'immobilises un bon moment après avoir garé la voiture à la hâte. Il s'agit désormais d'entrer la clé dans la serrure, une étape délicate. Si tu devines que Max ne dort pas, tu aimerais au moins sauver les apparences et ne pas lui montrer que ton retard est dû à des festivités. Malheureusement pour toi, faire la fête fait partie de ton métier et, ça, c'est le détail qui te met dans la merde en te faisant culpabiliser sur des terrains où tu refusais de te justifier à New York. Là-bas, la fête aussi faisait partie de ton métier mais tu avais le pouvoir de la délaisser, de snober tes invités si l'envie te prenait ; roi tout puissant auquel on excusait tous les caprices. Ici, l'obligation d'accompagner le client jusque dans ses loisirs tardifs est une casserole que tu traînes à ta cheville de mauvais mari. Mauvais mari, putain, ça te fout le cafard.

Maurice te fait sursauter. L'attrapant avec amour, tu le colles à ta veste sans aucun respect pour ton costume de travail. Les nombreux poils que le pressing du casino devra se coltiner pour te le rendre impeccable ne sont pas ton affaire. Malgré la culpabilité qui te ronge derrière l'ivresse, tu soupires d'aise en portant le roux à ton nez pour lui faire des mamours. Rentrer chez vous est toujours le meilleur moment de ta journée. Même si, présentement, il fait nuit et que Max apparaît dans l'encadrement de la porte, cerné, preuve qu'il n'a pas su trouver le sommeil en ton absence. Attiré par lui comme une abeille par le miel, tu t'avances dans le salon pour lui épargner d'avoir à se traîner à travers la pièce. Sa fatigue te rend triste, la faute à l'alcool qui fait tout une montagne de la moindre émotion. Son baiser claque sur tes lèvres comme un rappel aux promesses que tu lui as faite, que tout se passerait bien, qu'il n'y aurait pas de problèmes. Avouons que ce n'était pas exactement le genre de tournure que tu envisageais, aveuglé par l'amour, tu avais oublié à quel point le monde extérieur peut être corrosif pour un couple fusionnel comme le votre. Vite, il faut te ressaisir. " Rentable. " Une réponse courte, qui convient à l'homme d'affaires que tu incarnes aussi bien qu'à l'ivrogne que tu es lorsque tu t'éloignes en direction de la salle de bain pour te passer de l'eau froide sur le visage. Allez Isaak, reprends-toi, c'est pas le moment de déconner.

Un peu ragaillardit, tu le rejoins dans la cuisine au moment où il dépose sa tasse dans l'évier. Tes bras l'enlacent, ta joue caresse son t-shirt. Un gros câlin complètement hors sujet mais nécessaire pour lui faire comprendre ce que tu ressens sans prendre le risque de parler et de dire des conneries imbibées d'alcool. Il n'est pas difficile de sentir la tristesse de ton ours lorsque ton corps se colle au sien pour prolonger l'étreinte. Tu as mangé au moins ? Parce que Max doit manger, c'est le spécialiste qui l'a dit lors de votre entretien en plus de tous les autres informations relatives à comment vivre la maladie en temps que conjoint. Même un peu bourré tu ne peux pas oublier ce genre de détails. Ces détails qui passent avant l'heure qu'indique une horloge comme le fait que tu l'aimes et que la soirée aurait été meilleure si tu l'avais partagée avec lui, assurément.

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Difficile de dire si Maxym lui en veut réellement ou non. Son visage est tellement impassible et son corps si calme qu'il est difficile de savoir réellement ce à quoi il pense et dans quel état son coeur se trouve. Bien sûr qu'il est affecté, c'est évident, chaque rempart de son corps ne tient qu'à ça : son absence et la déception de le voir rentrer saoul. Maurice le rejoint dans la cuisine et se perche sur le rebord de l'évier en soutien émotionnel. Ce chat est la continuité de sa sensibilité, une véritable éponge qui aspire tout ce qui fait de lui un être humain parfois si écorché dans son silence et sa retenue. Les bras d'Isaak viennent rapidement s'ajouter à tout ce qu'il ressent et sa question le fait froncer des sourcils. Il pense à nouveau à son arrivée dans toute sa discrétion, aux heures passées ici à bouquiner et se rendre sur la plage pour regarder le coucher de soleil. Maxym se sentait bien jusqu'à ce que son sang ne devienne de l'encre et qu'il tâche son coeur de nombreux sarcasmes. Tout ici est beaucoup trop beau mais Chad pourrait vivre dans un château recouvert d'or fin qu'il ne lui trouverait aucun intérêt sans son mari. C'est bête parce qu'il se trouve soudainement dépendant de cet homme sans pour autant vouloir l'être. Parkinson le pousse parfois à vouloir prendre son envol, affirmer son indépendance mais il lui arrive de combattre encore difficilement les comportements de sa moitié.

Il hausse les épaules, ne profite pas autant qu'il le voudrait de cette étreinte et se tourne mollement vers Isaak. Ses bras toujours autour de lui, ce n'est qu'en lui faisant face qu'il se retrouve plus distant qu'il ne le voudrait. Rassure-toi, je ne me laisse pas dépérir lorsque tu n'es pas là. Il veut le piquer au vif, se prouver à lui-même qu'il est capable d'autre chose que de l'attendre. Là où Max en veut à Félix, c'est de ternir sa joie de le retrouver. Son corps se détache du sien alors que Maurice quitte la pièce pour se rendre dans leur belle chambre et s'allonger sur le matelas en remuant mollement la queue.

