evasion (sacha)

Évasion

Clope au bec, il erre dans Bowen comme on erre en Enfer. Il sait pas où il va, mais il marche, ça, c’est sûr. Ses grandes pattes d’araignée le mènent souvent n’importe où. Parfois au bar, parfois à la plage, d’autres fois chez une parfaite inconnue. Sa vie, elle se résumé carrément au hasard. C’est Bowen qui lui veut ça. Avant, en Russie, quand il errait dans le froid de l’hiver c’était surtout parce qu’il avait pas le choix. Il aurait bien été voir si Pia était là pour passer une soirée comme ils aimaient les provoquer, mais elle répondait pas. Y’a pas plus agaçant que ça, selon lui, d’être là à attendre une réponse de sa part alors qu’il se passe rien. Dans sa tête, y’a alors tout qui tourne. Il s’imagine qu’elle est soit en train de dormir, ce qu’il doute vu l’heure pas si tardive que ça, soit elle lui fait la gueule, soit elle est morte ou pire, en train de coucher avec un autre homme que lui. Ça le fout toujours en rogne d’imaginer qu’il peut y avoir un mec qui a eu le culot de l’approcher. Ouais, il sait, leur relation doit pas être révélée au grand jour, ils doivent continuer à vivre leur vie chacun de leur côté, mais c’est comme ça. Depuis qu’elle est son assistante, il s’imagine qu’elle est à lui. Et lui, de son côté, il continue d’aller voir d’autres femmes, alors elle aurait autant le droit de faire pareil. Il recrache furieusement sa fumée en y repensant, et il accélère le pas. Ses pieds ont quand même pris la direction de chez elle, c’est plus fort que lui. C’est qu’une fois arrivé dans le quartier qu’il s’en rend compte. Poussant un soupir, il laisse sa cigarette s’écraser au sol et trouve un autre chemin pour fuir. C’est plus la curiosité qu’autre chose qui l’a poussé là. Il veut savoir ce qu’il se passe. Elle aurait pu avoir l’excuse comme quoi elle était au boulot, si seulement ils bossaient pas ensemble.
Puis là, au loin, t’as le vent marin qui lui fouette son visage. Il se rappelle alors où il est. Il a regagné la plage, et même si l’envie d’aller s’y noyer par désespoir le prend, il reste éloigné, avance le long de la berge, l’air pensif, main dans les poches.  Le vent déplace sa plus longue mèche sur son front, fait s’envoler les pans de sa veste de cuir sous laquelle il exhibe son corps presque imberbe et sans muscles. Il a un peu froid, c’est vrai, mais dans quelques minutes il n’y pensera plus. Il voit déjà au loin de la lumière et comme on dit, « j’suis entré parce que j’ai vu de la lumière ». Il s’approche, il connaît ce bar où il a déjà laissé son âme s’égarer plusieurs fois.  Y’a souvent du monde, il est bien réputé parce que les boissons sont correctes, niveau goût et niveau prix, y’a de belles donzelles et on a une vue sur l’horizon.  « Une vodka s’teuplait. » qu’il crache lorsqu’il s’assoit sur un tabouret. Check rapide avec le barmand qui part lui chercher ça, puis il tourne le regard vers la chevelure de feu qui brille dans le coin de son œil. C’est une petite demoiselle, toute jeune, qui semble avoir le visage si crispé que ça en devient presque inhumain. Quand on pose sa commande devant lui, Sacha décide donc de commander un second verre pour pousser le première face à la jeune femme. « Y’a rien de mieux que de vaincre les têtes d’enterrement avec de la vodka. T’occupe, je paie. » Il hausse les épaules, regarde autour de lui avant de poser un billet sur le comptoir. Il attrape son propre verre dans lequel il trempe aussitôt ses lèvres pour voir une grande gorgée. Le russe qui est en lui est entièrement satisfait de ce goût si unique qui lui rappelle son pays. « T’as l’air jeune, t’as l’âge de traîner ici, au moins ? » Ou p’t’être que t’as juste pas les yeux en face des trous, Sacha. Ou que ta technique d’approche un peu abrupte pourrait te valoir des problèmes. T’as déjà un casier judiciaire, ce serait con de te retrouver en taule parce que t’as abordé une jolie minette mineure. A condition qu’elle prenne pas peur de ta grande gueule et de ton accent lointain.

