Tian&Jude + Are you afraid of the dark ?

Travailler de nuit, c’était toujours difficile. L’horloge biologique n’y comprenait jamais rien, amenant tous les symptômes de la fatigue alors qu’il fallait rester extrêmement concentré. Les urgences la nuit, il s’agissait très souvent de cas lourds et à gérer rapidement en étant le plus efficace possible. Et vu qu’il y avait très régulièrement de personnes alcoolisées ou sous drogues, il fallait aussi gérer l’agressivité. C’était compliqué, et bien différent des journées ou Jude était en poste à l’hôpital. Souvent elle préférait. Elle aimait bien ce contact calme et posé avec les patients, alors que les urgences n’amenaient que du stress et bien souvent quelques engueulades avec les collègues puisqu’il fallait s’organiser bien trop rapidement sur qui faisait quoi.

C’est justement après avoir géré un coma éthylique que Jude croisa un visage qu’elle avait déjà croisé plusieurs fois ici. Il semblait prêt à partir, et Jude se remercia intérieurement d’être arrivée à temps. Elle remarqua instantanément son vêtement taché de sang au niveau de la hanche. La blonde s’approcha de lui « Bonsoir Tian Shu. Ca va aller pour marcher ? » Elle ne savait pas encore à quel point la blessure était sérieuse mais elle allait vite le découvrir.

Une fois dans la petite salle, Jude commença à préparer le matériel nécessaire pour désinfecter la plaie. La question lui taraudait évidemment l’esprit mais elle n’osait pas la poser. Elle le devait pourtant. « Comment… Vous êtes vous fait ça ? » Elle devinait évidemment la réponse mais peut-être aurait-elle plus de détails utiles. Le désinfectant pour la plaie était prêt. « Ca va piquer un peu » Préféra t’elle prévenir, bien qu’il ait sans doute l’habitude maintenant. Et c’est à cet instant là qu’elle remarqua cette drôle de marque, cette phrase effrayante, ineffaçable. Elle jeta un regard vers son patient, pas réellement sure de comprendre. Elle préférait qu’il prenne la parole le premier, car là, les mots lui manquaient.

are you afraid of the dark ? feat Jude Darwin

Tu aurais donné énormément à ce moment-là pour que Jude soit appelée en urgence ailleurs et qu’une de ses collègues prennent sa place. Tu te sentais pâlir. Ta gorge se serrait encore plus. Tu mis plusieurs minutes à réussir à répondre. Ajouté à ça, tu étais encore en psychose. Les contours des objets ondulaient, les couleurs se modifiaient sans logique. J’allais aller fumer donc j’imagine que oui. Tu avais à peine mal, habitué à la douleur physique même si tu la haïssais à cause des souvenirs qu’elle ramenait.

Tu la suivis dans la salle de soins. Tes jambes allaient finir par lâcher, vu comment elles tremblaient. Tu avais l’impression d’avoir une voiture sur la poitrine. Encore une merveilleuse nuit. Tu en étais presque à ouvrir les paris avec tes hallucinations auditives du moment pour savoir comment elle pourrait devenir encore pire qu’elle ne l’était actuellement. Tu ôtas ta chemise puis ton t-shirt, te voyant mal lui demander si une de ses collègues ne pouvait pas s’occuper de toi à sa place. Tu avais plusieurs fois été pris en charge par Jude et vous aviez sympathisé, tu ne voudrais pas qu’elle pense que tu ne voulais plus la voir.

Tu lui jetas un rapide regard en coin. Comme d’habitude. Lame de couteau, je dissociais tellement que je n’avais pas réalisé l’importance de la plaie. Mais comme d’habitude, j’imagine que c’est mieux ça qu’une autre TS… En l’occurence, tu aurais presque préféré une TS que le fait de savoir que ce n’était plus qu’une question de secondes avant que les yeux de Jude ne se posent sur cette putain de marque. Tu sentis son regard sur toi. Lentement, tu fis de même. Elle semblait attendre que tu dises quelque chose. Tu n’avais pas la moindre idée de quoi dire, toi non plus. Des potes de fac complètement débiles ? Non, ça marcherait pas. Ca se voyait que ce n’était pas du stick n poke, mais bien une vieille brûlure dont tu sentais parfois autant la douleur que lorsque l’on te l’avait faite.