Sympa le noeud pap. Isaak est l'un de ces chats adorant qu'on le flatte et Max s'exécute par habitude, complimente sa tenue et tout ce qu'elle inspire. Bizarrement, rien ne lui fait penser à ces moments qu'ils ont partagé ensemble. Son regard fatigué se pose sur le balcon où Maxym part à nouveau se ressourcer. Il n'y a qu'ici qu'il parvient réellement à se retrouver avec lui-même et ne pas se laisser déborder par ses sentiments beaucoup trop forts. Il s'était pourtant juré de ne plus douter, de ne plus lui en vouloir pour ce genre de détails.
Puis la cabine lui revient en tête.
Une promesse est une promesse.
Si Félix commence à rompre celle là, qui sera la suivante ? Celle de ne jamais fuir face à Parkinson ? Celle de s'occuper de Maurice quoi qu'il arrive ? Sa fidélité envers Max ?

Tu as des restes dans le frigo si tu veux, ça te fera du bien. Pour ne pas lui proposer directement de se remplir l'estomac autrement qu'avec des petits fours hors de prix et certainement pas vegan et préparé par son mari. Sa main est tellement tremblante qu'à la place de prendre quelques secondes pour allumer sa clope, Chad prend facilement plus d'une minute à le faire. Ce n'est qu'une fois la clope entre ses lèvres qu'il parvient à se calmer. Son regard sur l'horizon sombre lui rappelle le début de la soirée lorsqu'il était seul avec Maurice et qu'il ne s'inquiétait pas encore de voir son mari rentrer dans un tel état. T'aurais du voir ce coucher de soleil ... Plus beau que tout le reste, plus touchant qu'une bouteille de champagne, plus Chadien qu'une soirée Isaakienne. Son corps se tourne à nouveau tandis qu'il prend appui au balcon. Dos au paysage que seul lui peut deviner après l'avoir observé ses dernières heures, Maxym plante ses yeux vers son mari sans savoir quoi ajouter. Il a la sensation que la moindre de ses paroles sera mal interprétée, considérée comme venant d'un mari mauvais, jaloux et plein d'insécurité. Tout ce qu'il refoule. Tout ce en quoi il travaille pour ne plus l'être.

Je vais te préparer le lit. Tel un mari dévoué qui cache sa déception en offrant à la source de sa tristesse tout le confort dont elle désirera. Sa silhouette nerveuse s'avance lentement jusqu'à la chambre. La lumière fait bailler Maurice qui s'étire sur le lit parfaitement fait. Maxym enlève les coussins, retrousse les draps et la couette, en déborde une partie pour permettre au chat de s'y allonger avec plus de facilité. Il éteint ensuite la grande lumière pour ne laisser que la sienne, plus tamisée, qu'il pourra éteindre seulement en tendant le bras. Il prévoit aussi de brancher son chargeur de téléphone pour que Félix puisse recharger sa batterie qui doit commencer à faiblir durant la nuit. Tout pour lui permettre de récupérer plus rapidement.

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Les ronronnements de Maurice accompagnent ton étreinte, comme si le chat faisait de son mieux pour rendre ce moment plus agréable, moins lourd de culpabilité cachée derrière les vapeurs d'alcool ainsi que de reproche étouffés par le soupire de Max au moment où il se retourne. Des images de New York te reviennent. Lui rentrant saoul de l'anniversaire de son pote de boxe ; toi défoncé à la coke venant le chercher dans son appart' du Bronx après avoir réconforté Wilf ... Autant de mauvais souvenirs que sa réplique enfonce comme un clou dans ton cerveau embrumé. Max n'a pas besoin de toi pour vivre, ça tu le sais très bien. Malheureusement, depuis que tu l'aimes, l'inverse n'est plus réciproque. La vie ne vaudrait pas la peine d'être vécu sans lui et le calvaire de son attente de ce soir t'apparaît désormais comme quelque chose de similaire à ce que tu t'imagines devenir si un jour il te quitte, lassé de tes excuses, quand bien même ces dernières sont beaucoup plus nobles qu'à l'époque. Tu ne veux que son bien et souris mollement à son compliment sur ton noeud pap', déçu de toi-même parce que tu vois bien que le blond est déçu par ton état. Aucun faux semblant ne peut tromper Maxym. C'est ce qui en fait l'être le plus précieux de ta vie mais aussi le pire des inquisiteurs. Face à sa tristesse, tu te sens comme au purgatoire et fais profil bas, honteux de ton comportement de ces dernières semaines. Même le juge n'a pas réussi à te faire regretter ton passé de flic corrompu, d'où la peine de prison ferme : il fallait punir ton insolence. Face à Max, il n'y a pas d'insolence qui tienne. Alors tu prends le plat dans le réfrigérateur et le mets à réchauffer, bien décidé à tout manger malgré l'appétit qui n'est pas au rendez-vous. L'ambiance est trop lourde pour avoir faim. Tant pis, tu te forceras. Ce n'est pas l'heure de snober son plat alors que Chad fume pour se détendre, chose qu'il n'avait plus fait depuis longtemps. Mauvais présage et âme de plomb, tu soupires en l'entendant parler du couché de soleil et ravales un " j'aurais préféré être avec toi qu'avec ces plouks " qui ne mènerait à rien d'autre qu'à t'entendre dire que tu es responsable de cette situation. Tu le sais déjà, pas envie de t'accabler d'avantage.

