don't let it slip away (charlie)

Il était dix heures du matin et Charlie courait jusqu'au Starbucks. Comme prévu la veille, elle regrettait amèrement la quantité d'alcool qu'elle avait ingurgité. Surtout quand son réveil avait sonné à sept heures et qu'elle s'était rappelé - pour la quatrième fois au moins - qu'elle avait une réunion à huit heures à l'hôpital avec ses chefs de service, et les autres internes. La réunion mensuelle était importante et elle se devait d'y être présente, même si ça voulait dire arriver avec une gueule de bois de vingt-cinq kilomètres de long. Elle avait au moins eu la présence d'esprit de boire beaucoup d'eau avant de se mettre au lit, bien éméchée, après que Scar l'ai raccompagnée.

C'était l'heure de la pause et la jeune femme avait un besoin vital de caféine. Par chance, après ces réunions mensuelles, la journée était plus légère, c'était surtout un jour consacré au bilan de chaque interne en chirurgie, aux résultats et performances. Elle n'avait pas à courir partout entre deux opérations, faire les visites express des patients et s'occuper d'une tonne de paperasse. Elle avait trois quarts d'heure où elle pouvait souffler avant de retourner à l'hôpital et elle poussa la porte du Starbucks, ses boucles brunes cascadant dans son dos au rythme de ses pas tandis qu'elle se dirigeait vers le comptoir pour prendre sa commande. L'esprit loin d'être vif en cette matinée, ce ne fut qu'en recevant son café et en s'apprêtant à s'asseoir à une table que son regard croisa celui d'une jeune femme au teint hâlé. En une fraction de seconde, sa mémoire revint et la replaça quelques heures en arrière, quand Charlie avait débuté son ascension de l'ivresse., et s'était perdue quelques minutes - voir plus - dans les bras - et la salive - de cette belle brune au corps élancé. Elle se figea, ne sachant trop que faire, terriblement gênée. C'était le genre de situation inconfortable que Charlie aimait vraiment éviter. Pas de chance. Elle esquissa un sourire teinté d'une pointe d'embarras, sans savoir où se mettre. « Hé, salut. »

C'était le genre de situation aussi comique que malaisante qui avait une chance sur un million de se produire. Recroiser une conquête d'un soir par hasard, ça n'arrivait déjà pas tous les jours, mais la recroiser dès le lendemain matin - à moins d'avoir dormi avec bien évidemment -, ça c'était fort. Charlie sentit le feu lui monter aux joues tandis qu'elle balbutiait une brève salutation. Son interlocutrice afficha un air tout aussi interloqué, mais finit par lui proposer de s'asseoir. L'étudiante hésita le temps d'une ou deux secondes, avant d'hocher la tête avec un sourire et de s'installer de façon faussement décontractée. « Oui, pourquoi pas. » répondit-elle d'une voix qui se voulait dégagée, mais l'incertitude et la gêne se lisait sur son visage, trahissant ses émotions. Elle posa son café et un silence de quelques secondes à peine s'installa, que Charlie voulut briser tout de suite, histoire de mettre fin à cet épisode parfaitement absurde. « Comme je suis vraiment mal à l'aise, je vais lancer la discussion et être franche parce que c'est ce que je fais quand je suis gênée, je cause beaucoup. Alors je vais commencer par m'excuser sincèrement, car je n'ai pas retenu ton nom, et là tout de suite, j'ai vraiment honte. » C'était sorti tout seul et c'était du pur Charlie, de prendre les devants en jouant cartes sur table et en admettant ouvertement qu'elle ne se sentait absolument pas en confiance intérieurement. Inutile d'essayer de donner le change, ça se lisait sur ses traits fins qu'elle n'avait aucune assurance en cet instant. C'était une entrée en matière très directe, mais au moins, c'était dit, et c'était une manière pour la jeunette de relâcher la pression intérieure. Meubler la conversation, elle savait faire, c'était même son remède à sa nervosité naturelle.

