(azerox) flying bottles

Une longue journée t'avait prise aujourd'hui. Comme si tu avais été débordé sans jamais pensé pouvoir la terminer. Ton service commençait dans quelques minutes et tu allais être en retard. Un réveil loupé le matin, quelques rendez-vous en début d'après-midi, une rencontre dans la rue qui se termine en conversation d'une heure. Voilà ce qu'avait été ta journée d'aujourd'hui. Mais le temps défilait et tu ne voyais plus les heures passer. Ce soir, tu embauchais sous les coups de 18h, accompagné de ton collègue Azriel. C'était un chouette gars, tu t'entendais bien avec lui. Même si vous n'étiez pas les mêmes garçons, à ne pas avoir les mêmes passes-temps, c'était sympa de te retrouver avec lui derrière le bar de temps à autres. Vous aviez une passion commune en tout cas, qui n'était autre que le skateboard. D'ailleurs, tu étais sur ce dernier, essayant d'aller plus vite pour ne pas être en retard. En regardant l'heure sur ton téléphone : 18h04, crap, tu étais en retard. Mais en plus de cela, tu n'avais pas vu le trottoir en face de toi. Alors tu tombais comme un idiot au sol en t'éraflant les coudes et les mains. Mais rien ne t'arrêtes, tu remontas vite en selle pour arriver au Hendrix quelques minutes après. En arrivant, ton collègue était déjà derrière le bar. « Whoaa, j'suis désolé du retard, dude » dis-tu à ton collègue en passant la main dans tes cheveux nerveusement. Tu allais poser tes affaires dans les vestiaires avant de revenir vers le bar et de continuer à installer ce qu'il fallait pour la soirée. Tu te lavais les mains et tu tiquais légèrement en sentant l'eau chaude sous tes légères plaies. « J'me suis mangé un trottoir, j'avais oublié que ça faisais si mal, dis-tu end regardant tes mains. Mais sinon, tu vas bien ? » demandas-tu en tendant une de tes mains amochées au jeune homme pour le saluer.

Accablé par une légère gueule de bois, Azriel s'occupait de descendre les chaises des tables, l'esprit un peu ailleurs. Il s'activait pour reléguer son mal général au second plan, et rester actif était la clé pour cela. De la journée, il avait traîné à l'appart' devant Netflix, profitant du fait que sa présence n'était pas requise sur un chantier aujourd'hui pour traînasser et même se lancer dans quelques croquis. De simples ébauches, de quoi se divertir et se concentrer sur quelque chose d'autre que son mal de crâne, très brièvement, le temps que ça passe et que son corps ne se réhydrate. Az retourna derrière le bar pour se servir un verre d'eau à la pompe, avant de le laver et le sécher, le remettant en place avec la collection de verres propres et prêts à l'emploi.

Le son de la porte lui fit relever la tête, et Peter apparut, essoufflé. En effet, il avait quelques minutes de retard, mais Azriel n'était pas du genre à se formaliser de ce genre de choses, et pour tout dire, il n'avait même pas remarqué. Et puis, son collègue était quelqu'un qu'il appréciait et avec qui il trippait bien durant leurs services, ce n'était pas comme si leur relation était froidement professionnelle. Il le considérait même plutôt comme un ami, et ça faisait toujours plaisir de travailler avec des gens avec qui on pouvait vraiment causer et même bien se marrer parfois. « T'inquiète, poto. Après, si tu veux mettre dix minutes de ta paie sur mon compte, je dis pas non. » plaisanta le jeune homme en passant un coup de lavette sur le bar. Peter revint après avoir été déposer ses affaires et son skate et lui expliqua sa mésaventure tout en lavant ses éraflures sous le robinet. Superficielles, mais tout de même, se faire agresser la peau par un trottoir, c'était pas ce qu'il y avait de plus jouissif dans la vie. « Ah ouais, il t'a pas loupé. » commenta le brun après avoir jeté un coup d’œil aux plaies de son collègue. « Ouais, tranquille. J'ai un peu trop fait la teuf hier, mais je le vis bien. Et toi ? Hormis le fait de t'être pris un trottoir. » répliqua Azriel avant de retourner la question au rouquin tout en terminant d'installer le bar avec lui.

