forgotten memory ▽ (scarlie)

C'était peine perdue, et Charlie se maudit elle-même d'avoir cru un seul instant que Scar allait ne fut-ce que tenter de se contrôler et ne pas totalement péter un câble. Elle n'eut même pas le temps d'esquisser un geste de plus qu'il avait déjà collé l'autre type contre le mur et que les choses s'envenimaient vitesse grand v. L'étudiante fronça les sourcils et ouvrit la bouche pour protester, mais aucun son ne sortit, car elle savait pertinemment que c'était inutile. Elle croisa donc les bras sur la poitrine, exaspérée par le comportement de Scar. Et un tantinet inquiète de le voir s'être fait cogner assez fort, quand même. Mais ça, elle n'allait clairement pas lui montrer, il ne méritait aucune compassion de sa part. Tandis que les coups de poing s'échangeaient et que Charlie assistait à la scène sans broncher, elle finit par perdre patience. « Scar putain, ça suffit, arrête maintenant ! ARRÊTE ! » Elle avait hurlé le dernier ordre, voyant bien que ses paroles n'avaient aucun effet, mais surtout parce qu'il venait de cogner le type si fort qu'elle avait entendu quelque chose craquer, et son ouïe de chirurgienne était assez fine pour savoir que ça ne présageait rien de bon. Il la faisait flipper, avec ses accès de violence. Déjà, parce qu'elle avait peur qu'un jour il tombe sur plus taré que lui et se fasse vraiment détruire la gueule. Elle avait toujours une petite appréhension de le voir débarquer à l'hôpital un jour, aux urgences, couché sur un brancard et tous les os du corps brisé. Bon, c'était exagéré, mais l'étudiante était bien placée pour savoir que parfois, des côtes brisées au mauvais endroit, d'une mauvaise manière, ça pouvait avoir des complications plus graves. Et ensuite, parce qu'elle avait également peur de jusqu'où lui pouvait aller. Il ne se contrôlait plus quand il était dans cet état, elle le savait. Et elle flippait à l'idée qu'un jour, il puisse faire plus grave que juste casser la gueule à un connard, et qu'il doive en affronter les conséquences.

Le videur finit par intervenir et séparer les deux jeunes gens, tandis que Charlie rejoignait précipitamment son ami, observant sa figure en quelques fractions de seconde par réflexe, histoire de vérifier qu'il n'y avait rien d'alarmant. Après ce minuscule répit d'inquiétude, elle laissa libre cours à son irritation, lui laissant toute la place. Elle secoua la tête en entendant son petit "désolé". « T'es vraiment un imbécile parfois. Ce type allait rien faire, on avait juste à se barrer tranquillou pour avoir la paix, qu'est-ce que je m'en tape de ce qu'un inconnu complètement con peut dire. Quoi, tu te sens mieux maintenant que t'as fait valoir ta position, tu te sens fort, c'est ça le but ? Ça te viendrait pas à l'esprit que j'ai pas besoin d'un bodyguard pour sauver mon honneur, d'ailleurs c'est encore pire, et que si j'ai survécu toutes ces années avant de te connaître, c'est que je sais gérer ce genre de situations sans avoir besoin d'une brute à mes côtés ? Parce qu'un mec violent c'est viril et bien dans ses baskets, c'est ça que tu veux envoyer comme message, en fait ? Parce que j'vois pas le but, sinon. » Elle fulminait et ses yeux bleu iceberg étaient devenus deux poignards de glace qui n'épargnaient pas le jeune homme. Il pouvait s'excuser autant qu'il le voulait, c'était toujours la même histoire. Elle prévenait, il s'emballait, il s'excusait, elle râlait. Dans un cercle infini. Elle souffla un bon coup et cessa de le noyer sous les reproches, se rendant compte qu'elle allait un peu loin dans ses paroles. Elle savait pertinemment que Scar souffrait juste d'un cruel manque de contrôle sur soi, qu'il était colérique, impulsif et qu'il ne savait pas gérer sa colère. Ce n'était pas entièrement de sa faute, et ce dont elle l'accusait était sans doute un peu trop exagéré. Penaud, il lui demanda si elle l'aimait toujours. Elle garda le silence, sourcils toujours froncés et une expression farouche sur le visage. « Je dois aller récupérer mes chaussures dans le bar. Reste là, vu que t'as pas le choix, et tâche de pas péter la gueule à quelqu'un d'autre sur les trois minutes que ça va prendre. » lâcha-t-elle froidement avant de faire volte-face d'un mouvement brusque et de s'engouffrer dans le bar. Elle revint deux minutes plus tard, ses talons à la main. Revint se planter face au jeune homme, et déposa un baiser sur sa joue blessée. « Oui, je t'aime toujours. Même si tu me saoules plus que tout l'alcool que j'ai bu ce soir. » murmura-t-elle à son oreille. L'ombre d'un sourire se dessina sur ses lèvres et ses iris clairs s'étaient quelque peu réchauffés, quand elle les plongea à nouveau dans ceux de Scar. « Emmène-moi quelque part. » dit-elle ensuite sur un ton sans réplique. Il était encore tôt, finalement, environ vingt-trois heures. Elle avait envie de prendre l'air, hors de Bowen. Juste avec son meilleur ami. Tant pis pour le manque de sommeil, au pire, elle ne dormirait pas de la nuit, elle avait encore neuf heures avant sa réunion.