Il finit par fuir dans la chambre, ce qui te donne le temps de gober le plat dans la précipitation, tel un goinfre. Tant pis pour tout l'amour qu'il a mis dedans, il y a urgence. Tu ne veux pas le laisser seul ; pas le temps de savourer sa cuisine. Hors de question de prendre la fuite car tu as promis que ta vie privée passerait avant ton job alors tu t'efforces de rattraper les pots cassés. Croisant Maurice dans le couloir, tu t'essuies la bouche sur la manche avant d'entrer dans la chambre et de t'avancer vers lui, l'obligeant à t'étreindre à nouveau. Tes mains placent les siennes autour de ta taille puis viennent caresser l'arrière de son crâne, masser son cuir chevelu tandis que tu colles ton front au sien. Tes yeux se ferment sur une inspiration profonde sensée te donner le courage de communiquer avec lui. Heureusement l'ivresse est là pour t'aider à oser reconnaître tes torts. Je suis désolé, mon amour. Tout en restant lucide, tu sens bien que tes joues sont encore chaudes et que des traces d'alcool persistent dans ton sang. Juste ce qu'il faut pour vaincre la peur de ne pas réussir à regagner son estime. Tes mains finissent pas entourer son visage tandis que tu te recules légèrement, captant son regard d'un battement de cil suppliant. Je n'ai pas envie d'aller me coucher. Plus de supplique que de fermeté dans cette réplique, d'où la prise ferme autour de ses joues glacées. Je veux profiter de la soirée avec toi. Cette soirée que vous n'avez pas eu à cause du Casino et de ton démon de la fête qui, une fois lâché, te fait boire du champagne comme s'il s'agissait d'eau plate.

Souvenirs du Canada, tous les deux sous le plaid tandis qu'il était malade comme un chien. Ce soir c'est toi qui est saoul, tant pis, ça arrive. Vous ne devez pas moins vous aimer pour autant. Assieds-toi à côté de moi. Tu voudrais lui offrir peu de réconfort pour te faire pardonner d'être aussi nul dans le travail que tu fais sur toi-même pour ne plus être Isaak Coalman, l'égoïste de service qui se serait allongé de son côté du lit pour cuver en silence. En quittant New York, tu n'as pas seulement quitté ton royaume, mais aussi une facette de ta personnalité que tu ne veux plus voir interférer dans votre mariage. Tu te moques d'être fatigué demain et d'avoir des cernes de dix pieds de long, car une journée de gueule de bois mal soignée par manque de sommeil vaut bien ce genre de moments où tu lui parles à coeur ouvert. Montrant l'exemple, tu t'assieds sur le lit et d'adosses aux coussins, tirant doucement Max par le bras pour l'inciter à te rejoindre. Ton autre main, quant à elle, fouille dans ta table de chevet pour en sortir un journal intime du même genre que celui dont tu lui avais lu quelques pages au Canada. Celui-ci est de couleur verte, le libraire n'avait rien de plus discret. J'ai décidé de tenir un nouveau journal depuis que nous avons quitté Greenwich. Démonstratif, tu en tournes les pages noircies par ta plume. Choisis une date ... Malgré la chaleur de la couette sous tes fesses, tu te sens nu de lui proposer pareille excursion dans ton esprit mais estimes que le moment ne peut pas être mieux choisi. Votre dernière grosse crise date du Canada et du sujet brûlant de son ex. Ce soir, c'est la peur de devenir un ex de plus qui te pousse à t'ouvrir plus que jamais pour tempérer sa déception.

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Il avait oublié le goût de la déception, son amertume, cette fine pellicule qui reste dans sa bouche et le hante alors qu'il tapote le coussin d'Isaak, prépare un nid douillet tandis que sa tête est chaotique. Maxym n'a rien d'agressif dans ses mouvements, rien de méprisant dans son regard non plus. Les mouvements de son mari, son front contre le sien lui rappelle un instant ce pourquoi il est si patient et amoureux. Est-ce que sa déception peut faire le poids face à ces moments de bonheur partagés ? S'il avait tué Perry pour rien ? Sa gorge se noue alors qu'il lui adresse un léger sourire en le voyant s'éloigner, tenter de se rattraper là où il n'y a plus la moindre attache. Les craintes de Chad ont rendu le terrain glissant. Plus rien ne peut le régénérer à présent. Sa bague lui brûle autour de son doigt. Il voudrait pouvoir aller s'allonger sur le canapé mais se rend vite compte que son mari n'acceptera pas sa décision. S'il reste, c'est pour éviter un matin encore plus difficile que les autres. Les traits tirés, des cernes sous les yeux, son corps lâche prise dans les draps lorsque Max s'installe de son côté du lit tandis que Isaak est prêt à s'ouvrir. La saveur du canada est trop douce pour que l'amertume puisse prendre le dessus et ses sourcils se froncent. Il ne veut pas gâcher ses souvenirs, ternir ces moments tendres qui n'ont rien demandé à personne.

Arrête. Ce mot n'est en réalité qu'un souffle tandis que la main de Chad, lourde, s'écrase sur le carnet pour le fermer brutalement. Ce geste là est agressif, Max le consent mais il n'a pas d'autres choix pour se faire entendre que d'ouvrir la bouche. Pourtant, il ne le peut pas, pas maintenant alors que Isaak est saoul. Même son costume porte encore l'odeur du casino, celui de l'argent et du pouvoir mais aussi du vice et de tout ce qui pourrait les séparer. Le corps solide, le colosse prend place sous les couvertures cette fois. J'ai besoin de dormir et tu ferais mieux d'en faire de même. Ne compte pas sur moi pour avoir la moindre discussion avec toi tant que tu es saoul. Son regard caresse les traits d'Isaak un instant. Chad est déçu de devoir le rembarrer si violemment mais sa patience s'est faite la malle durant ces dernières heures. Et puis ce carnet là lui rappelle le sien, celui qu'il tenait alors qu'il venait d'apprendre pour Parkinson et que Lincoln lui avait dérobé dans son dos pour le lire sans aucune impunité. L'ours se souvient encore de sa violence ce jour là ; il avait réagit si violemment qu'il aurait pu frapper ce gamin qui n'avait rien demandé. Aujourd'hui, s'il a cessé d'écrire, c'est avant tout parce qu'il n'en ressent plus le besoin mais aussi parce que ses gestes tremblent trop. Ses doigts n'ont plus la dextérité nécessaire pour lui permettre d'aligner trois mots. Ne rien faire, c'est ne pas se rendre compte de son état qui se dégrade plus qu'il ne se stabilise. Il en veut à son corps de ne pas plus résister, il se déteste de ne rien pouvoir contre une maladie dont il n'est même pas responsable.