Le Hendrix était un peu comme ta deuxième maison, tu bichonnais énormément ce bar. Pourquoi ? Simplement parce que tu étais passion par ton métier. Peu de gens te comprennent, mais tu t'en fiches. Alors arriver en retard, même de quelques minutes, tu ne le cautionnais pas. Ca pouvais arriver, mais même, tu détestais ça. Surtout si quelqu'un avait commencé le travail. Dans ton cas, c'était Azriel qui avait commencé à tout installer, et heureusement d'ailleurs. En passant tes mains sous l'eau, tu fronçais légèrement les sourcils sous le coup de la douleur. Quel abruti tu faisais. « J'en parlerais au boss » répondis-tu sur le ton de l'humour à ton tour. Vous étiez vraiment différent, mais une certaine symbiose régnait dan sec bar. Il est toujours plus agréable de travailler avec des gens qu'on apprécie plutôt qu'il y ait une ambiance de mort. Enfin c'est ce que tu te disais. Les soirée où vous travailliez ensemble se faisaient donc dans la joie et la bonne humeur. Az était devenu un ami maintenant pour toi, et tu étais heureux de l'avoir dans ton entourage. « Je lui rendrais la pareil, à ce foutu trottoir, fais-moi confiance » avouas-tu avant de rire. C'était rare que tu te gamèles en skate, et d'habitude ça faisait légèrement plus mal. Tu en avais eu des bras cassés, des côtes fêlées. Mais tu continuais, et tu persistais encore et toujours. « Petite gueule de bois ? demandas-tu à ton interlocuteur. Hormis le trottoir, moi ça va » dis-tu avec un large sourire sur tes lèvres. Tu attrapas un verre pour boire un peu d'eau et tu le remis à laver après avoir fini. Ensuite, tu t'attardais sur la vaisselle qu'il y avait. Légère pour un début de service, mais il fallait quand même la faire.

Le barman savait très bien que son collègue était quelqu'un d'assidu et de consciencieux au travail, et qu'être en retard n'était pas dans ses habitudes. Il s'en voulait sûrement un peu, alors qu'Azriel n'avait aucun problème à commencer à installer le bar seul, et un accident sur la route était une bonne excuse. Quelle que soit l'excuse, il ne lui aurait pas reproché de toute manière. Lui-même n'était pas le type le plus ponctuel du monde, mais il faisait un effort quand il s'agissait de ses jobs. Az joint son rire à celui du rouquin quand ce dernier répondit qu'il allait se venger de ce trottoir. « Je parie sur toi. » assura le jeune homme sur le ton de la plaisanterie, peu confiant dans le fait qu'un morceau de béton puisse perdre face à une personne. Peter lui demanda ensuite s'il s'agissait bien d'une gueule de bois, question à laquelle Az répondit par un hochement de tête et un sourire en coin malicieux. « Yep, mais t'inquiète, je suis opé pour ce soir. » affirma-t-il avec un clin d’œil. Ce n'était pas un léger mal de crâne et un estomac un peu barbouillé qui allait l'empêcher de bosser, malgré qu'ils se trouvent dans un endroit où les effluves d'alcool se diffusaient sans cesse, ce qui n'était pas vraiment la définition du paradis pour quelqu'un qui a trop bu la veille. « Tant mieux. Rien de spécial ces derniers jours ? » s'enquit Azriel, s'intéressant au quotidien de son collègue. Ils avaient terminé le peu de vaisselle qui traînait tout en discutant, et le brun survola la pièce du regard, s'assurant que tout était prêt pour l'ouverture. « J'crois qu'on est bons, je vais ouvrir. »