HJ:

Elle leva les yeux au ciel et se mordit la lèvre pour garder sa réplique acide pour elle. C'était pas le premier débile à la reluquer et ce ne serait certainement pas le dernier, des types irrespectueux qui bavaient tel un bouledogue devant les filles, il y en aurait toujours. Si Scar comptait se battre avec tous ces gens-là... Il n'était pas prêt d'avoir fini. Cette possessivité avait le don d'agacer un peu Charlie, en même temps qu'elle l'appréciait. Elle devait reconnaître qu'elle préférait des réactions excessives que de l'indifférence. Mais elle pardonnait Scar assez rapidement pour ses accès de colère. Mais uniquement après lui avoir passé un savon. « Pardon ? » s'exclama-t-elle, abasourdie par les paroles du jeune homme, tandis qu'une nouvelle vague de rage pulsait dans tout son corps. Elle allait repartir sur un flot de paroles bien senties et aussi venimeuses que la morsure d'une vipère, mais elle se contint, fermant les yeux pour s'exhorter au calme du mieux qu'elle le pouvait. Elle n'avait pas l'énergie de s'énerver contre Scar pendant une heure et de rentrer dans leurs habituelles chamailleries et argumentations puériles. Dans ces cas-là, il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre. Elle laissa donc couler, s'interdisant de rebondir sur ce qu'il venait dire dire. Elle n'était pas capable de prendre soin d'elle, non mais. Elle avait bien envie de lui en coller une, tiens. Mais il ne servait à rien de surenchérir en lui rappelant qu'elle s'en sortait plutôt pas mal dans la vie, pour quelqu'un qui ne sait pas prendre soin de ça. Let it go, Charlie. « Ton merci, j'crois que tu sais où tu peux te le mettre. » rétorqua-t-elle sèchement avant d'aller récupérer ses chaussures. Elle pouvait tout de même bien s'autoriser cette réplique-là, il l'avait cherché. Dans le fond, elle savait que ça ne partait pas d'un mauvais sentiment, qu'il voulait juste la protéger et qu'il n'arrivait tout simplement pas à supporter que quelqu'un puisse représenter une menace pour elle. Il fallait qu'elle se calme, parce que Scar ne le ferait pas. Elle profita donc de ces deux minutes dans le bar pour baisser les armes et revint de meilleure composition. Elle tira la langue au jeune homme. Non mais ho, elle se forçait à ne pas déclencher une dispute, il allait pas en plus la chercher. Un sourire authentique naquit enfin sur son visage lorsque le brun accepta de partir en voiture. Charlie se souciait peu de son état, en cet instant. Encore une fois, elle avait mis sa rationalité en pause et n'avait pas envie d'adopter un comportement responsable. Elle avait juste envie de partir, n'importe où, mais ailleurs. « Si tu fais ça, je vomis dans ta voiture avant. Quitte à me faire tuer, autant bien te faire chier une dernière fois avant de quitter ce monde. » répliqua la jolie brune avec un haussement d'épaules détaché, avant de laisser son regard vagabonder par la fenêtre ouverte, ses mèches voletant autour de son visage. Scar finit par s'arrêter, un peu au milieu de nulle part. Ils ne devaient pas être très loin de Bowen, mais au moins à une quinzaine de kilomètres, selon la jeune femme. Elle sortit de la voiture, retrouvant un sourire enfantin, une étincelle joyeuse dans le regard, et vint s'installer sur le capot de la voiture, s'adossant contre le pare-brise. « Justement, c'est ça qui est bien. Tu me files une clope ? Promis, je serai pas malade cette fois. »