Bonne nuit Félix. Derniers mots prononcés avant de lui tourner le dos pour trouver une position suffisamment confortable pour ne pas lui faire des crampes. Il a l'impression que demain il se devra d'être en forme pour honorer son audace de ce soir.

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Arrête.
Le carnet te glisse des mains et s'échoue sur le lit, entre Chad et toi, à l'endroit exact où une ligne maginot semble tout à coup s'ériger entre vous, le gardant lui de son côté du lit et toi du tien. Peut-être l'alcool rend-il tes souvenirs plus agités car une image en chasse une autre et le bruit que fait le papier chiffonné par son rejet apporte avec lui une impression dérangeante. A une époque pas si lointaine - La semaine dernière ? Le mois passé ? C'était quand, déjà, le bonheur ? - il y avait des " continues ... " et des " fais quelque chose ! " pour t'encourager à prendre des initiatives, qu'elles soient physiques où affectives comme celle de lui lire une page de ton journal. Dans la lumière tamisée de cette chambre qui se veut confortable et pleine de douceur, son " Bonne nuit Felix " qui te tourne le dos te fait te sentir plus seul que jamais. La lumière s’éteint et la présence de Chad devient soudainement immatérielle. Un fantôme, une illusion pour te donner envie de le prendre dans tes bras tout en sachant qu'il te repoussera si tu t'y essayes. La peine l'emporte sur la colère ; le spleen gagne la bataille sur l'ivresse dont les dernières miettes d'euphorie s'effritent au contact de cet amour déçu qui refuse se se partager avec un ivrogne.

Après un moment de silence durant lequel aucun mot ne t'échappe, pas même un geste pour te déshabiller et te rouler sous les draps, tu décides de te lever et de laisser Chad dormir. A défaut d'avoir réussi à lui apporter du réconfort, tu peux au moins éviter de pourrir son sommeil. L'impression d'être le dernier des losers te colle aux basques jusque dans le salon où tu allumes Netflix sans réelles convictions. Ce sentiment de ne pas être à la hauteur te pèse car il est trop rare pour t'être familier. S'il est évident que tu es fatigué, tu sais pourtant qu'il te sera impossible de trouver le sommeil dans une ambiance aussi tendue. Tu serais capable de ressentir la mélancolie du blond jusque dans les fibres du tapis où elle semble imprégnée. Une fine pellicule de lassitude qui recouvre tout, même le plaid contre lequel tu troques veste et chemise pour passer la nuit en boxer. Pantalon et chaussures gisent au pied du canapé. Ici, tu es seul avec ta tristesse. Maurice grimpe sur le rebord du siège et vient te donner un coup de tête, comme s'il te reprochait de ne pas insister auprès du son autre père. Viens me faire un câlin, catin. Une insulte murmurée comme une caresse pour l'orgueil de ce chat qui n'a jamais déçu son maître, lui. Allongé sur le côté, tu acceptes tout de même de faire une place à l'animal et lui grattouilles mollement les oreilles. Ce compagnon modèle met en lumière tes défauts mais n'en reste pas moins ton seul soutien dans ce moment de brouillard émotionnel.

Les épisodes de série défilent. Tu ne comprends plus rien aux intrigues depuis que tu bosses au Casino et rates certains chapitres que vous aviez l'habitude de regarder en vous faisant des plateaux repas, le soir, tandis que la lumière du couché de soleil baignait le salon d'or et de reflets enflammés. Un soupire t'échappe avant que tu ne tournes sur toi-même, le nez contre le dossier, résigné à fermer les yeux et à tenter de te concentrer sur les dialogues pour ne pas penser au râteau que tu viens de te prendre ainsi qu'à la blessure laissée par ce refus. Bien fait pour toi, voilà comment tu le prends. De toute façon, aucune autre réaction ne te vient à l'esprit, trop accablé que tu es pour encore oser te croire le magicien le plus amoureux du monde et toujours capable de redonner le sourire à son époux.

Cette journée se termine sur l'apparition de nuages à l'horizon. Déjà le ciel se couvre au-dessus de ta tête peu à peu anesthésiée par le sommeil et la fatigue de ravaler tes larmes. Cela ne servirait à rien de chialer, tu le sais bien, c'est pourquoi tu t'efforces de rester digne. C'est à peu près la seule chose qu'il te reste à faire, quand on y réfléchit bien. Isaak Coalman, allongé dans un canapé, le plaid par dessus le front et les yeux rouges. Tu parles d'un mari modèle. Les paparazzis n'en croiraient pas leurs yeux. Dommage pour eux qu'ils ne soient pas là pour immortaliser la scène, cela aurait au moins fait le bonheur de votre bonne vieille ennemie la presse. La lumière de l'écran étire les ombres du mobilier. Même Maurice a cessé de ronronner. La nuit est sinistre, inconfortable et sans saveur ; semblable à toutes celles passées avant de rencontrer Chad.