Heureusement que tu travaillais avec Azriel, et non pas avec un mec que tu ne connaissais pas ou que tu n'aimais pas, ça aurait été embêtant. Le jeune homme avait été assez compréhensif, par rapport à ton retard. Et ça t'avait soulagé d'ailleurs. Lorsque tu précisais que tu allais avoir ta revanche sur ce maudit trottoir, ton collègue te signalait qu'il parierait sur toi si cela devait se produire. Vos rires battaient à l'unisson dans la pièce. « J'espère ! Sinon j'aurais l'air d'un con, à me faire battre par le trottoir » répondis-tu en continuant de rire. Mais ce n'était pas une petit blessure comme celle-ci qui allait te tuer. Tu en avais bien d'autres sur le corps qui n'avaient pas guéries mais qui ne te faisaient plus mal. Les coups de ton père, évidemment. Mais ce n'est pas le sujet. Le jeune homme te confia qu'il avait surement un peu trop abusé de sa soirée de la veille, alors tu demandas dans quel état il se trouvait. « J'te fais confiance là dessus ! » dis-tu au barman avec un sourire. Tu savais très bien que ce n'étais pas ça qui allait arrêter Azriel, pas un pauvre mal de tête. Vous continuez d'installer tout proprement, dans la joie et la bonne humeur. C'était sympa de bosser avec lui, tu aimais beaucoup. « Rien de spécial, ma vie est pas ouf, tu sais » avouas-tu au jeune homme en haussant les épaules. Des fois tu te disais que tu devrais sortir de ta routine pour qu'il se passe un truc mais tu restais coincé dans tes habitudes. « Et toi alors ? » demandas-tu à ton tour au brun. Ton collègue s'assura que tout était bien pour que vous ouvriez à l'heure le bar. Alors tu balayais la pièce du regard et tu hochas la tête positivement, pour lui confirmer qu'il pouvait ouvrir.

En soupirant, tu fermes ton ordinateur, remballant toutes tes affaires. Tu as passé la journée au Starbucks à bosser sur un nouveau livre que tu espères montrer à Olivia dans les jours à venir. Le Starbucks n'est peut-être pas le meilleur endroit mais il te convient plutôt bien, à toi. Lorsque tu es posé à la maison, tu as toujours des distractions que ce soit Aelya ou la playstation ou encore tes deux chiens qui ne demandent qu'à sortir. C'est pourquoi, tu n'hésites pas à les confier à ta coloc' pour retrouver un semblant de concentration ailleurs et pour être capable d'écrire quelque chose de bien. De la musique dans les oreilles, tu sors du café, marchant dans les rues commerçantes de Bowen pour rentrer chez toi. Seulement, lorsque tu passes devant le Hendrix, tu repères Peter et Azriel qui travaillent tous les deux ce soir. Ce sont tous les deux des amis proches et tu ne manques jamais une occasion de les voir. Le bar étant tout juste ouvert, tu entres, te dirigeant vers le comptoir pour retrouver les deux hommes. « Hey. » Dis-tu en déposant ton sac avec ton ordinateur sur le comptoir et en prenant place sur un tabouret haut. « Comment vous allez tous les deux ? » Demandes-tu en les regardant à tour de rôle. « C'est vraiment sympa aussi quand il n'y a personne. » Ajoutes-tu en balayant la salle du regard. Puisqu'ils viennent d'ouvrir, tu es le seul client pour l'instant dans le bar ce qui te permet de vraiment l'observer sous toutes ces coutures. Tu repères certains détails que tu n'avais même pas encore vus jusque-là. Il n'y a pas à dire, ce bar est vraiment un endroit où tu aimes traîner et pas seulement parce que deux de tes meilleurs potes y travaillent.