Charlie sourit et offrit un visage adorable à Scar tout en allumant sa cigarette. Oui, elle taxait souvent des clopes aux autres quand elle était déchirée, vu qu'elle n'était absolument pas fumeuse à la base. Et il y avait des gens assez gentils pour lui en donner, non sans jugement, comme Scar. « Oui, mais mais présence vaut bien ça, non ? » répondit-elle avec assurance, faussement hautaine en accentuant sa réplique avec un petit geste de la main façon princesse, avant de rire. Allongée sur le capot aux côtés du jeune homme, elle pencha la tête pour la caler contre l'épaule de ce dernier, son regard bleuté perdu dans les étoiles qui enflammaient la nuit claire. La fumée s'échappait lentement de leurs poumons pour aller se perdre dans la nuit, les rayons lunaires venant s'y refléter, la faisant paraître plus épaisse. « Si c'est le cas, j'estimerai que c'est de ta faute. Tu les auras attiré, avec le sang que t'as sur le visage, et on va tous les deux mourir parce que t'es un abruti. » dit-elle avec détachement, comme si l'idée de se faire bouffer par des loups-garous - ou attaquer par un tueur en série qui passerait par là, plus probable - ne l'inquiétait guère. Elle tourna la tête vers Scar, lui recrachant également la fumée au visage, avant de lui tirer la langue. Non mais. La lumière nocturne éclairait ses iris azur, suffisamment pour que le garçon remarque son expression contrariée lorsqu'il demanda pourquoi elle s'était mise dans cet état. « J'aime pas cette expression. "Se mettre minable". » lâcha-t-elle simplement sur un ton plat, tournant à nouveau la tête vers le ciel, les sourcils froncés et affichant un air boudeur. Elle n'aimait en effet pas qu'on qualifie son comportement de tel. Surtout venant de Scar. Mais même venant de n'importe qui d'autre, ça la mettait mal à l'aise, elle se sentait jugée et ridicule. Et elle détestait ce sentiment. Comme se réveiller d'un black out et que avoir des potes qui nous racontent à quel point on a été intenable la veille. On se sent mal, au plus profond, sans trop savoir pourquoi, mais tout prend une dimension plus dramatique. Et ce genre de remarques permettait à Charlie de se dévaloriser, activité qu'elle entreprenait souvent quand il s'agissait de sa vie sociale.

La jeunette se contenta d'un sourire amusé et presque satisfait, bien consciente qu'elle pouvait vraiment être chiante quand elle s'y mettait. Elle monta son regard clair vers lui, quand il affirma qu'il n'avait aucun self-control. Oui, elle savait. Et elle tolérait, dans une certaine mesure, mais en montrant à grand bruit que ce n'était pas ce qui lui plaisait le plus. Sinon, ça aurait été trop facile. « Je sais. Je t'en veux jamais vraiment... Mais je préfère quand tu m'écoutes planter trois graines de bon sens dans ton crâne et que tu parviens à te calmer. » souffla-t-elle, ses yeux pétillant teintés d'un voile sérieux plantés dans ceux de Scar. Elle passa des doigts délicats sur sa joue, l'ombre d'un sourire espiègle éclairant son visage, avant de reporter son attention sur la voûte céleste. Elle pouvait tolérer pas mal de choses chez Scar, mais il lui restait cette peur de le voir un jour débarquer en morceaux sur une civière dans les urgences. Ou derrière des barreaux. Fronçant les sourcils lorsqu'il aborda son état, elle afficha une expression boudeuse, que le jeune homme balaya d'un haussement d'épaules. « J'étais pas triste, j'avais simplement envie de faire la fête sans modération. » répliqua la brune, imitant son haussement d'épaules dégagé. Il pouvait parler celui-là, vu son comportement de ce soir, elle s'en tirait tout de même mieux. C'était plus satisfaisant quand elle parvenait à calmer ses emportements violents, pas comme ce soir. Mais un sourire en coin s'afficha sur ses lèvres quand il déposa un bisou sur sa joue. Il faisait chier à toujours parvenir à désamorcer la situation en l'attendrissant. On aurait dit un chiot qui fait les yeux doux alors qu'il n'arrête pas de faire des conneries.