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Au petit matin, les premiers rayons de soleil te font battre des cils. Le salon retrouve peu à peu sa luminosité réconfortante. Nauséeux, tu prends le temps de te redresser, d'éteindre la télé et de te traîner jusqu'à la salle de bain pour réfléchir sous la douche. L'eau bouillante rougit ta peau, l'agresse tout en détendant la masse musculaire crispée par la position inconfortable de la nuit. Cheveux rabattus sur le front et nuque offerte au jet d'eau, tu fixes les cascades qui dévalent le long de tes jambes sans parvenir à sortir de cet état de mal maintenant ta gorge nouée. Que se passera-t-il lorsque Max se réveillera ? Quoi faire, quoi dire, quoi penser de tout cela ? Sourcils froncés, tu tournes le bouton d'eau chaude à son maximum. La morsure fumante du liquide t'aide à repousser l'angoisse. Se faire mal est un bon moyen de rester ancré dans la réalité, de te concentrer uniquement sur la douleur et de ne pas laisser ton esprit partir dans ces recoins noires de ton âme où la peur de tout perdre - l'amour du blond, son engagement et son respect - génère des réactions de stress disproportionnées. Et puis, sous la douche, pas la peine de retenir ses larmes.

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Chad est beaucoup trop fatigué pour se soucier réellement du sort de Félix. Il n'a pas la force de veiller avec lui et se rendre compte qu'il déserte le lit. Fin si, l'ours sent le matelas bouger à ses côtés et les pas de son époux quitter la pièce mais cela ne parvient pas à l'arracher à sa position. Il a fait son job pour ce soir : celui d'attendre et de s'inquiéter, celui de l'accueillir qu'importe l'heure et son état, celui d'être nostalgique d'une chose qui n'a finalement jamais existé. Les retours de Félix en fanfare ont rythmé ces derniers mois depuis leur rencontre. Max devrait en avoir l'habitude mais ses traitements et Parkinson le rendent plus fragile. Ses nerfs lâchent plus vite qu'avant, se laissent avoir par l'orgueil de la peur qui devient une reine lorsque la maison se libère de son unique roi. Un roi rendu saoul et seul sur son canapé à câliner un chat qui les aime trop tous les deux pour prendre réellement parti. Avant, Maurice était toujours du côté de Chad mais aujourd'hui le chat est leur enfant à tous les deux et celui-ci le leur fait comprendre en faisant des allers-retours dans la chambre pour finalement s'endormir dans les bras d'Isaak.
L'ours ne lui en veut pas, certainement qu'il aurait fait la même chose si sa rancoeur ne l'empoisonnait pas.

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Les réveils sont plus longs lorsque la fatigue et le stress s'accumulent à tout le reste. Il doit être 10 heures 30 lorsque Chad parvient enfin à quitter leur chambre en traînant la patte pour se rendre dans leur belle cuisine vide où il avale son traitement sans broncher. Le colosse peut entendre le bruit de l'eau et passe l'étape douche pour ne pas se retrouver tout de suite dans la même pièce que son mari. Il s'attelle en silence à la tâche du petit déjeuner sous le regard bienveillant de Maurice qui termine par se faire la lessive. Maxym se sent sale et transpirant mais qu'importe, l'odeur du gel douche de Félix masquera toutes les odeurs, le blond le sait déjà tandis qu'il fait couler le café bien corsé de son mari dans sa tasse et que la bouilloire entre en ébullition. Chad se sert une tisane car le médecin l'a contraint à cesser la caféine pour ne pas trembler encore plus. Le colosse dépose sur la table quelques gâteaux qu'il a préparé dans l'après-midi de la veille et s'installe à sa place. Dans un ultime détail, il prépare aussi un verre d'aspirine pour son époux. Son regard se pose sur le cachet qui forme un champignon de bulles dans l'eau tandis que la porte s'ouvre et que les pas d'Isaak se rapprochent de lui. Son corps se tend mais Max s'efforce de ne pas trop se crisper pour éviter les blocages physiques.

Pour prolonger le silence en renforçant maladroitement le malaise, Chad porte à ses lèvres sa tasse pour boire quelques gorgées qui lui brûlent la langue plutôt que prendre de suite la parole. Hey. Sa voix est basse lorsqu'elle brise enfin le silence. Il se rend alors compte que le malaise lui noue les tripes en même temps qu'il lui fait perdre de la consistance. Pourtant, le colosse se racle la gorge pour ne pas se laisser happer par l'absence. Hors de question de se défiler et de devenir une serpillière. S'il tient réellement à Félix, il se sait aussi incapable de se laisser faire. On l'a beaucoup trop usé par le passé pour supporter la moindre humiliation. Et humilié, c'est ce qu'il était hier en embrassant son mari ivre.

Malgré tout, l'ours tient à ne pas agresser directement son époux mais mettre les pieds dans le plat lui semble nécessaire. Cette situation lui coupe l'appétit. Sa tasse retrouve sa place sur la table. Je suis plus certain d'avoir la patience pour tout ça ... Ses mots se cassent la figure face à cette vérité qui lui aura coûté toute une nuit de repos et de fuite mentale. Chad n'a finalement jamais rien avoué d'aussi difficile dans sa vie : émettre la possibilité de quitter la personne qu'il aime car quoi qu'il arrive, il terminera toujours impuissant face à ses vices. Max est un combattant, c'est grâce à cela qu'il sait lorsque les batailles sont perdues d'avance. Les pupilles de Félix durant la nuit ont été des arbitres implacables.

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Sortir, se sécher, s'habiller, insister sur le brossage de dents et laisser tomber la cravate pour aujourd'hui : autant de gestes qui s’exécutent d'eux-mêmes, teintés d'une tristesse que tes épaules voûtées trahissent lorsque tu franchis la porte pour rejoindre Chad à la table du petit-déjeuner. Contrairement à toi, le blond a meilleure mine qu'hier, quand bien même sa voix étranglée laisse deviner qu'à l'intérieur son tourment est le même que le tien. Le goût de l'aspirine t'arrache une grimace lorsque tu descends le verre préparé à ton attention d'une seule gorgée, comme pour te donner le courage de lui sourire alors que le coeur n'y est pas. Texture infecte dans la bouche, envie de vomir qui se profile. Tu sais déjà ce que Max va te dire car ces mots ont hanté tes cauchemars de cette trop courte nuit. Impossible d'avaler quoi que ce soit maintenant qu'il les a prononcé. Fixant ta tasse de café, tu fuis son regard pour cacher la douleur qui menace de déborder d'un instant à l'autre. Tant que tu ne bats pas des paupières, tes yeux rouges peuvent passer pour un effet secondaire de la douche ayant rendue ta peau plus rose que celle d'un bébé.