HJ:

Az rit doucement quand son collègue lui avoua qu'en ce moment, il n'avait rien d'exceptionnel à raconter, de par sa vie peu mouvementée. Le jeune homme comprenait bien ce qu'il voulait dire, lui non plus ne vivait pas à cent à l'heure sans s'arrêter. Cela ne voulait pas dire qu'il ne se passait jamais rien dans leurs vies, simplement qu'ils vaquaient à leurs occupations, par habitude, parce qu'ils s'y sentaient bien. Et sortir en boîte une soirée, ce qui était déjà rare, ne rendait pas la vie d'Az plus palpitante pour autant. C'était juste vivre, quoi. « Tu devrais passer une soirée à l'appart' une fois, juste pour chiller. Blue serait super contente. » proposa Az en réponse à ces paroles. Une petite soirée posée entre potes avec quelques bières, ou un truc dans ce style. C'était plutôt ça, le genre de soirées qu'ils faisaient dans la coloc', avec Milo et Blue. Des soirées films, ou jeux de société, ou bien Milo jouait de la musique et Az griffonnait des croquis pendant que Blue câlinait Hadès, ce genre de moments qui n'avaient rien d'exceptionnels mais qui faisaient beaucoup de bien. Quelque chose de chaleureux et de familial, quoi. Puis, ça contrastait avec les soirées où Milo et Az prenaient des petites pilules colorées, ou des traces, sur la table basse du salon. Chose que Blue approuvait beaucoup moins évidemment, et tant mieux.

Le barman alla ouvrir officiellement, une fois que tout fut en place et après un signe de tête affirmatif de son collègue. « Rien de spécial non plus, juste la soirée d'hier qui était encore sympa. Et je me demandais si Sahara allait passer ce soir. » expliqua le jeune homme à son tour, hésitant avant d'ajouter la deuxième phrase. Peter avait déjà saisit le petite jeu de séduction implicite qui s'était installé entre Azriel et la jolie chanteuse, quand elle venait faire des représentations au Hendrix. Rien de concret, mais rien d'invisible non plus, et Az ne cherchait pas forcément à le cacher, il était juste du type discret, en général. Quelques minutes plus tard, un client franchit les portes du bar et les deux collègues relevèrent la tête. C'était Maddox, qui vint s'installer au comptoir en les saluant. « Salut ! » lança le brun d'une voix enjouée. « Justement, on se disait qu'il se passait rien de palpitant dans nos vies. » sourit Az pour répondre à la question du jeune homme qui venait de faire son entrée. C'était un ami proche, et un ami de Peter aussi, c'était donc plutôt cool de l'avoir avec eux pour l'ouverture, à un moment où il n'y avait pas encore foule. « Je te sers quelque chose ? » demanda ensuite le barman, tout sourire. C'était le genre de services qui commençait bien, en douceur et dans la bonne humeur.

HJ:

De ta chute, vous n’en aviez rit un instant. Et puis c’était passé. En même temps vous n’alliez pas vous éterniser sur un putin de trottoir qui t’avait écorché les lains. Certes, ça allait te faire mal dans la soirée mais tant pis, c’était ta faute. Vos vies n’étaient pas spécialement dingues, mais vous ne vous en plaignez pas tant que ça. Vous alliez à votre rythme et vous vivez les choses autrement. Lorsque Azriel te proposa de passer un de ses quatre à son appartement, tu sourias. « C’est vrai que je ne l’ai pas vu depuis un moment ! J’passerais, avec plaisir » avouas-tu à ton ami. Tu savais qu’Ariel vivait en colocation avec trois autres personnes. De ton côté, tu ne connaissais que Blue qui était devenue une ami assez proche avec le temps, et tu aimais beaucoup passer du temps avec elle. Avec Charlie, c’était l’une des filles que tu affectionnais le plus dans ta vie. Et puis toi, de ton côté, tu vivais seul. Mais bon, c’était un choix, et tu comprenais totalement le fait que les gens aiment vivre ensemble. Mais tu es plus un solitaire. Lorsque ton collègue allait ouvrir la porte du bar, il te parla vaguement de sa soirée d’hier. « Hmmm t’as passé une bonne soirée avec quelqu’un ? » demandas-tu curieusement. Et puis tu remarquais sur son visage un sourire apparaître lorsqu’il mentionna le nom de Sahara, la chanteuse du bar. Tu savais qu’il se tournait autour, et ça te faisait sourire de les voir comme ça. « Au risque de te décevoir, je crois qu’elle ne chante pas ce soir mais peut-être qu’elle va passer » dis-tu au jeune homme en lui faisant un clin d’oeil. A peine tu as fini ta phrase que le premier client entra dans le bar. Ce n’était autre que Maddox, ton meilleur ami. Avec Azriel, tous les trois, vous formiez un vrai trio infernal et voir que vous commenciez cette soirée avec Maddox comme client, cela te faisait le plus grand des plaisirs. « Hey, bro ! Et toi comment ça va ? » demandas-tu alors que ton collègue avait répondu pour vous deux.

