between the bars (peter)

C’était vendredi soir. Le soir des fêtards. Et Dolorès n’avait rien à faire. Elle réalisait que même après deux ans passés à Bowen, elle n’avait pas de véritables amis. Ou disons qu’elle n’avait pas su se lier de véritables amitiés. Il y avait bien Andreas, mais c’était surtout l’escorting qui les avait rapproché. Et puis, c’était un homme occupé, amoureux, et surement pas disponible pour l’accompagner ce soir. La brune soupira, avant de repenser à ce bar ou elle s’était rendue mainte et mainte fois. Souvent dans le but de son travail d’escort, parfois seule simplement pour profiter de l’ambiance… Et de la sympathie du serveur. Ils avaient déjà discuté plusieurs fois. Dolorès avait même honte d’imaginer ce qu’il pouvait penser d’elle en la voyant avec tant d’hommes différents… Elle tenta de chasser cette pensée en allant se re-pouponer un peu. Fin prête, elle passa la porte sans oublier sa veste en cuir et son sac à main.

Le bar était agité. Normal pour cette fin de semaine. Dolorès alla vers le bar pour commander. Et par chance, ce fut son serveur préféré qui s'adressa à elle. « Bonsoir, Peter. » Un sourire se dessina sur ses lèvres. Pourquoi ? Elle n’en savait rien. « Je vais prendre un mojito, s’il te plait. » Elle s’était permise de le tutoyer, car après tout ça n’était pas la première fois qu’ils discutaient ensemble. Et ce soir, elle était venue seule. Alors si il en avait envie, ils seraient tout à fait libre de le faire encore.

Ce soir, c'était une soirée comme les autres. Tu embauchais assez tôt, pour ne pas dire à l'ouverture du bar. Depuis le temps que tu travaillais là, on te faisais confiance, tu n'avais plus forcément d'ordre à recevoir du patron. Il voyait en toi quelqu'un d'autonome et preneur d'initiative. Et c'était plutôt une bonne chose, ça te faisait gagner en confiance en toi au maximum. Alors en arrivant, tu installas la terrasse du bar, pour accueillir un maximum de clientèle et puis tu finalisais quelques petits trucs avant l'ouverture de ce soir. Il était 18h, c'était l'heure d'ouvrir les portes à toutes personnes qui voudrait venir boire un verre dans ton antre.

La soirée battait son plein. Il y avait les habitués, les gens de passage, les touristes ou bien les étudiants qui étaient venu faire la fête ce soir. En essuyant tes verres, tu observais de temps à autres la porte d'entrée de ce dernier. Ton sourire illumina le reste de ton visage quand tu observas une tête un peu familière. C'était Dolorès, la fille que tu voyais toujours accompagné d'un homme près d'elle, jamais le même toujours différent. Tu trouvais ça étrange mais tu n'avais jamais posé plus de questions. La jeune femme arriva vers toi et tu souris. « Bonsoir, Dolorès » répondis-tu à la jeune femme lorsqu'elle s'installa au comptoir devant toi. Elle était toujours sur une table un peu isolé, avec toujours un homme différent. Alors la voir près de toi, te faisait plaisir. « Je te fais ça sans tarder » dis-tu à la jeune femme en attrapant un verre pour faire son mojito. Un peu de citron, du sucre, de la menthe, une pointe de rhum tout ça avec de la glace et un peu d'eau gazeuse. Voilà que son verre était prêt, tu lui donnas avec ton plus beau sourire. « Voilà pour toi, c'est moi qui offre ! » dis-tu à la jeune femme en posa son verre devant elle. Il était rare que tu offres des verres mais aux gens que tu aimais bien, tu le faisais. « Tu es seule ce soir ? » demandas-tu, un peu curieusement à la jeune femme en regardant autour d'elle.