L'odeur du gel douche te saute soudain à la gorge. Elle qui d'habitude te réconforte - l'odeur du savon utilisé lors de votre première douche ensemble - te semble soudain déplacée, obscène et complètement hors sujet. Tu exècres de sentir l'amour au moment même où Chad le remet en question. Une bouffée de chaleur te submerge, la déglutition devient difficile. Impression d'étouffer, de tomber dans le vide. Le sol se disloque sous tes pieds, tu te cramponnes discrètement à la chaise pour ne pas laisser le vertige l'emporter sur ta lucidité de lendemain de cuite. Il y a un silence durant lequel le passé resurgit. Lourd, pesant, insupportable. Des scènes qui se bousculent et se superposent ; des souvenirs de lunettes de soleil pour cacher tes coquards et de menaces proférées sur le coup de la colère, devant tous les passants : " Si tu me quittes, je te tue. "

Soudain, ton regard se braque sur lui. Les fissures laissées le long des parois de ton âme par la portée de ses propos s'étendent et rendent ton comportement instable. La peur s'insinue comme un poison dans tes veines tandis que l'envie de vomir te fait ravaler un spasme douloureux. Qu'on se comprenne bien ... Le ton est stérile, ridiculement soucieux du détail, comme s'il était possible de trouver d'autres sens à ses propos mais il n'en est rien. Chad est déjà en train de tout te reprendre, à commencer par ta santé mentale en syncope de s'imaginer privée de son âme soeur. Tu utilises le mot " ça " pour parler de moi où du Casino ? Il n'y a pas d'agressivité, ta voix décroit à mesure que l'évidence s'impose à ton esprit torturé : Dans le premier cas de figure je vais te laisser un moment. Pour aller vomir ... Dans le second, rassure-toi, j'ai démissionné par mail. Dans le couloir menant au salon, juste avant de le rejoindre. Mais c'était déjà trop tard. Tu le vois bien dans ses yeux qui t'aspirent comme des trous noirs. Voilà pourquoi il n'y a aucune satisfaction dans le fait de lui annoncer la nouvelle. Tu sais qu'au stade où vous en êtes, Chad n'en est déjà plus à se réjouir de ce genre d'informations.

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de l'expérience humaine de ressentir de la
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n'aie pas peur
ouvre-toi à elle
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Plus rien ne l'impressionne, même pas le regard froid que lui lance Isaak, même pas sa grimace en descendant son verre d'aspirine. Chad sait que cette discussion sera douloureuse parce qu'elle terminera forcément mal. Elle ne peut que finir sur une mauvaise note lorsqu'il s'agit d'une promesse non tenue. La cabine d'essayage est en train de disparaître de sa mémoire. Son corps panique, brûle les traces de toutes déceptions pour éviter de se faire trop mal. Max tremble mais les larmes sont loin, il ne les sent plus lui réclamer liberté. La gorge nouée, les mots de son époux lui font lever les yeux. Hors de question de les baisser, il assumera tout de ces blessures et de sa colère. C'est ce qu'Isaak lui a appris : ne plus se rabaisser, jamais. Et même si l'envie de s'effondrer le déséquilibre, le colosse ne répond pas aux paroles de sa moitié. Il le laisse réagir, accepter la réalité, faire face à ces fissures qui n'en peuvent plus de s'infecter.

Il a démissionné. Oui. Et après ?
C'est à cette vie là qu'ils sont destinés ? Chad priant de son côté pour ne pas qu'Isaak retrouve sa vraie nature et l'autre plongeant à même ses vices ? Est-ce une vie ? Ou même une relation ? Cacher sa vraie nature parce que la réelle les briserait ? Chad soupire, en vient à se dire que le mauvais choix s'est fait à New York. Isaak n'avait qu'a pas le choisir lui en sachant que leurs essences étaient trop différentes l'une de l'autre.

Lui aussi s'est fait la promesse de ne pas déborder mais Max a besoin de parler, c'est vital, s'ils ne s'expliquent pas maintenant, ils ne le feront jamais. Et si après cette scène ils en viennent à se quitter, le blond aura besoin d'entendre la voix de Felix dans sa tête, de la laisser résonner dans tout son corps et le torturer. Ça … Son index tape contre la table pour donner une meilleure portée à ses pensées. C’est cette promesse que tu m'as faite et que tu n'es pas capable de tenir. Ça, c'est ta façon de foutre en l'air notre mariage et de me regarder droit dans les yeux au petit matin sans même essayer de me rassurer. Son cœur se gèle au fil des mots, il se sent cassé, courbaturé, plus triste que ce jour là encore à l'hôpital où Wilf venait de lui tirer dessus et qu'il était persuadé de ne plus jamais revoir Isaak. Là il a à nouveau la sensation d’être dans la même situation mais celui qui tient l'arme se trouve en face de lui, des particules d'ivresse encore incrustées au fond de ses yeux.