Ca… ça a quasiment vingt-cinq ans. Et ça n’était pas la meilleure chose à dire. Meilleur moyen de la faire se poser encore plus de questions.Tu te pris le front dans la paume de ta main, soupirant longuement.

by evil triangle

Spoiler:

Allait-il réellement fumer ou voulait-il finalement fuir ? Jude ne le saurait probablement jamais. Elle était arrivé à temps et c’était là le principal. Ils étaient maintenant en salle de soins et elle lui avait posé la banale question que les infirmières posaient toujours. Lame de couteau. Elle hocha la tête, n’émettant aucun jugement. Après tout son métier consistait à aider et soigner, non pas à donner un quelconque avis ou conseil. « D’accord. » Elle ne releva pas la question de la TS car elle était toujours mal à l'aise avec ça et avait toujours du mal à en parler. La plaie n’était pas jolie à voir et plutôt profonde en plus de ça. Mais Jude avait l’habitude désormais. Ca n’était pas la première ni la dernière plaie du genre qu’elle soignerait.

Sauf que Jude venait de découvrir quelque chose qui lui faisait froid dans le dos. Elle ne saurait donner une explication elle même à cette chose et attendait de la part de son patient au moins quelques mots là dessus. Il se contenta de dire que cela avait quasiment vingt-cinq ans. Jude reposa son regard sur la marque, comprenant finalement que Tian Shu ne voulait pas en parler. Mais tout de même ! Il ne pouvait pas la laisser comme ça, sans explication. Elle aurait voulu qu'il la rassure tout de suite, voire même qu'il lui mente, mais il ne le fit pas. « Qui… Qui vous a fait ça? » Osa t’elle finalement demander après de longues secondes de silence.

Spoiler:

Le silence se faisait de plus en plus pesant. Tian-Shu ne disait rien de plus, et Jude ne savait plus ou se mettre. Comme si le temps s’était arrêté. Elle imaginait le pire, tout un tas d’horreur qui aurait pu arriver au jeune homme, des horreurs auxquelles elle n’avait jamais voulu croire jusqu’à présent. Perdue dans ses pensées, elle ne se rendit compte que trop tard que Tian Shu s’était gratté à sang. Il fallait se reprendre ! Et ne plus se laisser dépasser par ses émotions. Elle avait pourtant appris à le faire, mais parfois, c'en était de trop. Jude se leva rapidement, prête à enfin reprendre son rôle d’infirmière. Elle prit le matériel nécessaire et se replaça près du patient.

Mais la question la taraudait toujours. Il disait qu’elle n’avait pas envie qu’il y réponde. Et il avait raison. Jude ne le souhaitait pas, surtout qu’elle se rendait bien compte qu’il n’était pas à l’aise. Mais l’infirmière qu’elle était n’avait pas réellement le choix. Ca n’était pas de la curiosité morbide ou malsaine, cela faisait simplement parti de son devoir. La marque n'était certes pas récente, mais cela ne voulait rien dire, finalement. « Est ce que vous… Encourrez un quelconque danger ? » En dehors de celui qu’il pouvait se faire à lui même. Il avait bien dit que cela avait plus de vingt cinq ans mais après tout, les sévices psychologiques, c'était une toute autre affaire... « Dites moi qu’ils ont été punis. » Lança t’elle enfin. C’était un supplice pour elle de ne pas savoir, finalement.

Il n’en savait rien. C’était peut-être même pire que tout. Ne pas savoir si on était en danger, c’était ne pas savoir si on était en sécurité à chaque pas dehors. Même chez soi. Jude n’arrivait même pas à imaginer ce que son patient avait pu vivre. Elle prenait petit à petit conscience que finalement, ce genre de choses existait réellement. C’était tellement contraire à tout ce qu’elle avait côtoyé jusqu’à présent… Jusque là, le seul enfer que Jude avait côtoyé, c’était le fait de s’être retrouvée bourrée dans un bar, submergée par la honte. Il y avait tellement pire ailleurs… « Comment je vais pouvoir vous laisser repartir si vous n’en savez rien ? » Elle s’en voudrait toute sa vie, si il lui arrivait quelque chose, maintenant qu’elle savait. Ils étaient liés par un secret inavouable, affreux, sans doute un cauchemar pour lui. Elle le regardait, ne sachant pas réellement quoi ajouter.

Il hésitait à lui en dire plus. Pourtant il pouvait avoir confiance. A défaut d’en savoir plus, l’infirmière restait confrontée au secret médical. Et même sans cela, elle était une personne de confiance. Il avoua alors être tenu au silence, et être phobique des policiers. C’était en effet délicat, sans nom ou adresse. Jude osa demander « Et vous savez… Pourquoi… Pourquoi vous ? » Toutes les victimes se valent évidemment. Jude voudrait juste comprendre. Pourquoi et comment s’était-il retrouvé dans une telle situation. « Rien ne devrait rester impunis. Surtout si… Ils agissent encore… » Elle n’osait pas imaginer. Elle ne le voulait pas.