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Évasion

Là, il grimace. Vieux, sérieusement ? Il ne s'y attendait pas. Il est au courant qu'il approche de la trentaine, et pourtant, il n'en a aucunement conscience. Dans sa tête, il est encore un gamin en quête de liberté. Il se sent jeune et con, et c'est pas prêt de changer. Il la regarde forcément de travers, vexé. C'est pire quand elle l'appelle monsieur. Il lève les yeux au ciel, poussant un soupir las. De pire en pire, elle doit bien être amoché pour lui donner plus de trente ans. En même temps, ça a quelque chose d'amusant, de voir qu'elle tient pas l'alcool. Pauvre petite, elle lui rappelle un peu sa sœur, bien que cette dernière soit un peu plus désagréable dans ses conversations avec lui. « Moi aussi j'ai vingt-trois. » Plaisante-t-il, rire franc s'échappant de ses lèvres malgré lui. Il va lui falloir plus d'un verre pour se remettre de ses émotions. Il regrette déjà de ne pas avoir décidé de faire son curieux et de s'arrêter chez Pia. Mais dans un sens, ça lui faisait du bien de voir du monde. Il se sentait moins seul dans son monde, et qu'on le voit avec une autre nana que son assistante, ça pouvait pas faire de mal à sa réputation. Il voulait pas être viré du cabaret pour avoir menti sur la nature de sa relation avec la rousse. D'ailleurs, en y repensant, il devait avoir quelque chose avec les rousses. Mais il noya cette pensée en s'enfilant lui aussi son verre de vodka, sans réfléchir, se brûlant un peu le gosier. Sensation au départ désagréable mais qu'il appréciait. Parce que ça lui rappelait qu'il était vivant et que, contrairement à son daron, il était libre d'agir comme bon lui semble.  « J'sais pas. » Il aurait pu répondre de manire vulgaire comme il aimait le faire, mais vu l'état dans lequel elle était, il doutait que ce soit une bonne idée. Il commande d'ailleurs un second verre, regard fixe sur la monnaie qui s'aligne devant lui. Deux verres, c'est tout ce qu'il peut se permettre ce soir. Non pas parce qu'il est ruiné, ça il a l'habitude, mais parce que les cachetons vont commencer à faire effet. Bientôt, le mélange des médicaments et de l'alcool le rendra presque amorphe et il en oubliera ce qu'il fait. Mauvais point, dans ce cas-là, d'avoir décidé de payer une vodka à une demoiselle en détresse. Elle risquerait d'y prendre goût, et ça le gonflerait terriblement. Il a pas besoin qu'on le colle et qu'on le suive partout comme un petit chien. Et puis, même s'il dirait pas non à une soirée au lit en compagnie d'une belle en temps normal, aujourd'hui, c'était différent. Parce qu'il a pas envie de se laisser aller à ce genre de pulsions juste parce qu'il est en colère. La psy lui a dit, il doit apprendre à réfléchir avec la tête, pas avec la hargne, encore moins avec le sexe. Il tourne quand même la tête vers elle, hausse un sourcil presque curieux face à tant d'innocence et de naïveté. Génial, il était tombé sur un bisounours ambulant, il était pas dans la merde. « Ok, Blue. » Qu'il répond machinalement, trempant à nouveau ses lèvres dans le shooter placé devant lui. « Toi t'as envie de parler de ta vie, hein ? » Il demande, se met à rire puis secoue vivement la tête. Toutes les mêmes, se surprend-il à penser, presque agacé. Il sait que c'est pas de sa faute à elle, s'il se braque. « Désolé, j'suis ni ton père, ni ton psy. Si tu veux causer t'as qu'à aller choper un jeunot de ton âge, puisque je suis vieux. » C'est plus fort que lui, de pousser les gens à bout et de les faire chier. Il hausse les épaules, termine son verre puis soupire. « Pourquoi t'es là, toi ? » ose-t-il finalement demander, sur le même ton que celui qu'elle avait employé pour lui parler plus tôt. S'il passait pour un connard, tant pis. C'était ce qu'il était. Et puis, valait mieux faire peur que d'attirer, dans ces cas-là.