Ne me dis pas que cette vie là te rend heureux. Fin je sais pas … regarde-nous. Pas Toi, il ne veut pas lui rejeter toutes les fautes dessus et préfère s'inclure dans le lot de ce qui ne va pas. Dès que tu as l'occasion de quitter ces murs tu pars en vrille. Si je t'offrais une vie qui te correspond tu n'aurais pas besoin de courir après toutes ces chimères … Je. Merde. Il râle en donnant un coup dans sa tasse à cause de ses gestes qui ne savent plus se mettre à leur place. Je suis désolé de t'avoir fait tout perdre en te faisant venir ici. Je le savais …. C'était voué à l'échec. T'entends ? C'était trop beau et on sait tous les deux que la vie est pas généreuse. Chad se redresse, les épaules lourdes, les larmes au bord des yeux cette fois. S'il est fort pour contenir ses sentiments, Isaak est une donnée à part qui lui fait perdre ses moyens. Éponge à la main, il essuie la tisane et passe une main sur son front pour essuyer le stress qui le dépasse.

Tout ici t'appartient. Si quelqu'un doit s'en aller, c'est moi. Cette fois, Chad hausse les épaules, baisse les yeux pour laisser les larmes le prendre en traitre. Il a eu le temps d'y réfléchir et la vérité lui fait un mal de chien : tu ne sauras jamais le rendre heureux.
Un mot de sa part et il partira.
Chad ne cherche plus à lutter face à cet échec.

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Quelle idée de demander des précisions.
Sa réponse te fige, emplie ta gorge de goudron qui brûle tout sur son passage avant de se mettre à sécher, empêchant toute réponse d'être formulée. La douleur est si grande qu'avoir de bonnes raisons autres pour justifier tes heures supplémentaires devient secondaire. Ne reste que le silence honteux de celui qui s'incline face aux reproches de l'être aimé. Rien d'autre ne compte quand on réalise que l'on a blessé l'homme de sa vie plus profondément qu'on ne le pensait ; que l'on comprend soudainement que le problème n'est pas le contexte mais la nature profonde du coupable. Les rôles s'inversent, Chad s'affirme quand tu ne fais que détourner le regard, baissant les yeux et la tête comme un enfant pris sur le fait. Après quelques secondes d'immobilité soumise, ton regard s'accroche à la première chose qui l'interpelle : la baie vitrée sur ta droite et ce paysage magnifique devant lequel tu lui faisais ta demande en mariage. Le plus beau jour de ta vie. La certitude d'avoir enfin trouvé ta place dans l'univers. La confiance aveugle en l'avenir et en votre union. Quelle bêtise d'avoir cru qu'une bonne étoile veillerait sur vous en permanence. Il aurait fallu kidnapper l'une de celles présentent au dessus de vos têtes, dans la grotte. Aujourd'hui, ne reste qu'un souvenir persistant sur la rétine lorsque tu fermes les yeux tout en inspirant profondément pour refouler l'angoisse que génère la tournure prise par la conversation.

Chad s'attaque aux fondations, remet en question votre amour jusque dans le fait de s'accuser pour tes travers les plus détestables. Jamais tu n'as autant maudit le monde de la nuit qu'en l'entendant se dénigrer, prétendre qu'il ne fait pas le poids face à toutes ces tentations. Cette idée relance l'accumulation de larmes sous tes cils. Au moment de poser les yeux sur sa tasse qui vacille, la conviction d'être le dernier des connards t'accable et de te garde immobile là où tu te serais précipité pour être certain qu'il ne se soit pas brûlé, en temps normal. Il n'y a rien de normal ce matin. Tout n'est que chao et pertes de repaires. La peur panique de le voir se lever en parlant de partir rend le soleil d'Australie plus terne que celui de New York. Soudain, le monde entier devient gris. Max est l'artiste peintre de ton existence, la couleur, le seul capable de raviver les contrastes. L'imaginer reculer ne serait-ce que d'un pas provoque un sentiment d'effroi qui remue la vase de ton esprit tourmenté. Sûr que tu es un sale type puisque tu es la cause de ses larmes. Tu ne le mérites pas. Tu te dégouttes.

- Je te demande pardon de te faire douter. Ton bras se tend, main hésitant à saisir la sienne, laissée en suspend comme si ta vie se jouait sur cet échange. Des aveux arrachés à la glue visqueuse qu'est en train de devenir ton coeur t'échappent et volent jusqu'à lui dans l'espoir de le retenir. Je suis heureux avec toi, Chad. Je sais que je m'y prends mal pour te le montrer au quotidien. Une larme roule le long de ta joue. " Mettre l'accent sur les petites choses du quotidien " est un conseil que tu n'as écouté que d'une oreille aux séances d'accompagnement du conjoint, comme à chaque fois que tu pêches par orgueil en étant persuadé de ne pas avoir besoin d'aide. Impossible de retenir le sanglot qui te secoue lorsque tu réalises que tu en aurais aujourd'hui bien besoin pour être un meilleur époux. Ton bras retombe le long de ton flanc. Pas la force de te lever. Seul ton regard humide parvient à se redresser pour chercher celui du blond. Comment peux-tu croire que tu m'as fait tout perdre alors que tu m'as tout donné ? Tu tentes de contenir l'émotion de ton mieux mais ne trompes personne, ta voix tremble autant que ton corps secoué de sanglots. C'est moi qui ne suis pas à la hauteur. C'est moi qui suis désolé.

Lorsque le barrage cède, ton premier réflexe est de te couvrir le visage de tes mains et d'y presser fermement les paumes. Revoilà les étoiles : derrière tes paupières comprimées, elles explosent en gerbes d'étincelles aussi fugaces que le frisson qui te secoue. Un mythe s'effondre. Felix Twist, Isaak Coalman - peu importe son nom -, cet extravagant personnage n'est rien de plus qu'un homme ruiné. Pas d'avoir perdu son entreprise, l'empire de ses parents et sa vie de millionnaire mais par l'incapacité de rendre heureux celui qu'il aime.