Dolorès se demanda soudainement si elle était ici pour l’ambiance sympa que dégageait ce bar ou pour le serveur. Elle fut honteuse à cette dernière pensée, qu’allait-elle s’imaginer ? L’ennui de sa vie monotone faisait qu’elle se rattachait à un peu tout et n’importe quoi. Après tout, difficile de ne pas le remarquer, surtout avec son sourire si communicatif. Il semblait content de la voir, c’était un bon point. La brune avait commandé son cocktail préféré, il la servit rapidement, annonçant qu’il lui offrait. « Oh, merci. C’est trop gentil. » Lança t’elle touchée du geste. Néanmoins, en attendant sa question suivante, elle aurait préféré s’étouffer avec sa gorgée de mojito. Seule ce soir…. Il avait donc remarqué ses nombreux et différents camarades de soirées des fois précédentes. Et ça la gênait énormément. Il devait avoir sans doute une sale image d’elle. Mais après tout, c’était peut-être précisément ce qu’il imaginait. Dolorès était une escort girl, une « pute » pour certains, même si ça faisait mal à entendre. Ce qu’ils ignoraient, c’est que sa carrière était sur la fin et que cela faisait bien longtemps qu’elle se contentait simplement d’accompagner les hommes seuls et rien d’autre. « Euh, oui. » Répondit-elle simplement en rougissant. Elle aurait voulu disparaître sous terre. Il était vraiment temps d’en finir avec ce job miteux, qu’elle cesse de se sentir rabaissée à chaque fois. « Ca n’est pas ce que tu crois ! Pour… Tous ces mecs. » Même si ça la tuerait d’avouer la vérité, elle voulait au moins paraître moins dévergondée que cela en donnait l’air.

Voir une tête brune si familière te faisait plaisir, ce soir. Pourquoi ? Tu ne savais pas trop, mais tu aimais voir la jeune femme dans le coin. Comme si au fur et à mesure de ses visites, elle était devenu un repère dans ce bar rempli de gens inconnus. Alors lorsqu'elle commanda son verre, tu ne pu t'empêcher de lui offrir après lui avoir préparé avec soin. « C'est la moindre des choses, ça me fait plaisir » répondis-tu avec ton plus beau sourire. Tu reprenais ton torchon pour continuer à essuyer les verres que tu avais lavé quelques minutes avant, mais tu restais près de la demoiselle à qui tu venais de demander si ce soir elle était seule. D'habitude, elle était toujours accompagné, ce que tu trouvais intriguant, d'ailleurs. Elle avait l'air troublé, par ta question. Et elle répondit aussi vite que l'éclair. Ce n'était pas ce que tu croyais, mais tu ne croyais rien de spécial. Peut-être aimait-elle la compagnie des hommes ? And so what ? Tu n'étais personne pour juger ce qu'elle faisait après tout, tu ne la connaissais pas, ou très peu. Mais tu avais toujours voulu en savoir plus sur elle. « Whoa, je ne crois rien du tout » répondis-tu en levant les bras en l'air pour prouver ton innocence. Tu reprenais ton affaire toujours en gardant un oeil sur elle, mais il s'avère que maintenant tu te posais des questions. Qu'était-elle ? Que faisait-elle de sa vie ? C'était un mystère. « Tu fais ce que tu veux, Dolorès, je ne suis personne pour te juger, tu sais » avouas-tu à la jeune femme derrière un sourire timide. C'est vrai, tu n'étais personne dans sa vie pour donner ton avis. Et puis elle te parlerait peut-être de ce qui avait l'air de la tracasser.