« Je vais bien. » Dis-tu avec un sourire aux lèvres quand Peter te retourne ta question. Alors qu’Azriel aborde le côté peu palpitant de sa vie ainsi que celle de Peter, tu arques un sourcil, étonné. « C’est pas ce qu’on m’a dit… Paraît que tu traines beaucoup avec une certaine chanteuse. » Dis-tu à Azriel avec un rictus aux lèvres, attendant de connaître davantage de détails. Alors qu’il te propose à boire, tu fronces légèrement les sourcils, hésitant à prendre ta boisson fétiche. Mais il est peut-être un peu tôt pour un Whisky. « Une bière s’il te plait. » Réponds-tu simplement. Tu ne sais pas vraiment s’ils ont le droit d’en boire une avec toi puisqu’ils sont en service mais si c’est le cas, ils le feront d’eux-mêmes. « Et toi qu’est-ce que t’as fait à tes mains ? Tu t’es battu ? » Demandes-tu à ton meilleur ami, Peter, en voyant ses mains écorchées. Ca a l’air plutôt récent, peut-être une conséquence d’une soirée mouvementée, qui sait ? Puis, scrutant toujours le bar du regard, tu ajoutes : « Vous dites que vos vies ne sont pas palpitantes mais en travaillant dans un bar, ça devrait être l’inverse. C’est l’endroit parfait pour pimenter vos soirées parce que si on vient ici, c’est pour se détendre, profiter de la vie, s’amuser. Tout est réuni pour ça. » En tout cas, c’est l’image que tu as du Hendrix et des bars en général. Parfois il t’arrive de venir pour noyer ton « chagrin » mais c’est plutôt rare. Et en général, tu ne repars pas seul.

C'était plutôt chouette d'avoir un réseau d'amitié interconnecté, comme Blue qui était une personne importante dans la vie des deux barmen. Et comme Azriel et elle vivaient dans le même appartement, c'était l'occasion pour Peter de venir passer des soirées avec eux. Il en allait de même pour Maddox, qui connaissait également la rouquine. Pour le brun, c'était une des joies de la collocation, rencontrer des gens grâce aux autres et pouvoir se retrouver tous ensemble dans les canapés. « Possiblement. Ça faisait longtemps que j'étais plus sorti en boîte, c'est pas ce que je préfère mais ça permet... certaines rencontres. » dit Az de manière semi-énigmatique pour répondre à la question de son collègue. Le jeune homme n'avait rien du type qui saute sur tout ce qui bouge et sortait en ville pour trouver quelqu'un pour réchauffer ses draps. Mais il ne refusait jamais une rencontre intéressante, aussi éphémère soit-elle. Il aimait prendre les opportunités que la vie plaçait sur son chemin, se satisfaisant simplement de n'avoir aucune interdiction dans sa vie. Allant là où il le souhaitait, quand il le souhaitait, sans manipulation ni manque d'honnêteté, autant que possible en tout cas. Il n'en oubliait pas pour autant Sahara, la jolie chanteuse qui lui trottait dans la tête depuis un moment. Il vivait juste en séparant les plaisirs de l'existence et les réels sentiments, l'attachement qui allait au-delà de l'amitié et qu'il ressentait assez rarement. Il hocha simplement la tête quand Peter lui confirma qu'elle ne chantait pas ce soir, ce dont il se doutait déjà. Il ne ressentait pas le besoin de la voir tous les jours ni de connaître son emploi du temps, loin de là. Mais quand elle était présente, il était heureux, tout simplement. Un sourire mince et aisément déchiffrable étira les lèvres du jeune homme à la remarque de Maddox qui les avait rejoint. « On t'a bien renseigné. C'est... en cours, je suppose. On verra. » répondit Azriel, une lueur joyeuse flottant dans ses iris chocolat. « Y a sans doute plus de piment quand on est de l'autre côté du comptoir. » souligna-t-il avec un petit rire après avoir servi sa bière au jeune homme. Il y avait plus ennuyant que de travailler dans un bar, c'était certain, et certaines soirées étaient plus animées que d'autres. Peter et lui collectaient pas mal de tranches de rire ici, c'était vrai. « Et toi alors, l'écriture, ça avance ? » demanda ensuite le jeune homme.