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Évasion

Papy ? C'était de pire en pire, et il ne pouvait pas s'empêcher de lancer une petite phrase salace pour la faire taire, bien qu'il commence sérieusement à douter pouvoir le faire. Cette petite semble si coriace que même des allusions sexuelles seraient incapables de la faire fuir. « Tu serais étonnée de savoir tout ce que papy est encore capable de faire. » Et comme si s'en doutait, à sa question suivante, elle le renvoie chier. Il ne peut pas s'empêcher de rigoler face à tant de répartie. Finalement, elle lui plaît bien cette petite, il voit en elle beaucoup de potentiel.  « Complètement. » réplique-t-il alors qu'elle continue à parler, comme si elle ne pouvait plus rien faire d'autre maintenant qu'il avait lancé la machine. Alors, curieux, il l'observe, sourcils froncés, se demandant ce qu'il a bien pu arriver pour qu'elle se mette dans un état pareil. Oublier, il connaît ça. Mais pour des raisons trop sombres, et dont il ne parlera probablement jamais. D'ailleurs, c'est le silence qui les enveloppe finalement alors qu'ils enchaînent les verres, comme deux complices de meurtre auraient pu le faire pour s'effacer momentanément la mémoire sur les précédents événements. Dire que ça aurait pu être le cas, pour lui. Tuer, il y a déjà pensé. Plusieurs fois, depuis qu'il est gosse. Il sait que c'est parce qu'il y a un truc qui va pas dans sa tête, mais il refuse souvent de le reconnaître. Peut-on être vraiment fou si l'on prend conscience de sa propre folie ? C'est une question qui s'est toujours posée dans son entourage, qui n'attend qu'une chose, qu'il fasse la connerie de trop, celle qui l'enverra en taule ou à l'abattoir. Oh ça, c'était déjà arrivé. Après tout, les deux gosses de Rachel et Jess en étaient la preuve. Y'avait-il pire que de faire de deux enfants à la fois des frères et des cousins ? Bienvenue chez les Lannister, lui dit-on souvent. « Quel genre de service ? » Il sait pas depuis combien de temps ils sont en train de s'enfiler des verres, mais un bon moment, vu l'effet qui s'empare de lui à cet instant. Il se sent vaseux, quand il pose son regard défoncé sur elle. Il a l'air las, et con aussi. Sourire en coin, il hausse les épaules. « Les seuls services que je rends sont pas pour les enfants. » grommelle-t-il, continuant à jouer le jeu et à l'emmerder sur son jeune âge. Elle est amusante, alors il espère qu'elle le prendra pas trop mal. Il secoue finalement la tête et soupire.  « Vas-y, crache ta Valda. De quel service t'as besoin ? » Pourvu qu'elle lui demande pas d'aller lui chercher de la drogue. Il était déjà bien assez dans la merde comme ça, pas besoin qu'une petite rousse en rajoute et le fasse définitivement plonger.

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Il aurait pu lui donner n'importe quel prénom du monde, s'il l'avait souhaité. De toute façon, il était certain qu'elle ne s'en souviendrait pas d'ici demain. D'ici cinq minutes non plus, à vrai dire. Elle pouvait l'appeler papy toute la soirée si tel était son souhait, il ne rechignerait pas, dans tous les cas. « Moi c'est Sacha. Et toi ? » Lui non plus ne s'en souviendrait probablement pas, mais par politesse, il demande. Il veut pas non plus à avoir à l'appeler ma petite toute la soirée. Puis, avec toutes les merdes qui lui étaient tombées dessus depuis toujours, il avait bien compris qu'il valait mieux se renseigner sur le prénom d'une demoiselle en soirée. Parce que s'il tombait sur quelqu'un qui connaissait la demoiselle, il fallait qu'il soit en mesure de la défendre. Pareil s'il lui arrivait quelque chose, ou s'il devait la ramener à ses parents. Il voulait passer pour un homme responsable, et ce, malgré ses problèmes de santé, ses coucheries à droite à gauche et son métier atypique qui ne faisait pas l'unanimité. Puis il accepte de lui rendre ce petit service. Il s'imagine qu'elle va lui demander un truc improbable. Lui payer un verre, la sauver d'un crétin qui la drague depuis le début de la soirée, ou encore de lui foutre la paix. Au lieu de ça, elle demande un truc tout à fait banal : qu'il l'accompagne aux toilettes. Il rigole, d'abord, puis la regarde plus sérieusement. Génial, il devait jouer la bonne copine, maintenant. Levant les yeux au ciel, il se leva finalement, un peu tanguant, mais moins qu'elle. Faut croire qu'il a plus l'habitude de tenir l'alcool, par rapport à elle. Il se questionne aussi. Est-ce qu'elle en a vraiment envie, ou c'est une ruse pour coucher avec lui ? Ou bien le faire virer du bar ? Il regarde autour de lui, mais tout le monde s'en fout d'eux. « Si tu veux. » cède-t-il avant de s'approcher d'elle. Il passa un bras autour de sa taille pour la soutenir. Il se demande si ce serait pas plus judicieux de la porter jusqu'aux toilettes pour éviter qu'elle n'embête tout le monde. Après une hésitation, il opte pour cette solution. « Attention, ça va tanguer un peu. » la prévient-il avant de la soulever pour la jeter sur son épaule, assez doucement pour ne pas qu'elle lui vomisse dessus. Il va pas non plus la porter comme une princesse, elle rêve. Et lentement, il se dirige jusqu'à la porte des toilettes des femmes. Il dépose la rousse et désigne la pièce. « Est-ce que ça va aller, d'ici ? J'te préviens, te fracasse pas le crâne contre la cuvette. Et ferme pas à clé, j'surveille, si tu veux. Et oublie pas de baisser ton pantalon avant de pisser. Pour ta dignité, tu sais. » Manquerait plus qu'elle s'endorme sur les toilettes et qu'il ne puisse pas l'aider à sortir. Non, il avait bien assez de problèmes comme ça, elle devrait se contenter de ce seul et unique service, même s'il avait l'impression qu'il y en aurait d'autres.