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Chad est en colère, déçu de voir son couple ruiné alors qu'ils avaient tout à portée de main. Les joues creusées par la tristesse et la fatigue de devoir luter sans cesse contre ses doutes, il se retourne vers les tiroirs de la cuisine. Mauvaise signe. Ses mains tremblantes fouillent pour attraper ses traitements et les mettre dans un sac plastique. Max fait attention à ne rien oublier, répertorie les boîtes avant de refermer le plastique qui fait un bruit désagréable. Il n'a encore jamais pris la décision de ranger ses cachets, de les emporter avec lui. Lorsqu'il fait face à Félix qui s'excuse, bizarrement, il ne parvient plus à pleurer avec lui. Ses larmes font taire celles de l'ours qui ravale toute sa tristesse pour garder au fond de lui ce qui le chagrine. Il a déjà tout dit de toute façon, des dizaines de fois sans jamais se faire entendre.

Max le regarde faiblir, les épaules lourdes, pleine d'incompréhensions et d'accusations qu'il ne peut décemment pas garder pour lui. Ça ne sert à rien ce que tu fais. Il le pointe du doigt, la colère au fond du regard ; la déception le rend à fleur de peau. Pleurer et t'excuser n'arrangera pas les choses, ça ne prend plus Isaak. J'ai été naïf avec Eros mais je ne te laisserais pas prendre la relève. Il fallait venir plus tôt pour ça. Non pas que lui soit blanc comme neige mais le prendre dans ses bras comme avant est une tâche plus difficile. Max l'aurait fait s'il n'avait pas tué pour lui, s'il ne s'était pas détruit le moral au point de finir à l'hôpital avant d'arriver en Australie. Bien sûr qu'il était consentant, qu'il ne regrette en rien son geste mais ce lien si profond rend les choses plus compliquées. Il inspire, passe une main sur son visage et se dirige vers leur chambre où il attrape son sac de sport pour y mettre quelques vêtements -ceux qu'ils ont acheté ensemble avant qu'il ne reprenne le travail. Chad ne prend pas le temps de trier et de laisser ce fameux short ici pour ne pas être pris d'un conflit interne. Il fait si vite, passe ensuite par la salle de bains pour récupérer sa brosse à dents, prendre deux serviettes, du gel douche ... toutes ces bêtises qui laissent entendre qu'il s'en va, que tout est terminé.

De retour dans la cuisine, le chat le regarde de ses grands yeux, du genre 'qu'est-ce que je deviens moi ?' et Max reprend la parole. S'il va vite, c'est pour se donner le courage de s'en aller, de ne pas faillir une nouvelle fois face à son courage ; il ne se le pardonnerait jamais. Je te laisse Maurice. Je te tiens au courant quand je sais ce que je fais de mon côté. Hors de question que le chat se retrouve dans un motel bidon ou dans une chambre en colocation avec dieu sait qui. Chad a peu d'argent et sait qu'en quittant cette maison, il se devra de retomber rapidement sur ses âttes.

Il attrape les clés sans être certain d'être en état de conduire et enfile sa veste. Son corps est sec, il pourrait pleurer de la poussière en voyant Isaak dans un tel état.
A ce stade, Chad ne le regarde plus, souffrirait trop de le voir si abattu.

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Combien de temps passé à ruminer, assis seul à la table du déjeuner ? Des heures si l'on s'en tient à la luminosité qui décroit, embrasant la pièce d'une lumière aux couleurs pourpres. Malgré l'ambiance chaleureuse de la pièce, jamais tes mains n'ont été aussi froides : Chad est parti. Comment as-tu pu le laisser franchir le pas de cette porte ? Qu'a-t-il bien pu se passer dans ton cerveau au moment de le voir revenir de la salle de bain, son sac de sport sous le bras ? Incompréhension totale, état de choc : la scène repasse en boucle dans ta tête :

Il attrape les clés de la bagnole qui grelottent sous ses doigts tremblants. Chad articule, mais tu ne l'entends pas. Le son a disparu en même temps que les couleurs, en même temps que tu comprends que tu le perds, que c'est fini, qu'il s'en va. Ton cerveau enregistre chaque traits de son visage, de la racine que ses cheveux blonds à l'angle de sa mâchoire serrée lorsqu'il appuie sur la poignée. Capture d'un souvenir qui deviendra un cauchemar par la suite, à n'en pas douter. Les gonds grincent sur son passage tandis qu'un courant d'air te fait frisonner d'effroi. La porte claque. Il est parti.

Pas un repas de la journée, pas un verre d'eau, rien. Ton cul vissé à cette chaise pendant ce qui te semble être des siècles de chute libre passée à chercher un sens à ton existence. Maurice te sort de ta tétanie en sautant sur tes genoux. L'animal à faim ; ses câlins de réconforts distribués tout au long de ta journée de mutisme immobile deviennent plus insistants, exigeants presque. Tel un zombie, tu te lèves, vacilles un peu et te mouches maladroitement. Après avoir servi le rouquin en croquettes, l'angoisse de ne pas savoir où Max est allé te saute au visage. Et s'il s'était planté au volant ? Quand bien même ça ne serait pas le cas, tout ce stress émotionnel risque de lui provoquer une crise. L'inquiétude déforme les traits de ton visage tandis que tu dégaines ton portable. Ton esprit encore en perdition dans le néant cherche désespérément son phare au point de t'en remettre à la technologie que Chad déteste mais qui se résume désormais à votre unique moyen de communication. Impression désagréable de revenir aux premiers jours de votre histoire, lorsqu'il fallait prouver au blond que tu n'étais pas un Eros numéro deux.

La douleur provoquée par ses propos concernant l'italien fait encore trembler tes doigts au moment d'envoyer le texto ...