Un homme n'est jamais si grand que lorsqu'il est à genoux pour aider un enfant.

Une petite promenade, rien de mieux que de prendre l'air, de profiter de la nature, de la jolie ville de Bowen. Tu aimais tellement ta ville que tu voulais la faire aimer à ta fille aussi. Maintenant que tu avais le temps de profiter d'elle, tu n'allais pas t'en priver. Nelligan pouvait continuer de poursuivre ses études, toi tu avais Lena qui te donnait un sacré coup de pouce à la boutique lorsque tu n'y étais pas. Et même quand tu y étais en fait. Lexi avait eu un an, elle se déplaçait à quatre pattes et tentait de se mettre debout, à croire qu'elle était pressée de se mettre à marcher. Tu avais étalé un plaid au sol pour qu'elle puisse jouer à l'ombre. Les chaleurs étaient encore douce mais tu ne voulais pas prendre le moindre risque. Depuis que tu étais maman, tu faisais beaucoup plus attention aux petites choses de la vie. Après une deux bonnes heures à respirer l'air frais, il était temps de rentrer pour s'occuper du goûter et du repas du soir. Avec les cours de Jake, tu avais pas mal progressé en cuisine et tu réalisais de plus en plus de petits plats. Pour le bien-être de Lexi, mais aussi pour le bonheur de Nelligan. Il était maintenant rare pour vous de commander des plats, sauf quand Lexi était chez ses grands-parents, là vous retombiez dans vos vieilles habitudes et vous profitiez pour passer la journée au lit. Une fois que tout était rangé dans la poussette, tu pris la direction de la maison. Tu ne remarquais pas le doudou de Lexi se faire la malle alors que tu marchais tranquillement. Tu entendais une voix derrière toi, qui te poussait à te retourner sans même savoir si c'était à toi qu'on s'adressait.  « Oui ? » Tu affichais un léger sourire au jeune homme qui tenait dans sa main un objet qui t'appartenait. Il ne tardait d'ailleurs pas à te demander, si c'était bien le tien. Tu hochais la tête, faisant faire un demi-tour à la poussette pour que Lexi puisse réagir. Mais la petite s'était déjà assoupie. « Oui, merci beaucoup, sans son doudou, la sieste en fin de journée aurait été une véritable catastrophe. » Tu fis une grimace, tu te souvenais déjà d'une fois sans et tu n'avais pas envie de le revivre un jour. Tu n'avais pas de double de cette peluche là, tu l'avais cherché partout sur internet, mais sans succès.  

Un jeune homme s'était approché de toi pour te demander si c'était bien le doudou de ta fille et tu avais fait un grand sourire en le voyant. Tu ne t'en étais pas rendue compte et tu étais contente de voir que l'inconnu s'était tout de suite dirigé vers toi. En même temps, il l'avait sûrement vu glisser de ta poussette. Tu n'étais pas la seule maman présente dans le parc et avant qu'il ne t'aborde tu ne lui avais pas prêté une grande attention. Si ça se trouve, tu étais la troisième, la cinquième ou même la dixième qu'il abordait. Tu essayais de ne pas y penser parce qu'à ce rythme là tu pourrais très vite arriver sur les théories où le jeune homme serait un fou qui voudrait te kidnapper ta fille et toi. « Vous n'avez pas idée ! » Et encore tu n'avais pas vraiment à te plaindre, elle était encore petite, pas du genre à courir dans tous les sens et à cacher son doudou et sa sucette dans les moindres recoins de la maison. Tu avais eu des témoignages d'autres mamans et tu l'entendais parfois de la bouche des professionnelles de la halte-garderie où elle passait quelques heures. Tu voyais les visages de ces mamans se décomposaient quand on leur expliquait qu'on arrivait pas à mettre la main dessus. C'était vraiment problématique quand l'enfant refusait les doudous et les sucettes de secours. Pour les sucettes, Lexi n'était pas vraiment du genre à les refuser, pour le doudou, elle y tenait pas mal, elle l'avait souvent avec elle. « Lexi et elle vient d'avoir un an. » Même s'il ne l'avait pas encore demandé, tu lui donnait l'information, en général c'était souvent la question qui venait après. Sauf si les personnes se sentaient assez courageuses pour essayer de deviner. En général ils se trompaient à un mois près, ce qui était vraiment pas mal. Toi-même tu étais très mauvaise pour trouver les âges des autres. « Oh oui ! Vous en avez un vous aussi ? » demandais-tu avec un sourire poli sur le visage. En général les personnes qui venaient te parler d'enfants étaient des gens qui en avaient eux-même et qui voulait faire une espèce de comparaison. Histoire de voir si ça se passait aussi mal chez les autres que chez eux.

Tu pourrais lui dire que tu ne pouvais pas le savoir avant de l'avoir vraiment vécue mais tu préférais éviter de le vivre un jour. Tu avais déjà vu des enfants faire de grandes colères - même si ce n'était pas vraiment de la colère, pour un enfant de cet âge, l'émotion était si grande qu'elle prenait simplement le pas sur tout le reste - et la détresse dans les yeux de leurs parents, prêt à faire tout ce qu'ils pouvaient pour que les pleurs s'arrêtent. C'était parfois aussi le sujet du jour lors des débats pour les jeunes parents, vous échangiez vos astuces pour faire passer l'enfant à autre chose. « Elles changent à chaque année c'est vrai ! » Dans les premiers mois c'est l'inquiétude lorsqu'il ne mange pas, qu'il ne dort pas, quand il fait de la fièvre sans autre signe à côté, puis après c'est les dents. Puis une fois qu'ils ont bien grandis, qu'ils commencent à se déplacer, c'est l'inquiétude lorsqu'ils veulent se mettre debout et qu'ils tombent. Puis la parole, la gestion des sentiments et ainsi de suite. Tu t'arrêtais là parce que tu n'étais pas aussi loin que ça toi encore. Elle gazouillait, bafouillait quelques syllabes au passage, elle avançait à quatre pattes et se mettait debout parfois mais pas beaucoup plus. Lorsqu'on avait un enfant, on obtenait l'inquiétude avec, ça allait de paire. « Je crois qu'une fois qu'on a des enfants, c'est déjà le début des problèmes. » ajoutais-tu en rigolant. Mine de rien, ça obligeait d'adopter un nouveau mode de vie et quand on y était pas préparé, ça pouvait vite tourner au cauchemar. Par chance, tu avais Nelligan avec toi, vous formiez une bonne équipe en tant que parents et rien que pour ça, ça t'enlevait une bonne épine du pied. « Si cela doit se faire, alors ça se fera, il ne faut pas se mettre la pression pour ça, sinon on n'a pas fini. » Avoir des enfants étaient une décision qui se prenaient le plus souvent à deux dans un couple et ça ne se faisait que lorsque les deux parties se sentaient prêtes. Autrement ça ne pourrait pas marcher. Et il fallait aussi ne pas oublier qu'on ne sentait jamais prêt jusqu'au moment où on ne pouvait plus faire marche arrière. Tu te souviens de cette nuit, à presque sept mois de grossesse où tu avais pris peur en voyant que tu étais incapable de monter le lit. « Oui mais avec ceux des autres ce ne sera jamais pareil qu'avec les siens, bien souvent ça se passe mieux même et on se sent vite démunis avec les nôtres ! » Tu avais souvent fait de la garde d'enfants parce que tu aimais le contact avec les tous petits et tu te souviens de ces parents te mettant en garde sur la façon dont il fallait coucher leurs petits et que toi, après une simple histoire, ils s'étaient endormis sans un pleur, sans un cri.