Retrouvailles fraternelles [Aslander]

C'était un jour à marquer d'une pierre blanche. Déjà, il pleuvait un petit peu, en Australie ! Sûrement un complot "climatohumide". Blague à part, Aslander dit Asl allait revoir sa grande sœur trois ans après qu'elle soit partie pour le pays des kangourous. Le séjour avait du lui plaire vu qu'elle était restée. Elle avait même eu une fille prénommée Siobhan. Aisling maman défendant sa progéniture bec et ongles, ça devait être quelque chose à voir !

L'attente aux valises fut classiquement assez long mais il y avait relativement peu de monde à l'aéroport à cette heure aussi le néo-zélandais repérait sa sœur de loin et elle n'était pas venue seule. Il ne pouvait par conséquent pas la serrer affectueusement dans ses bras. La "vile coquine" avait du prévoir le coup mais elle ne perdait rien pour attendre. Elle l'aurait son câlin fraternel et avec trois ans d'intérêt. Il la collerait plus que de la super glue 3, haha.

"Youhou ! Frangine !"

Il semblait l'appeler de loin mais quand elle se retournait pour lui faire face, il n'était qu'à un mètre d'elle et continuait à faire comme s'il était très loin avant de rire et de l'embrasser sur le front.

"Salut frangine, je suis si heureux de te revoir ! Comme tu as bonne mine, tu es radieuse !"

Puis il regardait la fillette dans ses bras. Elle devait avoir trois ans maintenant.

"Et on comprend pourquoi, quelle jolie princesse, tu fais les présentations ?"

Aisling leur avait dit qu'elle allait être maman d'une fille, elle n'avait rien ajouté mais Asl saurait la faire parler, parole de Callaghan !

Le décalage horaire n'était que de deux heures entre la Nouvelle Calédonie et l'Australie et Asl se sentait en pleine forme. Ca n'avait pas été la même chose quand des amis et lui étaient partis faire la fête à ce bal masqué en Italie, environ trois ans plus tôt. Douze heures de décalage, même quand on est jeune, ça fatigue tout de même un peu.

Elle était là. Aisling dite Ais était là, devant lui, fidèle à elle-même. Le frère et la sœur réunis à nouveau et elle le taquinait, juste retour après tout puisqu'il avait commencé.

"Tu me connais bien, frangine."

Répondait-il avec un grand sourire à la Cheshire Cat puis en se penchant sur Siobhan avec un air sincèrement ravi pendant que la maman faisait les présentations.

"Tonton Asl, mon Dieu, moi qui pensais que tu ferais des choses normales en Australie comme pourrir la vie d'honnêtes escrocs et te voilà maman et moi tonton. Ce monde est-il sérieux ? Remarque, être mère ne doit pas t'en empêcher."

Bien sur, rien qu'au ton de sa voix, il plaisantait - quoique - puis il posait son unique valise en voyant que la fillette tendait gentiment les bras vers lui.

"Je ne suis pas tant chargé que ça, c'est l'Australie alors je n'ai pris que des affaires d'été. Viens voir tonton Asl, princesse."

Disait-il en prenant la petite dans ses bras, de façon parfaitement sécurisée.

"T'inquiète pas, Je fais gaffe, j'ai déjà tenu le fiston de Lin dans les bras et elle m'avait à l’œil, elle aussi."

Asl se doutait que le prénom de Lin ne lui dirait rien, cette fillette de cinq ans qui avait dit un jour à Ais "toi, je t'aime pas". Tout ça parce que sa frangine avait défendu Ais et que sa copine de classe considérait ça comme un déshonneur. Elle l'avait d'ailleurs initié au wing chun quelques jours plus tard. Etant donné qu'Ais ignorait son entraînement à cet art martial parce que son petit frère lui laissait le plaisir de le protéger, elle ne devait pas se souvenir de Lin même si pendant un an, elle l'avait surnommé "miss-je-t'aime-pas".

"Haha, pas sociable, tu dis ça exprès pour que je te dise le contraire. Mais si, tu es sociable, c'est juste que tu n'as pas la langue dans ta poche ! Tu es sociable jusqu'à ce que tu dises leur quatre vérités aux gens. Mais quelle belle demoiselle nous avons là, je tiens la future miss univers. Pourquoi tu ris, Siobhan, j'ai dit une bêtise ?"

Il avait refait un grand sourire à la Cheshire Cat et ça avait l'air d'amuser la petite mais c'était le but !

Asl était heureux de revoir sa grande sœur, ils avaient manifestement beaucoup de choses à se raconter et peut-être pas uniquement sur ces dernières années.

"Avant toi, certes tu as trois ans de plus mais je suis tellement mature."

Disait-il en levant les yeux au ciel, en tout cas au plafond tellement il ne croyait pas ses propres paroles et il devait faire une sacrée tête alors parce que Siobhan riait aux éclats.

"Je ne doute pas un instant sur le fait que tu sois une mère géniale."

Il levait un sourcil intrigué quand Aisling lui posait une question sur son amie d'enfance. Il ne s'attendait pas à ce que Ais se souvienne de Lin. Bien sur, il ne pouvait pas savoir qu'elles s'étaient dites leur "quatre vérités" le peu de fois où elles s'étaient revues, la néo-zélandaise d'origine chinoise n'ayant pas la langue dans sa poche elle non plus.

"Oui, il doit avoir à peu près le même âge que ma nièce adorée et il a les mêmes yeux bleus, d'ailleurs. Elle lui a donné un prénom d'origine irlandaise, je n'ai pas compris pourquoi. Toi je comprends que tu aies choisi Siobhan comme prénom, c'est également d'origine irlandaise tout comme notre nom de famille, tout comme nos racines mais bon, il y a bien quelques japonais qui s'appellent John."