Intriguée, la jeune femme releva la tête lorsqu'il parla d'une grosse bêtise. God, elle s'attendait déjà au pire, le connaissant. Mais contrairement à ce que Charlie s'attendait à entendre, il ne s'agissait pas d'une énième bagarre, mais bien d'une fille. À nouveau, l'étudiante fronça les sourcils, son regard détaillant minutieusement Scar. Elle sentit une pointe de colère, voir de dégoût, monter en elle, sortie de nulle part, au point qu'elle en fut elle-même surprise. Elle pinça les lèvres sans rien dire, parce qu'elle n'était pas sûre de ce qu'elle avait envie de dire. « Oui, je devine très bien. » murmura-t-elle entre ses dents, reposant le regard sur le ciel étoilé. Elle sentait plusieurs émotions se mélanger à l'intérieur de son esprit, comprimant sa poitrine, et elle ne parvenait pas à mettre un mot dessus, ce qui la frustrait énormément. Charlie était plutôt du genre à exprimer ses émotions sans modération, incapable de prendre le dessus sur ces dernières. Mais difficile d'exprimer une chose qu'on ne parvient pas à identifier clairement. « Pourquoi ? Rien ne le lui interdit. » souleva la brunette en haussant un sourcil, sur un ton neutre derrière lequel perçait une pointe de sarcasme. Elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi les mots de Scar lui tapaient sur le système, encore plus que d'habitude. Elle avait envie de lui dire qu'elle ne lui appartenait pas et qu'elle couchait avec qui elle voulait, elle n'avait besoin de la permission de personne, et cette possessivité malsaine lui titillait les nerfs. En même temps, elle ne parvenait toujours pas à identifier ce qui la dérangeait à propos de Scar et cette fille inconnue. C'était stupide. Malsain. Mon dieu, elle était malsaine. Les traits de son visage étaient tendus, reflétant son désarroi ainsi que son irritation. Quelque part, la surprotection de Scar lui apportait également une certaine satisfaction, un sentiment de valorisation, en même temps qu'elle l'énervait, et elle en était pleinement consciente.

Elle était bien, couchée sur ce capot de voiture aux côtés de son meilleur ami, entourée de son bras, partageant la chaleur de son corps. L'alcool était redescendu, ou en tout cas il ne devait plus rester grand chose dans son sang. La conversation dériva sur les récentes activités de chambre de Scar, ce qui eut pour effet de faire froncer les sourcils à la jeune femme. Elle n'était pas vraiment certaine de ce qu'elle en pensait ni d'où provenaient les émotions qui s'entremêlaient dans sa tête. Elle haussa les épaules quand le brun lui expliqua pourquoi il n'accepterait pas qu'elle couche avec Maddox - ce qui n'était de toute façon pas au programme, simple hypothèse - et elle afficha une moue mécontente quand il rit de son jeu de mots. Elle lui assena une petite tape indignée sur le bras pour toute réponse. « Si tu le dis. » répondit-elle à son tour. Elle ne comprenait pas très bien ce système de codes, de ne pas pouvoir se taper la meilleure amie de son frère. Tant que ce n'était pas un ex, pour elle, ses sœurs pouvaient bien se faire qui elles voulaient, ça ne la regardait pas. Mais Scar lui posa justement la question, et Charlie ouvrit la bouche pour répliquer, voulant défendre son point de vue, avant qu'une pointe de jalousie ne monte dans sa poitrine. Ouais. Elle ne serait peut-être pas enchantée d'apprendre que le jeune homme couche avec une de ses sœurs. « Si une de mes sœurs couchait avec toi, j'lui conseillerais surtout de bien se protéger. » fit la brune, sarcastique, faisant référence aux multiples partenaires sexuelles que Scar devait sûrement avoir. C'était aussi une manière d'éviter de répondre directement à la question, car elle ne savait pas quoi répondre. Elle n'avait pas envie d'admettre qu'il avait raison, mais en effet, ça l'aurait sûrement fait chier. Et elle ne savait pas très bien pourquoi.