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Évasion

Il se souvenait pas vraiment de ce qu'elle avait pu lui dire, et il s'en fichait amplement. Il avait d'autres chats à fouetter. Il pourrait lui redemander une troisième fois, d'ailleurs, pour être sûr de bien ancrer son nom dans sa tête mais il ne le fit pas. Parce que la demoiselle l'avait pris pour son père ou son grand-père, et que, désormais, il avait pour mission de la mener jusqu'aux toilettes. Il s'interrogea d'ailleurs : devrait-il lui faire payer ses services pour avoir été son garde du corps ? Bien que ce soit tentant, cette technique n'était clairement pas catholique. Il l'accompagna donc à sa manière, légèrement agacé de voir qu'il était venu dans ce bar seulement pour servir de tonton. Il pourrait non sans mal l'abandonner une fois aux toilettes pour aller rejoindre n'importe quelle demoiselle en recherche d'un mâle pour la soirée, et pourtant, il était encore là à prendre soin de Blue. D'ailleurs, il commença à s'inquiéter en ne la voyant pas sortir des toilettes, et hésita à s'incruster dans les WC des dames pour la secourir. Heureusement pour lui, de telles mesures ne furent pas nécessaires puisqu'elle revint sans encombre, et semble-t-il, plus en forme que jamais. Sacha, épuisé par l'énergie de la demoiselle, poussa un long soupir en la voyant repartir vers le bar. Visiblement, elle n'en avait pas assez vécu pour la soirée. D'un bras, il la rattrapa par la taille pour l'empêcher de fuir. Il la dévisagea un instant, désignant son top. « Tu t'es gerbé dessus. Tu n'avaleras rien d'autre ce soir, si ce n'est de l'eau. » Il ne la laissa pas réagir et l'entraîna vers la sortie, l'air intérieur lui donnant soudainement la migraine. « Viens, on va juste prendre l'air, fumer une clope et ensuite on verra pour un autre verre. » Loin de lui l'idée de la corrompre, mais le mensonge était parfois plutôt utile. Une fois dehors, elle retrouverait peut-être ses esprits, ou dans le pire des cas, elle s'endormirait sur un banc. Mais il était bien décidé à l'empêcher de boire plus que nécessaire. Si elle faisait un coma parce qu'elle avait bu une tequila de trop, il lui arriverait des problèmes, et soyons clairs, il voulait les éviter. Il l'entraîna donc à l'extérieur, et une fois là-bas, trouva bon de s'éloigner un peu de la foule pour s'asseoir dans l'herbe. il fit signe à la rousse de le rejoindre tandis qu'il sortait une cigarette avec peine, ses doigts endoloris par l'alcool et le froid. « Une fesse après l'autre. Et te casse pas la gueule, s'il te plaît. J'te rattraperai pas. » Il l'observa donc, sourcil curieux relevé. Allait-elle simplement réussir à s'asseoir, ou s'enfuirait-elle en courant maintenant qu'il l'avait gentiment relâchée ?