Les deux femmes ne sont clairement pas à l'aise. Après tout, lorsque Ava regardait Charlie, tout ce qu'elle voyait c'était son visage illuminé par les flashs de lumières colorées du bar où elle s'était toute deux trouvées la veille, ou plutôt ce matin puisqu'elles s'étaient mise au lit tard. Leurs deux bouches extrêmement alcoolisée avaient finit par se trouver quelques fois dans la soirée, comme si elles s'étaient toujours connues. La jeune femme semble hésiter avant de s’asseoir, mais finit par poser ses fesses sur la chaise devant Ava. Elle prend un gorgé de son café épicé qui la rassurait par sa chaleur enveloppante. Elle pianote doucement des doigts sur la table ronde alors qu'un silence inconfortable s'installe. Heureusement Charlie le brise plutôt rapidement. C'était peut-être le stress, mais Ava se mit à rire aux propos de Charlie. Bon, je t'avoue que moi non plus, je ne me souviens pas de ton nom. Elle offre un sourire soulagé à la jeune femme. L'atmosphère s'était considérablement détendue et leur situation semblait plutôt ridicule. Je m'apelle Ava. Elle reprend une gorgée de café en ne quittant pas Charlie des yeux. Même si elle avait été très saoule la veille, ses goûts en matière de femme n'avaient pas été altérés.

Le rire de Charlie rejoint celui de son interlocutrice et rencontre de la veille, comme un millier de clochettes dorées. Bon, la pression pouvait redescendre d'un cran maintenant, et même de deux ou trois. La brunette était rassurée de constater que la jolie jeune femme face à elle ne semblait pas en mener plus large qu'elle. Au moins, elles étaient toutes les deux nerveuses, et en rire était le meilleur remède. Ses iris brillèrent quand la jeune femme avoua qu'elle non plus ne se rappelait plus son nom, et se présenta. Si ça se trouve, elles ne s'étaient jamais échangé leur identité. Ou bien elles étaient juste toutes deux bien trop ivres cette nuit, explication tout aussi plausible. « Ça me rassure ! Bon, ben tant mieux, on peut faire ou refaire les présentations, en bonne et due forme. Moi c'est Charlie. » répondit l'étudiante avec un sourire plus détendu, prenant une gorgée de son café bien chaud sans se départir de son sourire. Elle détaillait discrètement Ava, et se demandait comme une fille aussi sublime qu'elle avait pu s'intéresser à elle hier soir. Sans doute parce qu'elle était complètement torchée, ça devait être ça. Elle n'avait peut-être plus le même avis à la lumière du jour. Charlie, en tout cas, était plutôt agréablement surprise par ce rappel matinal de la beauté de la brune qui lui faisait face. « C'est vraiment ironique de se recroiser le lendemain matin. En général quand j'ai une gueule de bois pareille, je reste au lit jusque quatorze heures. » renchérit la jeune fille avec deux iris clairs pétillant de malice.

Ava n'avait non plus aucun souvenir d'avoir fait les présentations, ce qui laissait présager qu'elles ne les avaient pas faites, elle mettait la faute sur les quelques shots de téquila qu'elle avait ingurgité en un temps record. Pourtant avec l'habitude de boire, elle en était arrivé à un point où elle pouvait se permettre un taux d'alcoolémie plutôt élevé sans pour autant s'écrouler chaque fois qu'elle essayait de se lever, mais il lui arrivait tout de même d'oublier certaine chose ou même de sauter des étapes, comme ça avait dû être le cas la veille. Charlie se présente. Ava adore se prénom, il est doux et amicale. D'ailleurs celle qui le porte lui rend honneur. La dernière remarque de sa compagne arrache un sourire à Ava qui regarde un instant son cup de café où est écrit au charpie noir son nom mal orthographié. Elle passe son doigt dessus comme s'il allait s'effacer par magie. Je ne m'attendais pas du tout à te revoir ce matin. Avoue-t-elle à son tour. Elle prend une gorgée qu'elle tente d'interrompre à mi-chemin sans succès. Elle s'essuie les lèvres du revert de la main avant de sortir son téléphone portable. Regarde ce que j'ai trouvé à mon réveil. Ava tend son portable à Charlie où elle peut voir un selfie des deux jeunes femmes daté de la veille. La photo est un peu flou et on voit clairement sur leur visage que l'alcool faisait son effet. Ava observe la réaction de Charlie avec un sourire impatient.

