Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: Bleu encre et bleu cyan + Liam 23/11/2018, 20:52
Début de soirée. Salomé a terminé ses consultations. Son métier la passionnait mais elle ne pouvait nier que les journées étaient longues et éprouvantes. Elle prennait son temps et faisait en sorte que les enfants se sentent bien. Les nourrissons, bébés et plus grands. Elle suivait de nombreux enfants et parfois certains depuis leur naissance. Alors forcément elle s'y est attachée. La vie a fait qu'elle n'avait pas encore eut la chance de concevoir un enfant mais elle pensait de plus en plus à l'adoption.
C'était une idée qui grandissait en elle de jour en jour. D'autant plus qu'elle se sentait toujours seule en rentrant le soir. Les bras de Léo l'ont consolé à un moment d'égarement mais il n'était pas envisageable qu'ils forment un couple ni même un semblant de couple. Pourtant désormais elle commençait à croire qu'elle était prête à rencontrer quelqu'un. Enfin, un peu. À reculons. Avec peur. Avec adrénaline. Avec envie.
Voilà pourquoi le coeur de Salomé ne fit qu'un bond en sortant de son cabinet. Il était là. Liam. Beau. Grand. Un sourire charmeur. Un regard pénétrant et profond. Elle était effrayée tout en étant excitée. Entre eux la séduction n'était qu'à un pas.
« ...are made of this. Travel the world and the seven seas. Everybody looking for something... »
La fin de journée approchait, et les pensées de l'ancien militaire étaient tournées vers la soirée qu'il attendait. A moitié anxieux, comme si c'était la première fois qu'il avait un rendez-vous avec une fille. Il se posait diverses questions, sans trouver de réponse. Peut-être était-ce un signe qu'il commençait à reprendre sa vie en main, se laissant trop dériver. Il refusait d'être aidé, d'assumer ce trouble post-traumatique qui le faisait parfois se réveiller en sursaut la nuit, le cœur battant à tout rompre couvert de sueur. Une part de lui trouvait ça malvenu. De proposer un rendez-vous à cette femme, alors même qu'il était séparé, même si le divorce ne tarderait pas à être posé sur la table, qu'il doive signer les papiers et accepter les clauses. Cette personne n'était pas n'importe qui. La Docteure Delacroix était la pédiatre de ses enfants, suivant son fils depuis quelques années, enfant précoce qui avait quelques difficultés. Des difficultés qu'il ne comprenait pas. En fait il se demandait s'il était un bon père. Où s'il n'avait pas tout raté. Comme beaucoup de chose. C'était le genre de chose auquel il pensait après avoir pris une bière ou deux, seul le soir chez lui quand il rentrait du travail.
Pourtant ce soir, il ne serait pas seul. Il avait invité ladite pédiatre. Elle avait accepté, même si elle aurait pu refuser. Il ne savait pas ce qui lui était passé par la tête quand il avait fait ça. Mais il ne pouvait pas reculer et la planter. C'était contre toute éthique. Le mieux était d'arrêter de penser, de ne pas se poser de question, et de laisser faire les choses comme elles devaient se faire. Le travail était justement ce qui lui empêchait de penser. De penser à tout ce qui allait mal, de penser à la solitude. S'il pouvait changer le passé, il l'aurait certainement fait, pour ne pas perdre sa femme, pour ne pas se retrouver démuni. Cela lui avait fait mal quand elle lui avait avoué qu'elle voyait quelqu'un, qu'elle avait une relation avec un autre homme, quant lui ressentait encore des sentiments à l'égard de celle qui était la mère de ses enfants, celle qui avait partagée plusieurs années de sa vie. Il avait accepté la chose, résigné. Elle avait le droit après tout, ils n'étaient plus vraiment ensemble. Il se sentait juste seul le soir, ce qui était sans doute le pire dans ce qu'il ressentait. Personne à qui parler, personne pour se soucier de soi. Alors il se laissait tomber sur le canapé, buvant quelques bières en rentrant du travail. Cette solitude commençait à le ronger, ressentant un manque, un vide au plus profond de lui.
Ce soir tout serait différent. Le garde du corps était rentré, se douchant avant de se remettre dans une tenue plus adapté, voulant paraître plus correcte auprès de la brune. Tout s'était fait naturellement, plus qu'il ne l'aurait pensé. Il attendit alors la pédiatre devant son cabinet, droit de son attitude militaire. Il se demandait comment la saluer. Et cela lui semblait bien moins naturel. La femme sortit de son cabinet, un sourire se dessinant sur ses lèvres, comme sur celles du garde du corps. Son regard se posant dans celui de la pédiatre.
- Bonsoir. Commença t'il, s'approchant de la demoiselle.
Il aura fallut du temps pour que Salomé accepte un rendez-vous galant. Cela signifiait aussi qu'elle acceptait son deuil. Qu'elle acceptait l'éventualité d'un nouvel amour. Il y a quatre ans, lorsqu'elle a perdu son mari, il lui semblait que jamais plus elle ne pourrait refaire sa vie. Jamais plus elle ne pourra aimer. Mais Salomé n'avait que vingt-neuf ans, aujourd'hui trente-trois, elle avait donc encore beaucoup à offrir.
Loin de là qu'elle allait d'ors et déjà donner son coeur à Liam, ça non. Elle devait apprendre à le connaître. À connaître ses intentions, ses principes. Il était hors de question qu'elle se lance dans une histoire sans lendemain. Lors d'une consultation il lui avait avoué qu'il s'est séparé de sa femme, ce qui pourrait éventuellement perturbé la vie de ses enfants. Cependant la pédiatre la rassura et lui donna même quelques conseils. Le plus important c'était le dialogue.
D'ailleurs en parlant de dialogue, Salomé avait perdu l'usage de la parole. Liam était élégant. Puis, le voir en dehors d'une consultation lui paraissait si étrange. Bonsoir finit-elle par dire à son tour, visiblement embarrassée. Elle qui avait l'habitude d'être avenante, point timide, eut bien du mal à ne pas baisser son regard. Elle sourit, inspirant un bon coup. Je ne sais pas pourquoi, ça me fait bizarre. De te voir... comme ça hésita t-elle à lui avouer avant de rire nerveusement.
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