« Le jeune Shillinglaw nous cache des choses je pense ! Allez raconte, t’as rencontré quelqu’un hier soir ? » demandas-tu à ton collègue, l’envie de tout savoir. Oui, tu étais légèrement curieux quand il s’agissait de tes potes et de leurs conquêtes. Mais ils le faisaient tout autant avec toi. Alors vu qu’Azriel restait un peu sur la défensive, tu battais le terrain. « Je suis désolé, j’suis trop curieux » finis-tu par dire en haussant les épaules simplement. Ton meilleur ami remarqua tes écorchures sur les mains, et tu riais légèrement à sa remarque. « J’me suis battu avec un trottoir, longue histoire » fis-tu en balayant ta main dans les airs et en faisant la moue. Tu avais bien tuer tes mains, mais ça ne t’empêcherait pas de travailler. Les nouvelles allant vite en dehors du Hendrix, ton ami était lui aussi au courant qu’une jeune femme faisait surement basculer le coeur de votre pote. « On te lâchera pas avec ça, dude et tu le sais » dis-tu en tapant ta main dans son dos. Maddox fut servi par ton ami, et tu écoutais ce que les garçons disaient pendant que tu essuyais quelques verres et que tu faisais du rangement. « On voit beaucoup de chose de notre côté, mais on ne fait qu’observer de loin » avouas-tu au brun avec un léger rire. Même si des fois les choses pouvaient se faire autrement. Comme ce soir là, où tu avais succombé aux charmes d’une jolie brune. Mais passons, ceci est un autre jour. Le bar promettait d’être calme ce soir. Parce que si aucun autre client que Maddox était présent dans la salle, vous n’alliez pas faire grand monde. « Ouais, comment ça se passe ? Etant ton fan numéro 1, j’aimerais bien lire un de tes projets un de ses quatre » dis-tu au jeune homme en lui faisant un clin d’oeil. Evidemment, tu faisais référence au soir du nouvel an, celui où tu lui avais dis que quoi qu’il arrivait, tu serais toujours derrière lui, à lire ses bouquins et à l’encourager.