« Whoa, je ne crois rien du tout » Dolorès releva les yeux vers lui, bouche bée. Elle se faisait des idées. Evidemment ! Pourquoi fallait-il qu’elle pense au pire à chaque fois et qu’elle se sente constamment jugée ? Peter n’était sans doute pas curieux ou du moins pas intrusif à ce point là. Et c’était tout à son honneur. « Oh… » Lança la brune en baissant les yeux. Décidément, elle s’était foutue la honte toute seule. Peut-être même qu’il se fichait éperdument d’elle et de sa vie. En bossant dans un bar, il devait sans doute voir pas mal de scènes du genre après tout. « C’est gentil… Pardonne moi, je me suis montée la tête toute seule. » Elle avait cru qu’avec la question qu’il lui posait, il s’étonnait qu’elle soit seule, voire même qu’il émettait un jugement. Mais elle était rassurée de savoir que ça n’était pas le cas. Et puis, elle n’avait absolument pas envie pour le moment qu’une personne de plus apprenne pour son job. Quoique…  Peter disait qu’il n’était personne pour juger… Mais dans tous les cas, ça n’était pas vraiment le lieu ou le moment adéquat. « Dis… » Lança t’elle en tournant sa paille dans son verre, observant les clients au bar. « Si tu n’es pas trop débordé, ça te dirait qu’on discute ? Comme les autres fois ? Tu pourras m’en dire plus sur toi. » Lança t’elle presque timidement.

Non, tu n'allais pas la juger. Tu ne la connaissais qu'à travers ses allées et venues dans le bar où tu travailles. Mais tu avais toujours voulu en savoir un peu plus sur elle, savoir ce qu'elle faisait dans la vie, qui elle était réellement au final. La brune baissa les yeux, stupéfaite que tu ne la juges pas. Pourquoi réagissait-elle ainsi ? C'était un mystère. Alors tu cherchais son regard. « Tu pensais le contraire ? » demandas-tu en ayant trouvé ses yeux dans lesquels tu te plongeais. La réponse allait surement être négative, parce que vous vous connaissiez peu, après tout. Mais tu voulais en être certain. « Y'a pas de mal, ne t'inquiètes pas » répondis-tu avec un sourire en posant ton torchon avec lequel tu essayais les verres sur ton épaule. Alors tu te mettais réellement en face d'elle pour entamer une conversation plutôt qu'accoudé derrière ton bar. Tu avalais un verre d'eau et tu le mis à laver, ensuite tu posas tes coudes sur le comptoir et tu croisas les bras. La jeune femme te proposa, après un long moment de silence, de discuter avec elle si tu n'étais pas débordé. Le bar s'était un peu vidé, et puis tu n'étais pas seul ce soir alors tu pouvais te le permettre. « Bien sûr, avec plaisir Dolorès ! » répondis-tu en souriant à la jeune femme. Après avoir balayé la salle du regard, tu confirmas tes dires. Les gens ne consommaient pas énormément ce soir, enfin pas de quoi en être débordé. « Je te propose un truc, chacun pose une question à l'autre à tour de rôle comme ça c'est plus sympa » proposas-tu à la brune en la regardant droit dans les yeux. D'habitude, tu n'étais pas aussi avenant envers les femmes, ni envers personne d'ailleurs. Mais ce soir, tu avais envie de te laisser aller et d'apprendre à connaître la jeune femme en face de toi. « Je te laisse commencer » dis-tu à la jeune femme toujours en face d'elle.

Elle ne voulait pas le décevoir. Ca n’était absolument pas contre lui en fait, c’était simplement qu’elle était toujours sur ses gardes ou sur la défensive lorsque cela touchait à son job d’escort. Elle préférait qu’il reste secret alors forcément dès qu’elle sentait que quelqu’un s’approchait de la vérité, elle paniquait. « Non, non du tout ! Tu n’as pas l’air comme ça. » Elle lui offrit un sourire. La brune lui avait demandé si il voulait discuter et il avait répondu par la positive. Se poser des questions, cela lui allait très bien. Cela pouvait s’avérer risqué mais elle était certaine que Peter n’était pas quelqu’un d’intrusif ou d’indiscret. « Ca me va ! » Répondit-elle avant de boire une gorgée de mojito, réfléchissant à sa première question. « Je te rassure, c’est très peu perceptible, mais il me semble que tu as un petit accent non ? Tu n’es pas natif d’ici ? » Elle ne jugeait absolument pas son accent. Surtout qu’elle était française, Dolorès. Son accent à elle était bien plus perceptible que celui du jeune barman. Elle n’était pas experte en langue mais elle était quasiment persuadée qu’il n’était pas né en Australie. Américain peut-être. En tout cas, cela lui donnait envie d’en savoir plus. Sur pourquoi il était ici, à Bowen. Elle espérait que ça ne serait pas indiscret. Après tout, tout le monde à des choses à cacher, elle la première…