Charlie se contenta de tirer la langue pour toute réponse. Elle n'était sans doute pas la championne de la répartie acide et bien placée du tac-au-tac, mais elle savait en user de temps en temps, comme le prouva sa remarque suivante. Sans doute n'avait-elle pas assez confiance en elle pour faire partie de ce groupe de personnes qui savaient toujours quoi répondre avec intelligence et finesse, pour rabattre le caquet aux autres. Souvent, elle repensait bien plus tard à ce qu'elle aurait dû dire et ruminait cela pendant des heures. Comme la plupart des gens, en soi. Elle n'avait pas une personnalité exceptionnelle, elle le savait. « Oui, ça va, laisse tomber les détails, c'était purement rhétorique. » répondit Charlie en grimaçant, peu désireuse d'avoir des images mentales de Scar avec d'autres filles. Pas besoin de connaître les détails de ses aventures, elle n'avait aucune envie d'imaginer quoi que ce soit. La jolie brune se mordit la lèvre quand son ami souligna qu'elle avait évité la question, ce qui était exactement le but recherché. Par chance, il n'en resta pas là et se mit à la chatouiller, et la jeune fille se tordit de rire, remuant dans tous les sens pour essayer de se dégager de l'emprise de Scar, jusqu'à ce qu'ils finissent tous deux à terre. Elle laissa échapper une petite exclamation de douleur sous le choc de la chute, sans réussir à s'arrêter de rire. « On va finir par se casser quelque chose, abruti va. » Elle fit mine de ronchonner mais son visage ne reflétait que joie et chaleur, dotant même l'insulte qu'elle avait proférée d'une teinte affectueuse. Elle releva la tête une fois qu'il arrêta enfin de la torturer, se retrouvant plongée dans son regard, reprenant son souffle, le cœur battant à tout rompre. Elle voulut dire quelque chose, mais se rendit compte qu'elle n'avait aucune idée des mots à prononcer. Alors elle reste ainsi, sondant le regard du jeune homme, se perdant quelque part dans son esprit. Ses joues avaient pris une teinte légèrement rosée, tandis que sa respiration haletante se calmait peu à peu.

« D'accord mais paie-moi en macarons alors ! » sourit Charlie. « Ça tombe bien que je sois dans le service pédiatrie, c'est exactement ce qu'il te faut. » ajouta-t-elle d'un air moqueur, sous-entendant que Scar était plus un enfant qu'un adulte dans sa tête. Elle lui ébouriffa les cheveux en riant. Une fois tous les deux dans l'herbe, après une intensive séance de chatouilles, le silence se fit autour d'eux et entre eux. Seuls les sons nocturnes donnait un bruit de fond à peine perceptible. Charlie frissonna quand le brun remit en place une de ses mèches rebelles, caressant la peau de sa joue au passage. Elle ne dit rien, se contentant de garder son regard intense planté dans celui de Scar, sa respiration revenant petit à petit à la normale. Mais son pouls, lui, ne semblait pas vouloir cesser de s'emballer. Elle aurait menti si elle avait dit ne jamais avoir pensé à Scar autrement que comme à un ami. Ils étaient proches depuis longtemps et extrêmement fusionnels. Et surtout, malgré des prises de tête occasionnelles où le ton montait de quelques octaves, ils n'étaient jamais fâchés longtemps, incapables de s'en vouloir réellement et acceptant finalement les vices de chacun. La brunette ne voyait simplement pas sa vie sans lui. Alors, elle avait souvent étouffé très rapidement des pensées moins platoniques à son égard, car leur amitié lui suffisait amplement et complétait une partie d'elle qu'elle refusait de perdre. Elle joua quelques secondes avec des mèches de cheveux du jeune homme, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres. C'était le genre de moments qu'elle partageait parfois avec Scar, un peu ambigu, mais ils ne dérapaient jamais. Elle n'avait pas envie de réfléchir à une possibilité pour des sentiments de se développer. C'était son meilleur ami et elle était bien comme ça. « On y va ? J'ai toujours ma réunion à huit heures demain matin. » lança d'un coup la brune à mi-voix, redressant le dos en même temps pour se retrouver assise, interrogeant Scar du regard. Il était près de trois heures du matin et l'étudiante savait déjà que le réveil allait être rude. Une gueule de bois ainsi qu'une bonne dose de fatigue allait l'attendre au tournant. Charlie se releva, tendant la main au jeune homme pour l'aider à faire de même. « T'as pas envie de venir dormir chez moi ? J'aurai besoin d'encouragements au réveil ! »