Quand Peter te fait remarquer qu’Azriel vous cache quelque chose, tu fronces légèrement les sourcils, à la fois intrigué et étonné qu’il ne donne pas plus de détails que ça. Il n’y est pas obligé, évidemment, mais entre amis, vous parlez souvent de vos soirées, des nouveaux événements dans vos vies parfois ennuyeuses. « Allez raconte, elle était comment ? » Demandes-tu, un sourire taquin aux lèvres. Puis, alors que tu poses les yeux sur Peter, ton meilleur ami, tu remarques bien vite que ses mains sont abîmées, écorchées par tu ne sais quoi. Tu éclates de rire en entendant sa réponse. « C’est vrai que ça a du répondant un trottoir ! » Dis-tu, moqueur avant de lancer un clin d’œil complice à Azriel. Finalement, tu interroges le jeune Shilliglaw sur des rumeurs que tu as entendues à propos de lui et il semblerait que pour une fois, elles soient fondées. Tu hoches la tête quand il répond que c’est en cours, ne cherchant pas vraiment plus loin. Enfin c’était sans compter sur Peter qui, lui, en demande plus. Tu acquiesces les dires de ton meilleur ami, attendant qu’Azriel se livre sur sa vie. Visiblement, l’italien a une vie bien plus mouvementée que la vôtre. « C’est pas faux. Mais les femmes sont souvent attirées par les barmans, non ? » Demandes-tu quand vous discutez du travail des deux hommes qui est plus mouvementé que d’autres, à tes yeux. Quand ils t’interrogent à tour de rôle sur ton second métier, tu soupires légèrement, le regard hésitant. En ce qui concerne l’écriture, tu n’as jamais eu confiance en toi, tu as toujours eu l’impression de n’être pas assez doué pour qu’on te donne ta chance. Mais récemment, Olivia t’a prouvé le contraire alors tu te donnes à mille pour cent pour la rendre fière. « Ca avance. Doucement mais sûrement. J’espère rendre un premier jet de mon livre dans les jours à venir à une amie qui est dans le monde de l’écriture aussi et qui me conseille beaucoup. » Dis-tu en les regardant l’un après l’autre. « Promis, quand elle m’a donné son avis et qu’elle a amené certaines corrections, je te donnerai un exemplaire. J’espère quand même que tu seras impartial malgré ton amour pour moi. » Dis-tu en riant à la fin de ta phrase.

Azriel secoua la tête en riant devant l'insistance de ses deux potes. Ce n'était pas son genre de déballer toutes ses histoires ainsi, mais quand ses potes creusaient un peu, il ne tenait jamais longtemps avant de vendre la mèche. Après tout, y a pas de secrets entre amis, non ? Mais c'était juste dans son caractère d'être un peu plus discret à propos de ce qu'il se passait dans sa vie, absolument pas pour cacher quoi que ce soit. « En fait, j'connais pas son vrai nom. » fit-il avec un haussement d'épaules, comme pour se justifier de ne pas avoir grand chose à dire. « Et avant que vous n'alliez croire que je suis un connard sans cœur, non, je n'ai pas oublié son nom quand elle est partie au petit matin, c'est juste qu'on s'est donnés des faux noms pour la soirée. Mais c'était une jolie brune, genre petite et mignonne, toute souriante. » précisa-t-il ensuite sur le ton de l'humour, avant de décrire Lola, bien que ses mots soient trop pauvres pour lui rendre justice, pour répondre à la question de Maddox. Azriel rit doucement lorsque Peter expliqua encore une fois sa bataille avec le trottoir, puis la conversation revint sur lui et ses potentiels développements sentimentaux. « Je sais bien, vous aurez des updates dès que vous le voudrez, vous inquiétez pas va. » répliqua-t-il à Peter avec un sourire en coin faussement énigmatique. « C'est vrai qu'on est bien placés, pour ça. » avoua Az en riant. Fallait se le dire, se faire aborder par des filles au comptoir faisait partie intégrante du job de barman. Et parfois, c'était pas plus mal. Maddox leur expliqua ensuite l'avancée de son écriture, expliquant qu'il avançait petit à petit. L'italien rejoignit Peter qui proposa de lire une première version. « Je suis partant aussi, tu sais comme j'aime lire, ça me fera plaisir de jeter un œil à ce que tu nous ponds de ton p'tit crâne. » proposa-t-il avec un sourire. Il aimait tous les styles de livres et il était très rare qu'il n'accroche pas, même s'il avait ses préférences en matière de genre et de style d'écriture. Mais il était impatient de découvrir le travail de Maddox.