C'était si étrange, cette façon dont elle avait peur qu'on la juge. Mais de ton côté, tu ne voyais pas pourquoi elle pouvait penser ça de toi. Être si hâtif dans la perception des gens n'était pas dans tes pensées, tu préférais parler avec eux, apprendre à les connaître et après te faire une idée de ces derniers. C'était la première fois que vous parliez comme ça, et ça ne te déplaisait pas. « Je sais, je sais, je suis un mec bien » dis-tu en lui faisant un clin d'oeil, avant de rire légèrement. Cette assurance sortait de nul part, alors que d'habitude tué tais toujours gêné devant les filles. Tu n'osais pas parler, ni proposer d'engager une discussion telle que celle-ci. Alors tu finissais rapidement ton travail avant de te poser devant elle. « Parfait, alors je suis tout ouï ! » répondis-tu lorsqu'elle affirma que ton jeu des questions lui allait bien. Alors tu écoutais la question qu'elle te posait, qui te fit rire légèrement. Oui, tu avais encore ton petit accent américain, celui qui prouvait que tu étais un new-yorkais pur souche. « En effet, je suis américain, de Brooklyn plus précisément. Mais d'habitude personne n'entend ce petit défaut que j'ai » répondis-tu à la jeune femme en lui adressant un sourire. C'est vrai, il était rare qu'on te parle de ton accent, même s'il était moindre, on l'entendait un peu quand tu parlais beaucoup ou vite. « A mon tour ! » ajoutas-tu en croisant les bras sur ta poitrine. Tu cherchais une question qui n'allait pas la déstabiliser. Pas question de parler de ses fréquentations au bar, tu n'allais pas être si curieux même si tu mourrais d'envie de savoir. « Hmmm... tu as de la famille ? Je veux dire, est-ce que tu as des frères et soeurs ? » demandas-tu à la brune simplement. Elle aussi avait son accent prononcé, mais tu n'allais pas poser la même question qu'elle, alors tu brodais légèrement pour en savoir plus sur son entourage. Etait-elle seule à Bowen, ou bien avait-elle des repères familiaux ? Chose que toi, tu n'avais pas.

Un mec bien ? Et ce clin d’oeil ! Il la faisait rire. C’est vrai qu’il en avait tout l’air, mais l’apparence et leurs quelques discussions ne faisaient pas tout. Pourtant Dolorès avait envie de lui faire confiance. Il avait ce sourire si naturel. Peut-être que ça n’était qu’une déformation professionnelle, peut-être pas. Elle n’avait plus envie de réfléchir. L’heure était aux questions ! Elle s’était intéressée de plus près à sa nationalité. Américain, Brooklyn. La brune hocha la tête. « Ca n’est pas un défaut en soi. Mais les accents attisent la curiosité, je suis la première à en faire les frais. » Elle se mit à rire à nouveau. Peter avait lui la chance de parler l’anglais parfaitement. Si Dolorès se débrouillait très bien, c’était forcément moins naturel. « Oui j’ai un frère, il travaille en Angleterre. Mais on est natifs de Paris. » Gauthier, son frère, s’en sortait d’ailleurs bien mieux qu’elle. Dolorès n’en pouvait plus de mentir à sa famille, prétendant que sa carrière de styliste allait bientôt décoller alors qu’elle n’était encore qu’une simple assistante. Sans compter le fait qu’elle gagnait sa vie d’une façon bien moins glamour… Il était temps qu’elle remette de l’ordre dans tout ça. Elle ne comprenait pas que ça ait pu déraper à ce point. « Pourquoi être ici à Bowen ? New York étant une ville qui fait rêver énormément de monde… » Elle la première d’ailleurs.