L'étudiante aux boucles brunes avait bien du mal à détacher son regard d'Ava, encore plus jolie et sensuelle que dans ses souvenirs flous. Et elle était dotée d'un sourire à couper le souffle, qui réveillait une drôle de sensation au creux du ventre de la jeune fille. Finalement, même si ça avait été extrêmement malaisant durant les quelques minutes précédentes et on ne peut plus étrange et absurde de recroiser la brune, ce n'était pas plus mal. C'était peut-être même très bien. Peut-être un signe du destin, même si Charlie ne croyait pas tant à ces choses-là. Certaines personnes pensaient que rien n'arrivait par hasard. C'était tout le contraire de l'interne en chirurgie, qui ne voyait pas de signes dans les coïncidences et rencontres fortuites. Les choses arrivaient par hasard, parfois ça donnait de belles suites, parfois pas. Une vision assez rationnelle de la vie, qui n'était pas inhabituelle pour un futur médecin, mais sans doute un peu terne. Ça n'empêchait pas Charlie de faire resplendir sa vie de mille couleurs. « Oh non, j'ai peur. » répondit-elle en plaquant la main sur sa bouche, écarquillant les yeux en prenant une mine faussement horrifiée. Une étincelle espiègle et joueuse dansait dans son regard et elle se pencha avec empressement sur le téléphone de la belle brunette, pour découvrir une photo floue et mal éclairée d'Ava et elle la veille au soir. « Oh god, on a l'air si saoul. Mais on est plutôt cute ! » s'exclama Charlie avec un sourire. « Au moins, même si on ne s'était pas recroisées, tu te serais souvenue de moi. » ajouta la jeune femme avec un sourire en coin malicieux. L'idée qu'Ava ne l'oublie pas, même si elles n'avaient pas eu la chance de se recroiser ce matin, était plutôt satisfaisante.

La grande brune n'est pas déçue de la réaction de Charlie. Elles avaient honte, mais en même temps ce selfie était si drôle et puis Ava n'était pas obligé de le montrer à qui que ce soit, elle pourrait le garder en souvenir seulement pour elle-même. I know right! S'exclame-t-elle lorsque la châtaine dit les trouver cutes. Ava plonge son regard foncé dans celui de sa compagne comme si elle voulait y lire ses intentions. Elle range son portable et donne quelques petite tape à son sac à main. Je garde ça précieusement. Dit-elle ensuite à faisant des flatouilles à son sac. Elle se souviendrait maintenant de cette soirée pour toujours et si elle oubliait, alors la photo serait là pour lui rappeler. Ava replace une mèche de cheveux derrière son oreille et pose son menton sur sa main. Je sors souvent, on se serait sûrement croisé de nouveau. À moins que ça ne soit pas le genre de Charlie de sortir si souvent, Ava elle adorait ça et c'était donc pratiquement tous les soirs pour elle. Elle ne serait cependant pas déçue de revoir Charlie un de ses soirs où elles pourraient remettre ça. Malgré l'alcool, elle se souvenait avoir passé une très bonne soirée, majoritairement en sa compagnie. Ce n'est pas tout le monde qui tient bien l'alcool et Ava déteste celles qui se mettent à pleurer aussitôt qu'elle boivent un verre, elle sortait pour s'amuser, pas pour jouer à la psychologue. Ton mec t'as plaqué y'a cinq ans, passe à autre chose et amuses-toi!