Partager un moment avec tes amis, même au travail, ça te faisait du bien. Comme si même dans cet endroit, vous pouviez parler ouvertement les uns avec les autres. Azriel vous confiait alors sa petite virée en boîte et avec Maddox, vous n’alliez pas le laisser s’en sortir aussi facilement. « Oh, c’est stylé ça. Genre tu sais rien d’elle ? » demandas-tu au jeune italien. Tu n’avais jamais fais ça mais à vrai dire, c’était sympa. Rencontrer une fille mais ne pas lui dire ton prénom ni le sien. C’était original. Les filles aimaient beaucoup les mecs qui étaient derrière le bar, et ça, Az et toi vous le saviez très bien. Plus d’une fois, les filles étaient venues à toi pour entamer la discussion et même plus d’ailleurs. « J’avoue que là dessus, on est pas du tout à plaindre » dit-il à son ami en lui faisant un clin d’oeil. Malia, Dolorès, mais encore plein d’autres filles étaient venus à toi alors que tu travaillais. Seule une restait dans ton esprit à te tourmenter. Maddox vous confia alors qu’il était en phase d’écriture pour un livre, et qu’il avait un premier jet qu’il avait montré à quelqu’un. Tu attendais impatiemment d’avoir un manuscrit de ton meilleur ami dans les mains, parce que tu voulais enfin lire ce qu’il pouvait imaginer dans sa tête. « D’accord, on attendra patiemment. Mais nous oublie pas » dis-tu avec un clin d’oeil à ton frère de coeur. Tu n’avais pas de talent comme ça toi, la seule chose avec laquelle tu étais doué, c’était tes poings. Mais tu t’en cachais. Alors voir que Maddox avait une fibre artistique comme ça, ça te faisait plaisir et tu étais impatient de voir qu’est-ce que ses écrits pouvaient donner.

Tu fronces les sourcils avec un léger sourire aux lèvres alors qu’Azriel vous explique qu’il ne connaît pas le prénom de sa dernière conquête. Pourquoi pas, après tout, ça met un peu de piment et c’est sans doute assez amusant. « Ouais c’est le genre de description qui pourrait correspondre à des tas de femmes à Bowen. » Dis-tu en riant. Il est clair que la description donnée par Az’ ne risque pas de vous aider à visualiser ladite jeune femme. Mais après tout, ce qui importe c’est que ton ami ait passé une bonne soirée, tu t’en fous un peu de savoir avec qui il l’a passé précisément. Tu hoches la tête, convaincu, alors que le barman ajoute qu’il vous racontera tout ce qu’il se passe dans sa vie à l’avenir. C’est comme ça que vous fonctionnez après tout, tous les trois. Même si vous ne vous voyez pas tous les jours, vous ne manquez jamais une occasion de prendre des nouvelles les uns des autres et c’est ce qui forge aussi votre amitié. D’ailleurs, en parlant de nouveautés, les deux hommes t’interrogent sur l’avancée de ton livre. Un livre qui avance bien, par chance, et qui risque d’arriver à son terme plus vite que prévu. Tu attends simplement une relecture d’une amie avant de présenter ton livre à tes amis mais une chose est sûre, tu ne manqueras pas de leur demander leur avis. Avoir leur opinion t’importe beaucoup. « Promis, vous aurez tous les deux un exemplaire au moment venu. » Dis-tu, formel. Puis, arpentant la salle du regard, tu penses à un truc. « Je me demandais… vous croyez que ce serait possible que je fasse quelques représentations au Hendrix, quelques soirs par semaine ? Pas un truc formel sur scène mais plutôt passer de table en table pour faire découvrir mes tours aux clients et pour les divertir par la même occasion. » Cela te permettrait d’avoir un peu plus d’argent et aussi de fidéliser la clientèle du Hendrix. C’est donnant-donnant.