La faire rire c’était déjà une bonne avancée. Et son rire était si communicatif qu’il laissa à son tour en échapper un. C’était agréable de discuter avec elle comme ça, pour une fois, plutôt que par de simples regards lorsqu’elle est accompagné. Vous n’aviez que très peu de fois échangé, mais cette fille t’intriguait et tu voulais en savoir plus sur elle. Le petit jeu que tu avais mis en place avait commencé, elle t’avait demandé d’où venait ton accent et c’est tout naturellement que tu lui avais répondu être un enfant des Etats-Unis. « Le tien est beaucoup plus attirant que le mien, en tout cas » avouas-tu à la jeune femme lorsqu’elle mentionna son accent. Tu lui avais alors à ton tour demandé si elle avait des frères et soeurs, sur Bowen ou même dans le monde. « J’me disais bien que cet accent aussi beau ne pouvait être que français » avouas-tu à la jeune femme en lui faisant un grand sourire. Se serait mentir que de dire que les anglophones n’aiment pas l’accent français, c’était quelque chose qu’ils aimaient beaucoup. Lorsque Dolorès te posa sa question, tu restais silencieux quelques instants avant de prendre une grande inspiration. « Mon père a été muté à Sydney quand j’étais plus jeune, et… ça se passait pas très bien du coup il m’a mit en pension à Bowen. Je n’ai jamais voulu retourner chez lui, alors je suis resté ici » avouas-tu à la brune, en passant une main dans ta nuque, légèrement gêné. Les souvenirs de New-York n’étaient pas les plus beaux que tu avais en tête, et tu t’en réinventais depuis que tu vivais ici, en Australie. Aborder le sujet de ton père était toujours délicat, mais tu ne te cachais pas trop de la vie que tu menais avec lui. Apparemment, en parler aide à soigner les plaies. Alors tu n’allais pas rester silencieux à ce sujet out transformer la vérité. « C’est quoi ton plus grand rêve ? » demandas-tu à la jeune femme, alors que c’était à ton tour de poser une question.

Cette conversation faisait prendre conscience à Dolorès qu’elle n’avait plus envie de venir ici lorsqu’elle serait avec des clients. Ils pourraient très bien aller ailleurs. Et puis, elle voulait vraiment que Peter ait une image positive d’elle, et pas celle d’une femme enchainant les conquêtes et incapable de s’attacher. En tout cas, il trouvait son accent attirant. On lui avait déjà fait ce compliment plusieurs fois, mais de la part de client, ça n’avait absolument aucune valeur. « Serais-tu en train de me draguer ? » Demanda t’elle, avec un regard enjôleur et un sourire charmeur. Dolorès avait malheureusement l’impression d’avoir posé une question indiscrète, ou du moins douloureuse pour le barman. Être mis en pension ne devait pas être la vie rêvée… La brune hocha la tête, avec une mine un peu gênée. Elle n’avait pas voulu le mettre dans l’embarras ou ranimer des souvenirs qu’il voulait enfouir. « Désolée… » Murmura t’elle avant de réfléchir à la question qu’il venait de lui poser. Son plus grand rêve ? Il concernait sans doute le monde la mode. Elle baignait dedans depuis sa naissance grâce à son père. Elle voulait le rendre fier. Un autre de ses rêves seraient d’en finir pour de bon avec l’escorting et que personne n’apprenne jamais qu’elle ait trainé dans ce milieu. « Je dirais réussir à percer dans la mode. Je suis assistante de styliste actuellement. J’espère décoller un jour. » Avoua t’elle finalement. « Si tu pouvais jouer dans n’importe quelle série télé, tu choisirais laquelle ? »