C'était aussi étrange qu'agréable, de rire ainsi avec une quasi-inconnue, avec qui elle avait pourtant partagé de la salive durant une bonne partie de la nuit. Au final, Charlie ne la connaissait absolument pas, mais quelque chose lui soufflaient qu'au-delà de ce qu'il s'était passé à la soirée, il y avait un véritable potentiel pour bien s'entendre. Les réactions d'Ava la poussaient en tout cas à espérer que ce soit le cas. « Je prie pour que cette photo ne sorte jamais sur les réseaux sociaux. » rigola l'étudiante aux boucles brunes, le regard pétillant. C'était en effet une photo douteuse qu'on évitait d'afficher au public, mais Charlie faisait confiance à Ava à ce niveau-là, et était plutôt contente que la jeune femme conserve un souvenir de cette soirée, et d'elle. « C'est vrai ? Je vais espérer qu'on se recroise chaque fois que je sortirai, dans ce cas. » répliqua Charlie avec un petit sourire entendu. Elle était prise d'une envie de mieux connaître cette jeune fille, même si elle se contenait pour ne pas brûler les étapes. Ce n'était pas tous les jours qu'une situation cocasse se transformait en opportunité. L'étudiante sortait régulièrement, même si elle n'avait pas l'occasion de se bourrer la gueule tous les soirs, au vu de son internat et des autres activités entre lesquelles elle jonglait. Mais suffisamment pour avoir un espoir de repasser des soirées en compagnies d'Ava. « Ca fait sans doute hyper cliché ou hyper direct, mais ça me fait plaisir de te recroiser, maintenant qu'on a passé le cap du malaise, et je suis curieuse. Tu fais quoi dans la vie ? » Sans doute la question la moins originale du monde, mais Charlie ne s'en souciait guère. Elle avait son café entre les mains, qu'elle sirotait à l'occasion, tandis qu'elle restait absorbée par la jolie brune avec une lueur d'intérêt dansant dans son regard iceberg.

Cette photo irait peut-être sur l'instagram de Ava un jour, mais pour l'instant elle la garderait bien précieusement et juste pour elle, pas question de la partager au monde entier. Charlie avait un bien jolie sourire, surtout lorsqu'elle était gênée. Ses yeux aussi étaient souriant, ce qui prouvait à Ava que la jeune femme était sincère et vrai. Un petit frisson parcourt l'échine de la brune. Elle n'avait pas rencontré quelqu'un comme elle depuis un bon moment. Elle avait l'habitude de traîner avec la bande qui étaient toutes des voleuse et/ou manipulatrices. Ava en faisait partie d'ailleurs et elle n'était pas mieux qu'elles. Charlie su lui mettre un petit bôme sur le coeur en exprimant son désir de revoir Ava lors d'une autre soirée. Mais son bonheur fut bien vite estompé lorsque cette dernière lui demanda ce qu'elle faisait dans la vie. Évidemment elle devait lui mentir, mais tel la comédienne qu'elle était, elle n'en laissa rien paraître. Il lui fallait un mensonge plausible qui n'était pas vérifiable. Mes parents ont beaucoup d'argent. Je n'ai pas besoin de travailler pour l'instant, mais je dois avouer que j'aimerais bien être indépendante bientôt et ne plus avoir besoin d'eux. Et toi? Elle s'en était très bien sortie.

Charlie était observatrice, mais pas au point d'être une personne particulièrement perspicace qui savait lire entre les lignes. Aussi ne remarqua-t-elle pas l'ombre qui passa brièvement sur le visage de son interlocutrice lorsqu'elle demanda à cette dernière ce qu'elle faisait dans la vie. La jolie brune au teint basané lui répondit qu'elle n'avait pas vraiment besoin de travailler, la fortune familiale suffisant à son confort pour le moment. Elle ne semblait cependant pas être de ces personnes qui se prélassaient dans leur dépendance aux finances de leurs parents et avoua qu'elle aimerait être indépendante. « Oh, et tu voudrais faire quoi ? » demanda Charlie, curieuse, appuyant le visage sur sa main, accoudée sur la table. « J'ai commencé mon internat en chirurgie, dans le service pédiatrique. C'est très dur, et ça ne paie pas beaucoup, mais je vis avec mon frère et mes sœurs depuis toujours, alors ça va. Et puis, c'est réellement une passion, la chirurgie, alors les difficultés ne me gênent pas tant que ça. » expliqua à son tour la jolie brune, son regard s'illuminant lorsqu'elle parla de son travail. C'était certain, elle n'avait jamais eu des parents sur qui compter. Mais Collin avait rempli ce rôle à merveille, mieux que ce qu'on aurait pu attendre d'un frère. Et sa situation lui convenait parfaitement.