Ais admettait qu'elle pourrait être sociable, c'était un bon début, il ne restait plus "qu'à la prendre en flagrant délit" de sociabilité puis Siobhan réclamait qu'il la fasse sauter dans ses bras et il regardait sa grande sœur qui semblait d'accord, elle ne l'empêchait pas en tout cas.

"Dire que j'ai fait pleurer Lin rien qu'en tenant son fils dans les bras. Bonjour la confiance. Pas de panique, je gère."

Il se plaçait tout de même en face d'Ais comme ça, ça ferait deux mains de plus au cas ou mais ça devrait aller. Asl faisait donc sauter sa nièce à trois reprises, ce qui l'amusait beaucoup et lui aussi en fait. La fillette était comme une brindille dans ses bras et s'il avait géré sa force en conséquence, la maman avait du le remarquer. Sa frangine était futée. Asl voulait remettre Siobhan dans les bras de sa mère mais elle s'accrochait à lui avec véhémence.

"Je crois que je suis adopté."

Concluait-il en faisant une moue qui faisait à nouveau rire sa nièce. Décidément, il se découvrait la fibre paternelle. Un souvenir lui revenait alors avec une précision étonnante. Ils devaient avoir huit ou neuf ans à l'époque :

"Tu as une idée de prénom pour tes enfants ?"

"Heu … C'est pas un peu tôt pour y penser ?"

"Allez, dis-moi, pour me faire plaisir."

"Ben … Heu … Je ne sais pas, un prénom d'origine irlandaise je pense."

"Mais encore ?"

"Je ne sais pas ... Si c'est un garçon … J'aime bien le prénom de mon grand-père, il était tellement gentil avec ma sœur et moi. Il s'appelait ..."

Il lui avait dit le prénom avant d'ajouter "et toi ?", elle avait répondu aussitôt en souriant, ce qui l'avait surpris et ce n'était pas la rapidité de la réponse qui l'avait étonné mais la réponse en elle-même.

"Ton mari aura peut-être son mot à dire, haha !"

"Crétin !"

"Hein quoi ?"

"Hein quoi ?"

Sa frangine venait de "l'arracher" à ce souvenir inattendu et il ne l'avait du coup pas entendue. Par mimétisme ou par jeu, Siobhan le regardait avec malice en "fronçant les sourcils".

Ais avait tiré son jeune frère de ses pensées et du coup, le souvenir se dissipait mais ça lui reviendrait sûrement plus tard.

"J'étais ailleurs. C'est parti !"

Ainsi le père de la petite avait choisi un prénom irlandais pour faire plaisir à Ais mais pourquoi ce détail lui parlait ? Asl ne savait pas. Il n'avait pas oublié la question de sa frangine, c'est juste qu'il l'éludait le temps qu'ils montent dans le bus. Là, ils prenaient place sur des sièges libres - il n'y avait pas grand monde à cette heure - et le néo-zélandais se retrouvait à nouveau assailli par la petite Siobhan, qu'il acceptait volontiers sur ses genoux et dont il ébouriffait les cheveux affectueusement.

"Oui donc, il fait beau en Nouvelle Zélande actuellement. Non, ça n'était pas ça, ta question ? Ah oui, le père de Liam. Ca m'étonne que tu t’intéresses à Lin. He bien, elle a épousé un ami de sa famille. Elle était déjà enceinte le jour de leur mariage, j'ai vu quelques photos. Ils ont divorcé par la suite, je n'ai pas demandé pourquoi. Maman en sait certainement plus que moi, elle aime beaucoup Lin, elle l'a tout de suite apprécié et c'est de toute évidence réciproque. Surtout depuis ces dernières années, c'est "Comment va Lin ?", "Et qu'en pense Lin ?", "Et Lin ?". Avant de prendre l'avion, je pensais que Lin avait un petit ami depuis peu et que c'était pour cette raison qu'elle était partie en Chine la semaine dernière, pour le rejoindre mais je me trompais. Il m'a appris ces fiançailles par SMS avec une autre amie juste avant que j'aille récupérer ma valise. Oui donc j'ai accompagné Lin et Liam à l'aéroport, tu verrais son fils, il est aussi adorable que Siobhan, c'est dire ! Hein que tu es adorable, princesse."

Disait-il en faisant quelques chatouilles à sa nièce qui avait l'air d'aimer et riait de bon cœur en se tortillant.

"Ah, ne te dévalorises pas ou je te chatouillerai aussi !"

Concluait-il avec un grand sourire taquin.

Ais lui racontait comment elle avait travaillé comme guide touristique puis qu'elle entrerait en thèse le mois d'après. Asl riait en l'entendant lui dire qu'il l’appellerait bientôt docteur surtout parce que les longues études, ça n'était pas trop la passion de son petit frère.

"Même pas en rêve, frangine !"

Ils arrivaient ensuite à la maison d'Ais, le trajet n'avait en effet pas été long.

"Sympas la maison, bien meublée, bien décorée et bien tenue."

Sa frangine mettait Sio au lit, Asl lui faisait une bise affectueuse sur le front et lui confirmait qu'il serait là à son réveil.

"Je te suis, grande sœur. Ta chambre est à coté de la mienne ? Une pièce plus loin ? Deux pièces plus loin ? De l'autre coté de la maison ?"

Demandait-il avec un grand sourire. Pour des raisons évidentes, il préférerait que ce soit assez loin de la sienne mais à cheval donné, on ne regarde pas le dentifrice. Non. Les sabots ? La crinière ? Les dents, il y était presque à la première. Tout ça pour penser qu'à chambre prêtée, au pire on met des boules quies, héhé. Sérieusement, il était heureux d'être ici avec sa sœur et il le lui montrait en l'embrassant elle aussi sur le front.

"Pas de jalouse !"