C'était une bonne soirée, qui se tramait là. Et plus tu parlais avec Dolorès, plus tu avais envie d'en apprendre sur elle, sur sa vie. Ça, c'était ton côté un peu trop curieux qui l'emportait. « Moi ? Te draguer ? Je n'oserais pas » dis-tu en faisant mine de faire l'innocent. « Enfin, peut-être » avouas-tu dans un murmure en levant les yeux au ciel. C'était une très belle femme, celle là. Et tu ne voulais pas seulement la draguer pour qu'elle finisse dans ton lit et puis basta. Non, tu avais envie de creuser, d'en apprendre plus pour la connaître vraiment. Pas comme toutes ces filles qui ne font qu'un tour dans ton lit et qui repartent le lendemain. Puis la question douloureuse était arrivée. Elle semblait désolé de t'avoir fait ressassé de vieux souvenirs. Mais tu haussais grossièrement les épaules. « Ne t'excuses pas, tu ne pouvais pas savoir » dis-tu avec un léger sourire à la jeune femme. « J'm'en suis remis, depuis » ajoutas-tu en faisant un clin d'oeil à la française. C'est vrai, les marques étaient toujours là, mais ton esprit allait beaucoup mieux maintenant que tu étais loin de lui. Même si tu rêvais secrètement qu'un jour il te demande pardon, qu'il s'excuse pour toutes les horreurs qu'il t'a faite ou qu'il t'a dit. Lorsque vint ton tour de poser une question, tu demandas à la jeune femme quel était son rêve ultime dans la vie. « Whoa, la mode ça doit être un monde compliqué. J'espère pour toi que tu y arriveras » dis-tu en souriant à la jeune femme. Elle semblait passionnée par son métier, comme toi à vrai dire. Et lorsque l'on a des rêves, on se doit d'y croire. Sinon, on n'y arrivera jamais. « Surement un truc fantastique, genre Flash. Pour avoir des faux super-pouvoirs » répondis-tu à la brune en riant légèrement. Tu ne t'étais jamais posé la question, mais c'était pas bête de penser à ça. « Est-ce que tu partages ta vie avec un homme ? » demandas-tu innocemment. Cette question était bien entendu tourner pour savoir si tu pouvais continuer à creuser ou si tu pouvais abandonner parce que la française était déjà prise. Que de stratagème.

Dolorès n'était pas dupe. Elle savait très bien qu'ils étaient en train de flirter innocemment. Mais elle ne voulait pas se prendre la tête, pas se poser de questions. Elle avait déjà bien trop peur qu'il comprenne pourquoi elle enchainait les soirées avec des hommes différents. « Ca me plait. » Lança t'elle en guise de réponse, un air malicieux sur le visage, tout en jouant avec l'une de ses mèches brunes. Elle ne pouvait certes pas savoir mais elle s'en voulait d'avoir ravivé de mauvais souvenirs à Peter. Il disait s'en être remis mais la jeune femme se doutait que quelque part, il en souffrait sans doute encore. Ce genre de cicatrice ne disparaissait jamais comme ça. En tout cas, il l'encourageait dans son travail dans la mode. « Je l'espère aussi. » Si seulement elle pouvait réussir... Elle n'aurait plus besoin de ce job d'escort. Et surtout, elle pourrait arrêter de mentir à sa famille. Elle n'était pour l'instant qu'une simple assistante de styliste, et elle leur faisait croire le contraire. « Tu ferais un bon Flash. En plus il est super mignon. » "Comme toi" Evita t'elle d'ajouter. Et voila qu'il lui posait la question. Savoir si oui où non, elle partageait sa vie avec quelqu'un. Il pouvait sans doute croire qu'elle était prise. Il l'avait vu à plusieurs occasions aux bras d'hommes. Il pouvait l'imaginer volage. Hélas, ici à Bowen, le coeur de Dolorès n'avait jamais faibli pour personne. Au mieux, elle avait passé des nuits sympathiques, mais jamais rien de plus. Pas de tension électrique ou de coeur qui s'emballe, rien. « Non, je suis seule. » Elle lui fit un sourire. « Je te retourne la question. As-tu une femme dans ta vie ? »