Heureusement le mensonge d'Ava passe inaperçu. En un sens, c'était un peu triste de voir comment Charlie ne pouvait pas s'imaginer que Ava jouait la comédie en cet instant. Mais que pouvait-elle lui dire? Je vole les gens pour survivre? Si elle voulait la voir décamper à mille à l'heure, alors ça serait la bonne méthode. Et puis c'était à moitié un mensonge puisque ses parents auraient bien voulu lui venir en aide, mais c'était la brune qui refusait leur argent. Le plan de carrière de la châtaine aux yeux clairs était bien plus glorieux que le siens. Sans en laisser paraître une miette, Ava se sentit quelque peu comme une looseuse en cet instant. Ava tente d'éviter la première question de Charlie et se concentre plutôt sur ce qu'elle lui dit. C'est génial! L'important je crois c'est d'aimer ce qu'on fait, le salaire c'est secondaire. Elle offre un petit sourire à la jeune femme avant de prendre une gorgée de café. Tu as combien de frères et soeurs? Ava elle, était enfant unique. Elle ne connaissait pas les joies et les désagréments d'avoir des frères et soeurs. Évidemment, comme la plupart des enfants uniques, elle aurait bien aimer ne pas être seule, mais ses parents n'avaient pas été en mesure d'avoir d'autres enfants à part Ava. Elle était en fait un miracle puisqu'ils n'étaient même pas certains de pouvoir en avoir. C'était d'ailleurs pour ça qu'ils l'avaient couvert autant depuis sa tendre enfance et ce qui fit aussi fuir Ava loin du Canada.

Charlie esquissa un sourire pétillant, c'était vrai qu'elle aimait beaucoup ce qu'elle faisait. Elle avait l'habitude d'observer cette réaction chez les gens quand elle parlait de sa passion. Ils avaient raison, c'était génial d'aimer ce qu'on faisait. Mais parfois, c'était difficile, vraiment difficile, même si l'étudiante le mentionnait beaucoup moins. Elle savait qu'elle n'abandonnerait jamais la chirurgie, peu importe les difficultés qui se mettaient en travers du parcours, et que cette ambition et la passion qui vibrait dans sa voix faisait sourire les gens avec un air approbateur. Mais il y avait l'envers du décor, la pression continuelle, la responsabilité immense, les moments où les nerfs lâchent, où la fatigue rattrape le corps et l'esprit, les mauvaises nouvelles. Voir des gens mourir. « J'ai pas à me plaindre, en effet. » répondit humblement la jeune fille, reprenant une gorgée de café. Elle savait qu'elle avait de la chance, qu'elle réussissait brillamment et que les gens étaient fiers d'elle, dont elle-même. Mais parfois elle aurait voulu qu'ils ressentent tout le travail, la force et la détermination qu'elle y avait mis. Les sacrifices qu'elle avait fait, les coups qu'elle avait encaissé et dont elle s'était relevée, sans jamais laisser quoi que ce soit l'arrêter. « J'ai un grand frère, qui s'est occupé de moi et de mes trois sœurs, très tôt. » répondit la jeune femme sans s'étaler, oubliant déjà qu'Ava n'avait pas répondu à sa question. Elle évita de s'étaler sur son histoire familiale, pas que c'était un secret, mais elle préférait continuer cette conversation avec la belle brune sur un ton léger et ne pas l'ennuyer avec une mère alcoolique et décédée et un connard de père infidèle qui les avait lâchement abandonné.

Si elle faisait cette effet chaque fois qu'elle parlait de son métier, c'était surement à cause des étincelles qui pétillaient dans ses yeux. C'était très jolie à voir et Ava aurait aimé pouvoir parler de son métier avec autant de passion. Mais bon elle n'allait surement pas lui déballer son secret. Et puis de toute façon elle n'aimait surement pas voler autant que Charlie aimait pratiquer. Ava plonge son regard foncé dans celui de la jeune femme qui est beaucoup plus clair que le siens. D'ailleurs, la brunette se rendit compte que c'était une particularité qui lui plaisait beaucoup chez elle, surement parce que elle même a toujours rêvée d'avoir les yeux pâles. Lorsque Charlie lui parle de sa famille, Ava écarquille les yeux. Elle avait de la difficulté à s'imaginer dans une aussi grande famille. C'est une grande famille. Finit par dire l'enfant unique. Vous devez être très unis. Surtout si son frère l'avait élevée elle et ses soeurs, elle ne pouvait que s'imaginer qu'ils avaient vécus des moments difficiles et qu'ils avaient dû se serrer les coudes entre eux.