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Évasion

Tiens, maintenant, la gamine s'amusait à donner des conseils. Levant les yeux au ciel, Sacha fit comme s'il avait rien entendu. C'était pas une petite clope qui allait aggraver son cas. Il avait touché à bien pire qu'une clope, durant sa longue vie. La coke, le sérum qui coule dans les veines, tout ça, c'était pire que tout. Au départ, il a pas tenté de lutter. Il a fait face à l'addiction du jour au lendemain, confronté à un monde de gens sans pitié. Grommelant, il la regarde s'étaler dans l'herbe après avoir arraché cette dernière, comme une enfant le ferait. Elle lui fait penser à une enfant, actuellement. L'air innocent et naïf sur le visage, les questions à la con, surtout. Il hésite à se barrer tout de suite, mais ça l'intrigue. Il jette sa clope, s'allonge finalement à côté d'elle, pour observer à son tour le ciel. Sur le moment, ça lui fout la gerbe de voir là-haut. Il ferme les yeux, puis les rouvre et essaie de stabiliser la vue. Il a trop bu. « P'têtre. » Après tout, le gouvernement pourrait cacher des choses. Ou l'être humain est trop con pour regarder au bon endroit. Faudrait pas chercher des extraterrestres, mais plutôt des petits signes, des détails. Un atome étrange qui se balade à la surface de la Terre, une roche un peu trop brillante pour être terrienne. Finalement, il tourne la tête vers la rousse et se met à rire. Il s'appuie sur son coude pour mieux la voir, même si sa vision semble un peu floue, ce soir. « Ouais. J'étais venu envahir le monde, mais j'ai merdé. Parce qu'il y avait de belles nanas sur ma route. Les nanas, ça déconcentre toujours. » IL peut pas dire le contraire. S'il était vraiment de là-haut, la première chose qu'il ferait, c'est de savoir comment le sexe se passe avec une autre race. Enfin, il pense surtout ça parce qu'il est bourré, et demain, il aura une belle gueule de bois. D'ailleurs, il se redresse déjà, parce qu'il supporte plus de voir le ciel d'en-bas. « Bon, t'habite où, que j'te ramène en un seul morceau ? Veux pas avoir ta mort sur ma conscience, petite. » Puis cette sortie lui a suffi. Il veut s'étaler sur son canapé et dormir pour les dernières heures de la nuit. Il veut sombrer et plus penser aux extraterrestres, aux nanas, à la clope, à l'alcool. Et si elle veut rentrer toute seule, il forcera pas. Il a autre chose à faire que de la chaperonner.

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Évasion

Il tire la grimace. Parce qu'il se rend compte qu'il est tombé sur la coloc de son bro'. Milo. Maintenant, ça fait tilt dans sa tête. C'est vrai que Blue, c'est pas commun comme prénom, il aurait dû s'en rendre compte plus tôt, de qui elle était. Sauf que la vodka avait embrouillé son esprit, à moins que ce ne soit le whisky. L'avantage, c'est qu'il va pouvoir la ramener sans encombre, et ce, même s'il n'a qu'une partie de l'adresse. « Ok. Viens, j'te ramène. » Il lui fait signe de le suivre, fourre les mains dans les poches et avance. Il lève les yeux au ciel en entendant parler de Sahara, et il s'arrête quelques secondes pour dévisager Blue. Sahara, la meilleure amie de cette gamine ? Il avait du mal à y croire. La brune attirait-elle donc tous les cas désespérés de Bowen ? Fallait croire. Il comprenait mieux, maintenant. Poussant un soupir, il se mit à grommeler. « Elle m'a déjà déconcentré depuis longtemps. » Il s'étonnait de pas avoir croisé la rousse plus tôt. Elle était jeune, elle devait avoir connu sa meilleure amie il y a moins longtemps que lui. Lui, c'était y'a quelques années déjà, quand il était au fond du trou. Chose que la gamine sait pas, et qu'il est pas prêt de lui dire. Il accélère le pas malgré lui, espérant qu'elle arrive à suivre la cadence. Sinon, il la porterait. Il ressent le soudain besoin de s'éloigner d'elle le plus vite possible. « Moi aussi, c'est ma meilleure amie. et je connais aussi Milo. Le monde est petit. » Et ça le fait chier. Parce que ça veut dire qu'il risque souvent de recroiser la rousse par le futur. Enfin, pour le moment, il prie pour qu'elle fasse pas de commentaire désobligeant. Encore moins si ça concerne Sahara, ça risque de le gêner. « Dépêche-toi, à ce train-là, t'es pas rentrée avant demain soir. » la presse-t-il, désormais incapable de la regarder en face. Trop de personnes en commun, ça l'irrite.

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