Bon, ok, il faut l’avouer. Tu étais clairement entrain de la draguer, ça se voyait comme le nez en plein milieu de la figure. Et puis elle l’avait remarqué, même si tu avais essayé de lui faire croire le contraire. Mais elle laissait échapper une réponse qui te plaisait, et qui te faisait énormément sourire. Ca lui plaisait, le petit jeu que tu jouais là. Alors nerveusement, tu ne pouvais t’empêcher de lâcher un petit rire. « Alors j’continue » dis-tu simplement en lui faisant un clin d’oeil. Dolorès jouait avec ses cheveux, et tu ne pouvais t’empêcher de regarder chaque parcelle de son visage qui te semblait si parfait, sans une once de défaut. Rapidement, tu détournais le regard pour ne pas paraître tel un gros pervers qui ne faisait que l’observer. Elle t’avait confié travailler dans la mode, alors tu avais naturellement souhaité à la brune qu’elle arrive à faire ce qu’elle voulait. Plus de légèreté dans la question de la française, vu qu’elle te demanda quel super-héros tu voudrais incarner. A sa réponse, tu ne pu t’empêcher de sourire. « Ca veut dire que j’suis super mignon moi aussi ? » demandas-tu en sondant son regard, avec ce rictus perché sur tes lèvres. C’était à ton tour, et tu ne pouvais pas t’empêcher de lui demander si elle était seule dans sa vie sentimentale. Soulagé de sa réponse, tu soufflais en silence de ne pas draguer la copine de quelqu’un d’autre. Elle te demanda à son tour si tu avais une petite amie. « Non, je suis seul, moi aussi » répondis-tu avec un clin d’oeil. Ce jeu n’était pas si innocent que ça, il était très pensé. « Mais t’as copié ma question » dis-tu l’air faussement indigné avant de rire légèrement. Tu continuais ta vaisselle toujours en discutant avec la brune. Mais c’était à ton tour. Allez, il fallait te lancer totalement maintenant. « A mon tour » dis-tu en prenant une grande inspiration. « Est-ce que tu accepterais d’aller diner avec moi ? » demandas-tu à la brune en posant ton torchon sur le bar, plongeant tes yeux dans les siens.

Où cela les mèneraient-ils, ces questions posées de façon presque timide et faussement innocente ? La brune n'en savait rien et pourtant elle s'était prise au jeu. Pour une fois et ce depuis longtemps, les problèmes de sa vie lui paraissaient loin. Les mensonges, sa fausse identité d'escort, son job compliqué d'assistante... « Oui tu l'es. » Avoua t'elle alors en baissant les yeux d'un air presque timide. Elle ne savait pas si beaucoup de clientes du bar lui parlaient aussi ouvertement. Mais avec un physique pareil, elle n'avait pas trop de mal à l'imaginer. En tout cas il était seul, et il soulignait le fait qu'elle avait copié sa question. « Désolée, je voulais vraiment savoir. » Elle lui fit un sourire. Et puis, la brune fut surprise par sa question suivante. Diner avec lui ? Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu de véritables rencards, du moins avec d'autres hommes que des clients réguliers. Et elle mourait d'envie de dire oui. Seulement, certaines choses lui faisaient peur. Etait-elle réellement prête à ça ? Ne devait-elle pas plutôt attendre de ne plus être escorte pour s'autoriser ce genre de choses ? Et puis mince, un simple diner n'engageait à rien. Peter avait lui même dit qu'il ne la jugeait pas sur les hommes avec qui il avait pu l'apercevoir. De quoi avoir peur ?
« D'accord. » Répondit-elle en soutenant son regard. « Disons la semaine prochaine ? » Elle sortit un papier de son sac sur lequel elle griffonna son numéro. « Tu m'appelleras ? Pardon, ça fait deux questions. » Si elle avait généralement l'air d'une femme sure d'elle, là elle se sentait telle une adolescente en émoi. Elle avait déjà hâte d'y être.